Harry, comme à son habitude ces derniers temps, avait passé sa journée en compagnie de Gwen. Le jeune homme était toujours censé ne pas passer du temps avec sa meilleure amie, comme le lui avait ordonné son père, mais ce dernier ne prenait vraiment pas la peine de suivre les ordres. Bien au contraire, il prenait même au fond un malin plaisir à les enfreindre. Ce n’était pas grand-chose, cela n’avait rien à voir avec ce qu’il pouvait faire quand il se laissait emporter par le Hobgoblin, mais ce dernier appréciait la rébellion de son hôte, même quand cela concernait son créateur, surtout quand ça le concernait lui (puisqu’il était évident que le Bouffon Vert était le créateur du Hobgoblin). Tout ce qui avait un rapport avec le fait de ne pas suivre les règles et de faire comme bon nous semblait, ne pouvait que plaire à ce qui grandissait de plus en plus en Harry. Autant dire que le jeune homme, pour une fois, devait bien avouer qu’il n’avait aucun mal à écouter la petite voix dans sa tête qui le poussait à agir de la sorte. Quoi que puisse penser son père.
Cela étant, ce n’était pas parce qu’Harry assumait plus ou moins le fait de désobéir aux ordres, quand bien même ils n’étaient pas non plus si dingues que cela et plus précisément il ne pouvait tout simplement pas faire autrement, ce n’était pas forcément évident pour lui de se sentir bien. Outre le fait que le monstre en lui continuait encore et encore de gronde, de plus en plus fort, qu’il parvenait à de moins en moins le contrôler, les dernières révélations de Gwen (cette meilleure amie qu’il aimait tant) n’avaient pas manquées de le perturber énormément. Le jeune homme ne pouvait vraiment pas s’empêcher d’y penser, même si, quand il voyait Gwen, il faisait quand même en sorte d’être le plus détaché possible. Peter Parker n’était autre que Spider-Man, Harry n’en revenait pas. Et en même temps, le jeune homme devait bien avouer que ça expliquait quand même énormément de chose. Le fait qu’il ait toujours eu une drôle de sensation envers son camarade, ce qu’il avait mis sur le coup de la jalousie puisqu’il se rapprochait énormément de sa meilleure amie et donc la fille qu’il aimait. Ça ne s’était pas du tout arrangé avec le fait qu’ils étaient sortis ensemble. Maintenant, le jeune homme comprenait bien plus de chose – même s’il ne pouvait quand même pas tout mettre sur le compte du Hobgoblin – c’était un peu comme s’il l’avait senti. Mais ça ne manquait pas de le perturber énormément, parce qu’il sentait grandir en lui cette envie incroyable de tuer Spider-Man (ce qu’il tentait de faire à chaque fois que le Hobgoblin croisait sa route d’ailleurs), mais il ne pouvait pas faire ça à son ami. Mais surtout, il ne pouvait pas s’empêcher de penser à cette prévision qu’avait eu Gwen, sur le moment de sa mort.
C’était plein de ses pensées que le jeune homme rentrait chez lui, assez tardivement il devait bien l’avouer. Ne pensant pas une seule seconde que son père puisse être dans les parages, puisque l’homme avait l’habitude d’être plus en dehors de chez eux que dans la maison. Mais alors qu’il traversait le salon, Harry ne put que constater qu’il avait tort.
est une certitude, Norman n'était pas un père exemplaire, nul n'aurait pu affirmer le contraire à moins de ne vraiment pas le connaître, et lui-même l'admettait. Parfois, il le regrettait. Il n'en donnait pas l'impression, mais parfois, il aimerait être un père dont le fils pourrait être fier, qu'un fils puisse aimer... Il avait seulement une façon bien à lui d'essayer de parvenir à ses fins. D'aucuns affirmeraient qu'avoir injecté à son fils le sérum à son insu était un véritable crime, une réelle torture, mais pour lui, c'était bel et bien un acte d'amour et d'estime, une façon de les rapprocher tous les deux, en façonnant Harry à son image. Le résultat n'était pour l'heure que moyennement concluant, mais le chef d'entreprise ne perdait pour autant pas espoir... Même s'il peinait malgré tout à faire preuve de ce minimum syndical qui, pourtant, devrait être la base pour favoriser une relation père/fils digne de ce nom. La base ? Accorder du temps à Harry, tout simplement. Prendre le temps de l'écouter, prendre du temps pour lui, tout simplement, s'intéresser à ses états d'âme, à ses joies et à ses peines, chercher à le comprendre. Tout cela tendrait à les rapprocher. Oui, bien sûr. Mais il était tout simplement incapable de délaisser son travail au profit de sa famille. Car se rapprocher d'une part de sa famille, c'était réveillé des souvenirs enterrés, des blessures passées... Observer Harry dans les yeux, c'était croiser le regard d'Emily, et malgré toutes ces années, cette rancœur complexe mêlée pourtant d'une affection sincère n'avait su laisser place à un pur et simple amour filial.
Oui, Norman fuyait bien souvent sa vie de famille, et il n'était pas rare de le voir rentrer du bureau si tard que son fils était déjà couché, et y retourner avant même que Harry ne soit levé. Ce n'était jamais totalement volontaire, il est vrai, mais sans doute un rien inconscient. Il faut dire qu'il avait toujours une très bonne excuse pour s'abandonner à ses obligations professionnelles : tel ou tel dossier qui ne pouvait pas attendre, telle ou telle urgence à gérer... et depuis sa coopération avec l'Hydra, il se devait de se montrer plus appliqué encore. Pour une fois, néanmoins, Norman était chez lui, bien plus tôt que d'ordinaire, et il l'était à dessein, car il voulait bel et bien parler à son fils. L'intrusion dans son bureau de Kick-Ass et de Hit-Girl lui avait nettement fait comprendre qu'il devenait urgent de sa part d'avoir une conversation en tête-à-tête avec son fils. Il l'attendait, donc. Et il l'attendit longtemps, car Harry, manifestement, n'était pas rentré directement chez lui après les cours et mit au contraire bien longtemps à passer le pas de la porte de la demeure familiale. Quand il rentra enfin, Norman vint à sa rencontre, le toisant d'un regard sévère.
-Tu rentres bien tard, observa-t-il d'un ton certes neutre, mais glacial. Où étais-tu ?
D’habitude, Harry parvenait quand même à rentrer chez lui tard, sans que son père ne le remarque, parce que la plupart du temps il n’était pas encore rentré. Le plus souvent, Norman Osborn restait à son bureau jusqu’à très tard, au point que le jeune homme était souvent déjà couché avant qu’il ne rentre. Et à son réveil le lendemain, même quand il se levait tôt pour aller en cours, son père était déjà reparti. Autant dire qu’Harry avait l’habitude de ne pas voire souvent son géniteur et ça lui convenait très bien. Ce n’était pas pour rien qu’il pouvait se permettre de voir Gwen alors qu’il n’était pas censé le faire. Cela faisait des semaines qu’il lui avait interdit de passer du temps en compagnie de sa meilleure amie (dont il était amoureux), ça faisait des semaines qu’il continuait. Alors forcément, en rentrant ce soir-là, le jeune homme ne s’attendait pas à ce qu’il tombe sur lui. Harry serra des dents, sachant parfaitement que son père allait en plus lui faire des remarques. Sans grande surprise en même temps, on ne pouvait pas dire que Norman Osborn parlait à son fils autrement que pour lui faire des reproches. Harry ne s’attendait vraiment pas à autre chose de sa part et il regrettait en fait d’être rentré. Au final, il aurait peut-être dû découcher, cela lui aurait permis de ne pas croiser son père. Parce que comme ça, il aurait peut-être pu ne pas voir son géniteur pendant encore plusieurs jours. Harry soupira en l’entendant lui demander où il était. Comme si cela pouvait l’intéresser ? Bon… sans doute que ça l’intéressait, mais c’était juste dans le but de pouvoir lui reprocher quelque chose encore.
« J’étais sorti. »
Se contenta-t-il de répondre, dans un ton qu’il ne devrait sans doute pas utiliser pour répondre à son père. Si on pouvait appeler ça une réponse évidemment, puisque le jeune homme ne répondait absolument pas à la question de son père. Il n’allait pas aimer… mais en même temps, si Harry répondait sincèrement à son géniteur, il n’allait pas aimer non plus. Donc, dans tous les cas, cette conversation se présageait très compliqué. Au fond de lui, son autre lui, celui que l’homme sous ses yeux avait créé, grondait. Le Hobgoblin avait envie d’affronter son créateur, lui montrer qu’il était le plus fort. Et forcément, le fait qu’il sache maintenant que son pire ennemi était Peter Parker, il pensait avoir une longueur d’avance. Mais en même temps, Harry ne voulait pas penser comme ça, il ne voulait pas devenir comme son père.
