Quand Harry était tombé de son planneur, au moment où il avait foncé dans l’immeuble, il avait perdu un temps conscience. Il ne savait pas vraiment combien de temps il était resté inconscient, ni si cela avait un rapport plus ou moins direct avec sa chute ou autre, mais en tout cas il était quand même sacrément amoché. La chute avait été violente, la collision avec l’immeuble aussi, même si au final ce n’était pas ce qui faisait le plus mal au jeune homme. Il avait repris conscience cependant suffisamment rapidement pour éviter les ennuis, pour éviter de se faire arrêter par la police. Dès qu’il en fut capable, il avait remonté sur son planneur afin de s’en aller, non sans jeter un œil à Gwen et Spider-Man. Ils étaient là, Peter tenant la jeune femme dans ses bras, jeune femme inanimée. Il ne chercha pas à s’approcher, il ne voulait ni affronter Peter, ni affronter ce qui était arrivé à Gwen, quand bien même il ne se faisait pas d’illusion. Il l’avait vu, inconsciente dans les bras du jeune homme et donc, il n’avait pu que conclure qu’elle n’était plus. Qu’elle était morte. Oui, ce fut le cœur en mille morceaux que le jeune homme s’en aller sur son planneur, en piteuse état, pour rentrer chez lui, en pensant que Gwen était morte. Parce que c’était un peu ce qui était prévu non ? Il connaissait la prédiction, il avait voulu prendre le risque de continuer de la voir, il s’était rapproché d’elle, il lui avait avoué ses sentiments (même si c’était arrivé sans qu’il ne cherche vraiment à ce que ça arrive), mais au risque de sa vie. Et à cause de lui, elle était morte.
Quand il arriva chez lui, Harry se rendit directement dans la cache secrète où se trouvait toutes les affaires du Bouffon Vert et du Hobgoblin. Après avoir retiré son armure, qu’il ne parvenait plus à supporter, il avait observé un instant les lieux avant de se mettre à tout renverser, tout casser, se laissant simplement happer par la rage. Cette rage qu’il avait ressentie avant de partir, en voyant Gwen avec Peter et ensuite, quand il avait vu la manière dont celle qui était longtemps sa meilleure amie, puis un peu sa petite amie (avant de n’être plus rien dont) l’observait en découvrant qui il était, en découvrant ce qu’il était et ce qu’il avait fait. Tout ça c’était de sa faute, il s’était laissé avoir, il s’était laissé emporter par le Hobgoblin. Il n’avait pas réussi à se contrôler, parce qu’il ne pouvait pas nier le fait qu’il était incapable à présent de se contrôler. Il était un monstre… et la seule personne qui lui donnait envie d’être quelqu’un de bien, d’être humain, venait de disparaître pour toujours. Il se trompait, mais il n’en savait rien, parce qu’il avait cru qu’elle était morte en la voyant, sans chercher à s’en assurer. Parce que ça lui faisait trop mal, parce qu’il avait le sentiment d’avoir perdu une part de lui.
uand Norman avait quitté son travail, plus tôt que d'ordinaire (ce qui ne voulait pas dire grand-chose pour autant, la nuit était déjà tombé depuis un moment quand il avait enfin passé le pas de la porte), il avait été surpris de ne pas trouver Harry chez eux. Rares étaient les occasions où il revenait d'Oscorp suffisamment tôt pour constater les absences de son fils. De manière générale, il rentrait la nuit tombée et se souciait à peine de savoir où Harry pouvait bien être. Au mieux cherchait-il à constater des preuves de sa présence avant de vaquer à ses propres affaires. Mais la situation présente l'invitait à s'interroger. Aucune trace de lui où que ce soit. Soit, donc, il avait fait le mur, soit... la deuxième option était sans l'ombre d'un doute celle qu'il encourageait le plus, et celle qu'il espérait effectivement. Il ne fut en effet pas déçu. En rejoignant la planque où étaient soigneusement entreposées leurs tenues respectives de super-villains, il constata que le costume du Hobgoblin ne s'y trouvait pas. Un sourire en coin s'afficha sur le visage du chef d'entreprise à cette pensée. Plus le temps passait, plus le Hobgoblin prenait de l'importance, et plus Harry cédait à ses sirènes. Norman devait bien avouer en être plus que satisfait. C'était tout ce qu'il avait voulu. Harry ne pouvait plus lutter contre son double, et Norman avait le sentiment qu'il le souhaitait de moins en moins. Norman, satisfait du constat qu'il venait de faire, avait donc rejoint son bureau (parce qu'il n'arrêtait jamais réellement de travailler, à moins de laisser le bouffon vert prendre le dessus, ce qui arrivait tout de même assez régulièrement) et guettait à présent le retour de son fils.
De temps à autre, il zyeutait les informations, des fois que son fils soit impliqué dans une affaire juteuse, mais rien ne lui mit la puce à l'oreille jusqu'au retour du jeune homme, qui se fit au demeurant sans grande discrétions, et avec force fracas. Harry était rentré, et manifestement en colère. Cédant à la curiosité plutôt qu'à la prudence, Norman prit le parti de le rejoindre dans la pièce qu'il mettait sens dessus dessous. Demeurant à une distance raisonnable, les bras croisés, il l'observa sans trop intervenir. Non pas qu'il apprécie que Harry s'applique à tout fracasser, mais il voulait surtout comprendre quelles étaient là ses motivations.
-Tu pourrais montrer plus d'égards pour notre mobilier, répondit-il avec toute la neutralité du monde dans le ton de sa voix avant de reprendre la parole. Qu'est-ce qui se passe ?
Et il était curieux de le découvrir. Que pouvait-il bien s'être passé ? Fallait-il s'en inquiéter ? L'expédition du Hobgoblin aurait-elle viré au désastre ? Il fallait qu'il sache, ne serait-ce que pour pouvoir réparer les éventuelles erreurs commises par Harry.
