Vu la tournure des événements et un besoin essentiel de discrétion, je me rendais à mon rendez-vous de Chinatown en civil, appréciant le plaisir d'être mêlé à la foule de ce coin de ville situé au sud de Central-Park. Au loin, s'élevant dans l'axe des avenues, les plus hauts immeubles de Manhattan semblaient surveiller tous les quartiers, à moins de veiller sur eux.
Si j'étais venu ici par des moyens moins conventionnels que mes propres pieds et quelques minutes en transport en commun, nul doute que j'aurais vu débouler l'un de ces nouveaux héros, un de ces Avengers. Et cela, je ne le voulais pas. J'aimais mon indépendance, ma liberté, mon anonymat. Avoir commandé les armées de Xandar et enfin être dans cet état de pseudo retraite me convenait. Responsabilités excessives, décisions et pouvoirs plénipotentiaire ne m'incombaient plus.
J'étais revenu à mon point de départ mis à part quelques petites nuances de ci de là.
Pourtant, ce plaisir de la marche au milieu de ceux qui étaient les miens à priori était gâché par une impression étrange. Je ne retrouvais pas cette ambiance des années 70-80 qu'on trouvait dans les rues, chez les gens, dans l'air.
Parlons en des gens. Aucune joie de vivre sur les visages, s'ils n'étaient fermés sur quelque soucis d'ordre personnel ou professionnels qui guidaient leurs pas vers des destinations inconnues, il y avait une lueur de peur chez beaucoup d'entre eux, symptomatique d'un état d'esprit installé parmi eux.
Chez certains de ceux que je croisais par contre j'y trouvais autre chose. Les forces de police n'avaient elles pas vraiment changé, mieux équipées, elles restaient vigilante, mais même cette vigilance était étrange, tendue. Il y avait aussi ces gens, disséminés dans la foule de loin en loin, portant oreillettes et armement à peine voilé, conversant par téléphones interposés et indiscutablement des forces de l'ordre eux aussi, j'en avais vu un discuter avec un agent au fil de mon itinéraire.
Et puis il y avait toutes ces caméras à peine ou pas du tout cachées, surveillant la moindre parcelle et le moindre geste tant sur le sol que dans les airs. Dans les rues, il y avait donc plus d'une force de protection en place, un peu comme si la ville était en guerre et en éveil permanent, prête à agir au moindre fait anormal.
Mon malaise croissait et me confortait à n'être ici que comme n'importe quel quidam circulant sur les trottoirs de la 8ème avenue. Il y eut à hauteur de 45 ème rue, à peu près à mi chemin de ma traversée de Hell's Kitchen, un gros remue ménage sur ma droite. Je vis alors l'appareil mis en place se mettre en branle.
Les flics interdisaient au gens de se rendre dans cette direction et guidaient ceux qui en venaient ou s'y trouvaient vers la 8ème ou à l'autre bout vers la 9ème avenue. Les pseudo civils, eux, couraient par contre vers le lieu du tapage qu'on percevait provenant de cet entre deux artères.
En regardant du coin, avant d'être à mon tour repoussé par un jeune flic terrorisé, je vis que de la fumée s'échappait des fenêtres maintenant sans carreaux du "Davenport Theatre". L'explosion avait eu lieu là, dans les étages. Un attentat ? Une fuite de gaz ? On entendait déjà les sirènes des pompiers approcher ...
Je reculais d'autant bien volontiers qu'on avait pas besoin de moi sur ce coup là, les héros "ordinaires" suffisaient ... Mais une autre série d'explosion retentit alors de l'autre côté, dans le pâté d'immeubles entre la 45ème et la 46ème rue. Les forces de l'ordre s'agitaient en tous sens et en tendant l'oreille je pus saisir une discussion animée entre un gars de terrain et un autre bien au chaud dans les bureaux.
Envoyez quelqu'un ! Avertissez les Avengers ou n'importe qui d'autre ! Le GIAN° ne sera pas là avant une demi heure et cet inhumain balance des bombes depuis son truc volant ! Nous on peut rien faire !
