iv avait lu ce livre, il y a longtemps, sans doute quand elle était encore étudiante, elle ne savait plus trop. Une femme se voyait affublée d'une marque rouge et très visible, un A inscrit en grosse lettre sur sa poitrine, A comme adultère, afin que nul n'ignore le tort qu'elle avait causé à son époux. Liv, avec cette tache bleue qui lui dévorait le contour de l'oeil et une partie de la joue, avait le sentiment de ne pas être bien différente, et elle ne déplorait certainement pas, à l'heure actuelle, son indifférence naturelle, son incapacité naturelle à ressentir quoi que ce soit qui puisse s'assimiler un tant soit peu à de la honte. Par commodité, elle avait dissimulé la tache en question avec des lunettes de soleil tant que cela lui avait été possible... ce n'était plus le cas à présent.
Tant pis, cela ne l'empêchait pas d'évoluer au grand jour. Elle ne se vantait pas de ses pouvoirs auprès du tout-venant, mais elle n'avait pas honte d'être une mutante. Certes, elle se serait bien épargnée la salve d'interrogations qui avaient accompagné cette évidence physique, mais elle faisait avec. C'était à présent qu'elle était découverte, au grand jour, comme une mutante, qu'elle se sentait plus que jamais éloignée de ce même qualificatif. En l'état, impossible pour elle de retrouver les confréristes. Quant à ses pouvoirs... inexistants. Et elle continuait de savourer leur absence, plus qu'elle ne l'aurait soupçonné... Seulement, en contrepartie, elle s'affaiblissait, Pietro aussi... Ils allaient devoir prendre une décision rapidement, avant que cette décision se prenne pour eux, à leur place. Mais ce n'était pas pour aujourd'hui. Aujourd'hui, elle était encore en vie, et comme tous les jours, elle se rendait au travail, faisant mine de ne rien constater aux regards tournés vers elle.
Assise à son bureau, elle travaillait à un dossier qui lui donnait du fil à retordre, elle devait le reconnaître, quand elle vit passer son collègue. Liv n'éprouvait pas vraiment de scrupule ou de remords, elle n'avait, comme à son habitude, éprouvé aucune émotion particulière en apprenant que Marcus avait fini à l'hôpital, revanche évidente des Death Demons après l'incarcération de Cassandre Bathory. Malgré tout, elle estimait que son retour au poste valait bien qu'elle abandonne un instant son bureau pour venir s'adresser à son collègue, d'autant qu'elle restait assez curieuse de comprendre ce qui lui était arrivé exactement. Et c'était sûrement le moment de reprendre où ils s'étaient arrêté. Revenir sur cette affaire lui ferait du bien, en vérité, elle préférait cela plutôt que de se concentrer sur la perspective d'une mort imminente ou non, dont ses visions désormais absentes ne lui permettaient pas de jauger l'évidence ou la certitude. Elle alla donc le retrouver dans son bureau, et le salua, le visage impassible, comme à son habitude.
Marcus avait attendu avec impatience de retourner au bureau. Il n’avait pas été physiquement capable de travailler pendant un moment, forcément, au vu des évènements, mais dès qu’il avait pu être plus physiquement capable, il avait juste eu envie d’y retourner. Mais malheureusement, ce n’était pas possible, on avait jugé qu’il avait besoin de plus de repos. Sauf que ne pas travailler était une torture pour Marcus. L’homme ne faisait que penser à toutes ces affaires sur lesquelles il travaillait, mais bien sûr aussi particulièrement sur celle des Death Demons et Bathory. Il avait donc attendu avec impatience de retourner au travail, et en même temps, maintenant que c’était possible, il ne pouvait pas nier ressentir une certaine pression.
C’était le cas depuis un moment, forcément, Marcus avait un peu plus peur qu’avant. Il n’était pas spécialement rassuré de sortir de chez lui, mais il ne l’était pas plus d’être chez lui non plus. Parce qu’il craignait les nouvelles représailles. Son agression avait eu pour but de lui faire passer un message, ou de le tuer, quelque chose lui disait qu’il risquait encore de voir quelque chose lui tomber dessus. Il était donc un peu nerveux, mais en même temps il n’était pas envisageable pour lui de ne pas reprendre le travail. Il avait besoin de se replonger dans ses affaires et il se doutait que ça allait lui faire énormément de bien d’ailleurs. Cela dit, il n’avait pas encore réellement le droit d’être sur le terrain, pour le moment l’inspecteur était autorisé à retourner au bureau et à faire de la paperasse, il pourra retourner sur le terrain plus tard. Mais c’était déjà une bonne chose.
