I

l n'était pas forcément le plus avisé pour Mindy que de se promener en plein central park alors qu'elle avait récemment rappelé son existence aux autorités, elle pouvait moins légèrement encore se permettre de se promener dans des lieux publics, où les chances pour elle de se faire repérer étaient forcément décuplée. Ceci dit, on se faisait souvent bien plus rapidement avoir quand on ne fréquentait que des lieux mal famés où la présence d'une gamine comme elle était, en principe et par essence, suspecte. Ici, elle se fondait parfaitement dans la masse des touristes et des flâneurs qui avaient concrètement bien mieux à faire que de s'intéresser bien longuement à cette adolescente au visage dissimulé sous quelques mèches de cheveux blonds et surtout par une capuche qui recouvrait commodément son visage. Certes, ce n'était pas vraiment pratique pour regarder devant soi, encore plus quand on arpentait le fameux parc américain en courant, mais au final, jusqu'ici, elle avait su se faufiler entre les passants sans dommages. Oui, elle aurait très bien pu poursuivre, comme à habitude, de s'entraîner dans son hangar, mais ces derniers temps, alors qu'elle avait manqué de finir ses jours à l'ombre, elle avait de meilleures notions de quel intérêt et plaisir il pouvait y avoir de "prendre l'air", et pour tester son endurance, quoi qu'il en soit, il n'y avait pas meilleur lieu qu'un parc du genre, dont on pouvait bien mettre plusieurs heures à faire le tour, si bien que, au moins, on s'évitait d'avoir la logique d'un hamster dans sa roue.

Elle avait perdu toute notion du temps. Elle serait bien incapable de dire depuis combien de temps exactement elle se trouvait là, à épuiser une énergie débordante au rythme de ses foulées. Elle n'avait aucun impératif pour la journée, de toute manière, alors elle pouvait bien prendre tout le temps qu'elle voulait. Il fallait bien des jours sans. Le crime ne prenait certes jamais de repos, et ce constat était forcément agaçant pour la mini justicière, car même au fait de ce constat, elle ne pouvait pas se permettre d'être constamment sur le terrain. Elle se ferait bien trop rapidement avoir, si c'était le cas. À l'usure. Mindy augmentait peu à peu sa vitesse, commençant à sentir l'effort altérer sa respiration, totalement indifférente à ce qui pouvait se passer autour d'elle, et encore plus au-dessus d'elle, focalisée qu'elle était sur sa trajectoire au sol plutôt que sur ce qui l'environnait. De ce qui devait avoir sur elle une incidence directe (et non des moindres), elle ne vit absolument rien. Elle entendit seulement comme un sifflement perçant et désagréable, puis une sorte de tremblement qui la fit basculer au sol, sa tête percutant la première le sol. Sonnée, étourdie, elle distinguait seulement quelques cris d'incompréhension, pour sa part, elle n'arrivait pas à se redresser, pas encore.

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M

indy, complètement sonnée, fut rappelée à la réalité par la voix masculine d'un type qui devait s'adresser à un mec juste à côté d'elle. Ou pas. Elle se redressa légèrement, et ce geste s'accompagna de sensations étranges, qu'elle mit sur le compte du choc qu'elle venait de subir. Elle avait l'impression de ne plus avoir la maîtrise complète de son propre corps. C'était plutôt désagréable. Surtout pour quelqu'un comme elle, qui détestait perdre le contrôle. Elle leva les yeux vers l'homme qui venait de parler. C'est étrange, son regard, très clairement, était posé sur elle, il n'y avait personne à côté. Ouais, sauf qu'Henderson, elle connaissait pas. Et pourtant, il insistait. Même, il semblait alarmé par son manque de réponse, alors qu'il lui tendait la main pour se redresser. Ouais, bon. C'était bien gentil, hein. Mais d'une, même si elle se sentait bizarre, elle détestait qu'on lui vienne en aide, et partait donc naturellement du principe qu'elle pouvait se débrouiller toute seule. Alors l'autre, il pouvait toujours aller aider une autre âme en détresse.. qu'il pourrait appeler par son vrai nom, tant qu'à faire.

-Je peux très bien m...

Mindy ne finit pas sa phrase. La voix qui venait de s'échapper de ses lèvres, là, ce n'était pas la sienne. C'était même à mille lieues d'être la sienne. Une voix adulte, une voix d'homme. Instinctivement, elle porta sa main à ses lèvres. Euh... clairement, cette barbe, ce n'était pas à elle. Ni ce visage dans son ensemble... ni ces doigts ni... Putain ! Ce constat eut le don de la faire se lever d'un bond, (sans l'aide de personne, hein). Donc. Ces vêtements, ce n'était pas à elle, ces mains non plus... cette... chose entre ces jambes, là, clairement, ça ne lui appartenait pas.

-Putain !!

