Plantée devant l'imposant portail, Emma observait à travers les barres d'acier le chemin traversant le parc et menant à l'immense bâtiment qui avait tout d'un manoir. L'endroit était magnifique, difficile de dire le contraire. S'en était presque intimidant pour celle qui avait passé la majeur partie de sa vie dans une petite roulotte qu'elle partageait avec son frère. C'était donc ça l'Institut Charles Xavier ?
L'école n'avait pas quitté ses pensées depuis sa rencontre avec le mystérieux professeur. Elle en avait parlé autour d'elle, demandant plusieurs avis et voilà, elle se retrouvait plantée là.
Ce n'était pas que cela lui posait problème de vivre avec Dave. Loin de là même, elle adorait vraiment leur petite vie de colocataires mais elle devait se rendre à l'évidence, elle m'irait nulle part en continuant ainsi. Il était plus que temps qu'elle prenne son avenir à bras le corps et pour cela, il lui fallait commencer par la base essentielle : apprendre à lire et à écrire ! Car si Emma avait quelques vagues bases, ses lacunes étaient si importantes qu'elle était clairement considérée comme étant illettrée et jamais elle ne trouverait un travail avec cet handicape, surtout combiné à sa mutation des plus visible.
Il était évident que vu son âge, il était impensable pour elle d'aller dans une école normale étant donné que son niveau lui demanderait de commencer avec les petites classes. Il y avait bien les cours privés mais à force d'y réfléchir, elle ne pouvait s'empêcher de se dire que l'Institut était la meilleure des solutions. Enfin du moins à la condition que cela ne se transforme pas en prison dorée. Il était hors de question pour Emma de rester enfermée ici. Elle était majeure et elle comptait bien profiter de son temps libre comme bon lui semblait, c'est à dire avec ses amis et... son petit-ami ? Cette simple notion la fit sourire et douter à la fois. Elle ne savait pas trop exactement comment qualifier sa relation avec Rich mais il était hors de question qu'elle doive cesser de le voir, ça c'était certain.
Après avoir prit une profonde inspiration, Emma jeta un coup d'oeil à la caméra de surveillance puis remonta le sac à dos qu'elle portait sur une seule épaule et franchit la grille. Elle n'avait pas encore prit ses affaires avec elle, elle était bien décidée à parler des conditions de son admission avec Charles Xavier avant.
Dans le parc, des rires se faisaient entendre mais se turent quand les adolescents virent avancer cette fille inconnue mais qui était clairement l'une des leurs. Ils la regardaient avec curiosité mais nullement avec peur ou dégoût, un changement bénéfique pour la jeune femme.
Emma traversa le parc d'un pas rapide et mal assuré, monta les marches et poussa la lourde porte. Le hall d'entrée la laissa sans voix. Jamais elle n'avait vu un tel lieu de ses propres yeux. Cela lui faisait penser à ses photos de châteaux européens qu'elle avait eu l'occasion de voir. Trois jeunes filles passèrent devant elle en lui faisant un petit salut de la main avant de filer en parlant d'un certain garçon qui semblait faire tourner les têtes.
Intimidée par les lieux, Emma ne sut pas vraiment quoi faire ni où aller. Mais au même instant un adulte s'approcha avec un sourire avenant, lui annonçant que le professeur l'attendait dans son bureau.
Comment pouvait-il l'attendre alors qu'il ne savait même pas qu'elle avait prévue de venir ? Emma ne cherche pas plus à comprendre. Elle avait remarquée qu'il était lui aussi un mutant et quelque chose lui disait qu'il en savait bien plus sur tout qu'il ne voulait bien le laisser croire.
Quand ils arrivèrent devant une lourde double en bois, l'adulte s'excusa en lui expliquant avoir un cours à aller donner mais qu'elle pouvait entrer sans autre.
Laissée seule, Emma prit une profonde inspiration et franchit alors la porte menant au bureau. La pièce était exactement comme elle l'aurait imaginé, à l'image même du Professeur Roulettes comme elle l'avait surnommée pour elle-même et ses amis.
Je... Je ne sais pas si vous vous souvenez de moi, commença-t-elle maladroitement en s'avançant de quelques pas. Emma, Emma Meyer...
Mal à l'aise, la mutante se mordilla la lèvre, laissant voir ses crocs.
