Cette conversation était malheureusement à chaque fois difficile, parce qu’il était évident qu’ils ne parviendraient jamais à s’entendre à ce sujet. Pietro avait juste envie que sa sœur finisse par accepter sa relation, même s’il comprenait bien que ce n’était pas facile. Mais elle ne le faisait pas, elle se montrait buté en toute circonstance… Au point que Pietro se retrouve à dire des choses blessantes. Wanda lui rétorqua qu’elle ne disait pas qu’elle avait envie de savoir comment il mourrait, ou encore qu’il le sache lui-même, mais simplement qu’elle ne faisait pas confiance à Liv. Pietro leva les yeux au ciel quand en prime, Wanda affirma que si sa « pauvre chérie » souffrait vraiment de le voir constamment mourir, c’était bien fait pour elle. Il ne voyait même pas ce qu’il pouvait vraiment répondre à ça. Quoi qu’il dise, pour défendre Liv parce que c’était ce qu’il avait forcément envie de faire – parce qu’il l’aimait tout simplement et qu’il ne pouvait pas faire autrement que de la défendre, surtout qu’il avait conscience que la jeune femme souffrait de la situation, contrairement à sa sœur qui prenait la peine de ne pas le comprendre en grande mauvaise foi –, il savait bien que ça ne changerait pas l’opinion de sa sœur. Wanda était butée, il le savait bien c’était la même chose pour lui et c’était pour cette raison que dernière, ils se prenaient continuellement la tête.
Pietro ne répondit rien, Wanda marqua une pause, ils prirent le temps de simplement… marquer un temps d’arrêt. Le jeune homme n’avait aucune en vie de se disputer encore et encore avec Wanda au sujet de Liv, surtout au vu de la situation et du fait que quand même ils se trouvaient dans une situation de merde. Wanda finit par reprendre la parole en s’excusant, affirmant qu’ils allaient arrêter de parler de ça. Oui, il valait sans doute mieux, mais ce qu’il lui faudrait au final c’était qu’elle finisse par accepter le fait qu’il était bien avec Liv et qu’elle n’était pas si… horrible que cela. S’il pouvait simplement la voir un peu comme il voyait… Enfin, il avait conscience que c’était surement trop lui demander et en un sens Pietro était mal placé pour faire la moindre morale au vu de comment il réagissait aussi de son côté. Et au vu de la situation, il ne pouvait pas non plus reprocher entièrement à sa sœur d’être angoissé.
« Moi aussi. » Soupira-t-il. Il marqua une pause, avant de reprendre. « Moi aussi je suis angoissé, moi aussi j’ai peur mais je… j’ai juste envie de me raccrocher à ce qu’on a. » Et qu’est-ce qu’ils avaient ? Pas grand-chose en dehors du fait d’avoir de l’espoir. Wanda s’était toujours faite plus de soucis que lui, mais ça ne l’empêchait pas des s’en faire quand même. Il le montrait d’une manière différente, il le cachait un peu, il n’avait vraiment pas la même façon de l’exprimer que Wanda. « Je peux pas croire qu’après tout ce qu’on a traversé, ça peut s’arrêter comme ça. » Pietro poussa un nouveau soupire. « C’est sans doute idiot… »
Comme le fait qu’il soit avec Liv était idiot… non, ils ne devaient pas parler de ce sujet.
ietro ne fit aucun commentaire en ce qui concernait Liv, et c'était tant mieux car Wanda avait la ferme intention de demeurer inflexible sur la question. N'en déplaise à son frère, elle ne ferait pas évoluer son discours sous le prétexte de lui faire plaisir ou que ce serait plus confortable pour lui. Aucune envie ou intention de se prendre la tête, mais il fallait tout de même être un minimum réaliste sur la question. Le mieux, donc, était sans doute d'occulter le sujet, même si cela revenait seulement, finalement, à enfouir sa tête dans le sable. Tous deux ne pouvaient qu'en avoir conscience : jouer les autruches n'était pas la solution non plus. Mais peu importe, ils pouvaient mettre de côté le sujet Liv pour le moment, ce sur quoi ils ne pouvaient pas jouer les autruches, en revanche, c'était sur leur situation présente, ces marques bleues, la maladie... Ils ne pouvaient pas se contenter d'affirmer qu'ils allaient s'en sortir, comme si de rien n'était, parce qu'ils s'en étaient toujours sortis, et présumer que ça suffirait.
