De sa petite enfance, Scott ne garde que quelques bribes de souvenirs : des images, des sons, des impressions… son vélo rouge, reçu pour ses cinq ans, la berceuse de sa mère, sa fierté lorsqu’il s’asseyait aux commandes de l’avion de son père. Des images qu’il chérit précieusement, étant donné que c’est tout ce qu’il lui reste de la mort de ses parents, survenu avec la chute de l’avion familial. Son père était un pilote doué, dont il a d’ailleurs hérité les capacités, mais cela ne suffit pas à redresser l’avion. Pour sauver son frère et lui, leur mère les attacha à un parachute, espérant ainsi assurer leur survie. Malheureusement le parachute prit feu, précipitant les deux enfants vers le sol. C’est là que le pouvoir du jeune mutant se déclencha pour la première fois, ralentissant leur chute suffisamment pour qu’Alex, son cadet, s’en sorte indemne. Lui n’eut pas la même chance, se cognant violement la tête, assez pour perdre définitivement sa capacité à contrôler son pouvoir.
Il passa un an dans le coma, se réveillant uniquement pour apprendre que son frère avait été adopté depuis longtemps. Le choc fut rude, l’impression de perdre, à nouveau, un membre de sa famille.  Scott, quand à lui, fut envoyé dans un orphelinat du Nebraska, n’ayant désormais plus de parents, plus de proches, et nulle part où aller. Il n’était qu’un enfant, après tout.
De son pouvoir, qui lui avait sans doute permit de sauver la vie de son cadet et la sienne, il ne dit pas un mot. Peut-être que s’il n’y pensait plus, cela disparaîtrait comme c’était venu. Se sentir différent en étant orphelin était déjà bien assez, et clairement, il ne voulait pas un pseudo-don auquel il ne comprenait rien. Il passa le reste de son enfance dans cet établissement, sans trop savoir ce qu’il deviendrait, se contentant de vivre au jour le jour. Il s’y fit des copains, suivaient les cours, s’acharnant à mener une existence qualifiée de normale, tout du moins, la plus normale possible étant donné les circonstances. Luttant dès l’adolescence contre de multiples maux de tête et douleurs aux yeux, il s’efforça de ne le dévoiler à personne. Ses pouvoirs, demeuré jusqu’à présent cachés, se révélaient petit à petit, chose qu’il s’efforça d’ignorer plus ou moins. Mais il dut bien se rendre à l’évidence qu’il ne pouvait pas mener une vie tout à fait normale, quand son rayon optique se déclencha subitement en pleine ville, brisant une grue et menaçant la vie de centaines de personnes. Il les sauva, mais n’eut d’autre choix que de s’enfuir s’il ne voulait pas être lynché par ceux qu’il avait menacé sans le vouloir.

Incapable de maîtriser son pouvoir, perdu et choqué par cette révélation et doutant de qui il était, terrorisé par l’idée de blesser qui que ce soit, le jeune mutant finit par tomber sur le professeur Xavier qui, lui aussi avait entendu parler des dons du jeune garçon. Il lui proposa d’intégrer son école et de l’aider à dompter son pouvoir, lui révélant sa nature de mutant. Comment aurait-il pu refuser, alors qu’il se savait être un danger pour les autres à cause de son incapacité à réfréner ses pouvoirs ?
Mais malgré l’aide de Charles Xavier, les choses empirèrent pour Scott, qui ne pût bientôt même plus ouvrir les yeux sans que son pouvoir se déclenche inopinément. Heureusement, le port de lunettes en quartz de rubis pallièrent au problème, afin qu’il puisse vivre un peu plus normalement. Mais pour autant, il se sentait toujours incapable de vivre au milieu des gens en raison du danger qu’il pouvait représenter pour eux. Il accepta la proposition de Xavier de rejoindre son équipe de jeunes mutants, et, plus tard, son équipe de professeurs au sein de l’institut Xavier. Il n’avait qu’à s’imaginer sa terreur et son incompréhension lorsque son pouvoir s’était déclenché pour vouloir aider d’autres jeunes mutants, sans doute aussi perdus et terrorisés que lui-même.
C’est au sein de l’école qu’il rencontra Jean Grey, une mutante tout comme lui. Timide et incapable de se sentir en confiance à cause de son impossibilité de maîtriser son pouvoir, il n’osa pas lui avouer ses sentiments, préférant les cacher sous une bonne dose de froideur et de distance. Il ignorait totalement que la jeune femme ressentait la même chose que lui, et il leur fallut de longs mois pour s’apprivoiser et enfin oser révéler l’un à l’autre la nature de leurs sentiments. Jean avait fait le premier pas et rien que pour ça, il lui en était extrêmement reconnaissant.