Eh merde. Elle détestait sa nouvelle voix. Hors de question qu'on la laisse baragouiner avec des cordes vocales comme celles-là. Rien à foutre que son corps soit assimilé par tous comme celui d'une gosse pas encore sortie de l'adolescence, elle y tenait. Alors franchement, on avait tout intérêt à le lui rendre. Son regard se posa sur l'homme qui avait cherché à l'aider plus tôt, et elle se sentait déjà prête à frapper ce type qui, en vérité n'avait rien demandé à personne, mais qui, puisqu'il était là et puisque son attitude était suspecte, devait forcément avoir quelque chose à voir là-dedans. Oh il avait intérêt à lui répondre vite, sinon elle ne répondait pas de ses actes. Elle se trouvait dans un autre corps que le sien, allez savoir comment, et elle ne savait pas le moins du monde comment résoudre la situation. Hors de question, en tous cas, qu'on la laisse dans cet état là. Comme si elle avait besoin de ce genre de complications ! Bordel de merde. Elle allait vraiment jouer de ses poings quand son regard rencontra une silhouette elle, très familière. Sentiment très étrange que de se voir... à quelques mètres de soi-même. Oubliant le type qui lui avait tendu la main, elle se rua en direction de... d'elle, et... s'attrapa par le col en se ménageant tout de même parce que bon... C'était son corps, quand même.

-C'est quoi ce bordel ?

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I

l allait falloir que ces sombres crétins arrêtent une bonne fois pour toutes de l'appeler Henderson, car corps d'homme adulte ou pas, elle allait fracasser des têtes.. Au pire, personne ne saurait qu'il s'agissait d'elle. Mais au final, ce n'était pas la bonne solution (même si la "solution" à tout, pour Mindy, était presque toujours de frapper, et de frapper fort), si elle voulait regagner son apparence, il allait falloir qu'elle comprenne la situation, et cela impliquait par conséquent de faire profil bas le temps de démêler la situation... Elle commençait à comprendre certaines choses, et ce fut encore plus clair quand, alors que le type qui avait cherché à la relever s'adressa à Henderson, ce fut elle, enfin la personne coincée dans son corps, qui répondit instinctivement. Ça n'expliquait pas tout, c'est certain, en tous cas pas comment ils en étaient arrivés là et de quelle manière ils allaient se tirer de ce merdier, mais une chose était au moins sûre : elle investissait le corps d'un type qui, lui, investissait le sien. Merveilleux. Et en plus, elle n'était pas tombée sur n'importe qui, visiblement. On l'avait appelé chef, et même si elle n'était pas sûre de comprendre, elle avait l'impression que le gars devait être un genre de flic. Génial. Elle venait à peine d'échapper à la tôle qu'elle se retrouvait peut-être dans la peau de quelqu'un capable de l'y renvoyer fissa... Comme si elle n'avait pas assez d'emmerdes comme ça avec la justice. Donc, on attendait visiblement après "Henderson" pour savoir comment la suite allait se produire, sauf qu'elle en savait fichtre rien, elle, elle avait déjà du mal à aligner deux pensées cohérentes au sujet de cette situation.

-Arrêtez tous de m'appeler Henderson, putain ! répliqua-t-elle finalement de cette voix avec laquelle elle n'avait aucune envie de se familiariser. Bon, ils allaient la prendre pour une cinglée. Enfin non, prendre leur "chef" pour un cinglé. En même temps, elle voulait bien, hein, expliquer concrètement ce qui était en train de se passer, mais encore fallait-ils qu'ils la croient. Je m'appelle Mindy, et, bordel de merde, je veux qu'on me sorte du corps de ce type.

Normalement, elle ne lâchait pas son nom si facilement, mais elle n'avait jamais ressenti à ce point le besoin de revendiquer son identité. Bon, peut-être l'autre arriverait-il à avancer de meilleurs arguments qu'elle, en donnant des preuves concrètes et indiscutables de qui il était. Elle, elle les connaissait pas, ces gens, même si elles comprenaient qu'il fallait sans doute compter après eux pour les sortir de là, elle n'avait aucune chance de le convaincre. Elle était complètement prisonnière de la situation, incapable d'influer sur elle de la moindre manière, et autant dire que ça l'agaçait profondément. S'il y avait un sentiment qu'elle détestait profondément, c'était l'impuissance et la vulnérabilité. Elle était en train d'expérimenter les deux à la fois, et elle était contrainte, donc de se reposer sur d'autres personnes. Et ça lui déplaisait fortement.

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I

l n’y avait rien de plus désagréable, en tous cas aux yeux de Mindy, que de se retrouver parti prenante d’une situation à laquelle, malgré tous ses efforts, elle ne parvenait pas à comprendre grand chose. Bon, le coup de l’échange de corps, ok, qu’il y avait une couille dans le potage, c’était entièrement acquis, c’est le moins qu’on puisse dire, et apparemment, personne n’était capable de cerner l’origine du phénomène (ce qui était particulièrement alarmant au passage, même si son corps de gamine qui n’arrivait pas à grandir l’avait déjà agacé, elle le préférait de loin à celui de ce type baraqué à qui elle n’avait pas envie d’être assimilée plus longtemps. En plus, ce que ça pouvait être désagréable, sérieusement, de devoir assimiler d’un coup autant d sensations qui étaient parfaitement étrangère à son ressenti habituel), mais il n’y avait pas que ça, qu’elle était incapable de comprendre. Ce mec était visiblement un chef d’équipe. À entendre leur jargon, il devait s’agir de genres de flics. Mais quoi comme flics ? Leur uniforme n’avait aucun rapport avec ceux des poulets qu’elle avait déjà pu croiser (et son détour par la prison faisait qu’elle avait eu l’occasion de les observer de très près). En tous cas, s’ils représentaient une forme d’ordre et de justice quelconque, les accompagner bien sagement ne lui semblait pas être une situation d’avenir. C’est pas qu’elle était une hors-la-loi mais si… c’était ce qu’elle était… En même temps, prendre ses jambes à son cou (alors qu’il ne s’agissait ni de ses jambes, ni de son cou) ne lui semblait pas davantage une option valable.