(GIAN : Groupe d'intervention Anti non-humains)
Je n'écoutais pas la fin de sa conversation et cherchais déjà un endroit discret pour revêtir mon armure. Pas facile vu le nombre d'yeux qu'il y avait ici, sans compter les objectifs artificiels... L'espace entre deux conteneurs de déchets me donna enfin ce que je cherchais et je fonçais à peine changé vers le ciel, juste à la limite des toits-terrasses.
Une troisième série d'explosion venait de naître, mais cette fois au-delà de la 9ème avenue, au niveau du "Theatre At Saint Cléments", à croire que celui qui était la cause de tout cela en voulait aux comédiens ou du moins au lieux où on produisait des pièces ... Slalomant entre les immeubles à la limite du ciel et des antennes, je filais vers cette nouvelle catastrophe en me doutant que le responsable devait avoir déjà pris une autre cible.
Je traversais la 9ème avenue, décelant sous moi les exclamations de quelques personnes qui levaient le nez à la recherche de l'ennemi, et eut juste le temps de voir quelque chose filer vers le Hell's Kitchen Park, ne laissant qu'une fine traînée de fumée derrière lui. Il allait vite, mais moins que moi ... Il traversait justement ce parc au moment où je prenais de l'altitude et où je fonçais sur lui, percutant du poing un aile de du bolide emblématique qui me fit reconnaître immédiatement celui qui le chevauchait.
Sous le coup, il fit une série de tonneaux, tomba en vrille et s'écrasa sur la pelouse, éjectant son cavalier quelques mètres plus loin. J'avais affaire à l'adversaire particulier du tisseur, le bouffon vert en personne ... Je me pose tranquillement entre lui et son appareil et croise les bras comme tout héros qui se respecte.
Salut le Lutin ! Désolé d'interrompre ta petite sauterie, mais vu que le Tisseur n'est pas dans le coin, je me suis senti obligé d'intervenir ... Vous n'aimez pas le théâtre ou quoi ?!?
Curieusement, celui qui se trouvait devant moi était bien différent de ce que je me souvenais. Un nouveau costume ? Pourtant, même sa taille ne correspondait pas, un imitateur ?
Les Sinister Six, en soit le nom ne payait pas de mine, mais Harry devait bien avouer que ça l’amusait grandement. Lui ou l’autre… il ne savait plus. Depuis la mort de Gwen, le jeune homme peinait énormément à faire la différence entre lui-même et le Hobgoblin. Le jeune homme se perdait totalement dans son double, ne parvenant plus à savoir si c’était lui ou l’autre qui pensait, qui parlait même. Et en soit, ce n’était pas quelque chose qui le dérangeait vraiment. Après tout, Harry se serait posé des questions, il aurait continué de lutter contre son double, mais maintenant il ne le faisait plus. Sans doute parce que c’était le double qui avait pris le dessus. Il ne se posait plus la moindre question. Il ne s’en posait plus. Oh, il savait à présent que Gwen n’était pas morte, ça aurait pu le faire revenir vers une humanité qu’il avait perdu en la pensant morte. Mais en même temps, comment pouvait-il revenir en arrière alors qu’il savait que la jeune femme le haïssait maintenant ? Il avait tué son père, il avait tenté de la tuer, c’était terminé. Jamais Gwen ne pourrait lui pardonner, Harry l’avait perdu. Et en la perdant elle, il s’était perdu. Donc les Sinister Six oui, sans problème, il avait envie de voir Peter mort. Il avait envie de faire payer à son ancien ami tout ce qu’il lui avait fait.
