Une approche nocturne et imprévue entre justiciers solitaires

Johnny Blaze & Dave Lizewski

Cela fait à peine quelques jours que Johnny s’est installé à New York. Plus précisément à Queens. Cette ville paraissait paisible et, contrairement à Manhattan, beaucoup moins peuplé, ce qui pouvait éventuellement épargné différents problèmes criminels. La nouvelle résidence de l’ancien cascadeur était loin d’être splendide, accueillante et forcément enviable, mais elle valait bien plus que son vieux taudis. Il n’avait pas cherché un logement luxueux, cela lui était égal, un simple toit, plus ou moins éloigné de la civilisation, avec de quoi vivre lui suffisait amplement. En revanche, il avait prêté attention à un certain détail : un garage ouvert. Autrefois, il vivait dans une sorte de garage, donc il avait en permanence un œil sur ses motos, devenant rapidement une habitude. Que dis-je ? Cette manie a prit forme dès le jour où lui et son défunt père se sont établis au cirque Cantin. Donc, effectivement, cela restait enfouit. Ceci dit, ce n’était pas la seule et unique raison : s’il devait se transformer comme à son habitude, son destrier devait être à proximité afin d’être plus facilement accessible.

Posé sur son canapé, Johnny contemplait la télévision, une canette à a main, et un paquet de friandises sur la table située à côté de lui. L’écran dévoilait une scène de cartoon, ces drôles de dessins animés qui, malgré leur stupidité, amusait le motard. D’ailleurs, il ne put s’empêcher de rire bêtement devant son écran. Le chat bleu qui se fait bananer par trois misérables cafard ... Quelle stupidité hilarante !
Aujourd’hui, il n’était pas sortit et, si le sort en décide, il quittera sûrement sa demeure à la tombée de la nuit. C'est-à-dire dans très peu de temps. En attendant, il s’occupait comme il pouvait, repensant quelques fois à des événements de son passé, revoyant des scènes, des images qu’il aurait souhaité négliger. Malheureusement, son antécédent le poursuivait tel un fardeau, un boulet accroché à sa cheville. Finalement, il décida de se lever pour se diriger vers sa salle de bain, s’accoudant sur l’évier, le regard rivé sur le miroir présent en face de lui. Le son de la télévision résonnait dans la pièce voisine pendant que, peu à peu, le soleil disparaissait à l’horizon.

Bientôt, l’obscurité régnera.

Je parviendrai à te contrôler … à te maîtriser … souffla-t-il en se reculant, levant la main, paume à plat et doigts légèrement repliés. Toi qui es en moi … Démon des enfers.

Il baissa bien vite sa main en étirant un sourire amusé, comme s’il ne se prenait pas au sérieux. Pourquoi faisait-il cela au juste ? Il l’ignorait complètement. Cela l’amusait de provoquer, si l’on peut dire ça, la créature qui l’habitait ? Non, ce n'était pas ça ... Il se trouvait tout bonnement ridicule d'agir de la sorte en dépit du fait qu'il souhaitait réellement contrôler l'esprit de la vengeance. Il s'en croyait capable. Que pourrait-il lui arriver de toute façon ? Pour quelle raison échouerait-il ? Tant de questions ignorantes. Avant que la nuit ne domine totalement le ciel, il s’empressa d’éteindre l’écran de son poste avant de se diriger vers la porte, attrapant au passage ses clés et sa veste en cuir. Il ne pouvait fuir sa destinée, échappé aux ténèbres de la nuit, alors, afin d’éviter les dégâts, il préférait prendre de l’avance. D’un autre côté, il ne pouvait nier le fait que ce quotidien lui plaisait. Ce pouvoir lui a été donné, et il comptait bien s’en servir malgré les difficultés. Une fois dehors avec son trial, il la monta puis la démarra, entamant alors sa route. Il n’avait aucune destination précise en tête, mais, généralement, il laissait son destrier le guider.

De toute façon, s’il daignait sortir ce soir, c’était pour deux raisons.
La première, se dégourdir tout en appréciant le calme de la nuit, et la deuxième, voir de ses propres yeux si New-York était aussi animé que l’on le raconte.

