I. Boiling Point

- 2 mois avant le retour officiel de Banner -

L'isolement, le calme, la paix. Bruce est parti en quête de ces trois objectifs. Il espérait encore pouvoir les atteindre, il refusait encore de croire en la réalité. Certains croient en un ou plusieurs dieux, d'autres croient en des dirigeants, ou encore à des principes perdus ou corrompus. Bruce non. Bruce est un scientifique, il est censé croire en ce qui est réalisable, en l'expérimentation. Croire aux faits, croire en la réalité. Pour lui, cette réalité porte le nom de Hulk. Cependant il refusait à s'y résoudre. Il pensait qu'en s'exilant, qu'en quittant à la fois ceux qu'il aime et ceux qui le détestent, c'est-à-dire ceux à qui il fait du mal et ceux qui lui en font, il se débarrasserait de Hulk.

C'était bien imaginé, depuis son arrivée au Canada, dans la maison de vacances de son ami et ancien collègue Samuel Stern, il ne s'était plus transformé une seule fois. La réclusion avait portée ses fruits, plus de Betty, plus de Thaddeus, plus de dieu de la tromperie pour tenter de le manipuler, plus d'agents gouvernementaux ni de justiciers armés qui tentaient de l'enfermer. Il n'avait qu'à s'inquiéter de ne pas prendre froid et de ne pas trop s'approcher des gloutons qui gambadaient dans les environs. Ces petites bêtes peuvent parfois être agressives.

Bravo, il n'y avait plus de Hulk, le problème est qu'il n'y avait plus non plus de Bruce Banner. A quoi bon vivre, à quoi bon exister quand on doit renoncer à tout ce que l'on aime, à tout ce dont on a besoin pour se sentir vivant ? Bruce n'a jamais tenté de fréquenter de nouvelles personnes, il se martelait qu'il ne devait pas répéter les erreurs du passé, ne plus mettre en danger quiconque à cause de ce qu'il avait en lui. Seul, il ne passait toutefois pas ses journées à procrastiner. La maison de vacances de Samuel était équipée du matériel scientifique de son propriétaire (la recherche ne prend jamais de vacances), et Stern avait accordé à Bruce le loisir de s'occuper en menant ses propres travaux. De son côté, il avait promis au pauvre fugitif de tenter de trouver un remède à son problème de transformation. La retraite n'était censée être qu'une étape avant la guérison. Néanmoins, les semaines et les mois passaient sans que Stern ne parvienne à avancer et Bruce commençait enfin à accepter la réalité : il commençait à accepter Hulk. Si Bruce vit, Hulk vit. Si Bruce meurt, Hulk meurt. Résolu et démuni, ne parvenant pas lui-même à trouver une solution pour se guérir, notre physicien américain a décidé de tuer Hulk, autrement dit de mettre fin à ses jours.

C'était plus simple à imaginer qu'à réaliser. Ce n'était pas le manque de volonté, ou de folie, qui retenait Bruce, mais la possibilité de concrétiser son projet. Comment mettre un terme sa vie sans que Hulk intervienne ? La pendaison et la noyade prendraient trop de temps, sous l'effet du stress, de l'agonie et de la peur, son double se manifesterait et les sauverait. C'était le même problème avec le poison : Hulk apparaîtrait avant que l'effet ne le tue. Même un coup de lame en pleine gorge risquait d'être trop lent. Il fallait de l'instantané et de l'indolore. Une balle. En pleine tête.

Se procurer l'arme n'a pas été compliqué. Mettre le canon du revolver chargé contre sa tempe l'a été un peu plus. Et si Stern parvenait à trouver un remède ? Si lui y parvenait ? S'il arrivait finalement à contrôler le titan vert ? Non, le risque était trop grand. Cela ne valait pas le coup de vivre au milieu de cette peur et de cette rage, de toute cette folie. Qui sait jusqu'où cela pourrait aller... Il fallait y mettre un terme, maintenant.

Bruce pressa la détente.


II. Beware... The Hulk !

- Le passé -

Bruce avait toujours eu du mal avec l'image du père, en raison de son expérience personnelle. Son géniteur le jalousait, le détestait, le battait. Il connaissait aussi les racines du mal, son grand-père frappait son père, son père le frappait lui. A cause de ceci, Bruce a été introverti pendant des années, mais surtout, il n'a jamais été capable de s'imaginer en tant que père. Betty lui répétait sans cesse qu'il ferait un très bon père et qu'il ne réitérerait jamais les pêchés de son père. Bruce acquiesçait, mais il ne pouvait pas s'empêcher de penser que c'était aussi ce que sa mère disait à son père. Piètre résultat... La question de la paternité était un problème de taille, mais Bruce craignait aussi un jour de lever la main sur Betty, comme Brian l'avait fait sur sa mère, et de commettre l'irréparable. Cette peur le hanterait jusqu'à la fin de ses jours, il ignorait encore à quel point.