Hors de question de laisser son corps à la merci de ces gens, et de toute façon, elle doutait de son aptitude à fuir comme il convient, parée de ces jambes trop grandes… Bien sûr, bastonner, comme elle aimait tant le faire en temps normal, était également une option extrêmement tentante, mais tout aussi fragile… le avait pas envie de s’amocher elle-même, hein, à choisir… et si ces gars étaient vraiment des flics ou un truc du même acabit, il se pourrait qu’elle n’ai pas le dessus… En plus, elle avait toujours ce vieux précepte à la con pour la guider : « pas d’innocents »… Quoique le mot « innocent » n’était pas forcément écrit en gros sur la gueule de ces types. À vrai dire, certains lui inspiraient plutôt absolument tout l’inverse. N’empêche qu’elle était d’autant moins tentée de les suivre docilement que l’autre l’y obligeait et la menaçait, même. Son « brillant » esprit de contradiction lui donnait clairement envie de l’envoyer paître… Mais bon, il fallait quand même, dans tout ça, qu’elle optimise ses chances de retrouver son corps, et au plus vite.

-J’peux au moins savoir où vous m’emmenez ? demanda-t-elle d’un ton qui ne dissimulait pas son agacement.

Nan, parce que les suivre… à la limite, soit, elle avait pas tant le choix que ça, mais ça lui plaisait moyennement d’être ainsi à la merci des événements et de ne rien y comprendre… alors ce serait peut-être pas mal d’expliciter une bonne fois pour toutes la situation… quoique Mindy devinait d’avance que ce ne serait pas si simple.

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L

e SHIELD. Ah oui. D’accord. Des genres de flics à l’air complètement bizarre. Elle aurait dû y penser… Est-ce qu’elle considérait que c’était un privilège de rejoindre leurs locaux ? Bah… Dans d’autres circonstances, elle aurait pu y trouver de l’intérêt… Là, elle se disait seulement que cette histoire semblait proches de l’enfoncer jusqu’au cou dans une merde profonde. Plus profonde encore que celle où elle se trouvait déjà, donc, coincée dans ce corps qui ne lui appartenait pas, ce n’était donc pas rien. Mais bon, une fois de plus, elle n’avait pas le choix… Et en même temps, s’il y avait des gus capables de les tirer d’affaires, ils se trouvaient sans doute là. Ils avaient bien une flopée de scientifiques chelous adeptes et experts en affaires plus chelous encore dans leurs équipes, non ? Alors ça pouvait bien servir. Elle haussa les épaules à la réponse de l’homme, ne voulant pas se donner des airs impressionnés. Manquerait plus qu’elle les remercie du privilège qu’ils lui faisaient de l’emmener dans leurs locaux. Elle sentit alors une pression sous sa veste. Eh merde… Il… enfin elle… enfin bref… avait un flingue à portée de main. Pour le coup, elle aurait dû profiter de l’occasion. Mais avec tout ce qu’il lui fallait assimiler en même temps… C’est malin, elle aurait bien aimé avoir un flingue à disposition… et clairement, si elle s’en était servie, ça n’aurait pas été pour se planter une balle dans le pied…elle était bien tentée de le répliquer, ça, d’ailleurs… Mais elle continuait de faire profil bas.. pas trop le choix pour l’instant… pas tant qu’elle n’aurait pas retrouvé son état normal.

Ils arrivèrent en voiture, et on fit remarquer qu’elle… du moins son corps, n’avait pas forcément sa place à la place du conducteur… Mais elle les emmerdait tous ! D’une, elle n’avait plus onze ans, elle avait l’âge de conduire (bon… elle savait déjà conduire à l’âge de onze ans, ceci dit), de deux… bon, ok, elle avait pas le permis, mais difficile d’en obtenir un quand on était une criminelle recherchée… encore des répliques qu’elle devait éviter de leur cracher au visage. C’était vraiment chiant, de devoir se la fermer comme ça, à la merci des événements, elle se sentait complètement impuissante face à ce qui lui arrivait. Et bordel de merde, il n’y avait rien de plus désagréable, comme sensation. Pas d’autre choix que de suivre le type qui accaparait son apparence à l’arrière de la bagnole…

-Mindy… Willams… Puisqu’elle avait déjà lâché son prénom, elle ne pouvait pas mentir là-dessus… Comme elle se voyait mal se présenter sous le nom de la criminelle fichée qu’elle était, elle s’était donné le nom de famille… de celui qui s’assimilait le plus à la famille pour elle, même si elle imaginait que Marcus, s’ils le contactaient, serait plutôt du genre à la balancer direct sous le prétexte de vouloir la protéger. Vous en faites pas, mes parents remarqueront pas que je suis partie, de toute façon…

Parce qu’ils étaient mort. Voilà.