Au moins, Pietro admit qu'il avait peur, effectivement, et même si elle n'aimait pas le savoir angoissé, elle aimait savoir qu'il avait tout de même conscience de l'importance de la situation. Elle savait que c'était dans sa nature que d'aborder chaque sujet avec légèreté. Et c'était bien quelque part, mais dans certaines situations, elle estimait qu'il fallait paniquer, un point c'est tout, parce que c'était une affaire de préservation et de survie. C'était prendre le risque de ne plus savoir raisonner convenablement, bien sûr, mais c'était aussi, peut-être, mieux réussir à appréhender une situation qui n'attendrait pas qu'ils s'inquiètent pour la tomber dessus.
-Je ne vais pas te mentir, répondit Wanda, sans spécialement avoir envie de se prendre une fois de plus la tête avec son frère jumeau, mais néanmoins diablement honnête. Oui, c'est un peu idiot. Surtout que j'ai pas forcément le sentiment qu'on s'en soit si bien sortis jusqu'ici, dit-elle alors. Oui, ils étaient en vie, et l'air de rien, c'était déjà beaucoup, mais pour elle, ce n'était pas un gage de victoire ou de réussite. Cela faisait des mois, des années, qu'ils semblaient vivre comme en sursis, et cette fois, c'était autrement plus concret. Je sais pas à quoi on est supposés se raccrocher. Je sais pas ce qu'on a, ajouta-t-elle alors.
Elle était particulièrement pessimiste, elle le savait pertinemment, mais elle préférait l'être, quitte à l'être trop, que de commettre l'erreur de faire preuve d'un trop-plein d'optimisme. Aucune des deux solutions n'était sans doute la bonne. Parce qu'en fait, ils n'avaient aucune solution, tous les deux. Et il faudrait qu'ils soient plus que tous les deux pour en sortir.
Pietro savait parfaitement que son optimisme à tout épreuve pouvait peut-être être agaçant, mais c’était ainsi qu’il agissait. Ce n’était pas facile tous les jours et clairement le jeune homme n’avait pas vécu que des bons moments dans sa vie, mais c’était évident que s’il avait dû ne voir que du noir, ou baisser les bras, il n’en serait pas là aujourd’hui. Il avait conscience qu’il ne s’en sortirait pas forcément parfaitement, et il ne pouvait pas complètement ignorer le fait qu’il avait peur présentement (en soit c’était sans doute une bonne chose qu’il ait peur d’ailleurs, histoire de prouver qu’il n’en avait pas que faire de l’épée de Damoclès qui se trouvait au-dessus de leur tête), mais ce n’était pas en se concentrant sur le négatif qu’ils pouvaient s’en sortir.
Ce dont Wanda avait un peu plus de mal. C’était comme ça depuis toujours, Wanda était beaucoup plus pessimiste que lui. C’était en cela qu’ils parvenaient à être à ce point complémentaire, parce que quand Wanda broyait un peu plus du noir, Pietro pouvait envisager de tenter de lui montrer un peu plus de positivité. Mais surtout, Wanda avait un côté beaucoup plus terre à terre qui manquait cruellement au jeune homme, même si ce dernier ne prenait peut-être pas les recommandations de sa sœur assez au sérieux (cela dit ses recommandations concernant Liv, il n’avait pas l’intention de les entendre dans tous les cas). C’était pour ces raisons qu’ils avaient besoin l’un de l’autre, pour parvenir à prendre dans l’autre ce qui leur manquait cruellement.
« Tu m’as moi déjà. » Répondit-il dans un fin sourire. Le jeune homme n’allait pas mal prendre le fait que sa sœur ne pense pas exactement comme lui. À choisir, Pietro aurait quand même préférait qu’elle se rende compte de ce qu’elle avait, mais en même temps il ne pouvait pas lui reprocher d’avoir du mal à se rendre compte de comment ils allaient s’en sortir, au vu de la situation dramatique dans laquelle ils se trouvaient à présent. « Et tu es là pour moi. Et même si on traverse les pires aventures, on sait qu’on pourra toujours compter l’un sur l’autre. » Ça pouvait sembler un peu naïf de sa part de parler de cela alors qu’ils se trouvaient dans une situation horrible, provoquant un grave danger de mort. Mais il pensait sincèrement les mots qu’il prononçait. Tant qu’ils étaient ensemble, Pietro considérait qu’ils avaient la possibilité de s’en sortir, qu’ils pouvaient toujours trouver une solution. « Qui aurait pu penser que je m’en sortirais d’une… mort ? » Ce n’était pas forcément le moment de le rappeler à sa sœur, mais tant pis. « Et pourtant, je m’en suis sorti, on ne l’aurait pas forcément deviné à la base… » Pietro marqua une pause, inspirant longuement avant de reprendre en posant ses mains sur les bras de sa sœur. « Tant qu’on est là, l’un pour l’autre… je sais qu’on va forcément s’en sortir. »
Et il cherchait du mieux possible à rassurer sa sœur jumelle.
