La peur est le chemin vers le côté obscure : la peur mène à la colère...
S
a casquette fichée sur ses cheveux sombres, engoncée dans une veste molletonnée, ses mains gantées tenaient un drapeau dont le message d'un rouge vif laissait entendre une haine viscérale à l'égard de la communauté à laquelle elle appartenait pourtant. Et pour cause, Wanda n'adoptait pas la cause qu'elle prétendait, mêlée à la foule, défendre. Les mutants ne pouvaient pas passer à côté de cette occasion... du moins ceux de la Confrérie. Selon Wanda, ils devraient tous réagir à cette atteinte portée à leur intégrité et à leurs droits fondamentaux. Wanda était souvent bien moins radicale que ses camarades mutants, et restait au sein de la Confrérie par loyauté envers Magnéto que parce qu'elle embrassait tous leurs idéaux, mais elle n'avait en l'occurrence aucun scrupule à intervenir au cours de cette manifestation. Parce qu'elle estimait que la Confrérie était plus que jamais dans son bon droit. Elle était plus que fière d'agir en leur nom, et elle était, à vrai dire, impatiente de témoigner de l'étendue de ses pouvoir, qui par ailleurs s'étaient développés dernièrement, à un point qui l'inquiétait assez. Elle n'avait pas outre mesure envie de participer à un massacre en règle et d'y corroborer, mais c'est ainsi que la Confrérie fonctionnait, et il avait bien fallu qu'elle accepte, même si elle comprenait parfaitement les raisons du départ de Pietro, quand bien même elle n'avait pas imité son exemple. Mais s'ils n'agissaient pas, là, maintenant, s'il laissaient cette loi qui se profilait à l'horizon être seulement votée, ils autorisaient les jours les plus sombres pour leur communauté, c'était hors de question.
Dans ces moments là, elle ne pouvait que comprendre l'opinion de tous les Confréristes. C'était des individus comme eux, qui tendaient à les stigmatiser, à les représenter comme une menace, qui initierait une guerre déjà en marche. Wanda aurait pu croire à une harmonie réel entre mutants et non mutants, elle ne considérait pas qu'il faille forcément jouer les darwiniens en détruisant tout le reste de l'humanité, mais c'était l'humanité qui risquait fort de les détruire, eux, s'ils ne réagissaient pas. La réforme qu'elle prétendait à cet instant défendre pouvait fortement y contribuer. Fermer les yeux là-dessus, laisser passer, serait une violente erreur.
Les mutants devaient prouver qu'ils ne se laisseraient pas faire, et c'était pour cela que Wanda se trouvait là, à scander des messages de haine au milieu de ces individus qui y croyaient dur comme fer. La jeune femme les haïssait tous autant qu'ils étaient pour leur colère sourde et absurde, pour leur manifeste ignorance. Ils n'avaient pas la moindre idée de ce à quoi ils contribuaient. Mais ils auraient tôt fait de l'apprendre. Wanda serait de ceux qui le leur apprendrait. Pour le moment, elle n'esquissait aucun mouvement agressif, elle s'agitait tel un pantin, imitait la masse. Mais bientôt, les choses allaient changer. La jeune femme attendait juste le signal.
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La proposition de loi pour le fichage des mutants était sur toutes les lèvres depuis des jours et réveillait les passions de tout côté, y compris au sein même de l'Institut donc Emma était désormais pensionnaire et élève. Les Professeurs avaient fait leur possible pour leur expliquer les enjeux de cette loi tout en tâchant de rester le plus neutre possible mais était-il réellement possible pour un mutant de se montrer impartial face à un tel sujet ? Ainsi, les discussions habituellement bon enfant des élèves s'échauffaient rapidement dès que le sujet était lancé, et c'était le sujet principal de toutes les discussions.
Beaucoup d'avis étaient tranchés. La plupart en défaveur de la loi. Emma, de son côté, n'était pas si catégorique et ne savait que penser. Quand on lui faisait la remarque, elle plaisantait en répondant que la neutralité était inscrit dans le code génétique des Suisse.
D'un côté, elle trouvait se fichage dégradant et il le lui rappelait une période traumatisante qu'aucun européen ne pouvait oublier – même si trop jeune pour l'avoir vécu comme c'était justement son cas – et ce genre de fichage pouvait être une porte ouverte à la dérive.
D'un autre côté, il fallait avouer que certains mutants étaient particulièrement puissants et pouvaient s'avérer dangereux. C'était typiquement le cas de Wanda. Emma adorait son amie mais il était vrai qu'elle pouvait être une véritable de destruction massive. Les non-mutants avaient légitimement le droit de vouloir connaître les risques possibles.
En raison de la dangerosité élevé de la manifestation, il avait été conseillé aux jeunes mutants de rester à l'écart. Emma n'avait pas l'intention de prendre part à la manifestation, elle n'avait même pas voulu s'en approcher tout court à vrai dire. Ce fut le hasard et 4 bras particulièrement costauds qui l'y propulsèrent malgré elle.
Tout était partit de manière réellement stupide. Propriétaire d'une green card grâce aux magouilles de Nova, Emma l'avait menacé pour qu'il arrête justement de tout magouiller de la sorte et avait tenue à terminer les démarches de manières officielle et normal à savoir en allant terminer de s'inscrire – et accessoirement en allant refaire ses papiers d'identités rouge à croix blanche – auprès de l'ambassade Suisse à Washington. Mais le hasard des agendas avait voulu que son dernier rendez-vous pour enfin récupérer ses papiers officiels tombait le jour de la manifestation et que forcément, les locaux se trouvaient non loin du capitole.
Emma était bien décidée à éviter les manifestants. Les mains dans les poches, le visage baissé, elle avançait de son pas déséquilibré habituel pour retourner à l'hôtel où elle avait séjourné les 3 derniers jours pour faire les fameuses démarches et dont il était prévu qu'elle reparte le lendemain matin. Mais manque de chance, sa route croisa celle d'un petit groupe de manifestants bien remonté. La croyant d'abord ivre à cause de sa démarche hésitante – et étant eux-même clairement plus sobre non plus – ils commencèrent à l'emmerder jusqu'à ce que la réalité sur sa nature leur saute en yeux alors qu'elle relevait le visage vers eux en grognant légèrement. Ni une ni deux, deux des trois balèzes l'attrapèrent et sans se soucier de ses suppliques, l'emmenèrent tel un trophée de chasse parmi les manifestants déjà eux aussi bien remonté.
De se retrouver ainsi plantée au milieu d'une foule moqueuse la montrant du doigt et riant de ses difformités, Emma ressentit monter en elle une haine féroce qu'elle n'avait ressentit qu'une seule fois jusqu'à présent et qu'elle avait eu l'espoir de ne plus jamais avoir à ressentir. Poussée à bout, elle perdit son sang-froid, retomba à quatre pattes et poussa un puissant rugissement qui en fit reculer plus d'un avant de lacéré une pancarte en carton pourtant épais d'un seul coup de griffes. La première seconde de stupeur passé, les moqueries se changèrent instantanément en haine pure et simple mais Emma parvint à retrouver juste suffisamment ses esprits pour filer avant de commettre un acte irréparable qu'elle aurait regretté par la suite. Basculant les manifestants se tenant sur son chemin, Emma traversait la foule sans plus se soucier des regard suivant sa course féline, certains poussant des exclamations horrifiées devant ce corps humain déformé de sorte que la posture, elle, était celle d'un tigre et non celle d'un bipède.
Elle était fermement décidée à quitter les parages mais soudainement, une odeur familière éveilla ses sens aiguisés. Wanda !
Emma stoppa net. Elle voulait fuir cet endroit plus que tout mais en même temps, elle craignait déjà le pire en sachant son amie ici. Non pas ce qui pourrait arriver aux manifestants mais ce qui pourrait arriver à son amie. C'est pourquoi après une seconde de réflexion elle se concentra sur cette odeur et la suivit. Arrivée derrière Wanda, elle se redressa sur ses deux jambes et vînt passer doucement son bras sous le sien en se plaçant à ses côtés.
Ne fais pas ça, lui murmura-t-elle à l'oreille pour ne pas éveiller les soupçons autour d'elle. Je comprend ta colère, je le suis au moins tout autant que toi, tu peux me croire.
Et cela s'entendait dans le ton de sa voix et dans la manière dont chacun de ses muscles étaient tendus. Tout son corps était prêt à bondir, à attaquer. Il y avait cette chose en elle, cette violence, qui ne demandait qu'à ressortir comme la dernière fois. Et vu la foule, le résultat en serait que plus terrible. C'est pourquoi Emma luttait pour garder le dessus.
Mais ce n'est pas en s'abaissant à leur niveau que l'on réglera les choses, bien au contraire. T'as vraiment envie d'être comme eux ?
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u haut de l'immeuble où elle attendait, parfaitement sereine, assise en tailleur à même le sol de béton, elle pouvait observer la foule hurlante en bas. Leurs cris et messages de haine parvenaient malgré leur distance jusqu'à ses oreilles. La haine. Ce sentiment-là était fascinant. Celui-là, elle avait l'impression d'arriver à le ressentir parfois. De façon toutefois bien plus modérée que le reste du genre humain, elle le croyait sans mal. Quitte à faire étalage de sa rage et de son animosité, il y avait de toute façon mieux à faire que de s'attrouper comme du bétail en scandant sans cesse les mêmes maximes vaines. Le concept de manifestation lui avait toujours apparu absurde. Elle ne disait pas qu'elles n'avaient pas toujours d'impact. D'ailleurs, le fait qu'elles sachent en avoir était tout aussi absurde à ses yeux. Défendre ses intérêts contre l'opinion publique (encore que l'opinion publique était manifestement celle de ces manifestants, si l'on devait se fier à la presse - ce qu'il fallait toujours faire avec grande parcimonie) de la sorte, se confondre dans une masse, n'accordant pas de valeur à son seul corps, c'était lâche, au fond. La loi qu'ils défendaient corps et âmes avait bien sûr toute la désapprobation de Raven, mais elle envisageait, elle, une autre façon de l'exprimer. Que corroborait bien évidemment la Confrérie et tous ses membres. À chacun son rôle. Parmi les manifestants, certains allaient mourir, d'autres pas. Ce qui survivraient seraient les mutants infiltrés parmi eux. Qui imitaient la masse pour mieux la désintégrer. Le moment venu. Si Liv avait pu glisser ses doigts sur toutes les épaules qu'elle observait en surplomb, elle aurait vu avec certitudes les mêmes circonstances de décès pour tous. Cette nouvelle réjouissait le monstre comme rarement. Certes, les victimes étaient à partager. Mais tout de même, rares étaient les occasions d'en voir autant amassées en si peu d'espace. C'est ce qu'on pourrait appeler un véritable vivier. Vivier de haine qui aurait tout lieu d'être qualifié de charnier quand ils en auraient fini.
