Parfois, il ne faut pas grand chose pour relancer les choses.
Marcus avait vraiment le sentiment que la situation ne se débloquait pas, que son enquête n’avançait pas du tout. Et c’était quelque chose que l’homme ne supportait pas. Il avait eu beau éplucher les diverses pistes qu’il avait, rien ne menait concrètement à l’assassin de la victime. Oh, il y avait des choses qui pouvaient coller, mais ça lui semblait… il ne savait pas trop comment le caractériser en fait. Il y avait vraiment quelque chose qui n’allait pas avec cette enquête, quelque chose qui titillait son instinct de policer. Bon, on ne pouvait pas non plus dire qu’il avait un instinct parfait, mais il osait croire qu’il pouvait quand même s’y fier assez souvent. Et là, vraiment, il y avait quelque chose qui ne collait pas. Bathory avait de nombreux ennemis, ou plutôt il y avait de nombreuses personnes qui pouvaient avoir des choses à lui reprocher. Mais en grande partie parce qu’il était un homme d’affaire, parce qu’il avait tout fait pour gagner encore et encore de l’argent. De ce qu’il avait découvert, l’homme n’avait donc pas eu que des amis dans les affaires. Mais, vraiment, il ne voyait pas qui aurait pu agir pour le tuer de la sorte. Surtout qu’au vu de la manière dont il avait été retrouvé, dans l’état où ils avaient trouvé son corps, Marcus se permettait de croire qu’il y avait beaucoup de vengeance dans la situation. Qu’on lui avait vraiment voulu pour quelque chose et qu’on avait eu envie qu’il souffre pour cela.
Est-ce qu’il était arrivé au stade de soupçonner la jeune fille qu’il avait rencontré en se rendant chez les Bathory, non. La jeune femme lui avait semblé quelque peu étrange, il ne pouvait pas dire le contraire, mais pas au point de comprendre qu’elle était la responsable dans la mort de son père. Il lui manquait clairement des éléments pour arriver à cette conclusion, c’était évident. Et donc, il n’avait vraiment pas le sentiment d’avancer. Marcus soupira vivement alors qu’il était en train de faire le point sur le dossier, avant de finalement se lever pour quitter son bureau. Il en avait assez d’avoir le sentiment de ne pas avancer d’un pouce, c’était particulièrement frustrant. Alors, autant qu’il fasse une pause. Le policier se rendit dans la salle de pause du commissariat, parce qu’il était évident qu’il n’allait pas non plus quitter son travail. Il avait juste besoin de sortir un instant sa tête de son dossier, de penser à autre chose pour prendre un peu l’air et pouvoir s’y remettre plus facilement ensuite. Enfin, c’était ce qu’il espérait. Au pire, il allait travailler sur autre chose ensuite. Cela faisait un moment maintenant que l’affaire sur Bathory était ouverte, il pourrait ne s’y remettre que le lendemain que ça ne changerait pas grand-chose. Mais il serait frustré. Quand il arriva dans la salle de pause, il tomba sur Liv. Rien d’exceptionnel en soit, ils se croisaient évidemment plusieurs fois dans la journée puisqu’ils travaillaient au même endroit.
« Salut. » Se contenta-t-il de dire en s’approchant de la machine à café, pour se servir une grande tasse. Avant d’en boire une gorgée dans la foulé. « Toujours aussi horrible ce café. »
Parfois, il ne faut pas grand chose pour relancer les choses.
D
ernièrement, Liv avait le sentiment de ne plus être la même qu'il n'y a pas si longtemps, beaucoup de choses avaient changé pour elle, des bouleversements qui n'avaient pas seulement trait à sa vie mais à sa personne tout entière. Elle avait cru qu'elle savait exactement tout de ce que serait son existence, du début à la fin, elle pensait avoir le contrôle total de son existence. Mais elle s'était trompée. Elle avait laissé quelque chose d'exceptionnel se produire, elle avait laissé une part d'inconnu, d'incertitude, brouiller les pistes, modifier son destin, changer qui elle était. Elle avait laissé des sentiments jusqu'alors inconnus ou tout du moins refoulés dominer un être qu'elle avait imaginé entièrement dévoué à la plus totale des impassibilités, à l'incapacité manifeste d'éprouver quoi que ce soit. Elle avait laissé Pietro tenir dans sa vie le rôle qu'elle avait rêvé qu'il tienne sans se rendre compte que c'était exactement ce qu'elle voulait, et depuis longtemps. Oui, elle avait pris conscience de nombreuses choses, et ça l'avait changée, brutalement et définitivement changée. Mais pas forcément non plus au point que cette différence ne puisse qu'être perçue par son entourage. Au quotidien, elle restait finalement la même, si l'on y prêtait pas garde : l'impassible, froide et intraitable criminologue qui accomplissait son devoir en se mêlant au minimum au reste de ses collègue, l'irrascible mutante qui assassinait de sang froid toutes les victimes que la Confrérie prenait soin de placer sous les serres acérées et gourmandes d'un corbeau qui pensait ne rien pouvoir éprouver s'il n'y avait pas ne serait-ce que le strict minimum de sang versé.
Les changements, les bouleversements, comme bien d'autres choses, elle les refoulait avec soin, si bien que ses collègues n'avaient pas dû observer une grande différence avec son attitude usuelle. Comme toujours, elle se concentrait avec soin sur les affaires en cours, pragmatique et irréprochable (quand elle ne cherchait pas à couvrir ses propres crimes ou ceux de l'un ou l'autre membre de la Confrérie), et comme toujours, réglée comme du papier à musique, passée une certaine heure, elle se rendait en salle de repos sans jamais s'y éterniser dans le seul et unique (mais néanmoins nécessaire) but de reprendre une dose à ses yeux nécessaire de caféine. Alors qu'elle portait les lèvres à sa tasse de café, Marcus fit son irruption dans la pièce. Liv le salua d'un geste de la tête. Marcus était certes son collègue, mais Liv ne pouvait le considérer au même titre que les autres, parce qu'il avait connaissance de son pouvoir, et que cela changeait bien évidemment plus d'une chose pour elle, même si en soi, elle ne faisait pas mine de se comporter différemment avec lui qu'à l'accoutumée.
