Cela faisait maintenant plusieurs jours que cette idée trottait dans ma tête... Faire sortir mon père de prison était mon objectif ! Ce pourquoi je me battais jour après jour. Ce pourquoi je m'efforce à devenir meilleure à chaque seconde de ma vie... ! Il faut que je fasse évader mon père de prison ! Mais comment ... ? Je n'étais pas encore devenue celle que je suis censée devenir : la meilleure cambrioleuse du monde : Black Cat. Dans un avenir proche, au fond de mon inconscient, je sais que je deviendrai cette personne redoutable ! En attendant, je ne suis que la simple petite Félicia Hardy, la pauvre fille unique de Walter Hardy ; le meilleur cambrioleur ; celui qui la laissé devenir une petite détective...
Mais, la détective, elle en a à revendre ! Plusieurs fois elle a travailler pour de grands noms et de grandes sociétés ! Plusieurs fois elle a risqué sa peau sur le terrain mais, à chaque fois, elle arrive à obtenir ce que le client demande et c'est ça qui fait toute la différence ! Je fournis un travail de haute qualité et les gens intéressés le savent... Mais soit ! Je ne suis pas là pour faire ma pub, mais juste pour signaler mon professionnalisme dans mes recherches. De plus, en tant que fille de cambrioleur, j'ai quelques trucs qui me servent pas mal ! Détective le jour - Cambrioleuse la nuit. Deux facettes qui se complètent parfaitement !
Quelques jours plus tôt, j'avais fait irruption chez ma mère pour fouiller dans les affaires de mon père. Sans lui adresser ne serait-ce qu'un seul regard, j'avais traversé la maison comme un courant d'air imperturbable et j'étais entrée dans le bureau de mon paternel pour fouiller dans ses papiers. Dans une vieille boite à chaussure qu'une garde-robe des années 20 gardait en son fond, je trouvai alors ce que je cherchais. J'étais persuadée que c'était là ! Il me semblait bien que j'étais tombée dessus lors de ma première fouille... Mon père est un génie incompris. Lorsqu'il était enfant, il espionnait pour le compte des nazis lors de la guerre... Ayant une mémoire photographique, il avait réussi à photographier visuellement la formule du Super-Soldat, celle qui a fait de Captain América, celui qu'il est actuellement. Mais avant de révéler quoi que se soit à qui que se soit, mon père l'avait notée sur un morceau de papier qu'il avait plié en huit et qu'il avait caché dans sa ceinture. Mais en brave garçon qu'il était, il a préféré garder le silence... Bref ! Mon père connaissait la formule SSS. Cette formule à présent, je l'avais entre les doigts et je la mémorisai à mon tour. Elle était plutôt complexe, mais une mémoire photographique est fort utile quand on ne comprend pas la moitié des symboles sur une feuille... ! Je pris le papier de mon père et le glissai dans ma poche avant de quitter la maison de ma mère, comme je suis venue, sans lui adresser un regard !
Direction : Steven Rogers ! Il ne doit pas connaître mon père, si ce n'est que dans la presse, où il aurait pu entendre parler de lui... Mais je ne crois pas qu'il se souvienne du petit garçon qui passait par les trous de souris pour espionner pour le camp adverse !! Mais soit... J'avais un plan plutôt grave mais, néanmoins, il fallait que je mette tous les moyens de mon coter pour accomplir ma mission. J'avais fait des recherches au préalable sur Captain America... Je me suis renseignée sur ce bonhomme et sans trop de difficultés, je trouvai son adresse personnelle... En tenue de cambrioleuse de la nuit, j'allais me rendre chez lui et lui faire du chantage... Il m'était trop dangereux de me présenter sous mon vrai nom, d'autant plus que cela ne lui servirait à rien. Surtout avec les arguments que je comptais lui présenter !! En effet... Si je suis une des dernières personnes en vie, à connaître la formule, je suis libre d'aller la donner à l'Hydra, quand bon me semble non ? Et s'il ne souhaite pas que je le fasse et bien, il doit simplement m'aider à libérer une seule personne de prison : le plus grand cambrioleur du monde ; Walter Hardy!
Habillée d'un pantalon moulant, de hautes bottes à talon, d'une veste juste au corps et de gants - le tout en cuir noir, j'avais détachés mes cheveux et pris le soin de me maquiller un peu les yeux pour faire ressortir ce vert qui est un de mes sérieux avantages ! Je crochetai la serrure de l'appartement plutôt modeste du Captain America et, sans allumer les lumières et sans toucher à quoi que ce soit d'autre, laissant aisément la porte grande ouverte, je décidai de l'attendre près d'une fenêtre en contemplant ce début de soirée... Le soleil commençait à se coucher, ce qui donnait cette jolie teinte rosée aux nuages. Je n'attendais qu'une chose, c'était que ce bleu-nuit envahisse les lieux ! Ainsi que son propriétaire bien évidemment !
Après m’être entretenu avec Nick Fury durant une bonne partie de la journée – 70 années sont longues à rattraper – il nous avait fallu parler des 70 à venir ... de celles sur lesquelles on aurait encore de l’influence et des autres qui, on l’espérait vivement, sauraient rouler sans nous. Y aurait-il toujours des héros prêts à se battre pour ce monde ? Je l’espérais très fortement. Il ne s’agit pas de mon seul fait. Connaître le jour où le monde n’aurait plus besoin de Captain America, serait une grande félicité mais pour l’heure, le projet que soutient Nick est de taille et en demandera beaucoup à chacun d’entre nous. Enfermer toute une bande d’humains génétiquement modifiés, dotés de pouvoirs surnaturels, et pros de la gâchette, et le résultat se profile vite. Il ne nous restait plus qu’à prier pour qu’ils tiennent tous ensemble. Mais Nick semblait convaincu. Ils connaissaient chacun d’entre nous. Nos profils, nos histoires, nos psychologies. Et si à première vue tout paraissait utopique, en définitive, nous concourions tous dans un seul et unique but. On avait beau être tous différents les uns des autres, afficher des personnalités en marge, appartenir à des cultures peu semblables ou même venir d’un tout autre monde, nos motivations se rejoignent. Et ce serait ça le lien. Le seul as de notre jeu. Certes, ce serait miser sur haut, très haut. Et il faudrait certainement persuader dix fois avant de convaincre, mais personne ne peut dire d’avance d’où viendra la prochaine menace. A l’arrivée, ce sera dans la même direction que nous progresserons.
