wen, depuis quelques temps, fuyait les informations comme la peste, elle qui les suivait très assidument d’ordinaire avait décidé de prendre quelques distances dès lors que l’attentat qui avait frappé son lycée avait été traité en long, en large et en travers, trop, beaucoup trop. Elle n’avait pas besoin de la photographie de son père affichée à la télévision pour se rappeler et déplorer la mort du capitaine Stacy. Elle savait bien qu’elle ne pourrait pas faire l’autruche très longtemps non plus, il viendrait forcément un moment où elle devrait affronter la réalité, plus encore qu’elle avait assuré à son Spider-Man de petit ami (non sans avoir obtenu son consentement avec force chantage affectif) qu’elle veillerait à l’aider. Elle serait incapable de le faire convenable sans se tenir un minimum au courant de l’actualité. Sans compter, évidemment, que sa curiosité naturelle, son érudition bien trop affirmée, et son envie de toujours tout savoir, prendraient bien assez rapidement le dessus sur le reste. Et parfois, même sans vouloir se tenir informé de l’actualité, cette-dernière ne pouvait pour autant pas vous échapper. Ainsi, Gwen n’avait pas le moins du monde pu passer à côté du retour de Bruce Banner à New York. Il faut dire qu’il n’avait pas fait les choses à moitié. Quand on vous apprenait qu’une créature géante et verte avait semé la terreur à New York, outre le fait qu’il était bien impossible de ne pas en entendre parler, tant la rumeur savait se répandre comme une trainée de poudre, et que vous connaissez Hulk, il était fort difficile de ne pas faire le rapprochement. Gwen était partagée en entendant cette nouvelle. Certes, elle était ravie d’apprendre le retour de Bruce à New York, mais les circonstances dans lesquelles elle l’apprenait n’engageaient à rien de vraiment bon, et elle le déplorait un peu. Elle aurait largement préféré avoir des nouvelles de lui en recevant une lettre de sa part, ou même une visite surprise à son appartement. Enfin.
Gwen s’était donc mis en tête de retrouver Bruce Banner, ce qui était en soi plus facile à dire qu’à faire. Elle doutait fort qu’il habite au même endroit qu’à l’époque, et plus encore de le trouver en cherchant bêtement dans l’annuaire. Elle avait donc prit le parti de se rendre plus régulièrement dans un café où ils avaient souvent eu l’habitude de se retrouver. Pas sûr qu’elle l’y croise, mais qui sait ? Et au pire, ça la faisait sortir et lui changeait les idées, et ce n’était absolument pas négligeable. Ce fut donc dans cet optique qu’elle se rendit dans ce petit café qui, certes, ne payait pas de mine, mais proposait un cappuccino excellent. Elle avait ramené un peu de travail (on ne se refait pas), mettant ce temps à profit pour prendre un peu d’avance tout en sirotant sa boisson chaude, jetant de temps à autres et sans beaucoup d’espoir un regard en direction de la porte quand une personne entrait ou sortait. Plusieurs jours qu’elle s’amusait à ça, il y avait tout de même peu de chances pour qu’elle soit exaucée. Sauf qu’elle le fut. Et un sourire sincère se déposa sur son visage en reconnaissant l’homme qui venait d’entrer. C’était bel et bien lui. Elle se leva de sa table, y laissant toutes ses affaires, pour s’avancer vers son interlocuteur.
-Bruce ! Ça me fait plaisir de te revoir. Elle lui adressa un sourire légèrement hésitant. J’ai cru comprendre que tu as fait un retour remarqué à New York.