Effectivement, il avait entendu pas mal de choses, mais, en toute honnêteté, il ne s'était jamais attardé sur le sujet car il n'était tout simplement pas concerné or, maintenant qu'il a déménagé ici, peut-être verra-t-il un de ces phénomènes menaçant la population. Bientôt, il aurait probablement une affirmation qui répondra à cette interrogation … En attendant, il ne pouvait que rouler à une vitesse, pour le moment, raisonnable et observer les alentours. Une petite ronde nocturne. Rien de plus. Ayant été trop occupé dans sa résidence piteuse, aussi bordélique soit-elle ( déjà qu'il n'était pas une personne très organisée ... ), il n'avait guère eu le temps de sortir et de prendre ses repères. Quoiqu'il en soit, si les rumeurs s'avéraient vraies, il se pourrait que sa petite promenade dérive sur un tout autre projet, et que le Rider se manifeste pour la première fois depuis son arrivée à Quenns. De toute évidence, Johnny ne pouvait le contrôler sans que la folie prenne le dessus, alors inutile d'esquiver l'inévitable, pas vrai ?

Spoiler:

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Johnny Blaze & Dave Lizewski

Johnny poursuivait placidement son chemin, jetant quelques fois des petits regards autour de lui, ne s’attardant pas réellement sur les allées afin de rester un minimum concentré sur sa route. Oui, un minimum. Ce serait malheureux de créer un accident, n’est-ce pas ? Autant pour lui que pour la victime. Pourtant, distrait comme il est, l’ancien cascadeur ne pouvait se centrer sur une seule chose à la fois. De temps à autre, lorsqu’il devait se stopper à cause des feux qui défilaient au rouge, ses yeux dérivaient sur les diverses allées, puis sur les passants hilares qui erraient sous la clairvoyance des lampadaires, en groupe ou non. La nuit paraissait bien calme à l’heure actuelle, mais cette apparence n’est probablement que temporaire ? Il avait suffisamment entendu de rumeurs et d’histoires par le biais de la télévision ou même par quelques bavards. Encore faut-il que ce soit véridique car l’hyperbole est souvent présente dans leurs propos.

Quand le feu de signalement eut circulé au vert, il reprit sa voie en laissant résonner la bruyante sonorité de son trial. Peu à peu, il se sentit perdre le contrôle et ses doigts se resserrèrent plus fermement autour des poignées comme pour contenir encore un peu l’inévitable, mais le démon qui l’habitait n’était guère de son avis et perpétuait alors de le ronger intérieurement. Ce soir, c’était sa toute première ronde et il faut avouer qu’il était plutôt enthousiasmé. Bientôt, un tournant donnant sur une rue se présenta à lui. Dès alors, il l’emprunta en espérant qu’il n’y ait aucun témoin, mais malheureusement le destin aimait particulièrement lui jouer des tours. Tandis qu’il se ruait sur cette nouvelle voie, il fut subitement contraint de freiner et de pivoter, dérapant alors sur le côté dans le but d’esquiver cet individu qui avait surgit de nulle part.

Le frottement soudain des engrenages sur le gravier procréa un crissement plus qu’assourdissant et une fine émanation s’éleva dans l’atmosphère.

Qu’est-ce que … ?! Qu’est-ce qui lui avait prit de se jeter sur son chemin à celui-là ? Il voulait se faire tuer ou quoi ? Heureusement que Johnny possédait de bons réflexes et l’art du métier ! Il s’était arrêté non loin du responsable, à quelques pas, et, sûrement dû à cette soudaine déconcentration et instant de panique, le motard avait entièrement relâché sa vigilance … D’autant plus, la scène qui se déroula sous ses yeux, mettant en scène l’homme qui avait été déboussolé par son trial ainsi qu’un étrange individu portant un costume vert et jaune, par ailleurs celui-ci venait d’assommer le premier homme en déclarant un « Enfoiré, je t’ai enfin attrapé ! », n’arrangeait en rien ses dispositions. Le moteur de son destrier gronda, diminuant puis augmentant l’ampleur de sa sonorité. Johnny s’agrippa la tête en bêlant presque de douleur, sa peau commença lentement à disparaître, brûlé par les flammes infernales qui commençaient à le désagréger.