La soirée pas encore tombée, j’en avais profité pour m’enfermer dans les salles obscures d’un cinéma de la ville. Un film traitant de la seconde guerre mondiale avait su retenir mon attention. Une vision très personnelle mêlée de faits réels, retraçait la vie d’hommes et de femmes ayant tous combattu à leur façon. Remontaient mes souvenirs. Lorsque j’en sortis, la nuit venait de tomber sur New York et pourtant, ne désemplissait pas le beau monde qui empruntaient rues et ruelles. Je regagnais mon chez moi souhaitant me retrouver au calme. J’atteins mon palier que je saisis aussitôt que quelque chose n’allait pas. Du couloir, je pouvais voir la porte de mon appartement demeurant grande ouverte, comme si celui qui était venu y chercher quelque chose avait volontairement tenu à ce que je sache qu’il était passé. Il ne pouvait s’agir d’une coïncidence ... reste à déterminer ce qu’il est venu chercher. Une mascarade, un coup monté ? Et si on avait piégé mon appartement ? Je progresse d’un pas furtif, rasant les murs pour essayer de voir s’il se passait quelque chose à l’intérieur ... mais aucun bruit ne me parvint. L’effraction venait-elle d’être commise ou remontait-elle à quelques heures ? Difficile à dire, je pénètre dans l’appartement, le plus discrètement possible, quand bien même il semble vide, et longe le mur en direction du grand salon. Jusqu’à maintenant, rien ne semblait avoir été dépassé. Risquant un coup d’œil par-dessus mon épaule, je discerne une silhouette appuyée contre l’encadrement de la fenêtre qui regarde dans ma direction ... comme si elle m’attendait. Il est évident que je suis bien le seul à faire autant de précaution. Si cette personne était réellement venue chercher quelque chose, elle n’aurait pas attendu mon retour pour seulement demander la permission ...
« Je peux savoir ce que vous faites ici et qui vous êtes ? », lui dis-je d’un ton des plus secs, avançant à découvert. A mesure que je me rapprochais, elle se dessinait dans la pénombre de l’appartement, son visage fin et délicat rivalisant avec les lueurs de la lune qui perçaient à travers la fenêtre. Une femme ... A la solde de qui travaillait-elle ? Et en quoi mon cas l’intéressait-elle tant, elle que je n’avais jamais vu, jamais croisé, jamais rencontré ...
« On ne vous a jamais dit que pénétrer dans l’appartement de quelqu’un sans y être invité n’est pas la meilleure façon de procéder ? » Ajoutais-je sur mes gardes, poings serrés. Certainement, avait-elle une véritable raison de se trouver ici, et surtout de cette façon. S’il n’y avait rien eu de plus officiel, elle ne se serait pas présentée à moi en pleine nuit et, qui plus est, en forçant ma porte ... Je sentais la bombe à retardement s’actionner. S’agissait-il d’atteindre le SHIELD ou alors Nick Fury personnellement ? Pour obtenir je ne sais quelles informations qui pourraient être en ma possession, ou alors espérait-elle me manipuler plus aisément compte tenu de ma situation actuelle ? À moins qu’elle puisse penser que je sois en mesure de lui céder plus facilement. Il était évident que si elle avait misé sur ça, elle allait tomber de très haut. Néanmoins, je pouvais remarquer qu’à la façon dont elle était habillée, elle n’en était pas à son coup d’essai. Peut-être même gagnait-elle sa vie de cette façon. Et évident, était le fait qu’elle ne reculait devant rien. N’importe qui passant dans le couloir aurait pu alerter la police. Il me fallait vite découvrir qui elle est et emmagasiner autant d’informations sur elle qu’elle semble en posséder sur moi. J’aime moyennement la façon dont se déroule la situation.
Après quelques instants d’attente, j’entendis enfin le fameux héros rentrer chez lui. Mais dites-moi, il fait des heures supplémentaires ?! Aurait-il une petite affaire en cours ? Peut importe… Vu l’heure tardive à laquelle il rentre chez lui, je me doute bien qu’il a autre chose à faire que de rester chez lui pénard à regarder la télé en pantoufle, une bière à la main… ! Je l’observai rentrer furtivement chez lui, d’une sérénité sérieuse et d’une prudence peureuse… En effet, nombreuse fois je me suis déjà dit que trouver son propre chez-soi ouvert et/ou entièrement dévasté devait être un sentiment de colère grave ! Le fait que quelqu’un ait pénétré votre intimité par effraction doit être des plus désagréables possibles… Je me suis déjà mise plusieurs fois à la place de ces personnes qui sont mes victimes… être persécuté de la sorte est un argument, un atout qui vous met en général en position de force ! C’est vous qui êtes en faute et c’est vous qui avez fait preuve de cette force ! Vous êtes donc, le plus fort des deux, puisque vous faite naître ce sentiment de colère, de panique, de haine… Merci monsieur Machiavel !
Soudain, il se retourna alors vers moi, m’apercevant enfin. En s’avançant vers moi, d’un ton très sec et sévère, il me demanda mon identité et le pourquoi de ma présence. Un sourire se fit au coin de mes lèvres et mes bras se croisèrent. Je n’avais strictement touché à rien dans son appartement. Je voulais juste que ma présence et ma façon de procéder lui foute la pression… être face à un agresseur est souvent à l’origine d’un stress qui nous permette, nous cambrioleurs, d’être toujours dans cette position de force ! Puis, toujours en s’avançant, je remarquai que ses points se serraient… Hmmm… Notre héros était prêt à se battre ? Dommage qu’il ne sache pas à qui il à affaire… ! Il serait beaucoup plus sur ses gardes et il ne se rapprocherait pas autant… ! D’un ton encore sec et d’autant plus sévère, il me fit comprendre que ma présence ne lui faisait pas plaisir du tout et que ma façon de procéder n’était pas tellement conventionnelle…. Sans blague ?!