-Oui, se contenta-t-elle de répondre sans faire vraiment d'effort non plus, elle se fichait bien du goût du café. Tout va bien ? demanda-t-elle tout de même, pas parce qu'elle se souciait vraiment de lui mais parce qu'elle avait l'impression que quelque chose le taraudait. On t'a mis sur quelle affaire ?
Parfois, il ne faut pas grand chose pour relancer les choses.
Marcus n’attendait pas spécialement de taper la causette avec Liv. Il savait bien que sa collègue n’était pas bien bavarde, quand bien même ils avaient déjà eu des conversations vraiment profondes (sans mauvais jeu de mot). L’homme savait que la jeune femme était une mutante, quel genre de pouvoir elle avait et celle-ci lui avait rendu service en échange de son silence en quelque sorte. Cela en restait là. Marcus n’avait rien contre Liv, mais ils n’allaient pas non plus devenir ami ou encore proche. Cependant, il n’avait pas pu s’empêcher d’entamer un genre de conversation, plus pour lui-même que pour la jeune femme. L’affaire sur laquelle il travaillait lui prenait tellement la tête qu’il ne pouvait pas s’empêcher de le faire, il avait besoin d’une pause, ou au point de quelque chose pour reprendre des forces. Le café était mauvais donc, comme d’habitude. Liv lui demanda alors si tout allait bien, avant d’enchaîner sur l’affaire sur laquelle il travaillait. Il n’y avait pas si longtemps que ça, Marcus se disait qu’ils n’auraient peut-être pas conversé comme ça. Ça lui convenait assez bien. Parce que même s’il savait qu’ils n’allaient pas particulièrement devenir ami (et encore moins s’il avait connaissance des allégeances de sa collègue), il l’appréciait quand même.
« Je suis sur l’affaire Bathory. »
Il ne pensait pas avoir besoin de préciser les choses. L’affaire avait fait quand même beaucoup parlé, parce que ce n’était pas un inconnu qui était mort. Le commissariat en avait connaissance dans les grandes lignes. Le type était mort, ils devaient trouver l’assassin. Sauf que Marcus ne pouvait pas s’empêcher de se dire que cette affaire allait sans doute rejoindre toutes celles qu’ils n’avaient pas réussi à résoudre, parce qu’ils manquaient réellement d’élément pour la mener à bien. Il y avait un cadavre, mais rien qui ne puisse justifier un lien avec quelqu’un, pas un mobile ou autre. Bathory avait des ennemis, c’était évident, mais cela ne voulait pas dire qu’ils étaient coupables. Et même si Marcus avait vu le nom de l’assassin de Bathory dans la liste des suspects, il n’avait rien pour le trouver… aucune preuve réellement tangible.
« J’ai l’impression de tourner en rond sur cette affaire. » Dit-il alors, pour expliquer un peu les choses et préciser que non… tout n’allait pas bien. Liv l’avait remarqué, sinon elle ne lui aurait pas posé la question. En même temps, la jeune femme était quand même une maîtresse dans l’art de cerner les autres. Elle n’était pas seulement une membre du commissariat, elle était une criminologue. « J’ai un bon paquet de suspect potentiel, ce type avait pas mal d’ennemi. Mais alors, il n’y a vraiment aucune preuve. Je penche pour un règlement de compte, il avait quand même des affaires louches. Mais sans doute que je ne vais pas pouvoir faire le lien avec qui que ce soit. Encore une fois. »
Parce que mine de rien, des règlements de compte qui restaient dans les affaires non classées… il y en avait énormément.
Parfois, il ne faut pas grand chose pour relancer les choses.
M
arcus apprit à Liv qu'il travaillait sur l'affaire Bathory. D'accord, ça expliquait sans difficulté l'état présent de son interlocuteur, si c'était vraiment cette affaire qui le travaillait. Cela faisait un moment que ce cas faisait partie de leurs dossiers, l'affaire finirait par être close si aucun élément ne se présentait, et ça avait tout l'air d'être un véritable sac de noeud. Apparemment, le Bathory mouillait dans pas mal d'affaires louches, sous ses airs d'homme d'affaires irréprochable, et il s'était fait de très nombreux ennemis. Savoir qui avait voulu s'en prendre à lui était par conséquent très difficile. On tirait beaucoup de cadavres des placards et on ne savait plus ou donner de la tête. Oui, normal que Marcus se donnait du mal sur cette affaire, et la jeune femme était bien placée pour savoir qu'il était très éprouvant de classer une affaire sur laquelle on avait travaillé avec acharnement. La jeune femme avait beau être une criminelle émérite, elle mettait un point d'honneur à faire son travail au mieux, le mieux possible. Sans chercher à compatir, parce qu'elle n'était pas capable de compassion, elle comprenait. Il lui confia son impression de tourner en rond, et une fois encore, elle ne fut pas étonnée. Elle avait suivi l'enquête de loin et force lui était de constater qu'elle piétinait bel et bien. Comme beaucoup d'autres, évidemment... L'homme avait beaucoup d'ennemis, donc, et la liste de suspects potentiels se révélait très importante. Bref, il sentait que l'affaire allait lui échapper, que le dossier allait être classé. Soit, c'était leur lot, à eux, policiers, mais Liv n'aimait pas savoir une affaire non élucidée, même quand ce n'était pas la sienne. Qu'on le croit ou non, elle mettait un véritable point d'honneur à représenter la Justice, qu'on le croit ou non.
-J'ai cru comprendre que cette affaire était délicate, dit-elle alors, surtout pour faire comprendre à son interlocuteur qu'elle avait suivi le dossier, même si elle l'avait fait de loin, puisqu'elle ne travaillait pas directement dessus (elle avait ses propres affaires à résoudre, qui pour certaines n'étaient pas moins alambiquées que celle-ci, on ne pouvait pas tout résoudre, évidemment). Il y a qui, sur ta liste de suspects ? demanda-t-elle alors.
