G

wen se sentait fébrile, un peu stressée, alors qu'elle jetait un dernier coup d'oeil au miroir. Elle pouvait sans mal affronter n'importe quel contrôle écrit ou examen oral sans éprouver la moindre nervosité, mais là, c'était quand même une autre affaire. Non pas qu'elle manque de confiance en elle, mais il n'était pas forcément simple de se préparer à un rendez-vous, sans avoir à quoi exactement ce rendez-vous pourrait bien mener... Oh, Gwen savait très bien quelle tournure elle aimerait voir cette soirée prendre. Elle ne pouvait nier que Peter Parker lui plaisait, qu'il lui plaisait beaucoup, même. Et si, ce soir, leur relation pouvait évoluer, elle ne serait pas celle qui y mettrait un frein, bien au contraire, elle avait plutôt l'intention de pousser les choses à aller dans ce sens, quitte à ce que cela n'aboutisse à rien du tout, quitte à être déçue. Après tout, rien ne les empêchait, le cas échéant, de seulement passer une bonne soirée entre amis. Elle ne l'inventait pas, tout, de même, le fait qu'ils avaient des atomes crochus, tous les deux. Alors, dans tous les cas, la soirée ne pourrait pas être catastrophique. Le temps qu'elle avait passé devant sa glace trahissait très clairement son intention de plaire. Heureusement que ses parents n'étaient pas là pour voir ça, sa mère y serait certainement allée de ses allusions, s'en donnant à coeur joie, et son père n'en parlons pas, il n'aurait certainement pas lâché leur invité de la soirée. Heureusement qu'aucun des deux n'était là ce soir. Dans tous les cas, sa tenue et son maquillage restaient sobres, elle ne voulait pas non plus envoyer des signaux un peu trop... excessifs, mais elle s'était faite belle, c'est certain (prête à arguer que c'était là uniquement pour les photographies que Peter avait voulu prendre d'elle). S'il restait quelques minutes avant que Peter n'arrive, si toutefois il n'avait pas de retard, elles lui paraissaient particulièrement longues, elle détestait l'attente. C'était toujours un sentiment désagréable que celui d'être dans l'expectative, et de ne rien pouvoir faire d'autre que de poirauter. Finalement, on sonna bel et bien à la porte. Gwen se sentit un peu idiote, quand elle attendit quelques secondes avant d'ouvrir, comme pour donner l'air d'avoir été occupée avant qu'il n'arrive et qu'elle n'avait pas du tout fait le pied de grue en l'attendant. Bon, en même temps oui, mieux valait qu'il croie au premier mensonge qu'à la seconde vérité. Elle n'en était franchement pas très fière. Un attitude de bête midinette, sans le moindre doute. Elle ouvrit donc, et c'était bel et bien Peter.

-Salut. fit-elle en remettant instinctivement une mèche de ses cheveux blond derrière ses oreilles comme à chaque fois qu'elle était nerveuse. Tu as pas eu trop de mal à trouver ?

Un début de conversation ce qu'il y a de plus banal, mais toute amorce de discussion avait ses travers, celle-ci aussi, donc. Elle s'écarta un peu pour laisser Peter entrer.

-Tu veux boire quelque chose ? Ou grignoter un truc ?