Quand il arriva sur place, nombreux de ses collègues le saluèrent et mine de rien, ça lui fit énormément de bien. Il se rendit dans son bureau, installa ses affaires et poussa un soupire d’aise. Clairement, c’était ici qu’était sa place. Mindy lui reprochera peut-être de reprendre le travail si vite, mais en même temps elle n’avait pas réellement de leçon à lui faire. Il n’était pas encore complètement installé quand une autre de ses collègues vint le saluer. Marcus leva son regard un sourire au visage vers Liv quand elle lui souhaita un bon retour parmi eux, perdant cela dit un peu ce sourire en voyant son visage. Oui, elle était une mutante, forcément Marcus en avait conscience et il avait largement pu entendre ce qui arrivait au mutant dernièrement. Mais c’était une autre chose de le constater par soit même sur une personne qu’on avait l’habitude de côtoyer.
« Merci. » Répondit-il. « J’avais hâte de revenir. » Ajouta-t-il, même s’il n’était pas certain que ça puisse vraiment intéresser la jeune femme. Il ne savait toujours pas trop comment s’y prendre avec Liv, elle était un peu particulière. Mais en même temps, ils s’entendaient très bien quand même tous les deux, ils formaient un bon duo. « Comment tu vas ? » Demanda-t-il, ne pouvant pas s’empêcher de poser la question.
iv n'en doutait pas une seule seconde quand Marcus affirma qu'il avait été impatient de revenir au poste. Le connaissant (et à force de le croire, elle estimait qu'elle le connaissait bien quand même), elle se doutait que s'il devait rester chez lui en convalescence, il ne ferait rien à part tourner en rond, ce qui aurait de bonnes chances de le rendre complètement dingue, c'est une certitude. Il était un bourreau de travail, tout le monde le savait, bien souvent le premier à arriver au commissariat, bien souvent le dernier à en partir. Ils ne supportaient pas de laisser un travail inachevé, et c'était définitivement là l'un de leurs nombreux points communs (même si par de nombreux autres aspects, ils ne se ressemblaient définitivement pas du tout. Donc oui, logique qu'il soit heureux de s'être remis à l'ouvrage, d'autant qu'il devait être impatient d'en découdre avec les hommes qui l'avaient agressé.
-Je vais bien, répondit-elle, ce qui n'était ni vrai ni faux. Elle avait été mieux, c'est sûr, au cours de sa vie, mais elle était assez convaincue qu'elle pourrait connaître pire. Ou en tout cas elle le supposait. Enfin... autant que possible dans... ces circonstances, ajouta-t-elle en désignant d'un geste son visage sur lequel se découvrait bien trop clairement la marque de son appartenance à la communauté mutante.
L'avantage, avec Marcus, c'est qu'il était déjà au courant. Il savait ce qu'elle était, sa nature, il connaissait même en partie ses pouvoirs, la surprise ne devait pas donc être grande pour lui. Même si elle se doutait que le constat devait être plus brutal à la voir ainsi marquée. Il l'était même pour Liv elle-même, alors elle n'en serait pas surprise.
-Et toi ? demanda-t-elle en retour. Et pour le coup, la réponse à cette question l'intéressait vraiment. Même si ce qui l'intéressait n'était pas tant de s'assurer de la bonne santé physique et mentale de son collègue, mais de savoir précisément à quoi il avait été exposé et ce qu'allait être la suite pour lui à présent. Qu'est-ce qui s'est passé exactement ?
Elle avait eu quelques échos, mais c'était d'autres de leurs collègues qui avaient été chargés de gérer l'agression de Marcus, elle n'avait pas réellement eu voix au chapitre. La jeune femme était à présent très curieuse d'en savoir plus et d'y mettre son grain de sel si possible. Elle avait travaillé avec Marcus sur l'affaire des Death Demons, alors forcément, elle se sentait concernée. Et elle se sentirait concernée tant que Styles, Bathory et toute la clique n'auraient pas reçu le sort qu'ils méritaient. Le plus tôt serait le mieux selon elle. Même s'il n'était pas si facile d'avoir raison de ces individus-là.
