B

ruce Banner avançait d'un pas hésitant en direction de la Tour Oscorp. Il était assez nerveux. Maintenant qu'il était obligé de rester vivre à New York, il fallait qu'il se mette à la recherche d'un nouveau travail. D'une part pour payer le petit studio, ou plutôt le placard à balais qu'il avait réussit à louer. D'une autre, parce qu'il commençait vraiment à avoir faim. Et la manche ne lui réussissait véritablement pas.

Bruce était tellement à bout. Son retour à New York avait su marquer les esprits, bien qu'il n'en était pas le principal fautif. Des militaires avaient de nouveau commencé à le traquer. Les civils avaient beau ignorer qui se cachait derrière cette monstruosité que l'on nommait Hulk, l'armée américaine, elle, savait qu'elle pouvait mettre le nom de Bruce Banner derrière le titan vert. Heureusement, Bruce n'avait pas encore eut de soucis pour le moment. Il espérait juste que ça dure.

Il avait réussi grâce à de vieux amis à se refaire des papiers d'identité. Il avait également pu constituer un C.V. retraçant son parcours en tant que physicien, sans pour autant qu'on puisse faire le lien avec celui présent dans le dossier de Bruce Banner. Désormais, il n'avait plus qu'à prendre son courage à deux mains et à postuler à la Tour Oscorp. Depuis son retour, c'était le seul endroit où il espérait trouver un travail. Où il espérait que ses talents de physiciens soient enfin reconnus et appréciés, sans qu'on le surveille constamment de peur qu'un monstre vert prenne le contrôle de son corps.

Avant de quitter son mini studio, Bruce avait fait son maximum pour nettoyer et faire disparaître des tâches persistantes d'un vieux costume qu'il avait retrouvé chez Betty, sa petite amie. Il était passé un jour où la jeune femme était de sortie. Il ne voulait pas lui imposer son retour. Malheureusement, avec tous les efforts qu'il avait mit en œuvre pour mettre à neuf son costume, le résultat fut pire. Le costard noir avait prit une légère couleur grise. Tant pis, il fallait y aller quand même.

C'est ainsi qu'il finit donc devant la Tour Oscorp, terriblement nerveux, son C.V et sa lettre de motivation à la main. Il eut finalement le courage de rentrer dans l'immense bâtisse. Il avança jusqu'à l'accueil du rez de chaussée et attendit une bonne heure que cela soit son tour. Il devait s'agir du résultat d'une journée vraiment florissante pour ce cher Monsieur Osborn. Enfin, se fut son tour. Et Bruce tomba nez à nez avec une femme qui semblait être la définition même de l'impolitesse. ''Bonjour.'' La jeune femme continuait de pianoter d'un air frénétique sur le clavier de son ordinateur  sans saluer en retour le physicien. ''C'est pour quoi ?'' finit-elle par demander d'une voix tellement glaciale qu'elle sembla geler instantanément Bruce sur place. ''Je… Nous avons parlé au téléphone ce matin. Jim Wayne. Je vous apporte comme convenu mon C.V. et ma…'' La jeune femme le coupa net dans sa phrase. ''Posez le sur le comptoir, nous vous rappellerons.'' Bruce resta immobile un moment. Il avait beau avoir écouté ce que la jeune femme venait de dire, cette agressivité faisait grandement réagir l'autre qui bouillonnait déjà. Inspirant et soufflant lentement pour se calmer, Bruce finit par sourire à la réceptionniste. ''Je vous remercie. Passez une bonne journée.'' Mais, agacée, elle se mit à crier d'une voix désagréable : ''Au suivant !'' Bruce baissa la tête et tenta de se calmer à nouveau, tout en marchant d'un pas lent en direction de la sortie.