Charles passait le plus clair de son temps dans son bureau quand il se trouvait à l’institut (en même temps, on ne pouvait pas vraiment dire qu’il pouvait gambader comme il le voulait sur ses jambes…), soit à donner des cours, soit à réfléchir. Actuellement, le vieil homme était plongé dans ses réflexions. Il avait vu, dernièrement, que ce projet de loi visant à ficher les mutants devenait de plus en plus sérieux. Charles ne savait pas vraiment quoi penser de tout cela – en dehors du fait qu’il était contre, évidemment – il craignait les représailles. Il pouvait aisément comprendre le gouvernement, ils avaient peur des mutants ce qui était normal, mais il savait parfaitement que ce n’était pas la bonne solution. Le Professeur X tentait, du mieux possible, de faire vivre les mutants et les humains ensemble, sans distinction. Mais les actions d’Erik et de la confrérie n’aidaient vraiment pas les humains à avoir confiance en eux. Ils avaient peur et il était normal qu’ils cherchent à gérer cette menace. Le futur semblait si sombre à Charles et il ne se doutait pas encore à quel point c’était le cas.
Alors qu’il était plongé dans ses réflexions, Charles senti la présence d’un esprit qu’il ne s’attendait pas à revoir de sitôt. C’était une agréable surprise, visiblement son discourt à la jeune Emma Meyer avait porté ses fruits. La jeune femme se trouvait actuellement aux grilles de l’école, encore hésitante à l’idée de rentrer. Il allait la laisser faire, puisqu’elle se trouvait là, il était persuadé qu’elle allait rentrer. En attendant, le professeur se glissa dans l’esprit d’un de ses anciens élèves devenu professeur afin de lui indiquer qu’une jeune femme allait entrer dans l’école et qu’il voulait la voir. Ils allaient être plus tranquille dans son bureau pour discuter, alors autant qu’elle vienne le rejoindre. Après quelques minutes, elle se retrouva devant sa porte. Charles la laissa entrer, lui adressant un sourire quand elle se trouva devant lui, se présentant de nouveau.
« Je me souviens parfaitement de toi Emma. »
Lui dit-il de sa voix douce, son sourire s’agrandissant encore. Il ne pouvait pas l’oublier – il n’oubliait aucun mutant à qui il proposait de venir dans son école – il se souvenait parfaitement de leur conversation qui avait eu lieu quelque semaine plus tôt. Il était heureux de la voir ici, c’était le premier pas pour la mener à devenir une de ses étudiantes. C’était pour le mieux, Charles en était persuadé. Le vieil homme n’était pas sans savoir que la confrérie s’était approchée d’elle, elle ne devait pas les rejoindre. Avec ce qu’elle avait vécu (Charles n’avait eu aucun scrupule à fouiller son esprit), il valait mieux qu’elle soit en sécurité ici qu’avec Erik.
« Je suis enchanté de te revoir. » Ajouta-t-il, avant de reprendre. « Assis toi. » Il lui fit un signe de la main vers les sièges qui se trouvait de l’autre côté de son bureau. « Est-ce que tu veux boire quelque chose ? »
Charles savait parfaitement pourquoi elle était venu le trouver, mais il voulait qu’elle fasse le premier pas.
Il ne fallut que quelques secondes pour qu'Emma se rappel à quel point il était déstabilisant de se retrouver en présence de Charles Xavier. Il émanait quelque chose de lui, un truc qu'elle était pas capable de vraiment nommer tellement c'était vague et abstrait mais pourtant bien présent. C'était comme s'il était capable de lire en elle comme dans un lire ouvert. Elle avait l'impression que son regard était capable de voir au plus profond d'elle. Il avait beau afficher un sourire bienveillant, cette aura puissante qu'il dégageait était presque étouffante. Certainement apaisante quand on le connaissait et que l'on lui faisait confiance mais effrayant quand on était pas sûr de pouvoir lui accorder son entière confiance et malgré sa décision de rejoindre l'institut, Emma restait sur la défensive.
Il se souvenait d'elle, même parfaitement, c'était pas trop mal. Au moins elle n'aurait pas à devoir tenter de lui expliquer qui elle était. Mais en même temps, qu'un mutant aussi puissant que lui se souvienne parfaitement d'elle... Elle n'était pas sûr que ce soit pour la rassurer au mieux. D'autant qu'elle n'avait pas grand chose de mémorable hormis son physique atypique. Et ça, elle aurait préféré pouvoir s'en passer.