C’était pour cette raison ce jour-là qu’il se trouvait dans les rues de Manhattan, parce qu’il avait envie d’attirer Spider-Man afin de lui régler son compte. Le jeune homme savait qu’il ne devait pas agir seul, maintenant il faisait partie d’un groupe après tout. Mais, Harry n’avait aucune envie de rendre des comptes à son père pour autant. Il se contentait simplement de faire ce qu’il avait envie de faire, quoi que Norman Osborn pût penser. Et puis, de toute façon, tout cela était de sa faute, il n’avait qu’à s’y prendre à lui-même. Harry fonça donc dans les rues, lançant ses bombes par ci, par-là, ne réfléchissant pas du tout à l’endroit où il les lançait. Il voulait simplement faire le plus de victime possible, dans le seul but de pousser Spider-Man à sortir de son trou. Mais alors qu’il s’approchait de Central Park, ce ne fut pas son ennemi juré qui s’approcha de lui pour s’en prendre à lui. Harry ne put rien faire pour empêcher l’inconnu de s’en prendre à son planeur, le faisant donc tomber à la renverse au sol. Il lui lança un regard noir à travers son masque quand il le vit s’installer entre lui et son engin. Mais de quoi il se mêlait celui-là ? Harry lui fit face, donc, prêt à en découvre avec cet adversaire qu’il n’avait pas l’intention de le laisser l’arrêter maintenant.
« Ne t’oblige pas à rester, je peux attendre l’araignée ça me va très bien ! »
Lui dit-il alors d’un ton léger. Parce qu’il était fou, évidemment.
Bon, me voilà confronté à un des barons du crime, à une des célébrités dans le monde des vilains, et je ne sais quoi faire de lui. Son engin a redécollé à moins d’un mètre du sol et s’est stabilisé dans les airs à une quinzaine de mètres derrière moi alors que je fais face à son propriétaire qui se relève.
En fait si, je suis obligé de rester si je ne veux plus que tu détruises n’importe quoi ou blesse n’importe qui … Que toi et le tisseur vous ayez des mots, ça ne me regarde pas, mais que des innocents en pâtissent, pas question … Je lui lance alors que mes senseurs percent son armure et analysent la ferraille et le bonhomme qui est dedans tout en surveillant les activités du bolide aérien derrière moi. En parallèle, j’entends les radios en sourdine qui annoncent que les forces spéciales officielles sont en chemin.
Si tu me promettais de décamper sans faire d’autres vagues, et si je pouvais avoir confiance en toi, je te laisserai aller, mais je suis sur que tu ne résisterais pas longtemps à trahir ta propre parole … Il était maintenant debout devant moi, et je devais baisser le menton pour le regarder droit dans ce qui devait être l’emplacement réel de ses yeux.
Les résultats des scans s’affichaient sur l’intérieur de ma visière et une surveillance sur toutes les longueurs d’ondes venait d’être mise en place par précaution. S’il pouvait commander à son planeur sans avoir recours à un volant ou tout autre mécanisme, c’est qu’il interagissait par d’autres moyens, par ondes courte ou supra courtes voire psioniques. Mais cela, mes appareils le détecteraient. Par contre, certains résultats préliminaires m'étonnaient. Ce n'était pas un vieux briscard comme je m'y attendais qui se trouvait devant moi, mais un jeune homme ... Curieux ...
Tu es plus petit et plus … menu que je ne le pensais … A moins que tu ne sois pas LE Bouffon d’origine… D’ ailleurs, tu n’es pas aussi « vert » que je m’y attendais … Copie ? Imitateur ? C’est le cas ?
Mes senseurs m’avertirent d’une activité anormale dans mon dos au niveau du bolide. Ses moteurs venaient d’entrer en régime pour un départ arrêté fulgurant. Je restais stoïque et décroisais les bras tranquillement, juste avant que ne se déclenche la fameuse attaque en traître du Bouffon. Si ce n'était pas l'original, du moins avait il ses façons de se battre.
Propulsé soudain à une vitesse effrayante, son planeur m’arrivait dans le dos avec la ferme intention de me percuter, comme il lui était habituel de le faire. Mais, c’était sans compter sur mes propres ressources, tant technologiques que physiques. Dans le même mouvement, presque impossible à suivre à l’œil nu, je pivotais sur mon axe, choppais l’avant de son transport devenu une arme d’une seule main puis me retournais en le tenant tout vibrant à bout de bras, un sourire narquois aux lèvres. On ne la fait pas à quelqu'un qui s'est battu dans l'espace contre bien pire que ce jouet et bien mieux armé aussi. Exploserait il que cela n'affecterait pas le moindre du monde mon armure ou mon équilibre.
