Depuis que Gwen savait que Peter était Spider-Man, le jeune homme trouvait bien plus facile de pouvoir jongler entre sa vie de super-héros et sa vie d’adolescent normal qui a une petite amie. Elle comprenait qu’il soit obligé de s’absenter par moment – le forçant au passage à l’intégrer dans son combat contre le crime, mais ça – parce qu’elle connaissait son secret. Elle n’allait donc pas lui en vouloir, du moins il le pensait, si jamais il arrivait un peu en retard comme maintenant. Les deux jeunes gens s’étaient donnés rendez-vous chez Gwen, puisque sa mère était absente, pour passer une soirée tranquille ensemble. Peut-être qu’ils allaient se regarder un film, peut-être qu’ils allaient faire leurs devoirs ensemble, le jeune homme n’en savait trop rien. L’important pour lui, c’était de passer du temps avec Gwen de toute façon. Et il adorait ça, même si comme maintenant il arrivait en retard. Spider-Man avait dû faire un petit détour avant qu’il ne puisse rendre visite à la jeune femme, mais il ne s’en sortait pas trop mal. Il n’avait que quelques minutes de retard quand il frappa à la porte (pour une fois, d’habitude il aimait bien les fenêtres) et que la jeune femme la lui ouvrit. Peter afficha un large sourire quand il vit sa petite-amie, ne tardant pas à s’emparer de ses lèvres rapidement.
Ils passaient donc une soirée tranquille ensemble, Peter profitant pleinement de la normalité de ces moments avec Gwen. Même s’il y avait toujours une part d’ombre depuis la mort du Capitaine Stacy, il avait bien envie de croire que les choses allaient de mieux en mieux. Le jeune homme aurait bien aimé que sa belle blonde de petite-amie n’ait pas autant envie de s’impliquer dans ses actes de super-héros, mais il n’avait pas vraiment le choix. Au final, ce n’était pas trop mal. Alors que Gwen s’était absentée dans la cuisine un instant, pour faire le ravitaillement de truc à grignoter, le jeune homme remarqua une lumière qui clignotait sur le répondeur. Sans vraiment de gêne – il allait le regretter – Peter se leva pour s’en approcher.
« Gwen, il y a un message sur ton répondeur. » Dit-il avant d’appuyer sur le bouton, la voix robotique se lança avant celle d’un homme. Peter écouta (alors que ça ne le regardait pas normalement, mais bon) l’homme parler à Gwen sur son message, lui demandant de rester à l’écart des super-héros qu’elle fréquentait, afin de se protéger au maximum de la vision que la mutante avait eu de sa mort. Le jeune homme sentit son cœur manquer un battement en entendant les propos de l’homme, qu’il ne comprit pas entièrement. Mais il avait compris assez pour savoir que Gwen lui avait caché quelque chose. Il se retourna lentement vers elle. « C’est quoi cette histoire ? »
Son ton était dur et sa voix tremblante. Il avait bien entendu non ? C’était quoi cette histoire de vision de sa mort ? De super-héros ? Qu’est-ce qu’elle ne lui avait pas dit ?
ne soirée simple et agréable, sans Spider-Man en vadrouilles, sans vilains à arrêter. Une soirée où Peter ne pouvait être que Peter, le petit ami de Gwen Stacy qui, si elle le soutenait à cent pour cent dans ses activités de justicier, n'était tout de même pas mécontente de pouvoir l'avoir pour elle toute seule de temps à autres. C'était ce qui était (normalement) au programme de cette soirée, où ils devaient simplement profiter de l'absence de la mère Gwen pour passer du temps tous les deux ensemble, et juste profiter de la présence l'un de l'autre. Tout se présentait au mieux, et la jeune femme n'aurait pu imaginer ce qui allait faire finalement dégénérer la conversation. Comment l'aurait-elle pu, en même temps ? Elle n'avait qu'un seul secret, pour Peter, et elle ne lui avait pas fait de cachotteries de gaité de cœur. Elle ne savait seulement que trop ce qui se passerait, s'il lui découvrait une mort liée de trop près à lui, ou plus exactement à l'homme araignée. Elle n'avait pas voulu concevoir ce que pourrait donner ce scénario. Malheureusement, il allait lui être imposé, qu'elle le veuille ou non, puisqu'il y eut un message sur son répondeur. Gwen laissa à Peter le soin de l'écouter, ne le trouvant pas outre mesure intrusif. Après tout, ce n'était pas comme s'il y avait quelque message que ce soit sur ce répondeur qu'il ne puisse entendre. Mais en fait si. Il s'agissait de Marcus, et s'il n'explicitait pas entièrement les chosers, il en disait bien assez pour que Peter ne puisse pas être intrigué. Gwen, qui venait de revenir dans le salon armé d'un saladier plein de confiseries en tous genre, manqua de le faire s'exploser au sol. Elle avait voulu éviter à tous prix de l'alarmer... Mais il était manifestement trop tard pour cela. Elle aurait aimé pouvoir esquiver cette discussion contraignante. Mais à ce stade, il lui était bien impossible de lui mentir. Elle poussa un profond soupir et se lança.