Raven n'agitait donc pas de drapeau, ne gueulait pas d'inepties. Et elle n'en était pas mécontente par ailleurs, elle préférait très largement la place qui lui avait été attribuée. On lui avait confié le beau rôle, quelque part. Pour cause, elle était de ceux qui pouvaient intervenir d'un poste plus élevé. Quand le signal retentirait, elle attaquerait pas la voie des airs. Et le rapace était impatient de pouvoir enfin fondre sur ses proies. Ses grandes ailes noires recouvertes de plumes sombres étaient d'ailleurs déjà soigneusement déployées. Elles attendaient l'occasion de battre l'air, et d'entrer enfin en action. Mais pas tout de suite. Pour l'heure se jouait un jeu de patience, auquel la jeune femme se pliait sans trop de mal, la force de l'habitude. L'heure de frapper ne saurait quoi qu'il en soit tarder.
code by Mandy
Dernière édition par Liv K. Jakobsson le Lun 7 Mar - 23:39, édité 1 fois
La peur est le chemin vers le côté obscur : la peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine… mène à la souffrance.
La loi de fichage des mutants faisait parler énormément de monde dans la presse écrite et télévisée. Pietro, puisqu’il était un peu concerné par tout ça, ne pouvait pas s’empêcher de renseigner le plus possible. Par moment, il arrivait à trouver un exemplaire de journaux et il cherchait des informations dedans. Ou alors, la plupart du temps, il s’installait devant les télévisions dans les vitrines des magasins pour regarder celles qui tournaient sur les chaines d’informations. C’était son cas aujourd’hui, alors qu’il était en train de manger un sandwich qu’il avait chiné quelque part devant la vitrine, observant les images de cette manifestation. Le jeune homme apprenait simplement en cet instant qu’il y avait cette manifestation, même s’il aurait pu s’en douter. Les humains qui étaient d’accord avec cette loi stupide étaient nombreux, ça ne l’étonnait pas vraiment. Ils étaient incapables de se rendre compte que les différences n’étaient pas forcément mauvaises. Ce n’était pas parce que le jeune homme avait quitté la confrérie qu’il aimait les humains. Certes, il avait envie de se montrer plus conciliant, de ne pas les mettre tous dans le même manier, mais il savait quand même qu’il y avait des monstres chez ses humains. Après tout, c’était à cause de personne comme eux que Wanda et Pietro avaient perdu leurs parents (des parents humains au passage).
En parlant de la confrérie, en regardant les images, Pietro devinait qu’ils allaient agir. Il connaissait les méthodes de Magnéto, il savait qu’il voudrait faire un exemple. Et quoi de mieux que d’attaquer une manifestation de ce genre ? Ça n’allait pas aider la cause des mutants, bien au contraire, la haine n’allait attirer que la haine. Mais la confrérie n’agissait vraiment pas de la bonne manière, ce n’était pas pour rien que le mutant avait décidé de les quitter. Il ne supportait plus leurs méthodes, mais il les connaissait. Ils allaient forcément faire quelque chose, c’était évident. Et le pire, c’était que Pietro craignait surtout que sa sœur soit sur ce coup. Pietro n’en avait pas la preuve, mais s’il y avait un gros coup de ce genre, alors elle devait en faire partie. Pour prouver qu’elle avait encore sa place. La raison devrait pousser le mutant à ne pas bouger de New-York, mais cela faisait longtemps qu’il n’était plus raisonnable. Alors, Pietro termina rapidement son sandwich avant de foncer vers le capitole, arrivant sur place quelques minutes après son départ (ça avait de l’avantage d’être aussi rapide).
Sur place, il ne mit pas longtemps à trouver la manifestation. Pietro savait parfaitement qu’il prenait de grand risque à rester ici, il n’y aurait sans doute pas que Wanda. D’autre confrériste devait être là, caché, s’ils le voyaient ils ne manqueraient sans doute pas de tenter de le tuer. Pire encore si Raven se trouvait dans les parages aussi, mais Pietro ne voulait pas trop songer à cela. Il ne pensait qu’à sa sœur jumelle, alors qu’il la cherchait du regard. Mais il ne savait pas du tout où il devait chercher.
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Beth ne savait pas bien pourquoi elle avait prit la décision de se mêler ainsi à la foule aujourd'hui. Elle d'ordinaire si solitaire et fuyant, pour son propre bien, le plus possible le monde extérieur et sociétale, se retrouvait en ce moment même à arpenter les rues qui faisaient, depuis une bonne dizaine de minutes déjà, l'objet d'une manifestation. Si cette dernière ne la concernait pas directement, sans doute serait-elle restée tranquillement terrée dans son coin, mais c'était bel et bien le cas. Surtout poussée de curiosité, elle avait décidé d'oublier son aversion pour tout ce qui pouvait relier aux forces de l'ordre et à la justice. Avec l'ampleur que prenait les événements, il ne fallait bien entendu pas s'attendre à ce que ces derniers restent dans leur coin, et mieux valait pour Beth qu'elle ne se fasse donc pas remarquer par eux. C'est pourquoi elle se devait d'être la plus discrète possible dans son indiscrétion curieuse. Elle ne se mêlait pas directement à la foule, longeant les murs et ayant ainsi suffisamment de recul pour observer les choses d'un regard très légèrement extérieur.
Au fond d'elle, Beth savait qu'elle était ici pour se sentir vivante. Quand bien même ces personnes qui manifestaient avec haine et colère en avait contre ses semblables et elle même, elle ne pouvait s’empêcher d'entendre dans leurs cris la vérité de son être, le berceau de son existence. Elle était une mutante qui n'avait pas eu la chance d'être accompagnée, qui avait dû s'élever, progresser et s'accepter seule, sans le soutien de personne. Alors oui, on en venait parfois à douter d'appartenir à une quelconque caste, à un quelconque groupe social ou humain. Pourtant, c'était indéniable, elle n'était pas la seule mutante sur cette terre, bien loin de là, et, quand bien même elle détenait déjà cette information depuis bien longtemps à présent, l'entendre ainsi hurler dans les rues de New-York lui faisait beaucoup de bien. C'était idiot, elle le savait. Avec toutes les immondices qui se balançaient au sujet de son espèce, il n'y avait vraiment pas de quoi se sentir bien, mais elle avait beaucoup de mal à s'en empêcher. Il ne fallait cependant pas croire qu'elle était ravie par cette réforme de fichage de mutants, ce serait du suicide pour elle-même que de l'être, mais elle se trouvait tellement sur les bancs de la société, que cette dernière soit humaine ou mutante, qu'elle avait bien du mal à se sentir complètement concernée.
C'était d'ailleurs en grande partie pour cela qu'une idée bien précise lui trottait dans l'esprit, celle de croiser la route d'autres mutants curieux, sans doute plus mécontents qu'elle, au milieu de cette foule en délire. L'envie d'abandonnée l'idée de se mêler un jour à ses semblables lui avait traversé l'esprit, mais elle n'était solitaire que par la force des choses à bien y réfléchir. Le besoin d'être accompagnée, d'une quelconque manière que ce soit, se faisait suffisamment douloureusement sentir parfois pour qu'elle ne transforme pas cette envie en acte. Peut-être qu'en côtoyant de plus près ce monde qui ne lui avait finalement jamais ouvert ses portes, elle pourrait enfin se sentir pleinement concernée par tout cela. Les mains planqués dans les poches de sa veste en cuire, son regard se fit alors plus avisé.
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es gestes et paroles étaient devenus parfaitement mécaniques tandis qu'elle guettait le signal à présent imminent. Cette attention focalisée sur la détonation qui fendrait bientôt l'air et donnerait le top départ de leur action permettait de canaliser sa rage actuelle sur un objectif précis. Sans quoi, faute de savoir se contenir, Wanda n'aurait pu se retenir de dire leurs quatre vérités à ses voisins. Elle n'était pas d'un naturel violent, pourtant, non, mais elle ne pouvait tout simplement tolérer la scène à laquelle elle assistait présentement sans se sentir bouillonner de l'intérieur. Devoir prétendre approuver ces slogans chargés de haine n'arrangeait rien. Elle se sentit sursauter malgré elle quand elle entendit une voix familière à son oreille. Wanda n'avait pas vu arriver Emma. La jeune femme se raidit aussitôt. Elle avait bien sûr envisagé la possibilité de croiser de visages connus, aux regards qu'elle n'aurait aucune envie de soutenir étant donné les circonstances, mais elle ne s'était pas attendue à ce qu'Emma se trouve là. Elle allait découvrir d'elle un visage qu'elle n'aurait sans doute jamais voulu voir. Car oui, quels que soient les mots qui lui étaient soufflés à l'oreille, elle n'avait pas l'intention de dériver du plan initial. Si Emma comprenait sa colère, pourquoi l'obliger à la retenir ? S'ils se contentaient d'exposer pacifiquement leurs griefs, ils ne seraient pas entendus, c'était une certitude (qu'avait parfaitement su lui communiquer Magnéto, cela va sans dire). Certes, cela allait sans nul doute conforter tout un chacun dans l'idée que les mutants étaient dangereux et nuisibles à l'humanité, mais puisqu'ils ne sauraient gagner leur respect par la civilité, alors autant que ce soit par la peur, peu importe. Ils avaient brandi leurs armes en premiers, ils ne faisaient que leur répondre. Oui, le conflit était inégal, et alors ? C'était bien la preuve qu'ils représentaient une évolution dans l'humanité, non ? (Pour ce qui était de désendoctriner Wanda, il y avait encore du travail, oui). Elle tourna son regard vers Emma. Elle voulait dire quelques mots, exhorter la jeune femme de s'en aller tant qu'elle le pouvait encore, mais il était trop tard. Ce fut comme un coup de tonnerre qui frappa le ciel pourtant dégagé. Le signal.
