u fond, il fallait bien que les choses se terminent de cette manière à un moment ou à un autre... Enfin non, ce n'était pas une "fin", en soi, mais disons que, quelque part, ce devait sans doute être un passage obligatoire. En revenant à New-York, où son signalement était connu des forces de l'ordre (même si en un an et demi - pour l'arranger - ils étaient quand même passés à autre chose), elle avait augmenté ses risques de se faire coincer, et c'était ce qui était finalement arrivé... Oui, elle savait bien que les flics finiraient par la coffrer, à un moment ou à un autre, elle pensait simplement que ce serait en accomplissant un exploit plus grand que la menue besogne qu'elle et Dave avaient choisi d'accomplir ce jour là... Quelques erreurs de débutants qui auraient pu ne pas causer soucis s'ils ne s'étaient pas trouvés au mauvais endroit au mauvais moment, s'ils n'avaient pas été tout simplement ralentis. Ce n'était de la faute à personne, si ce n'était celui d'un destin facétieux, ses quelques coups bien placés n'avaient pas suffi pour que les flics lâchent prise, et au final, ça avait juste empiré son cas. On ne pouvait pas franchement dire que ces murs gris et ses barreaux tout sauf accueillants lui plaisaient en quoi que ce soit... mais elle avait au moins la satisfaction de savoir que, de son côté, Dave s'en était tiré, et bien sûr, en ce qui la concernait, elle avait obstinément refusé de décliner l'identité de son associé et petit ami...
Obstinément assise, les bras croisés, elle se contentait de fixer l'extérieur de la cellule sans mot dire. Geindre ou se mettre en colère ne serait d'aucune utilité, aucune, elle n'avait pas l'intention de se morfondre, encore moins d'accepter son sort, non... Elle songeait seulement à la manière dont elle allait organiser son évasion. Car, bien sûr, elle refusait l'idée même de rester trop longtemps captive, d'une manière ou d'une autre, elle se libèrerait, elle ne savait pas comment, encore, c'est tout. Elle n'avait pas dormi depuis plus de deux jours, elle n'avait rien touché des plats qu'on lui avait apporté. Elle se contentait de rester là, assise, à les regarder défiler de l'autre côté des barreaux. Puis... une silhouette familière, trop familière. Le coeur de Mindy manqua un battement en le reconnaissant. Marcus. Elle aurait dû s'en douter. Il devait forcément finir par être au courant. Mais cette pensée, pourtant, n'avait pas su lui traverser l'esprit. Marcus... plus d'un fois elle avait rôdé aux alentours de chez lui, sans daigner lui donner signe de vie, consciente que ce serait la pire chose à faire, et voilà qu'il se tenait ici, juste en face d'elle.
-Marcus...
Clairement, elle aurait espéré d'autres façons pour eux de se retrouver. Bien sûr, ce n'est pas comme si cela devait vraiment le surprendre lui non plus, lui aussi devait se douter que cela arriverait, à un moment ou à un autre. Mais s'il avait fallu qu'ils se revoient, l'un comme l'autre auraient certainement souhaité d'autres circonstances.
-Surtout, ne me dis pas que tu m'avais prévenu. dit-elle d'un ton plus léger que le permettait la gravité de la situation.
Après un an et demi sans s'être vus ou parlé, elle leur improvisait les retrouvailles qu'elle pouvait.
Marcus ne pensait pas avoir ce genre de surprise en revenant de son petit congé, il s’était en effet pris quelques jours. Il avait profité de poser des jours pour aller passer un peu de temps avec sa mère, qu’il, il s’en rendait compte, négligeait légèrement. Cela lui avait fait du bien de s’éloigner un instant du travail, même s’il avait un peu tourné en rond quand même, il s’était quand même changé les idées. Mais il ne pensait pas que le retour allait être aussi fracassant, aussi plein de conséquences. Quand il arriva au commissariat, pour commencer sa journée de travailler et replonger dans ses dossiers d’enquête, une de ses collègues vint le trouver afin de lui parler d’une arrestation fait il y a deux jours. Marcus ne comprit pas de suite pourquoi la femme venait lui parler spécifiquement de cette arrestation, il n’avait rien à voir dedans après tout. Jusqu’à ce qu’elle précise qu’elle connaissait la jeune fille en prison. Cela ne mit pas longtemps dans le cerveau de l’homme de faire les connexions, Mindy était de retour. Ce n’était pas un secret pour ceux qui s’était occupé de sa disparition et de ce jour où elle avait tué des hommes avec son arme. Marcus avait eu des ennuis à cause de cette affaire d’ailleurs, parce qu’il avait laissé la jeune femme s’en aller avec son arme de service.
Mindy se trouvait donc dans le commissariat, elle était dans l’une des cellules. Il hésita un instant, avant de finalement prendre la direction afin d’aller la voir. L’homme savait qu’un jour ce moment allait arriver, il l’avait attendu, mais il aurait aimé que ça se passe différemment. Si Mindy se trouvait en prison, ce n’était pas pour rien. Est-ce qu’il avait cru qu’elle se rangerait enfin ? Evidemment que non, il avait fini par comprendre que c’était utopique de l’imaginer avoir une vie normal. Damon avait détruit sa fille, il l’avait modelé à une image qu’il n’aurait pas dû faire. Marcus ne pouvait pas pardonné à son ancien ami, même si cela ne se faisait pas d’en vouloir à un mort, mais il avait gâché la vie de Mindy à ses yeux. Quand il arriva devant la cellule, il ne put s’empêcher d’afficher un air grave en serrant les bras.
