L'homme est une machine complexe et de temps en temps il faut la remettre à l'heure.
E
lle avait encore quelque difficultés à se faire à sa vie en Amérique. Le SHIELD lui allouait un logement et un véhicule de fonction qui étaient peut-être le nec plus ultra du luxe et du confort pour le commun des mortels, mais elle ne savait s'empêcher de regretter quelque peu son quotidien wakandais. Certes, elle avait à sa disposition tous les éléments nécessaires pour palier à ce très relatif inconfort, et elle avait la ferme intention de le faire, mais elle n'en avait guère eu l'occasion encore. La jeune femme était entièrement accaparé par son nouvel emploi et ne trouvait guère le temps de se soucier de sa propre personne, accaparée par ce qu'elle pouvait accorder d'amélioration aux super-héros qui attendaient après ses inventions de génie (et après celles de Stark aussi... soit... mais Shuri avait envie de croire qu'elle pouvait apporter à l'oeuvre de Stark un petit bonus wakandais qu'il ne serait pas capable de mettre en application lui-même... d'accord, elle ne pouvait nier bénéficier d'un petit "bonus vibranium", mais passons). Elle s'éclatait à ce nouveau job, et c'était bien ce qui parvenait à lui faire oublier la grisaille américaine et à ne pas trop regretter le ciel ensoleillé de sa terre natale, où elle aurait tout le loisir de revenir régulièrement de toute façon... Enfin, quand elle aurait le temps, quoi. En attendant, c'était toujours la même chose. Boulot boulot boulot. Elle travaillait actuellement aux armes dont la petite bêcheuse de Macready et son absence manifeste de pouvoirs pourrait bénéficier. Comme elle ne comptait pas faire dans la dentelle et avait la ferme intention de livrer un travail digne de ce nom, elle ne comptait pas ses heures, mais elle avait envie de croire que le résultat serait à la hauteur des attentes de chacun.
Elle ne savait pas quelle heure il était, tard sans doute. Dans son laboratoire sans fenêtre, difficile de déterminer depuis combien de temps elle était en train de potasser là. Ce qu'elle savait, c'est que la grande majorité de ses collègues avaient levé le camp depuis un petit moment maintenant. Et elle, elle avait besoin d'un café. Ou de rentrer chez elle ? Peut-être, l'appel de la couette devenait de plus en plus fort en tout cas, mais elle n'avait pas envie d'y répondre tout de suite. De toute manière, si elle s'arrêtait en si bon chemin, en cours de route, elle serait incapable de penser à autre chose et elle n'arriverait pas à fermer l'oeil. C'est que ça moulinait, là-dedans, l'air de rien, quoi qu'on puisse en penser. Elle avait donc appelé la sainte machine à café à la rescousse et buvait une première gorgée bien tassée quand une sihouette familière fit son apparition. Everett.
-Alors, qu'est-ce que tu fais encore ici ? demanda-t-elle d'un ton amusé. C'est plus l'heure de bosser, tu sais ?
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Everett avait l’habitude de travailler énormément, de travailler à des heures parfois décalées, et ce n’était pas quelque chose qui le dérangeait en soit. C’était déjà comme ça quand il était dans l’armé, ça l’était aussi quand il était à la CIA, il n’y avait donc aucune raison que ça ne soit pas le cas alors qu’il était aux SHIELD. Surtout au vu de l’endroit où il travaillait quand même, des personnes avec qui il travaillait. On ne pouvait pas dire que le groupe des Avengers soit particulièrement simple à gérer, mais en même temps il n’avait jamais trouvé qu’un travail simple était appréciable. Everett avait donc été rappelé tardivement dans la soirée, lui demandant de venir au SHIELD parce qu’il fallait mettre en place quelque chose contre le Mandarin. Ce dernier continuer de se jouer d’eux depuis longtemps et malgré les efforts du groupe, ils ne parvenaient pas à l’arrêter. Bref, ils avaient donc du pain sur la planche.
L’agent du SHIELD ne devait pas encore voir certains Avengers, cela devrait se faire dans le courant de la journée, pour le moment tout était une question d’analyse encore. Il était temps de trouver un moyen de réellement mettre la main sur cet homme, pour ne plus le laisser continuer comme il faisait. Surtout que la situation globale était quand même suffisamment tendue depuis la mort du président des États-Unis. Quand bien même cela ne le concernait pas directement, il n’avait pas pu rester insensible au décès de l’homme et il se demandait bien comment les choses allaient pour la suite. Mais pour l’heure, le plus important était… un café.
Everett était revenu à son bureau assez tardivement donc, mais ça faisait quand même au moins deux heures qu’il travaillait avec son équipe et il avait donc besoin de faire une pause. Surtout que ça ne servait à rien du tout de réfléchir quand on n’était pas dans de bonnes conditions pour le faire. Il se dirigea donc naturellement vers la machine à café, croisant une jeune femme qu’il connaissait parfaitement bien déjà.
« C’est toi qui dit ça ? » Demanda-t-il dans un fin sourire avant de venir se servir une grande tasse de café bien chaude, qui allait grandement lui faire du bien. « Pourquoi tu ne te trouves pas dans ton super appartement tout frais payé, pour profiter de ton lit ? »
Il savait parfaitement que Shuri était bourreau de travail, c’était l’une des choses qui l’avait impressionné chez elle quand il l’avait rencontré. Entre autre chose qu’elle lui avait quand même sauvé la vie avec une technologique bien plus avancé que celle de n’importe qui d’autre sur Terre. Il n’était donc pas spécialement étonné de la voir encore ici, alors qu’elle pourrait effectivement se reposer dans le chez elle que le SHIELD lui accordait. Même si ce dernier ne devait pas être aussi agréable que son chez elle au Wakanda sans doute, puisqu’elle y menait quand même une vie de princesse là-bas.