A la demande du Professeur, Emma serra son sac contre elle et se dirigea vers l'une des chaises de cette démarche hésitante qui était la sienne. S'asseoir lui fit un bien fou d'ailleurs. Elle avait beaucoup marché pour arriver jusqu'à l'Institut et les longues marches debout sur ses deux jambes finissaient par lui donner des courbatures et des crampes, ses muscles n'appréciant que modérément d'être ainsi utilisé dans une posture qui allait contre sa physiologie. Alors qu'à quatre pattes, elle savait pouvoir marcher et même courir durant des heures. Détail qui avait toujours été assez frustrant à ses yeux.
Non, ça va aller merci, répondit-elle quand il lui proposa à boire. Elle réalisa au même instant qu'elle avait en réalité la bouche sèche mais elle se sentait si nerveuse qu'elle doutait être capable d'avaler une gorgée.
Le silence s’installa alors et Emma songea que Xavier attendait sûrement qu'elle prenne la parole pour expliquer sa présence ici. Il fallait juste qu'elle trouve les mots. « Après avoir causé avec une mutante de la confrérie, son jumeau et mon petit-ami super héro en armure, j'ai décidé que le mieux était que j'accepte votre offre ». Ouais.... ou pas. « J'ai peur que Thomas ne finisse pas réapparaître et qu'il trouve le moyen de me faire signer avec Magnéto ». Non, il ne valait peut-être pas non plus. D'autant qu'Emma n'avait aucune envie de rejoindre la Confrérie, ce n'était pas comme si elle avait dû faire un choix entre les deux.
J'ai réfléchis à votre proposition, finit-elle par commencer avec son petit accent germanique. J'vais pas aller loin dans la vie si j’apprends pas au moins à lire et à écrire.
Déjà rien que les échanges de sms avec Rich étaient un véritable problème pour elle qui remerciait sincèrement l'inventeur du correcteur automatique.
Enfin je veux dire... Je suis pas totalement comment on dit déjà ? Illettrée ? Je connais l'alphabet et si c'est pas trop compliqué, je peux réussir à lire et même plus ou moins à écrire mais...
Mais la vérité était qu'elle devait avoir grosso modo le niveau d'une gamine de 7 ans. Et qu'en plus elle devait tenter de gérer la grammaire et orthographe d'une langue qui n'était pas la sienne au départ, même si à quelques lacunes près, elle parlait couramment anglais.
J'ai de l'argent pour payer l'école, ajouta-t-elle ne sachant pas trop quelle fortune demandait un institut de ce type pour dispenser ses cours. Mais Emma avait cet argent que Rich avait insisté pour lui donner. Elle n'en n'avait pas voulu et n'en voulait toujours pas. D'ailleurs, elle n'y avait pour ainsi dire pas touché si ce n'est que le minimum vital pour décharger un peu Dave financièrement et elle avait la ferme intention, une fois toute sa scolarité payée, de donner le solde de son compte quelque part ailleurs.
Charles savait pour quel raison Emma se trouvait actuellement sous ses yeux, mais il attendait que la jeune femme fasse le premier pas. C’était déjà fait en quelque sorte, puisqu’elle se trouvait devant lui en cet instant précis, mais il voulait vraiment que la décision lui revienne. Cela serait tellement facile pour le mutant de manipuler l’esprit de la jeune femme, afin de lui faire croire que c’était ce qu’elle voulait, mais il ne le ferait pas. Il n’était pas comme ça, du moins pas quand la situation ne l’y obligeait pas, comme c’était le cas prochainement. Il souhaitait sincèrement qu’Emma entre dans l’institut de son plein gré, qu’elle comprenne que c’était une chance pour elle d’avancer dans la vie. Et aussi, au passage, une chance pour elle de s’éloigner de la confrérie. Charles savait qu’elle pouvait être approché par Magnéto, par le biais de ce Thomas qui était son ami, il n’avait pas vraiment envie de voir la jeune femme dans les rangs de son « meilleur ennemi ». Parce que, malgré ce qu’elle pouvait bien penser, Emma était quelqu’un de forte. Elle avait des pouvoirs impressionnants, elle avait une rage intérieure, qui pouvaient s’avérer bien utile à Erik. Sauf que l’homme ne manquerait pas d’utiliser ces pouvoirs pour de mauvaises raisons et ce n’était pas ce que voulait Charles. Il souhaitait la protéger de tout cela, lui permettre de vivre plus facilement dans le monde humain.