Ainsi, lorsque Betty présenta Bruce à son père, le général Thaddeus Ross de l'U.S. Air Force, Bruce était tiraillé par différents sentiments. Il espérait trouver avec cet homme le père qu'il aurait aimé avoir, mais il craignait également cette incarnation de l'autorité paternelle. Le bien surnommé "Thunderbolt" avait en effet tout du cliché hyperbolique du père et du militaire protecteur, dur et sévère. Cependant, l'individu accepta facilement Bruce comme futur gendre. Toutefois, rétrospectivement, Bruce se demanda si Thaddeus n'agissait pas de cette façon envers lui pour l'inciter à travailler en plus étroite collaboration avec l'armée. En tous cas, l'inimité entre les deux hommes ne tarda pas à se manifester, après l'incident.

Alors justement en collaboration avec l'armée, travaillant dans une base de l'U.S. Air Force alors dirigée par le père de Betty, Bruce mettait au point un prototype de bombe gamma. L'exploitation de cette nouvelle énergie permettrait aux Etats-Unis d'être imbattables lors des conflits armés. L'énergie gamma serait encore plus puissante que l'énergie atomique, mais bien maîtrisée, elle pourrait épargner le matériel technologique. Pour Bruce, l'utilisation de l'énergie Gamma en tant qu'arme n'était qu'un début, il avait d'autres aspirations, d'autres rêves. Ils seraient très vite écrasés. Bruce venait juste d'enclencher le compte à rebours de la bombe, afin d'en vérifier le fonctionnement pour l'armée, quand la sécurité vit sur l'écran de surveillance un jeune homme à proximité du rayon d'action de l'engin. Horrifié, Bruce demanda aux soldats ce qu'ils allaient faire, mais les ordres de ceux-ci étaient alors d'éliminer l'individu suspect au cas où il s'agirait d'un terroriste ou d'un saboteur. Refusant qu'un adolescent perde la vie en partie à cause de lui, Bruce outrepassa l'autorité et se précipita dans la zone interdite pour l'en faire sortir avant l'explosion. Les militaires ne se risquèrent pas à tirer sur Bruce pour le stopper. Le physicien parvint à éjecter le jeune homme assez loin, mais il ne put pas quitter le champ à temps.

A son réveil, le général Ross lui passa un gigantesque savon, selon lequel il n'avait pas à jouer les héros et les suicidaires pour sauver un hippie anarchiste, qu'il avait agi non seulement comme un idiot mais aussi de façon très égoïste. C'était vrai, il n'avait pas pensé à Betty. Désormais il ne pouvait plus l'approcher. En effet, les militaires l'avaient placé sous quarantaine, sa survie était pour l'instant inexplicable et les médecins et chercheurs de l'armée examinaient des échantillons de son sang afin de comprendre ce qui avait pu se produire, et ce qu'il adviendrait de lui dans les jours à venir. Bruce était isolé. Le général Ross avait interdit à Betty de revenir dans cette base tant qu'on ignorait tous les tenants et les aboutissants de cette journée. Bruce n'était pas le seul problème...

Les chercheurs de la base respectaient et admiraient beaucoup le génie scientifique du docteur Banner, il avait donc pu obtenir par leur biais des informations sur le "hippie anarchiste" qui était désormais captif de l'U.S. Air Force, aussi dans cette base. C'était un dénommé Rick Jones, un jeune orphelin, pirate informatique très doué qui avait déjà causé plusieurs misères au gouvernement. Grâce à ses talents, il avait pu connaître le lieu et la date du premier essai de prototype de bombe gamma. Son objectif était de filmer l'explosion pour le diffuser sur les réseaux sociaux afin que les gens prennent conscience des armes très dangereuses que mettaient au point l'armée.