anda adressa un sourire légèrement ému à son frère quand ce dernier lui assura qu'elle l'avait, lui. Oui, c'était une chose dont elle ne doutait pas, et c'était définitivement sa seule certitude dans la situation actuelle. La situation était compliquée, il n'était pas rare qu'ils se prennent la tête, tous les deux, mais quand bien même ce n'était jamais simple, quand bien même leurs vies se résumaient à un défi constant, cela n'ôtait rien au fait qu'ils s'étaient soutenus malgré tout, et ce en dépit de leurs choix et des camps qu'ils avaient décidé d'adopter tous deux. Mais si elle avait Pietro aujourd'hui, ça ne voulait pas dire pour autant qu'elle l'aurait demain, ou le jour qui suivrait. Son avenir était incertain, leur avenir était incertain. En bref, elle l'avait jusqu'au jour où elle ne l'aurait plus, et donc, forcément, ce constat n'était pas exactement ce que l'on pourrait qualifier de rassurant, loin de là.
Elle hocha la tête quand il ajouta qu'elle était là pour lui. Bien sûr que c'était le cas, mais là encore, le problème restait le même. Elle était là pour lui, jusqu'au jour où elle ne pourrait plus l'être, et elle ne pouvait pas supporter l'idée de l'abandonner : elle ne l'avait déjà que trop en temps normal, vraiment. Oui, même dans les pires moments, ils pourraient compter l'un sur l'autre, c'était effectivement la réalité, clairement. Mais c'était bien ça, le problème, en fin de compte. S'ils ne survivaient pas à cette épreuve, ça leur ferait une belle jambe de ne pas être là l'un pour l'autre. Certes, la jeune femme préférait traverser les épreuves en présence de son frère, mais cela n'empêchait clairement pas.
-Justement, tu es déjà revenu d'entre les morts, je voudrais vraiment que tu n'en prennes pas l'habitude, dit-elle alors en fixant son frère avec le plus grand sérieux à sa disposition.
D'accord, il s'en était sorti - et grâce à elle, d'ailleurs - mais ce n'était certainement pas pour autant qu'elle repartait en toute confiance, à plus forte raison qu'elle avait déjà vécu ça, elle avait déjà vu son frère mourir, et parce qu'elle avait assisté à cette situation, elle savait très bien que si Pietro mourrait, elle-même n'y survivrait pas, elle n'y survivrait pas le moins du monde.
-Je suis désolée mais moi je ne le sais pas. Je sais qu'on sera toujours là l'un pour l'autre, oui, mais ça jusqu'au jour où l'un de nous ne sera plus là, et je ne suis vraiment pas sûre qu'on puisse uniquement compter là-dessus pour s'en sortir.
Bien sûr, elle savait qu'elle se montrait passablement négative, pessimiste, mais elle n'y pouvait rien : c'était ainsi qu'elle voyait à présent les choses.
Accueil
![L'heure est grave [pv Pietro :3] - Page 2 17022201314611071514866908](https://nsm07.casimages.com/img/2017/02/22//17022201314611071514866908.png)
![L'heure est grave [pv Pietro :3] - Page 2 Clock10](https://i.servimg.com/u/f39/18/51/09/58/clock10.png)
Sam 20 Fév - 21:29
![L'heure est grave [pv Pietro :3] - Page 2 17022201314711071514866910](https://nsm07.casimages.com/img/2017/02/22//17022201314711071514866910.png)
![L'heure est grave [pv Pietro :3] - Page 2 17022202111411071514867206](https://nsm07.casimages.com/img/2017/02/22//17022202111411071514867206.png)