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Q

uand Peter entra chez elle, Gwen constata qu'il avait l'air essoufflé et qu'il était un peu débraillé, mais elle n'y prêta pas gare outre mesure, elle n'était clairement pas en train d'imaginer que, quelques instants auparavant, le jeune homme en tenue d'homme-araignée y allait de ses bonnes actions quotidiennes, elle supposait plutôt qu'il avait cru être en retard et que, par conséquent, il avait couru pour arriver à temps chez elle, et elle devait bien reconnaître qu'elle trouvait cela mignon. C'était de toute façon la spontanéité de Peter qui plaisait à Gwen. Il l'aurait certainement bien moins intéressé s'il n'avait été qu'un jeune homme propre sur lui, bien sous tout rapport, et transparent au possible... Car autant le reconnaître également, c'était en bonne partie l'incapacité que Gwen avait de comprendre Peter qui l'avait tant intrigué chez lui en premier lieu et l'avait invité à en apprendre plus à son sujet, à tenter de mieux le connaître. Encore maintenant, alors qu'ils s'étaient rapprochés, elle ne pensait pas être complètement capable de le cerner. Et ce n'était pas plus mal. C'était par instant frustrant de se dire que quelque chose pouvait vous échapper, à d'autres c'était stimulant, on avait pas à craindre d'avoir tout appris de l'autre et de s'en lasser alors. Enfin... Elle s'avançait un peu vite. Pour l'heure, mieux valait en revenir à des considérations un peu plus rationnelles et terre à terre. Il voulait boire quelque chose de frais. Tant mieux, elle avait préparé du thé glacé (comme ça, sans raison particulière, bien sûr). Elle leur en prépara deux verres et en servit un à Peter avant de l'inviter à s'installer dans le salon, où ils pourraient prendre toute la place qu'ils souhaitaient, les parents Stacy n'étant pas dans les parages (heureusement d'ailleurs, Peter s'épargnait d'avoir son père sur le dos, comme ça).

-Alors, tu veux qu'on fasse quoi ? Tu as pris ton appareil photo ? Non pas qu'elle soit si impatiente que cela d'être prise en photo (si ça se trouve, il était en train de la prendre pour une narcissique de première catégorique), mais puisque c'était le prétexte qu'ils s'étaient donnés pour se voir ce soir... Car oui, à ce stade, et même s'ils se l'avouaient plus ou moins, c'était clairement un prétexte. Gwen aurait pu laisser un peu plus de place à l'improvisation, c'est vrai, mais sans être non plus incommensurablement rigide, Gwen aimait quand les choses n'étaient pas trop laissées au hasard, ou juste ce qu'il fallait. Et donc, oui, elle se sentait un peu obligée, au nom de son tempérament, d'organiser quelque peu leur début de soirée... quoi qu'elle ne serait pas contre l'immersion d'un rien d'imprévu au courant de la soirée. On peut regarder un DVD, sinon, mon père en a tellement qu'on dirait qu'il les collectionne.

L'activité importait peu tant qu'ils avaient l'opportunité de passer la soirée ensemble et d'apprendre à mieux se connaître, voire plus, mais ce qui lui avait semblé limpide avant l'arrivée de Peter chez elle commençait à devenir vague à ses yeux. C'était toujours plus simple de faire des plans sur la comète que d'être en situation.

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P

eut-être d'autres auraient trouvé l'attitude de Peter un rien agaçante, mais Gwen ne parvenait pas à trouver quoi que ce soit chez le jeune homme qui puisse être susceptible de l'exaspérer. Et pour cause, elle était bien incapable de trouver un quelconque défaut chez lui, manquant cruellement d'objectivité quand il était question de son invité. Ce n'est pas qu'elle ne voyait pas ses défauts, mais pour elle, ils devenaient des qualités. Ses maladresses, par exemple, avaient beaucoup de charme à ses yeux. Comme, par exemple, ce paquet de chips qui s'était écrasé au fin fond de son sac et qu'il avait voulu prendre pour la sourire. La jeune femme sourit. On allait pas faire un drame pour si peu, c'était l'attention qui comptait, après tout.

-Je vais les mettre dans un saladier. sourit-elle en lui prenant le paquet des mains dans un sourire. On mangera de la poussière de chips, tant pis. Au pire, ce n'était pas bien important, hein. Il aurait pu ne rien ramener du tout que ça ne l'aurait pas plus dérangé. L'essentiel, c'était qu'ils puissent passer un peu plus de temps en compagnie de Peter. Et je peux préparer du pop-corn, si ça te tente.