L'armée, et lui. Plusieurs jours après avoir entendu cela, Bruce conservait la même pensée, il était en partie responsable. Est-ce que le fait de travailler sur l'énergie gamma, d'en faire une arme, était une façon pour lui de véhiculer la violence et l'agressivité qui étaient en lui depuis son enfance, transmise par son père ? Peut-être, peu importait. Pour l'instant, il souhaitait juste sortir d'ici et espérait que le jeune Jones s'en sortirait bien. Malheureusement, rien n'était moins sûr. L'armée n'était pas connue pour sa clémence envers les pirates. Cependant, ils aimaient bien recruter les gens talentueux, plutôt que de les avoir comme ennemis. Avec un peu de chance, Rick Jones se retrouverait dans cette situation, ce qui serait plutôt une chance compte tenu des risques qu'il a pris.

Malheureusement, c'était sans compter sur l'inflexibilité de "Thunderbolt" Ross. Lorsque Bruce, au-travers de sa cellule de quarantaine, lui présenta l'idée de faire de Jones un agent au service de l'armée, le général lui répondit que les rayons gamma lui avaient sans doute endommagé le cerveau pour lui faire proférer de telles insanités. Selon Thaddeus, le destin du garçon était scellé : il passerait le reste de sa vie en prison. En attendant, il insinua qu'il ne reculera devant aucun moyen pour faire parler Rick, afin qu'il donne le nom de ses complices pirates, de son réseau. Bruce hurla, frappa du point sur la vitre, encore et encore, mais Ross l'ignora et partit. La nuit, ou le jour suivant, Bruce entendit les hurlements de Rick. Combien de temps il les entendit ? Trop longtemps, il hurla à nouveau. Il ne savait plus s'il entendait Ross frapper Rick ou son père le frapper lui. Tout était flou, il était aveuglé par une rage démente.

La vitre se brisa sous ses coups. Après la vitre, se furent les murs qui cédèrent sous ses poins. Après les murs... Les hommes. Des dizaines et des dizaines d'hommes s'écroulèrent sous ses mains. Il n'avait jamais réalisé à quel point ils étaient fragiles. Ils se brisent si facilement... Se brisait-il si facilement sous les coups de son père ? Au-travers de la fureur, il entendit d'autres cris. Rick ? Non, c'était Ross qui hurlait dorénavant. Lui aussi était fragile, il allait le briser comme les autres petits hommes. Il s'avança, Ross tenta de fuir. Il bondit et atterrit devant le général, en percutant le plafond au passage. Fragile lui aussi. Il saisit Ross dans sa main. Petit et fragile. Il allait le casser.

Betty. Il pensa à Betty. Ross avait-il dit son nom ? Il ne savait pas, trop de bruit de fureur. Assourdissant. Il jeta Ross puis se tourna vers la pièce dont il venait de sortir. Rick Jones y était toujours. Horrifié, il reculait. Bruce s'avança vers lui. Bruce ? Non, pas Bruce, Bruce est fragile. Il a été tenté de briser Rick, mais il s'est retenu. Rick Jones est sa responsabilité. Il l'a empoigné, fermement mais non violemment. Rick ne s'est pas débattu, il lui faisait confiance. A présent, ils devaient fuir.


III. Agent of SHIELD

- 1 jour après le retour officiel de Bruce Banner aux Etats-Unis -

- Et donc votre tentative de suicide a échoué ?

La question de Maria Hill était sans doute rhétorique puisque Bruce se tenait en face d'elle. Il termina sa verveine et acquiesça. Il ôta sa casquette afin de montrer un léger endroit sur le côté droit de sa tête où ses cheveux ne poussaient plus, brûlés. Hulk, comme l'avait nommé le général Ross, était apparu juste assez pour le sauver, pour les sauver tous deux. Bruce avait échoué. C'est cet échec qui l'avait motivé à revenir dans le pays de ses crimes passés. Il ne pouvait ni mourir, ni se guérir, pas avec les moyens actuels. Il était maudit. Il avait donc annoncé par mail à Samuel Stern qu'il retournait aux Etats-Unis. Plutôt que de tenter de fuir ce qui le poursuivait inlassablement, il allait s'y confronter directement. Il allait se confronter à l'armée, au SHIELD, à Betty, mais surtout à Hulk. Il allait se confronter à cette violence indélébile qui le hantait, à l'héritage des Banner.

Maria Hill était sa première interlocutrice depuis son retour, en-dehors de Rick Jones qui lui avait permis de la contacter directement grâce à son réseau. C'était mieux ainsi, elle était moins bornée et plus subtile que le général Ross, mais aussi moins attachée à l'éthique que Nick Fury. Présentement, c'était ce qu'il lui fallait. Elle avait accepté de le rencontrer sans qu'il soit enfermé, mais il ne doutait pas qu'un nombre très élevé d'agents du SHIELD se tenaient à proximité. Bruce prit la parole.