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S

e retrouver dans la peau d'un agent du SHIELD, et dans ces circonstances bien précises, c'était à la fois une chance et une poisse totale. Parce que oui, c'est sûr, ils devaient avoir des labos ultra perfectionnés, de la technologie dernier cri et quand on devait résoudre un problème de l'ampleur du leur, ce n'était clairement pas du luxe que de pouvoir profiter d'un tel matériel plutôt que... rien du tout... chez "elle", Mindy avait un gigantesque arsenal à faire pâlir d'envie les amateurs d'armes en tous genres, mais c'est clairement pas ça qui lui aurait sauvé la mise... D'un autre côté... C'était sans doute le pire endroit du monde où se retrouver lorsqu'on était une criminelle recherchée. Et elle avait beau s'être présentée sous une fausse identité, elle savait bien que ça ne prendrait pas. Ne serait-ce que parce qu'elle, enfin lui qui s'accaparait son corps, étalais ses empreintes et son visage partout. Génial. Ça allait mal finir, cette histoire... En d'autres circonstances, elle aurait déjà bastonné et aurait trouvé un chemin vers la sortie. Sauf que là, elle aimerait bien avoir réglé ce "léger" problème d'apparence avant. Elle était bloqué, en somme. Et s'il y avait bien un sentiment que Mindy Macready exécrait plus que les autres, c'était bien celui-là., elle se sentait prise au piège, à la merci complète des événements, et sans véritablement d'autre choix que de laisser faire et d'attendre. Encore, si elle était auprès de personnes qu'elle connaissait un minimum... Ou dans un cadre un peu connu, ne serait-ce qu'un peu... malheureusement, elle était en terrain inconnu, sans la moindre idée de ce qui allait lui tomber sur la tronche... ou si, quelques idées, des problèmes, plus précisément, mais sans trop savoir comment les résoudre. Ce corps n'avait pas que des inconvénients, de loin pas, et elle pourrait se féliciter, quelque part, de ne pas s'être retrouvée dans la peau d'un vieux gras du bide mais... quand même, non, elle n'avait clairement pas l'intention de laisser cette situation durer... Et au passage, elle avait beau régulièrement traiter Dave de tafiole, elle doutait un peu qu'il apprécie le petit changement de sexe improvisé et parfaitement involontaire (quoique, sans qu'elle le sache, lui aussi vivait la même chose de son côté en ce moment précis).

Alors oui, la situation empira rapidement. Avant même de savoir ce qui se passait, elle le devinait malheureusement trop bien, surtout quand un type armé jusqu'aux dents vint pointer un flingue dans sa direction. Et l'autre qui l'avait désarmée avant. Génial. Effectivement, la seule chance qu'elle avait pour l'instant, c'était que son corps devrait la protéger d'une attitude trop violente... ou de mesures trop radicales. Pour le moment, du moins. Tout ce foin pour ça... Elle ne faisait que rétablir la justice au quotidien, ça devenait particulièrement agaçant que d'être considérée comme les psychopathes qu'elle arrêtait (bon, d'accord, elle en était un peu une elle-même mais...).

-Bon, on se calme, ok ? J'ai pas l'intention de faire exploser vos locaux ou j'sais pas quoi...

Manquerait plus qu'on l'accuse d'avoir foutu la merde à cause son casier judiciaire légèrement rempli...

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M

indy se sentait comme en sursis, et autant le dire, elle détestait cela. Elle avait tendance à s'accomoder des événements pour en tirer le meilleur parti, sans jamais se laisser dicter sa conduite par quiconque et sans se laisser balloter par un destin qui déciderait à sa place, sauf que là, elle ne pouvait rien faire, rien faire sinon espérer que, au nom d'elle ne savait quel miracle, on la laisse quitter ce bâtiment, réhabilitée au sein de son corps. Oh, une fois qu'elle aurait retrouvé son apparence, si il fallait qu'elle se batte pour s'en aller d'ici et demeurer libre, elle le ferait, mais elle le constatait bien que ces bureaux étaient pour ainsi dire imprenables, que les agents du SHIELD étaient pour ainsi dire imprenables, et qu'elle était pour ainsi dire désarmées... Bref, à part se dire advienne que pourra, elle ne pouvait pas faire grand chose, et ça l'agaçait tellement... Enfin, chaque chose en son temps, déjà, retrouver son corps. Parce que s'ils étaient condamnés à accaparer le corps l'un de l'autre, il y aurait un soucis plus important encore à gérer. Elle suivit donc l'agent du SHIELD dont elle avait malgré elle dérobé l'apparence, avec une docilité qui lui donnait envie de se foutre des baffes  à elle-même... Bah ! Au pire, c'était pas son corps qu'elle allait amocher... Mais bon. Ils traversèrent une flopée de couloirs, passèrent à proximité de labos qui semblaient venus tout droit du futur, et s'arrêtèrent finalement dans le fameux labo 2, où on lui somma de s'asseoir. Mindy grinça des dents. Elle détestait qu'on lui donne des ordres, et c'était encore pire quand elle se les entendait donner avec sa propre voix. À contrecoeur, elle prit donc place. Elle ne pourrait pas faire grand chose pour l'heure que d'attendre que ça passe, de toute manière, que ça lui plaise ou non.

La voix de l'un des hommes du SHIELD se laissa entendre dans la pièce. Donc, l'artefact que cet Henderson dont elle occupait le corps voulait étudier ne serait possiblement pas la cause de tous ces échanges de corps, qui étaient, semble-t-il, en nombre. D'autres avaient donc pu en être victimes ? Allez savoir si c'était rassurant ou angoissant... Dans tous les cas, si la chute de l'artefact n'était qu'une coïncidence, ils étaient moins encore proches de retrouver leur état initial, et ça, c'était plus qu'emmerdant. Et le pire, c'est qu'on leur sommait une fois de plus de rien faire. Putain ce qu'elle pouvait détester être à ce point passive. Et à quoi pouvait-elle bien aider, hein ? Parce qu'elle voulait bien l'étudier, ce truc, mais elle n'y connaissait fondamentalement rien... Alors qu'est-ce qu'il lui restait à faire ? Se taper la causette avec son camarade d'infortune, sans doute.