-Quelques semaines avant... l'attentat, au lycée... avant la mort de son père, en somme, mais elle n'avait su l'exprimer en ces termes. Deux collègues de papa sont venus, l'un d'eux était très bizarre, elle m'a laissé un mot avant de partir, j'y ai pas prêté attention, mais... Son cœur se serra. Elle se leva le temps d'aller chercher le fameux mot dans sa chambre, elle le tendit à son petit ami, la main tremblante. Elle n'avait vraiment pas voulu le mêler à tout ça. Déjà, elle regrettait vraiment d'en avoir parlé à Harry, de l'avoir impliqué. Là, c'était pire. Parce que Peter jouait son rôle, dans l'histoire (bon, Harry aussi, en vérité, mais elle ne s'en rendait pas compte). Mais ça veut rien dire, tu sais. tenta-t-elle de le rassurer. Tu n'as pas à t'inquiéter.
Mais il s'inquièterait, elle en était sûr. Parce que si les rôles étaient inversées, elle serait folle d'inquiétude également pour lui.
Peter ne comprenait rien de ce message (du moins, ça lui semblait dingue), mais il avait bien l’intention que Gwen éclaircisse sa lanterne. La jeune femme se lança après avoir poussé un soupir, sous le regard de son petit ami. Peu de temps avant l’attaque du lycée, donc de la mort de son père, deux collègues de ce dernier étaient venu chez elle. L’un était étrange et lui avait donné un papier. Cela n’expliquait en rien de ce qu’il venait d’entendre, mais Peter ne dit rien. Il laissa Gwen partir dans le silence dans sa chambre chercher le fameux papier qu’elle lui tendit ensuite. Les yeux se tournèrent vers le morceau de papier, lisant les quelques mots qui s’y trouvaient. Le jeune homme fit des grands yeux en découvrant la description de la mort du père de Gwen. Mot pour mot c’était la manière dont les choses s’étaient passées. Il continua à lire, lisant maintenant la manière dont celle qui se trouvait en face d’elle devait mourir. Peter sentit son cœur s’arrêter en découvrant qu’il avait un rôle dans tout cela. Pas seulement lui, il y avait aussi le Hobgoblin, encore lui. Gwen affirma que cela ne voulait rien dire, qu’il ne devait pas s’inquiéter. Il leva rapidement son regard vers elle, la main tenant le bout de papier tremblante.
« Ça ne veut rien dire ? C’est exactement ce qui s’est passé pour ton père ! » Elle avait eu le papier avant que ce moment arrive, cela signifiait bien que la personne qui avait écrit ce mot ne s’était pas trompé sur la mort du père de la jeune femme. Comment elle avait fait ? Il n’en savait rien et en réalité, c’était le cadet de ses soucis. « Tu le savais ? » Il leva le papier. « Tu le savais quand tu m’as demandé de te tenir au courant, de te laisser m’aider ? »
Il posait la question, mais en réalité, le jeune homme connaissait parfaitement la réponse. Bien sûr qu’elle le savait, puisqu’elle avait eu le bout de papier avant la mort de son père et donc avant qu’elle ne découvre qu’il était Spider-Man. Cela signifiait qu’elle lui avait demandé de l’aider alors qu’elle avait parfaitement conscience du danger. Si elle devait mourir en présence de Spider-Man, il était hors de question qu’elle le côtoie. S’il avait su cela avant, c’était évident qu’il n’aurait jamais cédé. Pas même devant son regard de biche, rien du tout.