Emma reprit alors la parole, affirmant qu’elle avait réfléchit à sa proposition. Charles la laissa parler, lui dire qu’elle n’irait sans doute pas très loin sans savoir lire et écrire. Et c’était bien ce que l’homme avait proposé à la jeune femme, l’aider à apprendre à lire et écrire. Evidemment, à long terme, le vieil homme espérait aussi qu’elle puisse rejoindre les X-men, parce qu’elle était une mutante avec de grandes capacités et qu’il savait qu’elle pouvait faire le bien. Mais il ne mettait pas la charrue avant les bœufs. Tous les élèves avaient leur place dans son groupe, mais ils y entraient que s’ils le voulaient et quand ils étaient prêt. Pour le moment, Emma ne serait qu’une élève parmi d’autre et pas encore un membre des X-men.
« L’école est gratuite, tu n’as pas besoin de payer pour y entrer. » Bon ce n’était pas vraiment le cas, Charles n’était jamais contre quelque don parce que sa propre fortune ne pouvait pas tout faire tourner, mais il n’acceptait pas d’argent pour l’éducation des élèves. Le plus souvent, c’était les parents humains qui donnaient de l’argent, quand ils pensaient que l’institut était une simple école pour surdoué. Une manière comme une autre de donner le change, une école ainsi n’était pas vraiment gratuite normalement. Mais le Professeur X n’accepterait pas l’argent d’Emma. « Quand je t’ai fait cette proposition, ce n’était pas dans le but que tu paies pour cela. Je souhaite vraiment t’aider. Et je suis heureux que tu acceptes. »
Il l’était vraiment, il trouvait qu’Emma prenait une bonne décision en lui faisant confiance.
Emma se sentait un peu mal à l'aise. Déjà parce que mine de rien, c'était une décision difficile qu'elle avait eu à prendre mais aussi parce qu'elle sentait le regard perçant de Charles Xavier sur elle. Elle avait entendu parlé de ses pouvoirs exceptionnels, principalement de sa télépathie et elle ne savait pas trop jusqu'où allait la vérité et où commençait l'exagération. Mais quand elle le voyait là, face à lui, la transperçant de son regard... Elle en venait à se demander s'il y avait vraiment de l'exagération à propos de ce que l'on avait bien pu dire sur lui en fin de compte.
S'il y a bien un truc que j'ai appris dans ma vie, c'est que rien n'est jamais gratuit, répondit-elle une fois assise, gesticulant légèrement sur sa chaise pour trouver une position confortable. De plus, c'était presque louche quand même ce type qui ne cherchait qu'à aider les jeunes mutants.
Pourquoi est-ce que tout le monde dit que votre école est une école préparatoire pour surdoués ? Pourquoi vous n'avez jamais avoué clairement qui sont vos élèves ?, demanda-t-elle en le regardant droit dans les yeux. Si elle devait rejoindre cette école, elle voulait savoir dans quoi est-ce qu'elle s'embarquait encore. Elle avait sa petite idée de la réponse. C'était sûrement pour éviter les manifestations anti-mutants devant les grilles et autres trucs du genre mais peut-être y avait-il aussi d'autres raisons.
Et j'aimerai surtout qu'on parle des conditions, ajouta-t-elle presque aussitôt. J'ai 20 ans. Je sais qu'ici ça veut pas dire grand chose mais chez moi, je suis majeure depuis 2 ans. J'ai passé ma vie en cage et je veux pas que ça recommence. J'ai un petit ami, des amis, je n'ai pas envie de pouvoir les voir que durant les vacances scolaires comme si j'étais coincée dans un espèce de Poudlard pour mutants.
Emma avait passé sa vie à se montrer trop naïve. Elle n'en n'avait jamais vraiment eu conscience jusqu'à présent mais depuis qu'elle vivait par ses propres moyens, elle commençait à le voir, à s'en rendre compte. Elle gagnait en maturité en vérité, tout simplement. Elle commençait à savoir ce qu'elle voulait, à réaliser qu'elle avait le droit de décider par elle-même de ce qu'elle voulait au lieu de laisser tout le monde décider de sa vie à sa place.
Elle avait le sentiment de donner l'impression de vouloir le beurre et l'argent du beurre mais peu lui importait. Que les élèves de 15 ans restent enfermés, elle pouvait le comprendre mais elle, elle avait l'âge d'être déjà à l'université depuis un moment. C'était aussi pour ça qu'elle avait proposé de payer sa scolarisation. Peut-être devrait-elle payer la location de sa chambre à défaut de ses cours si elle exigeait de pouvoir aller et venir le plus librement possible.