Elle savait que, dans certaines situations, disposer d'un appui extérieur pouvait être salutaire et d'une grande utilité, et donc, peut-être qu'elle pourrait apporter un nouvel éclairage à l'enquête. Est-ce qu'elle y tenait ? Pas forcément, en vérité, mais puisque c'était sa pause et qu'elle n'avait rien de mieux à faire, en fin de compte. Elle était curieuse, par ailleurs. Elle n'apprécierait pas qu'on s'approprie l'une de ses enquêtes, mais peut-être que Marcus, lui, ne serait pas contre, après tout.
Parfois, il ne faut pas grand chose pour relancer les choses.
Délicate était un mot finalement un peu faible pour définir l’affaire sur laquelle Marcus était en train de travailler. Le policier n’aimait pas ça, mais il devait bien reconnaître qu’il craignait que cette affaire rejoigne toutes celles qui se clôturaient par manque de preuve. L’homme ne manquait pas de suspect, mais c’était justement le souci. Il en avait beaucoup trop dans sa liste et rien de bien concret afin d’éliminer une parte des personnes présentes sur cette liste. Autant dire qu’il y avait beaucoup trop de personne susceptible d’en vouloir à Bathory, sans que Marcus ne puisse déterminer une partie pouvant en arriver à de telles extrémités. Malheureusement, c’était un peu trop souvent le cas dans leur monde. Les affaires classées de la sorte étaient nombreuses, fautes de preuves elles finissaient au fond d’un tiroir dans l’espoir qu’un jour elles puissent être ressorti afin d’être de nouveau étudié. Dans ce monde pourri, d’argent… Marcus n’était pas spécialement étonné donc de n’avoir aucune preuve. Ces personnes arrivaient sans mal à effacer leurs traces. Marcus avait eu l’occasion de voir ce que les « grands » de ce monde étaient capable de faire, comme avec son ancien meilleur ami. Damon avait subi tout cela, il s’en était pris à la mauvaise personne et il avait mal terminé. Ce dernier aussi, soit dit en passant, mais pas ans souffrance et ce n’était clairement pas la police qui l’avait arrêté. D’ailleurs… Marcus s’en voulait, mais il commençait à se dire que pour ce genre d’affaire, la police était peut-être inefficace et qu’il fallait compter sur des personnes comme Mindy. Il tombait bien bas pour penser ça. Mais il savait bien que les hautes instances de polices n’étaient pas forcément toute blanches.
« Toutes les personnes avec qui Bathory a collaboré dans son entreprise. » Répondit-il quand Liv lui demanda qui se trouvait sur sa liste de suspect. En soit, Marcus avait l’habitude de travailler seul sur ses affaires, mais un avis extérieur ne pouvait pas réellement lui faire du mal. À force de se concentrer sur quelque chose, on avait vite fait tendance à ne plus voir les détails. Alors, pourquoi pas. « Il avait l’occasion de travailler avec de nombreuses personnes et j’ai découvert que toutes ses affaires ne se portaient pas très bien. Il avait quelques soucis d’argent. Il a peut-être emprunté de l’argent à quelqu’un, mais impossible de trouver une trace de ça. » Ce n’était que des suppositions, par habitude, par instinct. « Il y a sa famille aussi, que je ne peux pas exclure. Sa fille hérite de son entreprise et de son argent. Je n’ai pas eu l’occasion de rencontrer sa femme, mais apparemment elle est assez instable depuis la mort de son époux. »
Bon, en gros, il tournait clairement en rond et il n’aimait pas ça. Il n’avait pas l’ombre d’un début de piste, ou même d’un mobile. Quand bien même il penchait pour l’argent, cela voulait tout et rien dire en même temps. Il n’avait définitivement aucune preuve.
Parfois, il ne faut pas grand chose pour relancer les choses.
A
défaut d'une liste de suspects viable, c'était visiblement un annuaire tout entier d'assassins potentiels que Marcus avait catalogué au fil de son enquête... Ce qui justifiait, et de loin la complexité de son affaire, et ça n'avait pas grand-chose pour surprendre Liv, en réalité, c'était toujours le souci quand de gros morceaux tels que M. Bathory étaient assassinés. Leurs ennemis ne se comptaient clairement pas sur les doigts d'une seule main, il en faudrait bien davantage. Ces grands patrons d'entreprise faisaient des envieux et baignaient très souvent dans des affaires tout sauf recommandables... Il y avait les concurrents qui cherchaient à obtenir le monopole du marché, il y avait les ennemis directs que la multinationale avait littéralement écrasés, il y avait également ceux qui avaient contribué aux magouilles financières de l'entreprise... C'était à n'en plus finir. Ensuite, bien sûr, il y avait la famille. La fille en suspecte idéale pour avoir touché le gros lot à la mère de son paternel, et la mère... Comme ça, Marcus n'avait même pas réussi à lui parler tant la situation l'avait fragilisé... C'était suspect. Il y avait clairement quelque chose de ce point de vue-là, et Liv s'en voyait d'autant plus convaincue qu'une information lui venait à l'esprit qui pourrait bien faire progresser l'enquête de Marcus ou en tout cas lui permettre de l'aborder selon un nouvel angle d'approche, ce qui ne serait sans doute pas du luxe, il faut bien le dire. Elle n'avait pas forcément de raisons d'intervenir dans le travail de Marcus, mais si contradictoire cela pouvait-il sembler, elle avait une sorte de conscience professionnel. Pas la même que celle qui animait le commun de ses collègues, mais tout de même.
-Sa fille, c'est bien Cassandre Bathory ? demanda-t-elle alors de son habituel ton neutre qui ne laissait pas trop deviner si c'était une simple question qui lui permettrait d'orienter ses propres recherches ou s'il y avait autre chose. Et en l'occurrence, eh bien, il y avait autre chose. Est-ce que, par hasard, tu aurais déterminé le moindre lien entre le père Bathory et David Styles et les Death Demons ?