Un vieux truc éculé, garçon, ton prédécesseur l’a tellement utilisé que s’en est presque lamentable de l’avoir tenté. Je lui lançais en envoyant balader son truc comme un discoplane sur la plage pour l’encastrer profondément dans le mur à sa droite. Les sirènes des flics hurlaient tout autour de nous et d’autres, à la mélodie un peu différente, se rapprochaient rapidement.
Le GIAN qui pour une fois faisait montre d’une diligence étonnante, à moins qu’ils n’aient été là dans le secteur pour une autre affaire ou par hasard.
Le GIAN va se pointer bientôt, si j’étais toi, je laisserai tomber pour aujourd’hui avec SpiderMan et je décamperai comme je te le propose, avec les honneurs … Pourquoi tu lui envois pas un mail, une carte postale, une invitation sur Facebook ? Dans les journaux sinon ? Si il vient, tu pourras en découdre, sinon, et bien le traiter de … Bouffon et de trouillard ? Non ?
Tout doucement, en parlant, je décollais à quelques centimètres au-dessus du sol. Le GIAN avait la sale habitude de jeter des boules gluantes ou des filets en tous genres sur les gens, et elle pouvaient me ralentir assez pour m’obliger à éventuellement riposter.
Qu’est ce que tu décides ? "Battle" ou replis stratégique ?
À choisir, Harry préférait largement ne pas combattre cet inconnu qui avait décidé de venir l’ennuyer. S’il voulait avoir un adversaire – mais en même temps, c’était encore mieux quand personne ne se mettait en travers de son chemin – il voulait que ça soit Peter. Sauf que ce n’était pas Spider-Man donc devant lui, mais cet inconnu, qui n’avait pas l’intention de le laisser tranquille visiblement. Il se trouvait entre lui et son planeur. Le Hobgoblin n’appréciait vraiment pas le comportement de son adversaire, puisqu’il était clairement son adversaire. Le fait qu’il s’installe entre lui et son planeur, mais aussi la manière dont il lui affirma qu’il n’avait pas l’intention de le laisser faire, qu’il devait donc rester, parce qu’il ne voulait pas qu’il continue à faire du mal. Harry ne répondit rien du tout quand son interlocuteur affirma que s’il lui promettait de partir sans faire plus de vague et sans continuer ce qu’il faisait, il pourrait le laisser partir. Mais qu’il ne lui faisait pas confiance. Il avait bien raison, c’était sûr, parce que le Hobgoblin n’avait pas l’intention de jouer les « bonnes » personnes. Il avait largement dépassé ce stade maintenant. Il n’avait aucun scrupule, il se laissait complètement emporté par sa condition. Il n’allait donc pas s’amuser à rentrer non et au contraire, il avait l’intention de faire tomber cet adversaire. Le Hobgoblin n’apprécia pas vraiment d’entendre son interlocuteur affirmer qu’il était plus jeune et menu qu’il ne le pensait… qu’est-ce qu’il en savait déjà ?
« Héritier. »
Dit-il alors, dans un sourire mauvais, quand bien même ce dernier ne se voyait pas sous son masque. Non, il n’était pas une copie et il était encore moins un imitateur, parce qu’il était vraiment bien plus fort que le Bouffon Vert. Ça c’était son orgueil démesuré qu’il ressentait depuis que son père avait mis ce sérum dans ses veines. Pendant que l’inconnu était en train de lui parler et de lui faire face, le planeur se releva, se mit à voler avant d’attaquer l’homme. Sauf que visiblement, l’adversaire de Harry était assez fort, puisqu’il parvint à arrêter son planeur. Le jeune homme n’eut pas le temps de faire quoi que ce soit avant de voir son planneur se retrouver encastrer dans le mur. Magnifique. Son père allait encore le souler parce qu’il avait abimé le matos.