« Tu es rentré tôt toi. »
Ajouta-t-il alors, dans le seul but de provoquer un peu plus son géniteur. Pourquoi ? Juste comme ça, il n’y pouvait rien. Ces derniers temps, il ne se sentait vraiment pas d’humeur à se montrer conciliant. Même s’il se doutait d’avance que ça n’allait pas plaire à son père. Ce qu’il cherchait en fait, même si une part de lui n’avait aucune envie de se disputer avec lui.
arry se contenta d'une réponse pour le moins neutre à son adresse, neutre au sens où elle pouvait vouloir tout et rien dire en même temps, quand il affirma qu'il était sorti. Bien sûr que cette précision était inutile. S'il n'était pas chez eux, c'était bien qu'il était sorti, c'était on ne peut plus logique. Ce qu'il avait voulu savoir, c'est d'où son fils revenait, ce dernier le savait certainement, mais en toute effronterie, il se refusait à lui répondre. Soit. Le chef d'entreprise aurait peut-être insisté davantage s'il avait décidé de jouer les pères soucieux et autoritaires sans occasion particulière, mais il avait en l'occurrence autre chose à l'esprit, et son intention n'était par conséquent pas tant de se renseigner sur ses dernières sorties (même si la réponse qu'il pourrait lui fournir avait, il en était certain, de fortes chances de lui déplaire - il se doutait d'ailleurs que Gwen Stacy pouvait être derrière tout cela, mais pour une fois ou en tout cas pour l'instant, il n'allait pas essayer) que d'en venir aux faits qui l'intéressaient réellement. Harry et lui avaient des choses à se dire, et le PDG d'Oscorp n'avait pas l'intention de passer par quatre chemins pour les lui révéler. Le jeune homme lui fit remarquer que si lui revenait tard, son père, pour sa part, était là bien plus tôt que d'habitude. Norman ne pouvait ignorer, bien sûr, le reproche qui transperçait dans cette remarque, mais il fit abstraction malgré tout. C'était de la pure provocation, pour lui signifier qu'il n'était jamais présent pour lui, qu'il était un père absent qui, par conséquent, n'avait pas vraiment son mot à dire sur ses escapades hors de la maison. C'était vrai, et il était désagréable pour Norman d'entendre son fils lui rappeler combien il était un père indigne, mais les états d'âme, s'il devait y en avoir, attendrait, et l'homme préféra balayer la remarque de Harry d'un revers de manche avant de lui répondre, très posément.
-Je t'attendais, répondit-il alors pour bien lui faire comprendre que s'il était présent, ce n'était pas le fait du hasard, et qu'il avait des choses à lui dire, directement. Il le jaugeait depuis ses yeux glacials, preuve qu'il n'avait pas spécialement l'intention de le ménager. Même si, quelque part, Harry devait être pour le moins habitué. Norman l'observait bien rarement avec fierté ou ne serait-ce que de la considération. Et pourtant, aussi incroyable cela pouvait-il bien paraître, Norman affectionnait sincèrement son fils, même quand il prenait le soin de lui mettre des bâtons dans les roues. J'ai reçu de la visite à mon bureau, aujourd'hui, ajouta-t-il alors, très détaché. S'il fallait qu'il s'emporte ou se mette en colère, il le ferait plus tard. Des super-héros de pacotille, Hit-Girl et Kick-Ass, je crois bien. Tu les connais ?
Harry observa le regard glacial de son père, sans grande surprise. Le jeune homme avait l’habitude de ce genre de regard à son égard. Cependant, il y avait une chose dont il n’avait pas vraiment l’habitude, c’était qu’il l’attendait. Le jeune homme n’était pas idiot au point de croire que ça allait changer grand-chose, qu’il allait y avoir un revirement de situation et que le grand Norman Osborn alias le Bouffon Vert allait lui annoncer de but en blanc qu’il avait l’intention de passer plus de temps en sa compagnie et qu’il regrettait son attitude. Le jeune homme n’était pas à ce stade donc, il attendait par conséquence de savoir ce qu’il avait (encore) fait pour décevoir son géniteur. Si autrefois, Harry avait eu tendance à se rabaisser constamment devant son père, le jeune homme devait bien avouer que maintenant, les choses étaient un peu différentes depuis qu’il était le Hobgoblin. Le jeune homme ne voulait pas entièrement se rabaisser, courber l’échine, parce qu’il avait envie de prouver qu’il était quelqu’un de fort, quelqu’un de puissant. L’autre en lui avait envie de montrer qu’il valait bien mieux que son créateur, même si Harry en lui-même mourrait d’envie de se terrer dans un coin. Mais il prenait un peu plus confiance en lui, du moins il en avait l’impression. Il ne savait plus vraiment si ce qu’il ressentait venait de lui-même, ou s’il venait de son double. A force, le jeune homme se rendait quand même de plus en plus compte que se sensations et ses sentiments se mêlaient énormément avec son double… ce qui ne manquait pas de lui faire peur.
Norman affirma alors qu’il avait reçu de la visite aujourd’hui dans son bureau. Harry fronça des sourcils, se demandant en quoi cela pouvait bien le concerner (puisque cela le concernait sans doute), jusqu’à ce qu’il entende le nom de Hit Girl et de Kick-Ass. Donc, Mindy s’était rendue dans le bureau de son géniteur et elle s’était faite voir. Harry ne savait pas vraiment s’il devait apprécier la nouvelle ou non… il appréciait qu’elle se donne à ce point du mal pour le sauver, même s’il commençait sérieusement à douter du fait qu’un antidote puisse exister. Mais en même temps, au fond de lui, et c’était surement le Hobgoblin qui parlait, il aurait préféré qu’ils ne se fassent pas voir par son père.
« C’est possible. » Répondit-il alors, décidant encore une fois de répondre vaguement à la question de son géniteur. Le jeune homme n’avait pas pour habitude de se montrer effronté si directement avec son père, mais ces derniers temps il n’était plus lui-même. « J’ai dû les croiser une fois ou deux lors de mes sorties nocturnes. »
Et Harry laissait à son père le soin de comprendre ce qu’il entendait par sortie nocturne, quand bien même cette formulation n’était pas tout à fait exacte puisque le jeune homme sortait parfois son costume du Hobgoblin en plein jour. Mais bon, il osait quand même croire que son géniteur allait le comprendre.
a désinvolture et l'insolence dont faisait preuve Harry plaisaient et déplaisaient en même temps à Norman. Ce dernier l'avait cherché, il faut le dire, alors il ne pouvait pas être complètement réfractaire à l'aplomb avec lequel son fils unique osait à présent user de répartie pour lui témoigner très clairement son mépris et/ou son agacement. Tout cela, cette assurance nouvelle, Harry pourrait bien le nier, c'était tout de même un fait qu'il la devait au Hobgoblin, au sérum que son psychopathe de géniteur avait injecté dans ses veines, et en constater les effets au quotidien était donc, pour le chef d'entreprise, une source de satisfaction et de fierté, car cela voulait dire que la situation prenait la mesure de ses ambitions. Mais d'un autre côté, il ne prenait pas la peine de se montrer réellement heureux de la réponse du jeune homme, car en l'occurrence, cette situation était bien loin de lui plaire. Il tenait à ce que Harry et le Hobgoblin trouvent un parfait terrain d'entente, comme Norman avait fini par le faire avec ses propres démons, mais pas à ses dépends, et il tenait encore moins à ce que de quelconques super-héros au pied levé ne viennent fouiner dans ses affaires sous sa directive. Norman en avait assez des tergiversations de Harry, il était grande temps que le jeune homme choisisse son camp une bonne fois pour toutes, et ce camp devait être le sien, puisqu'après tout, Norman n'était nul autre que son créateur (ou du moins se plaisait-il à se considérer ainsi). Il garda tout le calme dont il était capable, néanmoins, quand il décida de répondre au jeune homme. Il avait bien l'intention de lui faire perdre toute sa superbe, du moins spontanément. L'arrogance dont il apprenait à faire preuve devait trouver bien meilleur usage que de ne servir qu'au jeune homme. Il les avait croisés une ou deux fois au cours de ses soirées nocturnes... s'il ne s'agissait que de ça, s'il ne s'agissait que d'ennemis qui cherchaient à vaincre le Hobgoblin. Mais ce n'était pas le cas. Cette gamine n'avait pas cherché à vaincre son fils, Norman l'avait très bien compris. Elle avait voulu le sauver. Grossière erreur. Et cette erreur, Norman comptait bien la faire comprendre à son fils.
-Eh bien sois rassuré, tu ne les croiseras plus, se contenta-t-il de répliquer, énigmatique. J'ai réglé le problème.
Ce n'était pas le cas, bien sûr, malheureusement. Le PDG d'Oscorp avait plus d'un cadavre dans son placard, mais deux justicier assassinés dans son propre bureau, ça aurait fait tache. Et au-delà de ça, quoi qu'il en soit. Il devait bien reconnaître ne pas avoir forcément eu l'avantage sur ses deux adversaires (et avoir très sérieusement craint pour sa virilité à un moment donné), mais il voulait surtout invité son interlocuteur à réagir, pour savoir très exactement à quoi s'en tenir, et rectifier le tir, bien sûr.
