a maladie faisait son chemin, et il devenait de plus en plus évident qu'elle allait les consumer s'ils ne faisaient rien. Liv n'était pas prête à mourir, c'était au-delà de ses conceptions personnelles et de ses visions, elle ne voulait pas mourir, c'était impossible... et aussi et surtout, elle ne voulait pas que Pietro meure. L'avoir vu mourir une fois, l'avoir vu mourir chaque fois que leurs peaux se touchaient (et elle était heureuse que ce ne soit plus le cas ajourd'hui), c'était bien suffisant, elle n'en voulait surtout pas davantage. Malheureusement, il était difficile de ne pas songer à l'échéance, quand chaque jour, elle se sentait un peu plus faible, et quand chaque jour elle avait le sentiment que Pietro faiblissait également, c'était encore pire. Ils devaient faire quelque chose. Et une solution providentielle semblait s'être présentée quand on avait annoncé que des centres de soin avaient été mis en place dans toute la ville. Mais pas sans contrepartie.
Depuis que Liv avait appris la nouvelle, Pietro et elle n'avaient pas encore eu l'occasion d'en parler, mais forcément... elle était tentée. Elle était même pls que tentée, à vrai dire. En son fort intérieur, elle avait véritablement envie de passer le pas. Ce qui la retenait, ce n'étaient pas tant ses considérations personnelles que ce qu'en penserait Pietro. Et elle n'en revenait pas elle-même. Elle n'aurait jamais cru laisser ses propres décisions dépendre d'un autre, et pourtant. Pourtant, elle ne se voyait pas agir sans en parler à Pietro d'abord.
Même s'il devait s'en douter. Elle ne lui avait pas caché quel soulagement c'était pour elle que de ne plus avoir à subir ses pouvoirs, alors il devait se douter que si elle pouvait les délaisser en même temps que de protéger sa santé et sa vie, son choix serait fait rapidement... Quoiqu'elle savait que sa place au sein de la Confrérie ne serait pas seulement compromise, elle deviendrait une véritable mascarade... mais elle ne voulait pas trop y songer.
Elle revenait du travail, et elle était décidée, dès son retour, à en parler à Pietro. Elle pourrait difficilement cacher le fait qu'elle appréhendait réellement de le faire, mais c'était important, c'était une nécessité... De toute manière, et quand bien même cette perspective était terrifiante, il était nécessaire qu'ils l'admettent tous les deux : c'était ainsi, le temps leur était compté. Et ils n'en avaient sans doute plus tant que ça, au bout du compte. A peine eut-elle passé le pas de la porte, elle alla le retrouver, se posta devant lui, et articula à voix haute la phrase qu'elle avait gardé pour elle toute la journée. Il y avait sans doute des manières moins directes de le dire, mais tant pis, il n'y avait pas de façon particulière de le supporter.
-Je veux qu'on aille dans un centre de soins. Tous les deux.
Pietro devait bien se rendre à l’évidence, ça allait être de plus en plus compliqué pour lui de sortir de chez Liv, parce que les plaques bleues sur son corps ne manquaient pas d’avoir progressée. Il en avait sur le visage, et même s’il décidait de cacher cela sous du tissus… disons que c’était quand même voyant. Et forcément, en ce moment, les humains se méfiaient. Pietro se doutait que s’il sortait, il allait se retrouver dans une situation complexe alors… il préférait rester enfermé, même si c’était quand même complexe à gérer. Surtout qu’il n’avait plus ses pouvoirs, qu’il ne pouvait plus se défendre ou tout simplement fuir.
Il faisait avec en un sens, mais il était évident que la situation devenait de plus en plus critique. Les mutants disparus commençaient à se compter en grand nombre et il ne semblait pas y avoir de réelle solution… en dehors de celle du gouvernement. Ils avaient une solution, un vaccin en quelque sorte. Pas seulement un vaccin contre la maladie qui était en train de les tuer à petit feu, mais aussi un vaccin contre leur gêne X. Forcément, Pietro ne pouvait pas ignorer cette situation et le fait que… potentiellement, ça pouvait leur sauver la vie. Le jeune homme n’avait pas envie de mourir encore une fois, il n’avait pas envie de voir sa sœur mourir, de voir Liv mourir. Il avait envie qu’ils s’en sortent tous les trois, sauf qu’en même temps, il ne se sentait pas non plus capable de faire confiance au gouvernement. Il ne savait pas si ça marchait réellement sur tout le monde. Apparemment, d’après ce qu’il avait compris, les mutants étaient sauvés, ils n’étaient plus malades. Mais n’y avait-il pas quelque chose derrière ensuite ? Après tout, le gouvernement ne cachait pas spécialement le fait qu’ils ne les portaient pas dans leur cœur, en tout cas ils n’avaient rien fait pour empêcher les humains de s’en prendre à eux. Le jeune homme ne savait donc pas trop quoi en penser… surtout que c’était définitif. Ne plus être mutant ? Ça lui manquerait quand même et il savait que ça serait la même chose pour Wanda. Pour Liv par contre… Il savait bien que la jeune femme se sentait mieux sans ses pouvoirs et s’il avait eu du mal… disons qu’il comprenait quand même un peu. Le souci venait surtout du fait de ne plus être du tout un mutant. Il ne savait que trop bien ce que Magnéto en penserait et même s’il était son fils, il se doutait que ça ne changerait rien concernant le sort de Liv.
Il y pensait depuis un moment, mais ils n’avaient pas pris la peine d’en parler avec Liv. Ce qu’ils devraient peut-être faire. En tout cas, c’était ce qu’ils allaient faire, puisque la jeune femme ce soir-là en rentrant du travail ne tarda pas à lancer le sujet.