Harry ne parvenait vraiment pas à se contrôler, à se calmer, et même le fait de tout casser autour de lui ne l’aidait clairement pas. En fait, ça ne devait pas arranger grand-chose à la rage qu’il ressentait au fond de lui. Cette rage bien présente depuis un long moment maintenant, mais qui prenait encore plus d’envergure. Depuis quelque temps, le jeune homme pensait qu’il parvenait à mieux se contrôler – sans doute parce qu’il ne se rendait juste plus compte du fait qu’il était happé par son double, qu’il commençait à ne faire plus qu’un avec le Hobgoblin – mais ce soir était bien la preuve que ce n’était pas le cas. Et tout était terminé de toute façon… Tout était fini. Harry ne parvenait pas à s’enlever l’image de Gwen au sol dans les bras de Peter, de Gwen morte. Il ne parvenait pas plus à enlever de son esprit l’image de la jeune femme découvrant qui il était, découvrant qu’il était celui qui avait tué son père, découvrant le monstre qui l’était. En soit, cela n’avait sûrement plus d’importance puisqu’elle était morte (enfin, c’était ce qu’il pensait), mais ça en avait quand même pour lui. Harry se sentait complètement perdu, il se sentait horrifié d’avoir donné cette image à celle qu’il aimait. Alors, qu’ils étaient proches maintenant, qu’il avait réussi à lui dire qu’il l’aimait… qu’ils étaient ensemble… il avait tout gâché. Il s’en voulait, il était en colère contre lui-même et en même temps, il était en colère contre Peter Parker.
Ce ne fut que quand son père prit la parole que le jeune homme se rendit compte de sa présence. Il tourna son regard noir avec l’homme, ce dernier lui faisant la morale comme à son habitude. Il était en colère contre le monde entier, son père en faisait partie donc. Parce qu’au final, tout ça était de sa faute à la base. Et en même temps, ce n’était plus comme avant. Rien n’était plus comme avant, rien n’allait pouvoir être comme avant. Il se contenta d’observer Norman pendant quelques secondes, avant de reprendre la parole.
« Elle est morte ! » Cria-t-il presque à l’adresse de son géniteur, lui laissant le soin de deviner de qui il parlait. Mais il y avait peu de doute que le chef d’entreprise ne sache pas justement de qui il était en train de parler. « Je l’ai tué ! »
C’était de sa faute, évidemment, il ne pouvait pas s’empêcher de culpabiliser. Parce que s’il n’était pas intervenu, parce que s’il n’avait pas « enlevé » la jeune femme, ils n’en seraient pas là. Elle ne serait pas tombée. Et en même temps, si elle n’avait pas été avec Peter… Parce qu’Harry ne se faisait pas vraiment d’illusion, il ne savait que trop que les sentiments de la jeune femme avaient été forts pour Spider-Man… et elle s’était jouée de lui, elle le voyait, elle était en sa compagnie alors qu’ils devaient normalement se voir.
lle était morte. C'est tout ce qu'il lui apprit, pour commencer. "Elle", ce pouvait être n'importe qui, mais Norman ne pensait pas avoir besoin de précisions pour comprendre à qui il faisait référence. Il n'y avait qu'une seule personne pour le mettre dans un tel état, la mort d'une seule personne pouvait lui faire à ce point de mal, générer en lui une telle colère. Gwen Stacy était morte. Mieux encore, Harry l'avait tué. D'autres auraient compati, Norman, lui, se réjouissait de cette nouvelle. Il aimait comprendre tout ce que cela impliquait. Il pourrait s'inquiéter des conséquences de telles révélations, mais ce n'était pas le cas. Le Hobgoblin avait assassiné Gwen Stacy, le jeune homme avait toutes les raisons du monde de lui en vouloir, mais cela ne ferait qu'accentuer sa haine, sa colère, son dégoût du monde, et c'était ce qu'il fallait pour qu'il devienne comme lui. Il était sans doute impossible, au fond, de goûter réellement à leur condition tant qu'ils ne vivaient pas cette fêlure, cette rupture véritable. Norman avait vécu la sienne bien avant de devenir le bouffon vert, à la mort de son épouse, c'était à présent au tour de Harry. Ce fut en faisant de son mieux pour réfréner au mieux sa curiosité qu'il observa son fils sans pour autant réagir, tout du moins pour commencer. Il s'interrogeait, bien sûr, il avait envie de comprendre ce qui se passait, mais il ne voulait pour autant pas braquer son interlocuteur, qui était manifestement en état de choc et sur les nerfs. Pour commencer, il laissait à Harry le soin d'exprimer toute sa rage et tout son agacement, sans l'ombre d'une retenue. Ce qui lui permit au passage de retenir une information pour le moins intéressante. il avait beau affirmer qu'il avait bel et bien tué la jeune femme, ce n'était finalement pas lui qu'il blâmait, mais Spider-Man, ce qui ne pouvait bien sûr que plaire au PDG d'Oscorp, qui n'avait qu'attendu d'entendre un tel discours. S'il associait la perte qu'il venait de subir à leur ennemi commun, alors Norman avait tout gagné dans le processus, et au-delà de ça, même.
-Harry, finit-il par répondre avec une douceur peu coutumière, et qui ne venait bien sûr pas de nulle part. Je suis vraiment désolé. Est-ce qu'il l'était ? Non. Il devrait, il tenait à son fils, il devrait sincèrement compatir à sa douleur. Et pourtant, à la place, il s'en réjouissait. Car il comptait bien faire tout son possible pour tirer le meilleur parti de cette situation qui ne pouvait de toute façon que lui être entièrement favorable, s'il s'y prenait convenablement, tout du moins. Je te promets que Spider-Man disparaîtra de nos vies très rapidement maintenant. Nous allons tout faire pour ça.
Et quand il disait "nous", il ne parlait pas que d'eux deux.
La tristesse se mêlait clairement avec la haine, Harry se retrouvait consumer par la rage en cet instant précis parce qu'il avait le cœur brisé. Il avait tué Gwen, la seule personne qu'il aimait vraiment, la seule femme qu'il avait réussi à aimer. Il avait réussi à se rapprocher d'elle, à lui avouer qu'il l'aimait et maintenant il l'avait perdu. C'était de sa faute bien sûr, c'était sur son planeur qu'elle s'était trouvé. Mais plus la rage prenait de place, plus le jeune homme pensait au fait que Spider-Man était responsable de tout ça. Parce que Gwen s'était retrouvée en sa compagnie, sans raison, parce qu'elle discutait avec lui alors qu'ils étaient censés se voir. Harry ne savait pas vraiment ce que Spider-Man avait comploté, mais c'était forcément ce qu'il avait voulu faire. Il n'aurait pas agit comme ça si elle n'avait pas été avec Peter, il ne se serait pas énervé si elle n'était pas avec son ex petit ami qu'elle n'était plus censée voir normalement. Elle n'avait aucune raison d'avoir des contacts avec Peter, il avait décidé de s'éloigner pour la protéger. Et pourtant, ils se voyaient, dans son dos. Cette voix dans sa tête, se mêlant de plus en plus avec sa pensée à lui, continuait de lui répéter que c'était de la faute de Spider-Man, que Gwen avait tenté de se jouer de lui, qu'elle l'avait manipulé. Que ce n'était pas de sa faute à lui, mais bien celle de l’araignée, que Gwen ne serait pas tombée sans lui. Parce qu'il n'avait pas eu vraiment envie de la faire tomber, que son planeur avait basculé à cause de Spider-Man. C'était Peter le responsable... il était le seul responsable et il devait payer pour ce qu'il venait de lui faire.
