quand le passé vient à notre rencontre... ça fait naître une drôle d'amitié !
belphégor & emma meyer
Une bonne journée s’annonçait… J’avais dessiné toute la nuit sur des feuilles blanches et avec des feutres de différentes épaisseurs pour enfin mettre au point ma prochaine œuvre murale…
Cela faisait bien longtemps que je n’avais plus réalisé de Tag. Il était temps que je m’y remette ! Et puis ainsi, je pouvais laisser Liv’ tranquille. Lui laisser un peu d’espace personnel lui ferait du bien. Elle s’était déjà montrée infiniment gentille de me recueillir en arrivant à New York ! Les membres de la confrérie sont assez solidaires entre eux, je dois l’admettre. Mais pas autant qu’au cirque. D’ailleurs, emprunt de cette nostalgie, il devait être 18 heures que je me levai enfin. J’enfilai un pull à capuche, mon pantalon large et mes ABL. Capuchonné, j’enfournai tous mes dessins dans un gros sac à dos où il y avait déjà une belle collection de bombes de peinture. Je sortis en allumant une cigarette et en faisant signe à Liv, qui comprit tout de suite que j’allais profiter un petit peu de ma soirée. Elle était du genre perspicace et elle n’eut pas de mal à comprendre ce que j’allais faire cette nuit. Un détail qu’il ne faut pas oublier, ici à NY, les Tag sont interdits et puni par la loi… Si tu te fais chopper, tu dois tout nettoyer en plus de payer une amende plutôt salée…
En soirée, il fait encore suffisamment lumineux pour mes yeux. Je marchai à mon aise, fumant ma cigarette, la tête baissée pour éviter de faire peur aux humains. Disons que voir un gars qui à le visage aux marques d’une tête de mort, n’est pas tellement rassurant… D’ailleurs, un petit groupe de jeunes ‘rebelles’ et junkies vinrent m’accoster pour me gratter des cigarettes. Je leur filai donc mon paquet à moitié entamé et ils ne s’attendaient pas à ce que je coopère aussi facilement et sans dire un mot. Du coup, sans intercalation, je pu continuer ma route sans soucis, avec encore un paquet de cigarette plein dans ma seconde poche !
Dans une rue très calme, je trouvai un super long mur d’un ancien bâtiment totalement désaffecté et je posai mon sac à mes pieds, admirant le volume et la taille du tableau qui s’offrait à moi. J’ouvris mon sac et scotchai mes feuilles blanches grossièrement sur le bas du mur. Je pris ensuite mes gants et mes bombes de peinture et je me mis à réaliser mon dessin grandeur nature ; deux bombes aux mains ! C’est le genre de dessin qui prend souvent plusieurs jours et si j’ai de la chance, je ne suis pas interrompu. Ma dernière grande œuvre m’a prit 12 heures. Et il ne faut pas que je m’arrête !
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Les mains enfoncées dans les poches, capuche couvrant ses boucles auburn et lunettes de soleil rivées sur les yeux, Emma avançait tête baissée, longeant les murs pour se fondre le plus possible dans la masse, comme toujours.
Dave, son ami vendeur qui avait eu la générosité de l’héberger, était au travail et Emma avait ressenti le besoin de sortir. Après avoir vécu pendant des mois dans la rue, elle avait l’impression de devenir claustrophobe quand elle restait à la maison toute la journée. On s’y faisait vite de ne plus être coincée entre quatre murs. C’est pourquoi elle avait laissé un mot pour Dave sur la table du salon pour ne pas qu’il s’inquiète de son absence.
De plus, depuis quelques jours, Emma s’était mise en quête d’une chose en particulier. Ou plus exactement d’une personne.
La première fois qu’elle avait croisée un des graffitis, elle avait été surprise et avait douté de son originalité. Mais par la suite, elle en avait croisé d’autre d’un style bien particulier qu’elle n’avait jamais eu l’occasion de voir ailleurs qu’en Europe. Peu à peu, la curiosité avait grandit en elle et elle s’était donc mise littéralement en chasse. Dans la rue, tout le monde connaissait un peu tout le monde mais surtout celui qu’elle cherchait n’était pas du genre à passer inaperçu. Un squelette vivant faisant des graffitis, elle avait rapidement obtenu des informations auprès de ceux qu’elle côtoyait depuis son arrivée en territoire Américain. Après tout, c’était toujours plus facile quand on savait exactement ce que l’on recherchait et surtout quand on était également une SDF, les sans-abris ne se montrant coopératifs qu’avec les leurs.
Et ainsi, elle le trouva au détour d’une rue peu fréquentée à cette heure-ci. Elle ne le vit que de dos en arrivant mais elle n’avait pas le moindre doute, elle pourrait reconnaitre cette silhouette entre mille. De plus, l’odeur était toujours la même. Une odeur légèrement musquée mêlée aux odeurs bien plus marquées de la peinture et des produits chimiques des bombes colorées. C’était au moins l’un des avantages à sa mutation, elle avait les sens plus développés que les humains.
