Dans l'immensité de l'univers, loin du système solaire, niche une planète appelée par ses occupants Kakaranathara. Elle est le berceau des Makluans, de gigantesques créatures reptiliennes, pacifiques et évoluées. Ingénieurs de génie, les Makluans conçurent et inventèrent nombre d'objets de très haute technologie, pour partir explorer les recoins de leur galaxie. Mais au sein de cette race bienveillantes, quelques dissidents détournèrent de leurs usages premiers des créations, pour en faire des armes, et partir à la conquète d'autres mondes moins évolués. Parmi leurs cibles, une petite planète isolée et primitive, la Terre, que deux vaisseaux tentèrent d'investir. Le premier s'écrasa sur ce qui deviendrait l'Angleterre. Le second, commandé par Axonn-Karr, un Makluan en quête de connaissances, se posa en Chine, après avoir neutralisé l'appareil ayant tenté d'envahir l'Angleterre. Les habitants locaux, terrifiés par l'apparence monstrueuse d'Axonn-Karr, le persécutèrent, croyant avoir affaire à un dragon, et le forcèrent à vivre reclus au sein d'une vallée isolée. Les années passèrent, mais les habitants de la région n'oublièrent pas quels dangers recelaient la vallée. Au fil des générations, les parents avertirent leurs enfants des risques encourus dans ce qu'ils appelèrent La vallée Mystique de Shandong.

En 1920, le jeune Gene Khan naquit, fils héritier d'une riche famille de dirigeants du Shandong. Élevé pour devenir l'administrateur de la province, à l'instar de ses parents, Gene s'entendit répéter qu'il appartenait à la descendance du grand Ghengis Khan, comme l'attestait son nom, en vertu de quoi il lui incombait de régner comme son illustre ancêtre, sur un empire vaste mais harmonieux. Fils d'un chinois et d'une britannique, il apprit à parler les deux langues. L'imaginaire du jeune garçon fut également nourri par les histoires qui courraient sur la Vallée Mystique, supposée avoir abrité un dragon des siècles plus tôt. Ambitieux et désireux de remplacer son père, Gene buvait les paroles de ses précepteurs, dédaignant les autres enfants de son âge, qui vivaient pour les jeux et l'amusement. Une perte de temps, que le futur administrateur jugea indigne de sa caste élitiste. Malheureusement, la révolution populaire amorcée par l'émergence du communisme mit un terme aux espoirs de grandeur du garçon. Les Khan, mari et épouse, furent mis à mort par une foule excédée par les impôts et le diktat de la classe dirigeante, et leurs possessions matérielles furent pillées.

C'est la sœur de son père qui accueillit Gene, afin de lui prodiguer un toit. Endeuillée et amère, elle blâma le Communisme de lui avoir pris son frère, et maudit l'occident de ne pas avoir su s'opposer à la révolution populaire. Nostalgique d'un ancien régime qui lui était largement plus favorable, la tante de Gene éleva le garçon dans la haine du monde extérieure, et dans la soif d'un retour en arrière. Influençable, l'orphelin absorba cette animosité, et grandit avec à l'esprit le désir de prendre sa revanche sur le peuple de Chine. Il commença à prendre des cours de Kung-Fu tout en se payant des professeurs particuliers pour s'instruire en sciences, n'envisageant pas un instant que sa tante ne soit pas aussi fortuné que feux ses parents. En moins de quatre ans, le foyer s'était endetté auprès du régime, et fut expulsé. Ravagée par la colère, la tante de Gene le renia, lui interdisant de porter le nom de Khan, et l'abandonna à son sort dans la rue. Ce dernier, qui ne disposait pas d'autres moyens de survie, vécut trois ans de larcins et de petit banditisme à Jinan, dormant là où il le pouvait, mangeant ce qu'il trouvait, se battant pour ne pas être dépossédé du peu qu'il avait acquis par d'autres vagabonds. Mais son envie de revanche ne désemplissait pas, et, bien qu'il en ait toujours craint les mystères, Gene finit par se rendre dans la fameuse Vallée, où il pensait plus ou moins mettre la main sur un moyen de récupérer son statut de privilégié.