« Je t’avais prévenu ! » Elle pensait sincèrement qu’il n’allait pas lui dire une chose pareille. Evidemment qu’il l’avait prévenu, combien de fois ne lui avait-il pas dit qu’elle faisait une connerie ? Se rendait-elle au moins compte de ce qu’elle avait fait ? De ce qu’il avait vécu avec son départ ? Bon, clairement, l’homme était en train de sentit la colère monter en lui. Il n’avait pas envie de se mettre en colère contre Mindy après cette année et demi d’absence, mais c’était plus fort que lui. « Tu te rends compte au moins de ce que tu as fait ? C’est comme ça que tu veux finir ? Comme ton père ? »
Et ses mots avaient tendance à dépasser sa pensée.
e nombreuses fois, Mindy avait voulu revoir Marcus, de nombreuses fois, elle s'était approchée de cette maison qui un temps avait été la sienne, hésitant à venir frapper à sa porte, pour tout simplement le revoir et lui reparler. Plus d'une fois, elle avait voulu lui donner un signe de vie, pour qu'il sache qu'elle allait bien, pour qu'il ne s'inquiète pas pour elle (et réciproquement, bien sûr), mais elle s'était ravisé. Revenir à New-York, c'était déjà une prise de risque bien trop grande, renouer contact avec Marcus, ça aurait été le mettre directement en danger, c'était tout simplement impossible. Alors elle s'était abstenue, même si plus d'une fois, elle s'était imaginée leurs retrouvailles... Étonnamment, dans aucun cas de figure, elle n'avait envisagé la situation de cette manière. Il faut dire qu'elle ne pensait vraiment pas se faire coffrer.... C'était bien sa veine. Les circonstances ne jouaient pas en leur faveur, si bien qu'il ne fallait malheureusement pas le moins du monde s'attendre à la moindre effusion, alors même qu'elle était vraiment heureuse de le revoir, et qu'il lui avait terriblement manqué. Bien sûr, Mindy adorait son père par-dessus tout, elle le portait aux nues, même, mais elle devait bien admettre que Marcus avait bien plus pour elle ressemblé à un véritable père que Damon Macready n'avait jamais su le faire, et elle l'aimait comme tel. Même s'il était de ces paternels qui passent beaucoup de temps à vous sermonner. Mindy afficha un air agacé quand elle entendit son interlocuteur lui dire exactement ce qu'elle lui avait demander de ne pas dire. Elle avait besoin de tout sauf de ses reproches à l'heure actuelle. Surtout après tout ce temps d'absence. Mais visiblement, c'est tout ce qu'il était prêt à lui accorder. Il en rajouta même une couche. Bon, il y avait des choses qui ne changeaient pas. Même si jamais ils ne s'étaient retrouvés en de telles situations. Quelque part, Mindy était déçue, même si elle ne pouvait pas vraiment en vouloir à Marcus de réagir ainsi, à se demander s'il lui restait une once de sympathie pour elle, ou rien que de la colère et de la déception...
-Je serai honorée de finir comme mon père. répliqua-t-elle, un accent de défi dans la voix et dans le regard.
Et elle le pensait, elle ne disait pas cela uniquement par pure provocation. Beaucoup admiraient, voire vénéraient les super-héros qui faisaient la une des journaux, surmédiatisés, mais pour Mindy, le plus grand de tous les super-héros, c'était Big Daddy, et personne ne lui arrivait à la cheville. Si elle devait connaître le même destin que lui, alors elle en serait fière. De toute façon, elle ne s'imaginait pas une vie longue et heureuse. Et encore moins une vie normale. C'était ainsi, c'était son destin. Marcus semblait ne pas parvenir à le comprendre, mais si elle admettait que son père l'avait privée d'enfance, elle considérait que c'était pour le mieux. Elle était Hit Girl plus qu'elle n'était Mindy, et c'est cela qu'elle aurait voulu lui faire comprendre une bonne fois pour toutes.
-Si t'es venu pour m'engueuler, c'est pas la peine, tu peux repartir.
Qu'il abandonne pour de bon toute tentative de la ramener sur le droit chemin. C'était inutile.
Marcus savait qu’il se montrait trop dur avec la jeune femme, mais c’était plus fort que lui. Il se sentait tellement en colère contre elle. Inquiet bien sûr, mais cela allait souvent de pair avec la colère. Au final, Marcus n’avait dû s’occuper de Mindy que pendant peu de temps. On ne pouvait pas dire que l’enfant qu’il avait eu pour garde quand Damon était en prison soit une petite fille difficile, bien au contraire. Elle ne ressemblait plus à cette adolescente qui avait passé quelque mois chez lui et qui lui avait clairement donné du fil à retordre. Ils s’étaient régulièrement pris la tête quand elle était encore sous sa garde (elle devrait normalement l’être toujours, mais la situation était compliquée), mais c’était surtout parce que l’homme s’inquiétait énormément pour elle. Il regrettait que son ancien camarade ait à ce point gâché la vie de Mindy, qu’il lui ait volé cette enfance qu’elle avait pourtant méritée et sa vie normale. Marcus n’était pas idiot, il avait compris à force qu’il était impossible de retirer l’influence de Hit Girl sur la jeune femme. Il avait essayé, il avait cru y parvenir, mais il s’était lourdement trompé. Il se rendait bien compte maintenant que c’était impossible de croire que la jeune femme sous ses yeux pouvait vivre une vie normale, ses paroles le lui montraient encore une fois. Marcus avait été trop loin en mentionnant le père de Mindy, mais il ne voulait pas voir celle qu’il considérait un peu comme sa fille finir comme son ami. Il avait passé du temps en prison, ce temps l’avait détruit et ensuite il était mort à cause d’une vengeance idiote. Si Damon s’était contenté de vivre normalement, il serait encore en vie maintenant. Marcus pouvait bien rétorquer cela à la prisonnière, mais il n’avait pas envie de rentrer dans le détail. Le sujet de « Big Daddy » (il ne supportait vraiment pas ce nom) était plus que délicat. L’homme préféra donc ne pas relancer le débat et se contenta d’ignorer les paroles de la jeune femme. Il n’avait aucune envie de la voir terminer comme son père. Même s’il n’avait pas eu de nouvelle de Mindy pendant cette année et demi, il avait osé croire qu’elle allait bien. Il ne supporterait pas d’apprendre que ce n’était pas le cas.