Charles se rendait bien compte qu’Emma était plus que méfiante, qu’elle se posait énormément de question et qu’elle voyait sans doute des vices cachés dans la proposition du mutant. Mais le vieil homme n’en prenait pas ombrage, il avait l’habitude de ce genre de comportement. Emma avait fait déjà un énorme pas vers lui en venant jusqu’ici, pour discuter de sa proposition. Charles savait qu’elle allait intégrer l’école, il n’en avait aucun doute. Elle cherchait simplement à se rassurer et c’était évident. L’homme ne répondit rien quand Emma affirma que rien n’était gratuit dans la vie, il se contenta simplement de lui adresser un fin sourire dont il avait le secret. Et pourtant, son école était bien gratuite, il ne demanderait aucun argent à Emma. Il se chargeait de tout après tout. Emma lui posa plusieurs questions, Charles se contenta de la laisser parler sans répondre, préférant tout entendre avant de commencer ses explications. Il était évident que la mutante était vraiment angoissée à l’idée de venir dans son école, elle s’imaginait beaucoup de négatif dans sa proposition. Après ses paroles, le vieil homme laissa planer un peu de silence, joignant ses doigts en posant ses coudes sur son bureau.
« Reprenons dans l’ordre, veux-tu ? » Charles n’avait aucune envie de laisser la moindre interrogation d’Emma en suspens, alors il voulait prendre chaque détail un par un. « L’école est en effet gratuite. Je ne dis pas qu’aucun parent d’élève ne paie pas une participation pour nous aider dans nos frais, mais ce n’est pas ton cas. »
Ce n’était pas comme si Emma avait des parents avec de grands moyens qui pouvaient payer une école pour surdoué à leur enfant. Mais ce n’était pas le cas de la jeune femme qui se trouvait devant lui. Et en parlant d’école pour surdoué.
« J’aimerais beaucoup ne pas avoir besoin de cacher la vérité sur l’institut, mais malheureusement c’est impossible. Beaucoup de personne ont encore du mal avec l’existence des mutants et des parents d’élèves également. Certain des élèves ne souhaitent pas révéler leur nature à leurs parents, alors ils viennent ici et leurs parents pensent que l’école n’est qu’un institut pour les surdoués. »
Le vieil homme n’avait pas spécialement envie de rentrer dans un tel débat avec la jeune mutante, mais puisqu’elle se posait la question, il était normal qu’il lui réponde. Même si le vieil homme aimerait bien qu’elle lui fasse quand même un peu plus confiance. Même s’il comprenait qu’elle soit sur la réserve, c’était normal avec les évènements qu’elle avait eu dans sa vie.
« Je n’ai pas l’intention de te mettre en cage Emma. » Répondit-il doucement, le même sourire sur le son visage. « Tu es libre de partir quand bon te chante, d’aller voir tes proches. Je te demande simplement d’être présente aux cours qui te seront assigné, d’être assidue et surtout de faire ton travail personnel. Et si possible, de me prévenir de tes absences pour qu’on ne s’inquiète pas. »
Emma était méfiante. Tout cela lui semblait trop beau pour être vrai. Après tout, tout ceux qui avaient voulu « l'aider » avaient surtout chercher à profiter d'elle. Son père en la contraignant à une vie de bête de foire, Thomas en cherchant à la recruter dans la Confrérie. Pourquoi en devrait-il en être autrement à présent ? Mais en même temps, elle avait envie de croire en la bonne foi du Professeur. Elle avait besoin de trouver enfin un point de stabilité dans sa vie et l'institut semblait être l'endroit idéal pour ça. Alors, Emma le noyait de questions pour se rassurer, pour être sûre qu'elle prenait bien la bonne décision.
Ce couper du monde, vivre parmi les mutants, ce n'était pas ce qu'elle avait souhaité jusque-là. Emma avait toujours voulu avoir une vie normale, parmi les gens normaux. Mais elle n'était pas normal et ce monde ne semblait pas prêt à lui laisser une véritable chance. Tout du moins, pas tant qu'elle n'aurait pas eu au moins les bases scolaires, une éducation digne de ce nom.