Enfin, lorsque sa métamorphose douloureuse prit fin, désormais sous son identité démoniaque, ce qui était de même pour sa moto, il poussa un espèce de grognement vers les deux personnages situés non loin de lui. Il ignorait ce qu’il se passait et qui étaient ces hommes dont celui qui avait farfouillé dans les poches de son opposant pour en sortir des sachets. Qu’est-ce qu’ils contenaient ? Il n’en savait rien. Il ne pouvait distinguer le contenu de sa position. Quoiqu’il en soit, bien que Johnny pouvait conserver ses propres pensées et contrôler ses faits ses gestes, le Rider demeurait instable et sa vision de voir les choses était différente. Il descendit finalement de son destrier infernal sans pour autant les quitter du regard, ne s’approchant nullement pour l’instant et leva le bras pour ensuite pointer du doigt l’homme vêtu de vert.

« Toi. » déclara-t-il de son intonation habituelle, ferme et limite effrayante.

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Johnny Blaze & Dave Lizewski

« C’est quoi ce bordel de merde ? »

Le Ghost Rider pouvait lire une extrême surprise dans le regard ainsi que dans l’intonation de l’individu masqué, qui recula d’un pas, et à en juger par celle-ci il devait s’agir d’un homme bien plus jeune que lui. Hum … Qui était-il ? Certainement pas un type se promenant par hasard dans un tel accoutrement, cela va de soit, mais ce phénomène intriguait un minimum l’esprit de vengeance. Une part de lui semblait l’avoir comme qui dirais-je déjà aperçu … Mais où ? Il n’en savait fichtrement rien. Pour l’heure, il souhaitait connaître la raison de cet agissement soudain. Aussi bien pour le masqué que pour l’assommé dont il n’avait nullement vu l’œuvre du crime. Soit. Rien n’échappe au regard du Rider. Il le découvrirait bien. Cette prompte cacophonie avait attiré l’attention de quelques curieux, habitants et promeneurs, qui observaient la scène en conservant une distance de sécurité. Beaucoup semblaient reconnaître l’homme en vert à tel point que certains se mettaient à beugler son nom : Kick Ass.

Baissant lentement son bras et repliant son doigt, le squelette dériva son sombre regard sur les criards et gronda une nouvelle fois en entrouvrant la bouche. Ils étaient bien trop bruyants pour de simples passagers. Puis il reporta son attention sur le dénommé Kick Ass, un nom sonnant comme celui d’un héro, et s’avança fermement, décidé à régler par lui-même cette affaire. Loin d’être bavard, le Rider s’accorda toute absence de paroles qui pourraient répondre à l’interrogation d’effarement de son interlocuteur. Les présentations, très peu pour lui. Son but ultime était de punir sévèrement les âmes criminelles, de leur faire ressentir l'enfer ... De répandre sa propre justice. Il y parviendrait. Et quand cet objectif sera atteint, il retrouvera Méphistophélès et retournera son pouvoir, celui dont il est à la base le propriétaire, contre lui dans l'espoir de récupérer sa puissance et son statut d'autant. Quoiqu'il en soit, à en juger par les différentes réactions des quelques courageux qui assistaient au spectacle, ce Kick Ass était reconnu. Un justicier ? C'était fort probable.

« Quelle est la raison de ton acte ? Réponds. » exigea-t-il sur la même tonalité.