« Tu es égoïste Mindy ! » Lui lança-t-il sans desserrer ses bras et quitter son air énervé. Il n’y pouvait rien s’il était en colère contre elle et si leurs retrouvailles se trouvaient au commissariat. L’homme aurait préféré mille fois la voir arriver sur le pas de sa porte par exemple, il en avait rêvé si souvent. Au début de l’absence de la jeune femme, chaque fois que quelqu’un frappait à sa porte, il espérait que c’était elle, mais non. Jamais elle, jamais une simple nouvelle, rien du tout. « Tu as pensé au sang d’encre que je me suis fait pendant tout ce temps ? » Marcus desserra finalement ses bras, posant ses mains sur sa taille. Il avait toujours l’air renfrogné, mais moins. « J’ai eu peur pour toi… tu aurais pu me donner de tes nouvelles. »
l est évident que ce n'était pas ainsi que Mindy avait imaginé que se dérouleraient ses retrouvailles avec Marcus, mais elle ne s'était après tout pas attendue davantage à le retrouver dans cette situation précise, alors que les portes d'une prison où elle passerait un bon paquet de temps si elle ne faisait rien lui tendait les bras. Si elle avait observé les choses sous cet angle et osé émettre cette hypothèse, elle aurait effectivement imaginé plus aisément les choses de cette manière. Il était frustrant de lire en lui plus de colère que de joie sincère à l'idée de la revoir, mais il y avait présentement des barreaux entre eux deux, alors cela se comprenait. Il était un flic consciencieux, elle une irrécupérable hors-la-loi, sans l'amitié passée de Marcus avec Damon Macready, rien, sans doute, ne leur aurait permis de s'entendre, et s'il était pour elle un père de substitution, il n'empêchait que, dans une situation aussi critique, il était bien contraint de la réprimander. En observant la situation de manière raisonnée, Mindy aurait pu comprendre, oui, sauf qu'entendre chacune de ses réflexions était comme se prendre autant de seaux d'eau glacée en pleine figure. Il la trouvait égoïste, vraiment ? Pourtant, la voie qu'elle avait choisie n'était pas tant celle du crime que celle de la justice, et quand elle faisait la justice autour d'elle, elle le faisait pour les autres. Mais ce n'était pas pour cela, qu'il la qualifiait d'égoïste, et quand il éclaircit son propos, son coeur se serra un peu.
Jamais elle n'avait voulu que Marcus s'inquiète pour elle, c'était même la dernière chose qu'elle souhaitait. Et c'est vrai qu'en ayant quitté New-York sans le prévenir, et sans donner, à aucun moment, la moindre nouvelle d'elle à son tuteur, elle n'avait pas forcément eu l'attitude la moins égoïste qu'on puisse concevoir. Mais le fait est qu'elle n'avait pas tant fui pour sauver sa peau que pour éviter d'attirer des ennuis à son père adoptif. Demeurer dans son sillage, c'était lu faire prendre le risque de perdre sa place. Elle savait qu'elle ne changerait jamais. Alors elle ne pouvait tout simplement pas lui faire une chose pareille. Au fond, était-ce si égoïste ? Elle s'était abstenue de renouer contact avec lui, et ça lui en avait coûté plus d'une fois.
-T'as pas le droit de me reprocher ça. Je pouvais pas te donner de mes nouvelles. Ça t'aurais mis en danger. Et elle aussi, par la même occasion, mais au final, c'était le cadet de ses soucis. Je voulais pas te causer plus d'ennuis. Elle ancra son regard dans celui de Marcus. Et je vais t'en causer de nouveau. Elle marqua une légère pause. Je les laisserai pas m'enfermer, mais j'imagine que tu le sais déjà.
Mauvais plan que de lui apprendre qu'elle comptait s'enfuir ? Possible, mais il la connaissait trop bien pour ne pas savoir qu'elle ne se laisserait pas si facilement faire. Et quelque part, elle espérait qu'il ne ferait rien pour l'empêcher de reprendre sa liberté par la force.
Marcus parvenait difficilement à garder son calme alors qu’il avait Mindy en cellule sous ses yeux. Qu’elle se fasse arrêter était la pire de ses peurs. C’était le cas depuis qu’il avait retrouvé la trace de Damon et de sa fille quand ils avaient commencé à jouer les justiciers masqués. Son ami avait payé le prix fort pour ses actions, il était mort, le policier n’avait donc aucune envie qu’il arrive la même chose à sa fille. Mindy méritait bien mieux que de suivre le chemin de son père, de suivre sa voie. Sauf qu’elle peinait à le comprendre et l’homme savait parfaitement pourquoi. Il n’y avait plus rien de la petite fille pleine de vie que Marcus avait élevé il y a de nombreuses années, dans la jeune femme qu’il avait sous les yeux. Damon l’avait changé, il lui avait mis d’horrible idée en tête. Clairement, l’homme avait gâché la vie de sa fille. Macus était autant en colère contre son vieil ami (même s’il pouvait difficilement l’exprimer, il avait quand même du respect pour les défunts), qu’envers Mindy. Elle avait eu la chance d’avoir une vie normale à ses côtés, mais elle avait tout gâché (pour un garçon en plus, quelle bêtise). Mais la colère qu’il ressentait ne venait pas simplement de reproches qu’il pouvait lui faire, il s’était énormément inquiété pour elle. Il avait eu peur pour elle constamment depuis son départ. Chaque jour il cherchait dans la presse la description d’une Hit Girl en action quelque part, ou celle d’une jeune femme morte. Il avait cru ne jamais la revoir oui, ou alors dans un cercueil.
C’était sans doute déplacé de sa part de traiter Mindy d’égoïste alors qu’elle avait disparu pour le protéger lui, après tout elle s’était servi de son arme pour causer des meurtres, mais il n’y pouvait rien. Il avait énormément souffert de son absence, elle lui avait terriblement manqué. Comme il rêvait de pouvoir la retrouver chez lui sans toutes ces histoires, sans qu’elle soit recherchée. Ou alors qu’il puisse mettre de côté son esprit tourné vers la loi et la justice, afin de la protéger directement. Mais il en était incapable, il ne pouvait pas passer au-dessus de tout ce qu’elle avait fait. Quand elle agissait sous les ordres de son père, il pouvait lui trouver des circonstances atténuantes (ce qu’il avait fait d’ailleurs en récupérant sa tutelle), mais il ne pouvait plus le faire maintenant. Mindy était une criminel, c’était difficile pour lui de le concevoir, mais elle devait aller en prison. Qu’elle le veuille ou non.