Toujours les bras croisés, le sourire en coin s’effaça légèrement et j’entrouvris alors la bouche pour enfin parler et lui rétorquer : « En général, je ne laisse pas le temps aux propriétaires de me le dire… » Dis-je, en sous-entendant bien que ce n’était pas la première fois que je visitais l’intimité d’une personne et que d’habitude, je pars avant que cette personne ne rentre chez elle… Au moins maintenant, il était fixé sur ma ‘profession’… ! Mais pour le rassurer, je jugeai utile de lui avouer : « Rassurez-vous monsieur Rogers, ce qui m’intéresse actuellement n’est pas de l’ordre du matériel… » Ajoutais-je en décroisant les bras et en faisant un pas vers lui. Plus on entre dans l’espace vitale d’une personne, plus on prend de l’importance. Règle numéro 1 ! En disant ces mots, je balayai son appartement du regard. Maintenant il pouvait être certain, vu le sérieux de ma voix, que je ne lui avais rien dérobé. « A vrai dire… je suis là pour ‘affaire’… » Dis-je, en insistant du le mot ‘affaire’… Oui, sur un ton un peu plus ironique. Maintenant qu’il savait pourquoi j’étais là, il ne me restait plus qu’à savoir s’il était ouvert aux négociations…
Je n’aimais pas sa manière désinvolte de réagir, pas plus que l’éloquence de sa démarche. Elle semblait contrôler le moindre de ses mouvements comme s’il en allait d’un jeu qu’elle jouait. Que tout tombait sous le coup de la stratégie et qu’elle pourrait même en inclure mes propres mouvements. Fausse prévisibilité. Il était certain qu’à sa façon de me répondre, elle n’en était pas à son coup d’essai, et que sa manière de procéder n’avait rien de routinier. En appréciait-elle de modifier autant ses plans ou s’en accommodait-elle, prétextant maitriser la situation à 100% ? Il y avait quelque chose chez elle qui criait danger et m’obligeait à la méfiance. Qui a-t-il de plus à craindre qu’une femme emplie d’intentions mauvaises ? Et ne pas connaitre la longue liste de mes ennemis ne m’enchantait guère. Visiblement, j’avais beau avoir été absent pendant des années, cela n’avait pas empêché de m’attirer l’intérêt de bons nombre de personnes et pas que des bonnes. Elle avançait vers moi alors que je la dissuadais du regard de faire un pas de plus. Avertissement qu’elle refoula aussitôt. Ses paroles se voulaient rassurantes mais rien de ce qu’elle dirait ne serait en mesure de me mettre en confiance quand bien même elle n’avait pas menti une seule fois depuis lors. Mais le ton de sa voix me déplaisait. Elle semblait trop sûre d’elle pour ce qu’elle ait à me vendre puisse me satisfaire.
M’était-elle envoyée dans l’unique but de m’amadouer avant que ne surgisse le plus gros poisson affublé de son artillerie lourde ? Que comptait-elle obtenir de moi exactement ? En voilà une vraie question ... Ce ne pouvait pas venir du Shield. Et si c’était elle le gros poisson ? Si je me trouvais en face du dernier prototype mutant aux capacités indiscernables mais redoutables venue là pour me faire la peau ou pour m’obliger à coopérer pour un dessein des plus sombres ? Je la dévisageais sans ciller, cherchant à savoir ce qu’elle cachait derrière son petit manège. Je restais attentif à tout ce qui nous entourait, au moindre bruit qui saurait m’alerter de la présence d’une autre personne, à la moindre de ses failles qu’elle pourrait laisser échapper. Elle pénétrait dangereusement mon espace vital, cherchant à provoquer chez moi un stimulus positif qui lui ferait assoir sa supériorité tactique. Mais je ne reculai pas.
« Pour affaire, vous dites ... », me contentai-je de lui répondre sur le même ton qu’elle. Je laisse couler pas plus de quelques secondes, avant de brutalement la saisir par les épaules et de l’abattre contre le mur parallèle, ne m’inquiétant pas de lui faire mal. Mon bras contre sa gorge menaçant de la priver définitivement d’air, je la maintiens de tout mon poids pour l’empêcher de bouger et de se débattre.
« Si on vous a dit que vous pourriez marchander avec moi, on vous a très mal informé ma jolie ... », lui rétorquais-je, furieux de me retrouver dans pareille situation sans n’avoir aucune prise sur rien. « Je vous le répète, dites-moi qui vous êtes, et ne m’obligez pas à devoir vous le répéter une nouvelle fois », achevais-je souhaitant mettre fin à ce petit jeu qu’elle mène sans me faire connaître les règles. Ces derniers temps, je manquais cruellement de patience et avais bien du mal à me maitriser tant j’avais le sentiment que tout me filait entre les mains et me dépassait. Alors, la voir débarquer en conquérante, quand bien même m’en prendre à elle de la sorte demeurait plus que risqué, était plus que je ne pouvais tolérer. Mais m’avait permis de me rendre compte que vraisemblablement, elle agit seule. N’importe qui, attendant son signal dissimulé je ne sais où, serait intervenu à la première de mes actions. Mais à mesure que s’engrenait les minutes, je sentais l’étau se resserrer autour de moi et aucune de mes actions n’y changerait ça.
