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es derniers temps, Gwen reprenait goût à. Pas à quelque chose en particulier, ais à un peu de tout. Elle n'aimait pas forcément se conformer aux clichés du genre, mais il lui semblait que l'expression la plus adéquate en l'occurrence, c'était qu'elle remontait la pente. Le matin, au réveil, quand elle prenait son petit-déjeuner en compagnie de sa mère, elle éprouvait moins l'absence de son père, elle ressentait moins la douleur de sa mère. Elles parlaient, elles gagnaient une nouvelle complicité, et la vie à l'appartement était moins pesante, plus sereine. Elle reprenait aussi goût à prendre le chemin du lycée (car oui, pour elle, aller en cours était un vrai plaisir, et pas du tout une corvée - ne pas chercher), parce qu'elle n'avait plus à subir l'ignorance de Peter ou, plus récemment, la présence de Harry, puisque ce dernier n'avait manifestement plus l'intention de revenir au lycée (et il avait tout intérêt à se faire oublier)... Oui, tout redevenait plus simple, plus agréable, une routine qui n'avait rien de désagréable reprenait ses droits, elle avait de nouvelles perspectives d'avenir, elle se sentait un peu plus sereine, en tout cas apaisée... En somme, si l'on oubliait que son meilleur ami avait failli l'assassiner (après avoir tué son père) et avait déclaré nature-peinture qu'il n'hésiterait pas à recommencer, sans se louper cette fois (deux-trois détails en somme), la vie était plutôt belle, et c'était avec une sorte d'optimisme récemment oublié et plus récemment reconquis qu'elle s'était rendue en cours.

Comme à son habitude, elle s'était rendue très mécaniquement jusqu'à son casier, afin d'y récupérer quelques affaires et de les glisser dans son sac en bandoulière avant de se rendre à son premier cours de la journée. Perdue dans ses pensées, elle ne faisait pas vraiment attention à ce qu'elle faisait. Si elle n'était pas franchement maladroite, il pouvait lui arriver d'être distraite,  et c'était le cas, présentement, puisqu'au moment de refermer son sac, sa trousse tomba lamentablement par terre, déversant joyeusement son contenu au sol. Dans un soupir, Gwen ferma son casier avant de, résignée, se pencher pour ramasser tout ce joyeux bordel... Pour enfin constater qu'une bonne partie s'était frayée un chemin jusqu'aux augustes pieds de l'un de ses camarades.

-Désolée, s'excusa-t-elle aussitôt tout en récupérant très rapidement ses affaires.

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oshua l'aida à récupérer ses affaires, que Gwen fourra dans sa trousse sans trop de ménagement. C'est étrange, du peu qu'elle savait de lui (mais en même temps, elle ne savait pas grand-chose), elle ne s'imaginait pas forcément si prévenant et attentif. En même temps, on ne peut pas dire qu'il lui ait fait une forte impression auparavant. Il l'avait passablement draguée lourdement, et elle l'avait passablement envoyé balader. Ce n'était sans doute pas bien méchant. De ce qu'elle savait de Joshua, c'était un don Juan, comme on les appelle gentiment comme si collectionner les conquêtes féminines étaient un exploit (mais en même temps, quand on savait ce qui arrivait à ce cher don Juan, ce n'était pas forcément un compliment). Elle s'était arrêtée à ce constat le concernant, mais elle était loin d'avoir une vision manichéenne des choses. Elle savait bien que personne n'était complètement bon ou mauvais, c'était toujours plus complexe que ça, elle avait eu l'occasion de le découvrir, parfois à ses dépens d'ailleurs, et l'aperçu peu flatteur qu'elle avait eu de Joshua méritait peut-être qu'elle le reconsidère. En tout cas, elle ne comptait pas l'envoyer balader s'il se contentait seulement de l'aider sans arrière pensée. Bon, elle aurait préféré qu'il n'estime pas qu'elle était, selon ses dires, dans la lune (ce n'était pas péjoratif, mais Gwen préférait avoir les pieds sur terre et la tête dans la lune), mais en même temps, ça n'avait rien de si terrible non plus.

-Merci, répondit-elle dans un premier temps, rapport à ses affaires...