« Je suis sûr que tu réfléchis déjà à un plan pour t’enfuir. » Dit-il d’un ton neutre sans la lâcher du regard. Cela ne l’étonnait pas qu’elle décide de ne pas se laisser enfermer, il aurait même sans doute été déçu si elle s’était résignée de la sorte. Qu’il le veuille ou non, Marcus aimait Mindy comme elle était avec ses qualités et ses nombreux défauts. « Mais ça sera loin d’être facile, tu dois payer pour ce que tu as fait. »
C’était sans doute cruel de sa part de dire cela à celle qu’il considérait comme sa fille, mais il était comme cela. La justice était importante, on ne pouvait pas la mettre de côté quand on le voulait. Même si cela était justement en train de lui déchirer le cœur. Il avait de nombreuses fois déjà couvert son ancien ami puis sa fille, mais il ne pouvait plus rien faire à présent.
« Je suis désolé. »
Désolé pour quoi ? Pour énormément de chose, pour tout.
indy ne prit même pas la peine de répondre à Marcus quand ce dernier lui dit être certain qu'elle commençait déjà à planifier son évasion dans son esprit. Oui, évidemment que c'était le cas, comment aurait-il pu en être autrement, elle se refusait à ce que le moindre barreau (ou quoi que ce soit d'autre, en fait) ne la maintienne captive, c'était tout simplement hors de question, elle avait un devoir à accomplir, et ce devoir nécessitait qu'elle soit libre. Même si Mindy n'avait finalement eu l'occasion de vivre que peu de temps sous le toit de Marcus, il avait quand même eu le temps de la connaître bien mieux que beaucoup d'autre (en fait, Dave mis à part, il était clairement la personne qui la connaissait le mieux en ce bas monde); il ne pouvait par conséquent pas se leurrer à son sujet. Il savait forcément ce qu'elle avait en tête, et il avait forcément conscience du fait qu'elle ne se contenterait pas de se laisser enfermer sans lutter. L'ombre du reproche qu'elle cru lire dans son regard quand il lui fit cette remarque l'agaça, d'ailleurs, mais ce n'était rien en comparaison des propos qu'il tint ensuite. Elle devait payer pour ce qu'elle avait fait, vraiment ? Certes, Mindy n'aurait jamais mêlé Marcus à tout cela, et s'il avait commencé à vouloir s'en mêler, l'aurait maintenu à l'écart, mais jamais elle n'aurait cru qu'il tiendrait des propos pareils à son égard. Certes, elle savait pertinemment qu'ils avaient tous les deux un sens de la justice très différents, et que Hit-Girl, à ses yeux, n'était pas une justicière dans ses droits mais une criminelle comme les autres, mais s'il n'avait pas d'estime pour Hit-Girl, il pensait qu'il avait de l'affection, de l'amour, même, pour Mindy, et que par conséquent, il s'inquièterait trop de son sort pour la savoir en prison, visiblement elle s'était trompée.
-Tu sais où tu peux te les foutre, tes excuses, Marcus ? répliqua-t-elle, ne cachant rien de son énervement. Ça, pour sûr, ce n'était pas les retrouvailles qu'elle s'était imaginée, loin de là. Elle planta son regard dans celui de son interlocuteur. Putain, en fait, toutes ces fois où j'ai pensé à t'écrire, toutes ces fois où j'ai hésité à venir sonner à ta porte, j'ai bien fait de m'abstenir. Tu aurais combien de temps à me dénoncer aux flics, cinq secondes ? Bordel, mais t'en as vraiment rien à foutre, de moi ! Sa voix portait fort et leur conversation n'était pas forcément, par conséquent très discrète, mais à l'heure actuelle, vraiment, elle s'en fichait royalement. Je suis pas une putain de criminelle, ok ? Tous les types que j'ai refroidi l'avaient un milliard de fois mérité, et si c'était à refaire je le referais. Elle croisa les bras. Si toi et tes potes arrêtiez de vous en prendre aux gens comme moi pour vous intéresser aux vrais criminels, on en serait pas là. Mais je suppose que me coffrer moi avait plus d'importance pour toi que de démanteler ce réseau de proxénétisme et d'arrêter son connard de patron.
Marcus se rendait bien compte de la dureté de ses mots, de la puissance de ce qu’il était en train de dire. Le sens de la justice était plus qu’important à ses yeux, c’était un détail qui faisait de lui l’homme qu’il était aujourd’hui. Parce qu’il avait vécu des choses qui le poussaient à croire que la justice avait sa place dans ce monde et qu’il ne fallait pas y aller contre. Il avait foi en cette justice et cela l’ennuyait grandement que Mindy y aille contre, qu’elle joue avec de cette manière. Parce qu’il s’inquiétait pour elle et qu’il avait voulu éviter ce genre de situation justement. Quand il se retrouvait confronté à un dilemme entre son cœur et sa raison. Il n’aimait pas ça, il ne supportait pas cette situation parce qu’il était incapable de raisonner convenablement. Mais c’était le cas depuis le jour où son chemin avait croisé celui de Mindy, où il avait dû s’occuper de l’enfant de son ami envoyé en prison. Enfant pour qui il avait eu une plus grande affection qu’il n’aurait dû. Hit Girl était techniquement une criminel, parce qu’elle avait tué des hommes, elle avait commis des meurtres (même si effectivement elle avait de bonnes raisons logiquement). Elle devait donc payer pour ce qu’elle avait fait, elle devait se retrouver confrontée à la justice. C’était ce qu’il pensait, c’était ce qu’il dit à Mindy d’ailleurs, même si cela lui fendait le cœur. Marcus était en colère contre la jeune femme alors il peinait à se retenir de s’énerver, d’aller trop loin dans ses mots. Et évidemment, elle ne pouvait que mal prendre ses paroles et s’emporter à son tour. Mindy avait un caractère plus que fort, les deux êtres avaient souvent eu l’occasion de se disputer. Quand elle vivait chez lui, ils passaient énormément de temps en conflit. Après tout, Marcus était sans aucun doute la seule autorité que la jeune femme avait reçue dans sa vie, on ne pouvait pas dire que son père en était réellement une figure. Et aujourd’hui, il n’était plus là de toute façon. Les mots qu’elle prononça ensuite furent comme des lames se plantant dans son cœur. Comment pouvait-elle croire tous cela ?