-Ouais... Je sens qu'il va falloir que je change de nom. répliqua-t-elle en haussant les épaules. Elle n'en avait pas spécialement envie, depuis le temps qu'Hit-Girl lui collait à la peau, mais les circonstances ne lui étaient pas vraiment favorables, là. Qu'est-ce que vous comptez faire de moi, quand on m'aura rendu mon corps ?

Qu'elle soit au courant directement, tant qu'à faire, hein...

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M

indy devait bien reconnaître s'être sentie soulagée quand la voiture au bord de laquelle elle était montée avait filé droit hors des locaux du SHIELD, elle aurait sans doute plus de chance de s'en sortir indemne hors de ces murs ultra-sécurisés, d'autant que le type dans le corps duquel elle se trouvait présentement semblait avoir bien d'autres priorités que de la livrer aux flics. Tant mieux, tant mieux, son petit détour par la case prison ne lui donnait pas franchement envie de réitérer de sitôt l'expérience. Bon, ça ne résolvait en rien le "léger problème identitaire" auquel ils étaient tous les deux confrontés, présentement, mais déjà, elle oubliait un peu du désagréable sentiment d'anxiété, et surtout de parfaite absence de contrôle qui la saisissait jusqu'alors. À présent, elle avait le sentiment d'avoir un minimum de maîtrise sur la situation, même si celle-ci demeurait parfaitement illusoire, elle était toujours sous l'apparence de cet agent du SHIELD sans avoir la moindre idée de comment réintégrer son corps d'ado, et il se pouvait toujours que certains collègues de son prêteur d'enveloppe corporelle décide de leur coller au train pour les ramener fissa au labo (bon, plusieurs coups d'oeil rapides dans le rétroviseur semblaient indiquer qu'il n'y avait pas de quoi s'inquiéter de ce point de vue-là, mais on est jamais trop prudent). De toutes les manières, faire une pause aux traits de normalité dans cette scène aux accès d'anormalité ne leur ferait pas de mal... même si, en ce qui concernait la jeune femme coincée dans l'apparence d'un homme, elle réalisait qu'elle n'avait pas vraiment faim... Surprenant quand on savait que, à cette heure-ci, elle devrait normalement être prise d'une incommensurable fringale. C'était sûrement Ty qui payait à sa place.

-Ce sont pas des collants de danseuse. rétorqua Mindy, mais un léger sourire au coin des lèvres, plutôt satisfaite de s'être trouvée un allié au lieu d'un détracteur dans toute cette affaire. Finalement, cette fichue histoire d'échange de corps aurait pu plus mal se dérouler... Même si elle n'avait pas spécialement envie de s'habituer à cette... chose... entre ses jambes. Mais mer...

Merci, allait-elle dire, même si il n'était pas franchement dans sa nature de témoigner sa gratitude à tout va. Mais ça faisait du bien, parfois, d'entendre être reconnu le bien-fondé de sa cause quand tant d'autres (Marcus en tête, en ce qui la concernait), préférait y demeurer hostiles et ne rien y comprendre. Elle n'eut néanmoins pas le temps de terminer sa phrase, car tout à coup, voilà que sa vue se brouillait pour finalement se fixer à nouveau sur la route, qu'elle observait de plus bas, à présent, les mains tout à coup serré sur le volant. Des mains fines, proportionnelles à sa taille de hobbit. Oh putain ! Si elle croyait en Dieu, elle l'aurait immédiatement remercié. Elle était visiblement redevenu elle-même. Sous le choc, elle avait appuyé un peu brutalement sur la pédale de frein. La voiture derrière elle manqua de l'emboutir. Le chauffeur de la voiture klaxonna. Mindy ouvrit la fenêtre et lui répondit par un charmant doigt d'honneur.

-Connard. prononça-t-elle avant de reprendre la route, contente de retrouver sa voix normale. Elle tourna son regard en direction de l'agent du SHIELD. Bon, on le mange quand même, ce hamburger ?

Il lui semblait que rester à proximité l'un de l'autre restait quand même plus prudent pour le moment, surtout si leurs corps devaient à nouveau s'intervertir sans crier gare. Et puis, à présent, elle rêvait d'un big mac.

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M

indy ignora superbement les avertissement de l'agent dont elle accaparait le corps il y a encore quelques minutes, alors qu'elle aurait très bien pu emboutir ce satané cycliste qui avait surgi de nulle part. Si ce connard ne respectait pas le code de la route, ce n'était tout de même pas de sa faute à elle. Elle avait tenu un volant entre les mains dès l'âge de huit ans, ce qui faisait plus que la moitié de sa vie, ça va, elle savait y faire, même si elle troquerait avec grand plaisir l'imposant véhicule contre sa petite moto, bien plus discrète et bien plus pratique. Elle ne prit pas la peine de ralentir, donc, ou même de répondre à sa question. Non, évidemment que non, elle n'avait pas son permis. Quand elle avait appris à conduire, elle n'en avait pas l'âge, et quand elle avait pu avoir celui de l'envisager, il ne faisait déjà plus bon que son identité soit si aisément communiqué à quelque organisme que ce soit. Peu importe, au final, être arrêtée pour conduite sans permis serait le cadet de ses soucis, si elle se faisait effectivement interpellée pour ce motif. Ah, la vie de justicière hors-la-loi. Quand le portable de Ty avait sonné, elle avait tenté de jeter un oeil au message qu'il venait d'envoyer sans y parvenir. Elle avait envie de faire confiance à ce type, mais ne pas songer qu'il puisse lui faire un coup fourré serait quand même naïf, alors elle préférait rester sur ses gardes. Elle avait adopté un rythme de conduite un rien moins bourrin quand son interlocuteur reprit la conversation.

