U

n nouveau meurtre. Un de plus, commit à New York. Certains diront que c'est chose courante dans cette ville, et qu'il n'y a pas besoin d'en faire une affaire d'état. Et pourtant…

Le conseil des États-Unis avait fait appel au SHIELD pour pouvoir régler cette affaire de meurtre. N'empêche, comme c'était pitoyable quand on y pensait. Nick se retrouvait à devoir obéir à ces grosses têtes politiques comme une gentil petit chien. Quand le conseil n'avait pas besoin de lui et du SHIELD, il les considérait comme une sorte de secte Illuminati qui représentait un danger pour la population. Danger qu'il fallait donc maîtriser et garder à l’œil. Cependant, dès qu'il existait un danger qui dépassait le gouvernement, on faisait directement appel à ce cher Nick Fury et au SHIELD pour qu'il puisse résoudre tous les problèmes du monde. Ça donnait presque envie de vomir. Car le pire dans tout cela, c'est qu'une fois l'affaire réglée, les politiciens renvoyaient Nick sans remerciement et s'attiraient toute la gloire du résultat. D'un côté, cela n'avait pas d'importance pour le directeur du SHIELD que ces gros pleins d'argent s'attirent toutes les faveurs. Ce qui le dérangeait surtout, c'était que ses hommes et lui soient traités comme des moins que rien. Comme des animaux.

Enfin, malheureusement pour lui, les ordres étaient les ordres. Il fut même obligé de se rendre lui-même sur les lieux du crime. Et bah oui. C'était marqué sur le communiqué. ''Nick Fury devra se rendre en personne sur place pour résoudre cette affaire.'' C'était catégorique. Il n'y avait rien à dire. Il fallait juste se voir mener par le bout du nez. Nick se rendit donc sur place pour évaluer la situation. Il n'avait rien de mieux à faire après tout. En tout cas, c'est ce que le conseil pensait. Un hélicoptère le déposa à quelques pas du corps. Il établit par la suite un périmètre autour de la scène du crime pour qu'aucun civil ne puisse venir interférer. Très vite, ses spécialistes arrivèrent à leur tour sur les lieux. Il n'était pas encore possible de savoir comment et par qui le corps avait été découvert. L'annonce avait été passée par un coup de fil anonyme.

La victime avait quelque chose de bizarre. Il n'y avait pas d'impact de balles sur le corps. Aucun signe pouvant affirmer qu'il avait été empoisonné. Vraiment aucune marque sur le corps qui indiquait une mort par objet tranchant ou contondant. Il n'y avait même pas un seul signe de strangulation. ''Tu m'étonnes que le gouvernement ait été dépassé par les événements'' finit par dire Nick. Puis il remarqua enfin une chose étrange au niveau des yeux de la victime. Ces derniers n'avaient plus de pupilles ni d'iris, comme s'ils avaient été absorbés.

Au moment où le corps allait être emmené sur l'héliporter afin d'y faire de plus amples analyses, Nick remarqua une silhouette se dessiner sur le toit d'un petit immeuble. Il tenta de l’interpeller, mais cette dernière prit aussitôt la fuite. ''Merde ! Ramenez le corps sur l'héliporter et guettez mon signal !'' Un agent courut vers Nick alors qu'il s'apprêtait à escalader l'immeuble. ''Vous avez besoin de renfort monsieur ?'' ''Non, je m'en charge.'' Arrivé en haut de l'immeuble, il entama une course poursuite avec ce qu'il crut identifié comme étant une jeune fille aux cheveux mauves. ''Mademoiselle ! Je veux juste vous parler !''

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t pendant qu'on s'affairait autour d'un seul et unique cadavre avec circonspection et indécision, une bonne dizaine de corps ensanglantés jonchaient le hall de l'immeuble où, une heure plus tôt, une gamine au cheveux mauve, qui en soi ne payait pas de mine, était entrée pour faire un véritable carnage. Pour Hit-Girl, c'était une opération des plus banales. Ce pseudo gang à l'absurde ambition d'avoir la main-mise sur toute la pègre new-yorkaise avait certes déjà quelques ravages à son actifs (quelques meurtres et surtout des trafics en tous genre - drogues, femmes...), mais elle avait été d'une facilité à pister, confondre, et finalement démanteler... à la manière bien à elle qu'elle avait de démanteler ce genre de réseaux (en faisant tout péter), déconcertante. Il n'y avait plus âme qui vive dans les locaux où ils s'étaient établis, juste une mare de sang... et Hit-Girl, tout de même, qui n'avait même pas eu l'occasion d'être blessée dans l'affaire. Elle pensait avoir plus de difficultés, avec ces gars-là, même si elle avait été convaincue de pouvoir s'en tirer seule, raison pour laquelle elle n'avait pas emmené Dave avec elle. En définitive, ils ne s'attendaient pas à avoir une telle visite et, décontenancés, s'étaient presque laissés abattre comme du bétail attendant son heure. Soit. Elle avait encore du temps devant elle, de fait, ce n'était pas une mauvaise chose en soi. La mini justicière était donc montée jusqu'au toit pour filer, comme à son habitude, à l'anglaise... et eu la mauvaise idée de regarder en bas.