Avant toute chose, Wanda poussa Emma et la propulsa au sol pour la protéger de l'explosion qui fit quelques secondes plus tard voler en éclats les marches du capitole, dont les débris frappèrent de plein fouet les manifestants les plus proches du bâtiment (les mutants, à dessein, ne s'étaient pas trouvés en tête de cortège pour cette raison précise).
-Je ne suis pas comme eux. affirma-t-elle d'une voix parfaitement déterminée à l'adresse d'Emma, avant de se relever et d'accomplir sa part du plan.
Elle et d'autres mutants, ceux qui en avait la capacité, faisaient voler les objets les plus lourds à proximité et la pierre des escaliers fraîchement démolis pour ériger à chaque issue de solides barricades qui devaient limiter les tentatives d'évasion des manifestants. Aucun d'entre eux n'échapperait au destin qu'ils ne réalisaient pas s'être forgés en pensant construire un avenir meilleur.
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En cet instant, Emma comprenait tout le sens de l’expression au mauvais endroit au mauvais moment. Elle n'avait pas voulu prendre partit et voilà qu'elle se retrouvait malgré elle en plein centre de la manifestation et elle n'avait aucune idée de quoi faire. En fait, si. Il fallait qu'elle parte de là au plus vite mais elle ne voulait pas non plus abandonner Wanda.
Mais les deux jeunes femmes n'eurent pas le temps d'en dire plus. Et dans le fond peu importe car il était vrai que certains regard en disaient plus que des mots. Et avant même qu'Emma comprenne ce qu'il se passait, un bruit se fit entendre. Wanda poussa Emma si fort pour la protéger de l'explosion que la tête de la mutante frappa le sol, la sonnant un bon coup.
La vision floue, la tête comme sous une cloche, la jeune femme ne comprit pas tout de suite ce qui se passait autour d'elle. Des débris volaient. D'abord à cause de l'explosion mais il lui fallut plusieurs longues secondes pour comprendre ce que faisait Wanda et les autres. Sa tête lui faisait mal et en passant une main dans ses cheveux, elle put sentir une bonne bosse derrière son crâne.
Il fallut plusieurs secondes supplémentaires pour que les vertiges commencent à s'estomper et pour qu'elle parvienne à rassembler un temps soit peu ses pensées. C'est alors qu'un éclat, à peine perceptible, attira son regard. Derrière Wanda, àenviron 2 bons mètres, un manifestant ayant tout du néo nazi avait sortit un large couteau. C'était quoi ce bordel ? Depuis quand venait-on armé à une manifestation pacifique ? Mais à bien y réfléchir, il avait plutôt eu une bonne idée vu la tournure des événements. Il n'y avait pas besoin de réfléchir longuement pour comprendre que Wanda était sa cible. Une voix en Emma lui disait encore et toujours que la violence n'était pas une solution. Mais une autre prit le dessus. Confrérie ou pas, Wanda était son amie. Plus que ça, elle était un peu comme la grande soeur qu'elle aurait toujours aimé pouvoir avoir. Alors Emma cessa de réfléchir.
D'un mouvement rapide, elle se remit à quatre pattes et il ne lui fallut qu'un seul bond pour franchir les 2 mètres la séparant de sa cible et lui sauter droit dessus. La scène ne prit pas plus de deux ou trois secondes. Emma bondissant, faisant tomber sa victime au sol, un rugissement, un bruit de déchirure quand la trachée fut arrachée d'un coup de dents.
Le goût du sang emplissait sa bouche alors qu'elle recrachait le bout de gorge qu'elle avait arraché. Ce goût... Elle sentit tout ses sens se mettre en éveil, ses pupilles se dilatèrent tellement que l'intégralité de ses yeux se firent noir. Son coeur s'accéléra, ses muscles se tendirent et elle dû faire un énorme effort pour ne pas replanter ses crocs dans la chair sanglante et encore chaude qui l'appelait.
Entre stupeurs et terreur, se furent les cris alentours qui la rappelèrent à la réalité. Elle leva sa main tremblante et réalisa à la peau coincée sous ses griffes qu'elle avait également labouré le torse de sa victime dans le feu de l'action. Une femme hurla en voyant son visage ensanglanté et Emma, toujours à quatre pattes, recula vivement jusqu'à Wanda. Tout en elle appréciait cela et c'était justement ce qui l'effrayait tant. Elle avait agit de la sorte pour sauver son amie et elle luttait pour ne pas se laisser submerger par cette vague sauvage qui déferlait en elle.
C'est pas pour ta foutue Confrérie que j'ai fais ça..., dit-elle à Wanda d'une voix sourde plus proche du grognement félin que de la voix humaine. La lutte qui se jouait en elle se voyait à l'oeil nu. C'est alors que ses sens développés repérèrent à nouveau une odeur familière. Au milieu de la foule, elle était à peine perceptible mais Emma la reconnaissait assez pour la remarquer même si elle était incapable de la situer. Pietro est ici...
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I
l retentit, après plusieurs longues minutes d'observation silencieuse de la part du corbeau, un son clair, une détonation limpide et brutale, comme un coup de tonnerre déchirant le ciel. Un signal tel que celui-ci ne pouvait être omis de personne, et la démollition des marches du capitole lui succédèrent rapidement. Depuis son poste en hauteur, Liv pouvait apprécier l'agitation ambiante, s'en délecter même. La panique n'avait pas mis longtemps à gagner l'assistance, qui cette fois ne criait plus de haine, mais de terreur. Voilà un son que la jeune femme trouvait déjà beaucoup plus agréable à l'oreille, quoi qu'il n'y ait aucun son à ses yeux qui ne puisse être préféré au silence. Tandis que plusieurs de ses confrères se chargeaient de maintenir leurs cibles captives, Liv, elle, déploya ses larges ailes noirs et se jeta dans le vide afin de fendre l'air, depuis lequel elle lança une rafale de projectile que sa vue heureusement perçante s'arrangeait pour adresser aux simples humains et non aux siens. Tout en observant la foule, elle reconnut une silhouette familière. Familière pour n'avoir de cesse de la pourchasser ces temps derniers. Entre autres. L'occasion aurait été magnifique. Mais les directives étaient aussi claires que logiques : aucun mutant ne devait être tué au cours de leur mission, ce serait, autrement, transmettre aux populations un message des plus contradictoire. De toute façon, ce n'était pas maintenant. Le monstre devait attendre. Une chance pour lui, il y avait bien assez de chair fraîche à proximité pour le rassasier au moins ce jour-ci, et combler son impatience. Une fois tous ses projectiles (de fines lames extrêmement aiguisés pour beaucoup, qu'elle faisait agréablement pleuvoir sur une foule choisie - elle avait un truc avec les objets aiguisés, c'était plus fort qu'elle) lancés, elle prit enfin le parti d'atterrir, où elle ne reconnaissait aucun des siens et où nombre d'humains encore debout pensaient avoir une chance de s'en sortir.
Elle atterrit juste en face d'une jeune femme à la chevelure sombre et à la veste en cuir. Elle ne réalisait pas trahir ses propres directives en dégainant le poignard glissé à sa ceinture (encore une arme blanche, oui), l'œil brillant, le sourire du monstre (car Liv, elle, ne souriait jamais) fiché sur son visage, tandis qu'elle considérait du regard celle qu'elle prenait pour sa toute première proie et future victime, sans réaliser qu'elle avait en vérité affaire à une mutante. Hormis Pietro, elle n'en avait pas reconnu dans l'assistance qui ne soient pas de la Confrérie (Pietro qui se trouvait là alors que sa sœur participait justement à l'offensive. Comme de par hasard), mais elle ne pouvait se targuer de connaître tous les mutants existants. Ce que pourrait permettre leur fichage. Mais s'il fallait en arriver à une telle extrémité, autant faire son petit travail de recherche soi-même. En attendant, Raven avait Beth dans le colimateur. Et elle se sentait bel et bien prête à frapper.
La peur est le chemin vers le côté obscur : la peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine… mène à la souffrance.
Pietro était persuadé que la confrérie allait agir en cet instant, même s’il ne savait rien. Il ne connaissait pas les détails, mais son instinct lui disait qu’il allait y avoir quelque chose. Le jeune homme recherchait quelqu’un en particulier dans la foule, sa sœur. Il ne savait pas si elle allait être là, mais vu qu’elle était l’un des membres importants de la confrérie, Pietro se disait qu’elle ferait peut-être partie de la manœuvre, si manœuvre il y avait. Quicksilver regarda souvent son téléphone portable, dans le doute d’y voir un message de sa jumelle, mais il n’y avait rien. Pietro ne savait pas s’il allait y avoir quelque chose, ni sa sœur se trouvait là, mais il ne pouvait pas s’empêcher de chercher. Pourquoi ? Il en savait rien. Il savait parfaitement qu’il n’allait pas pouvoir faire changer d’avis à sa jumelle (en même temps, si c’était pour qu’elle lui ressasse encore et encore le fait d’aller dans l’institut du Professeur X, non merci…), mais il avait quand même envie de voir si elle se trouvait là. Sans doute à cause d’une trop grande envie de la protéger. Wanda était puissante, elle n’avait pas vraiment besoin de son frère pour se protéger, mais quand même il n’y pouvait rien. Pour une fois qu’il avait une idée de l’endroit où la confrérie allait attaquer, il ne parvenait pas à être de marbre. Il ne parvenait pas à faire comme s’il ne savait rien…
Et il avait visiblement vu juste. Même s’il ne voyait pas Wanda et qu’il ne savait pas si elle se trouvait là, il ne put que remarquer l’action de la confrérie. Il n’eut aucun doute que c’était eux quand les marches du capitole explosèrent. Pietro se jeta au sol rapidement pour éviter les débris qui s’éparpillaient un peu partout. Par chance, le mutant ne se trouvait pas vraiment dans le cortège et encore moins en avant. Le jeune homme releva son regard vers le capitole et il vit des débris voler ici et là. Des mutants étaient en train de les faire voler apparemment, pour bloquer les manifestants. Pietro comprit alors qu’ils avaient l’intention de faire le plus de victime possible chez les humains. Ça ne l’étonnait pas vraiment, en même temps il connaissait les méthodes de la confrérie. Pietro eu l’intention de s’approcher de cet endroit, se doutant que Wanda devait s’y trouver – puisqu’elle avait la capacité de bouger les objets – mais son attention fut attiré soudainement par autre chose. Un corbeau volant dans le ciel, qu’il connaissait parfaitement. Raven était donc de la partie aussi ? Sans vraiment savoir pourquoi (sans doute parce qu’il savait que le corbeau avait l’envie de le tuer), son regard ne quitta pas Raven. Il la vit atterrir, juste en face d’une personne que Pietro avait déjà eu l’occasion de croiser. Il comprit qu’elle voulait lui faire du mal et il était hors de question qu’il la laisse faire. Beth ou pas, Raven ne devait pas faire plus de ravage encore. Il fonça donc dans la direction du corbeau, le plus rapidement qu’il le pouvait, avant de percuter de plein fouet Raven dans le but de l’éloigner de Beth.
