Les mots de vérité manquent souvent d'élégance. Les paroles élégantes sont rarement vérités.
Charles était plus ou moins de retour à l’institut, il était grand temps sans doute. Sans vraiment de raison, le jeune homme qu’il était à présent avait retardé l’échéance. En grande partie pour se protéger, parce que ce n’était pas réellement dans son intérêt que Loki découvre qu’il était encore en vie. Mais en même temps, il devait bien avouer qu’il avait juste eu besoin de savoir… si c’était vraiment ce qu’il voulait. Charles avait toujours été sûr de ses décisions, de ses choix, de son destin, mais en même temps il ne pouvait pas cacher que par moment… il se demandait s’il ne s’était pas fourvoyé. Oui, sa foi était par moment mis à mal. Mais Charles revenait bien plus fort maintenant, autant physiquement que dans ses convictions. Ce qu’il faisait était juste, ce qu’il avait fait toutes ces années était juste, il devait poursuivre sur cette voie.
Cette voie qui était de conduire les mutants vers un droit chemin, vers une entente avec les humains, vers une tolérance envers ceux qui n’avaient pas de gêne X. D’accord, on pouvait dire que Charles était vraiment utopiste et qu’il aurait pu changer d’avis sur la question avec sa mort, mais non. Parce que Loki n’était pas un humain sans doute, mais juste parce que Charles croyait qu’il y avait du bon en chacun. Et qu’un jour, oui un jour, ils allaient tous pouvoir vivre en harmonie. Ça allait simplement demander du temps et des efforts de la part de tout le monde. Et il y avait deux mutants en particulier que le « jeune » homme ne pouvait pas s’empêcher d’avoir dans sa ligne de mire : les jumeaux Maximoff. Maintenant que le Professeur X avait la possibilité de se déplacer sur ses jambes, il n’était plus du tout aussi dépendant des autres. Il pouvait donc plus facilement se déplacer, sans rendre de compte à personne. Quand bien même Charles avait confiance à ses anciens élèves, il y avait des choses qu’il préférait faire seul. Comme rencontrer les Maximoff. Au final, le « jeune » homme ne savait pas vraiment ce qu’il cherchait à obtenir, mais il se disait qu’il était temps d’arrêter de mentir à ces jeunes. Est-ce que ça allait forcément servir les intérêts du Professeur ? Peut-être pas, parce que cela ne ferait sans doute que rapprocher les mutants à Magnéto. Mais en même temps, c’était peut-être le seul moyen que Charles avait pour faire revenir Erik dans un chemin plus juste (quand bien même, ils ne pouvaient pas effacer toutes les horreurs qu’il avait fait dans le passé). Il espérait ainsi avoir un peu plus d’influence sur son vieil ami, lui permettre de… se repentir. Enfin bref, il ne pouvait malheureusement pas tout prévoir et pour le moment, il était simplement entré en contact avec les jumeaux Maximoff en leur demandant de le rejoindre dans un musée à Brooklyn. C’était juste un moyen pour lui de les rencontrer, dans un endroit public… parce qu’on ne savait jamais. Il était concentré sur une toile d’ailleurs, en exposition, quand il afficha un sourire. Ils étaient là.
Les mots de vérité manquent souvent d'élégance. Les paroles élégantes sont rarement vérités.
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anda ne saurait trop définir la nature de sa relation (si on pouvait l'appeler ainsi) avec Charles Xavier. Ce qui était certain, en tout cas, c'était qu'elle était complexe, alambiquée. Dans un premier temps, elle ne s'était pas posé de question, l'homme était à la tête des X-men, ses idées étaient donc aux antipodes de celles de la Confrérie, et il devait payer pour cela, rien de plus simple, en somme... Mais les choses avaient changé au fil de leurs quelques conversations. Il avait ensuite été l'homme qui avait cherché à les enrôler, ce à quoi la sorcière rouge avait tout d'abord répondu catégoriquement non. Puis il avait été l'homme qui avait garanti à son frère toute la protection qu'il avait pu, avant de mourir... puis de revenir, miraculeusement. Le temps passant, l'ennemi à abattre s'était changé en homme pour qui Wanda avait fini par nourrir un respect vrai et complètement sincère. Elle ne devrait sans doute pas respecter l'ennemi, mais il avait déjà fait beaucoup pour elle, alors difficile de faire autrement. Bon, elle ne se faisait pas d'illusion, elle savait très bien pourquoi il s'intéressait à eux, parce que leurs pouvoirs étaient dignes d'intérêt. Mais elle ne lui reprochait rien, même. Dans des circonstances différentes, peut-être aurait-elle rejoint les x-men, mais elle était pour de bon attachée à la confrérie, parce que la survie et le bien-être de Pietro en dépendaient, fondamentalement. Pour cette raison, quand Charles leur donna rendez-vous, elle accepta d'emblée, sans pour autant savoir ce qui allait se passer. dans tous les cas, ce serait une bonne chose, ne serait-ce que parce que ça lui donnerait un prétexte à passer du temps avec Pietro.
Entre les deux jumeaux on ne pouvait pas dire que la situation était au beau fixe, et ça depuis un moment. Les sujets de querelles augmentaient entre eux. Depuis qu'elle fréquentait Vision et lui Raven, il leur devenait difficile de trouver un terrain d'entente... et elle le déplorait. Elle ne demandait qu'à être proche de lui, comme avant, et elle n'avait pas envie que cela change. La jeune femme tenait à Pietro plus qu'à n'importe qui d'autre. Il en avait toujours été ainsi, il en serait toujours de même, même quand ils auraient le sentiment de ne plus du tout se comprendre. C'était tout de même ensemble, solidaire, qu'ils s'étaient rendus au Brooklyn Museum. Sur place, ils constatèrent que Charles était déjà là. Il leur tournait le dos pour le moment, le regard perdu dans la contemplation d'un tableau qui n'inspirait pas grand-chose à la jeune femme. Même s'il n'esquissait pas encore le moindre geste, la sorcière rouge était convaincue qu'il savait qu'ils étaient là.