Doucement, Emma se rapprocha sans retirer sa capuche et les mains toujours enfoncées dans les poches de son sweat ayant connu des jours clairement meilleurs.
Il me semblait bien avoir reconnu tes œuvres, l’apostropha-t-elle d’une voix douce teintée d’accent germanique.
Emma resta toutefois à une distance raisonnable. Elle ne doutait pas que Bel avait été tenu au courant de son coup d’éclat sanglant dans son cirque mais elle ignorait comment il avait prit la nouvelle. Comme chez les SDF, les artistes de cirques étaient généralement solidaires et se connaissaient d’un cirque à l’autre.
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Alors que j’étais en train de m’exprimer librement, je sentis un regard peser sur moi. Mais je ne me retournai pas… Après tout, si ça avait été un flic, il ne serait pas arrivé jusqu’ici vivant, avec toute la violence et la terreur qui règne dans les quartiers du Bronx ! Même avec des Super-Héros pas loin…
Ensuite, une voix féminine et légèrement familière m’interpela car elle parla dans un allemand parfait et cette expression arriva à me stopper dans mon travaille. M’arrêtant de bomber, j’étais plus obnubilé par l’origine de cette phrase que le compliment qu’il y avait derrière… Je me retournai donc, lentement et ce que je vis, fit naître un sentiment que je n’eu que très peu d’occasion de ressentir : la joie. C’était chaud, agréable, mon cœur battait un temps plus vite. Je sentis que les traits de mon visage voulait s’étirer, mais ils eurent du mal, c’est pourquoi un bête sourire en coin apparu, avant que je détourne le regard, que j’enlève ma capuche et pour la première fois depuis longtemps, je pu m’exprimer en allemand : « Die Tigerin… » dis-je, en appelant mon interlocutrice par son pseudo de scène… Oui. Je l’avais également reconnue. En même temps, le monde du cirque est vaste, libre mais on se connait tous ! Tout le monde sait pratiquement tout sur tout le monde. Personne n’est concurrent, tout le monde est allié, même si on ne fait pas partie du même cirque, on fait tous partie de la même fraternité, de la même grande famille.
J’avais entendu parler d’elle et du scandale qu’elle avait provoqué. Même si la mort de Cal’ s’était dite ‘accidentelle’, on le sait tous… C’était elle qui l’avait tué sous le coup de la colère ! J’ai déjà vu un de ses numéros et je trouvais ça assez dégradant… Elle aurait dû nous suivre nous. Notre cirque était un groupe de mutants. On en était tous ! Et nous nous respections tous ! Mais il est vrai que son demi-frère était là. Et le lien du sang est plus fort malgré tout. Nous avions proposés aux mutants prisonniers des cirques humains de nous rejoindre. Certains acceptaient, d’autres non. Ce n’était pas un problème pour personne. Chacun était libre de faire son choix, tant qu’il était logique et raisonné.
N’ayant pas bougé de ma place, je regardai Emma, toujours la bombe de peinture à la main, mon bras pendant. Ni elle ni moi ne bougions. Nous nous regardions, telles des statues de marbres immobilisées par la surprise de se rencontrer enfin, aussi loin de notre pays natal… Je n’en revenais pas de la voir ici. Je savais qu’elle avait été virée du cirque, mais je n’avais jamais su où elle était partie, ni ce qu’elle était devenue, personne n’ayant de nouvelles d’elle. Et là, aujourd’hui, elle se tenait devant moi, et pas dans le meilleur état de sa forme visiblement… « Qu’est-ce que tu fais ici ? » Lui demandais-je avec une question qui balayait surtout la suite de ce qu’il s’était passé en Europe. Comment se faisait-elle qu’elle se trouvait ici ? Qu’est-ce qu’elle est devenue ? Etc… Toutes ces question rassemblée en une. Pour quelqu’un qui ne parle pas beaucoup, c’était évident. Une question pour toutes. Une question pour tout savoir.
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Die Tigerin… Entendre à nouveau son nom de scène après tous ces mois donna une sensation étrange à Emma. Pendant un court instant, elle crû réentendre la voix du Monsieur Loyal de son cirque l’annonçant sur un fond de de rires et d’applaudissement et dans une odeur entêtante de popcorn et de paille. Elle crû aussi réentendre la petite mélodie faite à la boite à musique qui accompagnait sa partie en solo avant qu’elle ne soit rejointe par les grands fauves et de sentir à nouveau les regards posés sur elle entre la peur et l’émerveillement. Les bruit des coups de fouets du dompteur qui s’adressait à elle comme à un tigre et ce sentiment étouffant de honte à devoir ce montrer ainsi, comme un animal et non comme un être humain, jour après jour. La Tigresse humaine, l’enfant sauvage, l’aberration qui permettait au minable petit cirque itinérant de faire la différence avec les autres cirques « humains ».