« Salut, comment on se retrouve ! » Lança-t-il à Beth. Si elle avait été la cible de Raven, c’était qu’elle n’était pas dans la confrérie. « Si j’étais toi, je ne resterais pas là. »
Ils ne devaient pas rester là non, parce que Raven n’allait surement pas les laisser tranquille.
La peur est le chemin vers le côté obscur : la peur mène à la colère...
Beth s'était dit en se rendant au capitole que la manifestation qui y avait lieu n'allait pas être de tout repos, que les mutants allaient se révolter contre cette ribambelle de gens qui ne se rendaient sans doute pas même compte qu'ils faisaient preuve d'un tout nouveau racisme. Comme si l'histoire n'avait pas encore suffisamment montré que ce genre de pratique finissait toujours par mal tourner. Évidemment, ça ne manqua pas cette fois encore, mais l'agitation dont la jeune femme s'était attendue s'apparentait en fait malheureusement bien plus à un attentat. Il avait suffit qu'un bruit sourd, mais tonitruant, retentisse pour que le quartier tout entier se transforme en terrain de jeu pour l'apocalypse. Il ne fallait pas être un génie pour comprendre que cette explosion avait été le signal du commencement de la révolte, et comme une bonne révolte se doit d'être, il n'y eut absolument rien de pacifique dans ce qu'il se passa ensuite. Les mutants, qui jusqu'alors s'étaient montrés suffisamment discrets pour que Beth ne les remarque pas parmi la foule, sortirent soudainement de toutes parts dans le but premier de semer la panique la plus totale. Et ça marchait drôlement bien. Beth n'eut d'autre choix que de se plaquer contre le mur à côté duquel elle marchait pour ne pas se faire piétiner par ces civils en course vers une survie hypothétique. Ça criait, ça hurlait même, ça poussait, ça trébuchait, ça devenait des animaux. Des animaux que l'on enfermait minutieusement sur les lieux du crime par la pause de pierres volantes – sans nul doute manipulées par des mutants dans la capacités de le faire – pour bloquer chaque issue potentielle.
Elle se rendit compte alors que la dimension de groupe social, qu'elle recherchait chez les mutants mais dont elle doutait de l'existence, n'était autre que subjectif. Des animaux humains, elle en était actuellement entouré, mais l'animal qui se posa sous son nez, toutes ailes dehors, n'avait rien d'apeuré. En vérité, aucune expression ne se lisait même sur son visage. Pour autant, lorsque la mutante braqua ses yeux sur elle, Beth ne put qu'y voir ses intentions et elles n'avaient très clairement rien d'amical. En même temps, rien ne laissait à croire qu'elle était elle aussi une mutante, mais Beth ne pouvait pas tellement se résoudre à voir du bon dans celle qui devenait, au fur et à mesure de ses pas en avant, son adversaire. Toute mutante qu'elle était, la jeune femme ne souhaitait pas le moins du monde se lier à elle, d'autant plus lorsqu'elle aperçut le reflet du poignard qu'elle tenait dans sa main. Elle n'était donc qu'une proie parmi tant d'autre. Alors qu'elle s’apprêtait à faire sortir tous ses clones pour plus de puissance, et peut-être plus d'effet de surprise également, quand une flèche argentée vint percuter le corbeau, l'éloignant un temps de son secteur. Un temps oui, car aux vues de son regard perçant, elle n'était pas du genre à abandonner ses proies avant de les avoir saignées.
- J'ai cru comprendre que le terrain était miné oui, répondit-elle à cet interlocuteur qu'elle reconnaissait bien. Tu m'emmènes ? demanda t-elle tout en jetant un œil vers là où avait été poussée le corbeau. C'est que j'ai le poids de plus d'une personne en moi, alors la rapidité et moi tu vois... Elle ignorait pourquoi elle se mettait à faire de l'humour en de telle circonstance, mais c'était ce que lui inspirait son interlocuteur, la nonchalance, et il fallait bien avouer que ce n'était pas désagréable. Pour autant, elle se voyait assez mal abandonner les lieux sans faire quelque chose pour ces innocents, quand bien même ils manifestaient pour leur haine envers les mutants. Est-ce qu'on ne devrait pas faire quelque chose ? Le pouvaient-ils seulement vraiment...
La peur est le chemin vers le côté obscure : la peur mène à la colère...
L'
agitation avait très rapidement gagné la foule, conformément à la volonté des Confréristes, qui les avaient coincés en ces lieux comme des animaux en cage... Mais des animaux voraces, pour certains. Car si la plupart étaient en proie à une pure et simple terreur, incapables de raisonner ou de se défendre face à la menace plus que manifeste, d'autres semblaient s'être préparés à une telle éventualité. Certains des non-mutants étaient armés, et pour celui qui se précipitait à présent dans leur direction, un couteau à la main. Wanda aurait-elle pu avoir le dessus sur cet homme déterminé à en découdre ? Elle n'en saurait manifestement rien. Car ce fut Emma qui, déchaînant ses pouvoirs (et se déchaînant elle-même, réduisit l'ennemi en charpie). Wanda aurait pu se réjouir de la voir, vraiment, se ranger de son côté, faire de ses ennemis les siens. Mais il n'en était rien. Si elle assumait sa propre violence et ses conséquences, elle ne voulait pas qu'Emma doive en faire de même, surtout pas pour elle. La sorcière rouge ne sut que répondre quand elle lui affirma ne pas avoir agi pour la Confrérie. Oui, elle le savait pertinemment... Elle lui intimerait bien de s'en aller, pour se tenir à l'écart de ce qui se jouait ici, mais outre le fait qu'elle était convaincue que la jeune femme ne l'écouterait pas, toutes les issues étaient bloquées, à présent. Autour d'elle, l'agitation avait atteint un seuil monstrueux, et ce fut au coeur de ce chaos qu'une phrase retint son attention entre toutes, et lui fit presque oublier le reste.
Elle adressa à Emma un regard atterré. Pietro était là ? Vraiment ? Elle balaya l'espace des yeux. Comment le retrouver parmi cette foule d'une densité sans nom ? Emma, Pietro. Pourquoi avait-il fallu qu'ils se trouvent ici ? Et en même temps, comment avait-elle pu croire qu'ils demeureraient à l'écart en de telles circonstances ? L'angoisse la gagnait. Elle savait de quelle manière elle devait agir, les ordres de Magnéto étaient des plus simple : réduire l'ennemi au silence, rien de plus, rien de moins. Mais elle refusait de considérer Emma ou Pietro comme l'ennemi. Et Pietro qui venait de son plein gré fourrer son nez dans un nid de Confréristes ! Elle allait finir par lui imaginer des pulsions suicidaires, à ce stade !
-Où ça ? demanda-t-elle d'un ton sans doute un peu trop pressant. Où est-ce qu'il est ?
Emma n'en savait peut-être rien, mais dans le chaos, la précipitation, la peur, savait-elle vraiment où se trouvait son frère exactement ? Wanda l'espérait, voulait vraiment y croire. Sa priorité avait changé : elle devait avant tout mettre Emma et Pietro à l'abri. Même si courir à leur secours à la vue des Confréristes n'allait pas décourager les doutes que beaucoup nourrissait dors et déjà à son égard, concernant sa loyauté à Magnéto.
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Le goût du sang agitait ses papilles. Ce goût légèrement métallisé sur sa langue semblait vouloir prendre toutes ses pensées et Emma devait lutter pour réfléchir correctement même si, machinalement, elle se mit à littéralement se lécher les babines. À cause de toutes les cochonneries que les humains avalaient à longueur de temps, leur sang avait un goût très différent de celui des animaux. Il était comme altéré et bien moins savoureux que le sang bien plus pur des animaux. Ce qui était une très bonne chose selon la jeune mutante qui n'osait même pas imaginer les répercussions sur son régime alimentaire si la viande humaine avait été meilleur.
La frénésie qui s'était emparé d'elle s'estompa peu à peu et elle pu à nouveau orienter correctement ses pensées. Son t-shirt présentait une large tâche rouge et poisseuse et à en croire les hurlements de terreur de la femme qui venait de la regarder, son visage devait pas être beaucoup plus présentable. Emma n'avait jamais aimé instauré la peur chez autrui, un comble pour une mutante qui avait lors de sa naissance avait pour premier son maternelle, entendu sa mère hurler de peur et de dégoût en la voyant. Un détail dont elle ne se souvenait pas, heureusement. C'est pourquoi, machinalement, elle remit son capuchon sur sa tête pour masquer en partie son visage.
Wanda semblait inquiète d'apprendre la présence que Pietro et Emma pouvait la comprendre. Elle même était inquiète de savoir son ami ici alors elle ne voulait même pas imaginer la peur que pouvait soudainement ressentir sa jumelle. Le problème était qu'il n'était pas si facile à localiser. Emma ferma les yeux et leva une main vers Wanda pour lui faire signe de lui laisser un peu de temps.
Mais un premier bruit sec la fit sursauter, puis un second. Il lui fallut quelques secondes pour comprendre de quoi il s'agissait. Elle cru d'abord à des coups de fouets, seul bruit semblable qu'elle ait connu dans son existence jusqu'à présent mais c'était pour ainsi dire impossible ici. Elle réalisa alors de quoi est-ce qu'il s'agissait réellement. Des coups de feu étaient tirés dans la foule. Rien d'étonnant dans un pays pour qui les armes frôlaient la religion !