« Il est hors de question que tu continues. Tu n’approches plus Spider-Man. »
Il était sec dans ses propos, mais c’était sans appel à ses yeux. Si Gwen devait, visiblement, mourir en présence de l’homme-araignée et du super-vilain qui avait tué son père, il n’était pas question qu’elle s’en approche. Il ne savait pas quand cela devait arriver, alors autant qu’il ne prenne pas de risque. Quoi qu’elle puisse dire, il s’inquiétait bien trop pour la laisser faire n’importe quoi. Comment avait-elle déjà pu mettre ainsi sa vie en danger déjà ?
accord, c'est vrai, elle ne pouvait pas prétendre que tout cela n'était rien alors que la mort de son père s'était déroulée mot pour mot comme inscrite sur le papier (et ce n'était pas là le genre de décès qui pouvait se deviner sur un coup de chance), d'ailleurs, elle ne le pensait pas, sinon, l'existence de ce papier ne l'aurait pas à ce point ébranlée, elle l'aurait jeté et n'y aurait plus jamais pensé. Ce n'était pas le cas, elle ne pouvait nier que la possibilité de mourir de la sorte ne manquait pas de l'obséder. Mais elle ne comptait pas arrêter de vivre pour autant, par pure précaution, et elle ne voulait pas que qui que ce soit lui interdise de faire ainsi qu'elle le désirait sous le même prétexte. C'était tout à fait hors de question. C'était pour cela qu'elle n'avait rien voulu dire à Peter, pour cela, et pour éviter qu'il se fasse du mouron pour elle. Dans un cas comme dans l'autre, c'était manifestement raté. Et elle sentait son estomac se serrer. La conversation qui allait suivre n'allait pas être pour lui plaire, elle le savait bien. Elle ne répondit rien quand il lui demanda si elle était déjà au courant de tout cela, quand elle s'était proposée de venir en aide à Spider-Man, négligeant ainsi les risques évidents qu'elle encourait en se lançant ainsi à cœur perdu dans la bataille. Elle se contenta de se mordiller légèrement la lèvre inférieure. Elle n'avait pas besoin de lui répondre parce qu'il savait pertinemment que c'était le cas. Elle avait découvert la véritable identité de l'homme-araignée après le décès de son père, elle s'était donc jeté dans l'arène en ayant pertinemment conscience qu'elle avait de fortes chances de se faire dévorer. Elle n'avait pas de façon de justifier sa manière d'agir, d'autant que, pragmatique comme elle l'était, elle ne pouvait pas prétendre ne pas avoir mesuré tous les risques. Et bien sûr, le couperet tomba rapidement. Gwen comprenait l'attitude de Peter. Pour autant, elle ne comptait pas la cautionner.
-Tu n'as pas d'ordre à me donner, Peter. répondit-elle tout d'abord. Elle savait très bien pourquoi il s'était montré si directif, mais le ton qu'il avait employé ne lui plaisait pas pour autant. Personne ne pouvait décider de sa vie et de ses choix à sa place, pas même lui. Et explique-moi comment je ferais pour m'éloigner de Spider-Man, puisque tu es Spider-Man ?
Elle faisait preuve d'un semblant de mauvaise foi, c'est vrai, elle savait bien qu'il voulait simplement dire qu'il souhaitait qu'elle ne se mêle plus de ses affaires de justiciers, et qu'ils se contentent de vivre la vie d'un couple d'adolescents normaux. Sauf que Spider-Man, ce n'était pas que le masque et le costume rouge et bleu. Peter était Spider-Man. Et Gwen ne pourrait pas faire semblant de l'ignorer, en appréhendant chaque jour qu'il lui arrive quelque chose sans être autorisée à intervenir. Et quand bien même... Elle serait toujours techniquement en danger, dans l'entourage du super-héros. C'était un risque assumé de sa part. Elle ne voulait être mise à l'écart dans aucun aspect de sa vie, comme elle ne le mettrait à l'écart dans aucun aspect de la sienne. Et si cette vision était inéluctable ? Une simple question de hasard ? Et si sa présence sur les lieux et sa mort empêchait un concours de circonstances qui pourrait mettre fin aux jours du jeune homme ? À choisir entre leurs deux vies, elle sacrifiait volontiers la sienne.