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S
huri afficha un sourire amusé quand son interlocuteur lui fit remarquer, à sa manière, qu'elle n'était pas spécialement bien placée pour parler. C'est sûr. De ses "collègues" du SHIELD, Everett était celui qui la connaissait le mieux (et pour cause, leur collaboration ne datait pas d'hier), et donc il connaissait bien sa manière de travailler et son rapport à son travail en règle général. C'est sûr que le bourreau de travail qu'elle pouvait être ne pouvait pas franchement faire la morale à un autre travailleur acharné tel qu'Everett, mais c'était justement là la "blague". Encore qu'elle, elle ne se mettait pas forcément dans le même panier que celles et ceux qui consacraient tant de temps et d'énergie à l'ouvrage, par nécessité... Elle avait fait de son principal loisir sa vocation. Qu'elle soit chez elle ou dans un labo high-tech (les deux finissaient bien souvent par revenir au même), elle finissait toujours le nez plongé dans un circuit imprimé ou autre invention de son cru. Ce n'est pas non plus qu'elle négligeait le fait d'avoir une vie personnelle, elle avait d'ailleurs la ferme intention de sortir et découvrir un peu la ville dès qu'elle s'en donnerait le temps, mais là, elle était trop obnubilée par ses projets. Et par ailleurs, elle savait combien la situation était urgente. Ce n'était déjà pas simple quand le Mandarin foutait le bordel un peu partout, c'était devenu pire depuis l'assassinat du président... Shuri, en de telles circonstances, considérait qu'elle avait plus que jamais sa place ici, de fait. Et Everett aussi, sans doute.
-Parce que j'ai pas encore fini de l'aménager, répliqua la jeune femme dans un haussement d'épaules, sur le ton d'une évidence qui, en réalité, était loin d'en être une. En effet, elle n'avait pas achevé d'aménager son appartement à son goût (même si le ShIELD n'apprécierait pas forcément toutes les modifications qu'elle comptait apporter à son logement de fonction), mais il était au-delà d'habitable et confortable... Mais là, tout de suite, elle n'avait pas le coeur à s'y rendre. Et encore moins si Everett était là. L'air de rien, elle était ce qu'elle connaissait de plus familier ici (excepté quand T'Challa venait de temps à autre en Amérique), et surtout, elle l'appréciait vraiment. Alors autan profiter de l'occasion de bavarder un peu. Faire une petite pause ne leur ferait pas de mal, à l'un comme à l'autre. Alors, comment ça se passe ? Tu vas bien ?
Elle se doutait bien du fait qu'il devait être sous pression, avec tout ce qu'on lui demandait de gérer à l'heure actuelle. Ils étaient dans le même bateau tous les deux. Et tant mieux, d'ailleurs. Ils formaient une équipe de choc, ce n'était pas nouveau.
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La réponse de Shuri n’eut pas vraiment le don de satisfaire Everett, parce qu’il se doutait que ce n’était pas réellement parce que l’appartement de la jeune femme n’était pas encore aménagé qu’elle ne pouvait pas s’y rendre. Au pire, elle avait un lit, elle n’avait pas vraiment besoin que l’endroit soit aménagé pour pouvoir se reposer une fois la nuit venue. Non, c’était simplement que la jeune femme était bourreau de travail et qu’elle était juste incapable de s’arrêter. Et donc, elle ne s’arrêtait pas. Everett la connaissait bien quand même à force, il n’avait aucune raison d’avoir le moindre doute à ce sujet. Il savait quel genre de caractère la jeune femme avait, il savait qu’elle n’était pas réellement capable de mettre son esprit en pause. Et en fait, à ce niveau, ils se retrouvaient quand même très bien tous les deux. Everett se trouvait dans les locaux du SHIELD après tout à cette heure-ci, ce n’était pas pour rien. C’était parce qu’il était incapable de ne pas travailler, surtout en ce moment alors que la situation était plus que grave. Le président des États-Unis était mort quand même, apparemment par la faute de la confrérie des mauvais mutants. En soit, ce n’était pas entièrement le ressort de Everett, puisqu’il était chargé de coordonner les opérations des Avengers, mais ça n’empêchait pas qu’ils se préparaient au pire. Surtout que le Mandarin continuait encore et toujours ses ravages. Autant dire que la situation n’était clairement pas au beau fixe et donc, il travaillait, comme Shuri.
« Je vais bien, toujours autant débordé. Mais tu sais que c’est quelque chose que j’aime. »
En un sens, Everett savait bien qu’il serait bien incapable de ne pas vivre sans son travail, qu’il ne parviendrait pas à s’occuper s’il ne devait pas passer autant de temps au bureau du SHIELD. Qu’est-ce qu’il pourrait bien faire ? Avoir des hobbies ? Faire du sport ? Non, ce n’était pas pour lui, pour lui c’était le travail qu’il fallait. Bon, cependant, il ne pouvait pas nier qu’il préférait largement quand il n’avait pas besoin de subir une crise comme celle que le pays était en train de subir.
« Et toi comment tu vas ? » Demanda-t-il alors, se souciant en réalité plus de Shuri que de lui-même. Mais c’était un peu le cas depuis toujours en fait. Sans qu’il n’ait prévu le truc, l’agent du SHIELD n’avait pas pu s’empêcher d’avoir un côté un peu trop paternaliste avec la jeune femme. « Tu te fais à ta nouvelle vie loin de ton pays ? »
Il se doutait que oui, en réalité, parce que la wakandaise était une personne particulièrement débrouillarde et qui savait parfaitement s’adapter. Everett ne se faisait vraiment pas de souci pour elle, même s’il ne pouvait pas s’empêcher de la questionner quand même. Il se faisait peut-être, en fait, un peu plus de souci pour les autres personnes qui devait arriver à la supporter. Parce qu’elle était justement pleine de ressource.