Liv avait du enquêter sur eux récemment et, comme d'habitude, l'affaire n'avait pas été très concluante. Sans surprise, parce que Styles savait à qui donner des pots de vin et de quelle manière maquiller ses si nombreux crimes. Au cours de son enquête, néanmoins, elle avait retenu quelques informations qui, jusque-là, ne l'avaient pas tant interpellée, mais un peu plus maintenant. Cassandre Bathory fréquentait très régulièrement le club de Styles, et en parallèle, les affaires du groupe criminel ne semblait jamais s'être mieux porté. Coïncidence ? Qui acceptait réellement de croire aux coïncidences dans leur corps de métier. Ce serait une grave erreur.
Parfois, il ne faut pas grand chose pour relancer les choses.
À force de chercher et de chercher, au final, Marcus avait le sentiment de ne plus rien voir. Le policier se retrouvait avec une liste potentiel de suspect, sans aucune preuve pour sortir une personne du lot. Bon, il avait pu éliminer quelques-uns de la liste tout de même, parce qu’ils avaient des alibis… mais ce n’était pas suffisant. En un sens, Marcus se doutait quand même que si l’un des concurrents de Bathory avait eu l’intention de l’éliminer afin de faire tomber son entreprise, afin de reprendre le monopole du marché par exemple… eh bien, il n’aurait pas fait les choses lui-même. Marcus n’était pas dingue au point de croire que le chef d’une entreprise concurrente allait prendre une arme et tirer sur Bathory, l’enterrer lui-même dans un terrain vague. Donc, forcément, même s’il y avait des alibis, cela n’enlevait pas forcément les personnes de la liste des suspects. Et donc, à force de constamment chercher et chercher encore, il ne voyait plus rien du tout. C’était ça, il avait le sentiment de ne plus rien voir du tout. Il avait besoin d’un œil neuf, peut-être que Liv allait justement pouvoir l’aider.
Et ce fut le cas, ou presque. Marcus hocha de la tête quand la jeune femme lui demanda si la fille de la victime était bien Cassandre Bathory. C’était bien elle et le jeune homme se demandait bien où Liv voulait en venir en lui parlant de la fille de la victime. Elle ne reprit pas sur elle d’ailleurs, ce qu’elle lui dit ensuite ne concernait en aucun cas Cassandre Bathory, du moins c’était ce qu’il pensait.
« Pas directement non. » Dit-il alors, quand Liv lui demanda s’il avait pu faire un lien entre la victime et David Styles, ou les Death Demons. Dans le commissariat, les policiers étaient tous au courant de l’existence de ce gang évidemment et tout le monde pensait que Styles était bel et bien le chef de tout cela. Sauf qu’ils n’avaient jamais pu avoir la moindre preuve pour le faire tomber, sinon il serait tombé bien plus tôt. Encore une fois, ces personnes savaient parfaitement s’y prendre comme il fallait pour cacher leurs actes. Ils le savaient donc, mais ils ne pouvaient pas le prouver et c’était pour cette raison que Styles n’avait aucune raison de s’en faire. « Tu sais quelque chose ? »
Si Liv lui parlait de la fille Bathory et des Death Demon, c’était qu’elle devait avoir une bonne raison de le faire. Le jeune homme ne pouvait pas nier que par moment, il trouvait Liv un peu étrange (en grande partie parce qu’elle ne ressemblait pas aux autres personnes travaillant dans ce commissariat), mais cela n’enlevait pas le fait qu’il la considérait vraiment comme une bonne criminologue. Cela ne le dérangeait pas de travailler avec elle en tout cas. Elle devait donc savoir quelque chose si elle abordait ce sujet, si elle lui parlait comme ça des Death Demons. Elle aurait pu se contenter de le dire comme ça, par hasard… mais cela ne lui ressemblait pas vraiment.
Parfois, il ne faut pas grand chose pour relancer les choses.
Q
uand Marcus répondit par la négative à sa question, Liv ne fut pas outre mesure surprise, bien au contraire, c'était justement ça, le problème avec les Death Demons, c'était justement qu'on pouvait deviner beaucoup de choses les concernant, mais jamais rien affirmer, car le groupe savait semer le trouble et effacer ses traces. Ce n'était pas pour rien si David Styles était toujours en liberté alors que tout le monde au sein de la police savait pertinemment qu'il était à la tête de ce dangereux réseau criminel contre lequel ils étaient impuissants. Quand on parlait de corruption au sein de la police, il fallait sans doute s'intéresser de très près à ce cas de figure spécifique, car il était bien la preuve que les pots-de-vin dans leur cercle restaient manoeuvre encore trop fréquentes. Alors oui, Marcus n'avait pas pu faire les liens entre le père Bathory et les Death Demons, ou du moins, il n'avait pas pu le faire "directement", et cette nuance était importante, car cela voulait dire qu'il devait tout de même avoir des pistes, sans avoir suffisamment d'informations concrètes pour les exploiter. Mais en combinant ce qu'elle savait et ce qu'il savait... Ils pourraient peut-être parvenir à leurs fins. Certes, ce n'était pas son affaire, et Liv se souciait peu des Bathory en soi... Mais si elle pouvait tenir un moyen sur et efficace de faire tomber les Death Demons, et donc David Styles, qui les narguait (et la narguait donc) depuis top longtemps, beaucoup trop longtemps, elle s'en ferait franchement un malin plaisir, réellement. Liv hocha la tête quand son interlocuteur lui demanda si elle savait quelque chose. En effeT. Dans le cas contraire, elle se serait abstenue du moindre commentaire, de la moindre question. Oui, elle savait quelque chose. Pas grand-chose de très pertinent non plus, mais qui pourrait bien finir par être exploitable.
-J'ai dû enquêter sur un meurtre qui a sans doute été l'oeuvre des Death Demons, récemment. Comme tu dois t'en douter, je n'ai rien pu trouver de tangible contre eux. La frustration quand on savait que l'on tenait la vérité entre ses doigts mais qu'on ne pouvait pas pour autant en faire quoi que ce soit, à cause d'un système parfaitement corrompu... Bon, c'est vrai, elle-même, toute criminelle qu'elle était, savait en profiter parfois. Ce n'était pas pour autant qu'elle appréciait avoir de tels freins à son travail appliqué. Mais au cours de mon enquête, j'ai cru remarquer que Cassandre Bathory était très proche de David Styles.