Liv lui apprit qu’elle allait bien, autant que possible au vu des circonstances. Forcément, au vu de la situation… Marcus n’avait pas pu passer à côté de tout ça, en même temps à présent il était évident que personne ne pouvait passer à côté de tout ça. Cela se voyait bien que Liv était une mutante. En un sens, c’était sans doute une bonne chose que Marcus ait été au courant de sa nature avant tout ça, parce que même si c’était impressionnant de la voir dans cet état, il n’avait pas une double surprise. La seule qu’il avait était de découvrir qu’elle était malheureusement touchée par le mal qu’il y avait parmi les mutants.
Le policier devait bien avouer qu’il ne savait pas réellement comment réagir. En un sens, il avait bien envie de compatir à la situation, au sort de la jeune femme, mais en même temps il n’était pas sûr que c’était l’attitude qui convenait réellement non plus. Parce que Liv n’en avait pas forcément envie. À force, ils se connaissaient, mais Marcus n’était pas toujours sûr de bien comprendre sa collègue pour autant. Il n’était pas toujours sûr de connaître vraiment ses réactions. De toute façon, l’homme n’aurait pas eu l’occasion de dire quoi que ce soit, puisque Liv enchaina sur son propre sort, lui demanda comment il allait, mais surtout ce qui s’était passé exactement.
« Je me suis remis. » Répondit-il, en ne répondant pas forcément tout de suite à la question qui intéressait le plus Liv. Il n’était pas encore sûr d’aller si bien que cela, mais de toute façon il en avait eu assez de tourner en rond chez lui, il avait été grand temps qu’il remonte en selle. Même si forcément, il allait devoir être prudent. Mais en même temps, c’était quand même le risque du métier, Marcus ne pouvait pas vraiment décider de s’arrêter et d’arrêter de vouloir rendre la justice à cause de ce qui s’était passé. Même si ce n’était pas ce qu’il y avait de plus facile non plus. « Et… il n’y a pas grand-chose à savoir en vérité. Je rentrais et ils me sont tombés dessus devant chez moi. J’ai… bien morflé. Je suppose que ce n’était qu’un message qu’on voulait me faire passer pour que je ne tente pas de me mêler des affaires de Styles ou que je ne remette pas Bathory en prison. »
Il n’avait pas forcément de preuve à ce sujet et il n’avait pas le droit de voir les progrès de l’enquête. Parce qu’il semblerait qu’il soit… trop investi forcément dedans. Il n’avait aucune idée de comment ils dirigeaient l’enquête, mais en même temps Marcus ne se faisait pas vraiment d’idée. Il était évident que ça n’allait pas vraiment aller dans le bon sens, qu’on n’allait pas trouver de preuve contre les Death Demons. Déjà, s’ils cherchaient des preuves ce serait quand même une bonne chose. Marcus ne devrait pas douter de ses collègues, mais c’était quand même un peu difficile à force.
l s'était remis, ça se voyait. Enfin, physiquement, en tout cas. Pour ce qui était de son moral, Liv ne pouvait définitivement pas en juger de son propre chef, et elle ne cherchait pas forcément à creuser non plus. Elle se contentait de voir que son collègue tenait debout, qu'il semblait en pleine disposition de ses moyens, et elle estimait que c'était une excellente chose. S'il avait dû ne pas se remettre de ses blessures, elle n'en aurait pas fait une maladie non plus, elle devait bien le dire. Mais sa présence allait pouvoir l'éclairer sur l'affaire Styles, alors, forcément, ça ne pouvait que l'intéresser. Et le sujet avait le mérite de détourner l'attention de son état à elle, duquel il n'y avait de toute façon pas grand-chose à dire. Elle était une mutante, c'était à présent un fait connu de tous ses collègues, et elle souffrait d'un mal que rencontrait la majorité de ses pairs, fin de l'histoire. Pour les détails plus personnels, il n'y avait qu'avec Pietro qu'elle se voyait les partager - même si, ces temps derniers, ils avaient manifestement bien du mal à se comprendre tous les deux.