- On ne peut pas se débarrasser de Hulk, on ne peut pas non plus le contenir. Aucune de vos prisons ne le retiendra, aucune de vos armes ne l'anéantira.

- Pour l'instant, lui répondit-elle froidement.

Il soupira d'un air désabusé avant de continuer, en faisant aller son regard de sa tasse à la directrice adjointe.

- Croyez-moi, lorsque ce jour viendra, j'en serai le premier ravi. En attendant, nous devons composer avec Hulk. Vous, moi, tout le monde. Voici donc ma proposition. Je m'offre à vous, en tant que Hulk, mais aussi en tant que Banner. Je ne sais pas ce que l'avenir me réserve, mais je refuse de laisser uniquement en héritage le souvenir d'un monstre qui détruit tout. Je suis docteur en physique, le meilleur expert en énergie gamma de ce pays... De tous les pays ! Stark, Osborn, Pym, Richards, ils laissent tous un fabuleux héritage scientifique, mais je ne vaux pas moins qu'eux ! Je veux les ressources du SHIELD pour mes recherches, je veux un laboratoire, des locaux où vivre dignes de ce nom, une équipe, que je suis libre de composer.

Il s'arrêta, Maria Hill ne répondit pas, elle savait qu'il n'avait pas fini d'énumérer ses exigences.

- Bien sûr, je veux aussi l'immunité, que l'armée... Que Ross me fiche la paix. Mais je veux pouvoir voir Betty, Betty Ross, sa fille.

Maria Hill haussa un sourcil et sourit.

- Ross est un rustre, mais il est borné. Il ne vous fichera pas la paix. Mais l'autorité de l'armée s'arrête là où celle du SHIELD commence. Si vous respectez vos engagements et qu'il tente quoique ce soit contre vous, je vous assure qu'il finira sa carrière en train d'astiquer des avions.

Bruce hocha la tête, il avait une dernière revendication.

- Enfin... Je veux que vos meilleurs scientifiques travaillent en collaboration avec moi pour tenter de trouver un remède contre Hulk.

Il n'était pas stupide, il savait bien qu'il ne pouvait pas faire confiance à Hill sur ce sujet. L'opportunité était trop belle pour elle. Elle allait disposer d'une arme de destruction massive qu'elle pourrait littéralement larguer depuis un héliporteur sur ses ennemis. Sans compter qu'avec les échantillons qu'ils allaient lui prélever, ils seraient sans doute en mesure de se livrer à des expérimentations dangereuses. Cela ne lui plaisait pas, pas du tout.

Après s'être vendu à l'armée et avoir risqué et coûté de nombreuses vies, le voilà qui recommençait cette fois-ci avec le SHIELD. Bruce Banner agissait toujours égoïstement. Mais une chose avait changé, aujourd'hui, il avait la possibilité de surveiller ceux avec qui il allait travailler. Cet atout, c'était Rick Jones, qui avait endossé le surnom du pirate informatique : Whisperer. Avec son aide, il pourrait savoir ce que le SHIELD ferait de ses travaux, du moins il l'espérait.

Maria Hill lui adressa un sourire carnassier.

- J'accepte vos exigences docteur Banner, je suis certaine que vous ferez du bon travail au sein de notre organisation. Désormais, Hulk est du côté des gentils.

En entendant cette phrase sentant le mal à plein nez, je souris. Moi, l'ombre du père, ton amertume, ta souffrance, pauvre petit et fragile Banner. Ceci est ton histoire, mais patience, bientôt ce sera la mienne. A force de faire des pactes avec le diable, tu ne seras plus qu'une coquille vide et rien ne m'empêchera de te fracasser de l'intérieur. Alors, je serai le Maître.

"Il était peut-être résigné à mourir, mais je soupçonne qu'il voulait mourir sans accompagnement de terreurs, tranquillement, dans une sorte de transe paisible. Une certaine facilité à accepter de périr n'est pas tellement rare, mais ce n'est pas souvent que vous rencontrez des hommes dont l'âme, cuirassée dans l'amertume impénétrable de la résolution, est prête à mener jusqu'au bout une bataille vouée à l'échec, car le désir de paix se fait plus ardent à mesure que l'espoir décline, et, à la fin, ce désir arrive à vaincre le désir même de vivre."

                                                                             Joseph Conrad, Lord Jim.