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S
huri n'était pas le moins du monde surprise d'entendre Everett lui affirmer qu'il était noyé sous le travail, sans que cela lui déplaise pour autant. Depuis qu'elle le connaissait, elle l'avait sans cesse vu en action, sur le qui-vive (sauf au moment où, par la force des choses, il avait été immobilisé - et sauvé par bibi). Il était comme elle, il n'était pas fait pour se tourner les pouces, il avait besoin d'être dans l'action constamment... et c'était quelque chose qui plaisait plutôt à la jeune femme. C'était ce qui faisait qu'ils s'entendaient si bien, au final, et que leur collaboration fonctionnait du tonnerre. Bon, d'accord, il faudrait sérieusement qu'ils envisagent de lever le pied à un moment ou à un autre, mais à l'heure actuelle, tout le monde serait d'accord avec eux pour dire que ce n'était pas le bon moment de toute façon, donc l'un dans l'autre, hein... La jeune femme se contentait d'entendre ce qu'il y avait de positif dans sa réponse, qui n'était de toute façon pas celle d'un homme surmené au bout du rouleau mais celle d'un homme surmené certes, mais ravi de l'être quoi qu'il en soit. Et donc, elle en déduisait qu'il allait bien, ce qui était absolument tout ce qui importait pour elle.
Everett lui retourna sa question, en se montrant plus explicite, sans doute pour ne pas laisser à son interlocutrice la possibilité de se dérober... ce qu'elle aurait sans doute fait effectivement si elle en avait eu la possibilité, mais Everett la connaissait bien, à force. Et au fond, s'il y avait quelqu'un avec qui elle pouvait bien avouer que tout n'était pas non plus parfait pour elle, c'était bien à lui. Elle savait qu'il se faisait du souci pour elle, un peu comme un père pour sa fille. Et ça la touchait. Elle ne voulait pas qu'il se fasse un sang d'encre pour elle. Mais elle appréciait qu'il en soit capable. Elle haussa légèrement les épaules.
-Plus ou moins. J'adore travailler ici, affirma-t-elle, qui considérait qu'il était important de le préciser avant tout autre chose, surtout que c'était grâce à Everett qu'elle avait obtenu ce poste prestigieux au sein du SHIELD. Mais le Wakanda me manque. T'Challa aussi.
La culture et les modes de vie étaient tout de même assez différents ici, et elle n'avait pas forcément le coeur à s'acclimater totalement. Enfin, elle n'avait pas vraiment essayé, en même temps, elle passait le plus clair de son temps ici. Et même s'il arrivait à son frère de venir à New York au nom des Avengers ou pour des raisons diplomatiques, ce n'était pas forcément un temps qu'il pouvait totalement consacrer à sa soeur, c'était comme ça.
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Everett ne pouvait pas nier le fait qu’il se faisait forcément un peu de soucis pour Shuri. Il n’y pouvait rien, c’était plus fort que lui. Et ce n’était pas juste parce qu’elle lui avait sauvé la vie, quand bien même forcément il ne pouvait pas nier que leur relation d’aujourd’hui reposait quand même énormément sur le fait que la jeune femme lui avait sauvé la vie. En même temps, si elle ne l’avait pas fait… déjà il serait mort, mais surtout ils ne se connaitraient pas. Bref, il se faisait un peu de soucis pour elle, quand bien même il n’y avait peut-être pas vraiment de raison de le faire. Mais Shuri se trouvait loin de son pays, elle devait s’acclimater à un nouveau pays, un nouveau fonctionnement et une autre façon de travailler. Parce qu’elle n’était pas dans le laboratoire du Wakanda, qui lui appartenait entièrement. Elle se trouvait dans un endroit qu’elle devait partager avec d’autres personnes, qui n’avaient pas forcément la même façon de travailler qu’elle.
Shuri affirma donc qu’elle se faisait plus ou moins à sa nouvelle vie, ici, en précisant qu’elle adorait travailler au SHIELD. Ça ne l’étonnait pas vraiment, connaissant la jeune femme il n’y avait aucune raison qu’elle n’apprécie pas de travailler ici. Elle précisa cependant que le Wakanda et son frère lui manquait. Sans grande surprise encore une fois, c’était logique que son pays lui manque ainsi que son frère aîné qui ne manquait d’être quand même sacrément occupé puisqu’il était le roi du Wakanda.
« Je comprends. » Dit-il dans un fin sourire, ne pouvait pas réellement dire autre chose. Il aimerait bien permettre à Shuri de ne pas ressentir ce manque, mais en même temps pour cela elle ne pourrait pas travailler au SHIELD. Mais il comprenait, réellement, parce qu’il avait quand même aussi quelques manques de son côté. Enfin, en même temps… il n’avait pas de famille. Mais disons que oui, il comprenait Shuri dans le fait d’être déraciné. « Il ne faut pas que tu hésites à y retourner, dès que tu peux. » Non parce qu’elle ne pouvait évidemment pas faire l’aller-retour à longueur de temps. Mais bon, il se doutait que Shuri n’avait pas attendu qu’il le lui dise pour savoir qu’elle devrait sans nul doute le faire. « T’Challa n’est pas venu te voir dernièrement ? » Il savait bien que le nouveau souverain du Wakanda était particulièrement occupé, que ça soit concernant son royaume, mais aussi les Avengers (et il était peut-être un peu responsable pour le coup). « Tu devrais peut-être essayer de visiter un peu le pays. »
Ça n’allait pas changer grand-chose à sa situation, mais Everett se disait qu’elle ne perdrait rien à aller se promener un peu, à changer d’air en quittant les bâtiments du SHIELD. Parce qu’elle était là pour travailler, évidemment, mais elle pouvait quand même faire des pauses. C’était important. Enfin, il disait ça, mais il ne le faisait pas réellement non plus.
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huri savait qu'Everett était parfaitement sincère quand il affirmait comprendre sa situation. Certes, il ne pouvait pas se mettre complètement à sa place non plus, personne ne le pouvait, sans doute, mais elle était convaincue du fait que son interlocuteur parvenait tout de même à deviner de façon plus que probante les pensées qui lui traversaient l'esprit, et combien cela pouvait être difficile. Ce n'était pas simple, il faut dire, de se sentir ainsi déraciné, loin de tout ce que l'on aime et de tout ce qui nous touche. Son seul point de repère, ici, en dehors de ses inventions, c'était Everett, et c'était pour cette raison qu'elle se permettait de lui exprimer plus directement ce qu'elle avait sur le coeur. Il était capable de l'entendre sans lui reprocher de se plaindre inutilement, et c'était précisément ce dont elle avait besoin à l'heure actuelle.
