AnimositéElise & Natalian.f. - sentiment d'hostilité à l'égard de quelqu'un, qui pousse à lui vouloir du mal, à lui faire du tort ; antipathie, ressentiment.Si tu supportais très bien les températures sous le point de congélation, tu pouvais aussi déclarer que dans le cas de la chaleur, c’était l’inverse. Pourtant, lorsque l’on t’a assigné cette mission t’expédiant à Austin au Texas pour investiguer – ou même démanteler, si l’occasion se révélait propice, une cellule terroriste suspectée d’avoir des liens avec HYDRA, tu n’as pas refusé et bien vite, tu as réalisé que la possibilité de finir avec une insolation ne serait que le cadet de tes soucis.
Lors du briefing, tu découvris avec horreur – non, cela était trop irrespectueux comme affirmation, on recommence. Tu découvris avec manque d’aisance – voilà qui est mieux, l’identité de ta partenaire. Natasha Romanoff, la tant redoutée veuve noire. Mais pour ne rien cacher, ta réticence à travailler à ses côtés ne venait non pas de son odieuse réputation, mais plutôt de vos interactions passées. Lors de vos brèves rencontres, la jeune femme ne s’était pas montrée des plus sympathiques, et son attitude froide avait laissé une certaine marque sur ta personne, te rappelant ainsi ta présence non désirée.
Autant dire que tu t’efforças de l’ignorer tout au long du voyage en train – d’ailleurs, pourquoi aviez-vous pris le train, un avion n’aurait-il pas été plus rapide ? En tout cas, ça t’aurais évité ce trajet en apparence interminable. Tu relisais ton ordre de mission de manière obsessive, comme si tu t’efforçais à mémoriser chaque détail, chaque mot imprimé sur ces feuilles de papier. En réalité, toutes les directives s’étaient implantées dans ton esprit après la première lecture, mais faire semblant d’être occupée te donnait une raison de ne pas engager la conversation avec ta partenaire assise dans le siège face à toi. Inévitablement, tu te lassas de te repasser le même document encore et encore, tu le rangeas donc dans ton sac à dos. Tu n’avais paqueté dans celui-ci que l’essentiel, ne prévoyant pas être partie plus de quelques jours – quelque jours de trop, si tu devais les passer en compagnie d’un individu dont la prestance t’intimidait.
Tu te sentais tout de même hypocrite, à juger ton Natasha ainsi, tu n’étais pas sans reproches non plus. Mais la question persistait : qui avait bien pu penser que vous pourriez faire une bonne équipe ? Elle ne t’appréciait clairement pas et toi, tu ne pouvais te former une opinion claire à son sujet.
« L’agent Barton ne sera pas votre partenaire pour cette mission » me lance Hill alors que je suis en chemin pour le briefing. Je viens à peine de croiser Maria dans les couloirs, elle aussi se dirigeant vers la salle du briefing pour ma prochaine mission. Je la croise de plus en plus alors que Coulson est de moins en moins visible, il avait une affaire au Nouveau Mexique récemment. Non pas que ça me déplaise que mon responsable habituel soit moins présent. Je n’ai d’ailleurs absolument rien contre Hill, elle sait faire le boulot comme il faut et c’est une femme dont la compagnie m’est tout à fait agréable vu que nous sommes faites de la même trempe. « Ce n’est pas surprenant, nous avons autant de missions solo que nous avons de missions ensemble. » Hill soupire et semble hésiter durant une fraction de seconde. Les portes de la salle de briefing nous apparaissent alors et c’est sans doute ce qui la pousse à me révéler ce qu’elle n’avait pas prévu de me dire au début. « Tu es envoyée avec quelqu’un d’autre. » Le fait qu’elle arrête soudainement de me vouvoyer me fait lever un sourcil interrogateur. « Essaie de ne pas la buter. On ne peut pas perdre plus d’agents, la difficulté des missions se charge déjà de réduire nos troupes en temps normal. Et souviens-toi : ce n’est qu’une gamine. » Je n’ai pas le temps de me demander ce que Hill veut dire par là que les portes de la salle de briefing s’ouvrent et que j’entre. Fury s’y trouve, ainsi qu’une gamine, la fameuse petite Lloyd dont j’ai plusieurs fois entendu parler. Plusieurs agents se sont permis de faire la comparaison entre la petite et moi-même, de part nos passés d’enfants-armes semblables, même si nous sommes très différentes aujourd’hui.
