Norman Osborn aurait pu vivre l'enfance la plus heureuse imaginable et, c'est l'évidence, si tel était le cas, rien de l'histoire que je m'apprête à vous raconter n'aurait de sens ou de raison d'être. Fils d'un grand entrepreneur, né au sein d'une famille aussi riche qu'aimante, rien ne semblait devoir atteindre au bonheur de ses deux parents, et donc au sien. Rien... Sauf qu'un ciel bleu ne signifie pas qu'il n'y aura pas d'orages, et orage il y eut. Un mauvais placement, une confiance laissée aux mauvaises personnes, et Osborn père perdit toute sa fortune ainsi que son entreprise. Et si jours heureux il y eut, Norman n'en a plus conservé le moindre souvenir. Son père, entre dépression et alcoolisme, devint violent, et il le fut autant à l'égard de son fils que de sa femme. Ni l'un ni l'autre ne furent épargné. Le genre de traitement qui vous forge le caractère, dit-on... Peut-être, Norman ne pourrait complètement prétendre le contraire, bien que, plus d'une fois, pour sa propre sécurité et celle de sa mère, le garçon ait songé aux méthodes les plus... radicales pour gagner une enfance normale. Il ne passa jamais à l'acte. Se laissa hanter par ses cauchemars, par un cauchemar en particulier, toujours le même, qui ne devait trouver du sens que bien plus tard.

Le lycée fut comme une délivrance, pour lui. Parce qu'il voyait moins souvent son géniteur, d'une part, mais aussi, et surtout, parce qu'il y rencontra celle qui devait devenir son épouse : Emily. Difficile de croire, quand on le connaît aujourd'hui, qu'il puisse être capable d'un amour sincère est inconditionnel, pourtant, ce fut ce qu'il éprouva pour elle... Et sûrement parce qu'il l'éprouva à ce point intensément qu'il ne su jamais l'accorder à d'autres. Elle lui donnait la force qui lui manquait jusqu'ici. Auprès d'elle, il se sentait capable de soulever des montagnes. L'épouser, c'était l'aboutissement d'une évidence, avoir un enfant avec elle, c'était la concrétisation, la confirmation de ce qu'il avait éprouvé de plus beau dans son existence. Harry Osborn était né de l'amour le plus pur qui puisse être, et il aurait pu être aimé à ce point.

Sauf que la naissance de Harry entraîna la mort d'Emily. Est-ce parce qu'il ne le lui avait jamais pardonné, parce qu'il le tenait responsable de la mort de sa défunte épouse. Le fait est qu'il dressa entre lui et Harry une barrière de froideur et d'indifférence. Se pouvait-il qu'il n'aimait pas son propre fils ? On pouvait le croire, si l'on en jugeait la distance qu'il mettait entre lui et sa progéniture. Pourtant, le fait est qu'il l'aimait... à sa manière bien particulière, pour autant... Qui consistait donc à ne jamais le lui montrer et à lui faire des reproches injustifiés, notamment, concernant ses résultats scolaires qui, aux yeux de Norman, ne seraient jamais à la hauteur.

Réitérait-il les mêmes erreurs que celles de son père ? Son attitude envers son fils le laissait croire. Mais il voulait penser le contraire. Il était un homme d'affaires, lui, il ne fait pas d'erreurs. Et son entreprise, Oscorp, n'en était-elle pas la preuve formelle ? Quoique cette société ne s'appela pas Oscorp, à l'époque. Car oui, Norman avait un associé, un associé que Norman, déjà avide de pouvoir, n'hésita pas à trahir afin que de s'attribuer les mérites de ses recherches. Il l'accusa de détournement de fonds, Oscorp naquit, et acquit très rapidement une excellente réputation dans le domaine scientifique.
Ces recherches qui valurent cette trahison ne furent pas sans conséquences pour Norman, au-delà de la main-mise qu'il eut sur la société, et de son nouveau baptême. Elles eurent un impact direct sur l'homme, en plus de l'entrepreneur. Le sérum sur lequel il travaillait entra accidentellement en contact avec sa peau, et ses effets furent pour le moins... inespérés. Ses capacités physiques se modifièrent,  s'améliorèrent, même... S'il fallait cela pour le faire sombrer plus encore dans la folie, c'était gagné...
Norman Osborn devint, suite à cet accident le bouffon vert. Et ses ambitions sont loin d'être purement altruistes et pacifiques.

Le moins que l'on puisse dire concernant Norman Osborn, c'est qu'il ne transpire pas l'équilibre mental et la sanité d'esprit. Son enfance difficile, les mauvais traitements qu'il dû subir de la part de son père, la perte de sa femme, ces événements douloureux eurent une influence néfaste sur sa personnalité. Aller jusqu'à dire que Norman est devenu fou ? Ce n'est pas loin, en tous cas, il est tout du moins plus que déséquilibré. Son accident n'a rien arrangé. Avec le bouffon vert, il s'est créé une nouvelle personnalité, exempte des conventions sociales auquel il se plie encore en tant que Norman Osborn, et sa plongée dans la folie est plus que manifeste, désormais, lorsqu'il se trouve sous les traits du super-vilain.

Sous ceux de l'homme d'affaire et du père richissime, il sait encore faire illusion. On lui reconnaît une froideur naturelle (surtout à l'égard de son fils, à vrai dire, envers lequel il se montre particulièrement exigeant), et un certain charisme, qui fait qu'il impressionne, au premier regard, et qu'on s'aviserait difficilement de le contrarier (cela vaut mieux, d'ailleurs, quand on sait ce dont il est capable dans son costume de bouffon vert). Norman Osborn ne doit pas sa réussite professionnelle au hasard. C'est un homme particulièrement vénal et ambitieux, capable de tout pour parvenir à ses fins. Intelligent, c'est bel et bien à son esprit scientifique, cependant, au-delà de son absence de scrupules, qu'il doit ce qu'il est parvenu à faire grâce à "l'empire Oscorp".

Mégalomane, égoïste, il faut faire ses preuves envers lui si vous voulez obtenir de sa part autre chose qu'une souveraine indifférente. La plupart du temps, le sort d'autrui ne revêt à ses yeux qu'un intérêt moindre, et il n'accorde un regard plus attentif qu'aux individus qui, à ses yeux, sont suffisamment brillants pour le mériter.