« Je… je ne veux pas y aller. » Il se montrait sans doute trop catégorique, mais en même temps il ne se voyait pas se rendre dans un centre de soin. Il n’avait pas envie de renoncer à tout ce qu’il était. « Mais… tu devrais y aller. »
Franchement, ça lui arrachait le cœur de dire ça, mais si c’était une solution pour que Liv reste en vie, ils devraient en profiter.
a proposition de Liv était directe, la réponse de Peter l'était tout autant. Directe, et également attendue. Avant même qu'il n'ouvre la bouche, elle avait su pertinemment que c'était ce qu'il allait lui répondre, et elle savait qu'elle n'allait pas seulement devoir se contenter de lui dire ce qu'elle voulait, mais s'arranger pour le convaincre de le vouloir aussi. Elle ne pouvait pas l'obliger à agir contre son gré, certes, mais si lui forcer la main équivalait à le garder en vie, alors elle se voyait mal hésiter un seul instant. Elle était loin, l'époque où le corbeau lui avait enfoncé une lame en plein coeur et l'avait privé de vie. Elle serait tout à fait incapable de le voir mourir une nouvelle fois, surtout en sachant qu'elle aurait pu agir pour l'aider, qu'elle aurait pu faire quelque chose pour empêcher que cela arrive. Alors elle ne pouvait pas se contenter de cette réponse, elle ne pouvait pas juste décider de se rendre dans ce centre de soin s'il ne venait pas avec elle.
Qu'est-ce que ça voudrait dire alors ? Qu'elle serait privée de ses pouvoirs et de Pietro en même temps ? Certes, la grande majorité de ses pouvoirs ne lui manqueraient absolument pas, mais en être privé, c'était certainement mettre un pied hors de la confrérie, voire plus. Et sans la confrérie, sans Pietro, elle deviendrait l'ombre d'elle-même... Elle était déjà à peine elle-même avant de le connaître, avant qu'ils ne se rapprochent. Ce qu'il lui avait révélé de ce qu'elle pouvait être capable de ressentir, c'était fort, c'était précieux, c'était même devenu indispensable. Alors comment vivre sans ?
-Je ne veux pas y aller sans toi, répondit-elle en faisant vivement non de la tête. Et je ne vais certainement pas te laisser mourir sans rien faire.
Oui, c'est vrai, ce n'était pas ainsi qu'elle l'avait vu mourir, mais elle ne savait plus rien de ce qui était vrai ou non à présent, elle n'avait plus ses pouvoirs dans tous les cas. Pietro était-il prêt à mourir dans l'espoir de conserver ses pouvoirs alors qu'il n'en avait vraiment pas besoin pour être une personne réellement exceptionnelle ? Elle n'en savait rien, elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'il leur fallait faire. Quoi qu'ils décident, il semblait absolument évident qu'ils n'étaient pas sur la même longueur d'onde, tous les deux. C'était devenu rare, mais en l'occurrence, c'était certain, et leurs choix et envie divergents pourraient bien leur coûter la vie. Liv avait besoin qu'ils parviennent à se mettre d'accord. Dans le cas contraire, ils allaient certainement tout perdre dans tous les cas. Elle, elle voulait surtout limiter la casse. Si c'était possible.
Pietro savait parfaitement que lui et Liv ne pensait pas de la même manière, qu’ils n’avaient pas du tout la même vision du monde. La jeune femme ne regrettait pas autant ses pouvoirs que le jeune homme. Pietro ne se disait pas non plus qu’il préférait mourir que d’être « humain », mais forcément il ne sautait pas de joie du tout à l’idée de ne pas avoir ses pouvoirs et l’idée de ne plus être un mutant du tout… il ne savait pas, il ne parvenait pas à se faire à cette idée. Il n’était pas suicidaire non plus, il avait conscience que la solution du gouvernement apporté des avantages, parce que ça permettait quand même d’être guéri. Mais… non, vraiment, Pietro avait quand même beaucoup de mal à se dire qu’il devait se faire vacciner de son gêne X, c’était contre sa nature.
Il n’avait beau ne plus être un fervent défenseur des mutants, il avait certes quitté la confrérie qui avait l’intention de mettre les mutants en avant, ça n’enlevait pas le fait qu’il aimait sa situation et sa condition. Il était un mutant, c’était une part de lui, qu’il n’avait vraiment pas envie de perdre. Il n’avait pas spécialement envie que Liv le perde aussi, mais il comprenait que dans son cas ça pouvait être un soulagement. Alors… si elle se sentait prête à l’idée de ne plus être une mutante du tout, Pietro la soutiendrait, mais il n’arrivait pas à faire ce même choix. Cela dit, le jeune homme n’était pas surpris d’entendre sa petite amie affirmer qu’elle n’avait pas envie d’y aller sans lui… qu’elle n’avait pas envie de le perdre. Pietro n’avait pas spécialement envie d’être pris par les sentiments, mais en même temps il fallait bien avouer qu’elle le faisait quand même. Le jeune homme n’avait aucune envie de mourir, il n’avait pas envie de la laisser toute seule, mais il n’avait pas envie de se précipiter dans une solution qui pouvait leur couter plus cher si ensuite, il y avait un autre moyen.