Pendant tout le briefing, je reste parfaitement professionnelle, ne laissant aucune émotion transparaître. All work and no play, comme dit souvent Clint pour me taquiner, même si lui le dit pour un autre contexte. Nous recevons chacune nos ordres de mission avec tout ce que nous devons savoir et une date de rendez-vous pour le départ. Le reste, c’est à nous de jouer. Ma préparation pour cette mission est la même que pour toutes les autres, sans exception. Pourtant, les paroles de Maria me reviennent en tête durant la majorité de la nuit. Il va falloir que je lui rappelle que je suis un agent tout à fait capable de ne pas maltraiter une fillette, aussi dangereuse soit-elle. De part mon passé et malgré la froideur dont je peux faire preuve, je ne toucherais jamais à une fillette. Parce que quand j’en étais une, on m’a fait des choses que je ne souhaite à personne de vivre. Je secoue pourtant la tête, chassant ces pensées lugubres de torture, d’emprisonnement et de viol, retournant mon attention à l’instant présent, autrement dit notre voyage en train. Je n’ai pas encore adressé une seule fois la parole à Elise depuis le début du voyage, m’occupant de montrer nos papiers, souriant faussement en précisant que nous sommes une fille et sa maman partant en vacances. Faire croire au monde que nous sommes parfaitement normales ne fut pas un problème jusque-là.
Mais voilà que je commence à m’ennuyer durant ce voyage en train et le paysage changeant lentement ne suffit pas à me distraire. Je vérifie d'un regard que mon sac est toujours à mes côtés et que rien n'y a bougé. Les regards brefs d’Elise à mon encontre ne m’ont pas échappés tout à l’heure, même si j’étais trop concentrée sur mes propres pensés pour réagir. Et là, elle a sortit un carnet de dessin. Je sais pourtant que je suis injuste envers elle. J’ai lu son dossier, je sais dans les grandes lignes ce qu’elle a vécu. Et bien sûr que je ressens de la sympathie, mais j’ai toujours cru que je ne dois pas la montrer. Que cela me rends faible. C’est du moins ce que la Chambre Rouge m’a apprit. Clint, au contraire, m’a appris que montrer mes émotions me rend humaine. Et je ferais mille fois plus confiance à Clint qu’aux connards qui m’ont torturée et fait tellement plus. Je soupire donc en croisant les bras sur ma poitrine, essayant d’adoucir les traits de mon visage. Je ne suis plus la marionnette que j’étais, je ne suis plus Natalia. Il est temps d’apprendre à être Natasha. « Tu n’as pas à avoir peur, je ne te ferais pas de mal. » Je lance donc à Elise et presque immédiatement, je me retiens de me mettre une gifle. On a vu mieux comme début de conversation. Heureusement que je n’ai pas parlé bien fort et que les autres personnes dans le train ne m’ont pas entendue, sinon notre couverture pourrait tomber à l’eau…
AnimositéElise & Natalian.f. - sentiment d'hostilité à l'égard de quelqu'un, qui pousse à lui vouloir du mal, à lui faire du tort ; antipathie, ressentiment.Tu gribouillais dans ton cahier lorsque Natasha brisa le silence pour t’assurer que tu n’avais rien à craindre en sa présence. Essayait-elle de te mettre à l’aise avec cette affirmation ? Si c’était le cas, cela n’eut pas l’effet escompté; tu demeurais tout aussi méfiante à son égard, mais pour ne pas avoir l’air complètement renfrognée, tu lui répondis :
« J’espère bien et je n’ose pas imaginer les réprimandes, sinon. »
Mais au fond, tu savais que cette affirmation, elle ne pouvait être vrai à 100%. Tu y trouvais tant d’exceptions, comme si par exemple, dans une situation totalement hypothétique, tu avais un autre épisode psychotique et que celui-ci se manifestait de manière aussi violente que la dernière fois – juste en y pensant, un frisson parcourut ta colonne vertébrale –, mais qu’au-lieu de succomber à un comportement d’auto-agression, tu redirigeais cette agressivité vers elle ? Est-ce que Natasha se défendrait, ou bien resterait-elle là sans agir, sachant sa vie menacée ? Après tout, lorsqu’il s’agit de survivre, les gens ont tendance à remettre en cause leurs convictions et vous étiez toutes les deux particulièrement bien placées pour le savoir. Tu aurais voulu découvrir jusqu’où allait cette moralité, celle qui lui dictait qu’il était mal de lever la main sur une enfant, mais tu jugeas plus sage de garder ces réflexions cyniques pour toi-même. Il y avait déjà un froid entre toi et Natasha, alors inutile d’en rajouter en exprimant ton manque de confiance envers elle, qui devait pourtant être réciproque.