« Je ne t’ai jamais dénoncé et je n’ai jamais dénoncé ton père ! » Dit-il d’une voix sombre, étrangement calme. Il rongeait son frein, parce qu’il était vraiment en colère qu’elle croit qu’il aurait été capable de la dénoncer si jamais elle avait repris contact avec elle. Est-ce qu’il avait dit quelque chose alors qu’il savait parfaitement qu’elle était Hit Girl ? Il n’avait jamais rien dit. « Si les gens comme toi arrêtez de faire n’importe quoi, nous pourrions plus facilement nous concentrer sur notre travail ! » Marcus croisait ses bras et toisait la jeune femme de son regard noir. Ils n’avaient définitivement pas la même vision des choses. « Ces hommes ne peuvent pas être abattu comme vous le faites, ils doivent être arrêté et jugé, c’est la loi ! Et vous ne faites que vous mettre en danger. C’est ce que j’ai essayé de faire comprendre à ton père et s’il m’avait écouté il ne serait pas… » Marcus s’arrêta net, soupirant, il n’aimait vraiment pas mentionner la mort de Damon. Quand il reprit la parole, son ton était plus calme. « J’ai jamais voulu que tu sois arrêté. Sinon je les aurais aidés quand tu as volé mon arme pour aller tuer ces hommes, ce que je n’ai pas fait. »
accord, les propos qu'avait prononcé Mindy étaient violents, très violents, mais c'était toujours comme ça qu'elle procédait quand elle se sentait blessée, elle avait besoin de blesser à son tour. Mindy Macready comme Hit-Girl avaient pour habitude de rendre coup pour coup quelles que soient les circonstances et qui que soit la personne en face d'elle. Elle avait beau aimer Marcus, qui pouvait se targuer d'être l'une des seules personnes en ce bas monde à qui elle accordait ce genre de sentiments, elle ne supportait pas la manière dont il la traitait en cet instant. En fait, elle le supportait d'autant moins qu'elle était attachée à lui, et l'entendre dire qu'il préférait la sacrifier à la Justice plutôt que d'y faire une entorse par affection pour elle lui faisait mal. Alors oui, elle avait exagéré le trait. Quand il lui disait qu'il ne l'aurait jamais dénoncé, elle voulait bien le croire, il n'empêche que maintenant que les charges qui pesaient contre elle étaient suffisamment nombreuses pour l'enfermer à l'ombre pour très longtemps, il ne comptait rien faire pour la sortir du pétrin. Et il refusait obstinément de croire que ses méthodes, celles inculquées par son père, avaient leur raison d'être, faisaient partie d'elle, et que leurs sens de la Justice se valaient... Ça ne servait à rien de lui faire la morale, elle ne changerait jamais d'avis, c'était totalement hors de question pour elle. Plutôt crever. Et son père pensait la même chose. Certes, il ne serait sans doute pas mort s'il avait suivi la voie préférée de Marcus (et qu'il évoque son père ainsi avec elle était aussi douloureux que l'intégralité de cette conversation...), mais qu'importe, ils savaient que ça faisait partie des risque, elle avait conscience du danger, du fait qu'il fallait payer le prix un jour... mais de sa vie, pas derrière des barreaux. C'était un sacrifice nécessaire. Et si elle ne parvenait pas à s'enfuir, si la peine était trop lourde, alors elle serait capable de suivre la trace de son père plutôt que la voie bâtie pour elle par une justice dans laquelle elle ne croyait pas le moins du monde.
-N'empêche que si on te donne le choix entre ton précieux sens de la justice et moi je fais pas le poids. répliqua-t-elle les yeux baissé, d'un ton où ne perçait plus vraiment de colère, davantage un sentiment que l'on pourrait assimiler à de la déception.
Elle admirait la dévotion que Marcus portait à son travail et son intégrité totale, oui, vraiment, elle avait toujours respecté cela, même si leurs opinions divergeaient sur bien des points. Elle n'attendait pas de Marcus qu'il l'aide à s'évader, non, bien sûr, d'ailleurs s'il avait suggéré une telle chose, elle l'en aurait dissuadé immédiatement pour ne pas le mêler à ça, c'est certain, mais elle aurait voulu qu'il lui donne l'illusion de ne pas vouloir qu'elle subisse un tel sort. C'était tout l'inverse qui se produisait finalement.L'idée de la voir croupir en prison semblait ne pas le déranger, au contraire, il devait penser qu'elle recevait la monnaie de sa pièce. Quand on aime, est-ce qu'on ne peut pas se permettre de faire quelques entorses à nos obligations, quelques entorses à la morale ?
Il était rare que Marcus et Mindy se parlent correctement, qu’ils aient une conversation normale sans se prendre la tête. Mindy avait tellement de caractère et des idéaux qui ne collaient vraiment pas avec le policier. Quand ils vivaient encore ensemble, ils se prenaient vraiment très souvent la tête. Mais la situation était quand même différente aujourd’hui, ils se blessaient mutuellement. Marcus se rendait bien compte que ses propos dépassaient bien trop son esprit, qu’il disait des choses un peu trop violement par rapport à ce qu’il ressentait vraiment. Mais s’il y avait bien deux personnes incapables de concrètement exprimer ce qu’ils ressentaient, c’était bien ces deux-là. Pendant des mois l’homme n’avait eu aucune nouvelle de celle qu’il considérait comme sa fille, il ne pouvait pas s’empêcher de se sentir en colère qu’elle n’ait pas pris la peine de le prévenir, de lui donnerait la moindre nouvelle. Et cela, même s’il pouvait aisément comprendre qu’elle ne pouvait pas prendre ce risque, qu’elle ne voulait pas lui causer du tort. Cela aurait été tellement plus simple pour tout le monde si la jeune femme ne venait pas de se faire arrêter, si elle ne se trouvait pas dans une cellule en attendant son transfert vers une prison fédérale.