-Vous vouliez nous voir ? articula-t-elle dans son dos.
Les mots de vérité manquent souvent d'élégance. Les paroles élégantes sont rarement vérités.
Pietro ne savait vraiment pas quoi penser de Charles Xavier. Bon, déjà, il pensait qu’il était mort avant que sa sœur ne lui apprenne qu’il ne l’était pas et comble du truc, il avait le corps d’un jeune homme et marchait sur ses jambes… ce qui n’était pas vraiment le souvenir que le mutant avait du chef des X-Men. Mais en dehors de cela, il ne savait vraiment pas ce qu’il devait penser de cet homme. Par principe, il lui en voulait de l’avoir manipulé comme il l’avait fait, de l’avoir gardé sous son contrôle afin de le faire intégrer l’institut, de le protéger. C’était ça le truc, l’homme avait cherché à le protéger de lui-même, de Magnéto, pour rendre service à Wanda. Alors en un sens, il ne pouvait pas réellement lui en vouloir, il continuait de regrettait surtout les choix de sa sœur jumelle. Et en même temps, Pietro n’était pas dupe. Il savait que c’était les pouvoirs de sa sœur jumelle qui poussait cet homme à se montrer si serviable avec elle. S’il avait accepté de le manipuler afin de le faire venir à l’institut, c’était simplement dans le but d’entrer dans les bonnes grâces de Wanda et donc de pouvoir l’attirer à lui. La jeune femme avait des pouvoirs si phénoménaux que Charles Xavier devait sans doute avoir envie de l’avoir sous sa coupe, de son côté, pour avoir le dessus sur la confrérie des mauvais mutants. Bref… il n'avait aucune affection pour lui.
Mais quand l’homme les avait contactés pour les voir, Pietro avait décidé de se rendre au même titre que sa sœur au rendez-vous. Même si, au final, le jeune homme le faisait surtout parce que sa sœur le faisait. Et que ça lui permettait en prime de passer un peu de temps en sa compagnie. Ces derniers temps… on ne pouvait pas vraiment dire que la relation entre les jumeaux Maximoff était au beau fixe. Ils avaient de plus en plus de point de divergence, à commencer par leurs relations respectives. Pietro comprenait bien que Wanda n’appréciait pas qu’il fréquente celle qui l’avait tué, mais en même temps il n’acceptait pas plus qu’elle fréquente un… grille-pain. Bref. Ce n’était pas vraiment le sujet en cet instant précis. Pour l’heure, il se rendait donc au musée afin de rencontrer ce Charles Xavier, qui avait apparemment quelque chose à leur dire. Quand ils arrivèrent, ils le trouvèrent de dos. Ce fut Wanda qui prit la parole et l’homme se retourna. Même si Pietro était au courant, cela l’étonna quand même grandement de le voir aussi jeune, de le voir à sa hauteur même. C’était impressionnant et pendant un instant, Pietro eu le sentiment de voir un sourire amusé sur le visage de l’homme. C’était vraiment Charles Xavier ça ?
« Merci d’être venu. » Pietro se contenta de hausser les épaules, ne sachant pas vraiment s’il avait bien fait de venir. « J’ai longtemps hésité avant de vous en parler. C’est une information, concernant votre famille. »
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anda ne réagit pas quand son interlocuteur les remercia d'être venus, elle aurait pu dire que ce n'était rien, mais non, ce n'était pas rien, rien du tout, même... Et elle préférait ne rien dire du tout, car elle regretterait peut-être bien vite d'avoir accepté ce rendez-vous. Elle n'avait pas la moindre idée de ce que Charles Xavier leur voulait, mais elle sentait clairement que c'était important. Et quand le mutant prit la parole, elle comprit qu'elle avait bel et bien raison, en effet. Il se passait quelque chose, il avait quelque chose à leur dire... Quand il affirma qu'il avait hésité avant de leur parler, elle était convaincue qu'il disait vrai... Mais elle ne comprenait pas ce qu'il pouvait y avoir d'aussi important pour que l'homme ait tant tergiversé avant de leur parler, d'autant que le professeur X avait certainement d'autres chats à fouetter ces derniers temps. Il avait changé de corps, il revenait plus ou moins d'entre les morts, il organisait certainement son retour officiel. Pourquoi est-ce qu'il prendrait le temps de les convoquer comme il l'avait fait ? Elle attendit d'en savoir plus... Wanda attendit donc que leur interlocuteur leur en apprit davantage. Et il le fit, il leur affirma que cela concernait leur famille.. Leur famille ? Est-ce qu'il parlait de leurs parents adoptifs ? Ou bien... Oui, au fond, le plus logique était que Charles Xavier parle de leurs parents biologiques qui, certainement, au vu des compétences des jumeaux (c'est ce que Wanda avait déduit en tout cas), étaient des mutants... Et donc... Est-ce que Charles les connaissait, exactement ?
-Notre famille ? répéta-t-elle d'un ton qui ne dissimulait rien de ce mélange de curiosité et d'appréhension qu'elle éprouvait. Parce que s'il avait vraiment quelque chose à leur apprendre sur leur famille, eh bien, elle se doutait que ce devait forcément vouloir dire quelque chose, et que ce ne serait pas forcément plaisant à découvrir, bouleversant en tous les cas, c'est plus que certain. Vous voulez parler de nos parents ? demanda-t-elle alors.