Tu redirigeas ton attention vers tes dessins; tu les trouvais bien mornes, tracés au stylo noir. Tu fouillas donc une seconde fois dans son sac pour en sortir une boite de crayons de couleur. Tu les regardas avant de choisir une couleur, puis te décidas finalement à prendre le magenta. C’est alors que tu te souvins d’un fait intéressant sur cette teinte que tu avais découvert il n’y a pas bien longtemps.
« En réalité, le magenta n’est pas vraiment une couleur. » déclaras-tu en faisant tournoyer entre tes doigts le crayon. « Enfin, si, mais elle ne fait pas partie du spectre visible. »
Bon, pas une super façon de ranimer la conversation, que de régurgiter des choses que tu avais lues sur internet, mais au moins, tu parlais. C’était déjà un progrès, non ? Peut-être te forçais-tu car le silence devenait plus difficile à supporter, ou bien peut-être que tu avais simplement l’envie de socialiser, ou alors en ressentais-tu l’obligation ? Tu ne savais pas, mais la socialisation faisait partie du fonctionnement de l’être humain, après tout.
« L’œil humains perçoit les couleurs grâce aux cônes. On peut les répartir en trois catégories, chacune étant sensible une couleur : rouge, vert, ou bleu. » tu continuais ton explication. « Selon les longueurs d’ondes de la lumière lorsqu’elle se réfléchit sur les objets, les cônes seront stimulés de diverses manières, et enverront un signal au cerveau, qui traduira les informations reçues en couleurs. Si l’œil perçoit à la fois du bleu et du rouge, il sera porté à choisir la couleur qui, sur le spectre, est située entre le bleu et le rouge. »
Sur une page de ton cahier, tu répliquas grossièrement à l’aide de tes crayons colorés le spectre en question. Violet, indigo, bleu, cyan, vert, jaune, orange, rouge, les couleurs apparaissaient dans cet ordre.
« Comme le vert, par exemple. » tu désignas la couleur du doigt tout en montrant ton schéma à Natasha. « Mais le hic, c’est que les cônes verts ne sont pas stimulés, le cerveau juge donc qu’il n’y a pas de vert. Il imagine alors une couleur qui n’existe pas dans le spectre: le magenta, mélange de rouge et bleu. »
Tu replaças tes crayons à leur place dans la boite tout en prenant le temps de réaliser que tu t’étais emportée avec cette histoire sur l’origine du magenta. Peut-être que la théorie des couleurs t’intéressait, toi, mais pas forcément ton équipière.