Quand son père prononça son prénom, avec une douceur qu'il n'avait pas l'habitude d'entendre, le jeune homme s'arrêta net pour tourner son regard vers lui. Il lui affirma être désolé, ce n'était peut-être pas vrai. En temps normal, le jeune homme se serait posé des questions, il aurait eu des réserves concernant son géniteur. Mais en cet instant là, alors qu'il se sentait brisé de toute part, le jeune homme voyait en Norman Osborn le seul soutien qu'il obtenait. Plus encore quand il lui affirma alors que Spider-Man allait disparaître. Non mieux, il le lui promettait. C'était la première fois qu'il lui témoignait la moindre affection, le moindre soutien, qu'il lui faisait une promesse même.
« Comment ? »
Demanda-t-il de sa voix roque, se posant vraiment la question. Ensemble, à deux, ils étaient plus forts c'était évident. Mais quand même, ils n'avaient jamais réussi à prendre vraiment le dessus sur Spider-Man, même s'ils n'avaient jamais essayé de l'attaquer ensemble. Comment est-ce que son père pouvait lui promettre qu'il allait disparaître de leur vie, surtout très rapidement. Le plus rapidement possible était le mieux, Harry avait envie de tuer Spider-Man, de se venger de la mort de celle qu'il aimait (même s'il ignorait encore, donc, qu'elle n'était pas morte).
était une idée particulièrement brillante, qu'il regrettait de n'avoir qu'à rebours, au moment où elle n'était plus utile, mais peu importe, puisque le résultat était bel et bien là, et jouait totalement à son avantage. Il aurait pu, bien plus tôt, se charger de la mort de Gwen Stacy et attribuer ce crime à Spider-Man, c'était dans cet état de désespoir total qu'il devait mettre Harry pour espérer le voir embrasser sa cause et regagner son affection. Cela dit, que les choses se soient faites sans son intervention était certainement une bonne chose, ainsi son fils n'aurait-il aucune supercherie à découvrir, il faisait face aux faits bruts, ni plus ni moins, et les faits l'invitaient à détester l'ennemi de toutes les forces de son âme et à se ranger du côté de son père. Tant mieux, parce que Norman, de son côté, et au vu de ce qu'il ourdissait, avait plus que jamais besoin de savoir Harry (et donc le Hobgoblin, par la même occasion) de son côté. Il pourrait peut-être mener à bien son petit projet (grand projet) sans son intervention, mais il préférait tout de même l'avoir à ses côtés. Il ne lui avait pas injecté le sérum pour rien, il avait bel et bien de grands projets pour Harry, et il était on ne peut plus satisfait en cet instant, car il avait réellement le sentiment que tous ces projets étaient en train de se concrétiser, de prendre forme, non seulement il allait se débarrasser de son pire ennemi, mais il saurait aussi pour de bon façonner son fils à sa propre image, une entreprise qui lui tenait très à coeur, et qu'il était ravi de pouvoir mettre en oeuvre. Enfin. Il le tenait, il les tenait, et décrire au jeune homme les tenants et aboutissants de son plan lui faisait le plus grand des plaisirs. A la réponse "Comment", il ne manqua pas, donc, de lui apporter une réponse qui ne tolérait aucune omission. Pour une fois, Norman n'avait pas l'intention de cacher quoi que ce soit à sa progéniture.
- Nous ne sommes pas les seuls à vouloir la peau de l'homme-araignée, répondit-il alors d'un ton confiant. Et il pouvait l'être, bien sûr, car il était évident que le justicier ne pouvait pas s'être fait que des amis en enfilant son masque de super-héros. D'autres "super-vilains" le souhaitent également... C'était après tout le nom qu'on leur attribuait, même si Norman n'aimait pas cette appellation. Etre qualifié de "vilain"... ce n'était jamais qu'une question de perspective, après tout. Enfin... Je compte allier nos forces afin de nous débarrasser au plus vite de ce problème. Il marqua une légère pause avant d'ajouter, toujours confiant. Il est grand temps de réduire Peter Parker au silence une bonne fois pour toutes. Crois-moi, je le désire autant que toi. Plus encore aujourd'hui qu'hier.
C’était la première fois qu’Harry avait cette sensation avec son père, celle d’être… soutenu. C’était vraiment particulier et c’était horrible en un sens de se dire que Gwen avait dû mourir pour que ça arrive. Mais en cet instant précis, cela faisait vraiment beaucoup de bien à Harry de sentir le soutien de son paternel. De l’entendre dire qu’ils allaient tous les deux vaincre Spider-Man, qu’ils allaient lui faire payer ce qu’il avait fait. Sauf qu’à eux deux, ça n’allait pas être pour autant évident de l’arrêter. Mais ils ne seraient peut-être pas seuls. Norman lui apprit qu’il y avait d’autres personnes qui avaient une dent contre Spider-Man, d’autre super-vilains comme eux. Parce que c’était ce qu’ils étaient après tout. Même si Harry avait tenté de se convaincre du contraire pendant tout ce temps, même s’il avait cherché à prouver qu’il n’était pas comme son père, maintenant il ne pouvait plus nier les faits. Il était un super-vilain, il était le Hobgoblin. Maintenant, il ne pouvait vraiment plus revenir en arrière. Surtout que maintenant… maintenant… Gwen n’était plus là. Osborn continua d’expliquer à son fils qu’il avait envie d’allier les forces des ennemis de Spider-Man, dans le but de le faire tomber. Harry ne pouvait que considérer qu’ils avaient besoin d’aider en effet pour vaincre leur ennemi en commun, parce qu’ils avaient tenté de le faire depuis un moment. Encore là… Harry avait été incapable d’affronter complètement Peter Parker.