Elle afficha un fin sourire quand son interlocuteur lui affirma qu'elle ne devait surtout pas hésiter à faire quelques séjours au Wakanda si elle avait le mal du pays. Elle en avait bien l'intention, en effet, parce que de toute manière, elle serait bien incapable de demeurer trop longtemps éloignée de ses racines. Mais quand ben même c'était le cas, Shuri ne se voyait pas faire le voyage dans l'immédiat. Elle était arrivée aux Etats-Unis il y a peu. Si elle commençait à ce rythme, on ne la verrait jamais ans ces bureaux. Et par ailleurs, elle avait beaucoup de travail (bon, elle s'en donnait beaucoup aussi, il faut bien l'avouer), la tâche qu'on lui avait assignée lui tenait à coeur et elle tenait à s'en montrer digne à tout point de vue, alors cela ne laissait pas beaucoup de temps ni vraiment beaucoup de place à des petits retours chez elle. Quant à T'Challa... Shuri hocha la tête en réponse à la question d'Everett... si, elle l'avait vu une ou deux fois, car son frère, s'il devait être dans les environs, ne manquait pas l'occasion de venir la voir (tant mieux, sinon elle n'oublierait pas de le lui reprocher très fermement), mais ça passait toujours trop vite et au final, leurs responsabilités passaient avant absolument tout le reste. Rien ne faisait exception. Il fallait déjà qu'elle s'acclimate à ici avant d'aller voir ailleurs.
-Seul, c'est franchement rasoir, de jouer les touristes, répliqua alors Shuri quand Everett lui suggéra de visiter un peu le pays, ce qui ne serait pas un mal, pour commencer. Surtout qu'il avait pas mal de choses qu'elle avait envie de voir, l'air de rien. Je saurais même pas par quoi commencer. Elle adressa à son interlocuteur un regard soutenu, supposé vouloir tout dire. Ou bien il me faudrait un guide digne de ce nom.
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T’Challa avait rendu visite à Shuri, déjà, mais Everett se doutait que ça devait sans doute passer bien trop vite à son goût. Si l’employé du SHIELD n’avait pas vraiment moyen de savoir ce que ça faisait d’avoir un frère, il savait combien la jeune femme sous ses yeux était proche du sien. Et il se doutait donc que quand ils se voyaient, ça ne devait jamais être assez long pour elle. Surtout que mine de rien, quand T’Challa se trouvait là, il était quand même souvent en train de crouler sous les responsabilités, que ça soit en tant que souverain du Wakanda ou bien en tant qu’Avengers. Everett en savait quelque chose après tout. Au fond de lui, le jeune homme ne put s’empêcher de se dire qu’il faudrait qu’il permette à Shuri et T’Challa de passer plus de temps ensemble, quand bien même ça ne le regardait pas forcément. Mais il n’y pouvait rien, il avait un côté un peu trop protecteur avec la jeune femme, clairement.
En attendant, il fallait quand même que Shuri arrive à s’acclimater un peu plus à ce pays et commencer par le visiter, c’était une bonne chose. Même si Everett la comprenait parfaitement quand elle précisa que le faire seul, ça n’avait rien d’intéressant. Bon, le jeune homme n’avait jamais été très touriste, et pourtant il avait quand même parcourut le monde entier dans le cadre de son travail. Il comprenait donc assez que Shuri ne décide pas forcément d’aller faire du tourisme, surtout seule et sans trop savoir par quoi commencer. Mais il continuait de croire que ça pourrait lui faire du bien de sortir des locaux du SHIELD et de son appartement. Même si clairement, Everett était en train de se faire prendre à son propre jeu. Parce que quand Shuri parla d’un guide digne de ce nom, il comprenait parfaitement le regard qu’elle avait.
« Je ne suis pas certain d’être un bon guide tu sais. » Dit-il alors, sincère. Il vivait aux États-Unis depuis toujours, mais ce n’était pas pour autant qu’il parviendrait à jouer les guides pour la jeune femme. Il hésita une seconde à affirmer qu’il avait trop de travail pour le SHIELD d’ailleurs, mais il savait que cet argument n’allait pas être bon, puisqu’il affirmait justement que Shuri travaillait trop. Cependant, Everett avait réellement beaucoup trop de travail. « Il vaut mieux que tu trouves quelqu’un d’autre. »
Ce n’était pas qu’il ne voulait pas passer du temps avec la jeune femme, bien au contraire, il appréciait toujours sa compagnie. Mais effectivement, à choisir, il n’avait pas forcément envie de trop jouer au guide. Même s’il pourrait très bien le faire, ce n’était pas complètement impossible non plus. Mais Shuri risquait quand même de ne pas être si bien guidée que ça, de ne pas voir ce qu’il faudrait qu’elle vois. D’ailleurs, de son côté, Everett pourrait très bien avoir lui-même besoin d’un guide en réalité.
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S
huri était curieuse de nature, et même si elle aimait être accaparée par son travail, ça ne lui déplairait absolument pas de visiter la ville et plus simplement de s'imprégner de la culture américaine, par de nombreux aspects si différente de la sienne. Certes, depuis qu'elle avait déménagé, elle s'imprégnait, petit à petit de cette culture, mais elle ne s'y plongeait jamais complètement. Seule, il est vrai qu'elle n'y voyait pas vraiment d'intérêt. Shuri pourrait bien décider d'aller seule et d'en profiter pour faire de nouvelles rencontres, c'est vrai, ça n'aurait rien d'incompatible avec son caractère en soi très sociable, mais... Ben, à choisir entre jouer les touristes seule de son côté et rester à bosser dans son labo, eh bien, elle préférait encore rester à bosser dans son labo. Au fond, elle aurait vraiment espéré qu'Everett puisse l'accompagner, ne serait-ce que parce que ça ne lui déplairait pas de passer du temps avec lui en dehors du travail. En tout bien tout honneur, entendons-nous bien. Shuri considérait un peu Everett comme une figure paternelle... qui parfois se muait juste en grand patron qui lui donnait le sentiment que la complicité qui les unissait n'existait pas en dehors du travail. Ce n'était évidemment pas la situation actuelle, et la réponse que lui fournissait son interlocuteur qui allait lui faire voir les choses d'une autre manière. Shuri haussa les épaules.
