But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
MJ ne savait pas trop comment elle était censée réagir à dire vrai. Elle n’aurait pas franchement imaginé que son interlocutrice vendait son corps. Bien sûr, c’était quelque chose d’encore beaucoup trop fréquent, même si on en parlait peu, et beaucoup de femmes se retrouvaient même obligées de faire ce genre de choses. Déjà, le fait qu’elle ne soit pas forcée, était rassurant, mais c’était tout de même assez troublant de se dire qu’on pouvait délibérément choisir de faire le tapin. Mais Vanessa n’avait peut-être pas eu de nombreux choix non plus. Mais cela voulait potentiellement dire qu’elle était libre de partir quand elle le voulait. Du moins, c’était ce que MJ comprenait, ou imaginait, mais c’était un milieu qui lui était totalement étranger, dans tous les cas. Et ce n’était pas plus mal.
Même si la rouquine était assez gênée par la révélation qu’elle venait d’avoir, elle ne voulait pas trop le montrer, parce qu’elle ne voulait pas donner l’air de juger la jeune femme. Cela devait être déjà assez pénible pour elle au quotidien, d’autant que ses clients ne devaient sans doute pas la considérer à sa juste valeur, et devaient la voir comme un bout de chair présent pour satisfaire leurs désirs. Quoique, avec certains hommes, il n’était pas nécessaire d’être une prostituée pour être considérée ainsi. Mais bon, Vanessa n’avait vraiment pas une vie facile, et avait peu de choses positives auxquelles se raccrocher.
-En tant que serveuse, tu représentes le bar, certains demanderaient à me faire virer d'ici pour moins que ça, je te l'assure.
Peut-être bien, mais MJ ne comptait pas lui demander de sortir parce qu’elle faisait le trottoir. Elle ne voyait pas pourquoi, d’autant que Vanessa avait un comportement totalement normal, et ne causait aucun tort, alors elle avait le droit de rester autant qu’elle le voulait. Et puis, si jamais on lui faisait la remarque, la jeune femme n’était pas censée connaître tous les détails personnels et professionnels des clients.
« Je veux bien vous croire, certaines personnes ont des esprits assez étriqués. »
-Enfin, je suppose qu'il faudra rapidement que je reconsidère mes choix de carrière, cela dit, je commence à arriver à ma date de péremption, si ça peut vous rassurer, ça aussi. Tu m'en ressers un autre ?
MJ réfléchit à ses paroles, tout en la resservant, comme elle l’avait demandé. Elle ne semblait pas soule, alors elle ne voyait pas de raisons de lui refuser cela. Elle ne savait pas si Vanessa considérait une reconversion comme une bonne chose. La façon dont elle le disait laissait plus entendre une nécessité, qu’une réelle envie. Mais bon, peut-être que cela pourrait déboucher sur quelque chose de bien pour elle.
« Je ne sais pas si vous pouvez réellement parler de date de péremption. Enfin, j’y connais rien dans le milieu, mais vous me semblez tout de même encore jeune, et vous êtes également une très belle femme. » Elle marqua une pause, tout en réfléchissant. « Vous savez ce que vous aimeriez faire d’autre ? »
anessa afficha un sourire amusée face à la réserve dont son interlocutrice faisait preuve pour énoncer une vérité qui ne méritait pas spécialement d'y passer autant par quatre chemins. Clairement, elle, de son côté, se montrait beaucoup moins subtile et franchement moins agréable. Ceci dit, ça n'en restait pas moins un fait : certaines personnes avaient bel et bien l'esprit étriqué... Même si certaines personnes, c'était une formulation encore très gentil. Elle serait plutôt tentée de dire que c'était le cas de l'immense majorité des personnes qu'elle avait eu l'occasion de côtoyer... Bon, en même temps, elle était loin d'avoir fréquenté les meilleurs milieux, c'est vrai.
-Si c'est ta manière de dire que le monde est peuplé de bons gros connards arriérés, oui, je suis totalement d'accord avec toi, confirma-t-elle avec un sourire au coin des lèvres avant de reprendre une large gorgée de son verre.
Son sourire ne manqua pas de s'agrandir un peu quand, en substance, MJ observa qu'elle était encore suffisamment belle pour continuer de faire le tapin. Oui, clairement, elle ne connaissait pas le milieu, et Vanessa lui souhaitait de ne surtout pas le connaître un jour, ce serait loin d'être une bonne chose pour elle, et loin d'être une chose qu'elle pourrait souhaiter à qui que ce soit, définitivement pas.
-Oh, dans un milieu comme celui-ci, crois-moi qu'être belle ne fais pas tout. Mais merci, c'est vrai que je suis vraiment pas mal, précisa-t-elle avec assurance. Mais plus on prend des rides, moins on vaut cher, j'en ai peur. Elle poussa un soupir. J'imagine que je finirais pas passer de l'autre côté de la barrière. Je serais la plus sexy des mères maquerelles, tu trouves pas ?