Peut-être qu'elle se trompait, que son intuition la menait sur une fausse piste, mais elle ne pensait pas se leurrer. Et dans tous les cas, ça ne changeait pas grand-chose. Quand bien même c'était de cela qu'il était question, quand bien même c'étaient de ses parents que Charles Xavier voulait leur parler, ce n'était pas pour autant qu'elle savait précisément de quoi il allait retourner ou si l'information allait lui plaire ou pas. Pour Wanda, les choses étaient simples et claires : leurs parents étaient ceux qui les avaient élevés, elle et Pietro, et maintenant qu'ils n'étaient plus là, Pietro était sa seule famille, et elle s'en satisfaisait très bien. Elle n'était pas sûre de vouloir connaître toute la vérité. Mais elle ne pouvait plus se dérober.
Les mots de vérité manquent souvent d'élégance. Les paroles élégantes sont rarement vérités.
Charles se doutait que les deux jeunes mutants sous ses yeux allaient être surpris de la révélation qu’il allait leur faire. Il ne pouvait pas nier qu’il se demandait encore si c’était une bonne idée, s’il devait réellement leur avouer ce qu’il savait. Mais en même temps, en connaissant cette information, il ne pouvait pas faire comme si de rien n’était. Comme si les deux mutants qui se trouvaient devant lui n’étaient pas les enfants de Erik. Est-ce que cela allait changer leur vie ? Sans doute et ce n’était pas forcément dans son sens à lui. Parce qu’il était évident que s’ils découvraient qu’ils travaillaient pour leur père (enfin, c’était le cas de Wanda, mais pas de Pietro visiblement), cela allait peut-être les pousser encore plus dans les « bras » de la Confrérie des Mauvais Mutants. Ce qui n’était pas dans l’intérêt de Charles Xavier. Le professeur ne pouvait pas nier qu’il avait quand même envie que les jumeaux Maximoff s’opposent à leur père, un moyen de pression pour forcer son ancien ami à changer sa vision du monde, à arrêter ses actes. C’était donc un risque qu’il prenait, mais il avait vraiment réfléchi à tout cela. Et il pensait qu’il était temps qu’ils découvrent la vérité.
« De vos parents oui. » Dit-il alors, pour confirmer à Wanda que c’était bien d’eux qu’il était question. Charles savait que la jeune femme ne disait pas ses parents par rapport à ceux qui les avait élevés, d’une très bonne manière ceci-dit. Mais bel et bien leurs parents biologiques dont ils ignoraient tout. « J’ai eu plusieurs fois l’occasion de visiter vos esprits. » Il ne s’en cachait pas. En même temps, il avait manipulé le jeune homme qui n’appréciait pas ça d’ailleurs. Il avait eu aussi l’occasion d’entrer dans l’esprit de Wanda. « J’ai pu voir des choses que j’avais déjà vu dans un autre esprit. »
Charles tournait peut-être un peu autour du pot, mais en même temps il ne pouvait pas s’empêcher de se montrer prudent quand même. Cette révélation n’était pas anodine et en un sens, il ne savait même pas si les jumeaux voudraient le découvrir. Cela allait grandement changer les choses et au-delà de ce qu’ils pourraient l’imaginer. Parce qu’il n’y avait pas que Charles qui connaissait le père de ces mutants, ils le connaissaient bien. Ce n’était pas comme si l’homme allait juste révéler l’identité d’un inconnu, laissant le soin aux mutants de faire ce qu’ils voulaient de cette information. Ça allait tout changer. Est-ce qu’il devrait leur demander s’ils voulaient connaître la vérité ? Sans doute, mais il ne le fit pas. Parce qu’à ses yeux, il était sincèrement temps qu’ils la connaissent.
« Je pense que le plus simple c’est que vous le voyez vous-même. » Dit-il alors, avant de plonger dans l’esprit des deux mutants. Ce qu’il allait faire allait lui demander beaucoup d’énergie, mais ce n’était pas vraiment difficile pour lui. Une fois à l’intérieur, il leur fit voir la vérité. En recoupant ce qu’il avait pu voir dans l’esprit d’Erik, quand il avait eu l’occasion de s’y trouver, et ce qu’il avait vu dans celui des jumeaux Maximoff. Il n’avait pas vu concrètement Magnéto dans l’esprits des jeunes mutants, mais il y avait cette femme, celle que son ami avait tant aimé. Et il y avait cette phase où il était resté hors de l’espace temps.
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Wanda avait vu juste. D’un autre côté elle n’avait pas beaucoup de mérite, il était assez évident que si Charles avait l’intention de leur parler de leur famille, c’était pour évoquer leurs parents biologiques. Et elle devinait que cela devait également concerner leur identité… Et elle aurait peut-être préféré avoir tort, car c’était le genre d’information qu’elle n’était pas sure de vouloir connaître. Elle s’était interrogée, bien sûr, mais elle avait mis ses questions en veilleuse, parce que la présence de ses parents adoptifs avait été suffisante pour elle. A présent, de l’eau avait coulé sous les ponts, peut-être était-elle capable d’entendre la vérité, mais elle n’en restait pas certaine du tout, parce que tout ça était vraiment abrupt, elle s’était attendue à tout sauf à cela, et elle ne savait pas vraiment ce qui valait le mieux en fin de compte… Charles leur rappela avoir eu l’occasion de pénétrer leurs esprits. Ça, il le savait, mais Wanda n’était malgré tout pas très à l’aise avec l’idée qu’il y ait fouillé avec si peu de ménagement en réalité… au point de cerner des informations avec celles retrouvées chez quelqu’un d’autre… Et non des moindres, elle n’allait pas tarder à le découvrir.