Ils avaient une machine dont ils se servaient une fois l'an, mais c'était l'occasion, après tout. C'était parmi les qualités de Gwenn qui pouvaient rapidement se transformer en défaut. Elle voulait que tout soit parfait, elle voulait que Peter ne trouve rien à redire sur cette soirée, même, elle voulait qu'il la trouve idéale. Sa maladresse à lui compenser sans doute son trop-plein de rigueur à elle. La jeune femme voulait croire qu'ils pouvaient se retrouver entre les deux.

-Je peux nous préparer ça pendant que tu choisis un film ? suggéra-t-elle en lui désignant du doigt l'étagère où se trouvait la "collection" de films de son père, des films policiers et des thrillers, pour la plupart, rien de bien surprenant quand on connaissait George Stacy.

Peu importe le film qu'il choisirait, la jeune femme ne pensait pas qu'elle y serait super attentive de toutes les manières, elle aurait du mal, avec Peter à côté de lui, et d'ailleurs, elle espérait un peu qu'il choisirait un film suffisamment léger et pas trop prenant pour qu'ils puissent bavarder au gré des scènes. Ça les mettrait peut-être plus à l'aise pour enchaîner ensuite avec quelques photos. En ce qui concernait la jeune femme, puisque, pour sa part, jouer les mannequins pour le jeune homme n'était qu'un prétexte pour passer plus de temps avec lui. Alors si, finalement, ils sautaient cette étape et se contentaient d'un rendez-vous digne de ce nom (qui, qui sait, finirait comme les rendez-vous dignes de ce nom pouvaient finir), ça lui irait très bien. Parfaitement bien, même. Enfin, encore faudrait-il pour cela qu'elle se jette à l'eau à un moment ou à un autre, et cela, elle l'appréhendait par avance. Des fois qu'elle se trompe, des fois que, contre tout indice, il ne soit en vérité pas du tout intéressé.

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S'

affairer dans la cuisine à préparer du pop corn, c'était sa manière à elle de combiner avec le léger stress qu'elle éprouvait. Il n'y avait pas la moindre raison de stresser, au fond, c'était, "au pire", une soirée entre amis, auquel cas ils n'avaient qu'à bavarder en toute légèreté, au mieux un genre de rencard, et dans ce cas, il fallait juste se laisser porter. Eh quoi, ce n'était pas son premier rencard non plus... Mais elle tenait beaucoup à Peter, et ça faisait la différence. Surtout que, pour les quelques petits amis qu'elle avait pu avoir auparavant, le flirt avait été évident, clair et net, elle n'avait pas besoin de s'interroger sur son attitude... Contrairement à maintenant, où elle ressentait comme le besoin de tout contrôler, pour s'assurer que tout soit parfait... Et oui, aussi idiot cela pouvait-il paraître, cela passait également par quelque chose d'aussi...mécanique, que la simple préparation d'un saladier de pop corn, qui ne demandait pas beaucoup de travail au passage. Elle ne mit pas longtemps à avoir préparé le tout, et elle s'apprêtait à retourner au salon quand Peter la rejoignit, DVD en main. Il avait fait son choix. Un blockbuster efficace qui ne nécessitait pas outre mesure d'avoir constamment l'oeil rivé sur le film. Bon choix. Elle l'avait déjà vu à plusieurs reprises, ce n'était pas son film préféré, mais on ne pouvait pas dire que l'intrigue soit immensément prenante, pas au point que l'on doive laisser un silence de mort régner tout au long du film. Étant donnée la situation, si tel devait être le cas, ce serait tout de mêm un tantinet contre-productif. Quand il l'interrogea sur son choix, elle sourit. Dans le genre maladroit, Peter battait définitivement des records, mais elle trouvait cela plus touchant qu'exaspérant, au final... Parce que c'était lui, sans doute.

-J'ai l'air d'aimer les films à l'eau de rose ? répliqua-t-elle en se dirigeant vers le salon, toujours ce fin sourire aux lèvres. Elle déposa le sceau de pop corn sur la table basse et installa le film. Certes, elle ne crachait pas sur une comédie romantique de temps en temps, mais elle osait croire apprécier des bons films, aussi. Dans tous les cas, le choix du film importait assez peu, ce n'est pas comme si la demoiselle avait prévu d'y être très attentive de toute manière. Si je suis ton raisonnement, je déduis que tu préfères les films chargés en testostérones, avec trois lignes de dialogue par personnage des flingues qui tirent à tout-va et un scenario qui tient sur un post-it ?