Bruce Banner est introverti, désespéré, dépressif et souffre de très fortes tendances bipolaires. Aucun résultat psychologique ne permet cependant de confirmer des troubles d'ordre schizophrénique. S'il y en a eu par le passé, ils ont disparu, ou bien ils se sont altérés sous la forme de "Hulk". Pour toutes ces raisons, je ne pourrais que déconseiller à la directrice adjointe Hill de l'employer en tant que physicien du SHIELD, il n'est déjà pas fiable en omettant sa particularité. Mais bon, Hill est-elle fiable ? Je suis sûr que non ! Les agents doivent en outre composer avec sa métamorphose. Extrêmement sensible à la frustration, au stress, à l’anxiété, le docteur Banner est une véritable bombe à retardement puisque chacun de ces facteurs peut occasionner l'apparition de l'incroyable "Hulk".

Toutefois, ils doivent bien reconnaître son étonnante faculté à s'investir entièrement dans son travail en occultant toute distraction. Il est complètement déterminé par ce qu'il entreprend et n'hésite pas à s'épuiser à la tâche. Il est en outre très soucieux du bien être de ses collaborateurs et n'hésite à tous les considérer comme des égaux. En-dehors de la peur de finir broyé par un gigantesque poing vert, c'est un plaisir de travailler en sa compagnie. J'en sais quelque chose !

Pour l'aider à contrôler Hulk, le docteur Banner a créé avec les ingénieurs un bracelet qui permet de contrôler sa tension. Lorsque l'alarme s'enclenche, il a pris l'habitude de sa calmer automatiquement. Au cas où cela ne suffirait pas, l'appareil est prévu pour délivrer automatiquement une forte dose de calmants. Je me méfiais de cet appareil, je l'ai donc entièrement scanné. Je n'ai pour l'instant rien repéré de douteux.

Bruce déteste se transformer en Hulk, mais il sait aussi que cela fait partie de son contrat. Il remplit ses missions sur le terrain comme il se doit, sans gaieté de cœur, mais en restant loyal envers ses engagements. Nous savons néanmoins tous les deux que Hill ne restera sans doute pas loyale envers les siens, c'est là que j'interviendrai. Grâce à Bruce, j'ai un agent sur le terrain, au cœur du SHIELD, qui me permet facilement d'accéder à leurs données, leur projet. Tant qu'ils ne dépassent pas les limites, nous nous contenteront d'observer, mais si Maria veut la faire à l'envers à mon ami, elle risque d'avoir une fuite de dossiers "secret défense" à gérer.

Ce n'est pas simple pour Bruce de jouer un double jeu, c'est loin d'être un menteur né. Cependant, je crois qu'il est tellement exaspéré par les comportements des fonctionnaires, directeurs et agents gouvernementaux, que cela ne le dérange plus d'agir de la sorte. Le pauvre a juste envie de pouvoir être avec ceux qu'il aime (pour l'instant c'est juste Betty et moi, mais c'est déjà pas mal !) mais aussi de pouvoir utiliser son génie scientifique comme il l'entend, sans que d'autres s'approprient ses inventions. J'ai cru comprendre que Stark a eu un problème similaire, mais lui il s'en sort toujours bien...

En parlant de Stark, je sais que Bruce n'aime pas aborder le sujet, mais il est rongé par la jalousie. Tony Stark, Reed Richard, Hank Pym... Ils sont adulés, ils réussissent, ils sont riches ! Lui est au moins leur égal intellectuel, j'insiste sur le "au moins", et à quoi il en est réduit ? Jouer les pit-bulls pour le SHIELD pour pouvoir bénéficier d'un semblant de vie normale !

Un semblant de vie normale oui, pas plus ! Betty Ross ne peut pas le voir tous les jours, et les gardes du SHIELD ne sont jamais très loin ! Vive l'intimité !

Reste la grande question... Qu'en est-il de Hulk ? Il semble conserver une bonne partie de la personnalité de Bruce, la preuve étant qu'il ne m'a pas massacré, ni Betty, ni même son père. Mais est-ce que c'est parce que Bruce parvient à garder une part de contrôle ? Je l'ignore... De même, en ce qui concerne l'intelligence de Hulk, je n'ai pas de réponse affirmée. Parfois il est à peine capable d'aligner deux mots entre deux grognements, parfois il semble capable de réfléchir et peut articuler quelques phrases correctes. Cela dépend-il de son niveau de colère ?

Une chose est sûre : si un jour Bruce se transforme en Hulk tout en conservant ses facultés intellectuelles intactes, rien ne pourra l'arrêter.


Whisperer