Belphégor et les siens lui avaient proposé de partir avec eux des années plus tôt mais à l’époque, Emma avait juste 15 ans et s’était retrouvée enchaînée à sa dévotion pour son frère et à la peur de faire face à son père en le quittant. Elle avait eu peur et avait finalement choisis de rester dans ce cirque minable à tenir ce rôle humiliant au lieu de partir avec les autres mutants. Elle le regrettait amèrement désormais. Qu’elle parte ou qu’elle reste n’aurait probablement rien changé au funeste destin de Nic et elle aurait peut-être connue une vie plus heureuse auprès de personne la respectant au lieu de se retrouver à présent seule à errer dans les rues de New York.
Plus personne ne m’appel comme ça, murmura-t-elle en luttant contre ses souvenirs et en tentant de chasser cette terrible petite mélodie de sa tête. Le passé était le passé disait-on mais personne n’avait jamais expliqué comment on pouvait s’en débarrasser, comment l’oublier. Elle avait cru pouvoir y arriver aux Etats-Unis, loin de l’Europe, et voilà qu’il refaisait tout à coup surface sous les traits de Belphégor.
L’avantage avec le jeune homme était qu’Emma ne se sentait pas gênée par son apparence quand elle était avec lui. Après tout, Bel’ était tout aussi effrayant qu’elle, voir plus, avec ses tatouages. Mais elle n’avait jamais eu peur de lui. Elle l’avait toujours connu ainsi et avait toujours trouvé cette apparence « normale », même presque plutôt amusante. Après tout, les bêtes de foires étaient mal placées pour se juger entre elles.
J’allais te poser la même question, lui répondit-elle quand il lui demanda les raisons de sa présence. Dans son cas, cela pouvait sembler assez évident, elle avait tout simplement fuit l’Europe après avoir littéralement mit en pièce son père en pleine représentation. Ton cirque a décidé de faire une tournée Américaine ?
Mais quelque chose lui disait qu’il n’était pas ici avec son cirque. Une intuition peut-être, née du fait qu’elle n’avait pas entendue parler d’un cirque de mutants donnant des représentations en ville.
Moi, disons que j’avais besoin de me faire un peu oublier, reprit-elle en se mordillant machinalement la lèvre. Et tu sais ce que c’est… Une fille rencontre un garçon, le suit au bout du monde et au final, le garçon s’avère n’être qu’un abruti…
Emma se sentait idiote. La seule fois de sa vie où un garçon avait eu l’air de s’intéresser à elle, elle en avait été tellement heureuse qu’elle n’avait pas hésité à le suivre aux Etats-Unis. Et tout ça pour quoi ? Pour découvrir que le garçon en question s’était joué d’elle pour la faire rejoindre un groupe de mutants terroristes. Du moins, c’était ainsi qu’elle avait ressenti les choses.
Et elle ignorait totalement que Bel’ en était lui aussi un membre…
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Lorsqu’un artiste nait avec un pseudonyme, un surnom ou un nom de scène qui est rendu publique ou célèbre par n’importe quel moyen, et même si cet artiste quitte l’endroit, le lieu ou l’organisation dans lequel il s’est forgé ce pseudo familier, il reste avec lui. Peu importe ce qu’il s’est passé, ce qu’il se passe ou ce qu’il se passera. Ce nom est le sien et même si cela pouvait lui évoquer de bons ou de mauvais souvenirs, c’est sous ce dernier qu’elle est née dans ma vie et c’est comme ça que je continuerai à l’appeler. C’est comme le nom : Maman. Elle est née mère et restera votre mère quoi qu’il arrive, même si réellement, elle s’appelle autrement, vous l’appellerez toujours ‘Maman’. C’est né ainsi dans votre esprit et ça le restera, pour toujours.
Elle me rétorqua qu’elle allait me poser la même question en sous-entendant que le petit cirque don je fais partie à décidé de traverser l’Atlantique. Malheureusement, c’était loin d’être le cas ! J’aurai aimé continuer à œuvre pour sauver des mutants et leur apprendre à contrôler leur pouvoir comme l’a fait mon maître avec moi. Dommage qu’il ait été ami ou complice de Magneto. Autrement, jamais il ne m’aurait envoyé à ses côtés pour lui rendre service et gonfler ses rangs. En même temps, j’ai un pouvoir qui peut d’avérer fort utile ! Et je ne suis que trop loin dans l’aboutissement de mes pouvoirs… ça, c’est mon Maître qui me l’a dit. Au près de Magneto, il était persuadé que j’allais très certainement développer d’autres niveaux…
Die Tigerin me confia qu’elle avait besoin de se faire oublier. Quand elle se mordit la lèvre, je compris aussitôt qu’elle avait beaucoup souffert de cette histoire qu’elle venait de sous-entendre…. CETTE histoire ! Celle qui a fait le tour de l’Europe et qui s’est dite partout dans plein de versions différentes en fonction des cirques et de ces bouches qui déforment la vérité. Quoi qu’étant un cirque plutôt proche du sien, mais beaucoup plus petit, nous avions l’occasion d’assister à leurs représentations et de fait, la vérité n’avait jamais été déformée puisque nous avions été les témoins directes. Elle insinua ensuite qu’elle était tombée amoureuse d’un gars, que par amour elle l’a suivi jusqu’ici et puis qu’elle s’était faite totalement désillusionnée… J’eu un sourire en coin après cette confidence. Mais un sourire plutôt compatissant en me disant qu’elle n’avait pas vraiment eu de chance sur ce coup-là. Mais je baissai le regard en même temps… après tout, cette histoire ne me regardais pas. Elle n’avait pas à se confier à moi ! Si elle en avait le cœur ou l’envie, elle pouvait être sur de tomber sur un oreille attentive, mais jamais je n’allais chercher d’autres détails… ça me faisait assez drôle d’être confronté à un être de mon passé. Même si je ne considère pas mon passé comme une époque révolue ! Je sais qu’un jour, je retournerai là bas, accomplir ce que je dois accomplir. Tager des murs sur toute leur longueur, vivre de mon art, être une personne de référence pour les mutants blessés et/ou abusés et surtout… tuer tous ceux qui verront les mutants comme le mal !