code by Mandy

D

e lourdes cernes cerclaient le regard du PDG d'Oscorp, et cela faisait plusieurs semaine, et si son corps portait les marques d'une fatigue évidente, Norman refusait de la ressentir, et plus encore de la prendre en considération. Ce n'est pas comme s'il avait eu l'habitude de se reposer, quoi qu'il en soit. Il n'était pas dans les habitudes du chef d'entreprise de compter ses heures, et ils dépassait largement le quota d'heures exigées à son poste, il avait toujours fait passer sa carrière avant le reste... Ou du moins non, pas toujours, mais depuis si longtemps maintenant que ce semblait être une éternité. Depuis Emily, en fait. Il avait depuis lors tout sacrifié au profit de sa réussite professionnelle. Et le premier à en pâtir avait été Harry, sans l'ombre d'un doute. Oui, Norman s'était toujours donné corps et âme à Oscorp, mais la fatigue ne s'était jamais à ce point lue sur son visage. Et pour cause, quand il quittait ses locaux, ce n'était jamais pour se reposer, pas depuis que le bouffon vert, cet autre lui, s'était fait une juste place en lui. Et si le super-vilain lui conférait une force et une énergie au-delà de son âge, il y avait toujours de l'humain dans le surhumain, et il éprouvait physiquement sa situation actuelle. Mais quelle importance, ses obligation étaient toujours les même, et l'appel du bouffon vert trop fort pour qu'il puisse même songer à y résister. Il ne pouvait se permettre de faire la moindre pause, quelque soit la personnalité qui choisissait de le dominer, surtout dernièrement, alors que ses activités de PDG lui demandaient un travail des plus considérables. Il revenait d'un rendez-vous professionnel à rallonge, et il devait à présent gérer ses autres entrevues qui, par la même, avaient pris du retard. Quand il passa la porte de l'immeuble d'Oscorp, il avait encore la tête à son travail et ne prit pas garde à l'homme qui s'apprêtait à sortir quand lui-même rentrait, et qu'il bouscula, de fait, légèrement.

-Pardon. s'excusa-t-il très rapidement, plus par réflexe qu'autre chose, et sans prêter de réelle intention à la personne qu'il venait de croiser.

Il ne savait rien, évidemment, de ce qui avait mené l'homme jusqu'ici, de l'attente qui lui avait été imposée pour être finalement rembarré. Oscorp recevait tous les jours un nombre particulièrement conséquent de CV et de lettres de motivation, et en définitive, on ne prêtait plus guère attention (et pas beaucoup plus d'égards) aux demandeurs d'emploi qui défilaient dans ces locaux. Pourtant, les ressources humaines étaient fluctuantes au sein de l'entreprise, normal avec de tels effectifs. Cela étant, c'était rarement Norman qui prenait en charge les entretiens, il n'avait donc ni raisons de savoir ce qui avait pu arriver à l'homme auprès de qui il s'était excusé pour le principe, ni forcément d'intérêt à en savoir quoi que ce soit. Quoique cette rencontre impromptue pourrait bien changer la donne.

code by Mandy

A

bout de nerfs et tentant toujours de canaliser le monstre qui sommeillait en lui, Bruce se frayait un chemin parmi la foule pour sortir le plus rapidement de la Tour Oscorp. Il prenait bien soin de ne percuter personne, pour ne pas donner une raison de plus à l'autre pour pointer le bout de son nez. Quoi que quand Bruce y réfléchissait, ces gens n'auraient que ce qu'ils méritent. Traiter les pauvres gens avec aussi peu de respect. Les considérer ainsi comme des moins que rien. Ce n'était pas respectable. Non… C'était inadmissible ! Merde à la fin ! Qu'est-ce qui l'empêchait de pousser une petite gueulante, là, au milieu de l'accueil ? Contre ces personnes ne se souciant plus des autres maintenant qu'ils avaient la vie qu'ils désiraient ? Bande de cons individualistes imbus de votre propre personne !

Sous toutes ces sombres pensées, Bruce avait serré très fort ses poings en se faufilant parmi la foule. Mais alors qu'il s'apprêtait à sortir pour peut être ne jamais revenir, il fut percuté par une personnage qui, à l'inverse de lui, rentra dans la structure. Malgré ses excuses qui ne paraissaient pas du tous, mais alors pas du tout sincères, le mal était déjà fait. Banner saisit violemment le bras de la personne qui l'avait bousculé et lui hurla au visage avec une voix plus monstrueuse qu'humaine, et qui ne lui appartenait donc pas : ''Vous ne pouvez pas faire attention ?!'' Ce spectacle venait de devenir le centre d'attention de toutes les personnes présentent autour. Légèrement essoufflé à cause de la colère qui sommeillait en lui, l'expression de Bruce changea du tout au tout quand il reconnut la personne qu'il venait d'agresser. Bon sang… Il fallut que la seule personne à agresser parmi toutes celles présentent aujourd'hui soit Norman Obsorn. Le directeur de la Tour Oscorp. Rien que ça. Désormais, toutes ses chances pour travailler étaient complètement foutus. Et il aurait probablement de la chance si il arrivait à s'en sortir juste avec un emploi refusé.