Si Charles s’était contenté de leur apprendre la vérité sans l’ombre d’une preuve, elle aurait peut-être nié, parce que c’était très difficile à encaisser, mais les faits étaient là, indéniablement. Ces visions étaient imparables, et elles lui révélaient une chose qu’elle n’aurait jamais su imaginer. Magnéto… était son père… Mais… Elle n’en croyait pas ses yeux, et pourtant, les images étaient là, des souvenirs terriblement précis et qui, quelque part, étaient les siens aussi, même si elle n’en avait plus le moindre souvenir de cela, plus aucun… Bientôt les images s’estompèrent et il fut bien difficile pour Wanda de revenir à la réalité : le musée, les tableaux, la présence des deux mutants à ses côtés. Elle ne savait plus même qui elle était : ces révélations bouleversaient tant de choses.
-C’est impossible, souffla-t-elle alors.
Mais même si une part d’elle avait envie de l’affirmer, une autre part d’elle était très lucide et avait pleinement conscience de la réalité. Si, c’était possible. Et, par ailleurs, c’était vrai. Elle ne tromperait pas Charles, il saurait qu’elle avait compris… Et en vérité, elle l’avait sans doute toujours su, au fond d’elle. Bien sûr, ce pourrait être une manœuvre du professeur X, il pourrait chercher à manipuler les jumeaux Maximoff pour une raison ou pour une autre. Mais elle n’y croyait pas. Elle avait toujours éprouvé quelque chose de particulier à l’égard de Magnéto, au-delà de la simple reconnaissance. Un sentiment de parenté ? Au final, elle ne savait pas si elle appréciait de découvrir cela ou si elle préfèrerait l’oublier… C’était au-delà de tout ce qu’elle aurait pu concevoir. Elle en avait le sentiment. Elle tourna son regard vers Pietro. Cette nouvelle la laissait abasourdie. Elle n’avait pas la moindre idée de la façon dont son frère réagirait pour sa part.
Les mots de vérité manquent souvent d'élégance. Les paroles élégantes sont rarement vérités.
Franchement, Pietro n’aimait pas ça du tout. Il n’appréciait pas plus que cela l’homme sous ses yeux, surtout pas depuis qu’il avait osé le manipuler. Même si c’était sous la demande de Wanda, il ne supportait pas cet homme parce qu’il l’avait gardé sous son emprise pendant un temps. Et que s’il n’était pas mort – et jeune maintenant donc – il serait sans doute encore sous son emprise. Mais si en plus Xavier voulait leur parler de leurs parents biologiques, ça lui plaisait encore moins. Pietro n’en avait que faire des personnes qui les avaient mis au monde. D’accord, à une époque, il avait pu se poser la question, surtout quand ils avaient commencé à développer leurs pouvoirs. Il s’était demandé si leurs parents étaient aussi des mutants, ou non. Mais c’était tout. Son père était Diego, sa mère était Maria, basta… il n’y avait rien d’autre à savoir. Ils avaient eu des parents parfaits, des parents qui les avaient aimés, élevés, protégés du mieux qu’ils purent avant de perdre la vie pour eux. Pietro ne voulait pas en savoir plus.
Mais visiblement, il n’avait pas le choix. Et le professeur X ne se contenta pas seulement de leur donner l’identité de leurs parents – en un sens, c’était normal, ils avaient besoin de preuve – il entra de nouveau dans leurs esprits pour leur montrer des images. Pietro détestait ça, il ne supportait vraiment pas la manière dont cet homme avait la facilité de rentrer dans leurs esprits et leur faire voir des choses ou non. Mais ce ne fut rien en comparaison de ce qu’il leur montra. Cela ne fut pas bien difficile de comprendre où il voulait en venir. Cette femme qu’ils voyaient était leur mère et l’homme n’était autre que Magnéto. Pietro n’en revenait pas, il ne parvenait pas du tout à croire ce qu’il avait sous les yeux. C’était impossible, comme le souligna bien Wanda quand ils revinrent à la réalité. C’était impossible en effet, ça ne pouvait pas être vrai. C’était techniquement impossible, ils étaient bien trop jeunes… et en même temps, il y avait ce passage bizarre.
« N’importe quoi ! » Rétorqua-t-il alors violement envers Charles Xavier. « Je n’y crois pas une seule seconde, vous êtes en train de nous manipuler. » Il préférait largement penser comme ça, que d’accepter que ça puisse être la réalité. « Vous pouvez nous faire voir ce que vous voulez, il est hors de question que je vous crois. »
Parce qu’il était hors de question que Pietro accepte que ce type puisse être son père. Ce n’était pas possible, Magnéto était un enfoiré de première compétition. Il avait tenté de le tuer, simplement parce qu’il n’avait pas eu envie de continuer à agir sous ses ordres. Alors, il était hors de question qu’il puisse considérer une seule seconde que cette personne puisse être son père. Il tourna son regard vers Wanda, espérant qu’elle pense comme lui. Qu’elle ne commence pas à croire que cet homme puisse être leur père, même si ça expliquerait sans doute certaine chose.
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L
a réaction de Pietro ne se fit pas attendre, et elle fut aussi violente que ce que la jeune femme avait présumé. Il refusait catégoriquement d'y croire, il accusait le professeur X de les manipuler, et au fond, il avait peut-être raison. L'idée l'effleurait aussi. Elle savait bien que l'homme en serait parfaitement capable, il lui avait déjà prouvé par le passé que manipuler les esprits ne le dérangeait pas du tout, il l'avait déjà fait avec Pietro après tout (à sa demande, même si elle n'aimait pas du tout l'admettre), il était d'autant plus logique qu'il se méfie, mais en plus il ne voulait pas être associé à Magnéto, ce qui était entièrement compréhensible. Bref, il refusait d'y croire, et Wanda en venait à se dire que même si on lui mettait la preuve la plus irréfutable qui puisse être sous les yeux, il refuserait de l'admettre, parce que c'était beaucoup trop choquant. Bien sûr, dans l'idéal, elle aussi préfèrerait que Magnéto ne soit pas leur père, parce que ça impliquait bien trop de choses qu'elle ne voulait pas comprendre, mais en même temps, c'était plus fort qu'elle, elle y croyait.