Peter savait parfaitement qu’il n’avait pas d’ordre à donner à sa petite-amie, qu’il ne devait pas lui parler de cette manière, mais il ne pouvait pas s’en empêcher. Parce qu’il venait d’apprendre l’existence de cette vision et qu’il ne comprenait pas l’attitude de la jeune femme. Gwen ne lui avait rien dit – bon cela, il voulait bien considérer qu’il comprenait – mais en plus elle avait pris des risques inconsidéré. Cette prédiction affirmait qu’elle devait mourir en présence de Spider-Man et du Hobgoblin et elle n’avait rien trouvé de mieux que de vouloir s’impliquer ? Peter ne parvenait vraiment pas à comprendre. Il savait bien qu’il s’emportait sans doute un peu trop, mais il craignait pour la vie de celle qu’il aimait. S’il avait été au courant de cette prédiction, jamais il n’aurait accepté qu’elle l’assiste dans ses actions de super-héros. Il était hors de question qu’elle prenne de ce genre de risque, il était hors de question qu’il la perde. Que cela plaise ou pas à sa petite-amie, il était hors de question qu’elle continue à s’approcher de Spider-Man.
Cependant, Gwen marquait un point en affirmant, avec une grande mauvaise foi, qu’il était Spider-Man. Elle pouvait difficilement s’éloigner du super-héros, puisqu’elle se trouvait actuellement à ses côtés. Evidemment, le jeune homme se contentait de parler du terrain, qu’elle ne devait pas le suivre quand il partait sous les traits du justicier masqué. Malheureusement, ses propos ne lui faisaient que mettre en évidence autre chose. La jeune femme serait de toute façon en danger à ses côtés, même sous les traits de Peter Parker. Il n’était pas idiot au point de croire qu’il n’attirait pas d’ennuis à ses proches, bien au contraire. Il en avait conscience, mais il avait cru pouvoir le pallier quand même. Sauf que visiblement… ce n’était pas le cas. Si Gwen devait mourir comme décrit sur le papier qu’il tenait encore dans ses bras, c’était bien la preuve qu’il était incapable de la protéger. Et il ne prendrait pas le risque de la voir mourir à cause de lui, il ne le supporterait pas.
« Tu as raison. » Dit-il doucement, baissant un instant son regard avant de relever son regard vers la jeune femme, s’approchant d’elle. Il attrapa doucement sa main avant de mettre le papier avec les visions dedans. « Je suis Spider-Man. »
Peter ne se montrait pas vraiment explicite dans ses propos, mais cela sous-entendait bien ce qu’il voulait dire. Il était Spider-Man, il ne pouvait pas se dissocier de son double masqué. Alors, Gwen devait s’éloigner de lui, tout simplement. Elle ne devait pas se contenter de rester loin de l’homme-araignée, elle devait aussi être loin de Peter. Même si cela faisait vraiment mal au jeune homme de dire une chose pareille, ce qui se voyait sur son visage d’ailleurs, il n’avait pas vraiment d’autre choix. Peter ne pouvait pas faire comme s’il ne venait pas de lire cette prédiction, il ne pouvait pas faire comme s’il ne savait pas. Et il était hors de question qu’il soit responsable du décès de celle qu’il aimait.
e ton solennel que Peter employa pour lui répondre ne plut pas du tout à Gwenn, pas plus que ce qu'elle eut l'impression de lire dans son regard ou que son geste, qu'elle aurait pourtant trouvé autrement tendre et agréable quand il attrapa doucement sa main... Sauf que ce fut pour y mettre ce maudit papier où étaient inscrites noires sur blanc les informations les plus cruciales concernant sa mort. Ce maudit bout de papier. Elle regrettait qu'il soit un jour tombé entre ses mains. Certains diraient que c'était une chance, pour elle, si cela pouvait lui permettre de prendre son destin en main et d'éviter une mort prochaine au profit d'une autre, sans doute plus lointaine et - espérons-le - plus naturelle... Sauf que si elle devait perdre Peter pour cela, alors elle préférait encore n'être au courant de rien. Son propos n'était pas clair en soi, mais Gwen avait malheureusement le sentiment d'y lire comme dans de l'eau de roche. Elle avait sans le vouloir marqué un point qui jouait dorénavant en sa défaveur. Plus que sérieusement en sa défaveur. C'était malheureusement la vérité. Le plus dangereux résidait dans le fait d'accompagner Peter sur le terrain, mais sous prétexte qu'il ôtait son masque, il n'en restait pas moins le justicier qu'elle le savait être... Et fort de ce constat, elle comprenait que son "Tu n'approches plus de Spider-Man" ne s'appliquait plus seulement au fait de ne pas la laisser l'accompagner sur le terrain, mais à lui dans son entier. Gwen déplorait vraiment de ne pas avoir réfléchi plus longuement à la portée de ses propos avant de prendre la parole. Il y avait de quoi le regretter amèrement.
