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a vie continue. C'était un fait, un constat, par moments bien difficiles à admettre, mais qui n'en étaient pas moins nécessaires si l'on voulait espérer avancer, car si on décide de s'interrompre, de mettre son existence en pause le temps d'accuser le coup, de supporter le choc, la Terre, elle, continue de tourner, les hommes poursuivent leur train de vie, les jours et les semaines défilent, et si l'on veut espérer vivre après cette interruption momentanée, il faut savoir reprendre le train en marche. C'était tout ce que Gwen devait apprendre de sa sinistre expérience. Pendant une semaine, elle n'avait voulu voir et entendre personne, elle avait ignoré les messages parfois encourageants, parfois peinés de ses proches, qui avaient tous à coeur de lui témoigner son soutien, elle s'était enfermée dans une bulle faite de déni... Mais l'on ne pouvait pas vivre ainsi éternellement. Son père n'aurait pas voulu qu'elle vive ainsi éternellement. Et elle non plus, d'ailleurs. Il lui restait une vie entière à vivre, ses projets à accomplir, ses ambitions à réussir. Et si ce mot griffonné à son adresse par une mystérieuse collègue de son père, et qui lui avait annoncé la mort de ce dernier, annonçait sa mort à elle pour un temps prochain, mieux valait qu'elle ignore cet état de fait, et fasse, cette fois, un pied-de-nez au destin. En attendant, il fallait qu'elle reprenne son existence en cours. C'était ainsi. Et donc, il fallait qu'elle retourne au lycée. Retrouver ses camarades lui ferait du bien. En fait, même assister aux cours lui feraient du bien. Tout ce qui pouvait permettre de focaliser ses pensées ailleurs était bienvenu, de toute façon.

Même s'il n'était pas simple, à certains moments, de ne pas laisser ses pensées s'égarer, surtout quand elle sentait le regard compatissant de ses camarades peser sur elle. Sans compter que l'attaque de leur lycée était encore présente dans tous les esprits, et donc présente dans toute les conversations, de quoi raviver sans mal les mauvais souvenirs, somme toute. Elle tenait le choc, malgré tout. Quel autre choix pouvait-elle bien avoir. Son père serait toujours présent dans son esprit, c'était normal, et l'inverse l'inquiéterait et lui semblerait infiniment douloureux, qui plus est. Elle allait devoir s'habituer. Porter cette douleur avec elle comme un bagage qui lui servirait dans la vie au quotidien. Il n'y a qu'ainsi qu'elle s'en sortirait. Cette journée, comme les précédentes depuis qu'elle avait repris les cours, lui avait paru plus longue que d'ordinaire, mais d'un autre côté, elle aurait bien aimé la voir durer plus longtemps, retourner à l'appartement familial, chargé en souvenir, ne lui était guère simple dernièrement, et en rien facilité par sa mère, qu'elle retrouvait fréquemment en larmes quand elle passait le pas de la porte.
Alors qu'elle quittait le lycée, et s'apprêtait à faire chemin jusque chez elle, elle ne se doutait pas qu'elle était attendue, et aurait encore moins pu deviner par qui et au nom de quels motifs... À vrai dire, elle passa à côté de l'agent Coulson sans même remarquer de prime abord sa présence.