Bruce se racla bruyamment la gorge, afin de faire croire que sa voix avait déraillé. Il espérait que cela suffirait. Ses yeux avaient prit une légère teinte verte qui avait aussitôt disparue quand son regard avait croisé celui de Norman Osborn. ''Oh, pardon Monsieur… Je suis vraiment désolé, je ne voulais… C'est votre… Enfin c'est moi… Mais…'' Banner ne parvenait pas à trouver ses mots. Il n'avait même pas noté le simple fait qu'il continuait de tenir, avec une certaine poigne, le bras du PDG Oscorp. Quand il s'en rendit compte, il le lâcha quasiment aussitôt. ''Désolé… Je suis vraiment désolé…'' Les gens autour avaient finalement reprit leurs routines. Ça arrangeait Bruce. Il détestait se donner en spectacle. ''Je… J'ai tellement besoin d'un travail… Et malheureusement, je ne suis bon que dans un seul domaine : La Physique. Du coup, comme vous faîtes parti de mes derniers espoirs, j'ai les nerfs légèrement à vif… Je suis vraiment, vraiment, vraiment désolé… Je ne veux pas vous embêter plus longtemps…'' En se défilant ainsi, et en espérant vainement de l'adoucir en se plaignant de sa condition actuelle, Bruce espérait pouvoir s'en tirer sans que Norman Osborn ou quelqu'un d'autre n'appelle la police. Certes, Oscorp avait désormais un C.V. pour le retrouver. Mais techniquement, Jim Wayne n'existant pas…

code by Mandy

L

e PDG d’Oscorp s’était imaginé simplement s’excuser auprès de l’homme qu’il avait involontairement bousculé et tracer son chemin sans plus y prêter attention (d’autant plus qu’il avait de nombreuses affaires d’une autre importance à gérer et qui accaparaient son esprit à l’heure actuelle), mais ce fut sans compter sur la hargne de l’homme qui lui répondit d’un ton tout sauf aimable, le saisissant par le bras avec une poigne impressionnante. Norman, à cet instant, se sentit partagé entre deux intentions très distinctes : celle que lui dictait le bouffon vert, jamais très loin de ses pensées, qui serait trop ravi de se saisir d’une occasion de la sorte pour déchaîner toute la violence dont il était capable, et celle que lui dictait le chef d’entreprise, bien plus raccord au protocole, qui était d’appeler la sécurité. Mais il n’eut pas à se décider entre ces deux possibilités puisque l’homme, bien qu’il tenait toujours son bras, sembla se ressaisir en découvrant l’attitude de la personne à qui il avait si durement parlé. Il s’excusa, en quelques mots assez embrouillés qui n’invitaient pas particulièrement à la miséricorde aux yeux de Norman. S’il s’abstenait de riposter, c’était bien parce qu’il y avait foule autour d’eux et que l’homme tenait à son image publique, qu’une telle altercation pourrait sans mal altérer. L’homme, de toute manière, semblait pour de bon se calmer. Il avait du moins lâché son bras, ce qui était un bon début.

Au milieu de ses excuses confuses, il lui sembla comprendre que son interlocuteur était en recherche d’emploi, il avait dû postuler et avoir reçu mauvais accueil, ou alors son entretien avec les RH de l’établissement s’était peut-être mal passé et il en faisait à présent payer le prix à Norman. Autant dire que l’éventualité de trouver une place au sein de son entreprise semblait pour le moins compromise, les comportements agressifs de la sorte ne sauraient être tolérés. Néanmoins, il devait faire bonne figure et tenir compte des griefs qui pouvaient être portés contre son entreprise, si l’attitude de ses employés devait être aussi remise en question, mieux valait qu’il en sache plus maintenant que lorsqu’il serait trop tard et que de nouvelles rumeurs néfastes viendraient circuler au sujet d’Oscorp et de son personnel. La dernière chose que Norman pouvait vouloir était de laisser le scandale l’emporter. Surtout ces derniers temps. La dernière chose que le PDG pouvait vouloir à l’heure actuelle était de trop attirer l’attention, il était hors de question que l’on fouille plus encore dans ses affaires. Certes, les plus secrètes d’entre elles étaient plus que protégées, mais l’on n’est jamais trop prudent.

-Croyez bien que je suis navré de ce qui vous arrive. Je déplore que votre entretien se soit mal passé, mais sachez que chez Oscorp comme chez bien d’autres de nos concurrents, les postulations sont nombreuses et la concurrence malheureusement rude.

C’était un fait, mais qui négligeait un point cependant, auquel Norman ne pouvait évidemment penser, puisqu’il n’était au courant de rien : son interlocuteur n’avait pas même eu l’opportunité de passer le moindre entretien.

code by Mandy