Mais alors, il lui présenta ses condoléances, au sujet de son père... Oh... C'est vrai qu'ils n'avaient pas franchement eu l'occasion de parler depuis (si tant est que l'on admette qu'ils aient parlé un jour), tous les deux, aussi, même si la mort de son père, bien que très présente encore dans son esprit, remontait à présent, il n'avait jamais parlé de ça avec elle. Cela faisait longtemps qu'on ne lui avait pas adressé ces mots, mais elle appréciait l'attention, en tout cas. Elle esquissa un fin sourire.

-Merci... Oui, elle se répétait, mais en même temps, elle ne savait pas trop quoi répondre de plus à ce genre de chose. J'avoue que je m'attendais pas forcément à recevoir des condoléances de ta part, ajouta-t-elle alors.

Ce n'était pas un reproche, non, plutôt un constat.

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wen pouvait sans souci accepter les excuses de Joshua, car ce n'était pas réellement comme si elle lui en voulait dans tous les cas, il ne l'avait pas trouvé franchement subtil, il ne lui avait pas fait forte impression et elle avait gardé de lui la seule image qu'il lui avait présenté - à savoir celle d'un type assez lourd, effectivement -, mais elle n'allait pas non plus se fermer à la conversation pour autant. Des dragueurs un peu lourdauds, elle en avait croisés d'autres, après tout, et elle en croiserait sûrement d'autres. Joshua, au moins, avait l'avantage de ne pas se cantonner à cette seule impression, et cela se découvrait assez rapidement. Il était bien plus agréable de converser avec lui quand il ne cherchait pas à la draguer (à moins qu'il le fasse encore ? mais dans ce cas, il allait devoir plus encore corriger sa méthode). Ses excuses prononcées et largement acceptées dans la foulée, il bafouilla quelques mots embrouillés au sujet d'elle ne savait quels examens... Voir Joshua Foley chercher ses mots et bredouiller de la sorte, c'était une première pour elle, mais d'un autre côté, elle préférait cela que de lui voir une assurance de façade qui aurait le don de rendre insupportable.

Il se ressaisit tout de même, fit mine de reprendre du début. Dans le ton, Gwen retrouvait un peu plus de Joshua qui l'avait abordée la première fois, mais sa scène d'il y a un instant rendait sa personne tout à coup bien moins exaspérante. Elle passerait outre le fait qu'il était contestable d'aller aborder quelqu'un en lui présentant ses condoléances dans l'espoir de trouver du soutien scolaire (en même temps, c'est elle qui avait renversé la moitié de sa trousse à ses pieds), elle mettait davantage cela sur le compte d'une certaine maladresse qu'elle ne lui soupçonnait, et qui l'amusait assez, à vrai dire. Résultat des courses, donc, il avait besoin d'augmenter ses notes en biologie. Et en effet, étant la première de sa classe dans cette matière (la modestie attendra), elle pouvait tout à fait l'aider. Ce n'était pas pour la déranger, d'ailleurs, ça ne lui ferait peut-être pas de mal de rompre avec sa routine et de s'occuper différemment. De ne pas se cantonner à ses seules connaissances aussi. Oui, elle était sans doute l'une des seules personnes à pouvoir s'enthousiasmer de la perspective de donner des "cours de soutien" à l'un de ses camarades de classe, mais passons.

-Tu as de la chance, répondit-elle dans un sourire, quand même amusée par le petit numéro de son interlocuteur, je ne dis jamais non à des donuts. Après tout, pourquoi pas. C'est d'accord.

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J

oshua en faisait trop, des tonnes, même, mais même si elle ne le connaissait pas très bien, elle devinait que a devait faire partie de son caractère, et quand il n'utilisait pas cette emphase pour draguer tout ce qui bouge, c'était assez amusant à voir, en réalité. Elle espérait juste qu'il savait faire preuve du minimum de sérieux nécessaire lorsque la situation l'exigeait, sans quoi elle risquait fort, tout de même, de voir sa patience mise à rude épreuve. Peut-être qu'elle était beaucoup trop sérieuse, va savoir... mais dans tous les cas, elle allait voir. Pour le moment, ils n'étaient pas en condition de travail, et il avait l'air sacrément enthousiaste... c'en était presque suspect, d'ailleurs, elle n'avait jamais vu personne d'aussi impatient de bosser. Mais il valait mieux ça que l'inverse, hein. S'il avait été désabusé et indifférent, elle n'aurait certainement pas pris la peine de répondre favorablement à sa requête, donuts ou pas, bien évidemment.