« Je n’ai pas l’intention de me laisser mourir tu sais ? » Dit-il alors, en venant poser ses mains sur ses bras. « Je vais bien encore pour le moment. Je ne veux juste pas prendre le risque de suivre le gouvernement pour me faire avoir une nouvelle fois. Rien ne nous dit qu’un autre remède moins… définitif ne sera pas trouvé. Et je ne leur fais pas confiance. »
Mais il ne pouvait pas forcer Liv à rester dans sa situation si elle ne la supportait pas, il n’avait pas l’intention de la brider. Si elle tenait à se rendre dans un centre du soin, il ne pourrait pas l’en empêcher et au fond sans doute qu’il sera un peu soulagé qu’elle soit bel et bien sortie d’affaire. Et il n’avait aucune envie que Liv cherche à le forcer à faire quelque chose qu’il n’avait pas envie de faire, même s’il prenait peut-être un risque en soi.
ietro déposa ses mains sur ses bras, et pour la première fois depuis que la jeune femme avait perdu ses pouvoirs, elle regrettait de ne pas les avoir. Certes, elle n'apprécierait pas réellement de les garder pour de bon, surtout maintenant qu'elle s'était faite à l'idée de pouvoir se débarrasser de ce qui était à ses yeux une malédiction, et pour de bon. Mais en même temps, elle aurait aimé pouvoir se rassurer en découvrant une vision de la mort de Pietro qui demeure conforme à ce qu'elle avait déjà vu... Seulement, rien ne lui garantissait que le destin du jeune homme n'ait pas changé... et cette fois, s'il devait flirter avec la mort, sa soeur, malade elle aussi, ne pourrait pas le sauver miraculeusement.
Cette fois, il n'y aurait pas de retour en arrière possible, et ça, ça lui faisait définitivement bien plus peur que tout ce qui la concernait elle. Raison pour laquelle l'obstination de Pietro à ne pas vouloir la suivre l'énervait. Elle n'était pas en colère contre lui, elle était en colère contre la situation. En ramenant Pietro à la vie, on lui avait offert une opportunité en laquelle elle n'avait jamais cru : celle d'éprouver, de ressentir... Et maintenant, on allait peut-être lui ôter ce qui devenait sa seule raison de vivre. Comment parvenir seulement à le supporter ? Non, c'était impossible.
Il avait beau dire qu'il n'avait pas l'intention de se laisser mourir, elle n'était pas certaine de se sentir rassurée pour autant. Non, c'était bien simple, elle n'était pas rassurée du tout. Oh, elle savait que Pietro était sincère, et qu'il n'avait pas la moindre envie de mourir, mais en attendant, le risque était beaucoup trop réel. De nombreux mutants avaient succombé au poison, déjà, ce n'était peut-être qu'une question de jour avant que ça lui arrive également. Peut-être qu'à force de flirter avec le danger, Pietro avait cessé de le redouter, mais ce n'était pas le cas de Liv... Au contraire, elle côtoyait la mort presque quotidiennement, et elle l'administrait tout aussi régulièrement, alors elle savait combien elle pouvait être brusque, immédiate... Et ils ne pouvaient pas juste se contenter d'attendre en espérant une solution miraculeuse.
-C'est vraiment ça, le problème, tu n'as pas confiance dans le gouvernement ? rétorqua Liv, sceptique. Ce n'était pas contre Pietro, mais elle ne lui imaginait pas une opinion politique appuyée, et en l'occurrence, gouvernement ou pas, c'était totalement absurde que de s'imaginer qu'une solution miraculeuse allait leur parvenir juste à temps pour les rendre à la normale. Liv n'était pas la plus grande fan du gouvernement, mais en l'occurrence, ils avaient trouvé une vraie solution. Tu ne leur fais pas confiance mais ça ne te dérange pas que moi j'y aille ?
S'il avait de tels doutes, il l'en empêcherait, non ? Tout ça n'était qu'une question d'ego déplacé, pensait-elle.
Pietro n’avait jamais réellement porté le gouvernement dans son cœur, ce n’était pas pour rien qu’à la base il avait suivi Magnéto. Mais en effet, il n’était pas vraiment le mutant avec le plus de conviction politique. Cela dit, il trouvait cette solution presque trop… belle. Le jeune homme ne saurait pas réellement comme l’expliquer, mais il n’aimait vraiment pas l’idée que le gouvernement puisse avoir trouvé subitement un moyen d’arrêter le gêne X du corps des mutants, même si forcément ça tombait bien. Cela dit, Liv savait parfaitement appuyer sur les détails qui n’allaient pas forcément. Il devrait sans doute l’empêcher d’aller se faire soigner, parce qu’il n’était pas sûr que ça soit une bonne chose, mais en même temps il n’avait pas envie de l’empêcher de faire ce qu’elle pensait avoir besoin. Et il savait qu’au fond, elle était même heureuse sans ses pouvoirs.
« J’ai… j’ai juste pas envie de perdre qui je suis Liv. » Répondit-il, en se doutant que ça n’allait pas forcément lui plaire. Mais Pietro n’allait pas mentir, il n’avait aucune envie de ne pas être un mutant. C’était quelque chose qui faisait parti de lui. Même s’il n’en faisait pas grand-chose sans doute, qu’on lui reprochait peut-être de ne prendre parti pour aucun camp de mutant, ça n’enlevait pas qu’il était qui il était et qu’il n’avait aucune envie d’être quelqu’un d’autre. Cela dit, il n’avait pas plus envie de mourir non plus. Il n’avait vraiment pas l’intention de se laisser mourir, mais il avait envie de s’accorder un peu plus de temps. « Mais toi, je sais que ça te convient très bien, que tu es mieux sans tes pouvoirs. Alors si tu peux te soigner et être plus sereine, pourquoi pas ? Je te laisse faire ce que tu as envie, laisse-moi prendre mes décisions. »
Si elle tenait vraiment à se faire soigner, qu’elle le fasse et honnêtement, Pietro avait même envie qu’elle se fasse soigner. Mais lui, il n’avait définitivement pas envie de se rendre dans un centre de soin dans le but de ne plus être un mutant. Il n’était déjà pas grand-chose au final avec ses pouvoirs, il n’avait pas de papier, il ne travaillait pas, il vivait au crochet de Liv. S’il perdait sa nature… il ne serait juste plus rien du tout et c’était presque aussi angoissant que de mourir. Il avait beau prendre la vie à la légère en temps normal, dans des moments comme celui-ci ce n’était quand même pas vraiment évident. S’il n’avait finalement pas le choix… il déciderait sans aucun doute de perdre sa nature dans le but de rester en vie, il avait quand même moins envie de mourir que de ne plus être un mutant, mais il avait envie de s’accorder encore un peu de temps. Au cas où que quelqu’un finisse par trouver quelque chose, même s’il prenait sans doute trop de risque. Cela dit, il avait l’habitude de prendre des risques, c’était quand même son quotidien.