Bienvenue aux Etats-Unis, marmonna Emma en fermant à nouveau les yeux pour se concentrer. L'odeur était bien là mais difficile à cerner. Entre Pietro qui se déplaçait à une vitesse supersonique, la foule entassée et l'odeur du sang des blessés (Sans compter les odeurs de déjections humaines duent à la peur et qu'Emma s'efforçait d'oublier), l'odorat sur-développé de la mutante était mit à rude épreuve.
Par-là !, finit-elle par dire en désignant sa droite avant de se mettre en route.
Elle ne prit même pas la peine de se remettre sur ses deux jambes. À quoi bon ? Dans cette cohue, tout le monde bousculait tout le monde et l'équilibre déjà précaire d'Emma n'en serait qu'encore plus incertain alors qu'à 4 pattes, elle se faufilait avec une facilité et surtout avec une agilité déconcertante.
Elle ne fit pas attention au nouveaux coups de feu qui se fit entendre parmi les hurlements, bien trop concentrée sur l'odeur à peine perceptible de Pietro, ayant peur de perdre la piste une nouvelle fois. Ce fut la douleur brûlante qu'elle ressentit soudainement dans la cuisse qui lui fit perdre soudainement sa concentration. Poussant un rugissement de bête blessée, Emma s'effondra au sol, ce qui la sauva probablement de la balle suivante. A moins qu'elle n'est été dévié d'une manière ou d'une autre...
Emma, tout en grognant, se redressa pour s'asseoir et regarder le trou dans son jean et le sang qui s'écoulait de sa blessure. D'un coup de griffe, elle déchira le tissus épais. Il y avait un trou de perforation net dans le muscle mais uniquement d'un côté. La balle n'était pas ressortie.
Scheiße! Es fühlt sich an wie die Hölle dieses ding !, jura-t-elle machinalement dans cette langue qu'elle avait parlé pour ainsi dire toute sa vie tout en serrant les dents. Heureusement, sa mutation avait aux moins quelques avantages. Un animal blessé ne restait pas à se rouler à terre en pleurnichant comme le faisait les humains. Leur instinct et l'adrénaline les obligés à se relever pour fuir et cette particularité, Emma la partageait aussi et, déjà, elle roulait sur elle-même pour se remettre à quatre pattes.
J'ai reperdu la trace de Pietro..., dit-elle avec une grimace alors qu'elle se mettait dans cette étrange position accroupie que seul les félins pouvait prendre. Position qu'elle abandonna presque aussitôt en sentant la douleur dans sa cuisse. Mais heureusement, elle retrouva bien vite l'odeur qu'elle recherchait. Et pour cause, elle n'était plus qu'à quelque mètres d'elles. Par-là ! Il est juste là !
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C
ela n'aurait été l'affaire que d'une fraction de seconde, avait-elle pensé. Liv était habituée. Elle savait où planter la lame pour un résultat aussi sanglant qu'immédiat, sans avoir à s'y reprendre à cent fois. Elle favorisait les armes blanches, considérant les meurtres par arme à feu trop "impersonnels", le genre qui vous ferait presque oublier votre victime, quand toute la satisfaction du monstre reposait pourtant sur le fait de sentir la vie s'échapper du corps de sa victime. Alors oui, elle était normalement d'une efficacité redoutable, mais c'était sans compter sur les circonstances. Si un festin de la sorte réjouissait le monstre au possible et éveillait en lui un appétit insatiable, cela contrevenait entièrement à la prudence et au machiavélisme de Raven, qui généralement, réfléchissait longuement avant de frapper, pour ne pas se laisser de marges d'erreur. Là, cela était impossible. Entre la foule paniquée et imprévisible, les premiers coups de feu qui claquaient dans l'air (prévisibles, pour leur part), et... la présence de gêneurs qui prenaient toujours un malin plaisir à lui mettre des bâtons dans les roues, il fallait laisser les pronostics et la préparation de longue durée au vestiaire pour accorder aux circonstances leur grande part de hasard, pour accepter l'imprévisible. Ainsi Liv, malgré son ouïe accrue, n'eut guère l'occasion d'entendre venir son ennemi supersonique. Percutée de plein fouet par Pietro, elle fut propulsée, au sol, son arme glissant à terre d'un même mouvement. Liv se releva difficilement, récupéra sa lame. Il ne viendrait jamais assez vite, ce maudit jour où il périrait enfin de sa main, songeait le monstre. Il arriverait beaucoup trop tôt, songeait cette autre partie, cette inconnue agaçante qu'elle parvint malgré tout à chasser de ses considérations quand elle décida de repartir à la charge.
Pour l'heure, elle se concentrait sur sa cible, dont elle reconnut enfin le visage en se rapprochant de nouveau. S'il y avait (normalement) trop de différences entre Liv et Raven pour qu'on songe à les reconnaître comme une seule et même personne (ce qu'elles n'étaient pas aux yeux de Liv... du moins, pas exactement), Beth, elle, était reconnaissable. Était-ce vraiment un hasard qu'elle l'ait surprise peu de temps avant cet épisode, en train de fouiller chez elle, et maintenant ici ? Pas le temps d'y réfléchir. Pour le moment. Elle se permit à la place une analyse rapide de la situation. Cette victime n'avait plus rien de stratégique si Pietro s'appliquait à la défendre. Et Pietro devait mourir, mais pas ici. Cet autre combat était pour plus tard. Comment laisser entendre leur message si les mutants se plaisaient à s'entretuer ?
-Vous pouvez faire quelque chose, oui. répliqua-t-elle de son habituelle voix froide. Fuir. Tant pis pour la potentielle non mutante qu'elle laisserait échapper aux mailles du filet si elle pouvait régler aux autres leur compte. Elle tourna son regard vers Pietro. Ce n'est pas parce que tu es rapide que tu dois t'efforcer de prendre de l'avance. Quand ce sera ton heure, je te le dirai. Elle adressa un signe de tête en direction de Beth, pointa son arme dans sa direction. Pour elle c'est une autre affaire...
En bref, s'il ne se barrait pas et ne cessait pas de se mêler de leurs affaires, et puisqu'il avait l'air de la connaître, elle règlerait son compte à Beth, et cette fois, elle ne se laisserait pas surprendre par les pouvoirs de Quicksilver.
La peur est le chemin vers le côté obscur : la peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine… mène à la souffrance.
Bon bah... c'était le bordel. Il n'y avait pas vraiment d'autre manière de présenter la situation que celle ci, c'était un vrai bordel. Il était évident que si la confrérie des mauvais mutant se rendait sur place pour faire des ravages, ça n'allait pas être beau à voir. Mais quand même. Les humains n'avaient visiblement pas tous l'intention de se laisser faire, puisque plusieurs coups de feu retentirent dans l'assemblé. Pour Pietro, il se contentait surtout de se concentrer sur ce qu'il venait de faire, sauver Beth. Le jeune homme connaissait assez bien Raven pour savoir qu'elle était capable du pire, mais en même temps il était étonné qu'elle s'en prenne ainsi à une mutante. Quoi qu'en même temps, elle ne le savait peut-être pas. Quand Pietro avait fait "vivement" la connaissance de Beth, il n'avait pas compris de suite qu'elle était une mutante comme lui. Cela n'était pas écrit sur son visage après tout, comme la plupart des mutants (pour ceux qui n'avaient donc pas de particularités physiques). Enfin bref, il venait de lui sauver la vie donc. La remarque humoristique de la jeune femme fit sourire Pietro, le jeune homme appréciait vraiment les traits d'humour de ce genre. En effet, il pouvait l'emmener sans souci.
"Ca tombe bien." Dit-il rapidement. "La vitesse, ça me connait."
Mais en même temps, ce n'était pas forcément évident de s'en aller d'ici. Beth ne manqua pas de préciser qu'ils pourraient peut-être faire quelque chose pour ces personnes qui se faisaient agresser. Oui, ils le pourraient peut-être, sauf que Pietro ne savait pas vraiment si c'était une bonne idée. Outre le fait qu'il y avait des personnes capables du pire - Raven par exemple, qui se relevait déjà - le jeune homme ne savait pas vraiment s'il pouvait prendre le risque de perdre sa vie pour des humains. D'accord, il avait quitté la confrérie des mauvais mutants parce qu'il ne pensait pas que leurs méthodes allaient arranger les choses, mais ce n'était pas pour autant qu'il portait les humains dans son coeur. C'était des personnes comme eux, incapable de comprendre la mutation, qui avait privé Wanda et Pietro de leurs parents adoptifs. Le jeune homme aurait pu répondre quelque chose, mais il n'en eu pas le temps, puisque Raven reprenait la parole. Elle leur affirma qu'ils feraient bien de fuir, en effet.
"Tu peux t'abstenir tout court, ça m'arrangerait." Lança-t-il, toujours sur le même ton de plaisanterie qu'il utilisait en sa présence, à Raven quand elle lui parlant de son heure à venir. "Je savais que la confrérie n'était qu'une bande de taré, mais je pensais pas que vous étiez tombés bas au point de vous en prendre à des mutants." Ca c'était juste pour informer Raven de la nature de sa cible, qu'elle n'avait visiblement pas l'intention de lâcher.
Mais alors qu'il s'apprêtait à dire à Beth qu'ils feraient vraiment bien de se barrer d'ici, le regard du jeune homme fut attiré par une silhouette familière. Celle d'Emma, couverte de sang. Sur le coup, Pietro cru qu'elle avait rejoint la confrérie, mais il ne s'en préoccupa plus quand il vit Wanda derrière elle.
"Je savais que tu serais là !" Dit-il après s'être rapproché rapidement - comme il savait si bien le faire - de sa jumelle. "C'est vraiment ça que tu veux ?"
Ce massacre, ce sang et cette violence qui ne menait vraiment à rien du tout.