Quelque chose en elle savait, avait toujours sûr que le chef de la confrérie des mauvais mutants avait un lien particulier avec elle. Elle y croyait, oui, mais elle n'osait pas y croire. Surtout pour Pietro, elle était convaincue que son jumeau ne s'en remettrait pas si il devait apprendre que c'était bel et bien la vérité. Encore fallait-il que quoi que ce soit sache le convaincre, et ça, ce n'était pas gagné. En fait, il n'y aurait peut-être qu'une seule façon de leur faire admettre les faits, à savoir les confronter directement à Magnéto... mais est-ce qu'ils pouvaient vraiment être prêts pour une chose pareille ? Non, sans doute jamais. Au fond, Wanda devrait abonder dans le sens de Pietro, demander plus de preuves, prétendre qu'elle n'y croyait pas. Seulement, elle aurait beau dire, au fond d'elle, elle était déjà convaincue, malgré l'improbabilité liée à leur âge, que les images transmises à leurs cerveaux étaient vraies. Bien sûr, ça n'ôtait rien au fait que leurs parents adoptifs restaient leurs vrais parents dans son coeur, mais au moment de prendre la parole, elle ne protesta pas. A la place, elle interrogea.
-Est-ce qu'il est au courant ? demanda-t-elle alors, la voix tremblante.
Elle se posait sincèrement la question, si tout ceci était vrai, et elle y croyait, alors est-ce que Magnéto savait ? Est-ce qu'il les avait abandonnés et recueillis plus tard en toute connaissance de cause ? Est-ce qu'il avait organisé la mise à mort de son propre fils ? Elle ne savait pas ce qui serait le pire. Dans tous les cas, elle n'était pas prête.
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Charles se doutait que la nouvelle n’allait pas être évidente à encaisser, surtout pour le jeune Maximoff. Au vu de leur passif avec Magnéto, ça n’allait pas être évident de découvrir que Erik était leur père. Et pourtant… le jeune homme qu’était devenu le Professeur X était parfaitement sincère. Ces images étaient la pure vérité, ce qui lui avait permis de comprendre qu’ils étaient les enfants de son vieil ami. Quand bien même, effectivement, leurs âges rendaient tout cela particulier. Sans grande surprise, Pietro ne manqua pas de lui affirmer qu’il ne le croyait pas, qu’il considérait qu’il le manipulait. Charles s’y était attendu, parce qu’il avait quand même déjà manipulé l’esprit du mutant et que ce dernier continuait de lui en vouloir pour ce qu’il avait fait. Le Professeur X ne réagit pas aux propos de Pietro, il savait bien qu’il pensait ce qu’il disait, mais en même temps il ne pouvait rien dire de plus pour le convaincre. Il pourrait lui montrer encore et encore les images, lui répéter encore et encore que Magnéto était bel et bien son père, il ne l’accepterait pas. En même temps… Charles ne pouvait pas réellement le lui reprocher.
Cependant, comme bien souvent, Wanda se montrait bien plus ouverte d’esprit. Non pas qu’elle ne soit pas capable de douter, mais elle l’acceptait plus. Peut-être parce qu’au fond, elle l’avait toujours plus ou moins senti. Wanda était une jeune femme incroyable, avec un esprit incroyable. Cela ne le surprendrait pas que son esprit ait déjà partiellement découvert un lien entre elle et le chef de la Confrérie des Mauvais Mutants. Pas au point qu’elle l’ait deviné, juste ressentit. Encore une fois, elle l’impressionnait. Encore une fois, Charles regrettait qu’elle travaille pour Erik. Mais les révélations qu’il venait de lui faire n’allait pas la pousser à trahir son père, de toute évidence.
« Il n’est pas au courant non et je n’ai pas l’intention de lui en parler. Il n’a jamais su que votre mère était enceinte. » Affirma-t-il alors, en regardant les deux jumeaux. Il ne voulait pas qu’ils pensent qu’il voulait prendre des décisions pour eux. « Je sais bien que Erik n’est pas quelqu’un de bien. » Dit-il alors, en tournant son regard vers Pietro, parce qu’évidemment il était celui qui avait le plus de mal à accepter la nouvelle. Tout comme il ne semblait en aucun cas accepter que sa sœur semble le faire elle. « Mais il a sincèrement aimé votre mère. Je le connais mieux que personne, je peux vous le garantir. » Il avait aimé cette femme oui, il serait sans doute capable d’aimer ses enfants. Et l’amour était le sentiment le plus beau au monde, celui qui pouvait changer un homme.
« C’est n’importe quoi ! Notre père c’est Django, pas cet enfoiré ! » Clairement, Pietro s’adressait directement à sa sœur en cet instant précis, Charles décida donc de ne pas reprendre la parole. « Tu ne vas pas croire ses sornettes quand même ? »
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anda devait bien l'admettre, oui, elle y croyait, elle devrait discuter les propos de Charles Xavier, ne pas se contenter de les accepter comme elle le faisait, sans réfléchir plus avant, mais c'était comme ça, elle savait, une part d'elle avait toujours su... et le professeur X ne faisait jamais que confirmer une intuition que la sorcière rouge possédait depuis bien longtemps sans réussir à lui donner de nom pour autant. Oui, c'était difficile à accepter, mais c'était la réalité malgré tout. Magnéto était leur père... Qu'ils le veuillent ou non, ça n'y changeait rien. Et ce constat entraînait un nombre conséquent de questions, que Wanda était bien incapable de garder pour elle. L'homme n'avait donc jamais su que leur mère était enceinte. Alors tout ceci n'était que le fruit du hasard ? Apparemment. Il n'avait rien su de ce qui les liait quand il leur avait offert de rejoindre la Confrérie des mauvais mutants... Wanda serait bien incapable de dire si c'était une bonne chose ou non. Au fond, peut-être qu'il valait mieux garder Magnéto dans l'ignorance et prétendre que ça n'avait pas d'importance. Mais Wanda, en dépit de toute sa réserve, trouvait bel et bien que, de l'importance, ça en avait effectivement, au point de ne pas savoir quoi faire d'une information qu'elle pourrait autrement rejeter en bloc sans se poser beaucoup plus de questions. Charles ajouta alors une chose que Wanda n'était pas certaine de vouloir entendre non plus, Magnéto avait aimé leur mère... soit... mais que faire de ça, alors ? C'était beaucoup trop... D'accord, Magnéto n'avait donc pas cherché à tuer son fils volontairement, mais ils étaient malgré tout, en conséquence, les enfants de psychopathes, comment vivre avec cela ?