Quand elle eut fini, elle écouta attentivement le Professeur Xavier tout en finissant par se mettre en tailleur sur la chaise pour se sentir un peu plus à l'aise. Être assit « normalement » n'était pas une position inconfortable en soi pour elle mais quand elle était nerveuse, les positions humaines lui semblaient encore plus gênantes que d'habitudes. Tout dans son attitude laissait imaginer qu'elle préférerait encore faire les 100 pas en rond plutôt que d'être sagement assise, comme le ferait un félin.
Effectivement, elle n'avait pas de parents pour offrir une donation à l'institut mais elle avait toujours ce foutu compte en banque indécent que lui avait imposé Nova et dont elle ne voulait pas.
Ce fut la suite des propos de Xavier qui étonnèrent le plus Emma et elle ne le cacha pas, le regardant avec un air légèrement bouche bée. Certains élèves avaient des parents qui ignoraient leur mutation ? Certes, tous n'avaient pas mutants écrit en gros sur leurs fronts comme elle mais tout de même c'était... étrange à imaginer. Mais du coup, elle comprenait bien mieux pourquoi tant de secrets quant à la véritable nature de l'institut.
Le sujet qui l'inquiétait le plus fut alors abordé par le Professeur.
Libre d'aller et venir. Tout ce qu'elle devait faire était de prévenir de ses absences et d'étudier avec sérieux. Cela lui semblait tout à fait juste comme marché. Elle avait vraiment envie de combler ses graves lacunes quant à les tenir informer quand elle sortait, cela ne lui semblait pas être particulièrement contraignant.
Cela se voyait quand Charles parlait, Emma se détendait. Elle s'agitait moins et reprit même une position « normale » sur sa chaise.
Cela me semble correct, répondit-elle avec même un petit sourire qui dévoila la pointe de ses crocs. En fait, pour dire vrai, elle avait presque envie de lui sauter au cou pour le remercier. Elle ne pouvait pas s'empêcher de se dire que c'était presque trop beau mais il lui offrait la possibilité d'avoir enfin un peu de normalité dans son existence et ça, c'était inespéré.
J'ai une autre question... c'est une question très idiote mais... Enfin... Comment ça se passe ici ? Entre les élèves...
Emma ne savait pas trop comment formuler sa question et avait l'impression d'être la pire des imbéciles dans l'immédiat.
Je n'ai jamais vécu avec d’autres mutants. Alors je sais que tout le monde en est ici mais...
Mais est-ce que l'un d'eux risquerait de fuir en hurlant en voyant son visage, c'était ça sa question en quelques sortes, ce n'était juste pas forcément facile à formuler quand on était, comme elle, honteux de son apparence.
Est-ce que les élèves se servent de leurs mutations ? Je veux dire... Est-ce qu'ils sont juste eux-même ici ?
Emma se mordilla la lèvre. Elle avait toujours eu honte de sa mutation et faisait son possible pour la cacher le plus possible mais qu'en serait-il si en cours de sport on lui demandait de courir tout bêtement ? Elle était tout simplement incapable de courir sur ses deux jambes, c'était déjà presque un miracle qu'elle puisse marcher et encore, cela la fatiguait rapidement de garder cette position debout.
Charles voyait bien qu’Emma se détendait au fur et à mesure qu’il parlait et il appréciait de parvenir un peu à la soulager. Elle se posait énormément de question et c’était tout à fait normal. La jeune femme avait vécu d’horrible chose dans son passé, elle avait été utilisé à des fins douteux, alors il était normal qu’elle se méfie. Ce n’était pas pour rien que le professeur prenait à ce point le temps de la rassurer, de tout lui expliquer. Mais elle ne craignait vraiment rien dans cette école, du moins rien de plus que des jeunes mutants normaux. Charles afficha un sourire quand la jeune femme affirma que le marché qu’ils étaient plus ou moins en train de passer était correct. Ça l’était en effet, l’homme avait vraiment envie que la mutante se sente le mieux possible à l’institut. Il n’y avait aucune raison que l’école devienne une prison pour elle, mais il était évident qu’il apprécierait qu’elle prévienne de ses absences, simplement pour ne pas se faire de souci pour elle. Et il était normal qu’elle travaille, mais cela Charles n’en faisait pas de doute. Parce qu’il voyait bien qu’elle avait envie d’apprendre, qu’elle avait envie de se donner des outils afin de se fondre un peu plus dans la société. Ce qu’il espérait pouvoir lui offrir en l’aidant à s’intégrer au mieux dans l’école. Mais évidemment, Emma continuait d’être un peu angoissée, ce qui était normal. Elle avait pendant si longtemps cherché à cacher une mutation vraiment visible, elle allait avoir un peu de mal à s’habituer au fait de ne pas avoir besoin de se cacher justement. Ce qui était bel et bien le cas dans l’école de magie.