Et quand Norman Osborn affirma qu’il était grand tant qu’il soit réduit au silence, qu’il le désirait plus que tout, plus encore maintenant qu’avant, Harry ne pouvait pas s’empêcher d’être touché par ces propos. C’était vraiment la première fois que le jeune homme avait le sentiment d’être compris par son paternel, d’être sur la même longueur d’onde. Est-ce que son père voulait vraiment dire qu’il cherchait à venger la mort de Gwen ? Que le fait que la jeune fille soit morte, ça le poussait encore plus à agir contre leur ennemi commun. Il ne savait pas vraiment, mais en cet instant précis Harry avait vraiment envie de le croire. Et mine de rien, ça faisait vraiment du bien à Harry de sentir le soutien de son père.
« C’est vraiment ce que tu veux ? » Demanda-t-il tout de même, ne pouvant pas s’empêcher de se questionner quand même. Parce qu’il n’avait pas l’habitude d’être sur la même longueur d’onde que son père, d’aller sur le même chemin que lui. « Je veux détruire Peter Parker, je veux qu’on le détruise ! »
Là, tout de suite, le jeune homme avait vraiment envie de réduire à néant son ennemi, ce Peter Parker, en compagnie de son père. Pour un fois, il avait envie de faire quelque chose avec Norman Osborn, il avait envie qu’ils fassent quelque chose ensemble, « main dans la main » et si c’était en plus pour détruire celui qui était responsable de la mort de la fille qu’il aimait (parce que c’était ainsi qu’il voyait les choses), c’était encore mieux.
n ne pouvait sans doute pas concevoir comportement plus ignoble et amoral que celui d'un père profitant de la détresse de son enfant, de son désespoir profond, pour se jouer de lui et le manipuler à sa guise, mais c'était ainsi : Norman n'avait jamais vraiment fait dans la moralité quand il s'agissait de dépasser le stade des apparences. Cette fois-ci ne devait donc, tout naturellement, pas faire exception, bien au contraire. Norman tenait loà une opportunité en or de faire d'une pierre deux coups : achever de façonner Harry à sa propre image et se débarrasser de son ennemi le plus coriace, qu'il daignait qualifier de Nemesis, quand bien même il était assez rageant de se dire que son Nemesis en question faisait plus de la moitié de son âge. Il y a plus valorisant, nous sommes bien d'accord. Quoi qu'il en soit, le PDG d'Oscorp était véritablement ravi de la tournure que prenait la situation. A ses yeux, la mort de la jeune Stacy n'avait eu que des avantages. Ce qui est certain, c'est qu'il ne pleurerait pas sur son sort, bien au contraire. Il lui avait rendu Harry tel qu'il aiurait toujours aimé le connaître, et tout semblait possible, dorénavant, il savait envisager le meilleur. Et la réaction de Harry l'encourageait à imaginer la suite sous les meilleurs auspices envisageables. Ses plans se concrétisaient et il se sentait capable de soulever des montagnes, son projet, la fondation des Sinister Six était en train de grandement s'approcher de ce que l'on pourrait considérer de plus concret, ce n'était bien évidemment pas pour lui déplaire. Il était grand temps, en effet, de prendre leur revanche sur le super-héros qui trop longtemps leur avait causé du tort. L'heure était venue, et plus que bienvenue.
Norman hocha la tête quand Harry lui demanda si c'était vraiment ce qu'il voulait. Oui, c'était ce qu'il voulait, et depuis bien longtemps, maintenant. L'on dit bien souvent que rien ne rapproche plus les individus entre eux qu'un ennemi commun. Cette sentence ne saurait être contredite en cet instant possible. Leur haine commune envers Spider-Man était sans doute la seule chose capable de mettre définitivement le père et le fils d'accord ensemble.
-Nous allons le détruire, assura-t-il, parfaitement sûr de lui. Et le plus tôt sera le mieux. Car il avait traîné dans leurs pattes bien assez longtemps. L'heure était venue de payer, maintenant, de rentre des comptes. Tu accepterais de m'aider à recruter nos futurs coéquipiers ? demanda-t-il alors, convaincu, au vu de sa réaction, du fait que cette idée avait réellement su parler au jeune homme et le convaincre.
Ils seraient plus efficaces à deux que si Norman devait se charger seul du recrutement, là-dessus, aucun doute possible. Alors autant faire les choses bien, et apprendre à collaborer, après ce semblant de réconciliation.
Harry ne pouvait que savourer d’entendre son père lui affirmer qu’ils allaient détruire Spider-Man. Pour la première fois de sa vie, le jeune homme avait le sentiment d’être soutenu par son père. C’était un peu comme si pour la première fois en dix-sept ans – parce que leur relation était tendue depuis toujours donc – son père le comprenait et il comprenait son père, comme s’ils avaient enfin une relation tous les deux. Et mine de rien, ça lui faisait énormément de bien. Au point qu’il se disait que oui, ils pouvaient vraiment avoir quelque chose à faire tous les deux. Gwen était morte, Harry avait envie de se venger de Peter Parker, il appréciait de pouvoir compter sur Norman pour ça. Alors oui, le jeune homme ne devrait sans doute pas se laisser aller comme cela au rapprochement avec son père, mais en même temps il n’y pouvait rien. Il avait besoin de ne pas être tout seul, il avait besoin de pouvoir compter sur quelqu’un, et si c’était sur son père c’était encore mieux. Il avait attendu ça depuis toujours. Même si ce n’était clairement pas comme il le faudrait, qu’ils ne devraient pas accepter la situation telle qu’elle était, Harry était tout bonnement perdu. Il se laissait entièrement emporter par le Hobgoblin, par son envie de se venger et tout simplement son désespoir d’avoir perdu Gwen. De l’avoir perdu en sachant parfaitement qu’elle le détestait. Ce n’était pas tout à fait le cas, puisqu’en réalité la jeune femme n’était pas morte comme il le pensait. Mais cela n’enlevait pas le fait qu’elle le détestait dans tous les cas, parce qu’il avait tué son père.
Quand Norman lui demanda s’il accepterait de l’aider à recruter leurs futurs coéquipiers, ce fut de nouveau une demande qui chamboula le jeune homme. Il ne fallait clairement pas grand-chose en ce moment, forcément, mais en même temps c’était incroyable. Son père ne se contentait pas de lui demander de le faire, de le forcer à le faire, comme il l’avait forcé à devenir le monstre qu’il était à présent pleinement sans lui demander son avis. Il lui demandait de l’aider. La morte de Gwen était la pire chose qui aurait pu lui arriver, mais le comportement de son père était la meilleure… au point qu’Harry ne pouvait que se sentir complètement perdu.