Mauvaise idée non pas parce qu'elle avait le vertige (et puis quoi encore) mais parce qu'elle ne put s'empêcher d'être intriguée et alarmée par l'agitation qui régnait, en bas. Ce qui est sûr, c'est qu'il allait falloir qu'elle se fasse encore plus discrète qu'elle ne l'aurait présumé. Ces gens-là n'étaient certes pas là pour elle, mais pour peu qu'on la repère, la situation pourrait rapidement mal tourner... Ah bah tiens, on l'avait repérée. Mindy, consciente qu'elle ne pourrait pas avoir l'ascendant une fois de plus, tout de même déjà un peu affaiblie par son combat d'il y a un instant (parce qu'elle se la pétait - pour changer -, oui, bon, mais ça n'avait pas non plus été un pique-nique, là en bas), comptait prendre la tangente, mais l'homme était rapide, le bougre. Finalement, consciente qu'il ne tarderait pas à la rattraper, elle se retourna, prenant évidemment soin de braquer au passage son arme sur l'homme qui lui faisait face. Elle enleva le cran de sûreté.

-Qu'est-ce que vous me voulez ?

Juste lui parler, hein ? À d'autres, elle n'y croyait pas une seule seconde. Il ne l'avait quand même pas coursée jusqu'en haut de cet immeuble pour se taper un brin de causette avec elle. Il y avait forcément autre chose.

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C'

était qu'elle était maligne, cette gamine. Alors que Nick se voyait déjà engagé dans une course poursuite haletante sur les toits du Queen's de la ville de New York, il fut très vite calmée quand la jeune fille braqua son arme sur lui. C'était très mal joué, monsieur le directeur. Malgré le revolver pointé dans sa direction, il avança de quelques pas en direction de celle qui détenait maintenant sa vie entre ses mains. Ce qui était vraiment très con, quand on y réfléchissait. Il laissait à cette jeune fille l'opportunité de mettre fin au SHIELD et à toutes ses entreprises dans le monde, avec un gros titre dans le journal disant : ''Nick Fury abattu en pleine journée dans le Queen's par une inconnue aux cheveux mauves.'' Une fin bien pitoyable, sans offense. Surtout pour lui qui n'avait pas encore mit dans ses projets celui de mourir.

''Tout doux, mademoiselle. Je veux juste vous parler. Je ne vous veux aucun mal.'' Nick s'adressait à l'inconnue comme si il parlait à une personne instable psychologiquement, prêt à se faire sauter avec une bombe autour de la taille. Ce n'était, certes, peut être pas la meilleure des choses à faire. Car cette jeune fille, hormis son attachement au violet et au cuir noir, devait, après tout, être tous sauf instable. Soudain, l'oreillette de Nick s'activa. ''Directeur Fury ? Nous avons la cible en visuel. Sans ordre contraire de votre part, nous ferons feux dans les dix secondes qui vont suivre.'' Non ! Il ne fallait pas surtout pas qu'ils tirent ! Cette jeune fille était la seule personne présente sur les lieux pouvant éventuellement donner des informations sur ce qui avait pu se passer. Et actuellement, elle était dans le viseur d'une dizaine de tireurs d'élites prêts à la descendre. Il ne fallait pas réfléchir trop longtemps. Les secondes, elles, défilaient. Alors d'un seul coup, dans un mouvement brusque, en espérant que ça ne pousse pas la jeune fille à tirer, il attrapa sa radio et hurla ses ordres. ''Ne tirez pas ! Je répète ! Ne tirer pas !'' Les dix secondes étaient passées. Et heureusement, personne n'avait prit l'initiative de tirer. Cependant, certains agents ne comprenaient pas l'ordre de leur supérieur. ''Directeur Fury ? Nous ne pouvons pas vous abandonner dans cette situation ! Avec votre permission…'' Plus fort et plus autoritaire, Nick lui répondit : ''C'est un ordre, agent ! Récupérez le corps et retournez sur l'héliporter ! Je vous contacterai pour venir me récupérer plus tard !'' Après un long silence, l'oreillette s'activa de nouveau. ''A vos ordres, monsieur. Nous nous replions.'' Sur les toits, on pouvait voir les dix tireurs d'élites quitter leur cachette pour se rendre au niveau du corps.

