indy poussa un soupir. C'était donc ça, l'amitié ! Écouter les pleurnicheries et jérémiades des gens, et véritablement compatir, pas pour la forme, non, mais parce qu'elle se sentait véritablement concernée, voilà ce qu'était visiblement l'amitié, et voilà ce que la jeune femme se voyait ressentir en présence de Harry. C'était... perturbant, en fait. Il était plus simple d'être égoïste et indifférent, parfois. Là, elle voyait bien qu'il allait mal, et comme elle ne connaissait pas d'autres façons de résoudre ce problème, elle ne voyait pas trop comment elle pourrait venir en aide au jeune homme, si ce n'est en tabassant le père Osborn, puis le mec sur lequel lorgnait Stacy. Bizarrement, la demoiselle était convaincue que ce n'était pas ce qu'il attendait d'elle. Tant mieux, en même temps, elle aurait eu moins de façon de justifier ces actions-ci que la plupart... Alors elle avait trouvé une autre parade, celle de relativiser. Et quand elle se disait qu'il y avait pire dans la vie, elle le pensait effectivement. Après tout, elle avait elle-même vécu des situations plus que délicates, des situations vraiment douloureuses. Et elle savait bien qu'elle n'était pas une exception. Les problèmes de Harry étaient délicats, mais sauf son respect, certains avaient connu pire, au final. Son père, à lui, était encore en vie. Et puis, avoir des sentiments pour quelqu'un qui s'en moque, c'est un lieu commun, non ? (elle en savait quelque chose).
-J'sais pas, ta mère aurait pu crever d'une overdose, ton père se faire cramer sous tes yeux, tu pourrais être recherché par les flics...
Elle disait ça à tout hasard, hein... Bon, ceci dit, elle ne savait pas si son argumentaire allait être complètement convaincant. La mère de Harry aussi était morte, après tout (triste point commun, leurs mères à tous les deux étaient mortes en les mettant au monde), mais son père, quand bien même leurs relations étaient visiblement chaotiques, avait au moins le mérite d'être en vie. Et puis, au moins, il avait pour lui le confort qu'apporte la richesse, c'est pas rien quand même, non ? Dans la foulée, Mindy en avait certainement plus dit sur elle-même qu'elle ne l'avait jamais fait en présence de Harry. Ou même de qui que ce soit, d'ailleurs. Déblatérer sur elle, ce n'était pas son for... Et d'ailleurs, que son interlocuteur ne se méprenne pas, elle n'avait pas prononcé ces mots parce qu'elle voulait qu'on la plaigne. Elle ne voulait pas s'attirer la compassion de qui que ce soit, ça ne l'intéressait pas. Elle n'aimait pas jouer les victimes, encore moins passer pour une victime. Elle était forte, toujours. Les emmerdes, elle leur foutait son poing dans la tronche (métaphoriquement parlant, bien entendu). Elle voulait seulement que Harry remette les choses en perspective. Elle se débrouillait certainement comme un manche (logique, elle n'était pas douée pour un sou quand il était question de relations humaines), mais le but au départ était de le rassurer lui, et de lui permettre de se sentir mieux. Promis, cela partait véritablement d'une bonne intention.
Harry n’aimait pas réellement passer son temps à se plaindre, mais parfois il devait bien avouer que cela lui faisait du bien. Il n’avait pas grand monde avec qui se confier, Mindy était la seule avec qui il parlait ouvertement des sentiments qu’il avait pour Gwen. Cependant, c’était comme s’il avait des œillères sur ses yeux et il ne voyait que ses propres problèmes. Il ne se rendait pas compte qu’il avait aussi des bonnes choses dans sa vie, comme le fait de pouvoir fréquenter son amie (du moins tant que son père ne l’envoyait pas en Europe). Il peinait donc à se rendre compte que d’autres personnes vivaient des choses pires que lui. Au moins, il avait de la chance d’avoir un père, même si clairement il ne voyait pas réellement où se trouvait la chance d’avoir Norman Osborn comme géniteur. Même s’il ne pouvait pas avoir un réciproquement dans ses sentiments pour Gwen, il savait qu’elle tenait quand même à lui. Elle n’était pas complètement indifférente, même si elle ne voyait en lui qu’un ami. C’était déjà bien mieux que rien. Ainsi donc, quand Mindy mentionna qu’il y avait pire dans la vie, Harry la questionna sur ce qui pouvait bien être pire. Et quand elle reprit la parole, parlant clairement de son histoire, le jeune homme se sentit soudainement bien mal à l’aise. En effet, il y avait pire. Harry était sans aucun doute trop égoïste, cela venait de son sang forcément, il ne voyait pas qu’il y avait des proches à lui qui vivaient des choses pires que lui.