ruce longeait les murs des petites ruelles de New York. C'était pour lui le seul moyen de ne pas être remarqué et dérangé par les personnes qui l'entouraient. Bousculade, brouhaha, précipitation… Rien que ces trois facteurs constituaient à eux seuls les meilleurs moyens de faire sortir l'autre qui était enfouit au plus profond de lui. Et puis, l'armée était de nouveau à sa recherche désormais. En même temps, qui laisserait en liberté un homme renfermant en lui le potentiel destructeur d'un tremblement de terre ? (Voir plus.) Banner était une fois de plus obligé de se cacher. Lui qui avait prit la décision de s'isoler pour protéger les innocents, mais aussi pour se protéger de lui-même. Malheureusement, Hulk avait décidé de le ramener à New York. L'abandonnant au beau milieu de la grande ville. Il n'avait plus aucun moyen désormais de s'isoler des autres. Il avait cette douleur en lui désormais, parce qu'il était obligé de vivre avec cette menace constante qui le rongeait de l'intérieur. Plus d'une fois, il avait songé à mettre un terme à sa vie. Mais, concrètement, il avait déjà essayé un bon nombre de stratagèmes sans succès. Et maintenant qu'il se retrouvait sans rien, au beau milieu de la ''Grosse Pomme''… Il n'avait aucun moyen de mourir subitement. Et il lui fallait à tout prix que sa mort soit rapide et pas agonisante, afin d'éviter que l'autre ne prenne le dessus et ne cause de nouveaux problèmes. Sauter du haut d'un building ? Il serait transformé avant de s'écraser par terre. Se faire tabasser à mort par des voyous ? C'est eux qui finiraient encastrés dans le mur…
Enfin, désormais, Bruce devait stabiliser sa situation jusqu'à ce qu'il trouve un moyen de repartir de New York. Il avait réussit à trouver un petit studio juste au dessus du café où il allait régulièrement du temps où il était ''normal''. A cet endroit, il n'avait que des amis à qui il savait qu'il pouvait faire confiance. Le propriétaire avait accepté de le loger gratuitement le temps qu'il trouve de quoi le payer. C'était peut être pas un palace cinq étoiles, mais il y avait quand même une douche, une toilette, un lavabo et un matelas posé par terre. Le minimum nécessaire, quoi. Il était plongé dans ses recherches de travail feuilletait les moindres offres d'emplois dans le journal et empruntait l'ordinateur du café dès qu'il en avait l'occasion. C'est donc, le journal du matin sous le bras, qu'il entra un jour de plus dans le café.
Et quelle fut sa surprise quand il se retrouva face à face avec Gwen Stacy, la jeune et talentueuse lycéenne à qui il avait donné des cours durant une certaine période. Il s'était vraiment prit d'une affection particulière pour la jeune fille qu'il avait prit sous son aile jusqu'à ce qu'on ait décidé de le considérer comme un danger public. Elle faisait partie des rares personnes en dehors de l'armée qui savait pour la monstruosité qui sommeillait en lui. Heureusement, contrairement à d'autres, elle avait préféré le soutenir plutôt que de l'abandonner à son triste sort. ''Gwen ? Bon sang… Mais… Qu'est-ce que tu…'' L'ex physicien peinait à trouver ses mots, tant la surprise était grande et tant l'émotion était intense. Il avait du mal à sourire, bien que la joie le submergeait en ce moment même. La gêne fut finalement au rendez-vous, puisqu'elle mentionna son retour remarqué de tous. Un peu brusque comme retrouvailles pensa-t-il. Après tout, il était difficile, et peut être hypocrite, d'essayer de parler de choses et d'autres comme si de rien était. ''Ah, tu as remarqué ?'' dit-il finalement avec une touche d'humour très vite remplacée une fois de plus la gêne d'avoir osé en rire. Le stress et l'angoisse lui faisaient toujours dire des choses stupides et déplacées. C'était sa manière à lui de détendre l'atmosphère, souvent en vain. ''Tu es assise quelque part ?'' demanda-t-il en jetant un coup d’œil à la salle. ''Je crois qu'on a beaucoup de choses à se dire.''
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Dernière édition par Bruce Banner le Dim 10 Juil - 21:08, édité 1 fois
choisir, Gwen aurait voulu que ses retrouvailles avec Bruce se déroulent d'une autre manière, qu'elle n'ait pas à découvrir qu'il était de retour en de si déplaisantes circonstances, qu'il se contente de la contacter pour lui offrir de la revoir ou qu'ils se croisent par hasard dans la rue. Mais on a rarement ce que l'on désire, dans la vie. Au moins n'avait-elle pas assisté à l'esclandre dans les rues de New York, c'était déjà ça. Oui, les circonstances n'étaient pas les meilleures possibles, mais c'était toujours mieux que rien, et Gwen était sincèrement ravie de pouvoir revoir celui qui avait été (et restait encore) l'un de ses grands maîtres à penser. Visiblement, lui aussi, était heureux de la revoir, même si ceci s'exprimait relativement maladroitement. Et pour cause, la situation eut pu être plus idyllique... Mais elle aurait tout à fait pu l'être moins, cela étant. Il choisit un humour maladroit pour parade, quand elle évoqua son retour remarqué. Pas forcément le plus approprié à la situation, mais cela fit tout de même décocher à la jeune étudiante un léger sourire. Elle ne lui demandait pas forcément de revenir sur cet incident spécifique. Elle savait pertinemment que le souvenir devait encore en être beaucoup trop cuisant, elle ne comptait pas le blâmer ou l'obliger à revivre mentalement cet instant (elle devinait qu'il n'avait pas besoin d'elle, pour cela), elle voulait juste lui signifier rapidement qu'elle savait. Même si, au fond, ça ne pouvait pas vraiment faire le moindre doute. Il fallait être aveugle, sourd, et vraiment peu soucieux de l'actualité pour ne pas être au courant de cet événement spécifique.