A une époque, le jeune homme ne se serait vraiment pas permis de répondre de cette manière à son père, de peur d’avoir le droit aux représailles. Mais maintenant, les choses étaient différentes. Le jeune homme avait en réserve beaucoup plus de confiance en lui, beaucoup plus d’arrogance, même s’il se doutait que son paternel n’allait pas apprécier ses paroles. En même temps, le jeune Osborn avait un peu l’habitude de ce cas de figure, parce qu’il savait que son père n’appréciait pas grand-chose venant de sa part. Au fond, le jeune homme en était même arrivé à la conclusion que son père ne l’appréciait pas du tout et il ne cherchait plus vraiment son amour. Enfin, c’était ce qu’il disait, mais en réalité, les choses étaient quand même beaucoup plus compliquées. Enfin, en tout cas, le jeune homme se permettait donc de répondre de la sorte à son père, mais il se doutait que ça n’allait pas forcément le servir. Il n’aimait vraiment pas l’idée que Mindy se soit fait découvrir par son géniteur, alors qu’elle cherchait un moyen de le sauver, puisque c’était ce qu’elle faisait. Harry n’avait aucune envie que son père sache qu’il était prêt à demander de l’aide afin d’obtenir un antidote, afin de ne plus être le monstre que son père avait créé. Même si Norman savait qu’il n’avait aucune envie d’être dans cette position, qu’il ne supportait pas sa nouvelle condition, il n’avait pas besoin de savoir qu’il avait plus ou moins demandé de l’aide à d’autres personnes. Bon, il n’avait pas spécialement eu le choix au fond, parce que Mindy était plus têtue que n’importe qui, mais peu importe.
Harry n’avait donc pas envie de dire à son père ce qu’il en était vraiment, même s’il se doutait que ce dernier n’allait pas être dupe non plus. Norman Osborn avait déjà tout compris de la situation, sinon il ne serait pas ici à lui parler de tout ça. Au contraire, il n’avait aucune raison de lui en parler s’il ne savait pas la vérité, aucune raison de faire l’effort de lui parler. Il savait donc et Harry se doutait qu’il le savait, mais cela ne l’empêcha pas de tomber dans le piège qu’il lui avait tendu. Parce que quand son géniteur affirma qu’il pouvait être rassuré, qu’il ne reverrait plus Hit-Girl et Kick-Ass, le jeune homme sentit son sang ne faire qu’un tour. Il avait réglé le problème ? Cela signifiait quoi ? Malheureusement, Harry avait bien trop peur de la situation, bien trop peur de comprendre. Et rapidement, ce fut la colère qui prit le dessus. Il n’y avait pas besoin de préciser d’où elle venait, ils le savaient tous les eux.
« Qu’est-ce que tu leur as fait ? » Demanda-t-il vivement, avant d’attraper le col de son père. Encore un geste qu’il n’aurait certainement pas fait à une époque non plus. « Dis-moi où ils sont ! »
Autant dire que le jeune homme ne pouvait vraiment plus prétendre qu’il ne connaissait pas personnellement les deux personnes se trouvant sous ces pseudonymes. Même s’il connaissait plus Mindy que son copain.
orman savait que c’était un pari risqué que de prétendre avoir fait quoi que ce soit aux prétendus super-héros qui s’étaient infiltrés dans son bureau, sachant qu’il était fort possible que le jeune homme ait revu l’un ou l’autre entre-temps, auquel cas son stratagème tomberait à l’eau, mais il avait supposé que ce ne serait pas le cas, ne serait-ce que parce que dans ce cas, son fils aurait eu l’air moins surpris d’apprendre que son interlocuteur avait fait la rencontre des deux justiciers, ces derniers lui en auraient parlé. Il avait donc tenté le tout pour le tout dans le but de provoquer une réaction, si possible vive et véhémente, de la part de Harry, et ça ne manqua effectivement pas puisque ce dernier l’attrapa par le col en lui demanda ce qu’il en avait fait et où ils étaient. Ce ne pouvait pas être plus clair, au final : ils étaient bien de mèche, tous les trois. Cela ne surprenait pas le moins du monde le chef d’entreprise, mais il devait bien admettre que, pour une fois, il aurait apprécié s’être trompé, ne serait-ce que pour ne pas avoir cette nouvelle affaire à régler. Même s’il savait que Harry résistait encore autant qu’il le pouvait aux effets du sérum et au Hobgoblin lui-même, sa résistance faiblissait de jour en jour (son attitude présente en donnait plus que clairement la preuve) . Il aurait pensé que, à ce stade, Harry aurait cessé de chercher à tout prix un moyen de se débarrasser du mal qui le rongeait (même si ce n’était pas tant un mal que cela aux yeux de Norman, l’homme considèrerait même cela comme une bénédiction, plus tôt). Il s’était trompé, et maintenant, il allait falloir non seulement qu’il teste la faiblarde loyauté de sa progéniture et qu’il se débarrasse de ces deux satanés gêneurs qui se mêlaient de ce qui ne devait surtout pas les regarder.
-Donc, tu leur a bien demandé de te trouver un antidote, observa-t-il alors calmement, toisant le regard de son fils sans tenter de défaire l’emprise physique de ce dernier sur lui. Il n’avait pas l’intention de se battre avec Harry, du moins pas si ce n’était pas complètement nécessaire, en attendant, il voulait surtout lui remettre les pendules à l’heure, à ce fils qui prenait décidément bien trop de liberté avec ce qu’il faisait dans ce qu’il considérait pourtant être son intérêt, ni plus ni moins. Il ne répondit pas un seul instant aux questions de son fils pour autant, lui laissant le soin de s’imaginer le pire. Tant que le destin des deux justiciers était incertain, Norman avait un moyen de pression sur son fils, et il comptait bien en abuser autant que possible et nécessaire. Je suis déçu… Je t’imaginais plus… avisé, dans le choix de ton entourage, et dans tes choix de vie en règle générale. Il marqua une légère pause avant de reprendre. J’ai bien peur qu’il nous faille… corriger tout cela.
Et il y comptait bien, en réalité, il était temps que Harry comprenne quel était son camp.
Harry savait parfaitement qu’il s’emportait beaucoup trop, qu’il ne devrait pas s’emporter de cette manière normalement. Parce que son père avait quand même le don de le manipuler à sa guise. Et en même temps, en cet instant précis, il n’avait le sentiment qu’il se laissait manipuler. Enfin, comme d’habitude, le jeune homme n’avait aucune idée de ce qu’il était vraiment en train de faire, il se laissait tout simplement emporter par ses émotions, c’était comme ça depuis qu’il était devenu le Hobgoblin. Ses accès de colères étaient nombreuses, surtout quand il était en compagnie de son paternel d’ailleurs. Et puis, il n’avait aucune raison de se retenir en cet instant précis, alors que ce dernier lui apprenait que Mindy ne serait plus un « problème » maintenant. Mais quand son géniteur affirma qu’il avait bel et bien demandé aux super-héros de lui trouver un antidote, Harry comprit tout de même qu’il avait un peu trop dépassé les bornes et qu’il s’était peut-être fait avoir. Il lâcha le col de son père, mais il ne se calma pour autant et il ne savait pas plus ce qui était arrivé à Mindy. L’homme n’avait pas pu inventer le fait que son amie s’était rendu dans son bureau. Il n’aurait pas pu inventer ça, donc elle s’y était bien rendue et donc… Harry ne savait toujours pas ce qui était arrivé. Est-ce qu’elle allait bien ? Visiblement, son père n’avait pas l’intention de lui répondre.
Norman Osborn se contenta d’abord de lui dire qu’il était déçu, comme si c’était vraiment étonnant en soit. Il n’y avait sans doute pas une seule fois où son géniteur n’avait pas été déçu de lui ces dernières années, au court de toute sa vie en fait. Il n’était pas d’accord, avec ses choix d’entourage, avec ses choix de vie en général. Cela lui faisait une belle jambe en soit. En même temps, c’était si l’homme se montrerait soudainement en accord avec ce qu’il faisait qu’il trouverait ça étrange. Ils étaient constamment en confrontation tous les deux.