Explorer la Vallée et ses secrets prit énormément de temps au jeune voyageur. Il lui fallut se procurer un abri, de la nourriture, et veiller à ne pas déchirer le peu de vêtements qu'il possédait. Lorsque l'un ou l'autre lui faisait défaut, il devait quitter la vallée, pour retourner jusqu'au plus proche lieu occupé par des humains : un petit monastère de l'école Shaolin. Là, on acceptait de lui prodiguer un lit, de la nourriture, ou des habits... À condition qu'il gagne un combat contre un autre moine, ou consente à méditer plusieurs heures sous une cascade. Involontairement, Gene acheva sa formation en Kung-Fu, sans en saisir la réelle philosophie toutefois. Il fêtait seul ses vingt-deux ans lorsqu'il tomba, par hasard, sur une grotte de la Vallée Mystique recelant le squelette d'un animal énorme. Blanchie et séchée depuis bien longtemps, la dépouille d'Axonn-Karr vint toutefois confirmer l'existence des dragons sur Terre pour l'héritier présumé des Khan... Et lui offrir indirectement la voie vers le Pouvoir. Car au fond de cette même grotte, reposait le vaisseau Makluan, endommagé et inutilisable par son équipage. Un aéronef extra-terrestre, qui souffla d'ébahissement Gene... Et lui arracha son premier sourire depuis des années. Il se mit à étudier la construction de métal, pour chercher à en percer les secrets, les arcanes, et en retirer une arme, à l'instar du Makluan parti pour conquérir l'Angleterre. Mais en dépit de ses connaissances scientifiques, le jeune chinois ne progressa pas d'un pouce. Il aurait pu prévenir quelqu'un de la position du vaisseau, et accélérer ses études en acceptant de mettre dans la confidence d'autres ingénieurs, mais son envie de conserver pour lui seul le fruit de sa découverte était plus fort. Un travail de fourmi débuta donc, pour le garçon sans nom ni foyer, qui s'acharna à agir seul, dans sa grotte. Parfois, quand la solitude ou que les échecs à répétition menaçaient de le rendre fou, Gene retournait dans le monastère Shaolin, pour y défier ses occupants, ou pour y méditer afin de se vider la tête et de retrouver la sérénité. Jamais il n'expliqua à quiconque ce qu'il faisait la majorité du temps, se contentant de prendre des nouvelles du monde extérieur quand cela lui était possible. Avec indifférence, il assista aux conflits entre Japon et Chine, puis entre Axe et Alliés, et entre Soviétiques et Occidentaux. Aucun ne lui parut offrir la solution qu'il entrevoyait pour le monde : être dirigé d'une main de fer par un leader éclairé et capable de régner avec fermeté, pour garantir la Paix mondiale.

Alors que son pays connaissait une famine sans précédent, Gene fit son premier réel progrès, en trente-cinq ans de travail laborieux. La technologie Makluan, qu'il commençait à cerner, se révéla à lui quand il parvint à extraire du vaisseau sa source d'alimentation principale : dix batteries, chacune émettant un type d'énergie particulier. Bien qu'endommagées, elles semblaient, au contraire du reste de l'appareil, réparable même avec les moyens limités de la Terre. Cette supposition fut confirmé lorsque Gene effectua par erreur la manœuvre nécessaire pour réactiver l'une des batteries, soufflant toute lumière dans l'abri qu'il s'était confectionné. Radieux, il se familiarisa peu à peu avec l'artefact, comprenant qu'il devait toucher la batterie pour en activer le pouvoir. Pour la rendre plus aisée à employer, Gene transforma la source d'énergie en anneau, miniaturisant l'artefact pour le passer à l'auriculaire droit. En constatant que cette conversion n'empêchait pas la batterie d'agir, il miniaturisa chacune des sources d'énergie, confectionnant dix anneaux de Pouvoir Makluan, qu'il lui restait cependant à activer. Mais l'heure était venue pour l'héritier de Ghengis Khan de quitter la Vallée, afin de marcher vers son Destin de conquérant.

Moins affecté par le passage des années qu'il ne l'aurait craint, Gene étudia l'art de la maîtrise du Chi auprès de différents grands maîtres, pour devenir capable de vieillir très lentement. Ayant appris la Patience en travaillant seul, il savait que son règne sur le monde ne débuterait pas avant des décennies, le temps de mettre en place ses plans. Partant de rien, il se rendit dans les bourgades agricoles les plus pauvres du Shandong, où sa capacité surnaturelle à faire taire toute lumière lui attira la crainte et le respect des habitants. S'attribuant d'office le poste d'administrateur, il accompagna les paysans dans leur lutte pour améliorer leur quotidien, fédérant par la force et la crainte les villages sous son égide autoritaire. Ceux qui lui résistaient subissaient ses coups, plongés dans les ténèbres "infernales" qu'il invoquait, et les truands qui s'amusaient à piller les réserves des villageois n'eurent bientôt plus que le choix de le servir, ou de mourir. Petit à petit, l'empire de Gene s'agrandit, l'évolution se faisant à un rythme exponentiel. Parce qu'il lui fallait du pouvoir et de l'influence pour poursuivre ses études de la technologie Makluan, le porteur des dix anneaux cessa de chercher à activer les sources de pouvoir, devenant un seigneur de guerre chinois réputé pour ses compétences de gestionnaire, tel un mandarin de la Chine féodale. De fils en aiguille, le titre honorifique devint le nom du garçon renié par sa tante, et les Dix Anneaux fut adopté comme nom pour l'organisation qu'il commandait. Le sang Mongole de Khan venait de s'éveiller, révélant le conquérant qui sommeillait en son sein. Un conquérant agissant dans l'ombre, déplaçant ses troupes comme il gérait les villages sous sa coupe : avec clairvoyance et efficacité, pareil à un joueur de go installant petit à petit ses pièces sur le plateau de jeu pour en contrôler la surface. Influencé par ses études de jeunesse, où les lectures des penseurs chinois et les récits de guerre entre cantons pleuvaient, le Mandarin développa la personnalité d'un tyran faussement civilisé, qui partageait à l'occasion une tasse de thé avec ses administrés, ou se plaisait à énoncer l'une des leçons de Confucius aux enfants.