Pour sur, si je m’attendais à ça ?! On m’avait dit que le Captain était du genre patient et qu’il avait un grand sens de la ‘justice’… Bon, on va dire qu’il a passé une très mauvaise journée ! Il me répéta sur le même ton et soudain, il m’attrapa par les épaules pour me taper violement contre le mur derrière moi. Ma tête se cogna fortement contre le mur, m’arrachant un petit cri sourd de douleur. Les cheveux sur le visage, à cause du recul, m’empêchai de voir mon agresseur en entier. De plus, il appuya son avant bras sur ma gorge, me privant d’une majorité d’air… Le maniaque me laissa juste de quoi vivre assez longtemps pour parler. Il m’était impossible de bouger et de me débatte ! Il était pesant et il y mettait une belle partie de sa force ! Mes mains s’accrochèrent à son avant bras pour tenter de me laisser respirer, mais vu son gabarit comparé au mien, il était claire que je n’avais pas du tout le force de le faire reculer ! Mais c’était surtout un geste réflexe…
Il m’annonça qu’il était impossible de marchander avec lui et que l’on m’avait très mal informé là-dessus… Là, je crois que j’avais compris !! J’étais en train de suffoquer… Il me demanda de décliner mon identité et en gémissant, d’une voix serrée je m’empressai à dire : « Je m’appelle… Félicia… Félicia Hardy. » Là, maintenant que je lui avais révélé qui j’étais, j’espérais juste qu’il desserre son emprise pour me laisser enfin reprendre mon souffle. Il fallait que je m’évertue à me dire qu’il ne fallait pas que je m’attaque à des personnes plus fortes que moi… C’était une manie pour essayer d’évoluer, mais contre le Captain America, je n’avais aucune chance… Après tout c’était un super-héros et moi je n’étais qu’une bête civile ultra-entraînée qui pourrait lui donner du fil à retordre mais sans jamais nourrir l’espoir d’une victoire. C’était surtout pour cette raison que je voulais marchander avec lui…
Pour ce qui était des stratégies d’intimidation et des principes de proximité, on avait joué très fort. Mais je n’avais rien d’une proie que l’on saisit dans un filet qui cesserait de se débattre accablé par la fatalité. Ce sentiment avait toujours sommeillé en moi, de lever les poings face à quiconque qui souhaiterait m’imposer un comportement que je ne voudrais pas. On m’avait longtemps collé l’étiquette du faible, de la demi-portion, de celui trop bête pour parvenir à quoi que ce soit, et avait toujours riposté malgré mes faibles moyens. A la différence qu’aujourd’hui, j’étais bien plus pourvu que par le passé. Mes réflexes étant restés les mêmes toutefois. Alors que je ne lui laissais que peu de choix, elle finit par décliner son identité, entre deux souffles étriqués. La pression de sa main sur mon bras était une tentative supplémentaire de me faire décrocher mon emprise sur elle. Je relâchai aussitôt mon étreinte sur sa gorge à la fin de ses mots. Mon but n’était pas de lui faire mal mais bien de lui faire comprendre que je ne serais pas sujet de manipulation dont elle pourra se jouer à sa guise. Si elle avait réussi à m’avoir par surprise, il était bien tout ce qu’elle pourrait espérer provoquer chez moi. Je n’éprouvais aucune sympathie à son égard, et pas une seule once d’empathie pour ce que je venais de lui faire subir. Elle avait certainement commis la petite erreur de prétendre me connaitre aussi bien que j’ignore qui elle est. Un avantage de taille, certes, puisqu’il m’était impossible de savoir ce qu’elle avait derrière la tête, ni même de connaitre l’étendue de ses plans, mais j’étais bien décidé à lui faire savoir que je n’obéis pas à tous les ordres. Refaisant tomber la tension et ralentir mon rythme cardiaque, je ne lui laissais cependant, que peu de marge de mouvement, n’ayant qu’à peine reculé pour lui laisser reprendre haleine.
« J’espère que nous nous sommes bien compris Mlle Hardy », repris-je souhaitant que cesse ce petit jeu du chat et de la souris entre nous, bien qu’elle possèderait toujours plus de réponses que moi, du moins en cet instant. Je comptais bien m’intéresser très fortement à elle les jours à venir. Il y avait toujours ce quelque chose dans son attitude qui, malgré la menace, ne flanchait pas. Elle s’était contentée de répondre à ma question et seulement à ma question. Aucun autre mot n’avait franchi ses lèvres. Elle restait encore maitresse de la situation et savais qu’aucune de mes attitudes ne changerait ça. Et certainement qu’elle le savait, elle aussi.
Il me fallait donc maintenant changer de stratégie. Mon regard se posa sur elle quelques secondes puis je finis par faire quelques pas vers l’arrière. Comme elle me l’avait bien fait savoir il y a quelques minutes, c’était pour moi qu’elle était là. Loin de m’en sentir flatté, elle ne chercherait pas à fuir, et mes tentatives de persuasion ne la feront pas changer d’avis. Je la laisse seule un instant et prend la direction de l’entrée pour refermer la porte qui avait été laissée ouverte. Autant ne pas alerter tout le voisinage. Je ne supporterais que peu que ma voisine de palier vienne débattre de mes occupations nocturnes, sachant que je n’aurais rien à lui répondre. Lui faire savoir qu’il m’avait fallu maitriser une cambrioleuse qui, en prime, n’avait rien volé et ne m’avait pas attaqué, semblait exclu. Je finis par revenir vers elle, non plus détendu. Ce petit tour aux allures de routine m’avait permis de m’assurer que personne d’autre ne se trouvait ici en dehors de nous deux. Une pensée qui me réjouissait intérieurement. Cette fois-ci, je marque une distance plus franche entre nous deux. Mon regard planté dans le sien, dans l’espoir d’y déceler quelque chose, je reprends d’une voix plus neutre.
« J’ignore ce qui me pousse à vous écouter, mais allez-y », lui dis-je, bien conscient que cette information qu’elle détenait, il me la fallait aussi. Sans orienter mes questions, j’espérais qu’elle se mettrait à table toute seule mais ne croyait que peu à cette option. Elle ne me dirait que ce qu’elle souhaite me dire et continuerait de masquer la vérité. Après ce qu’on venait de vivre, jamais elle ne me cédera sa confiance.