« Ouais… c’est sûr. »
Harry se doutait bien que Mindy n’avait aucune envie de recevoir de la pitié ou de la compassion. Même si elle avait disparu pendant une année et demie, le jeune homme se disait qu’elle n’avait pas changé depuis l’époque où ils se trouvaient au même lycée. Donc, il pensait la connaitre sassez pour ne pas prendre le risque de se montrer compatissant avec elle. De toute façon, leur conversation deviendrait bien trop lourde s’ils commençaient à se plaindre tous les deux. Tous cela allait bien trop tourner dans le mélodramatique. Harry n’avait pas réellement de raison de se plaindre, sa vie pourrait quand même être bien pire que cela. Elle allait devenir pire, mais cela il l’ignorait encore. Pour l’instant, il n’était qu’un adolescent normal qui avait tendance à se laisser emporter par sa crise d’adolescent.
« Tu dois me prendre pour un geignard. »
Dit-il, se moquant de lui-même. Il n’avait aucune raison de se plaindre avec Mindy, alors qu’elle avait clairement vécu bien pire que lui. Au moins, le jeune homme ne se retrouvait pas obligé de se cacher parce qu’il était recherché par la police. Il jouissait quand même d’une vie assez agréable avec l’argent de son père. Même si la vie avec son géniteur n’était pas parfaite, il devait bien avouer qu’il avait de la chance de ce côté-là. Il aurait très bien pu se retrouver à la rue en prime.
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La haine est bien souvent la fille d'un amour excessif.
indy n'était pas certaine que sa façon de s'adresser à Harry avait été la meilleure. Elle donnait sûrement l'impression d'être une amie pitoyable, à cet instant (en même temps, elle l'était bel et bien). Elle n'avait pas voulu reprocher au jeune homme le fait qu'il s'appesantissait sur ses problèmes ou faire avec lui le concours de qui avait eu la vie la plus terrible. Elle ne cherchait pas à s'attirer la compassion de Harry, certainement pas, et apprécia d'ailleurs de constater que le jeune homme avait l'air de le comprendre et ne lui sortait pas le “je suis désolé” d'usage ou une autre connerie du même tonneau. C'est vrai, la vie de Mindy était loin d'être simple, et il était des situations dont elle souffrait encore, comme la mort de son père, qui avait été extrêmement douloureuse pour elle (en même temps, la vie de la jeune femme avait été entièrement conditionnée par Damon Macready), mais elle avait apprit depuis bien longtemps qu'il ne résultait jamais rien de bon au fait de s'appesantir sur son sort. Il fallait savoir aller de l'avant, toujours... même si parfois, elle-même ne respectait pas ses propres consignes. C'était aller de l'avant que de quitter New-York... elle avait tout de même fini par rebrousser chemin. Dans tous les cas, non, elle ne jugeait pas ses malheurs plus épouvantables que ceux de Harry. C'est vrai, objectivement, les expériences qu'elle avait vécu étaient plus traumatisantes, mais ce n'était pas un concours. À son échelle, Harry souffrait de la situation qu'il vivait, et c'était là ce qu'elle choisissait de retenir, et pour cela qu'elle lui avait parlé comme elle le faisait. Non, elle ne le traitait pas de geignard (enfin, c'était quand même clairement parce qu'elle l'appréciait, parce qu'elle aurait clairement envoyé promener n'importe qui d'autre si n'importe qui d'autre s'était mis à chouiner sous son nez), elle voulait seulement qu'il remette ses problèmes en perspective, dans le but qu'il lutte pour les résoudre. Ce n'était pas en se plaignant, qu'on progressait, c'était en agissant.