Ce que je voulais lui répondre n’était peut-être pas facile à entendre, néanmoins c’était la vérité. Après avoir déposé ma bombe près de mon sac, je tirai mon paquet de clope de ma poche intérieure et me l’allumai rapidement. Après avoir soufflé la première bouffée, je la regardai et lui répondis simplement sur un ton plutôt neutre : « le maître m’a envoyé aider Magneto. » dis-je avant de tirer une nouvelle fois. Et tout en soufflant, j’ajoutai : « c’est pour ça que je suis là. Et toi du coup ? Tu t’en sors ici ? » Dis-je toujours dans notre langue commune. En effet, j’avais été plutôt directe. Elle devait savoir que mon maître, je l’appelai maître et pas par son pseudo de scène. C’est encore une fois la même histoire que maman… à une degré au-dessus. Le maître était un reptilien, tatoué et percé de partout. Il ne faisait plus de numéros depuis longtemps bien avant ma naissance… c’était un célèbre lanceur de couteaux qui avait sa petite renommée… En lui posant cette question, je voulais surtout savoir pourquoi elle n’était pas retournée en Europe après s’être rendue compte qu’elle avait suivi un abruti… Moi, je comptais rentrer chez moi, une fois ma mission ici terminée… Et puis, se plaisait-elle mieux ici que là-bas ? Peut-être aurait-elle des bons arguments quant à une vie meilleure ici… ?
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Le petit sourire de Bel’ quand elle lui confia sa peine de cœur ne lui échappa pas et Emma dû se faire violence pour ne pas lui tirer puérilement la langue. Il pouvait bien se moquer, il y avait de quoi. Elle, Emma, l’éternelle célibataire qu’aucun garçon ne voulait hormis de riches hommes d’affaires aux mœurs douteuses ayant proposé de payer pour quelques heures passées avec elle, ce qu’elle avait toujours fermement refusé d’ailleurs, avait été tellement désespérée d’enfin connaitre l’amour qu’elle avait suivi un quasi inconnu sur un autre continent où elle s’était ensuite retrouvée abandonné. Effectivement, c’était plutôt pathétique, il y avait de quoi faire légèrement sourire son interlocuteur. Elle avait été idiote et n’avait récolté que ce qu’elle avait mérité dans le fond. Le plus malheureux dans cette histoire était qu’au final, elle n’avait même pas eu droit à un seul minuscule baiser – son premier baiser à vrai dire – avant que Thomas ne s’en aille.
Heureusement, le sujet changea bien vite et Belphégor ne demanda pas de détails qui auraient été définitivement gênant pour elle.
Elle savait qui était son maître en question quant à Magneto, ce nom trouva une résonnance en elle sans qu’elle ne se souvienne d’où elle le connaissait. Un directeur de cirque peut-être ? Probablement.
Et est-ce qu’elle s’en sortait ? La Bonne blague.
Bah euh… J’ai un peu vécu ici et là les premières semaines, doux euphémismes pour expliquer qu’elle s’était directement retrouvée SDF, et maintenant j’ai un ami qui m’héberge provisoirement en attendant que je trouve autre chose.
Le souvenir du type étrange en chaise roulante lui revint en mémoire. Lui et son école pour mutants où il lui avait proposé une place. Depuis le clash particulièrement épique avec Mindy quand cette dernière avait découvert la colocataire de son petit-ami, Emma y songeait de plus en plus. Après tout, c’était peut-être bel et bien la solution. Le Professeur lui promettait un toit, des repas chauds et il lui avait même dit qu’ils lui apprendraient à lire et à écrire correctement, son niveau actuel étant presque inexistant.
Mais alors qu’elle repensait à Charles Xavier, une autre chose lui revint en mémoire : le fameux Magneto ! Mais oui, elle avait été idiote. Il n’était absolument pas issu de leur monde de saltimbanques.