Elle se contenta de sourire quand son interlocuteur fit remarquer qu'il en faisait sans doute trop. Oui, oui, c'était le cas, mais ce n'était pas grave, en soi, même si elle avait un peu le sentiment que quelque chose dans les motivations de son interlocuteur lui échappait. En tout cas, il avait hâte de commencer, puisqu'il ne tarda pas à lui demander quand ils pourraient se mettre à l'ouvrage, avant d'ajouter que le plus tôt serait le mieux. Quoi ? C'était si urgent ? Elle voulait bien croire que ses résultats scolaires étaient désastreux, s'il le lui disait, mais elle peinait tout de même à imaginer que ce puisse être à ce point, et puis, ce n'était pas en une journée qu'il devrait espérer des progrès, en tout cas. Elle comprenait bien que si ça ne tenait qu'à lui, ils s'y mettraient tout de suite, mais effectivement, elle avait cours dans peu de temps. Elle était tout à fait prête à accepter de lui consacrer du temps une fois les cours terminés, mais au moment de le lui affirmer, il poursuivit son monologue, parla de la bibliothèque, du fait qu'il y aurait sûrement trop de monde. Elle pouvait comprendre qu'il ne veuille pas être dérangé, être tranquille, éviter le brouhaha ambiant pour se concentrer le plus possible. Mais elle avait comme le sentiment qu'il y avait autre chose. C'était même plutôt clair. Elle fronça légèrement les sourcils.

-Qu'on quoi ? demanda-t-elle, négligeant en même temps toute autre réponse.

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G

wen fronça les sourcils, pas du tout convaincue, en entendant la première réponse de Joshua. D'une, qu'il affirme préférer qu'ils soient tranquilles, ce n'était pas très engageant à ses yeux... Il ne lui avait pas donné le sentiment de vouloir la draguer jusqu'ici (en même temps, elle ne se pensait pas exceptionnelle, en tout cas certainement pas au point qu'il puisse avoir envie d'insister alors qu'elle l'avait déjà rembarré), mais forcément, elle trouvait suspect qu'il veuille qu'ils se voient seul à seul... Mais en fait, ce n'était pas précisément ce qui la taraudait, il parlait de discrétion, comme s'il voulait cacher quelque chose...ou se cacher des autres. D'ordinaire, se faire remarquer n'avait pas tant que ça l'air de le déranger, pourtant. Gwen suivit le regard de Joshua, qui se posaient sur deux étudiantes qui parlaient avec fébrilité, et elle pensa commencer à comprendre... à tort, mais, de fait, les arguments de Joshua ne la surprirent pas, et elle était même disposée à y croire.

C'était une affaire de réputation. Donc, en gros, il ne voulait surtout pas être vu avec elle à la bibliothèque... Ou sans doute ne pas être vu à la bibliothèque tout court. Si Gwen savait bien que beaucoup d'adolescents de leur âge étaient assez... idiots, et accordaient beaucoup trop d'importance au paraître. Elle, elle avait toujours eu de la chance. Elle avait beau être un "cerveau", on ne l'avait jamais reléguée à la table des laissés pour compte. Elle n'avait jamais connu l'impopularité, ni la pression morale que subissent ceux qui se font sans cesse moquer par leurs camarades. Elle ne l'avait pas cherché, c'était comme ça, et ce n'était pas faute pourtant de tendre autant qu'elle le pouvait la main aux personnes les plus isolées (à tort, parfois... elle aurait sans doute y réfléchir à deux fois avant de se lier d'amitié avec Harry, par exemple. Gwen soupira. Bon... au mieux, il éviterait peut-être d'être distrait, ainsi.

-Bon, dit-elle dans un léger soupir. D'accord, si tu veux, tu peux venir chez moi après les cours. Mais va pas te faire d'idées, ajouta-t-elle ensuite.

En même temps, elle ne pensait pas qu'il s'en fasse spécialement, mais bon, dans le doute, hein...

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