Marcus ne parvenait vraiment pas à comprendre comment Mindy pouvait à ce point continué sur les traces de son père, surtout au vu de la façon dont il était mort quand même. Il ne pouvait concevoir que sa méthode était la bonne. Si tout le monde faisait justice eux même comme elle, cela deviendrait rapidement l’anarchie. Il fallait laisser la police faire son travail, mais Mindy était tellement têtue qu’elle ne cherchait même pas à remettre en cause les idées de son père. Quoi que l’inspecteur puisse bien lui dire, elle ne changeait pas d’avis. Et pourtant, Marcus avait très souvent essayé de lui faire reprendre ses esprits. Cela n’avait qu’aboutit à des échecs. Les paroles de Mindy, une nouvelle fois, blessèrent énormément l’homme. Elle semblait avoir si peu d’estime pour lui, elle semblait croire qu’elle n’était rien à ses yeux. Et pourtant, elle ne se rendait pas compte à quel point son cœur était déchiré entre son sens de la justice et elle justement.
« Tu ne sais rien… »
De contenta-t-il de répondre, la voix basse. Que pouvait-il vraiment dire pour faire comprendre à Mindy qu’il l’aimait au point qu’il souffrait de son absence et de cette vie qu’elle vivait, alors qu’elle avait mérité tellement mieux. Qu’il l’aimait au point d’en vouloir tellement à son meilleur ami de lui avoir fait subir cela. Tout était de la faute de Damon, si seulement il n’avait pas entraîné sa jeune fille innocente dans sa chute. Mais le mal était fait, Big Daddy n’allait pas pouvoir revenir et Hit Girl était définitivement perdue. Marcus avait bien dû se rendre à l’évidence quand elle avait volé son arme pour sauver le jeune Lizewski. Le policier aurait vraiment aimé ne pas aimer à ce point celle qui se retrouvait à présent derrière les barreaux, qu’il ne soit pas à ce point torturé par son besoin de justice et son affection pour la jeune femme. Il aurait tant aimé qu’elle reprenne le droit chemin, comme lui, qu’elle revienne du bon côté pour qu’il ne se retrouve pas partagé comme ça.
« Tu ne comprendras jamais rien… »
Se permit-il d’ajouter, n’arrangeant sans doute pas la situation. Ce n’était pas vraiment étonnant que leur discussion se déroule de la sorte, mais c’était plus que douloureux. Sans doute que c’était trop tôt, que leurs chemins étaient bien trop éloignés pour se retrouver.
lle aurait voulu qu'il la rassure, qu'il lui affirme qu'il la préférait vraiment au sens de la justice qui lui tenait tant à coeur mais que, dans la circonstance, il n'avait pas le choix. Mais ce ne furent pas là les mots qu'il prononça, et en lieu et place de cela, elle eut le droit à un nouveau déchirement au niveau du coeur. Elle ne savait rien... Comment ça, elle ne savait rien ? Pour qui la prenait-il, hein ? Pour une pauvre idiote incapable de saisir ses problèmes d'adultes ! C'est lui qui était borné ! Elle comprenait bien où était le conflit, mais il aurait pu faire une exception pour elle, non ? Apparemment pas. Alors ça en revenait bien à ce qu'elle avait dit un peu plus tôt. En la laissant croupir en prison, en acceptant sa situation et en ne faisant rien pour l'empêcher, en considérant, même, que c'était là sa place au vu de ce qu'elle avait fait, il lui donnait raison et elle, plus cette conversation durait, plus l'un et l'autre refusaient de se comprendre mutuellement, plus elle avait mal. Ignoblement mal. À se demander comment elle pouvait à ce point tenir à lui. Ils n'avaient rien en commun. Et pourtant, il était toujours un père, pour elle. Un vrai père. Bien plus père que n'avait pu l'être Damon pour elle... Non, Big-Daddy, elle le déifiait, ça n'avait pas de rapport. Et en plus, il en rajouter, elle ne comprenait jamais rien ! Ben merci, tant qu'il y était, il n'avait qu'à la traiter d'attardée ! Est-ce que lui, après tout, cherchait à la comprendre ? Elle n'avait pas l'impression. Il était visiblement parti du principe que sa manière de voir les choses était la bonne, et à présent, il n'en démordait pas. Bon, ceci dit, on pouvait lui faire exactement les mêmes reproches. Si elle acceptait de se remettre en cause ne serait-ce qu'une fraction de secondes, ils n'en seraient peut-être pas là.
-Ben vas-y, traites moi de conne, pendant que t'y es. Comme si elle avait besoin, en plus du reste, qu'il réplique de la sorte. Elle prenait peut-être des grands airs, mais le fait est qu'elle avait peur. Oui, elle n'en montrait rien, parce qu'avoir peur était un sentiment faible. Mais si elle devait vraiment finir à l'ombre, renoncer à tout, ne plus jamais revoir Dave... ben oui, ça faisait flipper. Elle aurait aimé que la personne qui tenait le plus de la figure paternelle pour elle la soutienne et la rassure. J'en sais sûrement plus que ce que tu crois. affirma-t-elle d'un ton fier. Mais vas-y, dis moi ce que je ne comprends pas.
Elle croisa les bras, et elle attendit. Que pensait-il qu'elle ne comprenait pas ? Lui ? Sa façon de penser ? Elle pensait trop bien la comprendre en vérité, et c'est ce qui avait toujours rendu leur relation si conflictuelle. Peut-être qu'ils n'avaient pu s'entendre que parce qu'elle faisait semblant et / ou des efforts pour avoir l'air normale... Et puisque ça n'arriverait plus jamais, qu'elle n'avait plus l'intention de s'illusionner... Ou peut-être qu'elle manquait quelque chose...