Nick rangea sa radio et saisit son arme dans un geste lent pour la poser sur le sol. Puis, il remit ses mains en l'air. Pendant ce temps, les hélicoptères du SHIELD quittaient la zone pour retourner sur l'héliporter. D'un signe de tête rassurant, Nick signala à ses agents qu'il ne fallait pas s'inquiéter pour lui. Il savait gérer ce genre de situation. ''Mademoiselle, je veux juste discuter avec vous. Je ne veux pas vous faire de mal. Regardez : Je suis désarmé, il n'y a plus aucun agent à plusieurs kilomètres à la ronde... Juste vous et moi.'' Désignant l'arme que la jeune fille pointait sur lui de son seul œil valide, il continua en lui disant : ''S'il-vous-plaît, baissez cette arme et discutons.''

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C'

était bien beau, que de lui affirmer qu’elle n’avait rien à craindre, mais Mindy n’était pas née d’hier, tout de même, et malgré sa petite taille et son jeune âge, elle avait depuis bien longtemps oublié d’être naïve, si elle avait seulement eu l’opportunité de l’être un jour, quand un type qui représentait elle ne savait quelles forces de l’ordre – elle ne prenait pas le temps de le déterminer – venait lui affirmer qu’elle n’avait rien à craindre et qu’il voulait juste parler, elle ne le croyait bizarrement pas, et pour cause. Si elle se trompait sur toute la ligne et que l’affaire auquel s’intéressait l’homme n’avait pas de rapport avec le carnage qu’elle avait provoqué de son côté, elle n’en savait rien et ne pouvait évidemment penser qu’au fait qu’on cherchait à la coincer afin qu’elle réponde de ses crimes. Oui. Mais non. Elle était déjà passée par la case prison, il n’était clairement pas question pour elle de réitérer. Elle laissait ça à elle ne savait quels suicidaires si cela devait les enchanter, et elle passait la main. Elle n’avait pas baissé son arme avant que l’homme n’ordonne dans sa radio de ne pas tirer. Mindy regarda vivement autour d’elle. Aurait-elle omis la présence de tireurs embusqués ? De toute évidence, oui... Si elle pensait pouvoir faire face à son adversaire s’ils étaient face à face, elle ne pourrait pas grand-chose contre d’éventuels snipers. Il répétait son ordre, ordonnait à ses hommes de lever le camp. Ça pouvait être un piège, bien sûr, et elle était loin d’écarter cette éventualité, néanmoins, si tel était le cas, garder son arme braquée sur sa cible pourrait bien lui coûter la vie. Elle n’était pas sûre de croire davantage à cette histoire de « Je veux juste parler », tout comme rien ne lui prouvait que l’homme n’avait pas une arme planquée quelque part, dont il se servirait une fois qu’elle serait, pour sa part, bel et bien désarmée. Quoi qu’il en soit, il ne lui laissait pas vraiment le choix. Bon, au pire, le cas échéant, il n’y avait pas qu’avec son revolver qu’elle était capable de faire de sévères dégâts. Elle saurait toujours se défendre si cela devait être nécessaire. Et elle continuait de le croire. Dans un soupir un rien résigné, elle rangea donc son arme dans sa ceinture.

-Discuter de quoi ? demanda-t-elle alors, sur la réserve autant que sur la défensive.

Elle n’imaginait pas l’homme vouloir tailler une bavette ou discuter de la pluie et du beau temps avec elle. Il avait forcément autre chose à l’esprit, et elle se sentait partagée entre l’instinct de survie, qui la poussait à croire que le plus sûr était encore de foncer dans le tas et d’attaquer son interlocuteur jusqu’à ce qu’il cède et sa curiosité. Car, après tout, aussi improbable ce scénario lui semblait-il, peut-être voulait-il bel et bien seulement lui parler ? Elle le saurait bien vite, quoi qu’il en soit, puisqu’elle n’esquissait à présent plus aucun mouvement, cédant à sa curiosité, et attendant, tout simplement, d’en savoir davantage.

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