Information qu'ell n'avait pas manqué de retenir car le couple en soi paraissait improbable. Si tant est que l'on considérait encore l'héritière de l'entreprise Bathory pour ce qu'elle était avant la mort de son père... Justement.
Parfois, il ne faut pas grand chose pour relancer les choses.
Si Liv lui parlait des Death Demons, c’était qu’elle devait savoir quelque chose, qu’elle devait savoir qu’il y avait un lien entre eux et les Bathory. Marcus n’avait pas pu avoir de lien direct, en même temps si ça avait été le cas, le jeune homme aurait pu résoudre cette affaire. Mais ce n’était pas le cas et quand il était question de ce gang, il était évident qu’ils n’avaient pas de facilité pour les envoyer au trou. Cela aurait été fait depuis bien longtemps, mais il y avait des personnes… comme ça, que les policiers n’arrivaient pas à arrêter. Marcus n’aimait pas l’idée que la police puisse être corrompu, mais en même temps il ne pouvait pas se voiler la face. Sauf que malheureusement, en pensant des choses comme ça, Marcus ne pouvait que donner raison aux actes de Mindy et ce n’était pas réellement ce qu’il appréciait. Sauf que bien sûr, le gouvernement, la police, les forces de l’ordre n’étaient peut-être pas aussi blanc que neige, comme ça devrait être le cas. Et ce gang, ces Death Demons, ils en entendaient souvent parler mais ce n’était pas pour autant qu’ils parvenaient à les arrêter. Ils savaient bien souvent qu’ils étaient coupables, mais ils n’avaient aucune preuve de leur culpabilité. Ou en tout cas, ils parvenaient toujours à s’en sortir avec des magouilles, avec des boucs émissaires.
Cela n’étonnait donc pas spécialement d’apprendre que ce gang pourrait avoir un rapport avec son affaire, mais ce n’était pas pour autant qu’il appréciait l’idée. Liv lui affirma qu’elle avait dû enquêter sur un meurtre qui était sans doute de leur sort, sans pour autant parvenir à le prouver. Soit, cela ne l’étonnait donc pas et si le gang avait un rapport avec la mort de Bathory, il se doutait qu’il n’allait pas forcément parvenir à le prouver. Sauf que ce ne fut pas seulement ça que Liv lui apprit, elle affirma qu’elle avait eu l’occasion de voir que la fille de la victime était vraiment proche de David Styles. Cet homme était celui que tout le monde soupçonnait être le chef de ce gang sans pour autant parvenir à le prouver donc, mais puisqu’il était le patron de cette boite de nuit qui servait sans doute de repaire aux Death Demons, ça ne faisait pas de doute. Bref… Cassandre Bathory et Styles étaient donc proches ?
« Vraiment ? » Il ne mettait pas en doute les propos de sa collègue, bien au contraire. Il se contentait simplement d’encaisser l’information parce qu’il découvrait donc que la fille de la victime était quand même proche d’une personne qui n’était clairement pas digne de fréquentation. Il poussa un soupir, avant de reprendre la parole. « Je dois avouer que c’est un peu étrange. Est-ce que tu sais depuis combien de temps ils sont proches ? »
Marcus n’était pas non plus au point de croire que c’était forcément la clef de son mystère, sauf qu’en même temps il trouvait la coïncidence particulièrement étrange.
Parfois, il ne faut pas grand chose pour relancer les choses.
L
iv avait bien assez de ses propres enquêtes, de ses propres affaires, pour ne pas forcément se mêler de celles des autres, mais, curiosité naturelle, fascination pour les meurtres en tout genre et déformation professionnelle oblige, elle n'avait pu garder pour elle les éléments d'information qu'elle possédait. Non pas qu'il ne lui arrivait pas de la faire, notamment et surtout pour détruire ses propres indices, pour fausser les pistes sur les crimes qu'elle avait elle-même commis, mais là, les circonstances étaient bien différentes, elle n'avait pas la moindre raison de faire l'ombre d'un cadeau à David Styles alors qu'il ne l'importunait que trop, et depuis beaucoup trop longtemps. La police couvrait les frasques des Death Demons à grand renfort de pots-de-vin et de corruptions en tout genre, mais si on pouvait leur attribuer un meurtre aussi important que celui du grand industriel Bathory, alors ce serait une chose bien différente. Elle avait tout intérêt, oui, d'aiguiller Marcus dans son enquête, et plus elle y réfléchissait, plus l'évidence faisait loi : la relation entre David Styles et Cassandre Bathory était bien trop suspecte pour être innocente. Il se pouvait, bien sûr, que le chef de gang et criminel notoire abuse de la crédulité de la jeune héritière, mais cela, dans tous les cas, ne changeait absolument rien aux faits... Les faits en disaient toujours plus long que ce que l'on pouvait bien imaginer, des années d'expérience dans son travail n'avaient pas manqué de le prouver. Et le prouveraient sûrement cette fois encore.
-Je ne sais pas exactement... mais je ne serais pas vraiment surprise que cela coïncide avec la mort du père Bathory, observa-t-elle alors. Et elle était convaincue que Marcus en arriverait aux même conclusions. Il était loin d'être idiot. Parmi les policiers de ce commissariat, il était celui quelle estimait le plus (suffisamment pour lui avoir fait part de la nature de ses pouvoirs, et lui avait rendu service - même si elle s'y était sentie un peu obligée tout de même), et il serait sans doute capable de dénouer un tant soit peu la situation. Est-ce que tu as pu interroger la veuve Bathory ?