Une fois que je lui déclinai mon identité, il me lâcha aussitôt ! à cause du coup de la surprise et du manque d’air sur le moment, les muscles de ma gorge s’étaient contractés d’une fois, ce qui me fit mal à présent… Réaction naturelle et ordinaire soit dit en passant… ! De fait, je restai collée contre le mur et passai alors mes mains délicates autour de ma gorge pour me la masser légèrement, histoire de faire partir cette légère douleur…
Je le trouvai fort violent sur le coup… Sans doute avait-il passé une mauvaise journée et que j’étais pile poile le bon punch in ball qu’il lui fallait… En même temps, je venais d’entrée par effraction chez lui, ce qui était compréhensible, mais j’étais assez loin d’imaginer à ce point ! Mais soit… d’un geste rapide et pas de l’élégance absolu, je pris enfin la masse de cheveux qui me cachait non seulement le visage mais aussi une partie de ma vue et les tapai en arrière, sans trop me soucier de la tête que je devrais avoir… Là, tout ce qui comptait, c’était mon coup…
Je le regardai reculer, sans jamais me tourner le dos pour aller refermer la porte d’entrée. Pendant ce temps-là, la bouche entrouverte, je récupérai assez rapidement mon souffle… Mon visage redevint sérieux petit à petit et il n’était absolument pas nécessaire qu’il fasse du sarcasme… ! Je pense que vu ma réaction, le message était bien passé !!
Une fois qu’il revint vers moi mais à une distance bien plus raisonnable et surtout, hors de portée, il me confia qu’il ignorait totalement ce qui le poussait à m’écouter mais il me laissa alors, le droit à la parole. Alors comme ça, le Captain America s’intéresse réellement à ce qu’une pauvre cambrioleuse a à dire ? Et bien soit, il ne serait pas déçu. À ses paroles, je fronçai les sourcils, ce qui me donna un visage plus grave. Mais il m’était inutile de prendre l’offensive… De toute évidence, monsieur Rogers est un gars qui règle ses problèmes par la force. Il fallait jouer franc jeu avec lui. Mais néanmoins, le problème auquel j’allais le confronter ne se résoudrait en rien avec sa force ! De fait, mon visage se décrispa et je laissai mes mains tomber le long de mon corps, en restant appuyée contre le mur et en le regardant sur un ton neutre et presque condescendant. Je savais qu’il n’allait pas apprécier et je savais surtout que je ne lui laissai pas le choix ! « Je connais votre secret monsieur Rogers. Je connais la formule qui a fait de vous ce que vous êtes aujourd’hui… » dis-je sur un ton calme, histoire de laisser le temps à mon interlocuteur de digérer mes mots et de penser un tout petit peu à ce qui allait suivre. D’ailleurs, je me décollais du mur et ajoutai : « Et si vous ne voulez pas que je révèle la formule à votre pire ennemi, vous devrez m’aider à libérer quelqu’un de prison. » ajoutais-je alors de but en blanc. Ainsi, il avait tout ce dont il avait besoin de savoir pour se faire une idée. J’avais fais exprès de ne pas préciser qu’il s’agissait de mon père, je pense que c’est le genre de détail dont il se ficherait pas mal…
Je guettai sa réaction. À aucun moment je n’avais été impolie, sarcastique ou même violente dans mes propos et dans ma voix. Il n’avait pas le choix d’accepter et je n’avais pas le choix qu’il accepte. En réalité, c’était un compris gagnant-gagnant finalement. Sans lui, je ne savais rien faire mais sans moi, son secret serait en danger et donc, son point faible ! De plus, je pense que libérer un individu de prison était largement à sa portée… ! Sauf si… et bien, sauf si son goût pour la justice prendrait le dessus sur sa raison ! J’avais réellement besoin d’aide sur ce coup, et c’était sans doute pour cette raison que jamais je ne m’étais montrée violente ou TROP menaçante envers lui… Il fallait vraiment que mon père sorte de là avant son heure !
Je vivais tel un inadapté dans un monde que je cherchais encore à comprendre. Rien ne pouvait me l’expliquer ou me donner la démarche à suivre. J’appréciais les efforts que faisait Darcy pour éviter de me renvoyer mes 70 années d’absence en pleine figure, mais c’était dans des instants comme celui-ci, que me manquait le plus la marche à suivre. Qui m’aurait tout de suite fait prendre conscience de qui se trouvait face à moi, et le but qui la motive. Il m’aurait été si simple d’agir parce que j’aurais pu prévenir sa manœuvre. Mais on ne peut pas toujours avoir un coup d’avance sur tout, même à cette époque. Il y a des choses qui échappent totalement à notre contrôle, et la frustration qui montait en moi de ne rien pouvoir contrôler n’apaisait en rien ma nervosité. Lorsqu’elle eut retrouvé haleine, elle se redressa légèrement pour me faire face mais ne bougea pas. Elle semblait tout aussi d’accord avec moi de maintenir une certaine distance entre nous. Il n’y avait rien de plus judicieux, en effet. Je l’interrogeais sur la raison de sa présence ici et elle me répondit sur un ton des plus fermes et des plus déterminés. Chacun de ses mots résonnait dans mon esprit incessamment. Comment pouvait-elle connaître la formule qu’avait conçu le Dr Erskine il y a de ça des décennies, alors qu’après sa disparition, nul ne fut en mesure d’engager pareils travaux? Mon sang ne fit qu’un tour ... L’Hydra. Qu’il avait été confortable de penser qu’elle avait été dissoute à raison de la désintégration du Crâne Rouge. Combien avaient-ils été à la convoiter et œuvrer pour la reproduire ? A la même valeur que celle du Tesseract, et de l’obsession qu’elle procure...