Une fois de plus, c'était pour sa part aussi, de l'humour. Enfin, selon sa conception de l'humour, qui était peut-être à revoir un peu, mais après tout, c'était aussi une manière de savoir par où commencer. Sous-entendu (maladroit) : c'est quoi ton genre de films ? C'est comme ça qu'on apprend de l'autre, non ? Alors que le film démarrait, elle s'installa confortablement sur le canapé et s'empara d'une poignée de pop corn. Peu importe l'importance du dialogue dans ce film, elle ne comptait pas accorder aux répliques des personnages beaucoup d'intérêt.

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L

es films à suspens, à intrigue, qui demandent un minimum de réflexion, voilà en quoi elle reconnaissait déjà bien plus Peter. Elle l'imaginait mal s'extasier sur une ribambelle de voitures qui explosent sans scénario valable pour justifier le tout. Sur ce point, ils étaient entièrement d'accord. Un point commun supplémentaire, yay ! Comme quoi, ils auraient sans doute pu se trouver un film bien plus intéressant et bien plus prenant à regarder tous les deux... Mais le but n'était de toute façon pas de véritablement regarder le film, juste de se trouver un fond sonore, et qui sait, peut-être y aller de leurs commentaires, quand bien même, ils connaissaient très bien le film l'un comme l'autre. Pour ce qui était des films de super-héros, cette information la fit doucement sourire. Elle ne trouvait pas cela surprenant, pas du tout même. Il suffisait de voir avec quelle assiduité il suivait les péripéties de Spider-Man, jusqu'à en être devenir le photographe officiel. On en arrivait pas là sans une certaine fascination pour les super-héros, et cela Gwen le comprenait, quelque part, même si elle restait quelque peu réservée sur le sujet. Elle s'amusa autant du ton qu'il employa pour à son tour se renseigner sur elle. Car après tout, ils étaient bel et bien en train de faire ce que font tous ceux qui se retrouvent pour un premier rendez-vous, ils apprenaient à mieux se connaître, apprenaient leurs goûts et leurs dégoûts. D'une façon bien singulière, cela va sans dire, car ils devaient être aussi maladroits l'un que l'autre dans ce domaine, mais, pour la jeune femme, en tous cas, le charme opérait malgré tout.

-Eh oui, comme tu vois, je peux être un être humain normal. plaisanta-t-elle.

Elle ne s'offensait pas comme auraient pu le faire d'autres quand on la qualifiait par son titre de première de la classe. Elle n'avait jamais compris cette sorte de consensus qui voulait que, quand on était intelligent et un peu ambitieux, on devait immédiatement être catalogué parmi les "tronches", à savoir les individus non fréquentables sous le seul prétexte qu'ils avaient de bonnes notes. Il n'y avait pas de honte à vouloir réussir, après tout, non ? C'était ce en quoi croyait l'étudiante dur comme fer, néanmoins, et elle préférait entendre le compliment que l'insulte quand on lui signifiait qu'elle réussissait brillamment ses études. Après tout (sans trop d'humilité), ses notes, elle ne les volait pas, elle les méritait, toutes. Et de la part de Peter, de toutes les manières, elle préférait entendre le compliment plutôt que le reproche.

-Et toi alors, tu as vraiment le temps de regarder des films ? Tu ne passes pas tout ton temps à courir après Spider-Man ?

C'est qu'elle était la première de la classe, peut-être, mais Peter la talonnait nettement, et elle n'imaginait pas vraiment le temps qu'il devait consacrer à ses activités extra-scolaires. Cela se lisait sur son visage, parfois, quand il arrivait en cours le visage cerné et l'air exténué. Dans ces moments là, on pouvait supposer qu'il avait illustré l'une des actions de l'homme-araignée. Elle ne croyait pas si bien penser.