Mindy n'appréciait pas tant que cela être qualifiée d'assassin, à ses yeux, elle ne l'était pas. Elle tuait, c'est vrai, et pas qu'un peu par ailleurs, mais elle ne s'en prenait jamais qu'à des criminels, des personnes qui l'avaient bien cherchées, et qui méritaient leur sort. Pour preuve, jamais elle n'avait tué le moindre flic. Au pire, elle les avait un peu violemment assommés, mais c'est tout. En tous cas, il voyait juste, elle avait effectivement commencé à s'entraîner à devenir Hit Girl très tôt. Dès l'âge de 4 ans, en fait, à l'instant où son père avait été libéré de prison et l'avait récupérée, faisant d'elle la parfaite machine à tuer qu'on la savait être dorénavant.

-Un super-héros ne révèle jamais ce genre d'information. affirma-t-elle tranquillement tandis qu'elle tournait à gauche, pour venir se garer sur le parking du fameux fast-food. Mais ouais, ça fait un bail. Je suis jamais devenue Hit-Girl, je l'ai toujours été, c'est ce que je suis, c'est comme ça.

Oui, c'était ce qu'elle était. Même si elle exagérait sans doute en affirmant que ça avait toujours fait partie d'elle. Si son père n'était jamais sorti de prison, si Marcus avait poursuivi son éducation, sa vie aurait sans doute été bien différente. Elle quitta le véhicule et se dirigea d'un pas décidé à l'intérieur du Mcdo. Un big mac et des frites à foison, ce serait parfait.

-Et toi alors ? À ce stade, elle pouvait bien le tutoyer. Comment on fait, pour se retrouver à bosser pour le SHIELD ?

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B

on, au final, elle aurait pu trouver bien pire compagnon d'infortune pour partager cette sale histoire d'échange de corps. Ok, qu'il soit un agent du SHIELD aurait pu ne pas franchement jouer en sa faveur de prime abord, mais il s'avérait plus sympathique qu'elle ne l'aurait supposée. Du moins conformément à ses critères à elle, bien spécifiques, qui n'étaient pas nécessairement ceux du commun des mortels. Par exemple, elle appréciait qu'il ait de la répartie, ce qu'elle constata immédiatement, quand il lui répondit du tac au tac de la même manière qu'elle avait elle-même employée pour répondre à sa question précédente. Lui ? Un super-héros... Il en était peut-être un à sa manière, dans les fonctions bien spécifiques qu'il occupait. Si Mindy n'avait pas beaucoup de respect et d'estime envers les flics de manière générale (à l'exception de Marcus), influencée qu'elle était par l'histoire de son père, qui lui laissait imaginer que tous les représentants des forces de l'ordre ou presque étaient des pourris corrompus jusqu'à l'os, ou qui, s'ils ne l'étaient pas, étaient commandés par d'autres pourris corrompus pour faire bonne mesure, elle pouvait se montrer un peu plus clémente envers le SHIELD. Ils lui donnaient moins l'impression de se tourner les pouces en pointant du doigt ceux qui se tapaient par conséquent tout le boulot à leur place. Mais après, ce n'était jamais qu'un point de vue très personnel, bien évidemment erroné en grande partie, comme bien des idées que Big Daddy avait su ancrer si profondément dans son crâne qu'il ne fallait pas espérer que qui que ce soit sache les en déloger.

Alors qu'ils se dirigeaient vers le comptoir pour passer leur commande, Ty se montra un peu plus bavard et lui donna un peu plus du détail qui avait fini par faire de lui un agent du SHIELD, Mindy devait bien reconnaître qu'elle était assez impressionnant par ce curriculum vitae. Pour sa part, elle ne pouvait résumer le sien que par la liste de tous les salauds qu'elle avait abattue... ceci dit, elle avait au moins la satisfaction de se dire qu'une dizaine de pages ne suffirait pas à tous les énumérer. Elle ne commenta pas, elle n'en aurait pas eu le temps, de toute façon, on attendait qu'ils passent commande. Mindy afficha un sourire légèrement amusée, alors qu'elle voyait Ty se démener avec une carte qui ne lui était manifestement pas familière, quand, quand ce fut à son tour, la jeune fille récita avec évidence ce qu'elle voulait. Les super-héros devaient peut-être prendre un peu plus soin de leur alimentation, mais c'était là l'un des rares préceptes qu'elle ne respectait pas, elle adorait le junk food. Puis son regard se porta sur son portefeuille déjà ouvert. Bah. Elle demandait pas la charité, non plus, elle était bien capable de se payer à manger. Elle aurait même pu l'emmener dans un 4 étoiles, s'ils avaient fait un détour par chez elle. Le fric, elle s'en foutait un peu, mais il en fallait bien pour vivre, et les planques de certaines de ses victimes regorgeaient de dollars mal acquis qui serait désormais en de bien meilleures mains, à savoir les siennes. Pas très légal, c'est vrai. Mais elle était plus à ça près. Elle tira donc en vrac quelques billets complètement chiffonnés qui traînaient dans le fond de sa poche.