« Bien sûr, je vais t’aider. » Parce qu’il avait à cœur de travailler main dans la main avec son père afin de tuer Peter Parker, parce que Spider-Man devait mourir, il était important qu’il meure. « Tu veux recruter qui ? »
Il allait dans tous les cas prendre vraiment sa tâche au sérieux, en grande partir parce qu’il souhaitait rendre son père fier de lui. Il avait perdu la femme de sa vie, il avait perdu un ami dans la manœuvre également, il avait le sentiment d’avoir tout perdu, mais en contre-partie, il avait le sentiment d’avoir trouvé son père. C’était comme si pour la première fois de sa vie, il était sur la même longueur d’onde avec lui.
n'importe qui d'autre qu'à eux, ces circonstances ne sembleraient certainement pas propices au moindre rapprochement entre le père et son fils. Après tout, si Gwen était morte (du moins croyaient-ils tous les deux qu'elle l'était, à l'heure actuelle), c'était bien parce que Norman avait joué avec la vie de son fils et lui avait injecté le sérum qui avait de toute évidence pris à présent une place prépondérante dans son organisme... Mais ce n'était pas vers lui que les reproches fusaient, c'était vers l'ennemi commun, Spider-Man. On dit souvent que rien ne saurait plus rapprocher deux êtres que la haine qu'ils pourraient tous deux éprouver envers une tierce personne, l'affection s'épanouit dans l'adversité. C'était l'entière vérité, dans leur cas. Norman ne s'était jamais senti à ce point proche de Harry, et très franchement, il en était heureux. Il n'en donnait pas forcément l'impression, mais il tenait à son fils. A sa manière bien à lui, c'est vrai, mais il y tenait tout de même, et s'il s'était toujours montré trop exigeant avec lui, c'était dans l'attente de ce jour où, tous les deux, atteindraient ce terrain d'entente où ils s'étaient à présent retrouvés tout à fait. En cet instant, Norman était on ne peut plus fier de sa progéniture, et il le promettait, qui plus est, à de grandes choses. Tout n'était pas gagné encore, mais s'il poursuivait sur cette voie, l'homme serait parvenu à ses fins : façonner son fils à son image. Restait l'ultime mise à l'épreuve, et elle allait reposer maintenant sur leur capacité à fonder ensemble les Sinister Six. S'ils y parvenaient, s'il réussissaient de surcroît à se liguer contre l'homme-araignée, alors ils auraient tout gagné.
-Nous serons six en tout, répondit donc Norman pour satisfaire à la curiosité de son interlocuteur. Il avait déjà longuement réfléchi à tout cela, et il savait déjà très exactement de qui serait composée son équipe. Du moins si les principaux concernés acceptaient son offre. Il passa donc en revue les différents "super-vilains" (ce n'était jamais qu'un terme et une question de perspective, au passage) qu'il avait dans sa ligne de mire et qui pourraient lui garantir une équipe digne de ce nom, digne de sa mission, qui saurait rapidement se débarrasser de l'araignée gêneuse. Je pense au Dr Octopus, à l'Homme-Sable, à Venom et à Electro.
Leurs forces combinées ne pourraient laisser aucune chance au super-héros (une fois encore, question de perspective). Le chef d'entreprise en était intimement convaincu. Restait à convaincre tout ce beau monde de s'allier à eux, mais il ne pensait pas l'affaire si infaisable. Ils avaient en commun la même haine pour Peter Parker, et à ce titre, leurs ambitions se rejoindraient aisément. Ceci fini, chacun pourrait bien reprendre le cours de son existence.
Harry, en cet instant précis, ne s’était jamais senti aussi proche de son père. Ce n’était pas forcément le moment en soit, parce que Gwen venait de mourir. Mais justement, le jeune homme avait besoin du soutien de son paternel, il avait besoin que son père lui apporte son soutien et son aide dans cette épreuve. En d’autres circonstances, si le sérum de Norman Osborn ne s’était pas autant intégré à l’organisme du jeune homme, ce dernier aurait sans doute décidé de considérer son père responsable de ce qui venait d’arriver. Après tout, si l’homme n’avait pas décidé de le transformer en super-vilain, comme c’était le cas maintenant, ils n’en seraient pas là. Si Norman n’avait pas ingéré ce sérum dans ces veines, il ne serait pas devenu le Hobgoblin et Gwen ne se serait jamais retrouvé sur ce planeur et elle n’aurait jamais fait cette chute mortelle. Mais non, Harry se concentrait pleinement sur Spider-Man qu’il considérait comme responsable de son malheur, de la mort de celle qu’il aimait. Et concrètement, savoir qu’il allait pouvoir faire tomber son ennemi avec l’aide de son père, ça ne pouvait que lui plaire.
Son père lui appris alors qu’ils allaient être six au total, nommant ensuite les super-vilains qu’il avait dans l’idée de recruter. En soit, Harry n’avait pas grand-chose à dire à ce sujet. Le jeune homme connaissait ces personnes de réputation, sans pour autant les connaître personnellement. Mais il savait surtout que Spider-Man les avait déjà combattus. Évidemment, Harry suivait quand même les actualités et il avait entendu que ces vilains avaient combattu l’homme-araignée. Ils devaient avoir quelque chose contre lui alors, donc ça devrait être facile de les convaincre.
« D’accord. » Dit-il simplement, maintenant qu’il connaissait les noms des personnes que son père avait l’intention de recruter. Il n’avait pas vraiment son mot à dire, même s’il osait croire que son père apprécierait quand même d’avoir son avis. Il n’y pouvait rien, mais en même temps il ne pouvait pas s’empêcher d’appréciait cette nouvelle relation qu’ils allaient pouvoir avoir. « Tu leurs ferais confiance ? » Demanda-t-il d’un ton sérieux. Mine de rien, Harry se retrouvait soudainement bien serein, bien sérieux, malgré la situation. Mais parce qu’il entrevoyait la possibilité de faire tomber Spider-Man. Il devait se rendre à l’évidence, il n’allait pas y arriver seul. Et même avec l’aide de son père, ce n’était pas dit qu’ils parviennent à s’en sortir tous les deux. Par contre, à six, c’était quand même autre chose. « Tu as l’intention de leur dire qui on est ? »
Est-ce qu’il prendrait le risque de révéler leurs identités. Harry n’était pas fou, même si maintenant il savait que Peter Parker connaissait son nom, il ne devait pas prendre le risque que trop de personne soit au courant. Mais c’était encore plus le cas concernant son père. Norman Osborn avait beaucoup à perdre si on découvrait qu’il était le Bouffon Vert, il y avait Oscorp en jeu quand même.