Je ne réplique pas quand elle me répond, légèrement étonnée par ses propos. Rien qu’avec cette simple phrase, le « je n’ose pas imaginer les réprimandes » en disant tellement plus long sur son passé que les heures que nous avons passées ensemble jusque-là. Elle aussi a été conditionnée. Elle aussi a souffert d’étranges expérimentations qui ont complètement chamboulées sa façon de fonctionner, son développement. Elle n’a pas eut une enfance normale. Plus je la regarde et plus je remarque certains détails, la façon dont elle essaie de s’écraser après son explication sur l’origine scientifique de la couleur magenta, son port de tête, son observation constante, mais silencieuse des lieux, la vérification tellement subtile de la présence de son sac à ses côtés, tout cela en paraissant tout à fait normale aux yeux du monde entier. Sauf pour ceux qui savent quoi regarder. Et je le sais, puisque je suis pareille. À ce moment-là, je la comprends soudain et l’affreuse réalisation qu’elle est l’enfant que j’étais il y a une quinzaine d’années me frappe comme si elle m’avait giflée. Personne ne m’avait aidée quand j’avais son âge, je n’étais qu’un jouet, qu’une arme en devenir et pourtant déjà testée pour pouvoir être modifiée, adaptée, brisée pour être reconstruite. Je n’avais pas Clint, je n’avais personne. Même Ivan était parti la queue entre les jambes et n’avait pas réussi à me retirer des griffes de la Chambre Rouge. Je ne sais même pas s’il avait essayé…
Je garde le silence un long moment après qu’elle se soit excusée pour cette explication quasi scolaire, ne sachant pas vraiment comment formuler ce que je souhaite dire. Il m’a toujours été plus simple de communiquer par mes actes plutôt qu’avec mes mots. Les mots peuvent être déformés, inventés de toute pièce. Il est si facile de mentir. Alors que les actes, c’est différent. Cela peut être préparé, inventé aussi, cela peut être faux. Mais moins facilement. Le corps possède des réflexes, des souvenirs, des habitudes. Il est difficilement trompable. Voilà pourquoi je ne passe pas mon temps à proclamer des discours de trente pages. Un bon poing vaut mieux que la pire insulte après tout. Je ne prends la parole que bien plus tard, lorsque notre train a passé plusieurs stations et que le sujet de conversation sur les couleurs pourrait être oublié. « Je ne savais pas tout ça sur le magenta. Je ne suis pas restée longtemps à l’école… Merci de me l’avoir appris. » Je n'ai pas spécialement envie non plus de développer mon manque d'éducation ou plutôt ma spécialisation dans des domaines non-scolaires qu'aucune fillette ne devrait avoir à subir. Un petit sourire honnête se glisse sur mes lèvres, le temps de quelques battements de cœur avant que je ne reporte de nouveau mon regard sur le paysage, émotionnellement mal à l’aise face à ce genre de paroles. Ce n’est pas qu’elles soient vraies qui me met mal à l’aise, c’est le fait de ne pas être habituée à les dire. Et ce n’est pas Clint qui se trouve en face de moi, mais une collègue de travail, une enfant dont je ne sais presque rien tout en venant d’en apprendre tellement…
AnimositéElise & Natalian.f. - sentiment d'hostilité à l'égard de quelqu'un, qui pousse à lui vouloir du mal, à lui faire du tort ; antipathie, ressentiment.Repenser à ta psychose avait fait ressortir des images déplaisantes dans ton esprit. Si sur le coup, tu réussis à les bloquer en te lançant dans un exposé éclair sur l’origine du magenta, les terreurs revinrent de plus belles dès que tu te retrouvas en manque de distractions. Tu sentais chaque muscle de ton corps se tendre alors que l’anxiété revenait à la chasse. Essayant de te changer les idées, tu traçais des lignes sur le papier, mais celles-ci prenaient de manière progressive la forme des projections terrifiantes embrumant ton esprit. Tu éprouvais au milieu de ce conflit une impression de déjà-vu. Il ne s’agissait pas de la première fois que de pareilles représentations venaient de troubler : tu les avais déjà vues lors d’un de tes cauchemars et malgré tes efforts, tu ne pouvais pas les effacer de ta mémoire, ce qui leur donnait l’opportunité de revenir te hanter à leur guise.
Au milieu de la poitrine de Blau se trouvait une plaie béante. Un filet de sang coulait sur le côté de sa bouche et ce même liquide rouge dégoulinait de sa main tendue vers toi. Debout à ses côtés, Grün avait une peau bleutée, mordue par le froid, et des fosses noires à la place des yeux. Tu sentais l’ombre de son regard portée sur toi. Derrière tes compagnons se tenaient des dizaines d’enfants sans visages. Malgré l’absence de leur bouches, tu les entendais chuchoter « Rejoins-nous. » encore et encore. Tu avais déjà ressenti l’envie d'obéir à leurs ordres, de quitter ce pallier d’existence, et pourtant, tu étais encore là, vivante.
Et pour quelle raison ?