Le but véritable du Mandarin n'échappa cependant à personne, et bien qu'il se soit souvent montré moins cruel ou sanguinaire que d'autres, ses méthodes demeuraient violentes, impitoyables, et uniquement clémentes avec ceux qui collaboraient avec les Dix Anneaux. La Chine communiste qu'il avait apprise à haïr fut incapable de s'opposer efficacement à son règne basé sur la guérilla, d'autant qu'un anneau Makluan donnait l'avantage à l'héritier des Khans lors des affrontements. Ni l'Occident ni la Russie n'intervinrent pour aider le gouvernement chinois à juguler ce problème de politique intérieur, laissant la nation se gangrener doucement. Cependant, plutôt que de dévorer tout son pays natal, Gene opta pour une approche plus internationale, en cherchant aussi tôt que possible à développer des antennes en divers points du globe. En Afrique du Nord et en Amérique du sud, des équivalents de son organisation, brandissant le même étendard rouge sang frappé de dix Anneaux noirs, émergèrent de nulle-part, obéissant aveuglément à leur leader éclairé investi de pouvoirs surnaturels. Une fois encore, le Mandarin sut tirer profit de ses branches, pourtant très éloignées, pour coordonner ses actions, et exploiter les spécificités de chaque région à son avantage. En s'établissant dans des régions volontairement laissées pour compte du monde, Gene n'eut pas à craindre que les Nations Unies ou l'OTAN ne s'emballent. Les Dix Anneaux furent considérés comme un problème, certes, mais un problème qui, une fois les urgences triées par ordre de priorité, arrivait loin derrière l'instabilité économique, la guerre froide, ou les révolutions culturelles. Le Mandarin fut ravalé au rang d'anonyme seigneur de guerre. Un meneur violent et activiste parmi tant d'autres, qui sévissait dans des contrées sans pétrole exploitable. Ravi d'être ainsi sous-estimé, le meneur des Dix Anneaux continua d'étendre son organisation, jusqu'à disposer des leviers nécessaires pour entamer la deuxième phase de son plan.

À l'un de ses lieutenants installés au Moyen-Orient, il confia la charge exécuter un contrat émit par un américain, en y ajoutant une subtilité. Un riche anonyme (probablement un rival jaloux) avait contacté les Dix Anneaux, souhaitant voir Tony Stark disparaître lors de son voyage en Asie centrale. Conscient du potentiel de la cible, le Mandarin fit passer ses consignes. Stark devait rester en vie, le temps d'être testé sur sa capacité à assembler un missile Jericho seul. S'il réussissait ce test, le client recevrait la confirmation de la mort du PDG, et Stark, lui, recevrait une nouvelle tâche : étudier l'anneau Makluan envoyé au lieutenant du Mandarin (pour s'assurer qu'il ne le jetterait pas, le Mandarin affirma à son homme que l'anneau lui conférerait une autorité incontestable dès que son otage l'aurait réparé). Un imprévu permit néanmoins à Tony Stark de quitter la grotte où on le retenait avant d'avoir été mis à contribution. Dépité, le Mandarin exigea de récupérer son anneau, ordre qui ne fut pas exécuté avant qu'Obadiah Stane se révèle être le commanditaire de l'assassinat. Une découverte sans intérêt, pour le chef de guerre, qui eut rapidement davantage de matière à s'occuper. En Amérique du Sud, une créature gigantesque ruina plusieurs de ses opérations sans laisser de témoins vivants ; au Moyen-Orient, une armure volante ravagea ses troupes tout en anéantissant son réseau de trafic d'armes. Et la Chine, de plus en plus traitée avec égard par les puissants de ce monde, commença à mettre à mal l'emprise dont il disposait sur l'empire du milieu. Le monde se complexifia en moins d'une décennie, dévoilant chaque année toujours plus d'invraisemblances. Autant de facteurs d'anarchies que le Mandarin ne pouvait supporter.