-T'es pas geignard. Dit-elle finalement avec ce ton amical qu'elle trouvait elle-même étrange d'employer. Qu'est-ce qui lui avait prit de se lier d'amitié avec quelqu'un ? Elle ne savait pas s'y prendre. Bon, d'accord, ce n'était techniquement pas son premier ou unique ami, mais son amitié avec Brook et les pétasses qui l'entouraient avait été une ignominie factice, et en ce qui concernait Dave. Si elle pouvait dire de lui qu'il était un simple ami à ses yeux sans mentir effrontément, cela résoudrait nombre de ses problèmes. Mais prends les choses en main, putain. Si ça t'emmerde, tout ça, prends, les devants, envoie ton père se faire foutre et va dire à Stacy ce que tu penses d'elle. Ça aura pas forcément le résultat que tu voudrais, mais ça te ferais du bien, crois-moi.
C'était sa philosophie. Un franc parler clair et net. Ok, ça marchait pas toujours, mais on arrivait à rien sans forcer le destin, parfois. Bon, sauf que si elle devait appliquer à la lettre ses propres conseils, elle devrait peut-être avoir une conversation avec Dave. Et c'était tout sauf dans ses intentions, alors.
Harry n’était pas le plus sociable des jeunes hommes, il ne savait jamais réellement comment il devait agir. Il avait toujours peur d’en faire trop, ou de ne pas en faire assez. Quand il ne parlait jamais de lui, cela pouvait être pris comme une indifférence totale. Et quand il parlait trop, il avait peur de passer pour un geignard. Ses soucis n’étaient pas si important finalement, il y avait quand même pire dans la vie. Il avait la chance de pouvoir jouir d’une vie assez aisée, grâce à l’argent de son père. Même s’il ne s’entendait pas avec lui, il vivait quand même à son crochet. Tous les enfants n’avaient pas cette chance, même si Harry aurait aimé échanger l’argent contre de l’affection. Et puis Gwen, il pouvait quand même passer du temps en sa compagnie. Du moins, tant que son père ne venait pas gâcher tous (ce qui allait malheureusement arriver). Au fond, il n’était donc pas réellement à plaindre, surtout comparé à d’autre personne. Au fond, il avait une vie bien plus facile que celle de Mindy qui se trouvait être en cavale quand même. Mais, il était comme cela, il avait tendance à tout voir en noir. Et comme il était d’un naturel dépressif, on ne pouvait pas dire que son caractère arrangeait réellement les choses. Il enviait Mindy pour sa façon d’être, le fait qu’elle n’avait peur de rien. Il se souvenait de ce moment où elle s’était vengée sur des filles du lycée, il n’aurait jamais osé faire une chose pareille. Mais il était peut-être temps qu’il prenne enfin les choses en main effectivement. Sauf qu’il était bien plus facile de le penser que de le faire.
Quand Mindy lui affirma qu’il devait envoyer chier son père, avant d’aller voir Gwen et lui dire ce qu’il ressentait, Harry sut à l’instant même que ce n’était même pas la peine qu’il songe à le faire. Il n’aurait pas le courage, il pouvait éventuellement le vouloir mais il serait incapable d’agir. Il se sentait déjà tendue rien qu’en entendant les propositions de la jeune fille. Non clairement, il serait complètement incapable de le faire.