« Peut-être qu’il est temps que tu arrêtes de me transformer à ton image. » Dit-il finalement, en réponse aux propos de son père, ne revenant même pas sur le fait que Mindy avait été la victime de l’homme. Il y pensait encore, mais il ne revenait pas dessus tout simplement. Sans vraiment savoir pourquoi d’ailleurs. Sans doute parce que ce n’était pas totalement lui qui parlait en cet instant précis. « Je fais mes propres choix, c’est comme ça. » En gros, il était content ou non, il n’ne avait que faire. C’était vrai ? Peut-être pas non, mais Norman n’avait pas besoin de le savoir. Ce qu’il devait savoir, c’était ce qui suivait. « Je suis meilleur que toi. Un jour tu t’en rendras compte. »
Et en cet instant, il n’y avait plus du tout Mindy dans son esprit, mais seulement sa fichue envie d’être supérieur à son créateur. A celui qui tentait de le rendre comme lui, alors qu’il était meilleur que lui.
orman s'était attendu à ce que son fils se rebelle, comme c'était bien souvent le cas dernièrement, ce que le chef d'entreprise considérait, au fond, comme quelque chose de réellement engageant. Il s'était donc attendu à plus de brutalité de sa part, il pensait qu'après l'avoir attrapé par le col, il chercherait peut-être à lui faire plus de mal encore, et mentalement, il s'attendait dors et déjà à devoir se défendre. Il n'en eut guère besoin, pourtant. Harry le relâcha de lui-même et, plutôt que d'insister pour savoir ce qu'il avait bien pu advenir de ses complices, ils s'était concentré sur les derniers propos de son père. Cela aussi, le PDG d'Oscorp se permettait de considérer cela comme des plus encourageant. Ca voulait dire qu'il se préoccupait plus de sa personne et de ce qu'il escomptait devenir, que de ses alliés de fortune qu'il espérait le voir abandonner à leur sort. A dire vrai, Norman espérait même que son fils finisse par leur régler leur compte de lui-même, cette perspective serait nettement satisfaisante. Peut-être devait-il envisager l'une ou l'autre machination pour parvenir à ses fins. C'était à méditer. S'il pouvait croiser de nouveau la route des deux justiciers avant son fils, il considérait que ce serait en tout cas une excellente chose qui ne pourrait que lui être amplement profitable.
Harry lui rétorqua donc qu'il devait arrêter de vouloir façonner son fils à son image. C'était entièrement vrai, il devrait se satisfaire de voir son fils tracer sa propre route, du moment qu'il le faisait brillamment, mais c'était plus fort que lui, Norman voulait quelqu'un pour marcher dans ses pas, quelqu'un qui emprunte la voie pavée d'or qu'il avait élaborée pour sa progéniture. Il voulait que Harry lui succède avec autant de classe que de détermination, il voulait que son fils, même, finisse par lui en être reconnaissant. C'était loin d'être gagné pour l'instant, bien au contraire, mais Norman faisait le choix de se montrer optimiste malgré tout. Harry faisait ses propres choix, il le devait, et ces choix n'étaient malheureusement pas toujours du goût de son père. Quoi qu'il en soit, ce dernier ne changerait rien à sa manière de voir les choses, et s'il devait forcer à nouveau le destin pour que son fils unique suive le même trajet que lui, il le ferait sans l'ombre d'une hésitation.
-Je ne demande qu'à voir ça, répliqua simplement Norman. Pour le moment, tu ne m'as laissé que peu d'occasions de constater autre chose que ta médiocrité. Il ne tient qu'à toi de me prouver que tu vaux mieux que cela. Je serais fier, si tu devais me dépasser, peu importe dans quel domaine, mais pour l'heure, tu es si faible, Harry.
Norman ne mâchait pas ses mots, mais en même temps, c'était le principe, il ne voulait pas ménager la sensibilité de Harry. Il voulait le faire réagir.
C’était tout à fait le genre de conversation difficile pour Harry. En même temps, la plupart des discussions qu’il avait avec son père était un moment difficile à passer pour lui. Parce qu’au final, son géniteur ne faisait que lui rappeler encore et encore, qu’il considérait qu’il n’était pas assez digne de lui. Alors que justement, Harry depuis toujours cherchait à être digne de son père. Même si maintenant, il ne le disait plus vraiment, il ne l’assumait plus tellement, le jeune homme cherchait encore toujours la reconnaissance de son père, il cherchait à le rendre fier. Et c’était quelque chose de vraiment difficile, parce que Norman Osborn posait vraiment la barre très haute. Et d’ailleurs, il ne manqua pas de le dire, de préciser qu’il n’avait aucune raison d’être fier de lui. Harry serra des dents au fur et à mesure que son père parlait, alors qu’il l’entendait lui dire qu’il n’avait que constaté sa médiocrité, qu’il était si faible. Harry ne supportait pas ça, il le supportait encore moins d’ailleurs. Et alors qu’il avait lâché le col de son père précédemment, le jeune homme avait bien envie de lui envoyer son poing dans la figure. Harry savait parfaitement d’où cette violence venait, d’où cette envie de le fracassait lui venait. Autrefois, il se serait simplement contenté de prendre sur lui, de se rabaisser, de se cacher même… aujourd’hui, il sentait le besoin de s’affirmer. Quand bien même, il tentait de se contenir un minimum. Parce qu’il savait d’où cela lui venait, il n’avait aucune envie de se laisser aller, de le laisser prendre toute la place. Celui que son père avait créé, sans lui demander son avis.
« Je ne suis pas faible ! » Rétorqua-t-il finalement, en serrant des dents, serrant des poings aussi. Il ne voulait pas exploser, mais quand même. Il en avait assez d’entendre son père lui dire qu’il était faible, il en avait assez d’entendre son créateur le rabaisser encore et encore. « Je vaux mieux que toi. » Ça, ça restait quand même un peu à prouver, mais quand même. Il ne pouvait pas s’empêcher de le dire et d’ailleurs, il avait bien envie de lui prouver. « Parce que contraire à toi, je vais en terminer avec Spider-Man. » Pourquoi ça venait soudainement sur le tapis ça ? Sans doute parce qu’il ne pouvait pas s’empêcher de penser à lui, surtout que c’était quand même un peu son ennemi juré, ainsi qu’à celui de son père. Le super-héros que même le Bouffon Vert ne parvenait pas à faire tomber. « Je suis bien plus fort que toi et je fais ce que tu n’as jamais réussi. »
Le jeune homme ne pouvait pas s’empêcher d’avoir envie de vexer son père. C’était sans doute idiot, mais c’était comme ça. Il avait envie que son père ressente la même chose que lui, il avait envie, pour une fois, de prendre le dessus. Ce qui était quand même loin d’être évident. Mais qui ne tente rien n’a rien.
es propos de Norman faisaient manifestement leur petit effet, et le PDG d'Oscorp prenait plaisir à le constater. Ce n'était pas pour rien, qu'il rabaissait constamment son fils, ce n'était pas pour le plaisir de l'humilier (sauf dans les occasions où il le décevait vraiment beaucoup trop, et il est tout de même vrai, en l'occurrence, que le choix qu'avait fait son fils de faire appel à des justiciers de seconde zone pour le débarrasser du hobgoblin ne l'avait pas réjoui un seul instant), pas uniquement du moins, c'était dans le but de le faire réagir, afin qu'il devienne enfin cet homme qu'il l'espérait voir devenir, un homme dont il pourrait être fier, un homme qui saurait dignement prendre sa suite, qui ne se contenterait pas de l'égaler, mais qui le dépasserait. Non, Norman n'en prendrait pas ombrage, si Harry devait finir par le dépasser, et il était bien le seul être humain qui pouvait se targuer de ce traitement de faveur. Norman aimait à se sentir supérieur, c'était un fait, mais avec Harry, c'était autre chose, il était son fils, il était sa création et en même temps la personne qui comptait le plus au monde pour lui. C'est sûr, c'était loin de se voir au premier coup d'oeil, mais c'était pourtant le cas. Et tout ce qu'il faisait vis-à-vis de lui, tout ce que Harry prenait pour des attaques personnelles, n'étaient jamais que des initiatives, des invitations, pour que le jeune homme s'accomplisse et se transcende. Il en était loin encore malheureusement, aux yeux de Norman, mais il voyait des améliorations, malgré tout.
Ne serait-ce que dans la réponse de son interlocuteur. Il n'y a pas si longtemps, jamais il ne lui aurait répondu de la sorte, il n'aurait pas même osé lui tenir tête. Aujourd'hui, c'était différent, et Norman s'en réjouissait. Qu'importe que cette agressivité soit pour l'instant orientée contre lui, ce n'était qu'une première étape, en attendant, Harry ressemblait un peu plus à ce qu'il voulait qu'il soit... Encore faudrait-il qu'il se détache de cette absurde manie de vouloir se débarrasser de son double, avec lequel il devait apprendre ne faire qu'un, tout comme Norman avait appris à le faire avant lui.
-Tu ne comprends donc pas, répliqua-t-il posément, c'est justement ce que j'attends de toi, Harry, que tu vailles mieux que moi. Mais pas forcément au sens où on pouvait l'entendre, en étant plus humain, par exemple... mais manifestement, ce n'était pas non plus la manière dont Harry entendait les choses, puisque loin de faire valoir son humanité, il parla d'en finir avec Spider-Man. Cette conviction soudaine de la part de son fils intrigua quelque peu Norman, il est vrai. Je doute, cependant que tu réussisses ce que tu avances. Si tu devais enfin nous débarrasser de l'araignée, je ne saurais être plus fier de toi, mais je doute que tu puisses en être capable. Pas encore. Pas tout seul, du moins.