« Parce que tu penses vraiment que j’ai l’intention de me replier ? Que j’ai peur de toi ou de ces fous ? » Demanda-t-il alors, sa voix pleine de cette folie qu’il ressentait et qu’il adorait à présent. « Je n’ai pas peur d’eux, ou de toi. Si tu veux un conseil, tu devrais t’en aller et me laisser m’amuser tranquillement. Parce que je ne supporte vraiment pas qu’on vienne me déranger. »
Sur les derniers mots, sa voix avait pris des timbres de menace. Sans plus de cérémonie, Harry lança une bombe de fumée, afin de détourner un peu l’attention de son adversaire. Il se mit alors à courir, évitant les éventuels obstacles qui se trouvaient sur son chemin, pour s’approcher de l’inconnu. Il lança une première bombe d’acide dans sa direction, avant d’en lancer une seconde au cas où la première ne toucherait pas sa cible. Une fois cela fait, il lança une nouvelle bombe de fumée pour s’approcher de son planeur dans le mur et le décrocher. Par chance, le matériel était suffisamment résistant pour continuer de marcher malgré le traitement. Parfait, il allait pouvoir voler de nouveau.
La réponse du Bouffon nouvelle formule me laissait perplexe et trottait dans mon esprit. « Héritier »
Cette appellation laissait entendre une sorte de parentèle entre l’ancien de celui-ci ou du moins une passation de pouvoir ou de costume plus ou moins légitimé. Un peu comme ce qu’il m’était arrivé à moi-même il y a … Bien plus longtemps que ne laissait présager mon aspect physique aujourd’hui en terme d’années terriennes.
Mais ces éléments de réflexion restaient en arrière plan, du moins en second et même troisième position suivant les priorités du moment. En premier venait l’examen et le suivi des échanges entre ce triste sire et sa « monture » qu’interceptait mon propre matériel et qui défilaient sur ma visière en parallèle des conclusion auditives et psioniques relayées par le lien tétraédrique entre le WorldMind, l’ordinateur de bord et mon propre cerveau.
Ce qui m’inquiétait le plus, ce n’était pas la machinerie et le matériel de cet individu, mais bien celui qui en avait le contrôle. Les scans révélaient des anomalies en pagaille et une propension à la schizophrénie générée par des éléments chimiques autant que par une configuration des circonvolutions de son cerveau très spécifique.
Encore une fois, ses réactions donnaient raison aux conclusions et études de mes Pairs, cette race évoluée de non terrestres qu’étaient les Xandariens. J’avais affaire à un cinglé shooté aux stéroïdes et en pleine crise que rien ne pouvait raisonner. Tout un programme !
La seconde priorité découlant de la présence et des méfaits de ce psychopathe était l’arrivée sur les lieux d’un détachement du GIAN au coin de la rue et dont les membres sautaient allègrement du camion de transport frappé à ses couleurs et se déployaient armés jusqu’aux dents. Un second arrivait de l’autre côté, ralenti par le trafic et deux hélicoptères se pointaient en rasant les buildings.
On ne pouvait encore percevoir le bruit des rotors spéciaux dont ils étaient équipés, d’ailleurs, un être humain dit « normal » ne pouvait les percevoir que lorsque l’engin était déjà au-dessus de sa tête alors qu’un « anormal » le détecterait un peu avant à cause du chuintement inévitable de l’air dans les pales. Les hélicos arrivaient du Nord et du Sud à deux pâtés de maisons et seraient là dans moins de vingt secondes.
Cela ne me gênait pas vraiment, leurs mitrailleuses frontales ou latérales ne pouvaient pas grand-chose contre moi, mais ils avaient la fâcheuse habitude d’ouvrir le feu pour un oui ou un non et provoquaient souvent des dégâts collatéraux que je ne pouvais supporter. Ces gars ne faisaient pas dans la dentelle … Il me fallait donc éviter une confrontation avec eux ou du moins transporter notre altercation vers un endroit où les civils seraient le moins impactés possible …
J’en étais là de mes conjectures quand le Bouffon cracha comme un chat sauvage et se mit en branle. J’évitais la première bombe sans problème par une simple torsion du buste, mais la seconde frappa mon épaule, explosa et couvrit tout mon côté droit d’une substance hautement corrosive qui aurait attaqué mon équipement sévèrement s’il avait été de facture humaine. Mais malheureusement pour l’envoyeur, les missions des soldats du Nova-Corps avaient passées le stade des environnements viables depuis des siècles et les combinaisons étaient capables de supporter des agressions hautement plus corrosives que cette bouillabaisse dont il venait de me couvrir partiellement et qui commençait déjà à s’écouler naturellement sans faire plus de dommage qu’une goutte de pluie sur un pare-brise.