Je la dévisageais longuement sans l’interrompre. Elle semblait si sûre d’elle... Sa confiance lui fit même retrouver posture normale et droite alors qu’elle m’assénait le coup de grâce. Libérer quelqu’un de prison ? Certainement pas par la voie la plus légale. Croyait-elle réellement que les choses allaient marcher fifty-fifty entre nous alors qu’elle débarquait ici dans l’unique but de me faire chanter ? La seule chose sur laquelle je pouvais m’appuyer était que c’était suffisamment important pour elle pour qu’elle vienne s’en remettre à moi alors qu’elle semblait avoir des relations bien plus établies ailleurs. Je marquais un long silence sans la quitter du regard avant de reprendre, le plus posément possible.
« Et qu’est-ce qui peut me garantir que vous n’irez pas vous empresser de le faire, une fois notre accord conclu ? », lui demandais-je simplement, cherchant à percer le mobile qui alimente ses actes. Qu’importe avec qui elle semblait associée, elle n’était pas venue vers moi par erreur. Mais il fallait lui reconnaître un certain culot à l’œuvre. J’ignorais la hauteur de sa connaissance de la formule, ni même le comment elle l’avait eu en sa possession. Comment savoir jusqu’à quel point elle maîtrisait son propos ? Certainement, devait-elle se douter qu’elle ne me cacherait pas certaines choses très longtemps. Son plan était on ne peut plus risqué, d’autant plus qu’il ne lui permettait aucune solution de repli. Et à la manière dont elle m’avait présenté les choses, il était évident qu’elle ne souhaitait que mon entière coopération.
« Félicia, croyez-vous véritablement qu’ils vous donneront ce que vous voulez si vous leur livrez ce que vous croyez posséder ? », la questionnais-je simplement pour lui faire prendre conscience de la portée de ce que ses actes pourraient engendrer. Pour la survie d’une seule personne, c’est un million qu’elle va condamner. Evaluer la hauteur de l’importance que cela avait pour elle et jusqu’où elle était prête à aller pourrait m’être utile par la suite. Il me fallait déceler l’état psychologique dans lequel elle se trouvait pour savoir comment anticiper la suite des événements. Et c’était ainsi que j’aurais dû procéder dès le départ. Il n’y avait rien que je gérais correctement en ce moment. Même mes relations avec le Shield étaient plus que tendues alors avec une parfaite inconnue ...
« Et qu’est-ce qui peut me garantir que vous n’irez pas vous empresser de le faire, une fois notre accord conclu ? » me demanda-t-il un peu plus calmement. En effet, rien ne pouvait lui garantir que j’allais le trahir ou non. Sur ces mots, j’haussai les épaules et levais la paume vers le haut, en soulignant cette évidence que rien, rien ne pouvait lui garantir une telle promesse. Mais ce qui était certain, c’est qu’il n’avait pas le choix de me faire confiance et pour preuve : j’étais entrée par effraction dans le simple but de le marquer et de lui parler. Si j’avais voulu, j’aurai pu retourner son appartement, lui voler je ne sais quoi et partir, comme je le fais chaque fois. Mais pas ce soir. Pas cette nuit ! Aujourd’hui, il fallait que je passe au niveau supérieur ! Je sais que je ne peux agir seule. Il fallait que je me trouve quelqu’un capable de me filer un réel coup de main. Avant que mon père meurt ! Il faut que je le voie une dernière fois… Il ne peut pas rester là !
« Félicia, croyez-vous véritablement qu’ils vous donneront ce que vous voulez si vous leur livrez ce que vous croyez posséder ? » à ces mots, je cru entendre mon père qui me faisait la leçon et je détournai le regard une seconde, sentant ma gorge se serrer. Mais pourquoi ?! Pourquoi fallait-il que mes émotions s’en mêlent ?! Cet objectif était tellement important pour moi que sa portée sentimentale dépasse de loin tous ce que j’ai mené jusqu’à présent. Et Dieu sait tout ce que j’ai fais jusqu’à aujourd’hui !! Mais il fallait que je me reprenne. N’essaierait-il pas de me faire culpabiliser pour me gagner ?! Je desserrai mes gorge et mis mes mains sur mes haches en disant : « Bien sur que non ! Ils sont impitoyables… » J’avais parfaitement conscience que l’HYDRA allait plutôt me torturer pour avoir la formule, plutôt que de m’aider à libérer mon père… Donc, j’enchainai dans ma logique : « … C’est pour ça que je suis là. » Malheureusement, plus un mot ne pu sortir. Je baissai les yeux vers le sol, commençant à perdre pied. J’avais envie d’hurler ma haine ! C’était pour cette raison que je venais chercher le Captain ! C’était pour cette raison que je venais lui faire du chantage ! J’en revenais pas d’en être arrivé là pour pouvoir avoir une chance de revoir mon père … ! Si seulement vous saviez monsieur Rogers à quel point je suis perdu pour en être réduite à venir vous faire un chantage aussi grave !! Si seulement vous saviez !! Bien entendu qu’il y a d’autres solutions !! Mais je les ai toutes usées !! Je veux crier ! Je veux pleurer ! Je veux dénoncer ma haine contre cette soi-disant justice ! Même un voleur en prison est-il condamné à ne plus jamais revoir sa famille ?! C’est injuste !! Mon esprit torturé commençait à influer sur mon état d’esprit… En faite, je commençais à être à bout… Cette situation était hors de mon contrôle et j’avais beaucoup de mal à le supporter… Je VOULAIS le revoir, une dernière fois avant qu’il ne parte. Lui dire à quel point je l’aime ! Lui dire qu’il était mon modèle et que j’allais devenir ce qu’il a été… Lui dire que j’allais suivre ses traces et le dépasser ! Devenir son héroïne, sa fierté ! Lui dire qu’il pouvait partir en paix, que j’étais là et que j’irai le venger… Malheureusement, je n’avais pas les moyens d’agir seule…
Je relevai mon regard sur Steven, les bras retombants et je conclu par un pitoyable : « J’ai besoin de vous… »
A chaque regard que je posais sur elle, Félicia semblait se transformer. Comme si elle faisait défiler devant mes yeux, la multitude de facettes que renferme sa personnalité. S’il faut parfois des années pour connaitre ce que réellement peut être en mesure de faire quelqu’un, elle m’offrait un bref aperçu tout à fait stupéfiant. Bien que je n’arrivais à juger ses actions autrement que mauvaises, et ne parvenais à la voir différemment qu’au sommet de son art, il y avait quelque chose chez cette femme de troublant. Un quelque chose sur lequel je n’arrivais à mettre le doigt. Une impression, une perception distordue ... Avec toute l’audace et le cran qu’il faut pour se permettre de pénétrer chez moi sans invitation – bien qu’elle ne soit pas la seule à se le permettre – et user de sa stratégie pour que je marche dans un plan qu’elle avait monté de toute pièce ... C’était-elle réellement lancée à l’aveugle en cette nuit ? Jouait-elle son dernier atout ? Alors qu’elle m’avait suffisamment montré de quoi elle pouvait être capable, rien n’arrivait à me convaincre qu’il n’en allait pas d’une ruse de sa part. Elle semblait tenir la manipulation comme fidèle alliée. Il m’était toujours impossible de répondre à la question « Qui est Félicia Hardy ? ».