Quand tu parlais de Magneto juste avant, tu voulais dire ce type qui est à la tête d’un groupe de mutants terroristes c’est ça ?, demanda-t-il avec une légère hésitation. Décidemment, elle ne l’avait jamais rencontré mais cet homme semblait être constamment non loin d’elle. Thomas,le garçon dont je te parlais, fait partie de son groupe. C’est pour ça qu’il m’a fait venir ici, pour que je les rejoigne mais il ne me l’a avoué que lorsque l’on est arrivé. C’est quand j’ai refusée qu’il est parti de son côté en me laissant.
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Mon interlocutrice me répondit d’une façon qui me laissa à penser que les premiers jours n’ont pas du tout été facile, pour la simple et bonne raison que lorsqu’on débarque sur un tout nouveau continent ayant suivi quelqu’un sur un coup de tête et qu’on se fait larguer ensuite, il n’y avait pas d’autres choix que de rester dans la rue… Elle voulu me le dire, sans le dire clairement. En même temps, ce n’était pas quelque chose de très reluisant. Lorsqu’on se retrouve abandonné… pour la deuxième fois ! J’avoue avoir un peu mal au cœur pour elle. Elle ne prenait pas forcément les bonnes décisions, mais à chaque fois, les conséquences étaient là… Aussi lourde l’une que l’autre ! Chaque action a sa réaction. Il faut toujours réfléchir avant d’agir et c’est ce qui nous distingue des animaux… ! Même si elle en a la moitié d’une apparence, je suis certain que sa conscience dépasse son instinct.
Mais heureusement, elle ajouta qu’elle s’était fait un ami qui l’héberge à présent, en attendant qu’elle se trouve un chez elle. Mon visage se fit légèrement rassuré. Finalement, elle s’était reprise en main et avait déjà une première ambition, un premier objectif : trouver un chez elle. Alors naturellement, je pensai qu’elle ne voulait pas retourner en Europe…
Ensuite, elle me reparla de Magneto. Visiblement, ce n’était pas clair pour elle… Elle me demanda si c’était le gars qui était à la tête d’un groupe de mutants terroristes et je fis un léger signe de la tête, affirmant ses derniers propos. Elle ajouta que Thomas, le garçon qu’elle a suivi jusqu’ici, en fait partie et ce n’est qu’une fois le pied à terre qu’il le lui avait révélé et elle avait refusé de s’y joindre. C’est ainsi qu’il l’avait abandonné. Je tirai sur ma cigarette et en soufflant, je m’appuyai contre le mur qui se trouvai derrière moi et répondis en même temps : « Si ça peut te rassurer, ils ne sont pas tous comme ça. » dis-je, en faisant référence au coup de pute que ce fameux Thomas lui avait fait et sur un ton plutôt sur de moi. Même si le but de la confrérie était de faire valoir les droits des mutants, plus haut que ceux des humains, ce n’était absolument pas mon objectif… Même si fais partie de ce groupe, mon but premier est de défendre les mutants et paradoxalement, de ne pas tuer… Mais bon !
« Et pourquoi as-tu refusé Tigerin ? » lui demandais-je sérieusement. Et bien oui ? Pourquoi n’a-t-elle pas choisi de rejoindre un camp où elle serait hébergée, aimée, où elle ferait partie d’un groupe qui apprécierait son don plutôt que de s’en moquer ? La confrérie est un groupe dans lequel n’importe quel mutant ayant souffert trouverait la possibilité de s’épanouir non ?
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Les propos de Bel’, sorti semble-t-il en toute sincérité, firent sourire Emma. Bien sûr, la situation était un peu plus complexe mais c’était ainsi qu’Emma la voyait ne connaissant pas ce que cela impliquait pour Thomas. Mais cela lui faisait du bien d’avoir quelqu’un de son côté pour la soutenir.
Ainsi donc c’était bien juste, le Magnéto dont il lui parlait était bien le même que celui dont lui avait parlé Thomas. Décidemment, cette Confrérie la poursuivait. Et pourquoi avait-elle refusée ? Voilà qui était une question compliquée. Thomas lui avait promis qu’elle serait parmi les siens, que personne ne la jugerait sur son apparence. Qu’elle aurait un toit et à manger mais elle avait refusée et à la place avait mené durant des mois une vie de SDF. Vie qu’elle retrouverait probablement un jour quand Dave serait fatigué de l’avoir chez lui.
C’est vrai que je n’aime pas vraiment les humains. Je voudrais leur faire payer la manière dont ils m’ont traité toute ma vie mais ils ne sont pas tous comme ça. Regarde Dave, il m’a hébergé sans hésiter. J’ai vu les infos à la télé. J’ai vu ce que la Confrérie est capable de faire. C’est vrai que j’ai des envies de vengeances mais attaquer les humains… Ce serait juste me rabaisser au niveau de ce que je déteste tu comprends ?