our commencer, Harry se contenta de répliquer un simple d'accord, que le chef d'entreprise choisissait d'interpréter comme une excellente réaction, en l'occurrence. Il était sûr de ses choix et n'aurait pas apprécié que son fils le contredise, c'est certain (et il ne l'aurait peut-être pas laissé le contredire), mais il aimait bien davantage le fait que son fils l'écoute et l'approuve. Pour une fois, ils faisaient front commun et non opposé, ils se mettaient d'accord, ils avaient les mêmes projets et étaient sur la même longueur d'onde, et cela, l'air de rien, pour Norman, ça n'avait pas de prix. Il était convaincu qu'en rassemblant leurs forces et en se servant de celle des autres, ils seraient réellement capables d'aller très loin et de mettre à mal leur ennemi en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Le projet était viable, et ils semblaient parfaitement raccords sur ce point, restait à en décider les détails, et Norman apprécia sincèrement de voir Harry si investi à l'ouvrage. Bien sûr, il savait que la mort de son amie y était pour quelque chose et que sans cela, il ne lui serait sans doute pas revenu si déterminé, mais les circonstances de ses choix et décisions n'avaient pas grande importance, au bout du compte. Ce qui importait, c'était le résultat, et ils y tenaient l'un comme l'autre. Voilà trop longtemps que l'araignée dominait la ville et prenait le soin le plus minutieux du monde à saper tous leurs beaux projets, il était grand temps de lui rendre la monnaie de sa pièce, et avec les intérêts, si possible, tant qu'à faire.
-Leur faire confiance serait une erreur, reconnut Norman, car en effet, les individus auxquels il comptait faire appel étaient soit instables soit pourris jusqu'à la moelle, il n'allait donc pas être une mince affaire de réussir à mettre ce beau monde d'accord, mais c'est la carotte qui fait avancer l'âne, et Norman Osborn savait parfaitement se montrer dur en affaires. Et ils ne nous feront pas confiance non plus. Mais si nous ne parvenons pas à les tenir par la simple promesse de faire disparaître Spider-Man pour de bon, nous pourrons toujours utiliser d'autres moyens. Tout le monde a un talon d'Achille, il suffit de trouver lequel. Et ce n'était pas forcément difficile pour lui que de faire cela, d'autant que Norman Osborn employait ce genre de méthodes peu recommandables très régulièrement au sein d'Oscorp, c'était comme cela qu'on faisait taire les gêneurs et que l'on écrasait la concurrence. Par contre, nous aurons sans doute à révéler nos véritables identités, en effet. Tout comme ils connaîtraient les leurs. C'est un maigre compromis si nous voulons obtenir ce que nous désirons.
Ce n'était pas sans risque, oui, mais le jeu en valait la chandelle.
En un sens, entendre son père affirmer que s’ils leur faisaient confiance, ça serait une erreur, cela ne pouvait que rassurer Harry. On ne pouvait pas dire qu’il soit vraiment fait pour le travail d’équipe, que ça soit Harry ou que ça soit son double. Il n’aimait pas travailler avec les autres – si on pouvait appeler ça un travail évidemment – c’était déjà un grand pas qu’il faisait pour faire équipe avec son père. Bon, en même temps, Norman Osborn n’avait rien fait en réalité pour attirer sa confiance, mais les choses avaient changé au fil du temps. L’homme précisa qu’ils ne leur feraient pas confiance non plus, ce qui était logique en soit. Mais en même temps, le jeune homme comprenait bien qu’ils allaient reposer tout cela sur le simple fait qu’ils avaient envie de tuer Spider-Man. Tant qu’il allait falloir tuer Spider-Man, ils allaient avoir le même objectif et donc ils n’auraient aucune raison de ne pas avancer ensemble. Surtout que Norman avait l’intention de trouver leur talon d’Achille affirmant que tout le monde en avait. Cela, le jeune homme savait que son père excellait dans la matière. Il avait eu à faire à ses talents, à la manière dont il n’avait pas manqué d’utiliser Gwen contre lui. Ce qu’il avait encore fait maintenant soit-dit en passant.
Harry ne manquait donc pas d’être rassuré. Parce que même s’il acceptait, en un sens, de faire équipe avec son père, et qu’il savait qu’ils avaient besoin de ces autres super-vilains pour arrêter Spider-Man, ce n’était pas non plus une partie de plaisir de faire tout ça. La seule chose qu’il voulait, c’était arrêter l’homme-araignée. Tant que ce dernier allait crever pour ce qu’il avait fait – parce que Harry ne pouvait que le considérer encore comme le responsable – ça lui convenait. Même s’il devait donc faire des efforts, en faisant équipe avec son père, en faisant équipe avec ces super-vilains, en révélant son identité.
« Si on n’a pas le choix. » Dit-il alors dans un soupire, ne cherchant pas à contredire les propos de son paternel. Il n’avait pas le choix en effet, parce qu’ils devaient bien trouver un moyen d’arrêter Spider-Man et si pour cela il devait donc donner son identité à ceux avec qui ils allaient s’allier… eh bien soit. « Tu as déjà des informations sur eux ? »
Son père semblait en tout cas parfaitement renseigné et il avait en tout cas vraiment réfléchit à toute cette affaire. Il avait prévu de monter ce groupe, avant de lui en parler. Il connaissait suffisamment son père pour savoir qu’il ne mettait absolument rien sur le compte du hasard, qu’il prenait des décisions réfléchis (parfois qui n’allait pas du tout dans le sens que Harry aurait aimé mais soit). Autant dire que Harry se doutait que son père avait déjà beaucoup d’information sur les différents éléments du groupe qu’il avait l’intention de fonder et de digérer. Il avait déjà le nom des membres après tout, de ceux qu’il espérait recruter. Donc il avait réfléchi à la question.
orman ne fit pas cas du léger soupir que poussa son fils, il ne s'attendait pas à ce qu'il accepte pleinement le compromis auquel ils allaient être contraints, mais au moins il ne le rejetait pas, et c'était déjà beaucoup en réalité. Il est vrai qu'accepter de révéler leur véritable identité à des criminels notoires pourrait leur retomber dessus, mais il ne s'inquiétait pas outre mesure, néanmoins, il considérait prendre suffisamment de précautions pour que ce ne soit pas réellement un souci. Et c'était un échange de bons procédés, après tout, puisqu'eux-mêmes sauraient tout de leurs futurs alliés, qui ne le seraient bien sûr que le temps pour eux de se débarrasser de leur ennemi commun, ce qui n'était pas rien, cela va sans dire. Norman hocha la tête, confiant, quand son fils lui demanda s'il avait déjà des informations sur les super-villains qu'il comptait débaucher. Il y travaillait depuis un petit moment, alors l'affaire avançait effectivement bien, même s'il lui restait tout de même des efforts à fournir, mais il n'aurait pas évoqué ses plans en présence de Harry s'ils n'étaient pas déjà sérieusement élaborés. Ceci dit, il était loin d'avoir encore abouti au résultat qu'il recherchait, il lui restait encore des informations à recueillir, et à ce titre, Harry pourrait bien lui être très utile.