« Je ne suis pas comme toi tu sais… » Cela signifiait tous à ses yeux, il n’avait pas la force de caractère de son amie. Elle était tellement plus forte. Elle n’osait pas dire ce qu’elle pensait quand elle le pensait, ce qui était tout son contraire. Autant, les choses étaient plus simples quand Harry se sentait à l’aise, autant dans ces deux cas c’était compliqué. Il avait tellement peur de tout perdre. Malgré tout, le jeune homme aimait son père et il avait surtout envie de le voir changer, mais il connaissait l’homme et son entêtement. Il savait que cela ne se passerait pas bien s’il osait réellement l’affronter. Et concernant Gwen, il ne savait pas vraiment s’il serait capable d’accepter un refus de sa part. Alors, autant ne pas prendre de risque. « J’oserais jamais. »
C’était à se demander si les deux jeunes gens étaient réellement fait pour être amis, ils étaient tellement différent.
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La haine est bien souvent la fille d'un amour excessif.
est certain, Harry et Mindy étaient tous deux de natures très différentes. Quand la justicière considérait que foncer dans le tas et ne jamais se laisser marcher sur les pieds était la meilleure parade envisageable, Harry, lui, jouait les planqués. Pour autant, Mindy ne le lui reprochait pas... Avec certains, elle aurait certainement prit bien moins de gants (ou elle s'en serait foutue, tout simplement), mais le jeune homme était un cas particulier. Depuis ce jour où elle lui avait sauvé la mise face à ceux qui le malmenaient, elle avait éprouvé une sorte... d'attachement à l'égard du jeune homme. Ouais, c'était peut-être un lâche de première catégorie, mais il avait le mérite de ne pas être comme tout le monde. Il y avait quelque chose de véritablement touchant dans sa personnalité, et aussi, même s'il y avait sans doute certaines choses à corriger dans son comportement, il y en avait bien d'autres qui étaient totalement honorables. Ils étaient un peu aux antipodes l'un de l'autre, à bien y réfléchir, mais c'était peut-être pour ça qu'ils parvenaient, contre toute attente, à s'entendre tous les deux... Ils se complétaient, d'une certaine manière... En conjuguant leurs deux tempéraments, l'on parvenait certainement à obtenir un être parfaitement équilibré. Dommage qu'ils restent malgré tout deux individus. Entrer dans le lard du père Osborn et courir après Stacy, ce n'était pas la bonne attitude, mais se taire et souffrir en silence non plus. Il aurait fallu trouver un juste compromis entre les deux... Mais ce n'était pas franchement avec les "bons" conseils de Mindy qui allait aider Harry.
-T'es pas geignard mais t'es quand même une sacré lopette. Ces propos auraient pu paraître particulièrement blessants, et ils pouvaient l'être s'ils n'étaient pas correctement interprétés, mais le fait est qu'elle avait prononcé ces mots comme l'on adresse des piques amicales. Celles de Mindy étaient juste un peu plus corsées que la moyenne. Elle marqua une légère pause. Était-ce la justicière en elle qui s'exprimait ? Ou apprenait-elle seulement à être une amie digne de ce nom ? Dans tous les cas, elle avait envie de venir en aide à Harry. Alors, après une légère pause, elle reprit : Compte pas sur moi pour jouer les entremetteuses, c'est pas mon truc. Et en plus, elle serait nul pour ça. Outre le fait que, même en ayant été dans sa classe, Mindy n'avait jamais adressé le moindre mot à Stacy, elle était tout simplement la moins bien placée pour s'immiscer dans les affaires de coeur des autres alors qu'elle-même n'était jamais sortie avec un garçon - et comme c'était parti, elle pensait que cela n'arriverait jamais par ailleurs. Mais si tu veux, je peux lui arranger le portrait, à ton père... pour la forme, quoi.
Soit la proposition qui n'arrangerait pas forcément grand chose à ses problèmes, mais qui pourrait faire du bien sur le moment. Ok, Mindy devait définitivement apprendre que ce n'était pas forcément en frappant sans discontinuer que l'on arrivait à ses fins. Mais pour elle ça avait toujours marché jusqu'ici...