Emma ne savait pas vraiment comment l’expliquer. Elle avait souffert toute sa vie d’avoir été traitée en phénomène de foire et c’est vrai que durant les représentations, elle avait toujours imaginé sauter à la gorge de ceux qui la regardaient en la pointant du doigt et en riant. Et après quoi ? Il ne se passait pas un jour sans qu’elle culpabilise d’avoir assassiné son père et pourtant, Dieu sait qu’il l’avait mérité. Alors des humains innocents ? Des dommages collatéraux comme on disait.
Je ne veux pas… Laisser la bête sauvage en moi prendre le dessus et c’est ce qui arrive quand je perds le contrôle. Déjà maintenant j’ai parfois du mal quand je m’emporte, dit-elle en se rappelant la manière dont elle avait soudainement menacée Mindy. Alors tu imagines si je laisse la colère prendre le dessus ? Et c’est bien ce que l’on attendrait de moi là-bas n’est-ce pas ?
Emma rêvait de rejoindre un groupe qui l’aiderait, la soutiendrait et l’aimerait mais elle ne voulait pas avoir à prendre part dans des actes terroristes en contrepartie. Les innocents ne devraient jamais avoir à subir les effets néfastes d’une guerre qui les dépassaient.
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Appuyé contre le mur, à fumer ma cigarette, j’étais en train d’admirer, d’observer et de profiter d’une témoin du passé. J’étais heureux, je crois. Ayant été retenu dans un centre, je ne suis jamais totalement certain de mes émotions donc… je pense que j’étais content de la voir.
Elle m’avoua ne pas trop aimer les humains, mais la confrérie était sans doute un petit peu trop extrémiste que pour les rejoindre, alors qu’ils prennent soin de leurs mutants. Elle prit la défense des humains en retournant mon premier argument. Ils ne sont pas tous comme ça… Non en effet, ils ne sont pas tous obnubilé par le fait de faire des expériences scientifiques sur ces gènes humaines qui ont mutées naturellement ou non. Tout dépend de l’individu. Les miennes se sont naturellement modifiées. Soit. J’étais un sujet de choix et j’en ai parfaitement conscience… ! Elle prit comme exemple Dave. Un humain qui l’a hébergé sans hésiter. Savait-elle que j’étais on ne peut plus d’accord avec elle ? Je ne classe absolument pas tous les humains dans le même panier. Loin de là ! Elle me confia qu’attaquer les humains pour elle, c’était se rabaisser à tout ce qu’elle déteste et ensuite elle me demanda si je comprenais et je lui fis un léger signe affirmatif de la tête.
Elle m’expliqua ensuite qu’elle ne voulait pas laisser la bête sauvage en elle prendre le dessus, ce que je comprenais tout à fait. Cet état second, j’ai déjà pu l’observer chez quelques uns du cirque. J’avoue que les premiers temps, j’eu du mal à simuler les émotions que j’observai mais j’ai appris à toutes les connaître et à toutes les rendre sur mon visage. Seulement, il y a encore des émotions que je ne comprends pas. Celle de la colère, est malheureusement celle que j’ai pu observer le plus de fois ! … Je sais donc de quoi il en retourne.
Avant de lui répondre sincèrement, même si ma réponse, elle se doutait de ce qu’elle allait être, je me laisser glisser par terre pour m’assoir en tailleur contre le mur et l’invitai à se mettre à côté de moi.
« Je crois qu’ils attendent de nous qu’on accepte ce qu’on est et qu’on apprenne à se servir et à contrôler ce que nous sommes… avant tout ! » Tirant sur ma cigarette, j’en proposai une poliment à ma voisine et ajoutai : « Il ne faut pas oublier que ce sont avant tout des mutants qui ont soufferts aussi… Mais je ne suis pas certain que le terrorisme soit la meilleure solution non plus. » Ma réponse et mes mots étaient calculés mais ils n’ajoutèrent aucune valeur à la situation actuelle. Je ne défendais pas la confrérie mais je ne l’attaquerai pas non plus. J’ai fais une promesse, je la remplirai point. Mes convictions sont là et j’agirai en fonction. Je sais que Magneto ne me demanderait jamais de tuer inutilement…
De fait, je voulu changer de sujet et reportai mon attention sur Emma : « Es-tu souvent en colère ? » lui demandais-je pour me faire une idée de la fréquence d’émotion dont elle devait faire face. Après tout, si elle se mettait souvent en colère, c’est qu’il y avait un problème non résolu là-dessous et vivre avec un tel sentiment, vivre toujours avec cette attention portée devait être plutôt polluant…
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Tout cela était vraiment très compliqué. Combien de fois Emma avait-elle fermé les yeux et essayé d’imaginer ce qu’aurait pu être sa vie si elle n’avait pas été une mutante ? Sa mère ne se serait jamais débarrassée d’elle. Elle serait restée à Lausanne, en Suisse, serait allée à l’école comme toutes les petites filles. Elle aurait apprit à lire et à écrire, aurait fait des études, passé un diplôme. Durant le même temps elle aurait eue des amies avec qui elle serait allée faire du shopping en parlant des garçons. Elle aurait, elle l’espère du moins, eu des petits-amis. Puis elle serait devenue adulte avec tout ce que cela implique. Elle ne voulait pas d’une existence à la Kardashian, juste une vie simple et normale. A la place de cela elle faisait peur aux gens, était illettrée et vivait le rêve américain dans une splendide carrière de mendiante. Elle n’avait que 19 ans et pourtant avait trop souvent l’impression d’avoir d’ores et déjà totalement raté sa vie.