Néanmoins, quand il fut assez proche, s’apprêtant à agripper cet étrange personnage, sa concentration fut détournée. En effet, la cible du type masqué semblait reprendre peu à peu ses esprits, jurant en se tenant la tête comme s'il était victime d'affreux maux de tête et c'est seulement lorsqu'il leva les yeux qu'il retint un hoquet de surprise. Apercevoir un squelette enflammé devant soi est loin d’être rassurant, n’est-ce pas ? Finalement, il n’aurait peut-être pas besoin d’une réponse détaillée de la part de son interlocuteur … D’un mouvement fluide et rapide, l’esprit de vengeance s’abaissa et empoigna le fuyard par le col, se redressant ensuite en le soulevant par la même occasion, le forçant donc à le regarder dans les yeux. Sa nouvelle cible s’affairait en prononçant des propos plaintifs, presque incompréhensibles.

« Regarde moi dans les yeux. »

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« Souffres comme eux. »

Sa cible fuyait tant bien que mal son regard en persistant dans ses jérémiades. Les doigts décharnés qui le hissaient au-dessus de la terre ferme se refermèrent bien plus sur le col. Il le regarderait … Il l’implorerait … Il verrait ce qu’il cache au plus profond de son âme. Nul être ne peut fuir infiniment la pénitence de ce verdict qu’est la vengeance; ni mensonges, ni craintes ne peuvent être enfouis sans qu’il ne le découvre tôt ou tard.

Le corps chancelant et les yeux suppliants, l’homme plongea enfin son regard dans les orbites démunies de globes oculaires, puis, rapidement, au sein de ses véritables gouffres sans fond, il vit d’innombrables atrocités qui lui parurent familiers pour la plupart, certes, mais pourtant ignobles … Tout ceci symbolisait la chambre de son âme poissée par ses agissements passés. Ses secrets lui étaient révélés; ils se reflétaient dans ses yeux. Il se débattait péniblement, mais ses efforts étaient vains, futiles …
Il n’était qu’un insecte pris au piège.
Ces visions le firent geindre de plus belle. Pendant un court laps de temps, car ses complaintes s’étranglèrent prestement … et enfin, le silence fut …
Le regard de cet homme était devenu craquelant, sombre et rocheux … comme si les éclats des abysses s’en étaient emparés.

Tout en relâchant le corps inerte, l’Esprit de vengeance releva le faciès vers la personne vêtue de vert. Bien. Il était temps de s’occuper de ce … Kick Ass. Qui était-il exactement ? Il lui était désormais inutile de lui donner la moindre justification … Il en avait vu assez. Alors, serait-ce l’un de ses justiciers ? Cela ne l’étonnerait point, loin s’en faut, sans l’ombre d’un doute même. Il jeta un regard sur les indésirables; maudit soit leur curiosité … qui atteint désespérément la bêtise humaine … Certains semblaient les filmer.

Cela ne lui plaisait pas. Pas du tout.

Et c’est pour cette raison que son trial prit l’initiative de se mouvoir de lui-même; en effet, le moteur gronda férocement et, sans que son propriétaire ait besoin de faire quoique ce soit, le destrier infernal chemina dare-dare en formant un cercle autour d’eux, et laissant une trainée embrassée … Lorsqu’il eut terminé, il s’immobilisa enfin. Johnny profita alors, des éclats délaissés pour faire surgir une palissade autour d’eux d’un rapide mouvement de bras. Il put ouïr des cris de stupéfaction au-delà de cette barrière.

Entre temps, le justicier était malencontreusement tombé au sol. Il avait loupé la marche du trottoir. Le Rider se focalisa définitivement sur lui. Il souhaitait une réponse concrète à cette interrogation qui lui trottait dans le crâne … Elle était peu importante, mais il n’aimait pas demeurer sans réponses. La distance qui les séparait jusque là s’écourta; d’un pas lent qui pouvait paraître angoissant avec cette démarche infernal, il se rapprocha en le dévisageant longuement, aphone. Il l’interrogea tout naturellement, non sans adoucir son timbre de voix :

« Toi … Innocent. » fit-il en se stoppant aux pieds de son interlocuteur. Il le regardait dans les yeux. Puis, n'étant pas véritablement loquace, il s'efforça de poursuivre : « … Kick Ass, tu es l’un de ces héros qui pullulent, n’est-ce pas ? Je ne ferai rien qui puisse nuire à ta réputation. »

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