Donc, il avait été agressé devant chez lui, et on l'avait passé à tabac. Il était bien probable qu'il ne s'en serait pas sorti indemne si on n'avait pas seulement voulu lui transmettre un message, bien brutal et donc normalement bien efficace. Normalement. Mais Liv pensait connaître un peu le tempérament de son collègue à force de travailler avec lui. Alors elle voulait croire que ce discours ne le dissuaderait pas forcément de mettre fin à ses recherches. Pour Liv, c'était une déclaration de guerre. Ils ne voulaient pas que Bathory finisse de nouveau en prison ? Eh bien, pas de chances pour eux, ils feraient d'autant plus tout ce qu'ils pourraient pour que la jeune femme se retrouve à nouveau derrière les barreaux. En tout cas, c'était l'intention de Liv, qui se sentait tout de même concernée par ce qui était arrivé à Marcus. Sans doute parce qu'elle ne demandait qu'à régler leurs comptes à David Styles et aux Death Demons, et cela depuis un bon bout de temps déjà.
-Et ça a été efficace ? Tu as l'intention d'abandonner l'affaire ? demanda-t-elle pas tant parce qu'elle s'imaginait que c'était le cas que parce qu'elle voulait la confirmation du contraire.
Certes, ses supérieurs ne voudraient plus le laisser avoir affaire à Styles, mais les missions officieuses étaient monnaie courante dans leur milieu. Et si jamais Marcus décidait de s'arrêter là, il était plus que certain que Liv, de son côté, prendrait la relève. Et elle le ferait avec grand plaisir, même. Cela la détournerait confortablement de ses propres problèmes sur lesquels elle avait trop tendance à se focaliser.
En soit, il n’y avait pas grand-chose à dire sur toute cette histoire. Elle était terriblement classique. Un flic qui se penche sur une affaire, qui s’en prend à beaucoup plus grand que lui, et qui au final en paie les pots cassés. Parce que c’était à se demander si la justice était capable d’être rendue. Marcus avait le sentiment de vivre le scénario d’un mauvais film de flic… mais en tout cas, il était évident qu’on avait cherché à lui faire passer un message. Quand Liv lui demanda si ça avait été efficace, s’il avait l’intention d’abandonner l’affaire, Marcus espérait qu’elle attendait de sa part une réponse bien précise. Parce qu’au final, ils avaient été tous les deux sur le coup, ils avaient eu envie tous les deux de faire tomber Styles et Bathory. Alors s’il devait perdre le soutien de sa collègue, il était définitif que Marcus devrait abandonner mais ce n’était pas le cas.
« Au début… oui, très clairement. Je ne vais pas mentir, je ne menais vraiment pas large et je me suis dit que… » Marcus poussa un soupire. « Que ça ne servait à rien. »
Le jeune homme leva un peu son regard vers le reste du commissariat où tout le monde semblait occupé à travailler. Marcus avait conscience qu’il ne devait pas compter sur les autres pour déterminer qui étaient les responsables de son agression. Il aimerait pouvoir les blâmer pour ça, mais il savait qu’entre les ripoux qui en tiraient profits, il y avait aussi ceux qui avaient peur de finir comme lui. Et il avait été très clairement à deux doigts d’être une personne comme ça, d’abandonner parce qu’il aurait eu trop peur de mourir parce qu’il cherchait à mettre en prison des personnes pour leurs crimes. Mais il ne pouvait pas abandonner, il ne se reconnaitrait pas s’il devait décider d’abandonner.
« Officiellement, je vais abandonner. » Répondit-il, en tournant de nouveau son regard vers Liv. Elle comprendrait parfaitement et Marcus se permettait de lui faire confiance. Il n’avait aucune idée sur qui compter à présent sur son lieu de travail, même ses plus proches collègues lui donnaient le sentiment d’être capable de tout abandonner et de vendre le premier venu pour sauver leur peau. Mais lui, il devait agir, il devait faire quelque chose et il osait croire que Liv serait de son côté. Sinon, elle ne lui poserait pas cette question. À moins qu’elle soit en train de le balader et qu’il se mette très clairement dans la mouise. « Mais je ne les lâcherais pas pour autant. Je sais bien que je ne vais pas pouvoir agir comme avant, que je ne peux faire confiance à personne… mais je crois en la justice. Ils ne doivent pas s’en sortir si facilement. »
Et s’il devait pour cela agir en dehors des clous, il le ferait. Il avait bien compris que par moment, on n’avait pas le choix. Même s’il avait mit longtemps et que… il contredisait tout ce qu’il avait appris à Mindy.