Dans un soupire, elle vînt se placer à côté de Belphégor dans une position accroupit pouvant très largement ressembler à la position assise d’un fauve, les genoux pliés bien que les fesses posées sur le bitume et les mains posées à même le sol devant elle, entre ses pieds. Une position qui aurait vite été inconfortable pour un humain normal mais qui était confortable pour Emma dont le schéma musculaire était différent, surtout dans ses jambes.
Emma n’avait jamais été fumeuse mais elle avait déjà essayé une ou deux fois. C’est pourquoi, elle accepta tout de même la cigarette offerte par Belphégor. La première bouffée la fit légèrement toussoter alors que le goût de la nicotine lui emplissait la bouche.
Accepter ce que l’on est, c’est difficile de faire autrement non ?
Elle disait cela mais elle-même avait de la peine à accepter ce qu’elle était. Il lui arrivait même de jalouser Wanda son amie mutante – dont elle ignorait totalement l’allégeance – et pourtant si jolie ! Cela ne se voyait pas sur elle qu’elle était différente et quand on se retournait sur elle, ce n’était pas à cause de ses crocs ou de sa démarche. Quoi qu’elle fasse, Emma serait toujours le monstre de foire aux yeux des non-mutants car elle ne pouvait pas cacher sa mutation.
Et était-elle souvent en colère ? Emma eut un petit rire et tira une nouvelle bouffée de la cigarette avant de répondre.
En toutes franchises ? J’ai l’impression d’être tout le temps en colère… Mais la colère ne sert à rien alors… Je ne sais pas, je garde ça au fond de moi et j’essaie de l’oublier pour aller de l’avant. Sauf que je ne vais pas bien loin pour autant, ajouta-t-elle avec un petit rire désappointé.
Mais la colère était un frein et surtout, dans son cas, la colère pouvait être particulièrement dangereuse. Elle avait tué son père à coups de crocs sous la colère et elle savait qu’elle risquerait de recommencer si elle ne se contrôlait pas. C’était pour cela qu’elle s’appliquait à toujours voir le verre à moitié plein.
Mais si tu n’es pas d’accord avec les actes de la Confrérie, pourquoi tu restes avec eux ?
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belphégor & emma meyer
« Accepter ce qu’on est, c’est difficile de faire autrement non ? » Ce n’est pas si difficile que ça en réalité… Quand je pense aux personnes que j’ai côtoyées, les mutants, ils ont tous eus un jour du mal à se dire qu’ils étaient différents de leur entourage. Naître avec une différence, une mutation, un maladie à cacher pour se rapprocher de l’être dit ‘normal’. J’en connais beaucoup qui ont traversé ce passage difficile, cette crise de la ‘normalité’. Et pour un nécromancien, je suis totalement en mesure de lui dire que la mort est si douce et si magnifique qu’elle a souvent été tentée par bon nombre de mutants qui ne pouvaient passer cette crise… Si seulement elle savait … ! Mais bon. Là n’est pas le sujet.
Puis, mon amie m’avoua qu’elle avait l’impression d’être tout le temps en colère. Quelle souffrance ! Elle s’était résolue à la garder au fond d’elle-même et de passer à autre chose, pour aller de l’avant et avancer. Je n’étais pas totalement d’accord avec elle. Oui, refouler sa colère pour éviter de tuer des gens, je serais d’accord ! Mais étouffer ses sentiments pour avancer, là était le problème. J’étais intiment persuadé que si elle se laisser aller plus souvent, si elle se laissait attraper par cette colère et qu’elle la démontrait, qu’elle l’exprimerait alors, elle aurait l’esprit plus tranquille. À tout le monde, il faut une période ou un moyen de défoulement. Par exemple, j’ai choisi l’art, la peinture murale. C’est quelque chose de très important pour moi car j’ai toujours eus ce don ! Ce don du dessin qui me rapproche de cette ‘normalité’ que j’exploite et que j’entretiens. Cela me permet d’éviter de tuer des gens d’un simple regard ou d’une simple poignée de main. De toute façon, il est hors de question que je touche qui que ce soit. Je refuse de toucher n’importe qui !