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e laisser tellement déborder qu'on ne trouvait plus le moyen de profiter des plaisirs simples de la vie et des loisirs des adolescents normaux, Gwen connaissait très bien cela. Pour sa part, la jeune femme avait des fois le sentiment de ne vraiment pas savoir prendre du temps pour elle. Quand elle n'était pas au lycée, elle participait à ses shootings ou aux quelques défilés auxquels on la conviait, et quand elle n'était pas à ses shootings, elle était généralement en train d'étudier. De temps à autres, elle trouvait un peu de temps pour ses amis, mais bien moins que la plupart des adolescents de dix-sept ans. Elle était d'un naturel ambitieux, elle remettait souvent ce genre de loisir à plus tard pour faire passer en priorité ses études, même si elle n'était encore qu'au lycée. Pour qu'elle se détourne un peu des cours, des révisions ou des examens, il lui fallait un bon prétexte, et quelque part, elle espérait qu'elle l'ait sous les yeux. Parce que la jeune femme serait tout à fait prête à lui sacrifier plus d'un soir de sa semaine si elle pouvait avoir en contrepartie la garantie de passer du temps avec le jeune homme. Elle se sentait un peu bête, quand elle était avec Peter, mais en même temps elle se sentait bien, vraiment bien. Il la faisait craquer, tout simplement, si bien qu'il lui devenait de plus en plus difficile d'envisager que ce rendez-vous se résume à une simple soirée entre amis. Elle avait, au fond, voulu plus dès qu'elle l'avait invité chez elle, elle ne savait juste pas s'y prendre pour le lui faire comprendre...

...Mais en fait, elle n'en avait peut-être pas besoin. Quand il approcha ses lèvres des siennes, elle ne s'y attendait pas, mais en même temps, elle n'aurait pas songé à faire quoi que ce soit pour arrêter son geste, bien au contraire. Elle sentait son coeur s'emballer au contact de ses lèvres, et elle ne put s'empêcher de sourire quand elles s'éloignèrent, sourire qui s'élargit quand le jeune homme s'excusa maladroitement de son geste. il n'avait vraiment pas à forcer sa nature pour être adorable. Elle le trouvait tout bonnement irrésistible. En guise de réponse, elle passa une main dans ses cheveux, et l'embrassa à son tour. C'était finalement plus simple que ne l'avaient laissé supposer ses doutes et ses hésitations. C'était même très naturel, évident.

-T'excuse pas. répondit-elle, toujours tout sourire, alors que son baiser confirmait, de toute manière, qu'il n'y avait vraiment aucun motif de sa part à s'excuser, au contraire. La prochaine fois, on ira au cinéma, si tu veux. ajouta-t-elle en serrant sa main dans la sienne.

Elle s'avançait peut-être un peu, mais elle pensait connaître Peter, le connaître suffisamment pour savoir qu'il ne s'amusait pas à embrasser toutes les filles qu'il croisait, alors elle voulait croire que cette soirée n'était que la première d'une longue série. Elle en avait envie, en tous cas. Peter Parker était un jeune homme exceptionnel, et puisqu'elle lui plaisait, visiblement... elle ne voulait pas laisser passer sa chance.