Harry était lâche, c’était clair et net. Jamais il n’oserait prendre les devants pour faire de sa vie ce qu’il voulait réellement. Il ne se voyait pas s’opposer fermement à Norman Osborn, même quand il essayait de s’opposer un peu il perdait vite pied, tout comme il ne se voyait pas aller trouver Gwen et lui avouer ses sentiments. Il n’avait pas envie de tout perdre simplement parce qu’il aurait envie de se lancer dans l’aventure. Gwen n’était pas amoureuse de lui, il le savait parfaitement. Alors, cela ne lui servait à rien de lui parler de ce qu’il pouvait ressentir pour elle. Il risquait simplement de tout perdre. Et concernant son père, c’était même encore pire. L’homme avait un pouvoir incroyable sur sa vie, donc il allait en faire preuve prochainement. Il était donc une lopette, complètement. Le jeune homme ne prenait pas spécialement mal les paroles de son amie, elles étaient fondées au fond. Les deux amis étaient clairement différents. Quand Mindy fonçait dans le tas, Harry préférait rester en retrait. Ils n’avaient clairement pas la même vision du monde et de la manière d’agir et c’était sans doute pour cette raison qu’ils pouvaient s’entendre. Au fond, ils avaient chacun quelque chose à apporter à l’autre. Harry ne put s’empêcher de sourire quand il entendit Mindy lui dire qu’elle ne jouerait pas les entremetteuses. Outre le fait qu’il n’avait évidemment aucune envie de lui demander ce genre de chose, il ne voyait effectivement pas la blonde faire cela. Ou alors, elle ne serait réellement pas dans son état normal.
« Je ne te demanderais jamais une chose pareille. » Lui dit-il, riant presque. Au moins, cela avait le don de l’amuser quelque peu. Même si la deuxième réflexion de Mindy le mit légèrement mal à l’aise. « Je ne suis pas certain que cela arrange réellement mes problèmes avec mon père. » Même s’il fallait bien l’avouer, voir Mindy mettre une dérouiller à son père l’intéressait grandement. Cependant, il savait bien que ce n’était pas en ne disant rien comme lui qu’il arriverait à quelque chose, et que cela ne servait à rien de le frapper non plus. Il fallait sans doute trouver un juste milieu. « Mais si jamais ça me démange trop… je t’appellerais. »
Etait-il sérieux ? En partie certainement. Pendant des années, Harry avait essayé d’attirer l’attention de son père afin qu’il lui montre un peu son affection. Pendant des années, le jeune homme avait continué de considérer l’homme comme un vrai père, continuant de l’aimer malgré tout. Mais plus les années passaient, plus il se rendait compte qu’il y avait un fossé énorme entre eux. Harry doutait fortement que Norman ait pu ressentir quelque chose pour lui un jour, il se servait de lui simplement pour être un bon héritier, puisqu’évidemment il n’était pas éternel. Mais cela ne l’empêchait pas de vouloir garder un infime espoir. Et le jour où vraiment il en aurait marre, peut-être qu’il contacterait Mindy. Il savait à quel point elle pouvait se montrer… persuasive.
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La haine est bien souvent la fille d'un amour excessif.
ui, c'est sûr, castagner le père Osborn, ce n'était pas forcément ce qui allait résoudre miraculeusement les problèmes de Harry. C'était toujours la réponse à tout, pour Mindy, que de frapper plutôt que de dialoguer, mais même elle était contrainte d'admettre que ça ne fonctionnait pas toujours, et en l'occurrence, le père du jeune homme était bien trop coriace pour filer doux après ce simple règlement de compte. Il n'en demeurait pas moins que ça ferait sans doute un bien fou à Harry que de voir son père se retrouver en position de faiblesse. Oui, vraiment. Ça cesserait de lui faire croire que le paternel était invincible et au-dessus de tout. Et ce type, Mindy voulait bien parier qu'elle était capable de lui régler son compte en deux temps trois mouvements... Bon ok, elle aurait peut-être affaire à ses sbires par la suite, du coup. Mais ça restait un menu détail, tout de même, en tous cas pour elle. L'avantage qu'elle avait dans toute sa prétention, c'est qu'elle se pensait toujours au-dessus de toutes les règles et de tout le monde, capable d'avoir l'ascendant sur n'importe quel adversaire... Les implications par la suite, elle n'y réfléchissait pas. Dans tous les cas, le message était lancé. S'il venait à Harry l'envie ou le besoin d'être défendu, et de façon plutôt musclée, si possible, elle voulait bien répondre à l'appel. Elle deviendrait sa justicière personnelle. Ça lui semblait être en tous cas une perspective convenable, et elle lui permettrait peut-être de se racheter pour son absence, et surtout, pour être partie sans le prévenir.