-Et tu comptes faire quoi ? Te détourner de tous ceux qui t'entourent dans l'espoir de ne pas leur faire de mal ? demanda-t-elle, resserrant le poing sur le papier qu'elle roula en boule au creux de sa paume. Elle allait vraiment le jeter une bonne fois pour toutes, elle avait fait suffisamment de dégâts comme cela. On peut empêcher que ça arrive. affirma-t-elle en plantant son regard dans celui de son (l'espérait-elle) petit ami. Ensemble. C'est pas gravé dans le marbre... on peut... sa voix se brisa légèrement. Elle ne savait même plus quels arguments exploiter pour plaider sa cause. S'il te plaît, ne me demande pas de ne plus t'approcher. Je ne veux pas, c'est compris ?
Son ton oscillait entre l'ordre et la supplication. Gwen et Peter n'étaient pas ensemble depuis si longtemps que cela, mais ils vivaient ensemble quelque chose de fort, au-delà même du secret qu'ils partageaient, elle refusait qu'il tire un trait là-dessus, même si elle savait pertinemment qu'il ne le faisait pas de gaieté de cœur. Elle ne voyait pas l'intérêt qu'il la protège, si en contrepartie, elle devait se faire oublier de lui.
Peter n’aimait pas du tout ce qu’il était en train de décider, mais il n’avait guère le choix. Il ne pouvait pas faire comme s’il ne devait pas de lire la prédiction de la mort de Gwen et encore moins comme s’il n’était pas directement concerné. Est-ce que c’était pourtant une solution de se détourner de toutes les personnes qu’il aimait pour les protéger ? Sans doute pas, mais c’était la seule qui lui venait à l’esprit. Il ne pouvait pas faire comme s’il ne savait rien et il était hors de question qu’il laisse Gwen en danger, il n’était pas question qu’il provoque sa mort. Evidemment, le jeune homme ne connaissait pas vraiment les détails de cette prédiction et la manière dont elle devait arriver, mais le fait de la tenir à l’écart de Spider-Man devait l’aider. Et malheureusement, elle ne pouvait pas s’éloigner de Spider-Man en étant encore proche de Peter. Le jeune homme aurait aimé faire la part des choses entre ses deux identités, mais l’une n’allait pas sans l’autre. Le jeune homme ne répondit rien, laissant Gwen reprendre la parole, affirmant qu’ils pouvaient empêcher ça ensemble et que rien n’était gravé dans le marbre. Peter trouvait insupportable de la voir dans cet état, il avait envie de la serrer dans ses bras et lui dire que tout irait bien. Sauf qu’il savait parfaitement que ce n’était pas le cas, que rien ne pouvait aller bien. Même si elle décidait d’être prudente et de ne pas se lancer dans sa quête pour aider Spider-Man (mais vu qu’elle l’avait décidé après avoir eu connaissance de cette prédiction, il n’y croyait pas trop), rien ne pouvait garantir pour autant qu’elle serait en sécurité. Peter sera des dents, pour contenir un peu son émotion, alors qu’elle le suppliait de ne pas lui demander de ne plus l’approcher, parce qu’elle ne le voulait pas.
« Et moi je ne veux pas te perdre Gwen… » Dit-il d’une voix brisée. Il n’avait aucune envie de prendre cette décision, mais il serait incapable de supporter de perdre Gwen. Il préférait la perdre en la sachant en vie plutôt que d’être responsable de son décès. « Ce qu’il y a marqué sur ce papier est clair et il est hors de question que je laisse cette scène se produire. » Peter savait parfaitement qu’il ne pouvait pas protéger tout le monde. Il n’avait pas pu sauver Oncle Ben, il n’avait pas pu sauver le père de celle qui faisait battre son cœur, comment pouvait-il prendre le risque de la mettre en danger. Et s’il ne parvenait pas à empêcher ça ? Et s’il ne parvenait pas à la sauver ? Il ne supporterait vraiment pas de la perdre et cette idée lui brisait le cœur. « Alors, si je dois me détourner de toi pour te protéger… je le ferais. »
Peter se sentit submergé par les émotions, il n’avait aucune envie de devoir prendre cette décision non. Mais malheureusement, il savait parfaitement qu’on n’avait pas toujours le choix. Il s’approcha de la jeune femme, déposa ses lèvres tremblantes sur les siennes, attrapant son visage entre ses mains. Quand leurs lèvres se séparèrent, il posa juste son front sur le sien.