ietro voulut bien admettre que son inquiétude ne reposait pas tant sur les intentions du gouvernement, donc, mais sur la crainte de perdre ses pouvoirs, et par la même une partie de son identité. Liv, au fond, ne devrait pas reprocher à Pietro de se définir par sa mutation, elle avait après tout intégré un groupe qui se revendiquait très clairement pro-mutants, et dont les membres se définissaient clairement par leur nature et leurs pouvoirs... Mais Liv n'était, au fond, qu'une imposture. Elle n'avait pas rejoint la confrérie par conviction profonde, mais parce qu'elle savait que le monstre y trouverait son compte. Et maintenant, elle était prête à sacrifier ce qui faisait d'elle une mutante sans aucun problème... Elle ne voulait pas admettre se définir par ses pouvoirs uniquement, cela la conforterait dans l'idée qu'elle ne dissimulait pas seulement un monstre en elle, mais qu'elle en était un... chose que l'homme qui lui faisait face avait eu tendance à effacer de ses pensées.
C'était cela, aussi, qui était difficile à vivre pour Liv. Pendant longtemps, elle s'était laissée définir uniquement par ce qu'on lui avait dit qu'elle était : une mutante pour les confréristes, une sociopathe pour son psy... Elle avait cru, qu'elle n'était rien d'autre, et Pietro était apparu. Il avait révélé ce qu'il y avait en elle de plus humain, elle s'était découverte une identité qui s'exemptait de toute définition psychologique, de toute considération biologique. Elle s'était vue dans le regard d'un homme qu'il aimait, et elle avait adoré ce qui s'y reflétait. Et c'était ça, ce qu'elle était devenue. Mais Pietro, lui, ne se définissait pas en fonction d'elle. C'était normal, après tout, ils n'avaient pas le même parcours, la même vision des choses. Mais elle avait envie de croire, pourtant, qu'en se retrouvant à sa place, en se voyant à travers ses yeux, il aurait compris qu'il était un être complet avec ou sans ses super-pouvoirs. Elle se sentait... bousculée dans toutes ces convictions, et terrifiée, pour l'une des premières fois de sa vie. Oui, elle pourrait bel et bien décider de se "soigner" seule. Mais à quoi bon si la seule raison qu'elle pouvait avoir d'être au plus proche de Liv au point même d'abandonner Raven ne la suivait pas ?
-Mais moi je n'ai pas envie de te perdre...
Elle baissa les yeux. Elle n'était pas de nature à penser que toutes leurs décisions devaient impérativement se prendre à deux, qu'il était important, voire indispensable qu'ils y réfléchissent de manière commune l'une comme l'autre, mais... sur ce point... si important, si grave, elle ne supporterait pas qu'ils ne soient pas sur la même longueur d'onde.
-Je ferai rien sans toi.
C'était presque du chantage, mais elle l'assumait. C'étaient leurs vies, qui étaient en jeu. Et elle ne pouvait pas transiger là-dessus.
Leurs situations étaient tellement différentes. Pietro parvenait de plus en plus à comprendre Liv, elle le comprenait aussi de plus en plus, mais ça ne voulait pas dire qu’ils pouvaient facilement se mettre à la place de l’autre. En même temps, il n’était pas possible d’être totalement à la place d’une autre personne, de parvenir à se mettre dans sa peau et de comprendre tout ce qu’elle ressentait. Malgré les efforts, ce n’était juste pas possible. Ça ne voulait pas dire qu’on ne tenait pas à la personne, c’était juste simplement impossible. Pietro pensait quand même suffisamment connaître Liv pour comprendre qu’elle avait besoin d’aller ce soigner et qu’elle avait raison d’accepter de rejeter sa mutation. Ils ne vivaient pas les choses de la même façon, ils n’avaient pas la même approche concernant leurs pouvoirs. Pietro avait accepté ses pouvoirs, il vivait avec, c’était une part de son identité, de ce qu’il était. C’était la même chose pour Liv en un sens, sauf qu’elle en souffrait elle de son côté, tandis que Pietro avait appris à aimer sa condition. Un peu trop en un sens, pendant un moment, quand il avait intégré le groupuscule pro-mutant que Wanda n’avait toujours pas quitté. Il n’avait pas spécialement envie d’en changer.