Marcus affirmait sans mal que Mindy ne comprenait rien à sa situation, parce qu’il savait aussi qu’il ne comprenait pas sa situation à elle. Il n’arrivait pas à comprendre comment la jeune femme pouvait continuer sa vie de justicière masquée alors que son père était mort à cause de cela. Marcus, quand il avait été confronté à la vie de la rue et qu’il avait perdu son frère, avait fait le choix de changer complètement de voix. Une preuve que Mindy et lui étaient bien différents. Non, le policier ne comprenait vraiment pas comment celle qu’il considérait comme sa propre fille avait pu poursuivre sur cette voix. Il affirmait donc sans mal qu’elle était incapable de le comprendre, puisque c’était réciproque. Et c’était bien pour cette raison qu’ils se retrouvaient à discuter toujours dans la confrontation, qu’ils n’avaient pas pu trouver un équilibre en vivant ensemble. Aucun d’eux ne voulait faire preuve de concession, même si c’était sans doute le seul moyen pour eux de s’en sortir. Evidemment, Mindy n’apprécia pas les paroles qu’il prononça. C’était normal, elle avait une fierté telle qu’elle pouvait difficilement apprécier les « insultes » même si l’homme était quand même resté cordiale. Il n’était pas du genre à lancer des gros mots à tout va, comme Hit Girl qui avait rempli rapidement le pot à insulte. Mindy voulait comprendre ce qu’il avait voulu dire, même si elle affirmait en savoir plus qu’il ne le pensait. Marcus continuait de croire qu’elle ne savait pas non, sinon elle n’aurait pas dit ce qu’elle avait dit.
« Tu es la seule personne pour qui je regrette mon sens de la justice. »
Il avait toujours cru en la justice depuis la mort de son frère, il s’était lancé corps et âme dans la police pour cela. Il avait envie de rendre les rues plus sûres d’une manière légale. Oui, il croyait vraiment en la justice et Mindy était une criminelle aux yeux de celle-ci. Et pourtant, il ne pouvait pas s’empêcher de vouloir la voir en dehors de ces barreaux, quoi qu’il ait bien pu dire avant. Mais si Mindy avait une fierté mal placée, c’était aussi son cas. Il considérait que sa vision des choses étaient la bonne, il avait envie que la jeune femme se rende compte qu’elle aurait dû l’écouter et accepter la vie qu’il lui avait offerte.
« J’ai vu mon frère et ton père mourir à cause des choix de vie qu’ils avaient fait, des choix peu fiables. Et… » L’homme marqua une pause, croisant les bras. Cette conversation ne menait sans doute à rien, mais au moins ils pouvaient quand même se parler. C’était mieux que pendant cette année et demi d’absence. « J’ai peur qu’il t’arrive la même chose. »
Au fond, il ne lui restait plus qu’elle. Elle était ce qui lui ressemblait le plus à une famille, même s’il n’y avait aucun lien du sang entre eux. C’était bien plus fort que des liens de sang de toute façon.
u fond, Mindy comprenait très bien ce que pensait Marcus et quel était son état d'esprit. Il pouvait prétendre qu'elle ne comprenait pas, c'était faux... simplement, elle ne pouvait s'empêcher d'espérer que celui qui avait été son père adoptif un temps sans doute trop court accepte ses choix et renonce à ses convictions au nom de l'affection qu'il avait pour elle... C'était utopique. Il ne pouvait pas renoncer à ses convictions pour elle comme elle ne pouvait pas renoncer à ses convictions pour lui, et il est certain que le policier avait d'excellentes raisons et plus que valables. Il avait vu son frère et son collègue, à qui il tenait beaucoup, mourir, et il ne devait s'empêcher, sans doute, de se dire qu'il aurait pu éviter cela... comme il arrivait à Mindy d'espérer remonter le temps pour sauver son père, mais ce n'était pas possible, et surtout, ce qui avait été l'avait sans doute été pour de bonnes raisons. Personne ne pouvait empêcher le destin de quiconque de s'accomplir. C'était sans doute le destin de Big Daddy que de mourir de la manière dont cela s'était produit. C'était sans doute son destin à elle que de lutter jusqu'au sang contre l'injustice quitte à y perdre la vie, sous les traits de Hit girl, et c'était sans doute le destin de Marcus de faire régner la justice de la façon la plus protocolaire qui soit... Leurs destins n'étaient sans doute pas compatibles... Mais juste une fraction de seconde, Mindy aurait voulu qu'ils le soient. Ne serait-ce que pour retrouver sa complicité d'antan avec Marcus, ne serait-ce que parce que l'homme qui se trouvait en face d'elle était l'une des seules personnes qui comptaient à ses yeux, même si elle le montrait bien mal. Malheureusement, elle ne pouvait pas vraiment reproche à Marcus de vouloir la protéger, même contre son gré à elle, c'était sa décision, c'était sa promesse à Damon Macready... Mais elle ne pouvait pas vivre la vie qu'il espérait pour elle, elle n'était pas faite pour cela.
-Marcus. Elle planta son regard dans le sien, un regard déterminé. Il ne m'arrivera rien, je te le promets.
C'était une promesse sans doute un peu légère. Elle ne pouvait absolument pas garantir de savoir la tenir comme il le fallait. Elle tenait terriblement à la vie, elle n'avait pas l'intention de mourir au combat contre l'un de ses adversaires. Mais chaque jour de sa vie, elle se mettait en danger, et il se pourrait bien qu'elle y passe, un jour, elle ne s'imaginait d'ailleurs pas finir autrement que sur son petit champ de bataille personnel.... même si tout à coup, la perspective de faire subir cela à Marcus lui faisait un mal de chien... Il ne méritait pas ça, pas après la perte successive de deux personnes à qui il avait tant tenu. Sa soif de survie n'en était que plus grande, si bien qu'elle décida finalement que sa promesse un peu légère méritait de l'être moins. Elle lui donna donc de cette dimension qui devait à ses yeux lui donner plus d'impact.