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i elle ne s'était pas attendue à ce qu'on l'alpague à la sortie du lycée, mais au final, elle ne fut pas outre mesure étonnée de l'être par un agent de SHIELD, dont la carte toute officielle, qu'elle prit soin de regarder en détails quand l'agent Coulson la lui montra, ne laissait aucun doute quant au fait que l'homme était sérieux, et qu'elle ne prenait pas de risques à le suivre. Après les événements tragiques qui s'étaient déroulés au lycée, il était après tout normal que le SHIELD s'intéresse, et s'adresse aux élèves présents sur les lieux. Qu'elle soit interpelé plutôt que d'autres se justifiait également facilement, outre le fait que son père était mort ce jour là, pensée qui lui nouait l'estomac, elle avait été aux premières loges dans ce qui s'était passée, puisque le Hobgoblin l'avait entraîné sur son planeur, si elle n'avait eu aucune séquelle, elle en avait donc été une victime très directe. Cela ne l'enchantait pas vraiment que de revenir sur cette sinistre journée et que de suivre Coulson pour le laisser l'interroger, mais elle se voyait mal refuser, surtout si cela pouvait résoudre quelques uns des points les plus obscurs de cette affaire. Il lui demanda où elle préférait aller. Un café aurait sans doute était moins anxyogène et plus convivial, mais vu les circonstances, elle préférait encore qu'ils se rendent dans l'un des locaux banalisés du SHIELD. Au moins leur entretien aurait l'air de ce qu'il était. Un café ou un thé n'allait pas forcément le rendre plus agréable. Ce qui ne l'empêcha pas d'accepter un thé de la part de son interlocuteur quand il lui proposa à boire. Et de le remercier avant qu'il n'entre dans le vif du sujet. Il ne lui posa pas de questions précises, lui demanda seulement de lui faire le récit de ce qui s'était passé pour elle ce jour-là, ce qui n'était guère plus simple au passage, même tout l'inverse, plutôt. Elle avait plutôt envie d'occulter cette journée de son esprit plutôt que d'en faire le récit détaillé, mais si cela pouvait aider en quoi que ce soit son interlocuteur.

-J'étais en cours quand on a entendu une première explosion. Les professeurs nous ont fait sortir dans la cours du lycée. Sa voix tremblait, même en tentant de parler de manière détaché, il lui était de plus complexe que de rassembler ses pensées pour délivrer une réponse la plus exhaustive possible. Alors on a vu ce... elle cherchait un mot pour le qualifier, mais comme, semble-t-il, on lui avait déjà trouvé une dénomination... Hobgoblin. Avant de le voir de près, j'ai pensé qu'il s'agissait du bouffon vert, comme beaucoup d'autres, j'imagine... je... ça s'est passé très vite. J'essayais d'appeler à quelqu'un, et je l'ai senti m'attraper par les bras, il m'a entraîné sur son planeur. Il venait d'embraser un camion de pompier... ou c'était après... Elle se prit la tête dans ses mains, plus son récit progressait, plus elle savait qu'il lui faudrait parler de son père, et elle n'en avait pas envie. Spider-Man est intervenu. Je ne sais plus trop ce qui s'est passé... Le planeur avait été touché par quelque chose, on perdait de l'altitude... Il m'a récupéré avant que l'engin ne s'écrase et déposé sur le toit le plus proche...

Son récit devait paraître infiniment embrouillé, mais il lui était déjà difficile de prononcer ces mots sans se laisser submerger par l'émotion...

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es questions de l'agent du SHIELD s'enchaînaient, et Gwen faisait de son mieux pour répondre à chacune d'entre elles et n'en omettre aucune, ce qui n'était à tous moments simples pour elle, car la moindre de ces questions se référait à un événement qu'elle aurait préféré pouvoir au mieux occulter de son esprit. D'ailleurs, la jeune femme fut soulagée que son interlocuteur ne fasse aucune mention de la mort de son père, cela aurait immédiatement rendu leur entrevue plus délicate. Une à une, et tout en essayant de se montrer le moins évasive possible, elle s'appliqua donc à répondre à l'agent Coulson.

-Je n'ai jamais eu affaire au Green Goblin mais on en entend suffisamment parler aux informations.

Quand on voit un individu suspect semer la terreur debout sur un planeur, on en tire les conclusions les plus évidentes. Qui n'étaient pas toujours les plus justes, puisqu'ils avaient apparemment eu affaire à un imitateur du Green Goblin. Qu'il y ait deux individus de la sorte qui s'amusent à hanter le ciel de la ville, ce n'était pas franchement rassurant, il faut bien le dire.

-Quand c'est arrivé, on était en cours, oui... j'ai rien remarqué d'étrange. Je veux dire... tout le monde était complètement paniqué, c'est bien normal. Elle avait été étonnée, il faut bien le dire, que l'homme ait entendu parler de sa relation avec Peter. Non pas que cela soit un secret d'État, loin de là, mais c'était toujours étrange d'entendre un inconnu vous parler de votre vie privée. Et pourquoi lui parlait-il de Peter, où voulait-il en venir ? Peter était là, mais on s'est perdus de vue. C'était le chaos total, je ne sais pas où il était.  

Elle se sentait presque mal à l'aise de lui apprendre ça, quand bien même il ne s'agissait que des faits. Elle ne voulait pas mettre Peter dans l'embarras pour une raison ou une autre. Et pour ce qui était de Spider-Man.