iv ne pouvait pas spécialement reprocher à Marcus d'avoir envisagé d'entrer dans le jeu de David Styles et de ne surtout pas poursuivre son enquête. C'était normal qu'il se soit inquiété pour sa vie, voire même pour son entourage, c'était absolument logique, d'ailleurs. Elle était bien placée pour savoir quelles perspectives pouvaient être modifiées par l'appréhension de la mort, elle vivait cela au quotidien. Le fait de pouvoir déterminer à l'avance sa mort ou celle des autres n'y ôtait rien : c'était même l'inverse : elle y était d'autant plus sensible au bout du compte. Donc non, ce n'était pas un reproche qu'elle ferait à Marcus, certainement pas, en revanche, elle appréciait d'entendre que sa première pensée avait été remplacée par une autre. Plus le temps passait, plus le monstre s'agitait à l'évocation du chef de file des Death Demons. Il était grand temps de le reléguer au rang des vieux souvenirs, cette fois insignifiants, mais pour cela, Liv aurait tout de même besoin de l'appui de son collègue. Elle aurait bien des difficultés à y parvenir par ses seuls et propres moyens. Non, elle avait besoin de l'appui de Marcus, qui l'air de rien avait su représenter une menace suffisante pour réussir à attiser l'intérêt et la colère du chef de gang.
Officiellement, il allait abandonner, et c'était aussi normal que compréhensible. Officiellement, dans tous les cas, personne ne le laisserait reprendre l'enquête après tous les dangers qu'il avait encourus. Tous ses collègues estimeraient nécessaires de le tenir à distance, voire même de lui faire bénéficier d'une sécurité rapprochée afin de s'assurer qu'il ne lui arriverait rien de mal. Liv la première estimait que cela valait mieux. Il était préférable qu'il agisse dans l'ombre à compter de maintenant... mais qu'il agisse tout de même. Son soutien, sa participation étaient trop précieux pour qu'ils puissent vraiment se l'épargner.
-Je prends le relai officiel sur l'enquête, lui confirma Liv d'un ton décidé, volontaire. Et en effet, son intention, et il pouvait être certain qu'elle le prenait à coeur. Ce n'était pas outre mesure parce qu'elle s'inquiétait pour son collègue, mais parce qu'elle était plus que jamais décidée à ne pas laisser les Death Demons gagner. Ils devaient vraiment payer, et Styles en premier. L'affaire n'allait pas être simple, mais leur processus d'intimidation n'avait pas fonctionné, alors rien ne fonctionnerait. Mais en effet, j'aurais certainement besoin de toi pour m'aider, en sous-marin. Si tu t'en sens capable. Je ne te mettrais à contribution qu'en toute discrétion, personne n'aura besoin ni la possibilité d'avoir vent de ton intervention dans l'affaire.
Elle se montrait peut-être trop certaine sur ce point, mais elle avait besoin de convaincre son interlocuteur.
Marcus devait bien avouer qu’il comptait sur le soutien de Liv en cet instant précis. La jeune femme avait la même ambition que lui de faire tomber les Death Demons, il espérait qu’elle accepte de prendre la suite officielle et ce fut le cas. Marcus hocha de la tête en l’entendant affirmer qu’elle reprenait l’affaire en main, de manière officielle, aux yeux de tout le monde. Lui, il n’avait pas forcément le choix que de se retirer de cette histoire officiellement, même s’il était évident qu’il ne pouvait pas rester sans rien faire. Il n’avait aucune envie de répondre aux menaces de ces criminels, il n’avait pas envie de rentrer dans ce jeu. Même si ça pouvait lui sauver la vie, il comprendrait une personne qui prendrait cette décision, mais lui ne pouvait définitivement pas le faire.
Donc, il allait continuer à travailler en sous-marin, en ne faisant évidemment confiance à personne. Ils savaient déjà d’avance qu’il y avait de la corruption au sein du commissariat – et pas seulement d’ailleurs –, mais ça semblait clair qu’il ne fallait pas envisager de compter sur quiconque pour pouvoir faire tomber ce groupe. En dehors de Liv, Marcus décidait de ne faire confiance à personne.