-Bof, ça m'intéresse pas, dans ce cas, affirma-t-elle simplement, d'un ton plutôt sincère.
D'accord, il faudrait peut-être qu'elle fasse quelques efforts, qu'elle s'efforce de sortir un peu, mais voilà, ça ne l'intéressait tout simplement pas, et elle trouvait bien plus passionnant de s'amuser à mettre au point de nouvelles armes, armures, costumes pour le compte des Avengers. Flâner en solitaire, ça ne lui apporterait rien, et si Everett était trop accaparé par son propre travail pour lui accorder son temps libre (ce qui en soi se comprenait), normal qu'elle en fasse de même, non ? Il ne pouvait pas le lui reprocher, en tout cas. Bon, d'accord, il n'y a pas à dire, elle était peut-être un tantinet vexée par la situation. Elle n'y pouvait rien, elle ne réussissait que difficilement à masquer le fait que la réponse de son interlocuteur n'était clairement pas celle qu'elle escomptait.
-Au pire, on aurait pu jouer les touristes et se perdre à deux, pas forcément besoin de guide, ajouta-t-elle dans un léger sourire, un suggestion ce qu'il y a de plus honnête, même si au fond, elle se doutait que ce n'était pas vraiment ça, le problème, juste le fait qu'Everett, de son côté, n'avait pas le temps. Ce qui était totalement compréhensible au regard de sa profession et de ses responsabilités.
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Everett n’avait aucune envie de décevoir la jeune femme, il se montrait seulement sincère. On ne pouvait pas dire que l’agent du SHIELD était forcément le plus à même d’aller faire des visites de touristes avec Shuri. Il aurait bien besoin d’un guide en réalité de son côté, même s’il ne s’agissait en réalité par réellement de ça. L’homme appréciait le temps qu’il pouvait passer avec la jeune femme et il considérait qu’elle devait lever un peu le pied aussi, mais en même temps de son côté il avait bien du mal à le faire. Au final, Everett vivait sans doute beaucoup trop pour son travail, mais en même temps on ne pouvait pas nier le fait qu’il avait quand même une grande masse de travail. Avec les Avengers, en plus, il était clair qu’il n’avait aucune raison de s’ennuyer, alors forcément l’idée de juste tout stopper et aller faire du tourisme c’était… bizarre. Mais au final, au vu de la situation, il ne pouvait pas reprocher à Shuri de faire la même chose que lui et de vouloir se concentrer sur ses travaux dans le labo. À la différence que Everett était dans son pays, il n’avait pas grand-chose à découvrir en réalité. Alors que quand il se trouvait au Wankanda, c’était forcément plus intéressant de découvrir des choses… ce qu’il ne faisait pas souvent seul.
Bon, elle était en train de le prendre pleinement par les sentiments en réagissant de la sorte, affirmant que ça ne l’intéressait pas s’il ne lui servait pas de « guide ». Et qu’en fait, ils auraient très bien pu se perdre tous les deux, en jouant les touristes. Everett voyait bien que Shuri était vexée, déçue et il s’en voulait. C’était sans doute bête, mais il s’en voulait vraiment. Il n’y avait pas grand monde en réalité qui pouvait le prendre par les sentiments comme elle faisait, sans doute parce qu’il n’y avait pas grand monde qui lui avait sauvé la vie non plus. Il ne pouvait pas s’en empêcher, il avait sans doute un côté un peu trop paternel avec elle.
« Bon… » Everett poussa un soupire, en un sens ce n’était pas comme s’il devait faire des efforts incroyables non plus. C’était juste qu’il devait apprendre un peu à lever le nez de ses dossiers. « D’accord, je viendrais avec toi. » En soit ça ne pourrait pas lui faire du mal non plus de lever un peu le pied et de prendre un peu de temps pour autre chose que gérer les super-héros qui n’étaient pas toujours évident à gérer. « Mais tu ne viendras pas te plaindre si on se perd alors. »
Et en même temps, ils n’auraient pas forcément besoin de faire de visite non plus. Ils pouvaient juste très bien se contenter de passer du temps ensemble en dehors des locaux du SHIELD. Puisqu’ils n’étaient pas que des collègues de travail.
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S
huri n'avait en aucun cas l'envie ou l'intention de forcer la main d'Everett, loin s'en faut. Elle savait très bien qu'il avait du travail, et que ce n'était pas spécialement le genre de travail qui tolérait que l'on prenne des pauses comme bon nous semble. Mais le fait est qu'il était le visage le plus familier pour elle ici, et puisqu'elle était partie pour rester en Amérique un bon moment (quand bien même elle comptait bien se rendre au Wakanda aussi souvent que possible), elle avait bien envie pas seulement qu'il lui serve de guide, mais aussi de compagnie, ce qui ne serait pas du luxe... Shuri était quelqu'un de naturellement sociable, elle appréciait d'être entourée, quoi qu'il en soit, et elle apprécierait de passer du temps avec Everett, même si elle avait peut-être une manière un peu étrange de le faire comprendre à son interlocuteur. Elle n'était pas si mauvaise que ça quand on en venait aux relations humaines, mais elle n'avait pas non plus envie de se montrer trop insistante en quoi que ce soit, ils n'étaient pas vraiment amis, elle ne savait même pas si elle pouvait vraiment affirmer qu'ils étaient proches. Il n'empêche que Shuri était attachée à Everett, elle le considérait comme un père de coeur, et peut-être qu'il y avait dans ses tentatives de faire sortir son interlocuteur de sa bulle de travail une envie toute simple et en même temps complexe de devenir la fille métaphorique du père métaphorique qu'il était pour elle... Non, non, elle n'allait pas chercher trop loin, c'est faux.