Est-ce qu'Harry avait sincèrement envie d'en finir avec Spider-Man ? Il n'y avait pas si longtemps que cela, le jeune homme se serait lui même offusqué de telles paroles, alors qu'il les prononçait lui même aujourd'hui. Parce que force lui était constaté qu'il en avait bel et bien envie aujourd'hui. Oh, le jeune homme savait parfaitement d'où cela lui venait, il savait que c'était le Hobgoblin qui parlait à sa place, il savait que c'était son double qui prenait le dessus. Et en même temps, il ne s'était jamais autant sentit aussi lui même que maintenant. Oui, il se rendait de plus en plus compte que son double et lui faisaient de plus en plus un. Qu'Harry pensait comme la création de son père, qu'il le laissait plus sortir. Ce n'était pas tout le temps bien sûr, quand il se trouvait avec Gwen par exemple (parce qu'elle était l'exemple parfait), il se sentait plus humain que jamais. Mais quand il était avec son père – ce qui arrivait quand même moins souvent – c'était une toute autre histoire. En cet instant précis, le jeune homme savait parfaitement que son double était plus présent, qu'il était de moins en moins humain. Et quand il affirmait à son géniteur qu'il allait tuer Spider-Man pour lui prouver qu'il était bien plus fort que lui, qu'il valait mieux que lui, il le pensait.
Les propos de son père le surpris cependant, quand il lui affirma que c'était justement ce qu'il attendait de lui, qu'il voulait qu'il vaille mieux que lui. Par principe, le jeune homme ne pouvait pas trop croire les propos de son géniteur, mais ça c'était parce qu'il avait bien trop l'habitude de se méfier de ce qu'il pouvait bien lui raconter. Encore plus depuis que le chef d'entreprise lui avait injecté, sans qu'il n'ait son mot à dire, un sérum qui le changeait en monstre. Harry ne répondit rien, mais quand Norman reprit la parole pour dire qu'il ne croyait pas qu'il puisse les débarrasser de l'araignée, il sentit de nouveau son envie de faire ses preuves prendre le dessus. Surtout quand l'homme précisa qu'il serait fier de lui s'il devait les débarrasser de leur ennemi commun. Un ennemi, Spider-Man était un ennemi en effet. Harry disparaissait complètement en cet situation, parce qu'il obtenait presque ce qu'il avait toujours cherché de son père. Sa fierté, il serait fier de lui s'il les débarrassait de Spider-Man... alors il allait le tuer. Et au fond, l'idée de voir Peter disparaître complètement du monde des vivants, ça avait d'autres avantages. Harry ne pouvait qu'avoir envie de voir partir son ennemi dans de nombreux domaine.
« Je te le prouverais alors. » Lui dit-il plein de conviction. S'il fallait qu'il les débarrasse de Spider-Man pour obtenir la fierté de son géniteur, alors il allait le faire. Harry se mit à sourire d'ailleurs, d'un sourire qui n'avait sans doute rien d'humain. Ce sourire que son interlocuteur avait créé en le créant. « Est-ce que le grand Bouffon Vert connaît l'identité sous le masque de l'araignée ? » Il marqua une pause avant de reprendre. « Moi oui. »
Harry n'avait plus du tout la même conscience, parce qu'il n'aurait jamais trahi Gwen normalement. Ce qu'il venait de faire.
orman se contenta d'afficher un sourire quand son interlocuteur lui affirma qu'il lui prouverait qu'il valait mieux que lui et qu'il pourrait très bien réduire au silence l'homme-araignée à lui tout seul. C'était dans cet esprit-là qu'il avait envie de voir et de reconnaître son fils. De toute évidence, Harry ne s'en rendait pas contre, dominé qu'il l'était par son double, avec lequel il était en train de se confondre, mais il était en train de devenir exactement ce que son père voulait qu'il devienne, et tout en criant haut et fort qu'il s'opposait à lui. C'était parfait ainsi, cette volonté de rébellion était sans doute indispensable à la métamorphose de Harry. Et quand, enfin, il aurait compris et accepterait tout ce que son père faisait pour lui, alors leurs relations se détendraient, il le remercierait, et ils pourraient enfin accéder à cette relation père-fils qui leur semblait jusque-là interdite. Oui, il attendait de voir, tout simplement, et il espérait bien être agréablement surpris par les actions de son fils... Même s'il continuait de trouver présomptueux et suicidaire de vouloir s'attaquer à Spider-Man seul. Norman, lui, avait fini par se faire une raison et avait compris que l'union, dans ce cas spécifique, devrait faire la force, et que pour se débarrasser de l'ennemi, il faudrait s'unir à d'autres super-vilains. Mais pour l'heure, il laissait son fils aller jusqu'au bout de ses illusions, ne serait-ce que parce qu'il était curieux d'entendre ce qu'il avait exactement à l'esprit, s'il avait bien quelque chose à l'esprit. Mais il pariait que oui. Le jeune homme semblait bien trop fier de lui pour que ce ne soit qu'un pur hasard. Il devait y avoir autre chose, au-delà de la flagornerie de son ego blessé. Et effectivement, il ne fut pas déçu.
Harry connaissait l'identité secrète de Spider-Man. Norman aurait pu remettre en doute le propos du jeune homme, mais il ne le fit pas, car il était convaincu, en cet instant, que son interlocuteur lui disait la vérité. Harry savait qui était l'homme sous le masque. Impossible, dès lors, de ne pas vouloir en apprendre plus ? Mais il sentait d'avance que son fils n'allait pas manquer de le faire mariner, s'il décidait seulement de lui lâcher l'information. Bah ! Si Harry choisissait de se taire, Norman trouverait bien une manière de le faire parler. Il suffisait pour cela du bon moyen de pression, et il en connaissait plus d'un. Mais pour le moment, il allait se contenter de faire ce qui semblait être le plus simple, l'interroger, tout simplement.
-Je suis impressionné, admit-il alors simplement, ce qui était d'ailleurs le cas. Du moins si Harry ne se trompait pas. Je suppose que tu n'as pas l'intention de m'en dire plus.
Le sourire d'Harry s'agrandit quand il entendit son père lui dire qu'il était impressionné. C'était sans doute idiot, mais ces simples mots avait le don de lui mettre du baume au cœur et de lui permettre d'oublier le fait qu'il venait de trahir celle qu'il aimait. Parce que quand Gwen avait décidé de lui révéler la vérité sur Peter, elle lui avait fait confiance. Autant dire, qu'il venait de trahir cette confiance. Mais tout cela n'était pas important, parce qu'il cherchait à montrer à son père qu'il était digne, qu'il avait de bonne raison d'être fier de lui. En tout cas, pour l'heure, l'homme affirma qu'il était impressionné et même si ce n'était pas grand chose – en soit – c'était quand même énorme pour le jeune homme. Il ne se rappelait pas de la dernière fois où son géniteur lui avait dit ça, il ne savait même pas si c'était déjà arrivé un jour. Est-ce qu'il devait tuer Peter pour avoir vraiment la fierté de son père, pour que ce dernier continue de l'observer ainsi, de lui apporter son intérêt ? Apparemment... est-ce qu'il allait le faire ? La question ne se posait pas vraiment dans son esprit en cet instant. C'était bien le plus malheureux. Il était vraiment prêt à tuer Spider-Man alors qu'il savait qui était sous le masque, en sachant parfaitement qui il était. Et peut-être pas seulement parce qu'il était son ennemi juré et que par de trop nombreuses fois, il l'avait humilié. Mais aussi parce qu'il avait envie de le voir disparaître de son paysage.