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wen se sentait à la fois heureuse et soulagée de la tournure qu'avait pris la situation. Heureuse, parce que Peter lui plaisait depuis très longtemps, et que rien ne pouvait lui faire plus plaisir que de découvrir que leurs sentiments étaient réciproques. Soulagée, parce qu'elle ne savait pas combien de temps ils auraient pu tourner autour du pot, et parce qu'elle avait craint également se méprendre au sujet des intentions de Peter, il aurait très bien pu ne voir en elle qu'un ami... Au final, tout était pour le mieux, et même mieux que ce qu'elle s'était imaginée. Parce que tout avait été spontané, naturel. Quand elle était dans ses bras, elle se sentait pour le mieux, comme si elle y avait toujours eu sa place. Et quand ses lèvres se posaient sur les siennes, elle avait le sentiment que le temps s'arrêtait. Et c'était agréable. Elle n'était préoccupée de rien, elle n'était ennuyée de rien, il n'y avait plus rien qui comptait à part lui, elle n'avait jamais ressenti cela auparavant. Son esprit pragmatique l'invitait à ne pas s'emballer. Après tout, ils étaient très jeunes, tous les deux, ça durait rarement, à leurs âges... et en même temps, son coeur avait envie de mettre une gifle monumentale à son esprit pour lui signifier qu'elle avait toujours voulu Peter. Et qu'elle ne voulait personne d'autre, surtout. C'était parfait. Il n'y avait nul part ailleurs où elle voulait être. Et personne d'autre auprès de qui elle voudrait être. Elle profitait seulement du moment, et songeait à tous les suivants. Leurs sorties futures, les moments comme celui ci, où ils profiteraient tout simplement d'être l'un avec l'autre. Elle ne s'était jamais à ce point sentie en harmonie avec elle-même, et elle ne pensait pas que quoi que ce soit soit susceptible de la faire descendre de son petit nuage, surtout que Peter sembler envisager leur "relation" (si tôt soit-il pour en parler ainsi) de la même manière qu'elle, en même temps, elle ne le voyait pas sortir avec une fille pour la lâcher le lendemain. Ils rassemblaient à eux deux tous les ingrédients d'une histoire réussie, à eux de faire en sorte que les choses se poursuivent aussi bien qu'elles avaient commencé. Gwen était particulièrement optimiste, pour tout dire. Elle accueillit la remarque de son petit ami (oui, voilà, c'était son petit ami. Et elle adorait ça) dans un sourire, et un nouveau baiser.

-Et sinon... Tu veux toujours qu'on les prenne, ces photos ? demanda-t-elle avec une lueur de malice dans le regard.

Il était plus que manifeste, dorénavant, que ces histoires de photos avaient été un prétexte aussi bien pour l'un que pour l'autre, mais l'idée en soi n'était pas si mauvaise. Gwen avait beau ne pas souhaiter en vivre, elle était quand même mannequin, et lui photographe, le genre de combinaison à côté de laquelle il ne fallait pas passer, non ? Une preuve de plus s'il en fallait vraiment (et elle ne considérait pas que ce soit pas spécialement le cas) qu'ils étaient complémentaires, tous les deux.

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C'

était elle qui avait suggéré qu'ils fassent mine d'avoir vraiment voulu prendre ces photos en s'improvisant un petit shooting de derrière les fagots, même s'ils auraient très bien pu s'en passer, parce que la perspective restait amusante, et qu'elle appréciait le travail de Peter comme photographe, même si elle n'avait pas pu en voir grand chose, si ce n'est les clichés de Spider-Man qu'il vendait de temps à autres, et qui étaient toujours d'une excellente qualité (elle n'allait pas tarder à comprendre pourquoi, d'ailleurs), mais elle devait quand même admettre qu'il était plus intimidant de poser pour son tout nouveau petit ami que pour n'importe quel professionnel qu'elle ne croisait jamais qu'occasionnellement, pour certains une seule fois. Alors qu'il lui demandait de faire comme elle le faisait d'habitude, elle en était tout à coup bien moins capable, et la moindre de ses pauses lui semblaient artificielles et ridicules (en même temps, elles devaient l'être aussi en temps normal, mais le regard que pouvait poser Peter sur elle avait plus de valeur et d'importance que celle de n'importe quel gros bonnet de la profession — qu'elle ne connaissait de toute manière pas, vu qu'elle ne faisait du mannequinat qu'à très petite échelle, ce qui lui allait très bien). Elle n'avait pas envie de faire comme d'habitude, en fait. Tout simplement parce que la situation n'était pas comme d'habitude. Elle n'avait pas la moindre envie de se montrer professionnelle (outre le fait qu'elle n'y serait sans doute pas parvenue si elle avait essayé, ça...).