Je vis bien que mes questions la mirent en déroute, et qu’elle en rompit même le contact visuel. Certainement, avait-elle déjà pensé à tout cela, et ma question n’avait fait que réactiver de sombres pensées en elle. Des pensées d’échec, de défaites, inacceptables. Sa réponse, à la fois, spontanée et authentique, me fit savoir qu’elle n’avait nullement envie d’en venir à de pareilles extrémités. Mais la question restait de savoir si elle le ferait pas quand même malgré tout. Jusqu’où saurait la porter sa détermination ? Qu’est-ce qui était encore en mesure de la retenir ? Sa conscience ... J’aimais le croire ... Mais mes doutes, à son sujet, ne s’évaporaient pas pour autant ... Je n’arrivais pas à la cerner. Et peut-être était-ce ce qu’elle cherchait dans le fond. Je ne souhaitais pas la condamner trop vite, bien qu’elle bravait tous les interdits et semblait en rire. Elle n’avait pas encore mis son plan B à exécution, donc me laissait la possibilité d’encore agir.
Lorsqu’elle releva le regard sur moi, ce fut presque une supplique que je lus dans ses yeux. Suis-je sa seule chance ? Faire évader quelqu’un de prison ne devrait pas être une difficulté en soi, mais engendrait de faire entorse à bon nombre de mes principes et de défier la justice qui fut rendue. Je n’étais pas là pour juger du système pénal américain, tout crime se doit d’être puni. Si cette personne se trouve enfermé, c’est qu’il doit y avoir une raison, et peut-être même de nombreuses raisons. Mais il serait inutile d’en débattre avec elle en cette nuit, ni aucune autre d’ailleurs ... Tout comme je ne pouvais lui donner ma parole ... pour la seule et unique raison que j’avais horreur de mentir et de me compromettre. Mais aurais-je vraiment le choix ?
« On devrait parvenir à trouver un terrain d’entente ... », m’exprimais-je à elle, lui faisant face. Je souhaitais mes mots rassurants et mes paroles apaisantes. Si j’étais véritablement son dernier espoir, saurait-elle peut-être comprendre l’inconfort de ma position quand bien même cela doit certainement lui passer au-dessus, ce que je ressens.
« Accordez-moi un jour ou deux, mais sachez bien que ce ne sera pas une mince affaire », lui fis-je bien comprendre, approchant au plus près de ce que j’étais en mesure de lui faire passer.
« Et cette fois, soyez certaine que je saurais vous trouver le premier pour les informations qu’il me manque », lui fis-je savoir, bien déterminé à découvrir ce qu’elle me cache et dont elle ne souhaite me faire part. Parce que si elle pensait que cette affaire ne concernait qu’elle et moi, je voyais bien plus large. Et il était hors de question que son joli plan engage d’innocentes victimes.
Je détestais littéralement cette position… être presque nue face à un inconnu qui s’avère être votre dernière chance de revoir votre père avant qu’il ne meurt… Ce type, à la réputation de héros et de grand justicier … ! Et moi, devant cet homme que j’étais venue menacer, je me retrouvais plutôt désarmée… J’étais pourtant persuadée de pouvoir garder la situation sous contrôle mais visiblement, j’ai encore des progrès à faire… Des larmes aux yeux… non mais franchement Féli’ … ?! T’as plus douze ans là ! Même si je savais pertinemment que je devais me reprendre, j’avais le cœur si atteint que j’avais énormément de mal à me reconcentrer. Ma faiblesse… c’est l’homme de ma vie ! Mon père, celui qui m’avait tout appris. Se laissant aller dans cette cellule dans laquelle il est enfermé pour avoir voler de l’argent pour le redistribuer autour de lui… La justice est parfois mal faite ! Mais de toute façon, ce n’est pas à Rogers qu’il fallait que j’explique tout ça… Pour lui, seule la justice compte ! Et si la justice à décidé de foutre mon père derrière les barreaux alors, c’est qu’il avait mérité… Sauf que la vérité le libèrera !
Lorsqu’il annonça enfin : « On devrait parvenir à trouver un terrain d’entente ... », mes sourcils se relevèrent légèrement permettant ainsi à mes yeux se s’ouvrir un petit davantage. Je n’en croyais pas les oreilles ! On devrait parvenir à trouver un terrain d’entente ?! Sérieusement ?!! Mon cœur se mit à battre un temps plus vite. L’espoir était-il en train de renaître ? En tout cas, mon expiration se fit plus longue juste après… Comme si un sentiment de soulagement me forçait à respirer plus vite, mais je n’en fis rien.