Même si forcément, avoir la vie sauve était quand même un bon argument. C’était pour cela que Pietro avait juste envie de pousser Liv à aller se soigner, parce qu’elle sera plus heureuse et parce qu’elle sera sauvée. De son côté… il avait envie de croire qu’une solution allait être trouvé sans qu’ils ne soient si radicales. Cela dit, il parvenait quand même à comprendre sa petite amie quand elle lui affirmait qu’elle n’avait pas envie de le perdre. Lui non plus n’avait pas envie de la perdre, il n’avait pas envie qu’elle prenne plus de risque et il serait soulagé si elle allait se soigner. Sauf que ce n’était pas si facile pour lui…
Pietro poussa un soupire en entendant la jeune femme lui dire qu’elle ne ferait rien sans lui. Il en savait quelque chose sur les décisions pris à deux, avec sa sœur jumelle. Il savait aussi que par moment, il fallait savoir prendre des décisions en solo. Il ne pouvait pas reprocher à Liv de lui faire cette sorte de chantage, où au final il se retrouvait au pied du mur. Mais en même temps, il aurait aimé qu’elle se contente d’accepter qu’il acceptait qu’elle y aille, sans lui.
« Je peux… je ne peux pas faire ça sans Wanda. » Répondit-il finalement.
Elle attendait sans aucun doute une autre réponse, mais Pietro se montrait sincère. Il pouvait le faire avec Liv, il pourrait pour la femme qu’il aimait sacrifier ce qu’il avait le sentiment d’être depuis toujours mais… clairement il ne pouvait pas le faire si Wanda ne le faisait pas de son côté. C’était comme ça. Pour Pietro, il n’y avait pas que Liv, qu’eux deux, que leur couple. Il y avait des décisions qu’il ne pouvait pas juste prendre à deux.
iv s'était attendue à ce que le ton monte, à ce que son petit ami s'obstine encore à lui répéter que quoi qu'il advienne, il refusait qu'on le prive de ses pouvoirs. Elle s'était attendue à ce que cette discussion s'achève en vaste engueulade parce que ni l'un ni l'autre n'accepterait de céder du terrain à l'autre. Elle s'attendait, aussi, à ce qu'il lui reproche la sorte de chantage qu'elle venait de lui imposer (et qui pouvait difficilement être nommée autrement). Il y avait de quoi se prendre la tête, puisque leur situation semblait insoluble, mais finalement, Pietro prit le contrepied de ce qu'elle imaginait, et le corbeau ne sut pas vraiment si elle devait se réjouir de cette réponse ou non.
En fait, prise de court, elle ne trouva rien à dire pendant plusieurs secondes. Que Pietro veuille que sa jumelle survive elle aussi, qu'il ne s'adonne à cette expérience que si Wanda suivait également, c'était une chose que Liv pouvait comprendre. Cela ne la réjouissait pas, mais elle avait bien compris que la soeur de Pietro serait toujours prioritaire, et elle s'était fait une raison à ce sujet. Et s'il suggérait cela, c'est qu'il semblait finalement se joindre à son avis. Mais au final, ça lui donnait le sentiment qu'il s'inventait une nouvelle excuse, ou plutôt, qu'il avait besoin d'une motivation plus forte qu'elle pour faire ce genre de choix. En somme, si elle seulement décidait de renoncer à ses pouvoirs, alors ça ne valait pas la peine de tenter de survivre pour elle. En revanche, s'il était question de Wanda, là, la question ne se posait plus. Bien sûr, elle interprétait peut-être mal les choses, elle le savait bien. Mais elle n'y pouvait rien. C'était difficile de ne pas se faire un milliard de films dans une situation à ce point délicate.
-Eh bien, tu n'as qu'à la convaincre de le faire, dans ce cas, répondit simplement Liv avec froideur.
Elle ne savait que répondre d'autre, de toute manière, même si elle savait d'avance que c'était peine perdue. Si déjà Wanda avait résisté aux suppliques de son frère pour quitter la Confrérie (et c'était pire maintenant qu'elle savait que Magnéto était leur père), elle n'allait sans doute pas se priver, à la demande de son frère, de ce qui faisait d'elle une confrériste. Et puis, dans le fond, elle se dirait peut-être que s'il arrivait quelque chose à Pietro, elle réussirait, si ses pouvoirs étaient encore présents, à le ressusciter de nouveau. C'était une équation complexe, mais Liv n'avait pas complètement l'impression d'y avoir sa place. Et finalement, c'était sans doute mieux comme ça... La mort en elle-même ne l'inquiétait pas pour elle. Et elle devrait peut-être se fier à l'idée que ni l'un ni l'autre ne devrait mourir ainsi. Mais elle avait peur pour lui.
C’était peut-être trop facile pour Pietro au final de prendre la peine de mentionner Wanda en affirmant qu’il ne pouvait pas prendre cette décision sans l’aval de sa sœur, et sans en fait que sa sœur ne le fasse. C’était comme ça, il y avait des choses que le mutant n’envisageait pas sans sa sœur jumelle. Il n’avait aucune envie d’exclure sa petite amie, mais en même temps Pietro ne pouvait quand même pas faire autrement que de se reposer énormément sur sa sœur jumelle. Même si lui et Wanda ne se voyaient pas constamment, qu’ils ne passaient pas autant de temps ensemble qu’ils ne le voudraient, le jeune homme ne pouvait pas prendre une telle décision sans elle. Même si c’était pour se sauver la vie, forcément, mais ça avait des risques en plus quand même.
Il ne pouvait pas prendre une telle décision tout seul, sans en parler à sa sœur, même pour sa petite amie. Liv était l’une des personnes les plus importantes de sa vie quand même, mais ce n’était pas tout à fait pareil que Wanda. C’était compliqué un peu, mais c’était comme ça. Il y avait Liv, il y avait Wanda et c’était bête mais Wanda sera toujours sa priorité.
« Elle refusera. » Répondit-il quand Liv lui affirma qu’il n’avait qu’à demander à sa sœur de le faire, de la convaincre de le faire.