Aux dernières nouvelles, c'était mission impossible, c'est ce qu'elle avait entendu dire, en tout cas, et c'était sûrement ce qui permettait à la situation de durer si longtemps. Liv ne pouvait s'empêcher de penser que parvenir à un entretien avec Mrs Bathory pourrait dénouer de très nombreuses choses. Elle, serait peut-être apte de répondre aux questions que la police se posait encore. Cela n'allait peut-être pas être une mince affaire, mais l'enquête en elle-même ne l'était pas. En attendant, Liv allait peut-être y apporter un nouvel éclairage. Ou bien ce serait un nouveau coup d'épée dans l'eau. Va savoir.
Parfois, il ne faut pas grand chose pour relancer les choses.
Ça semblait trop gros pour être une coïncidence, donc oui… Marcus ne pouvait qu’aller dans le sens de Liv et considérer qu’il y avait anguille sous roche concernant cette relation entre la jeune Bathory et le chef des Death Demons. Enfin, le commissariat n’avait aucune preuve concernant Styles, mais en même temps ce n’était pas comme s’ils n’étaient pas entièrement au courant de cela depuis un moment maintenant, et qu’ils ne pouvaient rien faire contre cela. Marcus n’avait jamais eu affaire avec l’homme directement – même s’il connaissait sa réputation quand même – mais il savait que c’était un de ces morceaux que le bureau de police ne pouvait pas arrêter. En grande partie parce que ce gang ne manquait sans doute pas de corrompre les bonnes personnes, avec de l’argent sale. Marcus avait conscience que leur politique était loin d’être parfaite, il savait que tous les hauts placés n’étaient pas les plus blancs. Malheureusement, sans cela… Marcus était persuadé que le monde ne ferait que s’en porter mieux. Mais bon… Pour en revenir à Styles, et Bathory, c’était donc trop gros. Surtout que Liv ne manqua pas d’affirmer que le rapprochement entre les deux personnes pouvait avoir eu lieu au moment de la mort du père Bathory justement.
« Non, je n’ai pas pu. » Répondit-il quand Liv lui demanda s’il avait pu parler à la veuve Bathory. « À chaque fois que j’ai tenté de le faire, elle n’était pas en état. » Forcément, le policier s’était posé des questions, mais il avait cru en l’histoire de Cassandre Bathory. « Sa fille m’a dit qu’elle avait quelques soucis depuis la mort de son mari. Quand je me suis rendu chez eux, leur salon était ravagé et elle m’a dit que ça venait d’elle. » Marcus poussa un soupir. « Je suppose qu’elle a réussi à me mener en bateau tout du long. »
Marcus ne savait pas exactement ce que tout cela signifiait, il ne savait pas si Cassandre Bathory lui avait réellement mentit sur toute la ligne ou non, mais en tout cas il comprenait bien que tout cela devait être un peu plus fouillé. Marcus ne pouvait pas s’empêcher de se dire en cet instant précis qu’il devait de toute façon retourner voir Cassandre Bathory et lui poser plus de questions. Même se rendre de nouveau chez elle dans le but de pouvoir parler avec sa mère, donc, parce qu’il était clair que c’était important de le faire. Même si ça n’allait peut-être pas le mener quelque part. En tout cas, si les Death Demons avaient un rapport avec la mort du père Bathory, il ne pouvait qu’avoir envie de les arrêter. Même si c’était peut-être mission impossible.
« Je suppose que ça va être compliqué de résoudre tout ça si les Death Demons y sont mêlé. » Marcus n’avait pas spécialement envie de se montrer pessimiste, mais c’était quand même difficile de ne pas l’être en de telles circonstances. « Il me faudra un dossier en béton. »
Parfois, il ne faut pas grand chose pour relancer les choses.
L
iv n'était qu'à moitié d'apprendre que Marcus n'avait eu à aucun moment l'occasion de parler avec la veuve Bathory... Elle était certainement le témoin le plus fiable dans cette situation, il était normal que sa fille, si elle était mêlée à cette affaire (sous l'influence de Styles, sans aucun doute) cherche à la tenir à l'écart de tout inspecteur de police. Et c'était ce qu'elle avait fait de toute évidence, affirmant à chaque fois que sa mère qu'elle n'était pas en état de parler, qu'elle était instable psychologiquement. Une chance pour eux, c'était un fait qui saurait se confirmer ou être désavoué assez facilement, sans trop de problème, tout du moins. Il suffirait pour cela de vérifier son dossier médical. Marcus, peu à peu, semblait se résoudre à admettre qu'on l'avait mené en bateau. Il n'avait cependant pas à se montrer trop dur envers lui-même, avant d'avoir vu Bathory avec Styles, jamais, ô grand jamais Liv n'aurait envisagé de faire les lieux entre les deux pour sa part, c'est une certitude. Elle hocha doucement face au constat de Marcus quand ce denier ajouta qu'il allait sans doute être plus difficile d'obtenir le fin mot de l'affaire... et surtout de la mener à bien, si les Death Demons, qu'ils traquaient depuis si longtemps et leur filaient sans cesse entre les doigts, étaient mêlés à tout cela. Elle ne pouvait qu'être d'accord.
-Surtout s'ils ont la main sur la fortune des Bathory, à présent...
Ce qui n'était pas une information dénuée de sens, car déjà que le clan des Death Demons avait clairement réussi à s'enrichir au fil du temps, avec une fortune aussi monumentale, ils seraient aptes à faie des pots-de-vin plus conséquents encore à leurs supérieurs, et même s'ils n'étaient pas tous corruptibles, il y avait de toute évidence en haut lieu un homme ou une femme qui veillaient à saper le moindre effort judiciaire des forces de police, à ce sujet.
-Je vais t'aider, affirma Liv d'un ton décidé quand Marcus affirma qu'il allait leur falloir un dossier en béton. Ce n'était pas l'affaire qu'on lui avait attribué, et elle n'aimait pas, en soi, le travail en équipe, mais s'ils devaient vraiment approcher de près l'occasion de mettre Styles derrière les barreaux, elle ne voulait pas être mise sur la touche, elle voulait en être. Il la narguait depuis suffisamment longtemps pour qu'elle estime avoir gagné ce droit, et de loin. Avec les nouveaux éléments à notre disposition, je pense que je n'aurais aucun mal à être mise sur l'affaire, et j'enquête sur les Death Demons depuis un bon moment, maintenant, on aura de meilleures chance en rassemblant nos connaissances respectives.