-Si, je le crois, répondit Wanda, qui regrettait d'avoir à contredire son frère. Elle aussi préfèrerait nier cette information en bloc, mais c'était impossible pour elle de le faire, c'était comme si on lui révélait une vérité enfouie, mais qu'elle avait toujours connue, en réalité, et qu'elle ne pouvait nier ou fuir. Et il était trop tard pour prétendre qu'elle se pensait manipulée, ce n'était pas le cas. Django est notre père, ça ne change rien, confirma Wanda. Mais... Je crois que je l'ai toujours su...
Seulement, elle avait refusé d'interpréter convenablement les signes, car cela revenait à affronter une vérité qui dorénavant la frappait de plein fouet sans lui laisser le moindre répit ni la moindre échappatoire, perspective ô combien déplaisante.
-Qu'est-il arrivé à notre mère biologique ? Et s'il l'aimait, pourquoi il n'a jamais su qu'elle était enceinte ? demanda-t-elle qui n'était pas au bout de ses questions, même si elle ne devrait peut-être pas insister. Seulement, c'était plus fort qu'elle.
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Pietro n’en revenait pas de cette conversation, de se retrouver dans ce musée en compagnie de sa sœur et de ce Charles Xavier jeune leur apprenant que leur père était Magnéto. Et en prime, sa sœur le croyait. Quand elle lui affirma que oui, elle le croyait, Pietro ne put s’empêcher de serrer ses poings. Il n’y pouvait rien, il ne supportait définitivement pas l’idée qu’ils puissent être les enfants de ce psychopathe, de celui-là même qui avait tenté de le tuer. Pas directement, certes, mais qui avait quand même donné l’ordre qu’on le tue. Bon, en un sens, s’il n’était pas au courant, Pietro ne pouvait pas réellement lui mettre ça sur le dos mais quand même. Il ne voulait pas être le fils de cet homme, cet homme qu’il détestait pour ce qu’il était, un criminel. Si pendant une période, Pietro avait pu le considérer comme un sauveur parce que c’était vrai, en leur offrant une place dans la confrérie des mauvais mutants, il les avait sauvé, ce n’était plus le cas maintenant. Le jeune homme n’avait aucune envie d’avoir quelque chose à faire avec Magnéto et donc, non, il ne voulait pas que ça soit son père. Quand bien même, ça ne changerait sans doute rien.
Wanda affirma que Django était leur père et que ça ne changerait pas ça. C’était sûr, ils le savaient depuis toujours, leurs parents n’étaient pas réellement leurs parents, mais ça ne les avait pas empêché de les considérer comme leur père et leur mère. Parce qu’ils les avaient élevés, parce qu’ils les avaient protégés du mieux qu’ils pouvaient même quand ils avaient découvert leur particularité. Pour des non-mutants, ils avaient agis à la perfection. Et s’ils n’étaient plus là aujourd’hui, c’était à cause d’eux. Alors parents biologique ou pas, ça ne changeait pas. Sauf que non, définitivement, Pietro ne pouvait pas considérer cet homme comme leur père et entendre Wanda affirmer qu’elle l’avait toujours su, au fond, ça avait le don de lui pincer le cœur. Il savait bien que sa sœur avait des pouvoirs incroyables et en soit, il se doutait qu’elle avait pu sentir quelque chose ou pas, mais non, définitivement, il n’aimait vraiment pas cette idée. Encore moins le fait que sa sœur semble si bien l’accepter. Et qu’en prime, elle voulait en savoir plus.
« Arrêtes ça. » Lui dit-il avant que Xavier n’avait le temps de dire quoi que ce soit de plus, qu’il ne puisse répondre aux questions de sa sœur. « Pourquoi tu as besoin de savoir ça ? On s’en fou ! Ça ne changera rien. » Pietro n’avait aucune envie de se disputer avec Wanda, surtout pas en face de Charles, mais il ne pouvait pas garder ce qu’il ressentait pour lui. « C’est un taré, un criminel, il a voulu me tuer je te rappel. Père ou pas, on s’en fout. »
Pietro pourrait peut-être admettre que oui, effectivement, l’homme avec eux ne mentait pas. Mais non, il ne voulait pas en savoir plus et il était hors de question qu’il considère ce type comme son père.
Les mots de vérité manquent souvent d'élégance. Les paroles élégantes sont rarement vérités.