Non, elle ne comptait pas en profiter pour se "ranger" au sens strict du terme. Elle avait toujours gravité dans ce genre de milieu, c'était le monde qu'elle connaissait, et elle n'avait pas l'intention d'en changer. Dans tous les cas, elle voulait se cantonner à ce qu'elle connaissait, et le monde de la nuit, elle le connaissait sur le bout des doigts. Par ailleurs, elle n'y trouvait rien de spécialement honteux, ce n'était pas une situation de laquelle elle ressentait l'obligation impérieuse de s'extraire : pas le moins du monde - elle était très bien comme cela.
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
MJ était un peu gênée, même si elle tentait de ne pas trop le montrer. Elle ne voulait pas, à son tour, mettre mal à l’aise son interlocutrice, même si elle avait le sentiment que le malaise ou la gêne n’étaient pas vraiment des sentiments qu’elle connaissait, et c’était tant mieux pour elle. Ce n’était jamais simple d’être gêné. Mais au moins, elle semblait un peu moins triste qu’à évoquer son fiancé disparu, donc c’était le point positif à garder.
-Si c'est ta manière de dire que le monde est peuplé de bons gros connards arriérés, oui, je suis totalement d'accord avec toi.
MJ n’était pas aussi catégorique, même si elle reconnaissait que certains hommes étaient vraiment lourds. Les filles pouvaient l’être aussi, bien entendu. Mais bon, Vanessa devait y être plus confrontée plus souvent qu’elle. Elle avait peut-être une vision erronée de la chose, mais les hommes qui allaient s’offrir les services de personnes comme Vanessa n’étaient sûrement pas les plus galants et respectueux qui soient. Elle n’en savait rien et ne comptait pas aller un jour vérifier, mais elle s’imaginait quelque chose comme ça.
-Oh, dans un milieu comme celui-ci, crois-moi qu'être belle ne fais pas tout. Mais merci, c'est vrai que je suis vraiment pas mal. Mais plus on prend des rides, moins on vaut cher, j'en ai peur. J'imagine que je finirais pas passer de l'autre côté de la barrière. Je serais la plus sexy des mères maquerelles, tu trouves pas ?
Vanessa semblait à l’aise avec tout ça, mais ce n’était pas du tout le cas de MJ. Se donner une valeur monétaire était déjà étrange, même si malheureusement, il y avait certains trafics d’êtres humains qui ne se gênaient pas pour mettre un prix sur des personnes. Et puis, elle ne savait pas vraiment quoi répondre à sa question. Evidemment, MJ voyait les maquereaux comme des personnes qui profitaient de la détresse de personnes qui n’avaient d’autres choix que de se tourner vers eux. Alors dire que Vanessa ferait une bonne mère maquerelle… elle ne savait pas vraiment quoi lui dire.
« Je ne sais pas… peut-être, je ne peux pas trop vous dire, ce n’est pas comme si je m’y connais dans ce milieu. Vous n’avez jamais envisagé, ou eu envie de faire autre chose ? »
anessa se rendait bien compte que son interlocutrice n'était pas vraiment à l'aise avec cette conversation, et c'était compréhensible. Même pour une personne ouverte d'esprit, on pouvait reconnaître qu'elle allait sans doute un peu trop loin dans son discours, et que ce n'était pas vraiment très juste de lui imposer ce genre de discussion alors qu'elle ne faisait que son métier : mais que voulez-vous, la jeune femme n'était pas vraiment dans son état normal, en réalité. Pas parce qu'elle avait bu, elle estimait qu'elle tenait bien l'alcool, mais parce qu'elle était malheureuse, profondément malheureuse, et que ça n'arrangeait évidemment rien.
C'est sûr que la jeune serveuse ne connaissait rien à ce genre de milieu, et Vanessa lui souhaitait de tout coeur de ne pas connaître davantage à ce dernier : ce ne serait vraiment pas juste qu'elle se retrouve mêlée à des histoires sordides alors qu'elle lui semblait d'être une fille charmante et bien sous tous rapports - ceci dit, on ne choisit jamais vraiment ce genre de choses, il est même évident que ce sont bien plus souvent les épreuves de la vie qui vous mènent là. Vanessa se rit beaucoup de son statut, et elle fait partie de ces chanceuses qui ont choisi de faire ce qu'elles fond, ça ne veut pas dire que sa situation ne résulte pas de choix de vie en soi plutôt malheureux en fin de compte.
-Tu sais, c'est pas trop le genre de boulot que tu quittes en donnant une lettre de démission, c'est un peu plus compliqué que ça, remarqua-t-elle avec un sourire.
Ou ça le devinait, en tout cas, quand on était pas à son compte et que l'on bossait pour des organismes pas très nets comme c'était son cas avec les Death Demons. Pour le coup, clairement, elle n'avait pas franchement la main sur son avenir - et dans le fond, elle s'en fichait un peu. En l'absence de l'homme qu'elle aimait, c'était sans grande importance pour elle. Elle avait déjà perdu ce qu'elle avait pu espérer de meilleur et elle ne pensait pas être en mesure de le récupérer un jour.