Même si un dossier, même en béton armé, ne faisait pas toujours l'affaire.
Parfois, il ne faut pas grand chose pour relancer les choses.
Ce n’était pas vraiment facile d’accepter qu’une personne avait pu nous mener autant en bateau et pourtant, Marcus était obligé de le faire concernant la jeune Bathory. Il ne connaissait pas bien le fond de l’histoire, mais il se rendait bien compte qu’il y avait de forte chance pour que l’héritière de Bathory l’avait tout simplement mené en bateau, pour la simple et bonne raison qu’elle pactisait avec l’ennemi. Enfin, le policier ne connaissait pas encore tous les détails, il ne savait pas vraiment pourquoi, ni comment et si les soupçons étaient vraiment fondés… mais Marcus avait l’intention de chercher dans tous les cas. Il n’y avait aucune raison qu’il ne cherche pas à avoir plus de réponse, après tout il était évident qu’il ne pouvait pas laisser passer de telles choses. Et pour commencer, il allait vraiment falloir qu’il discute avec la mère de Cassandre, puisqu’il n’avait pas eu encore la possibilité de lui parler. Si c’était parce qu’elle en savait trop, il était évident qu’il devait creuser un peu cette piste. Il allait tout reprendre à zéro. De toute façon, au vu de la situation et du fait que Marcus était bloqué dans son enquête, il jugeait qu’il n’allait pas perdre grand-chose à explorer de nouvelles pistes, à dévier un peu du chemin. À moins qu’on l’en empêche, ce n’était pas complètement impossible… malheureusement, le policier était quand même bien placé pour savoir que dans les hautes instances de leur hiérarchie, il y avait certaines personnes qui se laissaient clairement corrompre.
Et Liv ne manqua pas de mettre le doigt sur un autre détail, qui n’allait vraiment pas l’aider. Si les Death Demons avaient mis la main sur la fortune des Bathory, puisque l’homme était mort, puisque son héritière semblait clairement sous leur coupe (volontairement ou non, mais au vu de la situation ça semblait bien plus volontaire que contraignant), il allait être encore plus difficile de les empêcher de distribuer des pots de vin. Ils étaient mal partis donc. Mais Liv avait l’intention de l’aider apparemment. Le policier savait bien que sa collègue n’était pas du genre à faire équipe avec quelqu’un, elle préférait largement le travail en solitaire. Mais en même temps, l’homme savait qu’elle filait les Death Demons depuis un moment, qu’elle enquêtait sur eux… donc, il était normal qu’elle ait envie de l’aider.
« Je pense que tu as raison, on y arrivera mieux à deux. Tu connais bien les Death Demons en plus. » Et Marcus, mine de rien, savait que ses connaissances les concernant n’étaient pas aussi importante que celles de Liv. Donc, ils avaient définitivement tout à gagner en faisant équipe. Puisqu’en prime de son côté, le policier avait une meilleure connaissance des Bathory que sa collègue. Définitivement, ils pouvaient s’en sortir mieux à deux. « Et au vu de la situation, on ne sera pas trop de deux dans tous les cas. Parce qu’on ne va pas pouvoir laisser le moindre détail nous échapper. » S’ils voulaient mettre la main sur la vérité de cette affaire, c’était évident en effet.
Parfois, il ne faut pas grand chose pour relancer les choses.
L
iv hocha la tête, satisfaite, quand Marcus confirma accepter de travailler de connivence avec elle sur cette affaire. Le travail d'équipe n'avait jamais été son fort et tous ses collègues le savait. Même si elle ne faisait jamais preuve de mauvaise volonté, parce qu'elle était suffisamment sérieuse pour cela, elle était plus rapide, plus efficace, et son esprit plus aiguisé quand elle travaillait en solo. Non pas qu'elle soit infaillible et soit capable de mener toutes les enquêtes à elle toute seule, c'est juste qu'elle n'appréciait pas déléguer et préférait avoir le contrôle sur toutes les situations possibles. Mais pour une fois, elle ne ferait pas la fine bouche et éprouvait même un certain... enthousiasme (dans un relative mesure, on parle de Liv, tout de même) à l'idée de mener de front cette enquête avec Marcus. C'est que même si elle aurait apprécié de la jouerr solo sur cette affaire là aussi, elle savait que leurs connaissances respectives se complèteraient au mieux sur l'affaire et que ce n'était tout simplement pas négligeable dans la situation actuelle. Et puis, Marcus n'était sans doute pas le pire collègue de travail que l'on puisse imaginer. Il était sérieux, professionnel, il avait de l'intuition, il était capable de considérer des détails qui échappaient à d'autres, et aussi, ce qui n'était pas négligeable, il savait combiner avec son caractère qui, ne nous le cachons pas, était bien, bien loin d'être facile, ne serait-ce qu'à comprendre. Bon, Marcus ne la comprenait sans doute pas (sinon, il aurait percé sa carapace et compris toute la noirceur qui se trouvait derrière), mais il savait palier à sa singularité, ce qui en soi était déjà une très bonne chose.
-Je suis d'accord, confirma la criminologue.
Marcus avait en effet très bien résumé la situation et, par la même, le fond de sa pensée. Il fallait qu'ils conjuguent leurs forces et leurs savoirs. Le jeu en valait la chandelle, pour la peine. Liv, en cet instant précis, s'estimait n'avoir jamais été aussi proche de faire tomber Davi Styles et, par la même, de démanteler le groupe des Death Demons. Depuis le temps qu'elle attendait ça, le moins que l'on puisse dire était qu'elle jubilait (une fois encore, dans une commune mesure, si l'on admettait que la jeune femme était bel et bien capable de jubiler réellement). Elle avait une revanche à prendre sur cet homme qui la narguait depuis beaucoup trop longtemps. Il était tout bonnement hors de question de passer à côté de l'opportunité, Au contraire, elle avait la ferme intention de la saisir et de ne pas lâcher le morceau jusqu'à avoir obtenu gain de cause.