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a réaction de Pietro était au fond bien plus légitime que celle de sa jumelle. Tous deux se trouvaient dans deux optiques très différentes. L'un dans le pur déni et dans le rejet total, l'autre dans l'incompréhension, mais quelque part, une certaine acceptation. Evidemment, ces deux attitudes, ces deux modes de pensée, ne pouvaient pas être compatibles, et, comme bien trop souvent, cela devenait motif à emportement. Ils n'étaient clairement pas sur la même longueur d'ondes, ce qui n'empêchait pas à Wanda de parfaitement comprendre le comportement de son frère. Elle le trouvait bien plus logique que le sien, d'ailleurs. Elle ne pouvait le contredire en rien de ce qu'il affirmait, effectivement. Elle devrait s'en moquer complètement, considérer que ça n'avait pas d'importance. Ils avaient eu un père et une mère, qui les avait élevés et aimés profondément, ils n'avaient pas besoin d'en savoir plus sur leurs parents biologiques. D'ailleurs, n'avait jamais prouvé cette curiosité à l'époque. Elle s'interrogeait de temps à autres sur ses "vrais" parents, certes, mais pas au point d'en faire une quête d'identité et de ses géniteurs, elle avait té bien auprès de ses parents, consciente d'avoir été adoptée, soit, mais le vivant au mieux, car elle n'avait jamais manqué d'amour parental. Pourtant, elle tenait à comprendre malgré tout. Oui, Magnéto était un fou et un criminel, il n'avait pas hésité à ordonner la mise à mort de son frère, ce n'était pas sa paternité qui allait lui donner des circonstances atténuantes. Mais même en tenant compte de toutes ces affirmations, Wanda ne parvenait pas du tout à se raisonner.
Les questions qu'elle ne se posait pas avant l'assaillaient à présent, elle était partagée entre sa curiosité et l'envie de respecter la volonté de Pietro, celle de ne pas en savoir plus. Elle sentait qu'il était prêt à admettre que Charles ne mentait pas (surtout parce qu'il avait foi en ses pouvoirs et en leur ampleur - en même temps, il avait eu l'occasion de les voir à l'oeuvre). Ce n'est pas pour autant qu'il voulait faire plus d'efforts non plus... Et elle n'avait pas envie de lui imposer une vérité qu'il ne souhaitait pas entendre, il serait toujours temps d'interroger Charles seul à seul, et décider de ce qu'elle voulait faire de cette information quand elle saurait tout. Mais en attendant, elle ne voulait pas brusquer son frère, ni le décevoir. Elle voyait bien que c'était déjà beaucoup trop pour lui.
-Tu as raison, répondit-elle donc. Ce qui n'était pas un mensonge. Elle savait qu'il avait raison. L'ennui, c'est qu'elle n'arrivait pas du tout à s'en foutre, c'était juste plus fort qu'elle. Pourquoi nous parler de ça maintenant ? demanda-t-elle au professeur Xavier, changeant son fusil d'épaule, qu'est-ce que vous attendez de nous, exactement ?
Les mots de vérité manquent souvent d'élégance. Les paroles élégantes sont rarement vérités.
Charles savait en abordant le sujet que ça allait être compliqué pour les jumeaux Maximoff d’accepter la situation. Si Wanda semblait surprise, elle était aussi curieuse et acceptait sans mal la vérité. Elle ne mettait pas ses propos en doute, contrairement à son frère, qui sembla tout de même considérer finalement qu’il ne mentait pas. Elle était curieuse, parce qu’elle se posait des questions. Elle voulait en savoir plus, savoir pourquoi Erik n’avait jamais su que la femme qu’il aimait tant était enceinte, pourquoi ils n’étaient plus ensemble. Des réponses que Charles pouvait apporter sans mal aux jeunes mutants, mais en même temps il comprenait bien qu’ils ne voulaient pas tous les deux le découvrir. Wanda oui, Pietro non. Et le jeune homme ne manqua pas d’affirmer son mécontentement, affirmant à sa sœur qu’ils n’en avaient que faire, que ce « père » était un assassin et qu’il avait cherché à le tuer. Charles ne pouvait pas concrètement donner tort au jeune homme, mais quelque chose lui disait que les choses se seraient passés autrement si Erik avait découvert la vérité. Et au fond, Charles devait bien avouer qu’il hésitait vraiment à en parler à son vieil ami. Il en parlait aux jeunes d’abord, parce qu’il jugeait que cela devait être leur décision, d’assumer ou non le lien qui les unissait avec Magnéto. Mais Erik avait le droit de savoir. Charles aimerait que son ancien ami lui parle de ça, s’il devait avoir des informations du genre à son sujet (mais c’était impossible).
Wanda se rangea du côté de son frère, mais Charles senti qu’elle n’était pas complètement sincère avec ce denier. Du moins, qu’elle était sincère, mais que sa curiosité ne se taisait pas pour autant. Soit, Charles pouvait très bien lui révéler ce qu’il savait à elle seul et elle pourrait juger de ce qu’elle ferait de ces informations. Il pourrait très bien décider de le faire maintenant, dans l’esprit de la mutante, mais il ne le fit pas. La mutante lui demanda alors pourquoi il en parlait maintenant, ce qu’il attendait. La question était légitime.
« Je n’attends rien de vous. » Dit-il honnêtement. Bon, en soit, si les jumeaux Maximoff décidaient de rejoindre les X-Men, le « jeune » homme ne pourrait pas vraiment dire non à la situation. Bien au contraire. Mais il ne leur parlait pas de tout cela dans le but de les éloigner de Erik, cela serait contre productif. « J’ai cette information depuis notre première rencontre. » Ajouta-t-il, toujours sincère. « Et depuis... je suis mort. » Son regard se tourna un instant vers Pietro qui lui lança un regard noir. « Je ne sais pas si quelqu’un d’autre que moi possède cette information alors... je me suis dis qu’il faudrait que je vous en parle. Au cas où. Que ça ne se perde pas. »
Les mots de vérité manquent souvent d'élégance. Les paroles élégantes sont rarement vérités.