-C'est bon, c'est moi qui régale. affirma-t-elle en posant l'argent sur le comptoir, dont le serveur ne tarda pas à s'emparer. C'est à cause de mon estomac qu'on est là, non ? Leurs commandes furent prêtes, et ils purent s'installer. À cette heure-ci, l'endroit était quasi désert. Ce n'était pas plus mal. À peine assise, en tailleur sur sa chaise, Mindy se rua sur ses frites. Et sinon... dit-elle entre deux bouchées de frites. C'est mon père qui m'a apprit... tout ça.

Il lui avait raconté une partie de son histoire, elle pouvait bien lui rendre la pareille, sans pour autant rentrer dans les détails.

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A

u moins, l'agent du SHIELD se contenta de sa simple réponse concernant son père, et n'eut pas l'air de vouloir creuser plus loin. Ce n'était pas plus mal. Se contenter d'affirmer qu'elle avait apprit tout ce qu'elle savait de son géniteur, c'était une chose, et le genre de chose que bien d'autres pourraient répondre, sans forcément évoquer pour autant le fait d'être transformé en machine à tuer. Elle n'avait pas envie d'aller plus loin dans les explications, surtout s'il fallait revenir en détail sur l'affaire d'Amico, qui avait longuement accaparé leur affaire de vengeance, Hit-Girl décidée encore à se débarrasser de ses quelques ex-sbires qui commettait ce qui tenait de l'affront à ses yeux, à savoir respirer encore, ce n'était pas plus mal que Ty s'attarde sur le cas de son propre père. Il lui avait fait connaître Shakespeare, et pas seulement, le connaître par coeur. C'est clair, chacun son truc. Ce n'était pas de Big Daddy qu'elle aurait tiré ce genre d'enseignement... En fait, à bien y réfléchir, il ne lui semblait pas avoir lu le moindre roman ou la moindre pièce de théâtre de toute sa vie... Même quand elle allait en cours (pour le peu d'assiduité dont elle avait fait preuve), elle s'était contentée de résumés détaillés piochés çà et là sur internet. Ses lectures, pour sa part, s'était résumées à des comics. Des comics. Et encore des comics. Et si elle devait avoir appris par coeur quelque chose, c'était les répliques des films de John Woo. Certes, elle ne pouvait pas récite Songe d'une nuit d'été, et n'avait pas la moindre idée de ce dont cela pouvait parler, mais à l'inverse, connaissait par coeur les dialogues de The Young Dragons. Elle préféra ne rien répondre à ça. C'était sans doute mieux de laisser le sujet des paternels de côté, à la place. Elle se concentra à la place sur son hamburger. Un sourire en coin s'afficha sur son visage, d'ailleurs, quand son interlocuteur lui fit remarquer que, ça avait beau être potentiellement fabriqué à base de viande d'opossum, c'était quand même vachement bon, ces concentrés de gras. Ça, elle pouvait pas dire le contraire. Finalement, elle ne reprit la parole qu'après que Ty lui ait posé une nouvelle question, qui lui décocha un sourire cette fois un peu gêné.

-C'est pas un maillot de bain géant. C'était une tenue de plongée. Bon, ok. C'était pas forcément plus glorieux. Certes, il avait un peu customisé sa tenue de super-héros, depuis (sur ses conseils, au passage. Qu'est-ce qu'il ferait sans elle, hein ?), mais effectivement, sur la base d'une combi moulante verte et jaune, il ne pouvait pas faire grand chose non plus. Ceci dit, ce n'était pas tant la vanne du maillot de bain, qui la dérangeait, en fait c'est exactement le genre de remarques que Mindy aurait pu faire à Dave de son côté. Plutôt le fait que, définitivement, elle était associée à Kick-Ass, le faisant joyeusement glisser du côté des criminels pour ceux qui ne faisaient pas la différence avec ce qui distinguait les criminels des justiciers purs et durs. Certes, il y avait quelque chose de plaisant dans le fait qu'ils soient considérés comme une véritable équipe, même si c'était une équipe de deux, mais maintenant qu'il l'avait aidé à échapper aux mains des autorités, il était, lui aussi, sur la sellette, et elle aurait voulu éviter cela. Mais ouais, c'est ça l'idée. Elle marqua une pause. Nos corps ont pas l'air de vouloir se retransformer, ça m'arrange. Ça m'aurait emmerdé de devoir me refaire un costume.

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I

l n'y avait clairement pas de honte, en soi, à faire équipe avec Kick-Ass, bien au contraire, et si elle aurait préféré évité à son petit ami de lui être officiellement associée, au sens où lui aussi allait se prendre les flics au train (avec l'unique avantage, pour sa part, de ne pas avoir d'identité civile connue), mais ce n'était pas un sujet qu'elle voulait pour autant évoquer en long, en large et en travers. En fait, dès qu'il s'agissait de parler d'elle-même, Mindy préférait faire l'autruche, et changer de sujet plus ou moins subtilement (bien souvent plus que moins, sans surprise)... Et cette fois-ci n'avait pas échappé à la règle alors que, après avoir très vaguement répondu à son interlocuteur, clairement sans se perdre dans des détails à rallonge, elle était tout simplement passée à un autre sujet, à savoir leurs transformations respectives. Apparemment, ils n'avaient plus à craindre de changer de nouveau d'apparence, plus les minutes passaient, plus ce constat rassurant s'imposait à son esprit. Sa vie allait pouvoir reprendre un cours normal, après cet intermède des plus singuliers... Ce qui ne serait pas exactement le cas pour Ty, qui lui devrait se coltiner la résolution de ce fichu mystère. Ouais, pour le coup, elle voulait bien le plaindre. Mais pas trop non plus quand même. Faut pas exagérer. Mindy préféra s'abstenir de tout commentaire (oui, faire la conversation, c'était pas trop son truc, tabasser, c'était souvent bien plus simple, bien plus pratique... et par la même bien plus efficace), pendant que son interlocuteur fouillait dans la poche intérieure de sa veste, pour en sortir une carte de visite, qu'il compléta d'un numéro de téléphone.