Au final, il semblait qu'elle ait eu raison d'insister quoi qu'il en soit puisqu'elle avait finalement obtenu gain de cause. La jeune femme ne savait pas si Everett agissait à contrecoeur, il n'en donnait pas l'impression, mais ce qui était en revanche certain, c'est qu'il acceptait bel et bien de se plier à sa volonté, même si elle n'était pas directe ou immédiate. Elle avait envie de penser que ce n'était pas une corvée pour lui non plus, après tout, s'il n'avait vraiment pas voulu lui consacrer de temps, il ne se serait sans doute pas embarrassé de fausses excuses, il lui aurait dit que ce n'était pas possible, un point c'est tout, mais il n'en était rien. Elle afficha un sourire ravi, autant parce qu'il avait accepté sa suggestion que parce qu'elle plaisantait à sa blague... qui n'en était peut-être pas une, au passage. La jeune femme se moquait complètement de se perdre ou non, honnêtement. L'essentiel, c'était de se libérer un peu, de prendre ses marques, et de passer du temps avec une personne qu'elle considérait tout bonnement comme un ami.
-C'est pas mon genre de me plaindre, assura-t-elle alors. Et j'ai un super bon sens de l'orientation. Si tu nous perds, au pire, je retrouverais notre chemin. Et il paraît qu'il existe des trucs très modernes qui s'appellent des GPS, aussi.
Mais pas si modernes que ça au sens wakandais du terme.
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Everett cédait, mais au final, il en avait quand même sacrément envie de passer du temps avec Shuri. Finalement, ce n’était qu’une excuse dans le but de passer du temps ensemble. Parce que mine de rien, ces derniers temps, ils ne se voyaient que dans le but du travail, alors qu’au final ils étaient quand même poche autrement. Puisqu’ils vivaient quand même proche géographiquement maintenant, autant qu’ils en profitent tout de même. Ils ont quand même plus de chance de se voir maintenant que quand la jeune femme se trouvait au Wakanda et Everett aux États-Unis, encore qu’il ne s’était pas trouvé en Amérique tout le temps non plus. L’homme afficha un sourire en coin quand Shuri précisa que ce n’était pas son genre de se plaindre.
Avec un peu de chance, d’ailleurs, c’était bel et bien Shuri qui allait gérer l’orientation et qui allait leur permettre de ne pas se perdre. Ça serait quand même un comble, mais Everett ne serait pas spécialement étonné que ça arrive. Quand bien même, ils pouvaient surtout compter sur la technologie actuelle.
« C’est vrai, il parait qu’il y a ça sur mon téléphone. » Répondit-il dans un sourire. Bon, l’homme avait parfaitement conscience de ce que c’était qu’un GPS, et il savait même l’utiliser son téléphone. Il n’était pas si vieux et inapte à la technologique que ça, surtout qu’il travaillait quand même au SHIELD. Il était constamment entouré de technologie, il avait donc tout intérêt à suivre quand même la manière dont se servir de tout cela. Même s’il était évident qu’il n’était pas au point de Shuri non plus, mais même gamine cette fille était juste incroyablement débrouillarde. « Des fois, j’ai l’impression d’être un vieux croulant avec les personnes comme toi. »
Bon, Everett exagérait un peu, sans aucun doute, mais quand même. Par moment, quand il voyait la manière dont la technologie avançait, la manière dont les « jeunes » géraient tout ça. Bon Shuri était une acception par rapport à d’autre, tous les jeunes de sa génération n’étaient pas aussi pointu, surtout qu’elle venait quand même du Wakanda et que ce pays était bien plus avancé technologiquement que le reste du monde. Et heureusement, parce qu’à l’époque, Everett aurait perdu la vie si la technologie du Wakanda n’était pas aussi avancé. Cela dit, Everett avait quand même l’occasion de passer du temps à côté de petits génies. L’homme avait sa place au sein du SHIELD, sinon il ne serait pas dans l’organisation et il ne serais surtout pas à une place comme la sienne, mais il était évident qu’il n’était pas possible pour lui de travailler dans les laboratoires. Il serait bien incapable de tout suivre de ce qui s’y passait, même s’il parvenait quand même plus ou moins à comprendre. C’était déjà une bonne chose. Et à ses yeux, Shuri – mais il était peut-être peu objectif – était au sommet du lot.
L'homme est une machine complexe et de temps en temps il faut la remettre à l'heure.
S
huri ne pensait pas sincèrement, bien sûr, qu'Everett soit incapable de se servir convenablement d'un GPS ou ignore même l'existence de cette fonctionnalité. Il n'était pas rare qu'elle se moque doucement de la technologie non wakandaise pour ce qu'elle avait de trains de retard dans pas mal de domaine, elle n'allait pas le nier, mais elle savait tout de même reconnaître qu'à leur échelle, de sacrés progrès avaient été faits. Et au sein du SHIELD, c'était encore plus flagrant, puisqu'ils avaient accès à des technologies que s'épargnait de posséder le comun des mortels (en même temps, il n'en aurait pas les moyens). Everett baignait là-dedans depuis longtemps, maintenant, alors clairement, ce n'était pas la notion de GPS qui allait lui donner de sueurs froides. D'ailleurs, la jeune femme lui reconnaissait des capacités d'adaptation plutôt importantes... Même quand il avait découvert les technologies wakandaises pour la première fois.
Alors oui, il avait eu le même ahuri que tous ceux qui l'avaient découverte depuis, mais il n'avait tout de même pas mis longtemps à l'apprivoiser. Ce n'était clairement pas d'un vieux croulant qu'on pouvait dire ce genre de choses en règle générale, et elle espérait quand même que son interlocuteur ne le pensait pas vraiment quand il affirmait que quand il parlait avec elle, il avait le sentiment d'être très vieux. Shuri savait qu'elle pouvait être un peu piquante, parfois. Elle aimait taquiner, souvent, et encore plus celles et ceux qu'elle appréciait. Alors forcément, Everett n'était pas épargné, il était même celui qui se mangeait le plus de remarques, en bonne position juste après son frère. Donc non, loin d'elle l'idée de le vexer, et même si elle n'allait pas s'excuser pour rien non plus, elle espérait tout de même qu'il lui confirmait que ses propos n'avaient pas heurté, d'une manière ou d'une autre, sa sensibilité.
-T'inquiète, tu te défends pas trop mal... pour un dinosaure.