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Quand bien même Beth savait pouvoir se défendre à peu près convenablement – bien que sans l'aide de la folie elle n'était sans doute pas suffisamment encline à faire couler le sang pour sauver sa peau avec succès –, elle ne pouvait pas nier avoir senti des perles de sueurs froides couler dans son dos à l'approche de celle qui, aux vues de son regard plus qu'assassin, aurait bien aimé ne faire qu'une bouchée d'elle. Quand certains pouvaient être subtiles dans leurs intentions, la femme aux ailes de corbeau ne pouvait très clairement pas y prétendre. Quoiqu'en même temps, en prenant en compte les circonstances actuelles, la subtilité n'était clairement pas de mise aujourd'hui et l'hostilité, d'un camp ou de l'autre, se faisait sentir à coup d'explosion, de cris et de giclées de sang. Beth qui n'appartenait à aucun camp en réalité se demandait à présent vraiment pourquoi elle s'était mis en tête de venir faire un tour ici. Ce n'était en plus pas comme si elle s'était attendu à ce qu'il ne se passe rien de plus qu'une simple manifestation. Mais puisqu'elle n'avait pas particulièrement envie de prendre part aux hostilités grandissantes, faire naître la folie à ses côtés n'était pas particulièrement pour lui plaire et elle était bien heureuse de croiser la route de Pietro. Juste à temps pour... ne plus être seule coincée au milieu de tous ces fous. Parce que coincés, ils l'étaient bel et bien et embarquer dans le train maxi vitesse nommé Pietro ne les mènerait malheureusement pas à l'extérieur des lieux du massacre en cours. Et, comme elle venait de le souligner, pouvaient-ils seulement se faire la malle en fermant purement et simplement les yeux sur ce qu'il se passait autour d'eux ?
C'était apparemment l'avis de celle qui avait bien failli lui planter une lame en plein cœur et dont, à son approche, Beth cru reconnaître le posture. Ou bien était-ce le son de sa voix ? Qu'importait. Cette impression de déjà vu n'allait clairement pas régler leur affaire, et elle doutait d'ailleurs également que le fait que son sauveur et son agresseuse se connaissent soit d'une très grande aide. Ils auraient pu être déjà bien loin s'ils n'avaient pas « joyeusement » commencé à faire la discussion. Beth ignorait d'où datait cette tension qui existait entre ces deux là, mais le moins que l'on pouvait dire c'est qu'elle était d'autant plus assassine que ce qu'elle avait pu entrevoir à son égard. Plutôt partante pour ignorer purement et simplement la remarque que le corbeaux fit en pointant son arme vers elle, la jeune mutante décrocha un léger sourire à la réponse que lui fit Pietro. Au moins, l'info était donnée à présent, mais Beth ne savait pas tellement si le fait qu'elle soit mutante elle aussi allait changer la donne aux yeux de Liv. Lorsque Pietro quitta son périmètre direct pour rejoindre une autre de ses connaissances, elle n'osa pas quitter cette dernière du regard, bien prête à mettre en action sa mutation s'il le fallait. Chose qu'elle fut finalement contrainte de faire avant même que son « adversaire » n’esquisse le moindre mouvement lorsqu'un nouveau mutant aux allures de serpent vint gratuitement lui enserrer le cou. Décidément, sa place dans les rangs des mutants était bien loin d'être acquise. Matérialisées à ses côtés, la folie arracha la gouttière qui longeait le mur à ses côtés et l'enfonça, à l'aide de l'intellect, dans un endroit du corps du serpent qui ne lui serait pas fatal. Prendre part au combat pour sa propre survie, certes, mais de là à avoir des morts sur les mains – maintenant qu'elle avait le plein contrôle de ses clones – sans façon. Toutes trois se trouvaient à présent face à Liv, Beth ayant dégagé le blessé sur le côté d'un coup de genou.
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O
ubliés les cris, le vacarme, les coups de feu de moins en moins lointain, sa mission... C'était contraire à toutes les règles qu'on lui avait demandé d'appliquer, mais elle ne se voyait pas faire autrement : il fallait impérativement qu'elle éloigne Pietro et Emma de toute cette folie. Une folie qu'elle cautionnait et encourageait par sa seule présence, certes, mais dont elle ne voulait pas que son frère et sa seule amie puissent être des dommages collatéraux. Désespérément, elle tentait d'apercevoir Pietro parmi la foule agitée, mais elle ne repérait sa trace nulle part. Elle ne pouvait que compter sur le flair (au sens le plus strict du terme) d'Emma, et ce dernier semblait faire merveille... Aux dépends d'autres réflexes, peut-être. Faisant de son mieux pour suivre Emma, bien plus rapide qu'elle à évoluer parmi la foule, elle ne cerna le danger (façon de parler, car il est certain que le danger était partout) que lorsqu'il frappa déjà : un coup de feu plus proche que les autres, un gémissement de douleur, Emma qui s'effondre au sol... Wanda sentit son cœur s'arrêter. Elle se tourna brusquement vers l'homme qui avait tiré, fit léviter son arme hors de sa main, et la brisa en éclat avant de poser sur lui un regard assassin auquel il répondit en prenant la poudre d'escampette. Elle aurait pu courir à sa poursuite, mais il y avait plus important. Elle se précipita vers Ella pour juger de sa blessure. Alors qu'elle jurait en allemand, ne laissant en rien à Wanda l'opportunité d'y comprendre quoi que ce soit, elle put constater que la blessure n'était jamais que relativement superficielle... au sens où elle pourrait bien s'en sortir si elles agissaient vite. Vite... La présence de Pietro leur était plus que jamais essentielle. Et Emma, qui ne se laissait pas abattre (dans tous les sens du terme - oui, ce n'est pas drôle), était déjà prête à repartir à sa recherche... Mais ce fut lui qui les trouva en premier.
Quelques secondes, Wanda observa son frère jumeau sans rien dire. Est-ce que c'était ce qu'elle voulait ? Elle n'en savait rien, ce qui est sûr, c'est qu'elle ne supporterait pas qu'il leur arrive quoi que ce soit, à eux... Elle ne prenait pas plaisir à semer la terreur ou à générer la violence, elle était seulement mêlée à un engrenage duquel elle ne savait s'extirper. Dans tous les cas, il n'était pas temps de poursuivre leur éternel débat, confrérie ou pas confrérie, il y avait urgence. Hors de question de laisser Emma se vider de son sang.
-Il faut que tu la conduises à l'hôpital, tout de suite. Je vous ouvrirai la voie.
Quitte à payer chèrement le prix de sa désobéissance si quiconque devait réaliser qu'elle était ni plus ni moins en train de contrarier leurs plans pour sauver la peau de l'"ennemi".
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Tout allait beaucoup trop vite et dans tous les sens. Bien trop vite pour Emma qui peinait à garder sa concentration alors que tout ses sens sur développés étaient sollicités de tout côté. Les hurlements fusaient de partout, la douleur lancinante de sa cuisse la déstabilisait mais le pire restait probablement cette odeur de sang particulièrement soutenu qui se faisait de plus en plus sentir partout autour d'elle. Faire abstraction de ce dernier était une véritable lutte pour elle. D'un côté, heureusement elle pouvait compter sur sa douloureuse blessure pour la ramener régulièrement à la réalité. Mais une fois sortie de là, elle se ruerait sur un énorme steak cru, c'était décidé.
Heureusement également, Emma pouvait compter sur la présence réconfortante de Wanda à travers cet enfer. Certes, techniquement parlant, à cet instant précis les deux jeunes femmes étaient censées être des ennemies, se trouvant chacun dans un camp différent mais Emma avait trop de peine à ce concentrer pour en plus commencer un débat intérieur sur la question. Wanda était là, elle était vivante et entière... Pour le moment, c'était le principal. Le reste attendrait.
L'autre bon point fut qu'elles trouvèrent facilement Pietro. Ce dernier semblait jouer les médiateur entre deux femmes – dont une donnait la chaire de poule à Emma – mais repérer rapidement leur présence et se précipiter vers elle. Enfin plutôt vers Wanda.
Moi je vais bien..., annonça Emma avec un vague geste des mains. Elle était couverte de sang, avait encore un morceau de chair humaine coincé entre deux dents, une balle logée dans sa cuisse et elle commençait à craindre d'avoir des hallucinations car elle aurait pu jurer que l'une des jeunes femmes non loin d'elle venait de se dédoubler. Mais sinon ça, elle estimait effectivement qu'elle s'en sortait pas trop mal dans l'histoire. De plus, ce petit constat était surtout destiné à taquiner gentiment Pietro.
Mais toutes petites tentatives de touche d'humour s'envolèrent quand Emma entendit les propos de Wanda et elle se tourna aussitôt vers cette dernière. Un geste vif qui lui fit prendre appui sur sa jambe et lui fit émettre un nouveau grognement sourd durant une seconde.
Il est hors de question que l'on aille où que ce soit sans toi !
Emma avait parlé en leur nom à tous les deux, Pietro et elle, mais elle était prête à parier que le mutant pensait la même chose.
Mais elle continuait de sentir le sang couler le long de sa jambe et connaissant ses capacités, elle savait que si elle était toujours alerte, c'était uniquement grâce à l'instinct animal et – hélas mais réel – à la viande crue dont elle avait pourtant recraché la majeure partie. Mais une fois ces effets là dissipés... Elle ne pourrait plus que compter sur son esprit borné. Dans l'immédiat, il lui fallait surtout réfléchir au plus urgent. Elle arracha alors une manche de son sweat et elle l'enroula autour de sa cuisse, faisant un noeud solide pile au niveau de sa blessure pour la comprimer. La douleur la fit grogner une nouvelle fois mais ce n'était clairement pas le moment de flancher.
J'ai connu pire. Enfin non, pas vraiment mais je vais tenir le coup..., expliqua-t-elle à personne en particulier et tout le monde à la fois.