« Je t’aime Gwen, je ne peux pas… je ne peux pas te mettre en danger. »
amais elle n'aurait dû montrer ce maudit papier, ni à Harry, ni à Marcus, ni à Peter... Elle maudissait intérieurement cette satané mutante dont la prédiction semblait sur le point de la priver de ce qui était le plus cher à ses yeux. Comme tout votre univers peut s'effondrer en un claquement de doigts... L'instant d'avant, tout se passait pour le mieux, celui d'après, voilà qu'ils dérivaient très dangereusement vers une rupture que Gwen n'avait vraiment pas envie de nommer comme telle, car cette pensée lui était insupportable. Les amours de lycée sont destinées à se terminer fatalement, dit-on, mais ce que Peter et elle partageaient était si fort, si unique... Pouvait-on vraiment accepter que quoi que ce soit ne vienne briser ce qu'ils avaient. Même sa potentielle mort imminente ne lui semblait pas un prétexte suffisant en la circonstance. Et en même temps, elle ne pouvait pas blâmer Peter. Elle aurait réagi exactement de la même manière si elle s'était retrouvée à sa place. Sauf qu'elle n'y était pas, elle était à une place où elle cherchait à tous prix à conserver ce qu'elle possédait... Tout en ressentant dors et déjà que la décision de Peter était prise, et qu'elle ne pourrait rien faire pour la révoquer. Elle aurait mieux savouré le baiser qu'il lui adressa s'il ne ressemblait pas tant à un baiser d'adieu qui, à la place, lui serrait le cœur au point qu'elle sentait les larmes lui poindre au bord des yeux, même si elle parvenait encore à les retenir. À quoi bon être protégée si elle n'était pas avec lui ? Elle était prête à assumer n'importe quel risque, puisqu'il en valait la peine. Et ce n'était pas parce qu'elle tenait absolument à mourir, c'était que, si elle devait réussir à changer son destin, elle voulait que ce soit au moins pour qu'il en fasse partie.
-Peter, s'il te plaît... Elle serra ses mains dans les siennes, garda son front appuyé contre le sien. Je ne t'accompagnerais plus sur le terrain, c'est juré, je ne ferais rien qui me mette en danger. Elle avait tant insisté pour le suivre, pour s'assurer qu'il serait en sécurité... et là, elle baissait les armes. Pas tant parce qu'elle avait peur pour son propre sort, mais parce qu'elle avait peur de le perdre. Parviendrait-elle à tenir cette promesse ? Elle n'en savait rien, elle aurait bien du mal à ne pas se mêler des affaires de Spider-Man en sachant que Peter pourrait y laisser sa peau, mais elle pouvait au moins tenter cette effort. Qu'il lui laisse une chance, juste une chance. Je t'aime. Moi non plus je veux pas te perdre.
Au sens figuré. Quoi qu'au sens propre non plus, bien sûr, elle refusait de faire de cette relation une parenthèse dans sa vie, comme si elle pourrait ensuite poursuivre comme si de rien n'était. Elle, elle ne lisait peut-être pas dans l'avenir, mais elle savait pertinemment que c'était impossible.