-Dans ce cas. Elle fouilla dans la sacoche accroché à sa moto jusqu'à y retrouver un stylo-feutre, planqué tout au fond. Elle agrippa le bras de Harry sans délicatesse et inscrivit en lettre fine sur la peau de son poignet son numéro de téléphone. Risqué ? Oui, mais risque calculé. Téléphone jetable, qu'elle avait rendu intraçable. Si quelqu'un d'autre tombait sur ce numéro, ce ne serait pas bien grave... Il serait le seul avec Dave à avoir son numéro de téléphone, il est clair qu'elle ne le communiquait pas à la légère. Mais il l'avait mérité. Et puis, elle devait avouer que ce n'était pas désagréable, ce sentiment d'avoir un ami, un vrai. Comme ça t'as pas d'excuses pour pas le faire. Elle lâcha son poignet, fourra son feutre dans sa poche. Je réponds toujours à l'appel quand y'a des mecs à tabasser. Ou juste si t'as besoin...
Ça aurait pu être comique si ce n'était pas la stricte vérité. Elle était parfaitement honnête. Après tout, ce n'était jamais que continuer sur sa lancée initiale. C'était comme cela qu'ils avaient véritablement "fait connaissance", tous les deux, et comme cela qu'ils s'étaient rapprochés, parce que Mindy avait agressé les loubards qui cherchait des crosses à l'héritier Osborn. Elle ne serait jamais l'amie idéale, parce qu'elle ne savait absolument pas comment s'y prendre, parce qu'elle se débrouillait comme un manche dès qu'il était question de relations humaines, mais elle pouvait promettre à Harry de faire ce qu'elle faisait le mieux, au nom de leur amitié : elle serait désormais toujours là pour le protéger et pour le défendre. Elle avait l'âme d'une justicière, d'un super-héros. Et on ne le lui ôterait pas.
Harry commençait à bien connaitre Mindy, heureusement qu’elle n’avait pas changé pendant cette année et demi, il savait qu’elle aimait frapper avant de parler. C’était son truc, ce qui les avait rapprochés la première fois. Elle était complètement différente de lui, qui avait tendance à vouloir se fondre dans la masse et se faire oublier. Il peinait déjà à parler à son père en s’opposant à lui, il était plus qu’évident qu’il ne pourrait pas se battre avec lui. Ce n’était, de toute manière, pas la solution à ses soucis. Sans aucun doute, le fils devait avoir une vraie discussion avec son père, il devait jouer cartes sur table. Mais le jeune homme manquait trop de confiance en lui pour faire cela, pour oser réellement mettre des barrières devant le visage de son géniteur. Il ne savait pas encore à quel point il allait se montrer minable devant lui, il ne savait pas encore à quel point il allait avoir envie de le frapper. Pour l’heure, il n’avait donc aucune envie que Mindy s’occupe de son père, mais il gardait quand même cette solution dans un coin de sa tête, au cas où. Harry observa la jeune femme chercher quelque chose dans sa sacoche avant d’en sortir un stylo et d’attraper son poignet. La pointe du stylo sur sa peau n’était pas des plus agréables, mais c’était pour la bonne cause. Fou ou pas, Harry appréciait réellement que Mindy lui donne son numéro de téléphone. Ils ne s’étaient pas vu pendant très longtemps, mais ils semblaient partit pour profiter de leur nouvelle chance. Harry appréciait réellement l’idée d’être l’ami de la jeune femme, il avait peu d’ami sincère. Il y avait bien sûr Gwen, mais tout était différent avec Gwen.