-Au coin, là-bas. répondit-elle en désignant la table où elle était installée, avant de s'y rendre afin de proposer à Bruce d'y prendre place avec elle, il était assez évident qu'ils avaient beaucoup à se dire, l'un comme l'autre (quoique pour sa part, tout ce qu'elle avait pu vivre - et pourtant, il y avait de quoi faire - semblait bien minime en comparaison de ce qu'avait dû vivre Bruce Wayne), et être confortablement installés durant ce temps serait bien loin d'être un mal. Une fois qu'ils furent tous deux assis, Gwen se permit de revenir à la charge. Je crois que tu as plus à dire que moi, ce n'est pas moi qui ait disparu de la circulation tout ce temps. Bon, d'accord, il avait de très bonnes raisons pour cela, et la jeune femme ne le lui reprochait pas une seule seconde, seulement, de fait, il manquait à Gwen grand nombre d'informations peut-être primordiales sur ce qu'avait été la vie de Bruce durant son absence. Alors, raconte-moi tout.
Et par tout, elle parlait évidemment de tout ce qui avait suivi son départ, et de tout ce qui pouvait expliquer par ailleurs son retour (et si, au passage, il pouvait lui assurer qu'il n'avait pas l'intention de partir de sitôt malgré les récents événements, elle lui serait infiniment reconnaissante).
ruce suivit Gwen jusqu'à la table où elle s'était installée. Il s'assit donc en face d'elle tout en continuant de se frotter nerveusement les mains l'une contre l'autre. Au point où il en était, il fallait dire qu'il apportait très peu d'importance aux apparences. Il ne faisait plus attention à ses tics nerveux et à ses mimiques qu'il avait pour habitude de cacher. D'autres préoccupations occupaient son esprit. Comme par exemple : ''Arriverai-je à empêcher l'autre de prendre le contrôle ?'' / ''Si j'échoue, pourrai-je le calmer à temps ?'' / ''Si ça se solde une fois de plus par un échec, combien de personne va-t-il encore tuer ?'' etc. Tout cela était pour dire que le Bruce qui faisait face Gwen à cet instant n'était pas/plus du tout le même que celui qui lui donnait autrefois des cours au lycée. Avant, il était quelqu'un de plutôt calme qui donnait l'impression d'être attentif aux problèmes des autres. Désormais, il était plus concentré sur les siens, zyeutait constamment de droit à gauche pour voir si personne de louche pouvait lui vouloir du mal et était non-stop habité de mouvements nerveux. Sa voix aussi était différente. Il bégayait plus et avait du mal à terminer ses phrases, surtout quand on parlait de lui. Il était aussi très fatigué. Ses nuits étaient incroyablement courtes. On pouvait voir de profondes cernes creusées sous ses yeux. Ironiquement, le seul moment où il pouvait faire des nuits normales, c'était juste après ses transformations en Hulk. Et encore…
Bruce ne savait pas si il avait plus de choses à dire que Gwen. Mais en tout cas, il en avait beaucoup. Surtout en ce moment. Banner n'était vraiment pas à l'aise… Il avait l'impression que la jeune femme était en train de remuer le couteau dans la plaie. Après, qui pouvait lui en vouloir ? Bruce était juste à deux doigts de partir d'ici tellement il se sentait mal. Ce sentiment pouvait amener beaucoup de choses. Notamment de la colère. Et il fallait vraiment pas qu'il entame l'un des chemins menant à elle. Il finit en fin de compte par lui raconter le fameux ''tout''. ''Eh bien, par où commencer… Peu de temps après mon exposition aux rayons gamma, j'ai dépensé tout ce que j'avais afin de me couper du reste du monde. J'ai tout abandonné. Mes collègues, mes amis, ma famille… Betty…'' Il s'interrompit un instant, sentant l'émotion monter fortement. Il fallait qu'il la contrôle. Vraiment, les émotions qu'il pouvait ressentir avaient les moyens de le conduire facilement à la colère. Surtout la tristesse. Il prit une