-Spider-Man ne m'a rien dit, non... Il m'a sauvé la vie, je pourrais difficilement penser du mal de lui. Elle marqua une pause, il lui semblait n'avoir occulté aucune question, mais elle s'en posait une en retour. Pourquoi cette question, au sujet de Peter ?

Pour le reste, elle pouvait comprendre, mais cette question si précise au sujet de son petit ami l'avait quelque peu destabilisée, elle devait bien l'admettre. C'était peut-être une simple question qui ne sous-entendait rien, mais Gwen, comme souvent, ne pouvait pas s'empêcher de réfléchir à mille à l'heure, réfléchissant à ce que son interlocuteur pourrait avoir à l'esprit. Elle cherchait peut-être trop loin, c'était bien possible, mais dans le doute, et son instinct protecteur prenant le dessus, elle voulait savoir.

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wen ne pouvait s'empêcher, malgré les explications de son interlocuteur, de trouver étrange qu'il s'attarde sur le sujet de Peter. Alors soit, ils voulaient peut-être avoir une idée précise d'où se trouvait chaque élève au moment de l'attaque, mais si la plupart des autres élèves avaient été interrogés, pourquoi pas Peter ? Après tout, il était retourné en cours au même titre que Gwen, il n'était pas forcément difficile de l'aborder à la sortie du lycée comme l'agent du SHIELD avait pu le faire avec elle, et elle ne pensait pas qu'il se serait rétracté si cet homme lui avait demandé de le suivre, comme il l'avait fait pour elle. Dans tous les cas, la jeune étudiante n'avait pas plus d'informations à lui fournir, ça avait été l'une de ses grandes angoisses au moment de l'attaque, et elle n'avait pas eu signe de lui, si ce n'était ce coup de téléphone, juste avant d'être enlevée sur le planeur du Hobgoblin. Elle ne pouvait vraiment rien lui apprendre à son sujet.

-Ça correspond à sa mentalité, oui. Elle ne pouvait nier en effet que Peter n'était pas le genre de personne à regarder les choses se produire et à ne pas vouloir agir. Elle était certaine que, s'il avait assisté à ce qui s'était passé, il ne l'aurait pas laissé faire. Mais il n'était pas dans les parages à ce moment-là, il n'avait sans doute rien dû voir de la scène, comment aurait-il pu intervenir ? Mais pour en apprendre davantage sur ce que faisait Peter à ce moment-là, il serait plus simple de l'interroger directement, non ?

Non pas qu'elle veuille outre mesure voir son petit ami "subir l'interrogatoire" d'un agent du SHIELD, mais elle n'était pas très à l'aise avec l'idée de parler en son nom. Elle ne voulait pas que, pour une raison ou pour une autre, ses propos ne le mettent pas dans un embarras quelconque, même si elle ne voyait pas vraiment lesquels. Ils avaient été, pensait-elle, deux adolescents victimes d'un psychopathe, il n'y avait pas grand chose à dire de plus. Elle aurait aimé avoir pu faire quelque chose pour empêcher ce qui était arrivé, son impuissance sur le moment l'agaçait profondément maintenant, mais c'était ainsi. D'ailleurs, pour répondre à la nouvelle question de l'agent Coulson, Gwen ne pouvait pas dire grand chose. Elle était d'accord, il semblait étrange que ce lycée ait été la cible de ce nouveau super-vilain, alors que l'on pouvait difficilement envisager qu'un quelconque plan machiavélique soit assouvi en traumatisant une poignée d'adolescents et en assassinant de sang-froid une poignée de policiers.

-Il ne m'a pas adressé le moindre mot. lui répondit-elle, ne pouvait lui apporter aucun élément d'information. Peut-être que le lycée n'était qu'une cible aléatoire, peut-être qu'il aime le chaos... ou peut-être qu'il y avait quelqu'un dans l'école à qui il voulait s'en prendre plus précisément.