« Ok, je n’y manquerais pas ! » Et le jeune homme n’avait pas l’intention de se contenter de demander à la jeune femme de tabasser ses « ennemis ». Il avait bien envie de profiter du fait qu’ils étaient amis, même si leur amitié était assez différente de celle des autres. Ce n’était évidemment pas sur l’épaule de la justicière qu’Harry allait pleurer quand il était triste, mais ce n’était pas pour autant qu’il allait se contenter de ses talents de castagne. « Je suppose que tu ne reviens pas au lycée. »
C’était sans aucun doute débile de sa part de mentionner ce détail, cela semblait bien évident qu’elle n’allait pas revenir. Après tout, d’après ce qu’elle lui avait dit, elle était recherchée. Normalement, elle ne devrait même pas prendre le risque de se promener dans les rues de New-York. Tant pis, ils auraient l’occasion de se voir autrement. De toute manière, la jeune femme avait sans aucun doute bien mieux à faire que d’aller perdre du temps en classe. Harry aimait bien les cours, cela l’occupait c’était une bonne chose, mais on ne pouvait pas dire que c’était plus que passionnant. La vie de Mindy devait être bien plus intéressante à vivre. Mais comme on dit, l’herbe est toujours plus verte dans le pré d’à côté.
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La haine est bien souvent la fille d'un amour excessif.
u final, Mindy était plutôt heureuse que la situation ne se soit pas arrêtée quand Mindy suggérait à Harry de s'en aller. Elle était heureuse de pouvoir parler avec lui, d'avoir de ses nouvelles. Elle n'avait pas eu véritablement conscience de la valeur qu'avait pu prendre leur amitié avant de le revoir, et si elle avait pu lui tourner le dos sans même dire au revoir et s'enfuir pendant une année et demie sans avoir le moindre regret, elle ne pourrait plus refaire de même (quand bien même elle n'avait aucune envie de quitter New-York autrement que les pieds devant, désormais). Elle était contente de cette reprise de son contact, et elle se surprenait à vraiment espérer qu'il utilise le numéro de téléphone qu'elle avait noté sur son bras, pas seulement quand il aurait besoin de quelqu'un pour prendre sa défense ou castagner ceux qui lui voulaient du mal, mais aussi quand il en aurait envie, tout simplement. Elle se familiarisait avec ce que l'amitié, la vraie, celle qui s'épargnait tout faux semblant, pouvait être, et elle adorait ça. Ce n'était pas déplaisant de se dire que quelqu'un comptait sincèrement sur vous, et que vous pouviez compter aussi sur cette personne. Elle sourit légèrement quand son interlocuteur lui demanda si elle retournerait au lycée. Elle savait bien que lui-même connaissait pertinemment la réponse. Elle était recherchée par les autorités locales, la chose la plus stupide qu'elle pourrait faire à l'heure actuelle, pour les rappeler à son existence alors qu'elle avait su se faire oublier d'elles, c'était retourner sur les bancs de l'école. De toute manière, flics ou pas, elle n'aurait pas franchement eu envie de retrouver le lycée. Elle était loin de n'en garder que de bons souvenirs. Il y avait bon nombre de ses camarades de classe dont elle n'avait vraiment aucune envie de recroiser le chemin. Sans oublier que les cours, ça la bassinait (pour le peu auxquels elle avait assisté, étant donné sa propension à sécher allègrement quand elle était scolarisée), elle n'y trouvait pas d'intérêt. Ces enseignements étaient sans rapports avec la vie, sans rapports avec la vie qu'elle voulait mener tout du moins. Ce qu'elle devait apprendre de l'existence, elle avait eu son père pour le lui apprendre. Elle ne pensait plus avoir besoin du moindre outil pédagogique. Rien à foutre, non, de connaître par coeur l'Histoire des Etats-Unis, la démographie de l'Australie, les subtilités de la langue anglaise... Elle avait choisi sa vocation, une vocation qui se dispensait très bien de cela.