Bon, d'accord, ce n'était pas forcément la meilleure manière de ménager la susceptibilité de son interlocuteur. Mais déjà, d'une, c'était un compliment, parce qu'elle ne pensait pas que tous les hommes de son âge avaient autant de prestance et de... capacité d'adaptation, on va dire (mais "hommes de son âge", c'était peut-être encore un peu insultant, ceci dit, elle ne se rendait pas bien compte, pour tout dire). Et au-delà de ça, elle se disait que plus on en rajoutait, plus le propos était crédible. Il s'était établi, au fil du temps, entre elle et Everett une certaine complicité qu'elle n'avait absolument aucune envie de voir disparaître, bien au contraire. Alors, à la moindre occasion de l'entretenir, elle ne s'en privait certainement pas.
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Dans un mode remplit de technologie comme le leur, ce n’était pas spécialement étonnant de se sentir perdu. Bien au contraire. Everett n’avait beau ne pas être si vieux que cela non plus, dans sa prime jeunesse la technologie n’avait rien à voir avec ce qu’elle était aujourd’hui. Ils n’avaient pas tous les éléments qu’ils avaient à présent. Et encore, l’homme travaillait dans une organisation qui avait en prime des technologies encore plus avancées, que ça soit parce qu’ils collaboraient avec le Wakanda ou encore parce qu’ils avaient pu récupérer des technologies venues d’autres mondes. Autant dire que ça serait simple de se perdre complètement et de ne pas savoir sen sortir. Mais Everett osait croire qu’il ne s’en sortait pas si mal que cela en soit.
Même si forcément, l’homme n’était pas du tout aussi à l’aise avec tout cela que Shuri, mais en même temps la jeune femme avait grandi dans une avancée technologie incroyable. Elle était wakandaise déjà, donc forcément ça jouait, mais aussi elle était plus jeune. Oui, l’âge comptait quand même beaucoup, même si on apprenait facilement quand on cherchait à le faire. Everett ne se retint pas de rire quand Shuri affirma qu’il s’en sortait bien… pour un dinosaure. D’accord, elle marquait un nouveau point en cet instant précis. L’homme savait bien qu’elle avait l’habitude d’être piquante, qu’elle ne se retenait pas d’être taquine envers les autres. Et… eh bien, Everett et Shuri avait une relation suffisamment proche pour qu’elle lui fasse ce genre de chose. Sans que cela ne soit un souci, il adorait la jeune femme après tout.
« En même temps, c’est bien plus facile quand on est née dans un endroit où on apprend à utiliser de la technologie avancée avant de marcher. » Répondit-il, dans un fin sourire. Clairement, les wakandais.es s’en sortaient quand même forcément mieux parce qu’iels avaient quand même l’occasion d’apprivoiser des technologies particulièrement avancées. Everett savait bien que par moment, Shuri ne se retenait pas de déplorer le fait qu’on se contente par moment de bien peu dans cette partie de la planète. Quand on comparait New-York et le Wakanda, ça n’avait vraiment rien à voir. Il n’y avait rien qui n’avait à voir avec le Wakanda de toute façon. « Enfin heureusement que j’ai un bon professeur. » Ajouta-t-il, un peu plus sérieusement.
Parce qu’il le pensait vraiment. Shuri n’avait pas manqué de lui apprendre beaucoup de chose quand il s’était retrouvé pour la première fois au Wakanda et qu’il avait tout à découvrir sur leur technologie. En plus de lui avoir sauvé la vie quand même, ce n’était pas rien. Il avait fait de son mieux pour s’habituer, pour s’adapter, même si ce n’était pas l’exercice le plus facile à faire. Surtout quand on arrivait dans un endroit où tout était vraiment différent. Où il n’y avait vraiment rien de comparable avec son mode de vie habituelle, avec la manière dont on avait « grandit et vieillit ».
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huri ne répondit rien quand son interlocuteur lui fit remarquer qu'elle avait tout de même moins de mérites qu'elle le prétendait puisqu'au Wakanda, on apprenait à se servir de la haute technologie avant même de savoir marcher. Ce n'était pas le cas, bien évidemment, mais elle ne pensait pas vraiment avoir besoin de le dire à son interlocuteur. Ils se chambraient gentiment, voilà tout. Et tout comme elle ne prenait pas mal ses propos, elle ne pensait pas qu'il prenne mal le fait qu'elle l'ait qualifié de dinosaures. Lui ne pensait pas complètement ce qu'il disait et elle ne le pensait pas du tout, l'un dans l'autre, ils n'avaient définitivement rien à se reprocher l'un à l'autre.
Car s'il était vrai qu'on baignait dans la technologie de pointe au Wakanda, grâce aux propriétés du vibranium, et ce depuis les origines du pays ou presque, là où il n'y avait pas de différence entre sa terre natale et ailleurs, c'est que ce n'est pas parce qu'on avait accès aisément à une technologie qu'on en comprenait forcément le fonctionnement et les subtilités, ou encore qu'on était capables d'inventer. Shuri, elle, elle avait ça dans le sang. D'aussi loin qu'elle s'en souvienne, elle avait toujours eu besoin de créer, concevoir, inventer... c'était comme une seconde nature, chez elle, et elle ne s'épanouissait jamais autant qu'en concevant de nouveaux outils techniques, en repoussant toujours un peu plus loin les limites de la technologie au point que ces dernières n'avaient plus l'air d'exister et que tout paraissait tout à coup possible. Mais inutile de faire l'article à Everett. Si quelqu'un avait bien conscience de tout cela, c'était lui, définitivement, lui qui avait eu l'occasion de se rendre au Wakanda et de tout y découvrir, lui qui avait pu découvrir Shuri et ses compétences, et encouragé le SHIELD à en profiter, lui qui avait été sauvé par cette même technologie qu'elle avait mise en place avec un soin tout évident. Et d'ailleurs, il n'oubliait pas de rendre à César ce qui était à César, puisqu'il ne négligea pas d'admettre qu'il avait eu, en effet, un très bon professeur. Ce n'était pas Shuri qui allait le contredire : elle était exactement du même avis.