Peter avait le sentiment de vivre son pire cauchemar. Pendant si longtemps il avait eu des sentiments pour Gwen, pendant si longtemps il n’avait pas osé les lui avouer et finalement les choses avaient tourné en leurs avantages. Ils avaient fini par se rapprocher et le jeune homme ne s’était jamais aussi bien sentit qu’à ses côtés. Il pouvait tout lui dire, puisqu’elle était au courant de son secret et il trouvait qu’ils étaient si bien ensemble. Et pourtant, il devait bel et bien prendre la décision de tout arrêter. Ça lui déchirait le cœur, au point qu’il ne savait pas vraiment s’il allait parvenir à aller jusqu’au bout. Mais Peter savait parfaitement qu’il n’avait pas le choix, qu’il ne pouvait pas prendre le risque de mettre celle qu’il aimait en danger. Il n’avait pas envie de faire un choix entre Spider-Man et Gwen, mais il n’avait pas le choix. Ce n’était pas comme s’il pouvait nier ce qu’il était, qu’il pouvait mettre au placard ses pouvoirs. Il ne pouvait pas nier ce qu’il était et ne pas se servir de ces pouvoirs pour aider le monde. Il ne pouvait donc pas ranger son costume, mais il ne parvenait pas non plus à accepter les risques de mettre la vie de Gwen en danger. Il ne pouvait pas faire comme s’il ne venait pas de lire le papier qu’elle lui avait montré, celui où sa mort était décrite. Il ne pouvait pas prendre le risque. Quoi que ce son cœur avait envie de faire. Il n’avait aucune envie de devoir rompre avec Gwen – puisque c’était bien ce qui était en train d’arriver – mais il ne pouvait pas faire autrement. S’il devait effectivement s’éloigner de toutes les personnes qu’il aimait, afin de les protéger, il allait le faire. Et cela, malgré le fait que c’était particulièrement douloureux. Encore plus alors que la belle blonde le suppliait. Les yeux plein de larme de Peter témoignaient de la difficulté de cette situation pour lui aussi, il ne prenait vraiment pas cette décision de gaité de cœur. Mais sa décision était prise, il ne pouvait pas revenir en arrière. Quoi que dise Gwen.
« Ce n’est pas si facile… »
Elle pouvait lui promettre de ne plus l’accompagner sur le terrain, ça ne changeait rien au fait qu’elle était quand même en danger à ses côtés. Peut-être que ça serait suffisant, mais Peter ne pouvait pas prendre le risque. Après tout, il connaissait suffisamment sa petite-amie (qui était en train de devenir une ex…) pour savoir qu’elle pourrait difficilement se retenir de foncer tête la première vers le danger. Non, il ne pouvait vraiment pas prendre le risque, il n’y avait qu’un seul moyen de palier à cette situation.
« Je suis désolé Gwen, je ne peux pas. »
Il ne pouvait pas faire comme si de rien n’était et il ne pouvait surtout pas revenir en arrière des paroles qu’il avait prononcé, de ce qu’il était en train de sous-entendre. Il ne parvenait pas à prononcer les mots, mais il était évident qu’elle le comprenait.
ui, ce n'était pas si facile. Gwen en avait bien conscience. Elle avait beau retourner la situation dans tous les sens, elle ne voyait aucune issue qui puisse lui être agréable. Elle avait su au moment même de le supplier de la retenir, qu'il refuserait, parce qu'elle était, oui, techniquement en danger en le fréquentant. Elle, elle se fichait bien d'être en danger. Elle l'aimait comme elle n'avait jamais aimé quiconque, elle n'avait pas envie que ça s'arrête... Et ne pouvait pas pour autant leur imposer de continuer. Elle savait que, si la situation était inversée, elle préfèrerait privilégier sa sécurité à ses sentiments. Elle ne pouvait pas lui imposer de faire différemment. C'était noble de sa part, au fond. Même si elle préfèrerait, pour tout dire, qu'il le soit un peu moins en la circonstance. C'était ce qu'elle aimait, chez lui, ce sens de l'honneur... Mais cette qualité qu'elle ne pouvait qu'apprécier chez lui était en train de la détruire. Elle sentait son cœur se briser en mille morceaux. Et ça faisait mal. Elle avait déjà eu quelques histoires sans conséquences, mais là, elle vivait sa première vraie rupture. Celle qui vous faisait mal à en crever... Ils étaient si bien, tous les deux, ils avaient partagé des moments si forts, ils étaient si complices. Comment tout pouvait s'arrêter en une fraction de secondes, comme cela ? Elle avait envie d'insister encore, de lui prouver par tous les moyens possibles et imaginables que leur histoire méritait d'être vécue. Mais elle était certaine qu'il savait pertinemment le moindre argument qu'elle pouvait lui opposer. Cela n'empêchait pas sa décision d'être prise. Elle lisait la détermination dans son regard. Elle le connaissait bien, à force. Elle ne changerait pas d'avis. Elle le fixa un moment depuis ses grands yeux, ceux auxquels Peter était supposé ne pas pouvoir résister, et elle sentit des larmes y poindre douloureusement. Elle devait se retenir pour ne pas fondre complètement en larmes.