Depuis, Scott a pris confiance en lui, loin de ces années où il se sentait complètement terrifié à l’idée d’avoir un pouvoir qui se déclenchait un peu tout seul. Evidemment, le fait de ne pas parvenir à le maîtriser continuait à lui peser, mais il apprit à le cacher et à devenir le leader suppléant des X-mens, cette équipe que le professeur Xavier avait mise sur pied.

Cyclope est un pacifiste : il n’a rien de violent, même s’il sait parfaitement combattre quand le moment est venu. S’il peut sembler froid et distant au premier abord, hautain même, cette façade s’effondre dès qu’on le connaît : il se soucie véritablement des autres, et c’est bien pour ça qu’il a décidé de devenir professeur à l’institut Xavier, dans le but d’aider les jeunes mutants qui se sentent aussi perdu et démuni que lui plus jeune.
Si le fait d’être parmi les premiers mutants recrutés pour former les X-men fait de lui un leader présomptif, c’est pourtant ses capacités qui font de lui un meneur de l’équipe : Cyclope est un stratège-né. Il planifie, calcule, connaît très exactement les forces et les faiblesses de chacun des parties en présence ou, du moins, s’efforce de les connaître. Il veille sur ses coéquipiers d’abord, sur lui ensuite… et sur Jean en premier lieu. Très protecteur, il se sent investi de la mission de protéger ceux qui le suivent, et se sent responsable de chacun d’eux, même si certains de leurs actes ne sont pas de son fait. Capable de modifier sa stratégie et de planifier la bataille même en plein chaos, les autres X-men lui font confiance pour les diriger.
Fort, brillant et inflexible, Scott sait très bien donner le change. Au fond, il doute souvent de ses capacités, étant donné qu’il n’est même pas capable de maitriser son propre pouvoir. C’est une faiblesse, une blessure même, qui ne lui permet pas d’être totalement serein lorsqu’il se trouve en société, d’où cette froideur qu’il montre souvent. Une manière comme une autre de se protéger, même si depuis sa rencontre avec Jean, cette façade si bien bâtie s’effrite parfois.

Depuis le début de son engagement, il lutte pour l’égalité et la paix entre humains et mutants. Quelque peu buté, il n’hésite pas à affirmer son point de vue, quitte à créer quelques tensions. Honnête, parfois trop, et loyal envers la cause mutante, il ne s’est pas fait que des amis, même parmi ses coéquipiers. Et pourtant, chacun lui obéit lors des affrontements, car il sait généralement ce qu’il fait, et le fait avec brio. Ses talents de stratège ne sont plus à démontrer, sa capacité à donner des ordres non plus, mais au fond, Cyclope reste toujours ce jeune ado terrifié à l’idée de blesser quiconque, et fait donc tout pour protéger au maximum les humains et les mutants sous sa responsabilité. Mais bien peu savent les doutes et les questionnements, et quand bien même il semble intouchable, il se remémore sa principale faiblesse à chaque fois qu’il se sert de son pouvoir, comme un rappel constant du fait qu’il n’est pas aussi fort qu’il veut bien le montrer.