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S
i le corbeau ignora sublimement la première remarque que lui adressa Pietro, toujours de ce ton plaisantin si positivement agaçant qui était, semble-t-il, sa marque de fabrique, elle ne put pas, par contre, passer à côté de l'information qui lui fut ensuite donnée. Elle regarda l'amie de Quicksilver avec d'autant plus d'attention. Alors il devait bel et bien s'agir d'elle, la mutante qui était entrée par effraction chez elle. Le monde est tout de même sérieusement petit. Quoi qu'il en soit, forte de cette information, elle n'avait effectivement d'autre choix que de laisser la vie sauve à la cambrioleuse. Non pas que sa vie (ou celle de quiconque) puisse avoir une réelle valeur à ses yeux, mais les mutants, même si quelques dommages collatéraux semblaient inévitables, n'étaient pas la cible de cette attaque. Affirmer la suprématie des mutants, c'était à tous leur autoriser la vie sauve, même à ceux qui défendaient la mauvaise cause. Leur ennemi était commun, ils étaient seulement incapables de le voir. Raven allait donc baisser son arme, sans pour autant la détacher de ses doigts, car palier à toute éventualité était indispensable en la circonstance, et il s'agissait de ne pas baisser sa vigilance. S'il devait y avoir des dommages collatéraux, elle ne comptait pas les créer (les bavures, c'était pour les autres, méticuleuse, Liv s'y refusait, même si les circonstances n'y aidaient pas, et qu'elle en avait déjà commis plus d'une), et encore moins en faire partie. Non, elle n'attaquerait pas Beth. Elle pouvait remercier Pietro tant que ce dernier était encore en vie (et elle osait croire... non, elle savait que ce n'était plus pour longtemps)... mais si elle était décidée à ne pas le faire, cela n'empêcherait pas d'autres de s'y risquer.
Et en effet... Alors que Pietro avait filé à la vitesse de la lumière, apparemment pour rejoindre sa sœur et la femme blessée qui l'accompagnait (Wanda n'était décidément pas nette, il serait sans doute judicieux que Magnéto prennent des mesures pour les deux jumeaux Maximoff, selon elle). Le serpent, ou du moins le mutant au profil de serpent s'était faufilé jusqu'à Beth, dans l'optique de l'étrangler. Sans doute pour la protéger elle. Initiative absurde, voyons, comme si elle avait besoin de qui que ce soit (hum...). En tous les cas, si Raven voulut esquisser un début de mouvement pour arrêter le geste du Confrériste, elle fut devancée par Beth, dédoublée, triplée, même (cette fois, aucun doute, c'était sa cambrioleuse), qui sut impeccablement se débarrasser de son ennemi. Liv n'appréciait pas forcément d'avoir à le reconnaître, mais un tel tour de force était plutôt admirable.
-Tes pouvoirs sont impressionnants, accepta-t-elle d'admettre très posément, son arme toujours baissée. À présent, tu devrais songer à les utiliser à bon escient.
Tout dépendait, bien sûr, de la définition que l'on donnait à l'adjectif "bon".
La peur est le chemin vers le côté obscur : la peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine… mène à la souffrance.
Pietro tourna son regard vers Emma quand Wanda affirma qu’il devait la conduire à l’hôpital. Le jeune homme se rendit alors compte que le sang qui la recouvrait était en partie le sien. Le jeune homme ne l’avait pas compris de suite, mais elle était blessée effectivement. Sur le moment, le mutant avait cru qu’elle était simplement de mèche avec les confréristes et donc qu’elle avait du sang humain sur elle. Mais il devait bien se rendre compte qu’il s’était trompé. En même temps, Pietro avait tendance à être un peu trop simple d’esprit quand il se trouvait en compagnie de sa jumelle, surtout depuis qu’ils n’avaient plus l’occasion d’être ensemble tout le temps. Il avait envie que Wanda quitte cette confrérie et qu’ils puissent reprendre une vie normale ensemble, loin de tout cela, loin de ce massacre. Emma reprit la parole pour eux deux, affirmant qu’ils ne partiraient pas sans elle. En temps normal, Pietro n’aimait pas vraiment quand quelqu’un prenait la liberté de s’exprimer à sa place, mais pour le coup Emma avait quand même bien raison. Il n’était pas question qu’ils partent sans elle. Bon, le mutant avait quand même l’intention de conduire Emma à l’hôpital pour qu’elle soit soignée, mais l’idéal c’était qu’ils partent tous ensemble. Cet endroit était de toute façon le lieu de tout massacre, ce n’était bon pour personne qu’ils restent. Même si Wanda ne pouvait pas vraiment partir et que le jeune homme avait peur de la mettre dans une situation plus que délicate en la poussant à les aider. Elle ne pouvait quand même pas rester avec eux après tout ça ? Et si… Pietro s’approcha d’Emma qui venait de faire un garrot avec un bout de sa manche. Elle disait qu’elle allait tenir le coup, mais Pietro n’était pas vraiment rassuré pour autant. Pas du tout même, parce qu’elle semblait souffrir, ce qui était normal au vu de la blessure qu’elle avait à sa jambe.
« Mais il faut vraiment qu’on y aille ! » Pietro tourna son regard vers sa jumelle. « Viens avec nous ! »
Pietro savait bien que ce n’était pas comme cela qu’il allait faire changer d’avis à sa jumelle, mais il ne pouvait pas s’empêcher de la supplier de les suivre. Elle ne pouvait quand même pas prendre le risque de rester ici avec tout ce qui était en train de se passer. Pas après qu’ils aient été vu ensemble en plus. Puisqu’il y avait quand même de nombreux mutants ici, dont une qui n’était pas vraiment bon de donner une plus grande raison de se méfier de Wanda. En parlant de ces mutants, Pietro tourna son regard vers Raven et Beth qui se trouvaient toujours là, un peu plus loin. Le jeune homme ne pouvait pas entendre ce qu’elles se disaient, mais Pietro n’avait pas vraiment envie de laisser Beth en compagnie du corbeau.
« Beth, viens… faut qu’on se casse ! »
Il ne pouvait pas vraiment l’abandonner là, il ne pouvait pas partir sans elle.
La peur est le chemin vers le côté obscur : la peur mène à la colère...
Beth se remettait encore de ses émotions. Certes, elle s'était rendu au milieu de tout ce massacre de son plein gré, mais elle ne s'était bêtement pas attendu à ce que deux de ses « frères » mutants tentent coup sur coup de la faire trépasser. Elle aurait pourtant dû. A force de jouer les invisibles de la société et d'attendre bien sagement que d'autres mutants finissent par venir à elle, elle n'était aujourd'hui qu'une inconnue au bataillon. Il n'était possible pour personne ici, à part pour Pietro qui l'avait appris peu de temps auparavant, de savoir qu'elle portait elle aussi le gêne mutant, et pour ce que les membres de la confrérie en savaient, elle n'était qu'une civile en colère et à exterminer parmi tant d'autres. A vrai dire, ce qu'elle venait de faire à l'instant, c'était un peu son coming out. En soi, ça faisait drôlement du bien, une libération à ne certainement pas négliger, mais elle aurait préféré dévoiler pour la première ses capacités au grand jour – puisqu'elle s'était efforcé de le faire des des endroits sombres et reclus jusqu'alors – face à des êtres bien plus pacifiques que ceux qu'elle avait actuellement sous les yeux. Entre les manifestants qui voulaient l'extermination des mutants et la partie de ces derniers qui voulait l'extermination de ces premiers, elle n'était vraiment pas très bien tombée. Mais qu'importait à présent, elle ne pouvait plus reculer.
Le regard – ou devrait-on dire « les » regards – toujours fixée sur le corbeau, dont elle n'arrivait d'ailleurs toujours pas à remettre le visage dans son esprit – rien d'étonnant là dedans en soi vu l'apparence qu'avait actuellement son interlocutrice – Beth ne répondit rien à la première remarque de cette dernière. Impressionnant ou non, son pouvoir faisait partie d'elle et rien ne pourrait changer cela. Loin d'elle l'idée d'en faire une arme de guerre et quoique ce soit s'apparentant à une telle chose, point qu'elle était persuadée de ne pas partager avec le corbeau, comme semblait très clairement en attestait les mots qu'elle lui dit ensuite. Cette remarque aux allures de compliment n'en était donc vraiment pas un aux yeux de la jeune femme.
- Je ne suis pas certaine d'avoir la même définition de bon escient que toi, répondit-elle avant de faire entrer de nouveau ses clones en elle, ne laissant plus que sa propre enveloppe à l'air libre, et montrant ainsi qu'elle n'avait pas l'intention de continuer quelconque combat. Ma mutation ne me servira jamais à tuer pour le plaisir, ajouta t-elle d'un ton où se mêlait reproche et dégoût.
Sans quitter des yeux le corbeau et après l'appel que lui avait lancé Pietro, Beth parcouru les quelques pas qui la séparait de ce dernier ainsi que des deux femmes qui avaient rejoint leur petite fête. Quand bien même elle n'avait pas manqué de jeté des regards dans leur direction pour être sûr de sa présence non loin d'elle, elle avait été trop concentrée sur celle qui avait eu quelques minutes plus tôt l'intention de la tuer pour avoir été en mesure de comprendre qui était réellement l'une d'entre elle vis à vis du coureur fou. L'heure n'était de toute façon pas aux présentations.
La peur est le chemin vers le côté obscure : la peur mène à la colère...
I
l était tentant, bien sûr, de répondre aux exigences d'Emma et de Pietro et de tout simplement faire chemin avec eux, surtout si cela pouvait pour de bon convaincre Emma, dont l'état l'inquiétait vraiment, de se laisser soigner, mais elle ne le pouvait pas. Certes, elle apprécierait de pouvoir rester auprès d'eux afin de s'assurer qu'ils allaient bien et qu'ils s'en tireraient comme il se doit. Mais ce n'était pas envisageable. Ce n'était pas seulement elle qu'elle mettrait en danger si elle décidait de les suivre. Ça allait au-delà de sa simple allégeance. Elle ne pouvait plus garder sur la situation le détachement qu'elle avait voulu adopter en premier lieu, mais ce n'était pas pour autant qu'elle pouvait fuir les lieux qu'elle avait de son propre chef contribué à rendre à ce point chaotique. Pietro appela l'autre jeune femme, celle qui se battait la seconde d'avant contre Raven, de partir avec eux. Wanda ne connaissait pas Beth, mais Pietro oui, ça lui suffisait, l'occasion n'était pas de celles qui permettent réellement de faire plus ample connaissance, quoi qu'il en soit, elle était, au même titre que son frère et Emma, une mutante, dans tous les cas, elle n'avait pas à payer le prix des actions de la Confrérie. Quand ils furent tous les quatre réunis, elle prit rapidement la parole, parvenant difficilement à détacher ses yeux d'Emma. Elle comptait vraiment sur la rapidité de Pietro pour la mener au plus vite jusqu'à l'hôpital le plus proche. La situation était urgente, il n'avait pas de temps à perdre, certainement pas celui de vainement la convaincre. Elle ne laisserait pas la vie d'Emma dépendre de son obstination.