-Je connais leur véritable identité, et pour la plupart, leurs faiblesses. Ces moyens par lesquels ils pourraient lus aisément les faire chanter, donc, ce qui lui semblait indispensable pour bien faire les choses. Il n'avait pas été simple de glaner toutes ces informations, mais Norman avait ces avantages que communiquent l'argent, le pouvoir et les réseaux étendus. Disposant des trois à la fois, obtenir ce qu'il désirait avait certes demandé du temps, mais n'avait rien eu d'impossible pour autant. Mais il reste quelques détails à creuser encore, il ne nous faut rien négliger.
Car justement, c'était leur réputation, leur liberté et leur succès qui étaient en jeu, il ne s'agissait pas de laisser quoi que ce soit au hasard, il fallait être efficace et attentif. Ils étaient bien placés pour savoir que le type d'individus dont ils allaient s'entourer n'auraient rien de fiables, en aucune manière. Ils sauraient s'entendre sur leur intérêt commun, certes, mais Norman était convaincue que cette joyeuse compagnie n'hésiterait pas à se tirer dans les pattes ne serait-ce que pour avoir le privilège d'affirmer que c'étaient eux qui avaient eu le privilège de mettre un terme à la vie de l'homme-araignée. Norman ne pensait pas différemment d'ailleurs, même s'il savait qu'il lui fallait s'entourer, il n'avait pas spécialement envie de partager ses lauriers le moment venu, si ce n'est avec son fils, quoi que ce dernier puisse en croire ou en penser par ailleurs.
Harry n’était même pas surpris au final de l’avancé du plan de son père concernant ce groupe de super-vilain qu’il avait l’intention de fonder, afin d’arrêter l’homme-araignée. Il savait que son père était un homme méticuleux, particulièrement réfléchi et qui ne laissait rien au hasard. En un sens, le jeune homme pourrait se sentir blessé de découvrir que son père avait déjà prévu tout cela sans lui en parler mais... eh bien, en fait, ce n’était pas du tout le cas. Au fond, le jeune homme se disait surtout qu’il avait envie de faire partie de ce plan et qu’il appréciait que son père pense à lui dans le but de faire tomber Spider-Man. Le Hobgoblin avait conscience qu’il ne pouvait pas parvenir à tuer Peter Parker tout seul, qu’il avait besoin d’aide. Pour le nombre de fois où il s’était retrouvé en face de son ancien ami, sans que ce dernier ne sache encore qui il était. Il avait besoin d’aide et il ne pouvait pas forcément que compter sur celle de son père, il avait besoin des autres aussi. Alors oui, ils allaient faire ça et ils allaient le faire bien.
Norman Osborn avait donc des informations sur leur futur camarade, leur identité secrète, la faiblesse de certain. Autant dire que l’homme ne mettait vraiment pas les choses au hasard. Le jeune homme ne pouvait pas nier qu’il appréciait que son père soit au courant de tout cela, connaître la faiblesse de ses amis était aussi important que celle de ses ennemis. Harry s’étonnait même lui même de penser cela, mais au fond, il ne pouvait plus faire comme si ses pensées étaient les siennes entièrement à présent. Les autres super-vilains allaient donc sans doute devoir apprendre leur identité, mais ce n’était qu’un maigre compromis. Et question faiblesse... Harry venait de perdre la seule faiblesse qu’il avait encore. Il l’avait détruit tout seul, comme un grand.
« Tu vas leur dire que Spider-Man est Peter Parker ? » Demanda-t-il alors, en espérant entendre son père lui dire non.
Parce qu’il avait conscience qu’ils devaient avoir de l’aide des autres, mais il y avait certaines choses qu’il avait quand même envie de garder pour eux. Parce qu’il devait y avoir quelqu’un qui tue Peter, ça devait être lui. Il ne pouvait pas arriver seul, mais il avait envie d’être celui qui donnerait le coup de grâce à son ancien ami. Tout simplement parce qu’il l’avait privé de celle qu’il aimait, de celle qui faisait battre son cœur. Harry se perdit un instant dans les images de ce moment, quand il était sur son planeur avec Gwen et que Peter se trouvait juste là. Il repensa soudainement à quelque chose.
a question de Harry était plus que pertinente, il faut bien le reconnaître, et Norman ne pouvait nier qu'il n'avait pas manqué, et à plus d'une reprise, de se la poser très sincèrement dès lors que lui était venue à l'esprit l'ambition de fonder les Sinister Six. Connaître la véritable identité de l'homme araignée était une chance, un atout majeur. Le partager avec les autres, c'était peut-être augmenter leurs chances d'en finir le plus rapidement possible avec leur ennemi commun... mais c'était peut-être aussi courir le risque de se faire couper l'herbe sous les pieds. C'était le soucis de s'associer avec des super-vilains. Par essence, il était manifeste qu'on ne pouvait pas leur faire confiance. Et même si leur association devait fonctionner car ils seraient mus par un projet commun, il était assez évident qu'elle ne serait jamais qu'un feu de paille. Alors oui, il y avait du bon et du mauvais dans le fait d'apprendre la double-identité de Spider-Man au reste du groupe, mais à dire vrai, Norman était déjà décidé. Après mûre réflexion, il pensait avoir fait le choix le plus avisé et le plus indiscutable, et connaissant son fils, il doutait fort que ce dernier le lui reproche ou considère cette décision comme hâtive et irréfléchie. Ce n'est pas qu'il avait nécessairement besoin de l'aval de son fils, il s'en était passé bien souvent. Mais dans l'idéal, puisqu'il s'était mis son fils dans la poche, ce qui n'était pas arrivé depuis bien longtemps, il n'avait pas la moindre envie de voir la tendance s'inverser, c'était même hors de question.
-Je pense qu'il est préférable de garder cette information pour nous.