Même si Pietro avait envie de la convaincre, le jeune homme savait bien que ça serait quand même particulièrement difficile. La preuve, il n’était jamais parvenu à la convaincre de quitter la confrérie alors qu’il y avait quand même eu que de « bonnes » raisons pour qu’elle les abandonne. Mais non, il n’avait pas réussi à la convaincre, alors lui faire renoncer à ses pouvoirs définitivement même pour qu’ils puissent avoir la vie sauve il n’était pas sûr. Bon, forcément, c’était mieux que de mourir bien sûr, mais ça signifierait quand même beaucoup de chose. Beaucoup de chose qui avait un rapport avec Magnéto, ce père qu’il ne parvenait toujours pas à supporter. Quel père sera-t-il s’il devait découvrir que Wanda n’avait plus ses pouvoirs ? Il l’abandonnera assurément, comme il abandonnerait n’importe quel mutant qui n’avait plus ses pouvoirs.
« Mais je peux toujours essayer. » Bon, Pietro disait ça, sans aucune conviction en réalité. Il aimerait simplement que Liv accepte de s’y rendre pour se sauver, parce qu’au moins le jeune homme sera rassuré, mais pas seulement. « Mais je ne comprends toujours pas pourquoi tu refuses. » D’accord, elle voulait qu’ils le fassent ensemble, c’était quelque chose qu’il comprenait forcément. Mais en même temps, il n’y avait pas que ça. « C’est l’occasion pour toi d’être définitivement débarrassée de ce poids. »
Ses pouvoirs, qui, étaient clairement un poids pour la jeune femme. Elle le lui avait dit elle-même, elle se sentait bien mieux sans tout cela. Au fond, ça pouvait peut-être plus lui permettre de ne plus avoir ses pouvoirs que d’avoir la vie sauve, Pietro continuait bêtement d’espérer pouvoir s’en sortir sans perdre sa nature mutant.
iv savait bien que Pietro avait raison, et cette pensée ne l'enchantait pas du tout. Wanda était très dépendante de son frère et de son opinion, mais pas au point de le laisser prendre ce genre de décisions radicales pour elle. Elle ne voudrait pas prendre le risque de renoncer à ses pouvoirs, pas si cela devait la priver de sa place au sein de la Confrérie et donc auprès de son père. Sans compter que la puissance de ses pouvoirs n'avait rien à voir avec ceux dont Liv pouvait pour sa part se réclamer. Alors en attendant après l'assentiment de sa soeur jumelle pour lui-même se rendre dans un de ces centres afin d'être guéri au prix de ses pouvoirs, il ne prenait en réalité aucun véritable risque, et la situation en restait au même point. Pietro refusait cette solution, et Liv était incapable de l'accepter seule.
Le but n'était pas de se montrer égoïste et d'empêcher Pietro de vivre avec ses pouvoirs alors qu'il était plus qu'évident que le jeune homme était heureux ainsi et ne le serait sans doute jamais autant autrement. Cela lui convenait tout à fait que son petit ami garde ses pouvoirs, le but était de ne pas le voir mourir... mais le jeune homme semblait préférer risquer sa vie plutôt que de renoncer à sa nature. Une chose qu'elle aurait peut-être pu comprendre... dans un autre temps. Quand le monstre avait davantage d'emprise sur elle, lui qui perdait chaque jour un peu plus de terrain à mesure que Pietro révélait ce qu'il y avait de plus pure humanité en elle. Elle avait une excellente raison de vouloir mener une vie douce, sereine, qui ne serait plus hantée par ses anciens démons, et cette raison, elle l'avait sous les yeux. Elle préférait encore subir ses pouvoirs, en dépit de ce qu'ils avaient d'handicappants (ce qu'elle réalisait réellement totalement à présent qu'ils étaient en veilleuse), et pouvoir vivre une longue histoire avec Pietro que d'avoir l'esprit libre des visions les plus sinistres, mais de devoir poursuivre sa route seule. Ses raisons étaient simples : elle voulait que Pietro survive, c'était aussi simple... et difficile que ça.
-Si c'est pour devoir porter un poids plus lourds encore après ça, ça n'a aucun intérêt pour moi.
C'était au fond vivre sans lui ou ne pas vivre du tout, ou bien en automate. Il faut croire qu'il avait gagné. Elle le suivrait. Et avec un peu de chances, il avait raison, il y aurait un remède viable pour les mutants, et à ce moment-là, Liv déciderait de ce qu'elle voulait pour elle-même. C'était peut-être lui qui avait raison. Autant le laisser décider... tout l'amour qu'elle lui portait ne suffirait pas à le faire changer d'avis.
-Si tu ne comprends pas ce qui me motive, alors je suppose que tu ne me comprends vraiment pas du tout, tout compte fait.
Pietro avait un peu le sentiment de tourner en rond dans cette conversation. Il avait du mal à comprendre les réticences de Liv et il ne savait vraiment pas pourquoi elle tenait à ce point qu’ils soient tous les deux à perdre définitivement leurs pouvoirs. Pietro avait un peu le sentiment de ne pas avoir de choix au final, qu’elle lui imposait sa vision des choses, sa vision de leur futur. Sauf que lui, il n’avait aucune envie de devenir humain. Alors la solution pouvait très bien s’envisager dans l’idée où ils n’auraient vraiment plus aucune solution, et que Pietro n’ait que ça pour rester en vie. Mais ça n’enlevait pas le fait qu’il n’avait aucune envie de devenir humain. Ce serait clairement un dernier recours pour lui, sauf que ça pourrait très bien être un recours tout simple pour Liv. Mais non elle ne voulait pas.