Après à ce cauchemar que tu revécus tout en étant parfaitement éveillée, tu revins au moment présent lorsque la mine de ton crayon se brisa en raison de la pression excessive que tu exerçais dessus. C’est au même instant que Natasha reprit la parole pour te remercier d’avoir partagé avec elle cette anecdote sur le magenta. Tu ne compris pas immédiatement ce à quoi elle faisait allusion, mais tu replaças après quelques secondes les faits de votre discussion antérieure en écartant de brouillard de ton esprit. Combien de minutes s’étaient écoulées depuis ? Tu venais de perdre la notion du temps avec cette brève déconnexion du reste de la réalité. Vu comment le paysage à l’extérieur avait changé depuis ton dernier coup d’œil hors de la fenêtre, ça devait faire un moment.
« Pas de souci. » lanças-tu machinalement, puis tu t’empressas de cacher ton dessin en arrachant la page de ton cahier. Tu ne pouvais laisser personne voir ça et tu ne voulais pas l’avoir sous les yeux plus longtemps.
Tu chiffonnas le dessin et l’enfouit au fond de ton sac. Tu fis une note mentale de le jeter plus tard car tu n’osais pas quitter ton siège maintenant, ne voulant pas de retrouver confrontée au regard des autres passagers alors que tu parcourrais le wagon à la recherche d’une poubelle. Tu rangeas aussi le reste de tes affaires encore sorties. Tu ne te sentais plus d’humeur créative; tu angoissais.
Par réflexe, tu commenças à te mordre l’intérieur de la joue et bientôt, le goût métallique de ton sang se répandit dans la bouche.
Dégoutant.
Tu te demandas si A-sechs avait pensé la même chose en dévorant la chair de V-vierzehn, ou si au contraire, il avait apprécié la saveur cuivrée. L’unique idée de cette possibilité te donnait envie de vomir...
Stop.
Tu devais arrêter ces pensées intrusives avant qu’elles ne dégringolent en situation ingérable, à la fois pour ton bien être et celui de ton équipière. Natasha n’avait déjà pas l’air douée avec les enfants, tu ne tenais pas à l’affliger d’une gamine mentalement instable en plus. Ça serait une recette pour un désastre, mais étant déjà un désastre entant que personne, il n’en faudrait donc pas beaucoup pour créer un désastre général.
« Pourtant, vous m’avez l’air plutôt intelligente, pour quelqu’un ayant reçu peu de scolarité. » était-ce un compliment ou une insulte maquillée ? Tu réalisas trop tard que les propos discutés après la virgule pouvaient sous-entendre que tu portais un jugement, ce qui n’était aucunement le cas. Tu n’avais pas bénéficié de la meilleure éducation, toi non plus, mais ton intelligence innée te donnais un avantage académique que tu ne devais pas oublier, sans pour autant le laisser de monter à la tête : personne n’aime les gens avec un complexe de supériorité.
« …Je suppose que certaines choses s’apprennent mieux par la pratique que la théorie. »
Comme tuer, par exemple, pensas-tu en omettant de l’énoncer à haute voix.
« Grimper aux arbres, entre autres. » tu trouvas un exemple moins morbide pour illustrer ton affirmation. « J’aime bien grimper aux arbres…ou juste être en hauteur, en fait : ça me donne une impression de sécurité, que rien ne peut m’atteindre car que je suis, littéralement parlant, au-dessus du monde. Je me demande si c’est ce que ressentent les oiseaux en volant, ou peut-être que pour eux, tout ça semble anodin… »
Oui, pour des oiseaux planant constamment dans le ciel, cette vue d’ensemble que l’on obtient au-dessus du sol devait être d’une banalité déconcertante à l’exception des oisillons lors de leur premier vol. Mais tu n’étais pas un oiseau, tu étais humaine, ce que tu trouvais parfois dommage.