Suite à la tentative d'irradiation massive de New-York par Magneto, l'opinion international fut confronté de plein fouet aux vérités de la planète Terre. L'Amérique, ses USA, déjà considérés avec un mélange d'admiration et de crainte, devinrent aux yeux des cinq continents un épicentre d'anormalité. Là-bas, le phénomène mutant produisait des remous dignes d'une guerre civile. Là-bas, un homme-torche, un colosse de pierre, un scientifique élastique et une femme invisible se battaient en pleine rue contre un adversaire tout aussi hors-norme qu'eux. Là-bas, des personnages de légendes nordiques sortaient d'un faisceau lumineux pour aller combattre des monstres de métal cracheurs de flammes. Gene sentit une faille exploitable se créer, et décida de se lancer en campagne. Une propagande visant à diaboliser l'Amérique et ses symboles, afin d'apparaître non pas en conquérant meurtrier, mais en libérateur protégeant le citoyen de l'influence corruptrice de la nation à la bannière étoilée. De cette manière, il mettrait également hors-jeu ses principales sources d'inquiétudes : les justiciers et super-héros, pour la plupart américains, en apportant la vague du renouveau dans son sillage.

Le Mandarin ne se considère pas comme un truand ou un terroriste. Pour autant, il agit comme tel, et même avec moins de retenue que la plupart des criminels. Il ne se lancera pas dans un monologue pour perdre du temps face à un justicier, et ne dévoilera pas ses intentions à l'avance, sauf si cela est à son avantage. C'est un planificateur, qui n'est jamais moins dangereux que lorsque l'on lui laisse le temps de préparer ses actions. Comme tout individu réfléchi et pondéré, le Mandarin gère mal les situations d'urgences, qui ne lui laissent pas le recul nécessaire pour élaborer un échappatoire. Ce qui explique pourquoi il aspire à supprimer le maximum d'inconnus dans chacune de ses entreprises.

Fondamentalement maniaque, Gene est également allergique au désordre, au chaos, à la désorganisation. Il croit en l'efficacité du dogme rigide, de la pacification par la force, et déteste par conséquent les idéaux de liberté et d'indépendance prêchés, entre autre, par les États-unis. Convaincu que les problèmes du monde pourraient tous être réglés sous le contrôle d'une main ferme, régissant la planète entière avec sagesse, le Mandarin a les moyens de ses ambitions. Administrateur de génie, il gère sans mal ses nombreuses branches terroristes réparties sur les continents, tout en assurant aux régions passées sous son contrôle une stabilité économique ainsi qu'une tranquillité au quotidien basée sur l'extrême autorité. Financièrement très bien portante, l'organisation des Dix Anneaux doit également sa bonne santé économique aux manœuvres de son leader, qui exploite les spécificités de ses soldats pour effectuer vols, rapts et autres trafics pour renflouer les caisses, tout en investissant dans des activités légales pour blanchir et faire fructifier ses avoirs. Instruit et formé pour être un régisseur, un gestionnaire, le Mandarin excelle dans l'optimisation d'une organisation, bien que la clef de voûte de ses structures soit en vérité la terreur mystique qu'il inspire à ses serviteurs. Ramené à son statut de simple mortel, Gene aurait énormément de mal à continuer de se faire obéir d'autant d'hommes et de femmes sans se heurter à des contestations ou des tentatives de putsch.

Seulement le maître des Dix Anneaux a de longue date compris quelle emprise le surnaturel avait sur l'être humain, et ne se prive pas pour en jouer. Grand connaisseur de l'Histoire, aussi bien occidentale qu'orientale, le Mandarin est un orateur aisé à écouter, dont la solidité des arguments s'appuie sur le passé tangible. Loin de ne s'en tenir qu'au charisme pour faire passer ses idées, l'homme use, et abuse, de figures de style et de références concrètes pour se donner une légitimité qu'il ne mérite en fin de compte absolument pas. Derrière l'habillage savant et instruit de cet asiatique au regard insondable, se cache uniquement un meurtrier de masse, tout aussi avide de pouvoir et de satisfaction que n'importe quel seigneur de guerre Carthaginois. Le Mandarin ne se soucie pas du nombre de morts nécessaires à la réalisation de ses plans, profite sans vergogne de la ferveur de ses agents pour les envoyer au trépas dans des missions-suicides afin d'accélérer sa prise de contrôle, et ment autant qu'il respire lorsqu'il en vient à devoir justifier ses actes. Son unique qualité étant qu'il vise à unifier, et non à détruire, en vertu de quoi ceux qui subissent son joug ne périssent pas. Ils sont même appelés à vivre dans le confort, à condition qu'ils ne remettent à aucun moment en question les enseignements du Mandarin.