Je soupirais presque d’ennuis devant cette fanfaronnade et sur sa suite, cette fumée épaisse qu’il avait provoqué tout en se ruant sur son planeur afin de couvrir ses agissements. Ignorait-il que mes senseurs pouvaient le suivre même s’il se trouvait derrière une plaque de plomb ? A croire que oui et que ma renommée n'était plus ce qu'elle était, si j'en avait eu une un jour ...
Bref ! Pendant qu’il décrochait son bidule du mur, je m’approchais de lui, et dès qu’il l’eut dégagé et sautait dessus, je le saisis par une de ses ailes et tel un discobole le fis tourner autour de moi à bout de bras deux tours entiers avant de le lâcher en calculant une trajectoire qui le conduirait à vue de nez à peu près au centre de Central Park, là où ses agissements et ceux de nos petits camarades de jeu du GIAN ne toucheraient personne.
Sans le vouloir, il m’aida en accélérant et je le suivais sans mal à quelques dizaines de mètres, observant ses tentatives de reprise de contrôle de trajectoire alors qu’il tournait lui-même sur des axes centripètes et centrifuges erratiques. J’avais mal au cœur pour lui … Nous croisâmes l’hélico venant du Sud en chemin et celui du Nord accéléra sa course pour nous poursuivre tandis que les forces au sol remontaient précipitamment à bord de leurs transports qui démarrèrent en trombe pour rejoindre le nouveau théâtre de nos ébats.
Quand il arrêta enfin sa course, nous n’étions par contre qu’à la périphérie du parc et non en plein milieu et la foule, une fois l’effet de surprise passé, commençait par habitude à refluer dans le premier abris disponible.
J’ai entendu dire que le « Tisseur » aimait venir ici, autant vérifier, non ? Mais je crois avoir aussi lu quelque part qu’il était en vacances chez les papous ou les zoulous, tu devrais y aller voir des fois … C’est juste une suggestion, histoire que je puisse déguster ma glace meringuée tranquille comme tous les jours au lieu de te botter les fesses et d’éviter de faire courir les gars des forces légales pour rien …
Mes senseurs m’indiquèrent qu’une séquence de tir venait d’être initiée depuis l’un des aérodynes et que son point de visée était exactement entre mes omoplates. Un léger changement d’assiette et de position fit passer cette trajectoire jusqu’à l’entre-jambe du Bouffon, là où se rejoignaient ses ailerons de planeur.
L’arme cracha ses pruneaux d’un modèle spécial anti-mutants et objets volants en tous genres depuis les deux-cents mètres qui la séparait de nous, et j’effectuais ma mesure d’évitement à la dernière seconde, levant le bras légèrement pour laisser passer les projectiles qui poursuivirent leur course jusqu’à la cible que je leur avais attribué.
Ils devaient exploser à son contact et diffuser une matière proche de la mousse expansée qui se rigidifiait immédiatement au contact de l’air. Le Bouffon allait faire un bien vilain paquet s’il en recevait quelques unes, et moi aussi, du moins le temps que je m’en débarrasse, si je ne me bougeais pas le cul rapidement. (Mais comme le Bouffon est remarquable, il ne fut finalement pas touché)
Car l’artilleur de l’hélico m’avait pris pour cible en croyant comme moi que le Bouffon serait atteint et me poursuivait de ses assiduités détonantes, ce qui m’obligea à réaliser quelques figures acrobatiques pour échapper à ses tirs.