« Cela dépend. » Reprit Harry, de nouveau avec cette affrond qu'il ne se connaissait pas autrefois, avant que son père ne lui injecte ce sérum. Il avait bien envie de marchander avec son père effectivement, parce qu'en un sens le jeune homme avait surtout envie de lui dire, de prouver à Norman qu'il avait bien le nom de Spider-Man. Sauf qu'il n'avait aucune envie de le faire gratuitement bien sûr. « Je veux bien te dire son nom, je veux bien m'associer à toi pour le détruire aussi. » Ce n'était pas ce qu'il avait sous entendu tout à l'heure, qu'ils devaient faire équipe pour y arriver ? Évidemment, Harry n'imaginait pas que son père puisse penser que d'autre super-vilain seraient utiles aussi. « Mais à une condition. » Il ne savait pas si son père allait accepter, mais en même temps il espérait quand même qu'ils allaient pouvoir trouver un terrain d'entente. A choisir, le Hobgoblin (puisqu'il était évident que le jeune homme était plus vilain qu'humain en cet instant) avait vraiment envie de trouver un arrangement avec son créateur. « Tu arrêtes de t'opposer à ce que je vois Gwen. »
Mais Harry n'était jamais loin, il était même de moins en moins loin. Est-ce que c'était le Hobgoblin ou Harry là ? Les deux en fait. Et c'était justement ce que Norman Osborn espérait non ? Harry ne se préoccupait plus de ses amis qui avaient rencontré son père, il ne se préoccupait plus de Peter. Mais il n'avait pas l'intention de renoncer Gwen. Et justement, ce qu'il ressentait pour elle était une force, une force qui allait lui donner le courage d'en finir avec l'arraignée.
orman ne fut pas réellement surpris d'entendre son fils avancer ses conditions, il avait compris dès l'instant où son interlocuteur lui avait révélé qu'il connaissait la véritable identité de Spider-Man qu'il ne la lui avouerait pas sans contrepartie, il s'y attendait donc, il demandait seulement à savoir laquelle. Quoi qu'il en soit, le discours premier du jeune homme était particulièrement engageant. Il affirmait non seulement être près à lui apprendre le véritable nom de l'homme-araignée (ce qu'il aurait entièrement pu lui refuser), mais en plus il acceptait de collaborer afin de l'anéantir. Tant mieux, ce n'était pas parce qu'il se laissait dominer par le Hobgoblin qu'il devait perdre dans la foulée tout sens pratique, seul, il ne serait arrivé à rien. Le chef d'entreprise s'abstint tout de même difficilement de faire remarquer que, quelques instants avant, Harry affirmait qu'il pourrait très bien se débrouiller par lui-même sans la moindre difficulté et qu'il réussirait là où le bouffon vert avait échoué, bref, sans l'aide de son père. Ce n'était pas le moment de blesser l'égo de son fils, au contraire, c'était plutôt le moment de le flatter, surtout si, en contrepartie, il pouvait enfin obtenir le nom de son ennemi juré. Une fois cette information à sa disposition, réduire Spider-Man au silence serait un jeu d'enfant, une fois associé à tous les esprits criminels qui en avaient après cette vermine, il ne faudrait plus longtemps pour qu'elle ne puisse tisser sa toile nulle part. Donc en bref, Norman préférait se taire et attendre de savoir qu'elle serait le prix que lui ferait payer son fils pour lui communiquer ce nom et ce prénom si précieux. Et au final, le jeune homme ne demandait pas grand-chose.
Gwen Stacy. Décidément, il devait y tenir, à cette gamine, pour en arriver là, au point même qu'elle restait au coeur de leur conversation à un instant où Harry n'avait de toute évidence que peu de contrôle et où le Hobgoblin dominait (quoique c'était la preuve que les deux commençaient à vivre en bonne entente, et pour Norman, ce ne pouvait être qu'une excellente chose). Il voulait donc qu'il lui laisse revoir cette fille. Bon. En soi, Norman avait surtout imposé cet interdit à Harry pour lui éviter toute distraction inutile. Le laisser revoir la jeune femme comportait bien sûr le risque de réveiller une trop grande part d'humanité en lui, mais le sérum semblait s'être suffisamment bien disséminé dans chacune des fibres de son corps à présent pour que ça ne pose finalement pas grand problème. Bref, en soi, ce n'était qu'une bien maigre contrepartie pour ce qu'il allait obtenir en retour. En définitive, oui, Harry aurait franchement pu lui demander plus, beaucoup plus que cela. Mais soit, si c'était tout ce qu'il désirait.
-Très bien, comme tu voudras, concéda-t-il donc finalement.
C’était la seule chose qu’il avait envie. Harry ne se gêné pas pour voir Gwen dans tous les cas, mais à choisir il n’avait aucune envie de le faire dans le dos de son géniteur. Non pas que ça change grand-chose, mais juste il ne voulait pas que cela lui retombe dessus, ou retombe sur Gwen. En cet instant précis, le jeune homme avait donc le sentiment d’avoir l’avantage et il pensait forcément au fait qu’il pouvait obtenir ce qu’il voulait de son père. Norman aurait forcément envie de connaître l’identité sous le masque de l’araignée, alors autant en profiter. Sauf qu’en réalité, Harry ne se rendait pas compte qu’il aurait pu demander bien plus. Pourquoi ? Parce que sans doute qu’il ne voulait simplement pas plus. C’était aussi simple que cela, pouvoir passer du temps avec Gwen Stacy était la seule chose qui l’importait. Et ce n’était pas seulement Harry qui le voulait, c’était tout son être, y compris le monstre qui s’était logé en lui après que son très cher père ait glissé son sérum dans ses veines. Gwen était la personne capable de tirer le meilleur, comme le pire de la part du jeune homme. Pour elle, à cause d’elle, il était capable de tout. Preuve en était du fait qu’il continuait de la voir, qu’il l’aimait toujours autant, qu’il ne cherchait pas à s’éloigner d’elle, alors qu’il avait tué son père. Et preuve en était qu’afin de pouvoir officiellement passer du temps en sa compagnie, sans que son père n’ait quelque chose à en redire, il était prêt à trahir sa confiance. Gwen s’était confiée à lui en lui révélant le secret de Parker, elle avait eu confiance en lui. Mais lui… il se contentait simplement de tout déballer dans le seul but de pouvoir passer du temps avec elle sans que Norman ne vienne le lui reprocher. Et alors qu’il devrait normalement se soucier du sort de Mindy et de son copain… il n’en était rien. Le jeune homme ne pensait qu’à une chose, avoir le dessus sur son père et pouvoir être avec Gwen.
Ce dernier accepta, il se contenta d’un simple très bien. Harry ne savait pas vraiment si cela lui demandait beaucoup d’effort ou pas, mais il le faisait. Le jeune homme ne s’empêcha pas d’afficher un sourire, un grand sourire même. De ceux qu’il avait trop tendance à afficher à certain moment, quand il perdait vraiment le contrôle. En cet instant précis, il avait le sentiment d’avoir gagné de l’avance sur son géniteur (de plusieurs manières, parce qu’il était son fils et sa création en même temps).
« Parfait. » Dit-il donc, dans un premier temps, avant de planter son regard dans les yeux de son père. Il pouvait très bien mettre en doute ses paroles, mais Harry osait croire que son père était un homme d’honneur quand même. Comme il l’était lui, il n’avait aucune raison de ne pas concevoir de donner l’information maintenant. « Spider-Man n’est autre que Peter Parker. »
orman considérait que le marché qu'il était en train de passer avec son fils était plus que raisonnable et moins qu'équitable, il avait réellement le sentiment d'y gagner au change, dans ces circonstances. Certes, il n'avait pas interdit à Harry de voir Gwen pour rien, il n'était pas convaincu de l'influence qu'elle avait sur lui, mais qu'il la côtoie de nouveau n'avait rien de grave en soi. Cela aurait sans doute été plus dérangeant il y a quelques mois de cela, mais Harry avait changé. Son comportement avait changé, sa relation au Hobgoblin avait changé... s'il devait voir Gwen, maintenant, Norman ne pensait pas qu'elle mettrait un frein à ses ambitions... Et il était loin d'imaginer à quel point il avait raison à ce point de vue. En effet, l'influence que Gwen aurait sur Harry dorénavant serait certes nocive pour le jeune homme, mais dans le bon sens pour son père. Norman ne pensait pas perdre quoi que ce soit au change, et l'avenir lui prouverait qu'il avait plus que raison. Sur l'instant, le chef d'entreprise songea que son interlocuteur allait sans doute lui en demander davantage et n'en avait peut-être pas fini avec ses revendications. Mais ce ne fut pas le cas, pouvoir revoir son amie (dont il devait être décidément fou amoureux) était la seule chose qu'il demandait en échange de ses confidences. D'ailleurs, il ne tarda pas à lâcher le morceau et à apprendre la véritable identité de l'homme-araignée, une information qui changerait tout, et qui faciliterait de très loin les choses, puisqu'il serait donc donné aux super-vilains d'attaquer leur nemesis quand celui-ci s'y attendrait le moins, quand rien ne l'y préparerait, et quand il ne serait pas paré de tout son attirail de justicier.
Il s'agissait donc de Peter Parker. La nouvelle décocha un sourire à Norman, à la fois triomphal et un rien amer. Il songeait aux fois où il l'avait eu à sa merci et au cours desquels il n'avait guère su en profiter, comme cette fois où il était venu à cet endroit-même. Les choses se seraient passées bien différemment s'il avait eu la main sur cette information, à l'époque. Mais à présent, il savait, et il ne manquerait pas de tirer le meilleur parti de cette information. En tout cas, le fait que l'ennemi soit un jeune homme de leur connaissance allait de très loin leur faciliter la tâche.
-J'aurais dû le deviner, déclara-t-il alors. Mais il n'avait rien soupçonné. Le photographe officiel de Spider-Man était Spider-Man lui-même, au fond, c'était particulièrement logique. Comment l'as-tu découvert ?
Non pas que cette dernière information soit en elle-même primordiale, mais Norman était curieux de le découvrir.