Finalement, faute de savoir être vraiment sérieuses, ou encore de le vouloir, elle préféra prendre des pauses volontairement absurdes et idiotes, le tout accommodées de grimaces qui faisaient chuter sa crédibilité en dessous de zéro. Si un quelconque recruteur d'une quelconque (mais néanmoins prestigieuse) université tombait sur ces clichés, elle n'aurait plus la moindre chance. Mais... outre le fait qu'elle s'en fichait pour le moment (et qu'il n'y avait absolument aucune chose pour que se produise ce cas de figure, ne serait-ce que parce qu'elle avait largement confiance en Peter), ce qu'elle voulait, pour l'instant, c'était faire le plein de souvenirs. S'interrompant dans ses mimiques inélégantes, elle se rapprocha de Peter le temps de lui voler un baiser. Ce genre de gestes de tendresse et d'affection lui venaient avec un naturel et une simplicité désarmants, à se demander comment ils avaient fait pour passer autant de temps à se tourner autour sans franchir le pas, c'était si évident, une fois que c'était fait. Mais il avait fallu compter sur leur maladresse à tous les deux, l'apanage de la jeunesse, peut-être.  Après avoir détaché ses lèvres des siennes, elle lui souffla à l'oreille :

-À ton tour, maintenant.

Sans prévenir, elle lui prit l'appareil photo des mains et s'installa à sa place. Elle n'était pas du tout certaine de savoir s'en servir convenablement, mais peu importe, Peter devrait trier parmi les photos foues qu'elle aurait faite de lui quand il transfèrerait les clichés sur son ordinateur.

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G

wen, malgré les efforts de Peter pour lui prendre l’appareil photo des mains (bon, en même temps, c’était son appareil, mais ça…), parvint quand même à prendre deux ou trois photos, qui n’avaient cependant que peu de chances d’être bien fameuses. Outre le fait que Gwen était loin d’être une photographe d’exception (adepte des photos floues au rapport), Peter s’agitait bien trop pour que le résultat puisse vraiment être brillant. Mais évidemment, elle s’en fichait. Là, comme depuis le départ en vérité, ces photographies n’étaient jamais qu’un prétexte. Et le résultat importait peu, autant celui de leur shooting improvisé de tout à l’heure que celui-ci. Ils échangeaient seulement un moment de complicité qui ne pouvait que conforter Gwen dans le sentiment qu’elle ressentait depuis longtemps vis à vis de Peter. Elle était bien, avec lui. En sa compagnie, tout avait l’air plus simple, plus doux, plus… tout, c’était un manque à son existence comblé par sa seule présence, et elle était bien. Elle avait l’impression que Peter et elle, ça ne datait pas d’il y a quelques minutes, quand le jeune homme avait osé poser ses lèvres sur les siennes, elle avait plutôt le sentiment que ça avait toujours été là, que ça avait toujours existé. Et maintenant, elle pouvait en profiter pleinement. Ce qu’elle faisait sans se priver. Elle qui appréhendait tout et avait poussé la maniaquerie à l’extrême avant la venue de Peter, et pas longtemps après, dans l’espoir que tout se passe pour le mieux, avait à présent abandonné toute artificialité, se laissant seulement porter par le moment, un moment tendre, complice et serein.

Elle ne résista pas outre mesure quand il récupéra son appareil photo, affirmant qu’il n’acceptait de poser devant l’appareil que s’ils étaient tous les deux. Voilà qui lui convenait parfaitement, plus encore quand ses lèvres se posèrent une nouvelle fois sur les siennes. Naturellement, spontanément. Elle entendit le bruit caractéristique de l’image que l’on immortalise, et elle aimait ça, ce n’était pas grand chose, mais elle aimait l’idée qu’ils fassent déjà des photos d’eux-deux. C’est ce que l’on faisait quand on voulait vivre quelque chose de sérieux, et pour Gwen, même si cette relation n’en était qu’un balbutiement, il était clair qu’elle ne voulait pas oublier le lendemain les promesses de ce jour. Elle et Peter pouvait vraiment faire un grand bout de chemin ensemble, elle en était sûre et certaine (pour peu qu’elle survive, évidemment). Bien sûr, c’était sans doute idéaliste, les rêveries d’une adolescente de dix-sept ans. Mais après tout, pourquoi pas. Elle se chargea d’imposer leur prochaine pause, déposant un baiser sur sa joue, puis la suivante, leur suggérant de grimacer tous les deux. Puis celle d’après…