En bas, ce n’était plus deux mais quatre escadrons qui s’arrêtaient en trombe au quatre coins cardinaux de notre position, déversant une multitude de pseudo-militaires qui se mirent en position avec rapidité. Déjà, les gueules de plusieurs lances roquettes pointaient vers nous. Cette fois, les munitions étaient de celles pour éliminer, pas pour entraver.
Je dis ça, je dis rien, mais les gars en bas ne supportent vraiment plus la plaisanterie … Je crois qu’il vaut mieux remettre tes projets à plus tard … Moi je vais te laisser te débrouiller avec eux en tous cas ...
Bien sur, je mentais un peu, je n’allais pas laisser ces gars d’en bas seuls face à celui-ci s’il décidait de rester, mais j’aurais quand même préféré qu’il abandonne le terrain …
Toujours en évitant les tirs de l’engin volant dont le petit camarade arrivait maintenant, je m’élevais vers le ciel. Un hélico, ça ne va pas dans l’espace jusqu’à nouvel ordre, et avant de brouiller leur radars, je me devais de quitter leur champ de vision organique et analogique …
Je montais donc tout en surveillant mon « camarade » de jeu.
(Remarques partiellement reconnues et modification faites)
Dernière édition par Richard Rider le Jeu 8 Mar - 10:01, édité 2 fois
Visiblement, les bombes d’acide que Harry avait envoyé à son adversaire ne lui firent aucun effet. Soit, pas plus que la fumée non plus apparemment, puisqu’il parvint à le rejoindre près de son planneur. Le jeune homme ne savait pas du tout qui était le gugus qui se trouvait devant lui, mais il commençait sérieusement à l’agacer. Alors qu’il tentait de s’en aller, ce dernier l’empêcha de le faire. Ou plus exactement fit il ne savait quoi et l’envoya valdinguer un peu dans tous les coins. Pendant un temps, Harry ne put rien faire, parce qu’il ne pouvait pas reprendre le contrôle – mais ça, ça serait bien de me laisser décider – et se contenta donc d’attendre que la situation se calme, que les tournis et tourna s’arrête. Ce qui arriva, enfin, alors qu’ils arrivaient dans un bord du parc. Au moins, c’était fini et Harry osait croire qu’il allait pouvoir reprendre le jeu.
Le gars qui le poursuivait – et qui n’avait visiblement pas l’intention de s’arrêter – se mit alors à lui parler du « tisseur ». Harry ne supportait pas d’entendre parler de Spider-Man, qui avait quand même le don de mettre à mal ses plans.
« Tu sais que tu es drôle toi ? » Demanda-t-il en souriant sous son masque. « Si tu tiens à aller déguster ta glace, tu peux y aller, je ne te retiens pas ! »
Après avoir prononcé ces mots, Harry remarqua que son interlocuteur évita un projectile envoyé par les forces de l’ordre qui se trouvait en bas, au sol. Ce dernier fonça sur lui et… le jeune homme parvint à éviter l’impact, par chance parce que justement il y aurait eu plein de mousse pour bloquer son planeur.
« Ceux-ci, ils commencent sérieusement à m’agacer ! »
Dit-il alors avant de prendre la décision de s’occuper des forces de l’ordre, parce que c’était bien beau de jouer avec le machin qui volait, mais en attendant ceux d’en bas lui cassait sérieusement les pieds. Alors, il fonça vers les groupes des forces de l’ordre et leur lança des bombes, qui ne manquèrent pas de faire énormément de victime. Dans un rire violent du Hobgoblin, qui ne prêtait plus aucune attention à son « interlocuteur ».
Après un passage éclair dans la stratosphère qui provoqua quelques coup de tonnerre à cause de plusieurs murs du son défoncés sans ménagement, je redescendais immédiatement et finalement me postais sur un des toits proches du théâtre des nouveaux événements.
J'observais ainsi le Bouffon en train de maltraiter les forces publiques et me posais la question primordiale de comment ce pince sans rire pouvait avoir été vaincu si souvent par Spiderman si il était si puissant ...