Elle lui affirma que si c’était pour porter un poids encore pire après, ça n’avait aucun intérêt. Évidemment, Pietro comprenait bien qu’elle parlait de l’éventualité où il mourrait quand elle survivrait. Ce n’était pas ce que voulait Pietro bien sûr, dans l’idéal ils allaient survivre tous les deux. Mais en même temps, forcément, le jeune homme ne pouvait pas nier le fait qu’il serait bien plus rassuré de la savoir définitivement sauvée. Mais son but n’était pas qu’elle survive sans lui bien sûr. Mais visiblement, le souci venait juste du fait qu’il ne la comprenait pas. Ce n’était peut-être pas ça, mais Pietro ne put s’empêcher de se sentir piqué quand elle lui affirma qu’il ne devait pas la comprendre du tout puisqu’il n’était pas capable de comprendre ce qui la motivait.
« Sans doute ouais, je ne dois rien comprendre du tout. » Répondit-il un peu plus sèchement. Il n’avait aucune envie de se prendre la tête avec Liv, mais toute cette situation le stressait énormément, mettait ses nerfs à vif et il avait juste l’impression de ne pas avoir la possibilité de faire un choix. C’était bête, clairement, sa relation avec Liv coulait de source, mais dans ces conditions c’était toujours les choses de sa façon et non des siennes. Sans qu’il ne soit capable de comprendre tout ce qu’elle faisait pour lui. « Tu ne veux voir que deux issus possible. Soit on perd nos pouvoirs ensemble, soit non. Mais tu peux très bien aller te soigner maintenant, moi je me soignerais plus tard – en partant évidemment du principe qu’une solution pourrait exister pour Pietro – et on aura tous les deux ce qu’on veut. Il v a se passer quoi si en perdant du temps comme ça, tu ne peux pas te soigner en annulant tous tes pouvoirs ? Tu les retrouveras alors que tu n’en veux pas. »
Le souci résidait bien évidemment dans le fait que Pietro n’avait aucune solution pour survivre pour le moment, il avait envie de patienter le plus possible pour ne pas prendre de décision trop radicale envers ses pouvoirs. Mais il misait gros quand même.
uand l'on considérait leurs différences de caractères, et combien ils étaient de tempéraments différents, tous les deux, l'on s'attendrait à ce que Pietro et Liv se prennent la tête de façon absolument constante... Mais le fait est que ce n'était pas le cas, et que cette dispute (ou en tout cas ce désaccord profond qu'ils exprimaient en mot, car pour l'heure, ni l'un ni l'autre n'avait haussé le ton - en même temps, il n'était vraiment pas dans la nature de Liv que de hausser le ton) avait le don de bouleverser d'autant plus Liv que cette dernière voyait se réaliser un scénario qu'elle redoutait plus que tout : elle craignait de perdre Pietro. Parce qu'il ne se soignerait pas, ou simplement parce qu'il ne voudrait plus d'elle, tout simplement. Alors oui, elle ne devait pas non plus se mettre martel en tête pour une prise de bec tout à fait légitime, mais elle n'y pouvait rien. Le fait est qu'elle avait terriblement peur de perdre Pietro, c'était aussi simple que ça.
-Je ne veux pas me faire soigner pour perdre mes pouvoirs, rétorqua-t-elle alors.
Ce qui était en soi vrai, si elle tenait avant tout à se soigner, c'était pour ne pas mourir, et il est vrai, effectivement, que perdre ses pouvoirs à ce stade ne ressemblait plus le moins du monde à un sacrifice. Mais avant que cette option ne se présente, jamais elle ne se serait imaginée, en quoi que ce soit, renoncer à ses pouvoirs. Tout semblait tourner autour de leurs pouvoirs aux yeux de Pietro, alors que tout tournait autour de leur survie aux yeux de Liv.
-Sans eux, je tomberai définitivement en disgrâce auprès des confréristes, je vais vivre seule, sans rien, sans toi... ce n'est pas vraiment un rêve qui se réalise pour moi, figure-toi. Elle marqua une légère pause. Tu n'arrêtes pas de te convaincre que tu as le temps, que tu pourras te décider à la dernière minute, mais qu'est-ce que tu en sais ? Notre mal empire de jour en jour, toi aussi, tu le ressens, non ? Il va venir un moment où on ne pourra plus rien faire du tout. Ce n'est peut-être pas une affaire de semaines, peut-être même pas une affaire de jours. J'ai... Elle marqua une pause. C'était encore si étrange pour elle d'exprimer ses sentiments si sûrement. De ressentir ces sentiments si sûrement, même, qu'elle se sentait toujours réticente à les exprimer. J'ai peur... Je voudrais juste que ça s'arrête. Ne plus avoir à ce point peur pour toi.
De tous les sentiments qu'elle apprenait à expérimenter, celui-ci était certainement le plus difficile, et clairement le plus éprouvant. Et c'était en partie pour cela qu'elle y réagissait si mal.
Pietro avait conscience que rien ne pouvait être juste simple et facile à gérer quand il y avait d’autres personnes en jeux. C’était déjà compliqué avec Wanda, mais en prime avec Liv ça l’était d’autant plus. Oh, ce n’était pas quelque chose qu’il regrettait concrètement, mais il devait quand même reconnaître qu’avec Liv c’était toujours plus compliqué. Il ne comprenait pas toujours ce qu’elle voulait, il ne comprenait pas toujours la jeune femme tout simplement. Il aimerait simplement que ça soit plus simple, même s’il avait conscience qu’il ne facilitait pas les choses. L’idéal serait bien évidemment qu’ils aillent se soigner tous les deux, sauf que Pietro n’avait aucune envie de faire confiance aux gouvernements ou plus précisément… il n’avait pas envie de ne plus être un mutant, il n’avait pas envie de perdre ses pouvoirs. Même si au final, ce n’était pas une question de pouvoir en réalité, comme Liv ne manqua pas de le rappeler en précisant qu’elle n’avait pas envie de se soigner pour perdre ses pouvoirs.