-Mais je t'ennuie avec mes histoires sordides. Promis, j'arrête.
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
C’était souvent en parlant avec d’autres personnes qu’on se rendait compte qu’on n’était pas si mal loti que ça. MJ n’avait jamais estimé avoir la pire vie du monde, mis à part un contexte familial compliqué, les choses allaient plutôt bin pour elle. Mais elle restait une très jeune femme, sortant de l’adolescence, alors ses problèmes lui semblaient énormes. Mais quand on parlait à quelqu’un comme Vanessa, qui avait perdu son fiancé et se prostituait, il est vrai que cela faisait relativiser. Si son métier ne semblait pas la chagriner, elle était vraiment touchée par la mort de son compagnon, ce que MJ pouvait comprendre, même si elle n’avait jamais été réellement amoureuse.
MJ ressentit vraiment de la peine pour cette femme, qui semblait simplement ne pas avoir de chance. La rousse ne la connaissait pas réellement, mais elle n’avait pas l’impression d’être en face d’une mauvaise personne, elle n’avait rien mérité de ce qu’était sa vie, et elle espérait sincèrement qu’elle réussirait tout de même à trouver quelque chose qui puisse la rendre heureuse. Naturellement, elle n’était pas très à l’aise avec le fait de parler du monde de la prostitution, mais elle se disait que ce n’était pas si mal, que Vanessa lui parle de sa vie, peut-être que parler l’aidait à apaiser quelques tensions, comme une sorte de défouloir.
-Tu sais, c'est pas trop le genre de boulot que tu quittes en donnant une lettre de démission, c'est un peu plus compliqué que ça.
Oui, elle s’en doutait, et c’était bien malheureux. MJ n’était pas totalement naïve, elle se doutait bien que la moitié des filles qui faisait ce genre de boulot ne le faisait pas par envie, et étaient plus ou moins forcés par des hommes sans scrupules. Alors sortir de là, ça ne devait vraiment pas être simple. Mais Vanessa ne semblait pas forcée, ou sous pression à ce niveau-là, ce qui en soit, était une bonne chose, mais qui rendait aussi la jeune femme un peu perplexe.
« Oui je m’en doute… » -Mais je t'ennuie avec mes histoires sordides. Promis, j'arrête.
MJ espérait qu’elle ne lui avait pas donné l’impression qu’elle l’ennuyait, ce n’était pas le cas. Elle n’était pas très à l’aise, certes, mais elle n’était pas ennuyée, et pas mécontente de pouvoir avoir une discussion avec une cliente, même si la nature de la discussion n’était pas la meilleure qui soit. Mais cela changeait de ce qu’elle avait d’habitude.
« Oh, vous ne m’ennuyez pas. Surtout si… enfin si cela vous aide de parler. »
anessa devait bien le reconnaître, ça lui faisait du bien de parler, plus de bien qu'elle ne se le serait imaginée. Elle avait le sentiment de s'être débarrassée d'un poids qui pesait sur son coeur depuis trop longtemps. Ca ne voulait pas dire que ce fardeau avait disparu pour de bon, non, bien sûr, ce serait trop beau si les choses fonctionnaient bel et bien de cette manière, mais en attendant, elle devait bien admettre que discuter de sa situation avec cette inconnue lui avait vraiment servi à remettre bien des choses en perspective.
Malgré tout, elle avait conscience d'avoir abusé. Après tout, son interlocutrice était sur son lieu de travail. Même si rester cordiale avec les piliers de bar de l'établissement devait faire partie de ses obligations professionnelles, il était quand même normale que, à un moment donné, elle ait d'autres chats à fouetter. Par ailleurs, Vanessa comprenait aussi que ce besoin de vider son sac, s'il était sain, exigeait aussi qu'il se réalise dans les bonnes conditions... C'est à dire des conditions très différentes de celles qu'elle s'imposait ici et maintenant, sans l'ombre d'un doute. C'était dans un cabinet psychiatrique qu'elle devait se rendre et se confronter à ses problème. Agir comme elle le faisait lui faisait peut-être du bien au moral, mais ça ne pouvait pas être en revanche être considéré comme une situation enviable.
-Ca m'a vraiment fait du bien. Je te remercie, MJ.
Elle se sentait la nécessité de le lui dire de vive voix, car elle considérait que c'était une chose que son interlocutrice avait peut-être besoin d'entendre. La jeune femme ne faisait pas un travail facile, et il était très probable que la tâche ne lui soit pas facilitée non plus par la plupart de ses clients. Alors, un petit compliment de temps en temps, ça ne mangeait clairement pas de pain, c'était en tout cas se disait clairement la jeune femme.
-Mais je dois vraiment y aller. Il est grand temps que je cuve tout cet alcool dans les bonnes conditions. Elle adressa un sourire de gratitude à son interlocutrice. J'espère que nous aurons l'occasion de nous revoir, MJ. Je te souhaite le meilleur.
Et elle voulait croire qu'avec un caractère tel que le sien, elle finirait par l'obtenir.