-Je vais te transmettre toutes les notes et observations que j'ai accumulées sur Styles et les Death Demons. Je te préviens, tu vas avoir de la lecture.
Parfois, il ne faut pas grand chose pour relancer les choses.
Marcus savait parfaitement que Liv était plutôt du genre à bosser seul et c’était un peu son cas également. Non pas qu’il n’appréciait pas de travailler avec quelqu’un d’autre, mais par moment c’était quand même beaucoup plus simple de se contenter de travailler seul. Au moins, on pouvait faire sa petite tambouille dans son coin. Mais au vu de la situation, il était évident que Marcus et Liv ne pouvaient pas espérer s’en sortir tout seul. Cette enquête était forcément importante, ils ne devaient pas mettre le moindre indice de côté et plus encore, ils ne pouvaient pas prendre le risque de ne pas être capable de la mener à bien. Si comme ils le pensaient à présent, les Death Demons avaient un rapport avec la mort de Bathory, il était important qu’ils parviennent à récupérer suffisamment de preuve pour les mener à la justice. Parce que ça n’allait pas être évident. Ils en avaient conscience tous les deux, ce n’était pas avec juste quelques soupçons qu’ils allaient parvenir à trouver quelque chose, qu’ils allaient parvenir à mener à bien leur enquête. Les Death Demons avaient malheureusement le bras long, ils savaient comment se sortir de beaucoup de situation. Donc oui, ils devaient quand même être prudent, ils devaient se donner beaucoup de mal.
Ils ne seront donc pas trop de deux, surtout que Liv en savant beaucoup sur les Death Demon et plus particulièrement sur Styles. Marcus osait croire qu’ils pouvaient quand même s’en sortir tous les deux, même si ce n’était pas forcément évident. Il avait la naïveté de penser que la justice pouvait quand même faire son travail correctement, même si rien n’était moins sûr malheureusement. Ce n’était pas parce qu’ils se donnaient du mal qu’ils allaient y arriver pour autant, mais ils allaient quand même tout faire pour résoudre cette enquête et arrêter enfin les Death Demon. Il était évident que ça allait être une très bonne chose pour la ville qu’ils arrêtent avec leur horrible influence. Et c’était quand même leur travail de faire ça, de faire en sorte que la ville soit un havre de paix. Et il était évident que les Death Demon n’aidaient pas du tout à ce que ce havre soit en paix. Liv affirma qu’elle allait lui donner tout ce qu’elle avait sur les Death Demons, pour qu’il soit au point.
« Ça ne me dérange pas la lecture en même temps. » Répondit-il pour rassurer la jeune femme, même s’il n’y avait aucune raison qu’il la rassure en réalité. Lire tout le dossier de Liv concernant les Death Demons, ça ne lui faisait pas peur du tout. Au contraire, il avait besoin de ça dans tous les cas, ils allaient avoir besoin de ça pour réussir à avancer. Dans tous les cas, Marcus allait avoir besoin de toutes les informations. « Il va bien falloir que j’en apprenne le plus possible de toute façon, si je veux avoir un espoir de trouver de quoi les faire tomber. »
Parfois, il ne faut pas grand chose pour relancer les choses.
L
iv se contenta simplement de hocher la tête quand son interlocuteur affirma que ça ne le dérangeait pas le moins du monde d'avoir de la lecture. Elle se doutait qu'il était honnête, et aussi qu'il préférait avoir trop d'informations à assimiler que pas assez. Ils étaient en train de s'attaquer à un gros morceau, ils ne pouvaient pas se permettre de faire quelque erreur que ce soit. Ce pourrait leur être fatal, et ni l'un ni l'autre ne pouvaient le vouloir. Ils avaient de bonnes raisons de vouloir mener leur enquête à bien, au-delà de leur devoir professionnel, alors ils feraient ce qu'ils avaient à faire. Une fois encore, Marcus avait parfaitement raison, et c'était bien là le but de la manoeuvre : il était important, primordial, même, qu'ils accumulent le plus d'informations possibles pour enfin démanteler ce fichu réseau qui leur donnait tant de fil à retordre. Ils avaient du pain sur la planche, en tout cas, et s'ils voulaient progresser, il était grand temps de se mettre à l'ouvrage. Ce qui ne serait pas bien difficile les concernant. Ni l'un ni l'autre n'étaient des tirs-au-flanc (raison pour laquelle Liv avait plus de facilités à travailler avec Marcus qu'avec aucun autre de ses collègues même si, dans tous les cas, elle aurait pris sur elle dans de telles circonstances, puisque le jeu en valait la chandelle - quand bien même elle préfèrerait toujours travailler en solo), alors ils feraient ce qu'il faudrait pour progresser au maximum dans cette affaire et sans perdre de temps.
-C'est l'idée, confirma alors simplement Liv. Je retourne à mon bureau, je te transmets tout de suite mes dossiers sur les Death Demons.
Il n'y a pas à dire, le passage à l'informatique leur facilitait tout de même sacrément la tâche au sein du commissariat. Ca n'empêchait certes pas leur salle des archives d'être pleines à craquer et de se passer constamment un nombre incalculable de dossiers papiers, mais en cas d'urgence, comme ici, la praticité était au rendez-vous, ainsi, tous deux pourraient potasser sur ses recherches sans forcément se télescoper.
Sans rien ajouter de plus, la jeune femme se dirigea donc bel et bien vers son bureau, où d'autres travaux l'attendaient également, mais qu'elle comptait bien remettre à plus tard pour le moment, si étonnante cette initiative pouvait-elle sembler être de sa part. Elle avait une nouvelle priorité, du moins si l'on acceptait qu'elle y soit affectée, mais elle n'en doutait pas vraiment. A son poste et avant tout autre chose, elle transmit tous ses dossiers virtuels à Marcus. Dans un second temps, elle contacta la hiérarchie pour être également affectée à l'enquête que menait son collègue. Elle sentait l'étau se refermer autour de Styles et de ses sbires. Et franchement, ça faisait du bien.