-Oui, ça je te le fais pas dire, le meilleur du monde, même, répondit Shuri qui n'avait pas l'intention de jouer les fausses modestes avec son interlocuteur. Même si, en réalité, elle aussi apprenait véritablement beaucoup au contact d'Everett. Mais t'as plein de choses à m'apprendre, toi aussi, comme sortir de ce labo et découvrir ce qu'il y a autour, pas vrai ? suggéra-t-elle ensuite presque innocemment... Sans l'être du tout pour autant, bien entendu.
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Everett afficha un sourire quand Shuri affirma, sans aucune forme de modestie, qu’elle était effectivement le meilleur professeur du monde. L’homme ne cherchait même pas à la contredire, elle n’avait même pas besoin d’être modeste, elle avait parfaitement raison. Clairement, la jeune femme avait été un bon professeur pour lui, elle lui avait fait découvrir énormément de chose vis à vis de la technologie, de son royaume tout simplement. Il n’allait pas le nier, elle avait été le meilleur professeur qu’il pouvait envisager d’avoir. Faut dire que le fait qu’ils s’entendent parfaitement, ça aidait dans le fait qu’il apprenait énormément d’elle.
Le sourire de l’agent ne manqua pas de s’agrandir quand Shuri revint sur le fait qu’il avait également beaucoup de chose à lui apprendre – et au fond, Everett osait croire qu’il avait effectivement des choses à lui apprendre –, mais en sachant parfaitement qu’elle avait quelque chose en tête. Il la connaissait suffisamment pour savoir qu’elle pouvait... sous-entendre certaine chose. Et ça ne manqua pas, puisqu’elle revint sur le fait qu’il pouvait la faire sortir du laboratoire et lui faire découvrir l’extérieur. Soit, elle marquait un point.
« Oui, j’ai compris, je n’ai pas le choix. » Répliqua-t-il, sans perdre son sourire. Il savait bien qu’il n’avait pas le choix, qu’il n’allait pas échapper à la « sortie » avec Shuri, au fait qu’ils devaient prendre la peine de jouer les touristes. Il n’allait pas y échapper, et tant que ça ne sera pas fait, il était évident qu’elle n’allait pas lâcher l’affaire. « Ne t’en fais pas, on va prendre la peine de bien découvrir ce qu’il y a autour du labo. »
Il savait bien qu’il n’allait pas y échapper et au fond, ce n’était pas un souci. Il adorait passer du temps avec Shuri dans tous les cas, que ça soit à l’intérieur de l’enceinte du SHIELD ou non. Mais effectivement, il était quand même plus agréable de passer du temps un peu en dehors du travail avec elle, parce qu’ils pourraient envisager de parler d’autres choses – encore que avec eux, ce n’était pas forcément le cas –, mais aussi parce que voir d’autres choses que le labo, ça serait forcément une bonne chose quand même.
« Je sais que tu as l’habitude de toujours tout avoir princesse, mais ça ne sert à rien d’insister encore et encore. » Affirma-t-il, ne pouvant pas s’empêcher d’en rajouter un peu. C’était évidemment une boutade, parce qu’il ne pensait en aucun cas les mots qu’il était en train de prononcer. Shuri était effectivement une princesse, mais elle n’avait pas ce genre d’attitude de femme royale qui réclamait que tout lui soit dû à longueur de temps.
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S
huri se contenta simplement de sourire quand Everett soupira, se plaignant de ne pas avoir le choix. Elle n'allait certainement pas s'en excuser, bien au contraire. La jeune femme estimait qu'il l'avait cherché, après tout. Il était le premier à vouloir qu'elle s'intègre, aux Etats-Unis, qu'elle trouve sa plce et réussisse à décrocher un peu de son travail... ce qi ne ferait pas de mal à Everett non plus. Shuri n'y trouverait de l'intérêt et de l'enthousiasme que si elle n'était pas toute seule, et Everett, l'air de rien, était la personne à qui la jeune fille s'entendait le mieux. Il était son repère, ici, la raison pour laquelle elle s'était si facilement laissée convaincre de quitter le Wakanda pour rejoindre le SHIELD. Donc oui, en effet, oui, elle ne lui laissait tout simplement pas le choix. Alors voilà, on va dire qu'Everett cédait à ses "exigences", mais en même temps, elle n'aurait rien suggéré du tout si son interlocuteur n'avait pas commencé.
-Visiblement si, c'est utile, puisque j'ai obtenu ce que je voulais, répondit-elle, plus pour avoir le dernier mot qu'autre chose.
Shuri ne prenait pas mal les propos de son interlocuteur. Il faut dire qu'elle n'envisageait pas un seul instant que son interlocuteur puisse parler sérieusement. Si vraiment, il la considérait simplement comme une princesse capricieuse, il ne se permettrait pas de le lui dire si frontalement. Oui, princesse, elle l'était bel et bien, mais Shuri ne correspondait pas pour autant au cliché basique de la princesse. Elle n'allait pas mentir non plus, de par son statut et par son sang, elle avait accès à certains privilèges auxquels elle s'était accoutumée, et elle n'allait pas prétendre pouvoir s'identifier à un train de vie non... royale. Même si la royauté au Wakanda n'avait que peu de rapport avec ce qu'elle avait pu être ou était encore dans d'autres pays du monde, encore plus depuis que T'Challa avait accédé au trône. Bref, elle pouvait être susceptible dans certains domaines, parce que Shuri était quelqu'un de très fier, et qui ne s'en cachait pas forcément. En même temps, elle pensait l'être pour de bonnes raisons et avoir seulement une bonne idée de ce qu'étaient ses compétences et ses possibilités.
-Bon allez, je vais me remettre au boulot.
Shuri n'avait pas la moindre idée de l'heure qu'il était maintenant. Déjà qu'il était tard quand ils avaient commencé à parler... mais dans tous les cas, ça ne changeait rien, la jeune femme se sentait en pleine forme, encore plus depuis qu'elle avait parlé avec Everett, et elle n'avait aucune envie de rentrer chez elle maintenant, alors autant se remettre au boulot, surtout que le boulot en question ne manquait jamais dans tous les cas.