Voir son père afficher un sourire en réponse aux propos qu’il venait de tenir, avait quand même le don de ravir Harry. Alors qu’en soit, ce n’était rien, il ne devrait sans doute même pas s’en réjouir, mais il appréciait ça. Il appréciait de faire apparaître un sourire sur le visage de son paternel, prenant cela un peu comme un pas vers lui. Comme une fierté quelconque. Ce n’était pas pour rien que le jeune homme se retrouvait à parler de l’identité de Peter, alors qu’il avait promis à sa meilleure amie (et accessoirement la fille qu’il aimait) de ne jamais en parler. Alors qu’il venait d’apprendre que Mindy s’était retrouvée dans le bureau de son père et qu’ils s’étaient affrontés, sans qu’il ne se préoccupe plus que cela de son sort. Son père avait toujours eu une grande influence sur sa vie, encore plus maintenant qu’avant même. Parce qu’il cherchait constamment son approbation. Et en cet instant précis, il avait vraiment l’impression de parvenir à ses fins, de rendre son père fier de lui. Même si, en soit, ce n’était pas grand-chose non plus. Quand bien même, connaître le nom de la personne qui s’était retrouvé naturellement comme leur ennemi, ça ne pouvait que leur apporter des avantages.
Norman Osborn affirma alors qu’il aurait dû s’en douter. Harry ne savait pas vraiment s’il aurait pu le deviner en réalité. De son côté, en tout cas, le jeune homme n’avait rien vu venir, alors qu’il avait quand même côtoyé Peter au lycée. Avant qu’il ne soit Spider-Man, depuis qu’il l’était, avant qu’il ne soit le Hobgoblin et après aussi, et pourtant, il n’avait rien vu venir. Même si, en réalité, il y avait eu quelques indices. Une sensation particulière à l’approche de Peter, ce qui s’était passé quand il avait fait un malaise. Et puis, il y avait le fait que Peter arrive à prendre des photos aussi bien de Spider-Man. Oui, bon, il aurait pu s’en douter. Le jeune homme afficha un nouveau sourire quand son père lui demanda comment il l’avait découvert.
« J’ai mes sources. » Affirma-t-il alors, ne manquant pas de faire preuve d’un certain effrontément envers son père. Parce qu’il ne pouvait pas s’empêcher, parce qu’il savait aussi qu’il pouvait se permettre de le faire maintenant.
En tout cas, en cet instant précis, le jeune homme n’avait aucune intention de révéler à son père comment il avait découvert que Peter était Spider-Man. En soit, ce n’était pas que parce qu’il voulait affronter son paternel et qu’il cherchait, donc, à s’opposer à lui et avoir une certaine maîtrise (qu’il n’avait pas en réalité). Il ne voulait surtout pas dire à l’homme que c’était Gwen qui lui avait appris tout ça. Parce qu’en un sens, il n’avait pas l’autorisation de voir Gwen avant maintenant et qu’il ne voulait pas que son paternel revienne sur sa parole. Mais surtout, il ne voulait pas la mettre au milieu de leur histoire, de l’intégrer dans ce qui rapprochait maintenant le père et le fils.
e chef d'entreprise savait pertinemment qu'avoir obtenu de la part de son fils une information aussi cruciale que celle qu'il venait d'apprendre était déjà beaucoup, et qu'il ne fallait pas en exiger davantage. Mais il avait tout de même osé se montrer gourmand en information. Qui sait, peut-être Harry accepterait-il de lui répondre ? Mais non, le jeune homme décida de ne pas lui en révéler plus, et se contenta d'un "J'ai mes sources" qui pouvaient bien vouloir tout et rien dire... soit.. Norman savait pertinemment que s'il insistait trop lourdement, il n'aboutirait à aucun résultat et ne ferait que braquer un peu plus sa progéniture. Et il trouverait ça plus que dommage au vu des circonstances. La situation jouait en leur faveur, et cette information cruciale partagée leur offrait un semblant de complicité qui ne liait le père et le fils que beaucoup trop rarement, alors il ne fallait pas gâcher ce moment privilégié, faire au mieux pour le préserver, en tout cas. Il pouvait bien attendre, de fait, il n'avait pas la nécessité de savoir immédiatement de quelle manière son interlocuteur s'y était pris pour découvrir l'identité véritable de leur némésis, mais il comptait quand même lui faire comprendre que ce n'était pas sans importance. Ils avaient encore du chemin à faire, mais le jour viendrait où ils feraient équipe ensemble, il était donc temps d'apprendre à se faire confiance. Mais il y avait encore beaucoup de chemin à parcourir avant cela. Vraiment beaucoup. Peut-être même trop. Raison pour laquelle lui aussi devait apprendre à mettre de l'eau dans son vin. Il y avait tant d'animosité, tant de rancoeur contenue dans leur relation que ça ne se ferait pas du jour au lendemain, c'est sûr. Mais tout restait possible malgré tout.
-Soit, répondit-il donc, ne dissimulant tout de même qu'à demi sa frustration. J'espère seulement que tes sources sauront rester discrètes et ne partagerons pas l'information avec quelqu'un d'autre. Sans quoi, nous devrons employer les mesures qui s'imposent.
Le PDG d'Oscorp n'avait pas l'intention que cette information précieuse tombe en d'autres mains, en effet. Tant qu'ils n'étaient qu'un nombre restreint à connaître la double identité de l'homme-araignée, ils avaient l'avantage, ils pouvaient parvenir à leurs fins, ils pouvaient bel et bien réussir à le détruire. Mais pour peu qu'ils laissent filer cet avantage, ils perdraient peut-être aussi l'opportunité d'en finir avec leur ennemi. Pour cette raison, il aurait apprécié savoir d'où son fils tenait ses informations, pour s'assurer qu'elles n'étaient pas de nature à être dispersées aux quatre vents, pour s'assurer que leur avantage restait sauf, quoi qu'il advienne. Rien ne pouvait le lui assurer pour le moment, malheureusement... et s'il devait découvrir la vérité, il est évident que cette dernière n'aurait rien du tout pour lui plaire, bien au contraire.
Harry se doutait que son père aurait sans doute préféré qu’il lui dise d’où il tenait l’information, mais ce n’était pas quelque chose que le jeune homme avait l’intention de révéler. Norman savait maintenant que Peter était Spider-Man et rien qu’en lui disant cela, il avait trahi la confiance de Gwen. Sa meilleure amie/petite amie/future ennemie lui avait dit la vérité sur l’identité de Peter en toute confiance, en pensant qu’il allait garder l’information pour lui et simplement parce qu’elle avait besoin de se confier, puisqu’elle souffrait de cette situation. Il n’aurait normalement dû rien dire, comme normalement il devrait s’inquiéter pour le sort de Mindy, mais ce n’était pas le cas… parce qu’en cet instant précis, il voyait naître une certaine complicité avec son père qu’il n’avait pas l’intention de perdre. Ça allait sans doute lui causer des torts un jours, mais pour le moment, il appréciait ça. Il aimait partager tout cela, il aimait l’idée qu’il allait pouvoir détruire Spider-Man avec son père. Parce que c’était un peu ça le but non ? Ils avaient cet ennemi en commun, de par leur nature, ils se rapprochaient donc parce qu’ils seraient forcément plus forts à deux. Et Harry avait envie de détruire Peter. C’était horrible, il ne devrait sans doute pas penser comme ça, mais il n’y pouvait rien.
Harry défia du regard son père, alors qu’il lui affirmait qu’il espérait que sa source n’allait pas répandre l’information, parce que sinon ils allaient devoir prendre des mesures. Ces propos ne pouvaient que confirmer à Harry qu’il était hors de question que Norman soit au courant que c’était Gwen qui lui avait dit la vérité, même si c’était quelque chose qu’il pourrait sans doute deviner par lui-même. Il n’était pas question qu’il laisse son paternel s’en prendre à Gwen. Même si, dans tous les cas, le jeune homme savait que la jeune femme n’allait pas répandre l’information à droite et à gauche, parce que ce n’était pas quelque chose qu’elle aimait avouer. Elle l’avait fait à lui, parce qu’elle avait eu besoin de se confier, mais elle ne l’avait pas fait directement… il avait dû lui tirer les verres du nez.
« Ne t’en fais pas pour ça. »
Assura-t-il alors plein d’assurance, parce qu’il était évidemment hors de question qu’il s’en prenne à la jeune femme. Norman n’allait donc pas savoir que l’information lui venait de Gwen, sachant qu’il se montrait quand même déjà sympathique de lui dire ce qu’il savait sur l’identité de Peter Parker.