-Ce sera pire, si je vous suis.
C'était vrai, du moins le pensait-elle réellement. Tous les confréristes étaient aux premières loges pour la voir assister son frère, et ils avaient sans doute été nombreux à attendre une telle preuve de cette fidélité encore accordée à son frère, qui revenait donc à une infidélité faite à Magnéto. Il y avait assez d'un jumeau traqué par une tueuse folle alliée parmi les jumeaux Maximoff, elle était moins en danger parmi les "siens" que parmi eux... Même si elle était bien plus attachés à ceux qu'elle suppliait de fuir qu'à ceux auprès de qui elle choisissait sciemment de demeurer.
-Si vous partez pas tout de suite, je vais devoir vous y forcer.
Sous-entendu, elle utiliserait ses pouvoirs sur eux, et elle n'en avait pas la moindre intention. D'un autre côté, elle considérait que ses méthodes seraient forcément plus pacifiques que celles du corbeau, qui semblait ceci dit s'être désintéressé du groupe de mutants, pour le moment. Et pour cause, les mutants n'étaient pas leur cible prioritaire. Il y avait de nombreux civils, ici... aussi innocents que le permettait la haine qu'ils manifestaient clairement à leur égard, à grands renforts d'armes à feu, et c'était eux, la cible.
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Emma commençait à avoir de la peine à se concentrer. Avoir les sens hyper développé dans un tel environnement n'était pas un avantage, loin de là et encore moins quand une perte de sang commençait à se faire sentir. Les hurlements résonnaient dans ses oreilles au point de lui donner mal à la tête, sa vue se troublait à tout moment se focalisant sur un visage ou un objet au loin avant de se brouiller et de se focaliser sur autre chose. L'odeur aussi était déstabilisant. C'était un mélange de poussière, de poudre de sang, de sueur et d'urine.
En temps normal, Emma aurait pu gérer. Elle avait apprit depuis longtemps à gérer ses sens et donc à éviter se genre de déconvenues dans la foule. Mais ça c'était quand elle était en pleine possession de ses moyens. Mais en cet instant, entre le goût du sang qui persistait dans sa gorge et surtout sa blessure, ce n'était pas vraiment évident.
Du coup, elle perdait un peu le fil de la conversation. Malgré son pansement improvisé, elle sentait son sang qui continuait de couler le long de sa jambe et la douleur lancinante à chaque fois qu'elle prenait appui dessus.
Mais elle entendit comme de loin l'échange de Pietro et Wanda. Emma ne voulait pas laisser son amie mais elle comprenait son point de vue. Prise d'un vertige alors qu'un voile noir passa un instant devant ses yeux, Emma prit appui sur l'épaule de Pietro. L'adrénaline faisait des effets mais pas encore des miracles.
Elle a raison..., chuchota-t-elle au jumeau Maximoff.
En les suivant, Wanda aurait encore plus d'ennuis que maintenant. Et s'ils restaient ici, ils en auraient des sérieux eux aussi.
Sans lâcher Pietro, Emma se tourna vers son amie après avoir jeté un coup d'oeil à la mutante particulièrement flippante qui se trouvait non loin d'eux.
Ta copine et toi devriez partir d'ici avant l'arrivée de la cavalerie.
En dehors de la foule, il y avait des bruits de sirènes et Emma était presque sûr que devant un tel attentat, ils lâcheraient artillerie lourde.
La mutante blessée se tourna alors vers l'autre mutante qu'elle ne connaissait pas non plus et qui semblait, elle, être de leur côté et non de celui de la Confrérie mais alors qu'elle voulu lui dire quelque chose, elle fut prise d'un nouveau malaise, se tenant à Pietro pour ne pas tomber.
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E
n effet, de « bon escient », Liv et son adversaire d’un instant ne devait pas avoir la même définition. Qu’importe. C’était dommage, mais Liv n’était pas là pour recruter les mutants à la place de Magnéto, chacun était libre de faire ce qu’il voulait, et les décisions de chacun avaient bien peu d’importance à ses yeux, tout comme la destinée individuelle du moindre de ces individus ne comptaient pas. La cause qu’elle-même prétendait défendre n’avait au fond également qu’une moindre importance quand on savait au nom de quels réels motifs la jeune femme avait décidé de rejoindre la confrérie des mauvais mutants, à savoir trouver un moyen de canaliser une soif de sang que rien ne savait étancher. Quoi qu’il en soit, si le camp de Beth était choisi, cela n’allait pour autant pas sceller son destin, du moins pas en ces lieux, pas en cet instant. Elle allait fuir en même temps que Pietro et la mutante à la patte folle et Wanda, elle, ferait bien ce qu’elle voudrait, cela n’intéressait pas la jeune femme le moins du monde. Du moment qu’il laissait le champ libre au mutant de faire le carnage qui leur avait été ordonné sans détracteur dans les pattes. Son regard se posa encore quelques instants sur les mutants, et elle éprouva un certain soulagement à l’idée que Pietro disparaisse des lieux (si cette tête de mule se décidait bel et bien à le faire). Il ne manquerait pas que cette situation compromette sa vision et qu’un autre se charge de le tuer à sa place. Quoiqu’au fond, si ce pouvait être le cas, ce serait sans doute au mieux pour eux deux.
Détournant finalement le regard, consciente qu’elle s’était désintéressée déjà bien trop longtemps de ceux qui devaient représenter ses seules et uniques cibles, elle déploya ses ailes et décida de prendre de la hauteur sur la scène, afin de déterminer au mieux où elle allait à présent intervenir. À peine avait-elle pu s’élever de quelques mètres qu’une balle frôla l’une de ses ailes, lui arrachant quelques plumes. Rien de bien grave ou alarmant en soi, certes, mais cette balle inattendue déstabilisa suffisamment le corbeau pour entraîner un atterrissage en urgence, en rien contrôlé. Remise sur ses pieds, considérant son aile redevenue bras endolorie, saignant légèrement, elle prit la plus appropriée des décisions à ses yeux : son arme à la main, elle se jeta en direction de son agresseur et arrêta les battements de son cœur d’un coup de l’âme avant que de laisser le monstre s’exprimer dans le sang comme il en avait pour habitude, et comme il avait appris à si bien le faire. Elle avait déjà bien trop attendu à son goût, et si pour certains – c’était en tous cas ainsi qu’elle voyait les choses – le moment était venu d’abandonner et de se retirer de la partie, pour elle, le jeu ne faisait que commencer, et ce jour se chargerait bien de réduire ces civils haineux et protestataires à un silence durable et plus que bienvenu.
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Pietro n’aimait pas ça du tout, mais il devait reconnaitre qu’il était important qu’ils s’en aillent. Le jeune homme voulait évidemment que sa sœur vienne avec eux, mais pour cela il aurait fallu que la jeune femme accepte de quitter la confrérie. Il comprenait parfaitement ce que sa jumelle ressentait, mais il ne parvenait pas à comprendre qu’elle accepte de faire de tels actes. D’accord, les humains étaient des enfoirés pour la plupart parce qu’ils ne comprenaient pas ceux qui étaient différents. Mais cet instant prouvait qu’une grande partie des mutants ne valait pas mieux qu’eux. Ce n’était pas comme ça qu’ils allaient arranger la situation, même si c’était vraiment tentant de faire du mal aux humains. Pietro avait parfaitement conscience que sa jumelle n’avait pas l’intention de trahir Magnéto, mais quand même, comment pouvait-elle supporter tout ça ? Enfin bon, la question n’était pas vraiment à se poser pour le moment. Pietro devait s’en aller, avec Emma parce qu’elle était blessée et avec Beth pour la mettre en sécurité. Le jeune homme ne quitta pas du regard sa sœur alors qu’elle affirmait que ça serait pire si elle venait avec eux. Ça l’agaçait de le reconnaitre, mais elle avait raison. Certain membre de la confrérie devait attendre le moment parfait pour pouvoir s’en prendre à Wanda, celui où elle prouverait à tout le monde qu’elle aidait son jumeau. D’accord… ils n’avaient pas le choix. Emma était d’accord avec elle aussi et elle semblait de plus en plus mal en point. Parce qu’alors qu’elle affirmait au mutant qu’il devait s’en aller avec sa copine (Beth donc, qui les avait rejoint), elle fut prise d’un malaise. Pietro attrapa son amie pour l’empêcher de tomber, il fallait vraiment qu’il l’emmène à l’hôpital.
« D’accord… on y va. » Affirma-t-il donc dans un soupir, en prenant Emma dans ses bras pour pouvoir la transporter plus facilement. Il fallait vraiment qu’il l’emmène à l’hôpital pour qu’elle se fasse soigner, avant qu’il ne soit trop tard. « Fais attention à toi. »
Lança-t-il à sa jumelle, lui signifiant donc par là qu’elle n’avait pas intérêt à se faire avoir d’une quelconque manière. Il n’aimait vraiment pas l’idée de devoir la laisser là, mais il n’avait pas trop le choix. Emma avait besoin de soin de toute urgence. Sans la blessure de la mutante, peut-être qu’il aurait opposé plus de résistance. Mais après tout, il n’était pas capable de faire grand-chose en cet instant précis, il ne pouvait pas arrêter les confréristes et il n’avait pas forcément envie de protéger les humains non plus. Il fallait qu’il sauve sa peau ainsi que celles de ses amies. Et ils n’avaient pas vraiment de temps à perdre en plus. Pietro tourna donc son regard vers Beth, qu’il n’avait évidemment pas l’intention de laisser là dans ce capharnaüm.
« Accroche-toi à moi ! »
Il n’allait pas pouvoir la tenir, parce qu’il tenait déjà Emma. Mais il pensait que si elle se tenait bien, il ne devrait pas avoir de soucis. De toute façon, ils n’avaient pas trop le choix, alors dès que ce fut sûr, il fonça le plus rapidement possible vers l’hôpital le plus proche.