Cette petite est vraiment un puzzle en soit. Et plus je passe de temps avec elle, plus je me rends compte qu’elle me ressemble de quand j’avais son âge et que je n’étais qu’un jouet aux mains de la Chambre Rouge, puis du KGB ou ce qu’il était devenu. Je ne mentionne rien lorsqu’elle froisse, assez violemment d’ailleurs, son dessin, le cachant aux yeux de tous dans les méandres de son sac. Je n’ai pas regardé ce qu’elle a dessiné, cela ne me regarde pas et je suis loin d’être une psychologue en matière de développement de l’enfant à travers ses dessins. Je garde donc me regard rivé sur la vitre, faisant mine d’observer le paysage, mes bras croisés sous ma poitrine alors que des armes, allant du simple couteau au pistolet calibre 9 mm, sont cachées sous ma veste de civile et sur l’intégralité de ma personne. Ne jamais partir sans armes, même quand on est sous couverture. C’est la voix de ma coéquipière qui me fait de nouveau tourner la tête dans sa direction, mes traits n’affichant plus une neutralité menaçante, mais plutôt une passivité sérieuse. « Je n’ai pas terminé d’école, mais on m’a appris des choses dans des domaines particuliers. Certes, des choses pas normales qui ne peuvent s’apprendre autrement que par la pratique… » Comme tuer, torturer, interroger, menacer, mais aussi toutes les compétences physiques qui s’obtiennent uniquement avec un bon entraînement. « Mais aussi des choses nécessaires pour… les tâches que l’on m’avait assignées. C’est comme ça que j’ai appris à parler plus de cinq langues différentes, que j’ai appris la politique, la négociation, le hacking et l’informatique, l’histoire et la géographie de certains pays… » Pour pouvoir réussir mes missions. L’information est un pouvoir, c’est ce que j’ai toujours dis. Et le fait de connaître le plus de choses possible sur une cible ou bien sur le lieu d’une mission peut faire la différence entre la vie et la mort.
Et je la comprends parfaitement quand elle mentionne apprécier la hauteur. Il est vrai que ce sentiment de supériorité, le fait de se sentir au-dessus du monde peut être enivrant. C’est l’un des points communs que j’ai avec Clint, même si nous n’aimons pas la hauteur pour les mêmes raisons. Pour lui, c’est purement professionnel, quand il était enfant et qu’il travaillait dans un cirque et maintenant puisque c’est un tireur d’élite, un sniper. Pour moi, c’était pour fuir et survivre. Plus haut tu montes, plus il y a de chances que ce qui te poursuit ne te suive pas. Pour moi, c’est devenu une cachette, un abri. Et j’ai eu l’occasion d’observer les oiseaux. Je lui souris. « Je suis sûre que tu pourrais être comme un oiseau : libre et fière. Si tu persévères, tu parviendras à prendre ton envol, petite ptitsa. C’est ainsi que mon père m’appelait quand j’étais plus jeune que toi, il m’appelait son petit oiseau. » Je ne sais absolument pas pourquoi j’ai partagé cette anecdote avec elle, mais d’un côté, j’ai l’impression qu’elle mérite que quelqu’un lui apporte un peu de réconfort, du soutien et qu’il arrête de la voir comme un coéquipier. Puisqu’au fond, ce n’est encore qu’une enfant et qu’elle mérite qu’on soutienne ses idées et qu’on lui donne de gentils surnoms affectueux. Même si c’est juste le temps d’une mission ou qu’elle le refuse.
AnimositéElise & Natalian.f. - sentiment d'hostilité à l'égard de quelqu'un, qui pousse à lui vouloir du mal, à lui faire du tort ; antipathie, ressentiment.Le brain fog s’était dissipé alors que tu reprenais ton ancre dans la réalité. Tu étais ici et maintenant dans ce train. Peu importe ce que tu craignais, ces choses ne pouvaient pas t’atteindre en ce moment…ou le pouvaient-elle ? Toujours remettre chaque chose en question, ça te venait comme seconde nature. Tu sentais le regard de ton équipière posé sur toi, mais tu ne relevais pas la tête, fixant à la place tes mains comme tu en avais tant l’habitude alors que tu enregistrais chacune de ses paroles. Tu ne pouvais t’empêcher de reconnaitre ta propre personne dans ses propos.
« C’est mignon, en effet. » commentas-tu à l’égard du surnom qu’elle dont elle t’avait affublée. Tu n’avais pas l’habitude qu’on de démontre ce genre de marque d’affection : tu avais plutôt été celle qui donnait les surnoms…dans le cas de Grün et de Blau, du moins. Ils avaient été les seuls individus que tu n’eus jamais désigné par leur réel nom – s’ils possédaient même un réel nom.