Marcus avait envie de la protéger oui, contre son gré sans doute, mais il ne pouvait supporter l’idée de la perdre également. Il angoissait à chaque instant d’apprendre que Mindy était morte dans l’exercice de ses fonctions (parfaitement illégales en plus). S’il avait eu son mot à dire, l’homme aurait aimé que la jeune femme soit une personne comme les autres. Qu’elle se lève le matin pour aller en classe, qu’elle travaille dur et que ses seules préoccupations soient de savoir comment séduire tel ou tel garçon. Evidemment, Mindy était complètement différente de ça. Et en même temps, c’était ce qui faisait son charme. Dans tous les cas, Marcus aurait eu énormément d’affection pour la fille de son meilleur ami. Il l’avait connu toute petite fille pendant que Damon était en prison, avant de perdre de vue sa vie et de la retrouver en jeune guerrière contre le mal. Elle avait tellement grandit, elle était une femme forte. Mais à ses yeux, elle serait sans doute toujours la petite fille qu’il avait élevée pendant un temps et qu’il aimait toujours. Marcus savait bien qu’il ne pouvait pas la changer, qu’elle était celle qu’elle était comme lui était celui qu’il était. Leurs vies étaient parfaitement incompatibles, ils ne pouvaient pas suivre le même chemin qu’ils le veuillent ou non. Cela fit du bien au policier de lui dire ce qu’il avait sur le cœur, de lui exprimer son angoisse. Il avait vu son meilleur ami mourir, il avait vu son frère mourir, parce qu’ils avaient fait des choix de vie particulier. Mindy prenait leur chemin (enfin surtout celui de Big Daddy), il craignait qu’elle connaisse le même sort. Même si elle promettait le contraire. Il était impossible de promettre quelque chose comme ça, de jurer que rien n’allait nous arriver.
Marcus poussa un soupire, il sentait bien que Mindy était en plus sincère et sérieuse quand elle faisait cette promesse. Il avait envie de croire qu’elle était capable de s’en sortir, plus capable que n’importe qui. Au fond, Big Daddy ne lui arrivait sans doute pas à la cheville. Marcus avait vu de quoi Hit Girl était capable. Les yeux du policier ne quittaient pas ceux de Mindy, il espérait vraiment qu’elle allait tenir sa promesse.
« Croix de fer. »
Ajouta-t-il, afin de mettre plus d’impact encore à cette promesse. Même si leurs chemins étaient foncièrement différents maintenant, Marcus voulait continuer de veiller sur la jeune femme, même s’il ne pouvait pas faire grand-chose au fond. A part prier pour que rien ne lui arrive sans doute.
« Prends soin de temps. »
Dit-il finalement. Il ne pouvait pas s’attarder plus auprès de Mindy, même s’il en avait vraiment envie. Le travail l’appelait, il avait du pain sur la planche. Il avait quand même l’intention de revenir la voir, avant son transfert. Et quelque chose lui disait que cela n’allait pas être facile d’enfermer Hit Girl. Au fond de lui d’ailleurs, Marcus espérait que ça n’allait pas être facile, qu’elle allait donner du fil à retordre aux forces de l’ordre. Et peut-être même s’en sortir, même s’il ne l’avouerait jamais.
indy ne promettait jamais rien à la légère, bien au contraire. Les promesses avaient pour elle une valeur sacrée, et elle ne se permettait vraiment pas de les rompre, ou jamais consciemment, en tous cas... Car là, c'est sûr, même sans le vouloir, il se pouvait bien qu'elle ne soit pas à même de véritablement tenir sa promesse. Elle comptait s'en sortir et rester en vie le plus longtemps possible, elle ne partait jamais en mission dans la perspective de ne pas en revenir (même s'il fallait bien envisager cette possibilité de temps à autres), et elle comptait s'engager d'autant plus à faire montre de prudence. Mourir en soi ne l'avait jamais dérangé, car s'il le fallait, eh bien soit, mais les choses avaient un peu changées, dernièrement, parce qu'il y avait Dave, parce qu'il y avait Marcus, elle ne pourrait supporter les laisser avec son cadavre sur les bras. Elle avait fait son choix, et il était sûrement discutable sur bien des points, mais elle n'en changerait pas. Elle voulait juste croire qu'elle saurait en éviter les conséquences les plus funestes. Elle esquissa un sourire en l'entendant ne pas contrarier sa promesse, et d'y corroborer, plutôt. Elle n'avait pas envie que la dispute reprenne de plus belle. Après cette entrevue, qui sait quand cela allait arriver de nouveau... s'ils en avaient seulement l'occasion. D'ailleurs, leur conversation allait devoir toucher à sa fin. Mindy avait foutrement trop de temps devant elle, mais ce n'était pas le cas de Marcus, ses affaires devaient l'appeler ailleurs.
Son sourire s'élargit un peu quand il lui dit de prendre soin d'elle. C'était ce qu'elle avait besoin d'entendre, vraiment, entendre qu'elle comptait pour lui, qu'il se souciait de d'elle. Et aussi, entendre ce qui lui semblait être une permission implicite. Prendre soin d'elle en acceptant d'aller en prison, ce n'était pas exactement une bonne façon de respecter sa parole. En prison, elle allait dépérir, ce milieu n'avait pas été fait pour son père, il ne l'était pas davantage pour elle-même. Elle s'évaderait, et une fois évadée, elle envisagerait peut-être de prendre contact avec celui qui avait été son père adoptif, même si ce n'était pas forcément très avisé. Elle n'était pas faite pour la vie qu'il avait voulu lui offrir, mais pour autant, certains aspects de cette vie-là, qu'elle avait expérimenté un temps assez court, lui manquaient.
-Compte sur moi. dit-elle d'un don décidé.
...Avant de le laisser s'en aller. Et pour sa part, il lui fallait trouver un moyen de sortir de cette cellule, et au plus vite. Cette situation était vraiment intenable. L'incertitude, c'était une chose qui l'insupportait, mais la perspective de demeurer coincée là... et cette visite à laquelle elle ne s'était pas attendue, et qui l'avait beaucoup remuée. Pas au point de tout remettre en perspective, elle ne le pouvait tout simplement pas. Mais au point, tout de même, de lui faire regretter le fait de le voir s'en aller. Avec l'amère sensation que les choses n'auraient pas se dérouler ainsi.