Bien sur, il avait une certaine force, une certaine vitesse, du bon matériel et surtout une obstination bien évidente, mais sommes toutes, même les cadets du Nova-Corps n'en aurait fait qu'une bouchée s'il leur était confronté. Moi même, je n'avais fait aucun effort véritable pour l'éliminer, loin de là, je voulais juste l'écarter des civils et le mettre en fuite sans trop m'impliquer.
Lorsque j'étais un jeune héros, j'avais combattu des "super-vilains" bien plus coriaces et cela sans toutes les améliorations techniques et physiques actuelles. A l'époque, je n'avais que ma vitesse, ma force et mes poings et quand bien même, j'en aurais fait qu'une bouchée tant j'étais agressif et virtuellement plein de conscience "professionnelle".
Mais aujourd'hui, mis à part d'avoir voulu préserver des vies innocentes, ce gars n'était rien pour moi, à peine un moustique sur le cuir d'un rhinocéros.
Il s'en prenait maintenant avec vigueur aux forces du GIAN, les bombardant de tout ce qu'il pouvait. Je ne craignais rien pour ceux là, ils étaient rompus à la lutte contre les mutants de tout poil, (n'avaient-ils pas mis en déroute Magnéto et toute sa clique il n'y a pas si longtemps?), et ce bouffon n'en était qu'un parmi d'autres, juste un peu plus schizophrène voire dans un état psychotique permanent. C'était sans doute sa force, qui allié sans doute avec une intelligence un peu au-dessus de la moyenne l'imbibait d'un sentiment de supériorité permanent et surtout d'une bonne dose d'inconscience et d'un manque de jugement flagrant.
Quelqu'un de normal aurait bien vu que je ne faisais franchement pas d'effort pour le balader, l'inutilité aussi de ses petits artifices explosifs sur mes capacités tant à me mouvoir qu'à le repérer.
Mon armure était faite pour résister à l'absolue nocivité de l'espace et de mondes bien plus corrosifs que ses boules puantes et fumantes. Même si j'avais été touché par une des bombes à mousse inhibitrice du GAN, la matière qu'elles diffusaient ne tiendrait pas plus d'une seconde sur le revêtement Xandarien.
C'est ce que j'aimais dans cette technologie, anti-tâches et auto-régénératrices. Le pied quand on est passé expert dans le renversement de tasse à café sur soit !
Deux autres véhicules déversaient maintenant leurs équipes sur le parvis, armés maintenant en conséquence pour capturer et maîtriser ce Flyboarder cinglé. Mais ce n'était plus mon problème, j'avais passé la main et ils devront faire ce qu'ils peuvent.
Cela fait belle lurette que j'ai laissé mon statut de "héros inconditionnel" derrière moi, j'avais trop pris de coup de pied au fondement par ceux que je voulais protéger pour cela. J'étais un soldat à la retraite, ou du moins en permission de longue durée, et je n'aspirais qu'à une chose, un peu de tranquillité.
Je me redressais donc, jetant un coup d'oeil à la ronde pour évaluer la position des drones et hélicos en présence, tournais le dos à cette mascarade où les fous du roi et le polichinelle de service en étaient aux mains, marchais tranquillement jusqu'au versant opposé et sautais dans le vide.
Pendant ma descente en chute libre, je repérais un espace entre deux camions à l'abris de tous regards organiques ou électroniques et au dernier instant, je bifurquais jusque là et dépolarisais mon armure.
C'est avec un air innocent et dégagé que j'en ressortais, ni vu ni connu, et que je remontais l'avenue les mains dans les poches en faisant du lèche-vitrines.
Qu'ils se débrouillent ! Il faisait beau, les oiseaux chantent, les jupes des filles, même si elles sont plus longues en moyenne qu'à mon époque, s'agitent avec ravissement au soubresauts de leurs pas pressés. Une odeur de beignets attire mon attention et déjà je cherche ma bourse pour en prélever de la monnaie ... Que vouloir de plus ? Peut-être une bière ?
*********** END OF MY CONTRIBUTION, Have a good day to day ! **************