Autrement dit, mieux valait également que Harry n'en dise rien à leurs futurs partenaires, mais il était convaincu que Harry n'en avait eu ni l'envie, ni l'intention. Oui, la véritable identité de Spider-Man était une clé précieuse pour le reste, on ne pouvait le nier, mais c'était une clé qu'ils pouvaient bien se résever à eux seuls. Et par ailleurs, faire valoir le fait qu'ils savaient qui se cachait sous le masque pourrait fédérer les super-vilains autour d'eux, ce qui n'était pas un mal non plus.
Ce fut alors que Harry apprit une information à son père qui eut le don de rembrunir quelque peu ce dernier. Ah... il savait sa véritable identité, à présent. Voilà qui compliquait l'affaire. Ce qui avait été leur avantage ne l'était plus tant à présent, et bien au contraire, semblait se changer en tare.
-Alors, il sait sans doute également qui je suis, répondit-il, car faire le lien entre eux n'était en soi pas si difficile. Il marqua une légère pause. Depuis quand ?
Il osait croire que c'était lié aux récents événements qui avaient impliqué Gwen Stacy. Il le fallait, pour qu'ils aient encore le temps de limiter la casse.
Harry avait son propre avis sur la question, mais puisque c’était son père qui avait décidé de créer ce groupe... eh bien, il attendait de savoir ce qu’il avait envie de faire concernant l’identité de Peter Parker. Le fait de connaître l’homme sous le masque, ça e pouvait que leur donner un avantage – et malheureusement, ce dernier avait aussi le même avantage les concernant – et le groupe des Sinister Six que son père avait envie de mettre en place gagnerait à le savoir. Si les autres membres le savaient, il n’y avait pas de raison qu’ils ne parviennent pas à l’arrêter, il était facile de trouver ses points faibles. Les personnes qu’il aimait par exemple, comme Gwen – cette pensée serra le cœur de Harry – mais elle c’était d’ores et déjà terminé. Peter avait d’autres proches, sa tante que Harry avait déjà eu l’occasion de rencontrer. D’autres amis. Ils avaient une foule de possibilité de toucher Peter Parker avant de toucher Spider-Man. Alors oui, leurs camarades ne pourraient qu’y gagner, mais le jeune homme n’avait aucune envie de leur apprendre la vérité. Pour la simple et bonne raison qu’il avait envie de garder ça pour lui, il avait envie d’être celui qui allait prendre la vie de Peter Parker. D’accord, il avait conscience qu’il allait devoir se lier avec d’autres pour arriver à le vaincre mais ça ne voulait pas dire que le jeune homme ne pourrait pas lui apporter le coup de grâce. Bien au contraire. Il fut donc ravi d’entendre son père affirmer qu’il était préférable de garder cette information pour eux. C’était impressionnant à quel point ils étaient sur la même longueur d’onde en ce moment... c’était la première fois qu’ils parlaient autant sans se prendre la tête. S’il avait fallu que Gwen meurt pour ça...
En espérant que ça dur, puisque la révélation de Harry n’avait rien de bonne. Le jeune homme savait bien que son géniteur n’allait pas apprécier de savoir que Spider-Man savait qui était derrière le masque du Hobgoblin. Quand Norman lui demanda depuis quand... le jeune homme ne put s’empêcher de se perdre un instant dans ses pensées, alors qu’il revoyait la scène, qu’il repensait à Gwen, qu’il la voyait de nouveau tomber, de nouveau mourir. Il mit quelques secondes à revenir sur terre, relevant ses yeux vers son paternel.
« C’est... » Sa voix peinait à sortir de sa gorge, tant celle ci était serrée, tant sa voix était roque. « C’est elle qui m’a reconnu avant de... »
Il ne dit pas plus, il ne pouvait rien dire de plus.
omment Gwen Stacy avait-elle réussi à reconnaître Harry sous le masque du Hobgoblin ? Norman n'en savait rien, mais au fond, ça n'avait pas grande importance. Le PDG d'Oscorp se satisfaisait de ce qu'il entendait dans cette affirmation, à savoir que Peter Parker n'était au courant que depuis peu de même, ce qui leur laissait tout de même une plus grande marge de manoeuvre que si cela devait dater depuis plus longtemps. Certes, cela n'ôtait rien au fait qu'ils venaient de perdre l'un de leurs plus nets et évidents avantages, mais ils avaient plus d'une carte dans leur manche, et la coalision qu'ils avaient l'intention de constituerait saurait bien palier à ce petit désagrément. Norman pourrait bien réprimander Harry, mais pour une fois, il n'en avait pas l'intention. Il avait bien conscience du fait qu'il lui avait fallu perdre la jeune femme qu'il avait aimé pour véritablement épouser sa vraie nature sans plus aucune réserve, et si, pour que Harry s'approprie entièrement le Hobgoblin, il fallait que leur double identité soit dévoilée, alors ce n'était qu'une maigre contrepartie par rapport à ce qu'ils pourraent bien obtenir. Norman se contenta donc de hocher doucement la tête avant de prononcer quelques mots pour le moins pragmatiques.
-Il fallait bien que ça arrive à un moment ou à un autre, constata-t-il lucidement.
Pas la mort de Gwen Stacy, bien sûr, même si c'était peut-être une condition sine qua non indispensable. Après tout, il fallait être solitaire, il fallait perdre ce qu'on avait de plus cher pour autoriser ses émons à vous consumer si aisément. Norman en savait quelque chose, après tout. Lui aussi avait perdu la femme qu'il aimait. Ceci dit, il parlait bien évidemment de la révélation de leur identité. L'anonymat était pratique et confortable, mais il aurait été utopiste de s'imaginer qu'ils seraient capables de le conserver jusqu'au bout. Maintenant, il ne servait à rien de se braquer ou de regretter, loin s'en faut, il fallait aller de l'avant et tourner les inconvénients en avantage. En se braquant, il allaient donner des points d'avance à l'ennemi. Et ce n'était bien évidemment pas ce qu'ils souhaitaient l'un et l'autre.
-Tu ferais bien d'aller te reposer, tu as eu une journée éprouvante, ajouta-t-il en déposant ses mains sur les épaules de son fils, d'un ton très paternel auquel il ne l'avait pas du tout habitué.
Norman était peut-être un homme cruel et froid, mais quelque part, et même s'il l'avait toujours très mal montré, il aimait réellement son fils, il l'aimait assez pour se soucier de son état, pour lui souhaiter d'aller mieux, même si les conditions qu'il considérait être celles de son bonheur ne seraient jamais admises comme telles par beaucoup.