« C’est le but de l’institut tu sais, les élèves sont simplement eux-mêmes. Nous sommes tous nous-même. Quand tu feras la connaissance du Professeur McCoy, tu n’en auras pas de doute. » Hank était sans doute l’exemple parfait pour Emma, puisque leurs mutations se ressemblaient un peu. Emma avait sans doute même plus de « chance » que ce dernier. « Maintenant, nous sommes dans une école avec des adolescents. Alors je ne peux pas t’affirmer qu’ici, tout le monde s’adore. Nous devons faire avec le caractère de tous et il est possible que tu puisses avoir des soucis avec des élèves, mais crois-moi, il n’y a aucune raison que tu ne trouves pas ta place. »
Charles était optimiste en effet, parce qu’il avait vraiment envie de croire qu’elle allait trouver sa place parmi les élèves. Il n’y avait aucune raison que cela n’arrive pas, Emma était une jeune femme comme les autres. Elle avait simplement dû traverser des épreuves un peu plus difficiles, mais elle allait parvenir à les surmonter pour se concentrer sur un avenir bien plus agréable.
« Et sache, que si tu as la moindre question, le moindre problème, ma porte te sera toujours ouverte. »
Il était sincère, il ne disait pas cela simplement parce que c’était Emma sous ses yeux. C’était le cas pour toutes les personnes se trouvant dans l’institut, élève ou professeur.
Être tout simplement elle-même. Emma avait l'impression que l'on lui retirait soudainement un poids énorme des épaules. Elle n'avait jamais pu être tout simplement elle-même et même maintenant, avec la force de l'habitude, elle n'était pas sûr d'y arriver pleinement à l'institut. Car dans son cas, être pleinement elle-même signifiait se déplacer exclusivement à 4 pattes et manger principalement de la viande crue (voir même directement encore sur la bestiole). Alors certes pour ce qui était des habitudes alimentaires, ce n'était pas bien difficile vu que malgré tout, elle adorait aussi manger autre chose que de la viande et préférait de loin le confort d'une table et d'une chaise pour manger mais pour ce qui était des déplacements. Elle doutait fortement être capable de se sentir un jour assez à l'aise avec sa propre mutation pour laisser tomber la marche des bipèdes.
J'ai été la mutante bête de foire dans un cirque ambulant européen des plus glauques... Je peux vous garantir que la méchanceté des ados ce sera encore gentil contrairement à ce que j'ai enduré là-bas, dit-elle alors que son sourire s'effaçait un instant, laissant apercevoir à la place la jeune mutante brisée et ainsi facilement deviné d'où lui venait cette honte terrible qu'elle ressentait vis-à-vis de son apparence. Dans le même temps, lui revenait en mémoire certains traitement qu'elle avait enduré là-bas.les fois où les clowns, après avoir une fois de plus forcé sur l'alcool, s'amusaient à l'enfermer dans la cage des fauves comme si elle était un vulgaire animale. La manière dont les deux jolies jumelles contorsionnistes la regardaient avec dégoût en passant près d'elle, s'amusant à lui lancer des rats morts en l'appelant chaton, un surnom qui dans le cas présent n'avait absolument rien de mignon. Et surtout, les coups de fouets claquant autour d'elle quand le dompteur la « dressait » à faire son numéro comme il le faisait avec les félins, sans se soucier du fait que l'enfant, puis l'adolescente, n'était pas un animal mais bien un être humain. Des images bien vivace qu'elle s'efforça de vite effacer.
D'accord, répondit-elle en se reprenant et en récupérant son sourire, tout crocs dehors. Je crois que c'est la meilleure chose à faire si je veux pouvoir prendre mon destin en main un jour. Il faut juste que je parte chercher mes affaires et prévenir l'ami qui m'héberge. Je ne veux pas disparaître sans rien lui dire.
D'un petit bond très gracieux, Emma se releva de la chaise. L'attérissage sur ses deux jambes fut un peu moins gracieux en revanche et témoignait effectivement de ses problèmes pour garder cette position debout mais cela fut juste à peine perceptible et déjà, la mutante venait serrer la main du professeur avant de quitter le bureau.
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Mer 13 Jan - 22:36