Mindy observa la carte en question avec un soupçon de défiance tout en zyeutant les deux numéros en question. Comment être sûre que le numéro perso en question ne serait pas moins "suivi, traqué, écouté" que son numéro professionnel ? Mais en même temps, s'il avait été question pour l'homme de la piéger, il ne l'aurait sans doute pas tirée des locaux du SHIELD pour se faire un McDo. Tout laissait à croire qu'elle pouvait faire confiance à son interlocuteur... Ceci dit, faire acte de confiance était acte de faiblesse alors, tout en fourrant la carte en question dans la poche de son jogging, elle se dit qu'elle garderait l'information précieusement, parce qu'avoir un agent du SHIELD dans ses contacts, c'était quand même bien pratique (outre le fait que cet homme lui était plutôt sympathique, en vrai), mais elle hésiterait quand même avant de composer son numéro.

-D'accord. Je le ferai.

Ou pas, elle verrait bien. Elle ne le remercia pas, puisque "merci" ne poppait dans son vocabulaire qu'à quelques rares occasions, comme les expressions "s'il te plaît" ou "désolée" (bref, les bases de la politesse), elle ne lui donna également pas de moyen de la joindre en retour (pour des raisons plus qu'évidentes).

-Je suppose que tu vas devoir retourner bosser. ajouta-t-elle en considérant du regard leurs plateaux presque vides. C'est que, de base, c'était ce boulot, justement, qui avait initié leur rencontre des plus singulières.

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T

y aurait beau dire, et même s'il lui était de plus en plus sympathique, il y aurait toujours en elle une part de défiance. Cette-dernière lui avait suffisamment servie, et à plus d'une reprise, pour qu'elle ne se voit pas l'abandonner de sitôt. Ceci dit, elle ne pouvait pas nier que le fait d'avoir sous la main le numéro d'un agent du SHIELD pourrait bien finir par lui être utile à un moment ou à un autre, pour elle-même ou pour quelqu'un d'autre (des fois qu'elle ait un élan de générosité). Même si, bon, elle aimait bien bavarder avec ce type, elle se voyait mal l'appeler, de toute manière, histoire de seulement se faire une bouffe avec lui, quand bien même elle n'était jamais contre un bon petit McDo de derrière les fagots pour se ravitailler dignement en glucides. D'ici quelques minutes, l'homme devrait certainement vaquer à ses occupations. En effet, il lui confirma qu'il allait devoir reprendre le boulot, question d'emprunt d'appartement à rembourser et toutes ces conneries que les adultes vivant dans la plus insipide des légalités se devaient de gérer quand elle payait tout au black avec l'argent des dealers et autre malfrats dont elle explosait allègrement les cervelles à longueur de journées. Bah, après tout, c'était un boulot aussi, hein. Ça se présentait juste différemment, et se rémunérait de façon un peu moins... conventionnelle. Elle pensait donc qu'ils en resteraient là, mais alors, Ty fit à la demoiselle une proposition qui eut le don de la surprendre.

-Et ça risque pas de me retomber dessus, ça ?

Elle pourrait difficilement ne pas accorder à cette offre le fait qu'elle était pour le moins alléchante. Une immunité temporaire, même si, comme son nom l'indique, elle ne serait qu'à durée déterminée, pourrait bien lui être d'une grand utilité, pour peu qu'elle rencontre encore quelques soucis... juridiques... dans les temps à venir (mais pour sa part, elle considérait avoir eu sa dose, alors elle espérait bien qu'on lui foutrait la paix une bonne fois pour toutes). C'était pas le genre d'offre qu'on pouvait se voir proposer et refuser d'emblée sans y avoir réfléchi ne serait-ce qu'un peu. D'accord, Mindy n'était pas folle des mains tendues. Quand on lui proposait de l'aide, sa fierté naturelle l'invitait à refuser derechef. Mais là, on ne parlait pas de n'importe quelle aide. Décidément, il fallait croire que cet échange de corps était finalement une aubaine pour elle. Non pas qu'elle ait apprécié outre mesure l'expérience, mais elle pourrait difficilement nier ne pas apprécier la rencontre qui en avait résulté. Seulement, si c'était pour qu'elle s'en prenne plein la tronche une fois l'immunité en question levée, alors très peu pour elle. Elle voulait être tout à fait certaine de bien avoir compris et entendu l'offre qui lui était faite, dans ses dérives comme dans ses avantages, pour ne pas acquiesçer à l'aveuglette. Oui, elle était de nouveau défiante. Pour ne pas changer. L'apanage des justicières chevronnées, que l'on pourrait presque comparer à un excès de zèle.

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