« La seule chose qui compte, c’est que je vais nous débarrasser de Spider-Man. Et que je n’ai pas besoin de toi pour ça. »
Bon, d’accord, le jeune homme se montrait clairement trop présomptueux, mais il ne pouvait pas s’empêcher d’avoir envie de défier son père. Sans se rendre compte que la fin était bien plus proche que ce qu’il pensait, que prochainement il allait avoir vraiment besoin de son père et bien plus que ce qu’il ne pouvait un instant imaginer maintenant.
arry avait beau assurer à son père qu'il n'avait pas à s'en faire, ce n'était pas pour autant que le PDG d'Oscorp le prenait au mot. Il avait bien l'intention de se renseigner de lui-même sur la fameuse source qui avait révélé l'information au jeune homme. Il avait bien compris qu'il ne pourrait pas compter sur son fils pour la peine... mais il avait ses propres ressources. Si Harry décidait de se la jouer solo, Norman n'était pas en reste de son côté. En ce qui le concernait, il était totalement convaincu du fait qu'il saurait trouver l'information par lui-même. L'assurance toute neuve de son fils était une bonne chose, très clairement, mais elle nécessitait encore d'être canalisée, c'est une certitude. Oui, il voulait se débarrasser de Spider-man, et cet objectif, qu'ils avaient en commun, était une excellente chose, effectivement, plus qu'excellente, même... Seulement, il voulait le faire seul, et cela, c'était hors de question. Norman ne donnerait clairement pas à sa progéniture la satisfaction de s'en prendre seul à leur pire ennemi. Et par ailleurs, quand bien même ils connaissaient à présent son véritable nom, ce qui forcément leur donnait un avantage certain, ce n'était pas forcément pour autant qu'il serait plus simple de l'affronter seul à seul. Harry avait clairement tout intérêt à compter sur les autres s'il ne voulait pas se prendre un revers de bâton monumental en pleine figure. Norm an lui-même, d'ailleurs, quand bien même il était plutôt de nature égocentrique et égocentré, avait fini par comprendre qu'il ne parviendrait pas à régler le problème seul. C'était pour faire de Harry son égal (voire au-delà de son égal) qu'il avait décidé de lui injecter le sérum à son insu, certes. Mais pas seulement, en vérité.
-Sans moi, tu n'aurais pas les capacités de te confronter à Spider-Man aujourd'hui, répliqua très posément Norman, qui apprécierait tout de même que l'on rende à César ce qui appartenait à César. Si Harry pouvait aujourd'hui se vanter d'être capable de faire face à l'homme-araignée, c'était bien parce que le jeune homme avait bénéficié de ses propres capacités, tout simplement. Mais si c'est ce que tu crois, alors soit, libre à toi de l'affronter seul.
Il se doutait que son fils s'attendait à essuyer un refus de la part de son père, et c'était pour cette raison qu'il ne le lui accorderait pas. Il comptait jouer sur l'incertitude des événements à venir. Soit Harry parviendrait à affronter l'ennemi seul - mais il en doutait tout de même beaucoup -, soit il serait défait, et alors, il aurait retenu sa leçon, il admettrait que Peter Parker n'était pas seulement l'ennemi commun qui saurait les rapprocher... Il était celui qu'ils se devaient d'affronter tous les deux ensemble.
Harry n’avait en réalité par vraiment l’habitude de se montrer à ce point sûr de lui, sauf que bien sûr, les choses étaient quelque peu différentes depuis qu’il avait ce sérum dans les veines. Sa relation avec son père évoluait, parce qu’il avait envie de le surpasser, de lui prouver qu’il était plus fort que lui. Oh, non, il n’en avait que faire d’être à sa hauteur, bien au contraire, il avait envie de voir son père affirmer qu’il était bien plus doué que lui, qu’il valait mieux que lui. Il avait envie que son paternel se rende compte de sa valeur. Même si, bien sûr, le jeune homme ne comprenait pas du tout les sentiments de son père à son égard. Il le voyait comme un enfoiré qui avait envie d’avoir sa vie en main, qui avait l’intention de le garder sous ses fils de marionnette. Parce qu’il avait décidé pour lui de lui injecter le sérum, parce qu’il avait pris sa vie, parce qu’il avait décidé de son destin. Forcément, Harry ne pouvait en aucun cas imaginer que son père cherchait simplement à le rendre à son égal. Il ne comprenait rien du tout non.
Harry fronça des sourcils quand son père lui rappela que sans lui, il ne serait pas à la hauteur pour se confronter à Spider-Man. Le pire, c’était qu’il avait raison, sans lui, il n’aurait pas les pouvoirs qu’il avait présentement et il ne pourrait pas affronter Spider-Man. Sans lui, il n’aurait pas tout ça… sans lui, il ne serait pas un monstre. Cette réflexion eut le don de le ramener légèrement sur terre, alors que le jeune homme se rendait compte de ce qu’il avait dit depuis tout à l’heure, alors qu’il voyait à quel point il faisait passer sa haine pour Parker avant celle qu’il avait pour Norman. Parce qu’il détestait son père, mais il avait quand même envie de lui prouver qu’il était plus fort que lui. Sauf que ça n’avait rien de bon d’être plus fort que lui. Il en oubliait tout, le principale surtout. Pendant un moment, pendant quelques secondes, le jeune homme eut donc le sentiment de redevenir un peu lui-même, de reprendre ses esprits et de laisser cette voix sombre et brutale s’éloigner de son esprit. Avant que Norman Osborn ne reprenne la parole.
Il pensait qu’il allait se contenter de lui dire qu’il ne pouvait pas y arriver, qu’il ne devait pas le faire sans lui, parce qu’il avait le contrôle sur sa vie. Sauf qu’il ne le faisait pas, il lui disait libre à lui d’essayer. Si c’était ce qu’il croyait, s’il pensait qu’il pouvait avoir Spider-Man… alors qu’il le fasse. Forcément, dans ces propos, Harry ne pouvait qu’entendre le fait que son géniteur ne croyait pas une seule seconde au fait qu’il puisse s’en sortir contre Spider-Man, au fait qu’il pouvait leur débarrasser de l’araignée. Il n’en fut pas plus pour que le jeune homme sente le doute de son père et qu’il souhaite juste lui prouver qu’il avait tort.
« Très bien, je te prouverais que j’ai raison. » Affirma-t-il de nouveau hautainement, reprenant du poil de la bête. Laissant le sérum reprendre du poil de la bête.
amais, avant ce jour, Norman 'avait vu son fils faire preuve d'autant de fierté et d'arrogance. Il pourrait chercher à le remettre à sa place, le couvrir de reproches pour tant d'impudence, mais il n'en faisait rien. Il pensait être en train de voir Harry passer une étape, une étape qui le mènerait à ce que Norman attendait qu'il soit, et ce depuis bien longtemps. Ainsi, Harry ne serait pas le seul à être fier, le chef d'entreprise, lui aussi, serait fier de son fils. Mais à ce titre, le jeune homme était encore loin du compte. Il lui restait beaucoup de chemin à faire, mais il était plus que jamais sur la bonne voie, une voie dans laquelle Norman avait la ferme intention de le guider. Mais pour l'heure, Harry devait encore apprendre de ses erreurs. Le véritable contrôle, la véritable souveraineté, on y accédait en acceptant d'admettre la dangerosité de nos ennemis, on gagnait en fierté et en assurance en admettant que la fierté et l'assurance étaient aussi une question, de temps à autre, d'entière remise en question. C'étaient des leçons que Norman énoncerait bien directement à son interlocuteur, mais il savait d'office qu'elles se révéleraient plus impactantes s'il les apprenait de lui-même. Se frotter directement à Spider-Man serait, de fait, un excellent moyen. Pouvait-il être si sûr que cela n'aboutirait pas ? Qu'il n'aurait pas raison de leur ennemi commun ? Non, bien sûr que non, mais les chances du Hobgoblin restaient maigres. Et si, par un quelconque miracle, il réussissait malgré tout ? Eh bien, ils seraient débarrassés de l'ennemi dans tous les cas, ce qui était en soi une excellente chose. Ils verraient. Dans tous les cas, chercher à dissuader Harry ne serait pas la bonne option. Autant le laisser faire, tout simplement.
-J'attends ce moment avec impatience, répondit-il, ce non sans un manifeste soupçon d'ironie. En même temps, Harry ne pourrait pas le croire sincère en la circonstance, même s'il devait réellement l'être. C'était quelque chose qui finirait peut-être par changer, par la suite, et il ne demandait d'ailleurs qu'à ce que cela change, mais l'heure n'était pas encore venue pour cela. Et ce n'était pas grave en soi, Norman savait se montrer patient quand la situation l'exigeait. Je ne voudrais pas te retenir plus longtemps, ajouta-t-il en balayant l'air d'un geste de la main. Ton destin t'attend.
Il pourrait l'exhorter à la prudence, il en avait presque envie, en réalité, car dans l'état où il se trouvait, il pourrait bien prendre des décisions dangereuses, qui pourraient porter atteinte plus ou moins directement à la vie de son fils, et la dernière chose qu'il puisse vouloir, c'était que Harry se mette en danger (qu'on le croie ou non, il tenait à lui). Mais ce dernier ne l'écouterait pas, dans tous les cas.