« Je m’en sens plus que capable. Il est hors de question que je lâche l’affaire. » Même s’il allait devoir le faire en toute discrétion, il était évident qu’il allait continuer de travailler dessus. Il ne faudrait pas qu’on découvre qu’il le fasse évidemment, mais il pensait pouvoir s’en sortir. « Je travaillerais de mon côté dans tous les cas et toutes les informations… trop importantes, je pense qu’il vaut mieux éviter de les divulguer officiellement. » Marcus n’avait pas forcément envie de mettre des bâtons dans les roues de Liv, mais il pensait que c’était nécessaire. « On ne peut faire confiance en personne, je me dis que le plus simple sera que… l’affaire officielle n’avance pas réellement, afin qu’on puisse être tranquille. » Le but n’était évidemment pas que Liv se retrouve à payer aussi les conséquences de cette affaire. « Et en sous-marin, on avancera beaucoup plus, en gardant tout ça pour nous. »
Marcus considérait qu’il allait effectivement travailler dans l’ombre, mais il n’envisageait évidemment pas de le faire seul. Il avait conscience qu’il ne pourra évidemment pas le faire en solo, il avait besoin de l’aide de sa collègue.
« La seule personne en qui je pense pouvoir faire confiance ici c’est toi. »
Ce n’était pas des mots dit à la légère. Il n’y avait définitivement plus la possibilité de se reposer sur la justice. Marcus aimerait bien pouvoir mettre un coup de pied dans tout ça pour que la situation soit vraiment saine, mais il avait conscience que ça ne serait pas aussi simple. Il faudrait beaucoup plus que ça. Il n’avait aucune idée de comment ils pourraient arranger les choses, cependant en faisant tomber les Death Demons, ça serait une bonne revanche.
iv savait d'avance que Marcus ne lâcherait absolument pas l'affaire. Elle le connaissait, depuis le temps qu'ils travaillaient ensemble. Si les émotions humaines étaient un mystère pour elle, le comportement de chacun était en revanche une chose qu'elle parvenait assez facilement à cerner. Elle n'ignorait pas que Marcus était un obstiné, il suffisait de voir avec quel acharnement Marcus s'engageait dans toutes les affaires qui lui étaient confiées, quitte à s'oublier lui-même. Et en l'occurrence, Marcus était, en plus, impliqué personnellement dans l'affaire, il était absolument normal, et tout à fait logique qu'il décide de ne rien lâcher et insiste autant que nécessaire, et Liv ne comptait pas le dissuader, ne serait-ce que parce que, puisqu'elle savait que Marcus ne lâcherait de toute façon pas l'affaire, il valait mieux l'avoir de son côté quoi qu'il puisse en être.
-Je ne veux pas aller trop frontalement à l'encontre de nos supérieurs en faisant de la rétention d'information. Ce sont nos postes qui sont en jeu, et si nous décidons de faire ça en tenant à l'écart la hierarchie, nos preuves risquent d'être considérées comme invalides, et on retournera à la case départ. Je suis d'accord avec le fait d'agir le plus discrètement possible, mais il va falloir réussir à temporiser.
Tout allait être une affaire d'équilibre, et ça allait être tout sauf simple de réussir à trouver le bon, celui qui leur permettrait de faire tomber leur ennemi commun à coup sûr. Liv voulait réussir à progresser indépendamment de leurs supérieurs corrompus, mais ça allait demander beaucoup d'effort et de maîtrise pour parvenir à une situation confortable, pour véritablement réussir à ce que les Death Demons et l'homme à leur tête tombent bel et bien, sans la moindre chance de se relever un jour. Ce serait tout sauf une mince affaire, et ils en avaient tous les deux conscience, bien sûr.
-Je pense aussi, malheureusement, qu'il n'y a qu'à toi que je puisse avoir confiance dans cette histoire.
De sa part, ce n'était pas peu dire. La confiance était quelque chose qu'elle accordait avec la plus grande des parcimonies, et qu'on ne devrait jamais lui adresser. Marcus, sur cette affaire, avait raison de lui faire confiance, mais sur bien d'autres, il n'aurait aucun intérêt à croire en elle ou dans sa capacité à faire le bien ou le mal. Il serait forcément déçu de son comportement tôt ou tard, ça ne faisait pas l'ombre du moindre doute.
-Est-ce que tu as des pistes que l'on pourrait exploiter ? Est-ce qu'il y a des éléments que je ne possède pas encore et que je devrais connaître ? demanda-t-elle avec le plus grand sérieux, décidée à avoir à sa disposition les informations les plus précises possibles.
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