Tu aurais bien rendu la pareille à Natasha en lui donnant aussi un alias affectueux, mais tu hésitais. Elle pourrait le prendre mal, et tu ne comptais pas provoquer son mauvais côté, alors tu t’abstins. Ayant épuisé tous les sujets de conversation pouvant te venir à l’esprit, tu redevins silencieuse, regardant le paysage qui défilait hors de ta fenêtre, changeant tout en restant similaire. Combien de temps restait-il avant votre arrivée à destination ? Il t’intriguait de savoir car tu commençais un peu à étouffer dans ce wagon de train. Cela faisait certainement plusieurs heures déjà que vous aviez quitté votre point de départ, il ne devait donc pas vous rester une si longue distance à parcourir. Quoique tu pouvais te tromper; après tout, ta perception du temps n’était plus optimale.
« Est-ce qu’on est bientôt arrivées ? » demandas-tu.
Pour une raison ou une autre, tu anticipais la réponse, terrifiée à l’idée que celle-ci s’avère négative. Tu ne trouvais aucune explication logique à cette anxiété, mais elle était belle et bien présente. Qu’est-ce que ça changeait, au final qu’il reste beaucoup de temps au trajet ? Pas grand-chose et pourtant, l’idée de passer encore plus de temps assise à ce même endroit te paraissait insupportable. Tu n’étais pas du genre hyperactive, mais c’est vrai qu’après plusieurs heures, ton derrière commençait à avoir tu mal à rester coller sur ton siège. Tu pourrais simplement te lever pour te dégourdir les jambes, mais c’était sans compter ta réticence à attirer l’attention des autres passagers en te déplaçant. 2981 12289 0
La question d’Elise attire mon attention et je ne réfléchis qu’une fraction de seconde, juste le temps de jeter un coup d’œil au paysage, de calculer la distance qu’il nous reste à parcourir, la vitesse du train et donc le temps restant, tout cela sans émettre le moindre bruit. « Nous sommes presque arrivées. Nous descendons au prochain. » Réponse simple, presque clinique et instinctivement froide, c’est pourquoi j’ajoute un sourire après. Pour la couverture, nous sommes censées être une famille. Ce n’est que pour la couverture… continue de te dire ça Romanoff.
Mais mensonge ou non, nous avons une couverture à maintenir et il est hors de question que je la détruise dès les premières heures alors que nous n’avons même pas encore atteint l’endroit de la mission. « Allez, range tes affaires, nous arrivons dans quelques minutes. » C’en est presque effrayant la facilité avec laquelle le ton de la mère affectueuse veillant sur son enfant me vient. Je range mes propres affaires, un simple sac contenant nos informations de mission et tout le nécessaire habituel : vêtements de rechange, faux papiers, un peu de liquide, téléphone prépayé, armes à feu avec munitions, batteries de rechange pour mes Morsures ainsi qu’une trousse de soin de voyage et d’autres gadgets que tout bon agent de terrain au sein du SHIELD devrait avoir tout le temps sur lui. Ce n’est pas une question de devenir Inspecteur Gadget, c’est une question d’avoir la pince qu’il faut pour faire sauter une porte ou bien la carte magnétique pour tromper les pompes à essence ou encore le petit appareil qui permet d’augmenter l’audition pour espionner les conversations. Des petits objets, sans grande valeur pris séparément, mais qui peuvent sauver une vie s’ils sont bien utilisés au bon moment.
Je me lève ensuite, sac à l’épaule, vêtue comme toute mère partant en vacances le serait : simple jean, t-shirt et veste, sans oublier les chaussures à talons particulièrement inconfortables, mais j’ai eu pire que ça aux pieds (le pire doit quand même être des escarpins aiguille avec lesquels j’ai fait des acrobaties sur le balcon de Stark à moitié bourrée). Je me tourne ensuite vers Elise et lui tend la main, comme une mère le ferait. « Tu es prête ptitsa ? » Je sens le regard des autres voyageurs sur nous, regards qui se détournent rapidement, les gens se foutant de ce qui les entoure tant que ça ne sort pas de l’ordinaire et ne les force pas à sortir de leur petit cadre de vie tranquille. J’aurai sans doute pu avoir une vie de ce genre moi aussi, si mon foyer n’était pas partie en flammes quand j’avais trois ans et qu’un soldat russe ne m’avait pas adoptée après le décès de mes parents.