Bon forcément, il était question de survis et le jeune homme ne pouvait pas savoir combien de temps il avait devant lui. Pietro aimerait donner complètement tort à Liv quand elle affirmait qu’il parvenait à se convaincre qu’il avait encore du temps devant lui, mais qu’au fond il n’en savait rien. Que ça pouvait très bien être une affaire de semaines, ou de jour au final. Il sentait bien que son état empirait, il se doutait qu’il n’avait plus beaucoup de temps devant lui. Il trouvait tout de même Liv particulièrement pessimiste en affirmant qu’elle perdrait tout, parce qu’elle allait vivre seule… mais ça non plus, elle n’en savait rien. Il fallait juste qu’elle accepte de se soigner, parce que ça lui convenait comme ça, qu’elle soit saine et sauve ainsi il ne se ferait plus de souci pour elle… et lui ensuite il se soignerait. Dans un monde idéal. Ce serait juste simple qu’elle accepte de se soigner et d’attendre pour lui, mais évidemment elle avait peur. Ce qu’il ne pouvait pas lui reprocher d’ailleurs, au contraire, c’était une preuve d’affection même si ça lui déplaisait, même si elle avait envie que ça s’arrête, et que pour ça il faudrait qu’il accepte de faire quelque chose qu’il ne se sentait pas prêt de faire.
« Bienvenue dans le monde des humains, ça s’appelle tenir à quelqu’un ça. » Rétorqua-t-il, peut-être un peu trop vivement. Il n’avait aucune envie de se disputer avec Liv, mais il était à cran avec toute cette histoire. Il pouvait éventuellement comprendre la position de Liv, Wanda serait capable de lui faire le même reproche de son côté, à vouloir qu’il se soigne pour se sauver mais refusant de le faire parce qu’elle perdrait son père mais ayant envie de le voir sauvé. Comme lui serait soulagé de se dire que Liv et Wanda était en sécurité, sans craindre pour sa propre vie. Pietro poussa un soupir, histoire de décanter un peu. « Moi aussi j’ai peur de te perdre Liv. Et c’est comme ça maintenant pour ça, mais ça le sera toujours. Il y aura toujours quelque chose, toujours un risque… » Là c’était ce virus, mais ensuite quoi ? Il y aurait toujours quelque chose. « La dernière chose que je souhaite c’est te faire souffrir Liv, mais je… peux pas décider ça de suite. »
Ça serait plus simple qu’il réponde à son chantage, qu’il décide d’aller dans son sens et d’abandonner. Mais il en était incapable.
iv afficha une moue qui semblait tenir de la grimace ironique quand Pietro lui fit remarquer que sa réaction était ni plus ni moins qu'humaine. Bien sûr que c'était le cas, évidemment que c'était le cas, mais c'était typiquement ce genre de situations qui lui faisaient parfois regretter ce mur bien solide qu'elle avait inconsciemment bâti entre elle et des émotions qu'elle avait cru ne pas être capable de ressentir, mur que Pietro avait endommagé, fissuré. Pas abattu, certes, mais suffisamment pour que des failles se laissent entrevoir de partout. En cet instant, Liv voudrait être l'inverse d'humaine.
Si éprouver des émotions humaines devait vous mettre dans un tel état de détresse, vous plonger dans de telles abimes de douleur, alors être humain semblait être la pire chose au monde. Bien sûr, à certains moments, c'était la meilleure aussi. Elle devait à cette humanité gagnée progressivement des instants de pur bonheur qu'elle n'aurait jamais vécus si elle ne s'était pas autorisée à tomber amoureuse de Pietro... encore qu'elle ne l'avait pas vraiment choisi, mais disons du moins d'accepter pleinement ses sentiments. Mais en cet instant, elle avait l'impression que l'aimer ne lui faisait que du mal, ça et rien d'autre.
Le ton brusque et déplaisant qu'avait employé Pietro n'aidait pas du tout non plus. Elle savait bien qu'il devait s'armer de patience avec elle, qu'elle ne lui facilitait pas la tâche, qu'elle devait beaucoup trop souvent passer à ses yeux pour un automate sans émotion humaine... Ce qu'elle était en partie, mais quand ses élans d'humanité étaient traités de cette manière... ça avait le don d'empirer son état, son ressenti.
Pietro se calma tout de même, lui affirma qu'il avait peur pour elle, mais qu'en même temps, ce serait toujours le cas. Il n'avait sans doute pas tort. Au vu des chemins qu'ils empruntaient et des choix qu'ils faisaient, il était bien possible qu'il ne puisse en être autrement, à la vérité. Mais elle trouvait ça trop facile. Ils ne pouvaient pas non plus minimiser cette situation et prétendre qu'elle ressemblait à toutes les autres, si ? Consciente du refus définitif de Pietro, Liv le toisa un instant en silence. Elle ne le convaincrait pas. Et elle ne le comprenait pas. Elle baissa finalement les yeux.
-Comme tu voudras, rétorqua-t-elle d'une voix sans timbre qui ressemblait bien plus à la Liv sans émotions qu'elle savait être quand Pietro n'était pas dans les parages, quand Pietro n'était pas impliqué. Retour dans le monde des inhumains. Si ça pouvait l'aider à encaisser toute cette situation plus facilement... Encore qu'elle n'y croyait qu'à moitié. J'ai besoin de prendre l'air, ajouta-t-elle ensuite simplement.