-Comment t'as deviné ? répliqua-t-elle d'un ton amusé. C'était pas fait pour moi, le lycée, de toute manière. Ma vie c'est... d'un geste, elle désigna de haut en bas son costume de Hit Girl... ça, maintenant. Rien d'autre.
Elle s'était entièrement consacrée à sa vie de justicière, oui... même si, dernièrement, elle commençait à laisser des variables indignes de la super héroïne qu'elle voulait être prendre de l'importance. Et le pire, c'est qu'elle adorait ça, vraiment.
Harry se doutait bien en effet que Mindy n’allait pas remettre les pieds au lycée, ce n’était pas bon pour elle. La jeune femme était recherchée par la police, ce n’était donc pas possible qu’elle se rende dans un endroit tel que celui-ci. Et au passage, il comprenait parfaitement le fait qu’elle ne désire pas suivre les cours. Le jeune homme n’avait rien contre le fait d’apprendre les cours, mais il devait bien avouer que certaines matières l’intéressaient plus que d’autre. Cependant, il travaillait toujours énormément dans chaque matière, même quand cela ne l’intéressait pas du tout. Parce qu’il savait parfaitement qu’il n’avait pas le droit de voir sa moyenne baisser. Malheureusement, son père veillait à ce qu’il ait toujours de bonnes notes. C’était pour cette raison donc qu’Harry trouvait parfois le lycée très difficile à supporter, même si par chance il y avait de la bonne compagnie. Enfin donc, ce fut sans surprise que Mindy confirma le fait qu’elle n’allait pas retourner au lycée. Cet endroit ne semblait en effet pas un endroit pour elle, elle avait bien mieux à faire. Harry devait bien avouer qu’il était impressionné par le fait qu’elle puisse à ce point prendre sa vie en main. Ils avaient le même âge, mais clairement pas la même mentalité. Alors qu’Harry se laissait porter par une vie de luxure, se contentant de se plaindre de ses ennuis, Mindy combattait pour ses idées.
« Il faut que tu te concentre dessus alors, tu perdrais trop à vivre normalement ! » Clairement, Harry enviait Mindy. Mais il était peut-être temps qu’il arrête d’envier les autres et qu’il prenne sa vie en main, cependant ce n’était pas demain la veille. « Je suis de tout cœur avec toi en tout cas. »
Puisqu’il était évident que la jeune femme n’allait donc pas remettre les pieds au lycée, Harry n’avait donc pas d’autre choix que d’user du numéro qu’il avait à présent sur son bras. Il avait bien l’intention de le faire, même s’il n’avait pas besoin de casser la figure à quelqu’un. Il n’avait pas énormément d’ami, mais ces derniers étaient précieux. Pour l’heure, il était sans aucun doute temps pour eux de se quitter. Ils avaient discuté un moment, cela fut un moment fort appréciable, mais toute bonne chose avait une fin. Il n’était pas non plus très sécurisant pour la jeune femme de rester ainsi à discuter, alors que n’importe qui (ou presque) pouvait les trouver. Ils auraient sans aucun doute d’autres moments pour parler, d’autres choses à se dire.
« Je crois qu’il est temps pour moi de te laisser. » Il marqua une pause avant de reprendre. « Je ne manquerais pas de te faire signe. »
Il n’était pas doué pour dire au revoir, alors il se contentait de faire dans la simplicité. Ils allaient chacun se séparer, reprendre leurs routes normales avant de se retrouver dans un futur plus ou moins proches. Harry savait comment contacter Mindy de toute manière, il n’avait qu’à le faire.
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Dim 5 Oct - 17:58