-On peut voir le résultat ? demanda-t-elle. Et j’exige une copie et un droit de suppression pour chacune de ces photos. ajouta-t-elle en plaisantant. Les modèles sont de vraies divas, il faut que tu le saches.

Même si ce mot ne pouvait clairement pas coller à la personnalité de Gwen, qui pouvait être présomptueuse par moments, mais jamais capricieuse.

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wen ne prit bien évidemment pas au sérieux la remarque de Peter, affirmant que découvrir cette facette inventée de toute pièce de sa personne changeait quelque chose à leur relation. Cela aurait sans doute pu s'il ne s'était pas agi d'une plaisanterie, Gwen imaginait mal Peter se laisser charmer par une quelconque blonde péroxydée au QI d'huître et à l'affolante vantardise. Tant mieux, il faut bien dire que ça l'arrangeait totalement. Elle n'avait pas envie d'avoir à rivaliser avec ce genre de filles-là. Le sourire que Gwen avait affiché face à la plaisanterie de son interlocuteur s'élargit quand Peter évoqua les anciennes photos qu'il avait d'elle. À l'entendre parler ainsi, on aurait dit qu'il en avait toute une collection, mais mis à part ce soir, les photos de classe et les moments où elle était passée incidemment devant son objectif, elle ne pensait pas qu'il y en ait grand nombre.

-Quoi ? Il y en a tant que ça, des anciennes photos ? demanda-t-elle sans cesser de sourire. J'ai affaire à un stalker ?

Peter tira son ordinateur portable de son sac, et en profita pour y charger les photos, durant le processus, Gwen, assise à côté de lui, avait déposé sa tête sur son épaule avec tendresse. C'est fou comme elle pouvait se sentir bien, en compagnie de Peter, comme si rien ne pouvait l'atteindre, comme si ils étaient ensemble depuis toujours, alors que cela faisait seulement quelques minutes. Mais des minutes vraiment délicieuses. La plupart des photos n'étaient pas grandioses (surtout les siennes, Gwen devait bien l'admettre, il était exclu pour elle de se lancer dans une quelconque de carrière de photographe. Mais il y en avait de belles, des photos, et en fait, il n'y en avait aucune que la jeune femme avait envie d'exclure, parce qu'elles appartenaient tous à un moment qu'elle n'avait aucune envie de voir disparaître, et deviendraient bien vite des souvenirs sans pareils.

-J'aime beaucoup celle-là. dit-elle dans un sourire encore plus grand en désignant la photographie sur laquelle tous les deux s'embrassaient avant de venir déposer un baiser sur sa joue.

Ce fut alors qu'elle entendit des clés cliqueter dans la serrure de l'entrée. Elle se redressa aussitôt. Ça ne pouvait vouloir dire qu'une seule chose. Une chose que Gwen n'avait pas du tout anticipé. Ses parents ne devaient pas être là de la soirée, laissant entièrement le champ libre à Gwen et Peter. Apparemment, ils étaient rentrés plus tôt que prévu. En soi, tous les deux ne faisaient absolument rien de mal, mais Gwen s'était abstenue de spécifier à ses parents qu'elle invitait un garçon à la maison. Plus pour sa mère que son père, qui serait d'un naturel à faire passer un interrogatoire à Peter s'il le voyait ici, et ce même si Gwen omettait de spécifier que le jeune homme était son petit ami. Gwen n'avait pas la moindre envie d'infliger cela au jeune homme. Elle le regarda, interdite. D'un autre côté, elle n'allait pas le planquer sous le canapé, ce serait stupide...

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