Q
uand Charles affirmait qu'il n'attendait rien de la part des jumeaux, Wanda devait bien reconnaître qu'elle avait peine à le croire. Elle ne pensait pas qu'il agisse ainsi par altruisme et désintérêt. Non pas que l'homme soit incapable de porter haut ses valeurs, c'était même tout l'inverse. Mais depuis qu'elle le connaissait, la jeune femme avait bien dû constater que ses actions étaient toujours calculées. Ce qui ne faisait pas pour autant de lui quelqu'un de mauvais comme pouvaient l'être d'autres calculateurs (coucou Liv), mais tout du moins une personne dont il fallait tenir compte des intentions. Elle restait donc convaincue que sa question avait une réponse autre que celle que lui donnait son interlocuteur. Après tout, il l'avouait lui-même, il avait appris la vérité dès qu'ils s'étaient rencontrés la première fois, alors pourquoi attendre maintenant pour le leur révéler ? Il y avait eu d'autres occasions non ? Et sinon, les occasions se provoquent, ce moment en était la preuve, puisque c'était au nom de sa volonté qu'ils étaient là.
Oui, il avait été "mort" (c'était décidément monnaie courante en ce bas monde), mais avant cela. N'aurait-il pas pu leur en parler avant ? Même lors de leur première rencontre, d'ailleurs ? Oui, Wanda se posait de nombreuses de questions, et n'avaient que de faibles pistes de réponses. Peut-être voulait-il les convaincre de la sorte de rejoindre les X-Men, de récupérer au moins Pietro ? Mais ce semblait une explication bancale. Ce n'était pas en leur donnant une raison de trouver des circonstances atténuantes à Magnéto qu'il pouvait la convaincre, par exemple, de quitter la Confrérie (même si elle ne savait vraiment pas comment les choses allaient se passer lors de son prochain face à face avec Magnéto, maintenant). Bien sûr, l'autre explication se tenait. Cette information, en d'autres mains, pourrait faire d'inexprimables ravages. Mais est-ce qu'ils pourraient y changer grand-chose en toute connaissance de cause ? Il faudrait sans doute qu'ils l'apprennent le moment venu, que ça leur plaise ou non. Elle hésita à insister, ou, plus hasardeux encore, à se frayer un accès aux pensées de Charles. Mais elle savait bien qu'à ce petit jeu-là, elle était loin d'être de taille, le prétendre ne mènerait vraiment nulle part. Poser plus de questions serait vain, et à vrai dire, si tout est dit, elle pensait qu'elle préfèrerait se trouver seule avec son frère, discuter posément de tout cela avec lui. Même si elle craignait fort que cela les mène à une énième dispute, surtout si Pietro choisissait le déni. Elle croisa les bras.
-C'est tout ce que vous aviez à nous dire ? demanda-t-elle finalement à Charles tout en devinant d'avance sa réponse.
Les mots de vérité manquent souvent d'élégance. Les paroles élégantes sont rarement vérités.
Quand Charles affirma qu’il n’attendait rien des jumeaux Maximoff, Pietro ne croyait pas une seule seconde ce qu’il leur disait. Pour la simple et bonne raison que le jeune homme voyait en ce mutant – aussi jeune que lui maintenant…, c’était quelque peu perturbant – quelqu’un de manipulateur. Après tout, il avait quand même passé un marché avec sa sœur jumelle pour qu’il soit dans l’institut qui portait son nom, en manipulant son esprit. Si ce dernier n’était pas mort, il ne savait même pas s’il aurait de nouveau le contrôle de son esprit. Autant dire que le mutant n’avait aucune envie de faire confiance au professeur X. Pas plus qu’il ne faisait confiance à Magnéto d’ailleurs et ce qu’ils venaient d’apprendre le mettant dans une situation horrible. Donc, le jeune homme ne croyait pas vraiment aux propos du mutant et il se disait simplement que l’homme cherchait peut-être juste à les convaincre de le rejoindre ? Ou quelque chose d’autre. N’avait-il pas envie d’avoir les jumeaux Maximoff chez les X-Men ? Ou alors ils comptaient sur eux pour avoir une éventuelle influence sur l’homme qui était donc leur père…
Dans tous les cas, c’était évident que Charles Xavier ne leur disait pas ça juste comme ça et forcément, le jeune homme ne pouvait se méfier. Déjà que la nouvelle n’avait rien d’agréable à apprendre. Mais pour le coup, il avait le sentiment d’avoir un peu plus de soutien de la part de Wanda. Puisqu’elle reprit la parole en demandant au mutant si c’était tout ce qu’il avait à leur dire, les bras croisés et le jeune homme comprenait qu’elle avait envie de mettre un terme à cette discussion. Pietro avait envie de parler de tout cela avec sa sœur, ou surtout d’affirmer haut et fort encore que ça ne changeait rien et qu’il n’avait aucune envie de le prendre en compte (mais ce n’était pas comme s’il allait pouvoir faire comme si de rien n’était, qu’il allait s’empêcher de se sentir mal à cause de tout ça). Le jeune homme ne dit rien, donc, attendant simplement d’entendre la réponse de Charles Xavier, qui ne tarda pas à arriver.
« Je n’ai plus rien à vous dire. » Autant dire qu’ils pouvaient arrêter tout de suite les frais et surtout cette conversation. « Prenez soin de vous. »
Ajouta-t-il tout de même, ce qui eut le don d’agacer un peu Pietro de nouveau. Il n’aimait pas ce mutant, parce qu’il n’aimait pas la manière dont il l’avait manipulé. Il n’avait aucune envie de l’entendre se montrer prévenant avec eux, parce qu’il ne pouvait pas s’empêcher de se dire que cet homme avait simplement de mauvaises intentions. Il pouvait faire comme si ce n’était pas le cas, il était évidemment bien plus « respectueux » que Magnéto, mais ça ne changeait rien au fait qu’il était un grand manipulateur. Pietro ne dit rien donc, il n’avait rien à dire, se contentant d’attraper le bras de sa sœur pour qu’ils s’en aillent tous les deux.