grande inspiration avant de reprendre. ''Je me suis donc exilé en Asie. Au fin fond d'une forêt profonde, dans une cabane construite par les locaux qui disposait du stricte nécessaire pour vivre. Je sortais de la forêt uniquement pour aller me procurer de quoi manger et boire dans un village qui se trouvait à trois heures de marche de ma cabane.'' Le barman, qui connaissait bien Bruce ainsi que ses habitudes, amena deux cafés, deux verres et une carafe d'eau à leur table, lui disant que c'était offert par la maison. Bruce le remercia d'un signe de tête puis se remplit un verre d'eau qu'il but presque cul sec. ''Puis un jour, le drame arriva. Tout allait bien pourtant. J'étais parfaitement calme. Mais malheureusement… Il a réussit à reprendre le contrôle et m'a ramené ici, à New York.'' Il se resservit un verre d'eau, qu'il but de manière plus modérée cette fois. ''Moi qui pensait ne jamais revoir cette ville…''
wen avait laissé sa curiosité prendre le dessus, comme bien souvent avec elle, si bien qu'elle n'avait pas vraiment considéré la possibilité que pour Bruce, faire le récit de ce qui lui était arrivé depuis son départ précipité de New York allait être une véritable épreuve. Il avait voulu se couper du monde. Gwen le comprenait. Si elle trouvait dommage qu'un esprit aussi brillant que le sien se contraigne à l'isolement, elle ne pouvait qu'imaginer ce que son état lui faisait subir de psychologiquement (et physiquement un peu quand même) d'éprouvant. Il avait tout laissé derrière lui (y compris elle, quelque part, même si elle savait très bien qu'elle ne représentait pas le plus grand sacrifice qu'il ait pu faire)... Gwen ignorait si elle aurait su être capable d'un tel isolement pour sa part. Alors qu'on lui arrachait les êtres qui lui étaient le plus proche, elle souffrait déjà terriblement, alors s'arracher à eux... Elle ne pensait pas que cela aurait pu lui être possible. Il avait donc vécu aussi simplement que possible, quelque part en Asie, là où le risque pour lui d'être retrouvé par qui que ce soit était minimal. Son retour à New York n'avait pas été le fruit de sa volonté. Hulk avait repris le dessus et l'avait sommé de retrouver sa place d'antan... de façon on ne peut plus brutale et visible. Comme quoi, on peut tenter autant que possible d'échapper à ses problèmes, ce n'était pas pour autant qu'ils ne trouvaient pas un moyen de vous rattraper. La fuite n'était jamais une solution. Au fond, même si Gwen aurait voulu que les choses se passent différemment, elle était contente que le tour qu'avait pris la vie de Bruce l'ai reconduit ici. Et elle osait croire qu'il ne fuirait plus de nouveau, à présent. Il devenait évident que ce n'était pas la bonne solution.
"En tous cas, je suis contente que tu sois de retour", répondit-elle des plus honnêtement dans un léger sourire. Bien sûr, il aurait été préférable que ce soit dans d'autres circonstances, mais tant pis, au moins était-il là, alors qu'elle n'avait pas été certaine de le revoir un jour. Certes, elle ne s'ôtait pas de la tête l'idée qu'il pourrait de nouveau disparaître du jour au lendemain, mais elle espérait que ce ne serait pas le cas. À ce moment spécifique de son existence, elle avait grand besoin de repères, et quelqu'un comme Bruce, qu'elle considérait un peu comme un mentor, en constituait un solide et certain, auquel elle n'avait nulle envie de renoncer. "Car tu comptes rester à New York, n'est-ce pas ?"
Peut-être que non, après tout, mais le fait qu'il ne soit pas reparti directement après le branle-bas de combat provoqué par le retour du géant vert était plutôt encourageant. De toute façon, ici ou ailleurs, ce n'était pas comme cela qu'il parviendrait à une meilleure... disons une meilleure cohabitation avec le Mr Hyde de son Dr Jekyll.