« Accordez-moi un jour ou deux, mais sachez bien que ce ne sera pas une mince affaire » à ces mots, je me redressai et compris alors qu’il était temps que je prenne le chemin de la porte. Il devait réfléchir à cette menace devenue une proposition… Pour seule réponse, je répondis un simple : « Bien… » qui se voulait neutre, mais sans doute que certaines bribes d’émotion pouvait se faire ressentir… Je captais parfaitement la mesure de ses derniers mots… Je savais que pour lui, le grand justicier, faire évader quelqu’un de prison était totalement contraire à ses principes. De ce fait, il fallait qu’il prenne le temps de réfléchir. Quoi qu’il en soit, il ne fallait absolument pas qu’il perde de vue que je détenais la formule du Super Soldat et que n’importe qui serait prêt à mettre n’importe quel prix pour l’avoir… !
« Et cette fois, soyez certaine que je saurais vous trouver le premier pour les informations qu’il me manque » ajouta-t-il pour confirmer mon impression, alors que j’étais à mis chemin entre ma position de départ et la porte. Mais sur un ton plutôt calme, j’ajoutai : « Je n’en doute pas Captain… Après tout, vous êtes un Super-Héros vous… ! » Cela pouvait sans doute se faire passer pour un sarcasme, mais j’étais sérieuse. C’était plutôt une remarque d’admiration voir même de jalousie car si j’en étais un, je n’aurais pas besoin d’aide… Alors, je me remis enfin à marcher vers la porte et en prenant la poignée dans ma main je me tournai une dernière fois vers Steven, le regardant droit dans les yeux. Il devait me mépriser et moi, je n’étais pas fière de devoir faire ce que je faisais… Un regard et en un instant, je pu lui montrer une bien maigre gratitude d’au moins m’accorder ce bénéfice du doute. Je savais qu’il allait réfléchir à cette proposition. Seulement, il était surement bien loin de se douter que c’était plus dur pour moi que pour lui de faire une telle chose… même si je prends en compte tout les aspects de son point de vue … ! Steven Rogers… Voilà un nom qui risquait de me rester graver dans la peau !
Je tournai la poignée de sa porte et quittai son appartement pour m’évanouir dans l’obscurité rapidement.
S’il y avait bien une chose que je ne pouvais ignorer en cette soirée, c’est la sincérité au fond de son regard. Je n’arrivais plus à trancher entre l’acide manipulatrice qu’elle est, et la jeune femme esseulée et haletante, suspendue dans le vide par le seul espoir qu’il lui reste encore. Même m’en tenir aux faits, ne m’aidait plus. Elle avait pénétré dans mon appartement par effraction, m’avait clairement fait du chantage pour obtenir ma parole et menacé d’aller fournir ses informations à l’Hydra pour à présent, me supplier d’accepter son marché. Il est vrai que je n’avais pas été des plus malléables et que, face à ma réaction, elle avait pu tout aussi bien changer de stratégie avec moi. Mais rien n’y faisait. Une partie de moi la croyait. Elle avait su me persuader. Je sais pourtant que les sentiments n’ont pas leur place sur un champ de bataille, et ne sont jamais de très bons alliés en matière de décision et d’objectivité, mais, ils ne peuvent, toutefois, être ignorés. Il me fallait agir en connaissance de cause, et pour l’instant, je n’avais que trop peu de cartes en main pour y parvenir. Elle ne m’en avait pas assez dit, ça ne fait aucun doute, et certainement a-t-elle jugé bon comme stratégie d’être avare en confidences. Mais ça ne fait rien. Je découvrirais ce qu’elle me cache, et alors, à ce moment-là, nous pourrions jouer cartes sur table. Il ne s’agira plus d’attirer l’autre dans ses filets et faire pression pour qu’il cède, mais bien de la jouer franc jeu l’un envers l’autre.
Elle n’ajouta qu’un simple mot à mes paroles et comprit d’elle-même qu’elle n’avait pas à insister plus longtemps. Mais dans ce tout petit mot, je pouvais y lire une émotion certaine. Alors qu’elle se rassérénait, j’aurais aimé connaitre ses pensées immédiates. Certainement, aurais-je su mieux la percevoir. Elle se dirigeait vers la porte lorsque mes derniers mots l’arrêtèrent. Elle se tourna vers moi et d’une voix calme me fit part de son point de vue. Je la regardais d’un air interrogateur, ne sachant comment il me fallait prendre sa remarque. Si c’était d’un super-héros dont elle avait besoin, son choix s’était-il naturellement, objectivement, tourné vers moi connaissant les conséquences que la formule du super-soldat pourrait avoir entre de mauvaises mains, qu’un tout autre héros aurait jeté par-dessus son épaule en ricanant de sa cause ... Au moins que lui pèse cette condition d’avoir besoin d’un autre pour mener à bien ses petites affaires personnelles... parce que le marché est risqué et qu’il n’existe de crime sans victime.
Elle atteint enfin la porte, sous mon regard que je ne décroche pas d’elle et qu’elle ressent surement, même le dos tourné. Je tente de clarifier ce qu’il vient de se produire en cette soirée et ce qu’elle engendre. Elle se saisit de la poignée de la porte, et se détourne une dernière fois. Mais aucun mot ne franchit ses lèvres. On échange un regard ... et elle disparait dans le plus grand silence. Aussi silencieusement était-elle apparue. Si elle avait cherché à m’atteindre, elle avait réussi. Il demeurait encore trop de zones d’ombre pour que je parvienne à y voir clair, mais je saurais les éclairer. Quant à elle, notre prochaine rencontre pourrait à nouveau faire des étincelles. A la différence que je ne saurais plus démuni face à elle, et qu’il n’y aurait rien qu’elle pourrait me cacher à moins qu’elle décide de trahir son engagement et de lâchement tourner sa veste. Mais je serais préparé cette fois. Qu’importe qu’elle connaisse les composants de la formule et soit en mesure de me faire plier ... Il était question de trouver un terrain d’entente, et en cela, elle saura, tout aussi contrainte que moi, se soustraire aux conditions requises. Et à ce moment-là, je saurais établir la hauteur de sa détermination et attester, chez elle, d’un comportement honorable ou non.
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Mar 3 Mar - 22:33