Oui, elle avait cogité sur la question. Et pour cause, elle ne pouvait tolérer le drame que cette attaque avait engendré sans essayer d'y trouver un soupçon de sens, comme elle aimait donner du sens à toute chose. L'agent Coulson demanda si elle voulait bien être rejointe par l'un de ses collègues, elle approuva d'un signe de tête. Elle n'avait aucune raison de s'y opposer, après tout. La collègue en question parut alors. Bien sûr, son apparence ne manqua pas d'intriguer Gwen, mais elle sut garder une contenance suffisante pour ne pas trop le laisser paraître. Elle lui serra donc la main et répondit à ses présentations par un sourire. Les titres de cette femme étaient impressionnants. Et fascinants, ça va de soi, typiquement le genre de branche que l'étudiante rêverait d'intégrer un jour. Elle avait du mal à comprendre l'intervention de ce nouvel agent, d'autant qu'elle lui proposait une visite des laboratoires, mais il aurait fallu qu'elle soit folle pour refuser une telle chose. Elle approuva donc, peut-être même un peu trop vivement.

-Ai-je le droit de vous demander pourquoi vous êtes ici ? Puisque ce n'était pas pour sa biologie, qui n'avait, en même temps, franchement rien d'exceptionnelle, curieuse, pour ne pas changer, de savoir les raisons de sa présence.

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insi donc, on ne l'avait pas mené spécifiquement ici dans le but de l'interroger sur l'affaire du Hobgoblin et de ce qui s'était déroulé dans son école. Clairement, pour Gwen, le tournant que prenait la situation était des plus plaisants. Elle n'avait pas particulièrement eu envie de revenir sur ces événements qui lui avaient ôté son père, même si elle comprenait bien qu'il était important de répondre aux questions de l'agent du SHIELD, pour espérer faire progresser les choses, elle était clairement plus enthousiaste à l'idée de pouvoir visiter ces laboratoires et d'apprendre être considérée comme un élément prometteur (ça, pour sûr, elle n'en était pas peu fier), digne d'intégrer l'académie du SHIELD. C'était un plan de carrière auquel elle n'avait, pour tout dire, jamais songé. Et pourtant, elle avait réfléchi plus que n'importe lequel de ses camarades à son avenir, aux études qu'elle allait faire, aux métiers qu'elle avait envisagé. Ses dossiers pour les plus grandes écoles américaines (et de Grande-Bretagne), aux filières scientifiques les plus prestigieuses, étaient déjà préparés... Mais le SHIELD... cela lui avait semblé si inaccessible qu'elle n'avait pas même daigné y songer. Néanmoins, cette possibilité se faisait à présent une place de choix dans son esprit, et autant dire qu'elle était séduisante. Il suffisait de voir le sourire qui ornait son visage à présent pour comprendre que cette perspective lui plaisait même énormément, quand bien même elle gardait comme elle le pouvait une certaine contenance, pour la forme.

Et pourtant, difficile de réfréner son enthousiasme face à tout le matériel que lui faisait découvrir l'acolyte de l'agent Coulson. Gwen se montrait attentive et très curieuse. Elle buvait les paroles de l'agent Brand, n'hésitait pas à poser les questions qui piquaient sa curiosité, y allait de ses hypothèses sur les quelques projets de recherche dont on lui fit part, et sur ce qu'elle lui fit observer au microscope. Si elle ne s'était pas sentie pour le mieux au moment d'être interrogée, elle se sentait dorénavant comme un poisson dans l'eau, et évidemment, elle ne pouvait que poser les questions qui la taraudaient. elle avait toujours été soucieuse de son avenir, si il lui était donné de rejoindre l'académie du SHIELD, elle avait le sentiment qu'elle serait dans son élément, même si elle s'avançait peut-être un peu trop rapidement.

-Sur quels critères sélectionnez-vous ceux qui rejoignent l'académie du SHIELD ?

Le parcours scolaire, l'éducation, certes, mais s'il devait y avoir d'autres critères, Gwen comptait bien optimiser ses chances. Gwen avait toujours été organisée, perfectionniste, ambitieuse (beaucoup trop par moments, même, d'ailleurs), et il était bien difficile de ne pas découvrir ses traits de caractères dans son propos actuel. En même temps, elle ne voyait pas de mal à les mettre en valeur, surtout à l'heure actuelle. Si on lui présentait une option qu'elle n'avait jamais envisagée, celle-ci lui plaisait vraiment beaucoup, néanmoins, même encore plus après la visite de ce laboratoire dans lequel elle était convaincue qu'elle pourrait se sentir comme un poisson dans l'eau.

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