-D'accord. soupira-t-elle. Consciente qu'elle ne le ferait pas changer d'avis, même si cette pensée lui faisait vraiment beaucoup de mal. Elle ne savait plus que faire d'autres pour le retenir. Je... Elle ne savait plus quoi dire. Elle était complètement bouleversée par la tournure que la situation avait prise, d'autant que rien ne l'y avait préparée. L'instant d'avant, tout allait pour le mieux, pourtant. Tout avait basculé en un rien de temps. Il vaut mieux que tu y ailles, Peter.
S'il tenait véritablement à mettre un point définitif à leur relation, alors elle avait besoin de se retrouver seule. Elle ne pouvait pas poursuivre comme si de rien n'était, encore moins envisager d'engager leur relation sur un tournant amical. Elle n'avait pas la moindre intention de le perdre de vue, elle en serait incapable, mais elle se voyait plus incapable encore de soutenir son regard et de se dire que tout était fini, pour de bon.
Peter avait le sentiment que tout était en train de s'écrouler autour de lui, ce qui était en train d'arriver en fait. Peter était en train de perdre sa petite-amie et le pire, c'était qu'il prenait lui-même la décision pour le faire. Le jeune homme savait qu'il n'avait pas le choix, il ne pouvait pas faire autrement. Il avait bien compris les propos de ce message sur le répondeur, Gwen allait mourir parce qu'elle se retrouverait sur une scène avec le Hobgoblin et Spider-Man. Et le pire, c'était qu'elle avait décidé de rentrer dans l'action en l'aidant. Peter ne pouvait pas laisser la fille qu'il aimait - plus qu'il n'aurait jamais cru aimer quelqu'un un jour - se mettre ainsi en danger. Il ne pouvait pas prendre le risque de la perdre. C'était bien là le souci, s'il ne décidait pas de la quitter maintenant, il la perdrait totalement parce qu'elle allait mourir. Le destin pouvait sans doute être changé, mais il n'était pas question pour le jeune homme de prendre le risque. Il préférait sentir son coeur se briser en mille morceaux - comme en cet instant précis - que de la voir perdre la vie. Peter était persuadé que Gwen comprenait qu'il agisse de cette manière, même si ce n'était pas agréable. Il était évident qu'elle aurait réagi pareil. C'était le plus raisonnable oui, mais ce n'était pas pour autant évident. Non, ce n'était pas évident du tout, c'était même horrible. Peter ne savait pas comment il allait faire, mais de toute façon il ne changerait pas d'avis.
Et pourtant, Peter aimerait changer d'avis oui. Quand il observait le regard remplit de larme de sa petite-amie (qui ne l'était plus vraiment en fait...), il avait envie de craquer sur son regard de biche et de changer d'avis. De faire comme s'il n'avait rien entendu et juste pouvoir profiter encore de cet instant, qui était si idyllique jusqu'à présent. Il aurait aimé oui, mais il ne pouvait pas. Il ne pouvait pas se permettre de craquer et Gwen ne chercha pas à le convaincre de le faire. Elle comprenait, elle était d'accord, parce qu'il n'y avait pas d'autres solutions. Le coeur de Peter termina de se briser quand Gwen affirma qu'il devait s'en aller. Oui, c'était évident, il devait partir, même si c'était difficile. Il était évident que les deux jeunes gens n'allaient pas pouvoir faire comme si de rien n'était, ils n'allaient pas pouvoir reprendre une relation amicale comme avant. Il était hors de question que Peter perde de vue celle qui faisait encore battre son coeur et qui le ferait jusqu'à la fin - il le savait, c'était la femme de sa vie - mais il resterait loin. Parce qu'il devait la protéger et il allait faire en sorte que rien ne lui arrive. Mais cet instant, c'était sans doute le dernier où ils allaient pouvoir se retrouver l'un en face de l'autre. Peter fit un signe de la tête, il devait partir, mais c'était vraiment difficile.
« Oui... »
Peter s'approcha de Gwen et s'empara de ses lèvres. Ce n'était sans doute pas ce qu'il devait faire, mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Il avait besoin de ce dernier baiser avant de partir, c'était juste une façon pour lui de lui dire adieu. Puisque c'était bien ce qui était en train d'arriver, ils se séparaient. Quand leurs lèvres se séparèrent, Peter ne prononça aucun mot avant de faire volteface et de s'en aller. Cela ne servait à rien de continuer à tourner le couteau dans la plaie.