Je tirai à nouveau sur ma cigarette en soufflant cette fumée délicatement quand Emma eut terminé de parler… Ses sourires et petits rires ironiques mettait tout à fait l’accent sur la vérité de ses sentiments par rapport à ce qu’elle disait ou ce qu’elle se contraignait de vivre… Et vu ma réaction silencieuse, elle devrait se douter que ce n’était pas bien, que ce n’était pas quelque chose que j’acceptais. On est ce que l’on est et il faut vivre avec et apprendre à se démarquer justement. Nous ne sommes pas des instruments, nous sommes nos propres armes ! Puis à nouveau, elle me posa une question sur ma vie… à nouveau, on revenait sur moi. Elle me demanda pourquoi je restais avec la confrérie alors que je ne suis pas d’accord avec leurs actes. Il y a quelque chose qui dépasse parfois la volonté, c’est la promesse et le devoir qu’on a envers quelqu’un. Et je lui répondis sur un ton neutre après quelques secondes de réflexion pour synthétiser mes sentiments et mes idées pour n’en dire que le nécessaire : « J’ai fais une promesse au Maître. » Le Maître, je lui dois tout. Il m’a accueilli, m’a appris à grandir,… Et lorsqu’un de ses amis a eus besoin d’un mutant compétent pour lui donner un coup de main de l’autre côté de l’océan, j’ai eus l’honneur d’être choisis. Être jugé le meilleur des mutants, le meilleur de tout un clan ?! Et je refuserais de rendre ce service à celui à qui je dois tout ? …
Mais mes sentiments quant à Magneto me forcent de plus en plus à retourner d’où je viens… Depuis mon arrivée, je n’ai pas encore eus de mission importante et je n’ai pas encore eus besoin de tuer qui que ce soit. Ça fait maintenant trop longtemps que je suis ici et si je ne peux pas lui rendre service alors, je quitterai la confrérie pour rentrer au Cirque. Cette décision était en cours de réflexion depuis un moment et je cru judicieux d’en faire part à Emma : « Mais je compte rentrer chez nous d’ici peu… Le maître m’a envoyé ici pour rendre service à la Confrérie sauf que, je ne tien pas à rester une arme disponible sous la main quand on en a besoin. Ma loyauté ne va vers qu’une seule personne. Pour le reste, je tiens à rester digne et libre ! » dis-je alors en tournant mon regard vers ma voisine, pour capter alors ce qu’elle ressentirait à mes paroles.
Quand le passé vient à notre rencontre... ça fait naître une drôle d'amitié !
La Confrérie et Emma… Toute une histoire alors qu’au final, elle n’y avait même pas mit les pieds une seule fois. Et pourtant, elle avait été séduite par un type qu’elle avait suivi jusqu’aux États-Unis pour finalement découvrir qu’il cherchait juste à l’enrôlé. Ensuite elle avait découvert que sa meilleure amie en faisait également parti – petit détail dont il faudrait bien qu’elles parlent un jour toutes les deux – et comme si cela ne suffisait pas, Bel’ en était aussi.
En fait, maintenant qu’elle y songeait, tous les mutants qu’elle connaissait était dans cette fichue Confrérie. A l’exception presque de Pietro mais il en avait été avant de les quitter. Peut-être que son destin était de les rejoindre finalement mais Emma n’arrivait pas à s’y résoudre. Elle n’aimait pas trop les humains normaux mais quand même, la Confrérie était plutôt radicale comme solution.
Et donc Belphégor était là pour honorer une promesse faite au Maître. C’était honorable de sa part mine de rien. Mais qui valait vraiment que l’on fasse des promesses pareilles ? Emma aurait-elle accepté de rejoindre la Confrérie si Nic le lui avait demandé ? Probablement pas et ce même si elle avait aimé son frère plus que tout au monde.
Emma était une meurtrière, elle avait tué son père sans la moindre hésitation et surtout, sans le moindre petit remord, c’était un fait. Mais elle ne voulait pas devenir un monstre et tuer d’autres gens. Et encore moins pour une prétendue idéologie de la suprématie des mutants ou allez savoir quoi d’autre.
Quand il lui fit part de son envie de repartir, Emma tourna le regard vers lui. Rentrer en Europe ? Ce n’était peut-être pas une si mauvaise chose. Enfin, pour lui. Il avait sa troupe, ses amis et son Maître qui l’y attendait. Il ne serait pas seul en retournant là-bas. Mais Emma n’y avait plus personne. Si elle rentrait, sa situation serait toujours exactement la même. Au mieux elle trouverait une place dans un autre cirque voulant bien d’elle malgré ce qu’elle avait fait mais elle ne voulait plus être une bête de foire, plus maintenant.
C’est dommage que tu ne restes pas, dit-elle après un instant de réflexion. Confrérie ou pas, ça fait toujours du bien de retrouver un vieil ami sur un continent où l’on ne connait pour ainsi dire personne. C’est presque un peu comme de rentrer à la maison de te revoir.
Mais elle comprenait le point de vue de Belphégor. S’il estimait avoir une meilleure vie l’attendant en Europe, il ne devait pas hésiter. Et à vrai dire Emma préférait de loin le savoir parti en sécurité que de le voir mourir pour une Confrérie en laquelle il n’avait qu’une allégeance forcée.
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Inspectant alors son visage, je vis plus de compréhensions qu’autre chose comme sentiment dominant. Elle m’avoua qu’elle trouvait ça dommage que je parte mais en même temps, peut importe dans quel clan je suis pour l’instant, cela lui avait fait du bien de me trouver car cela lui donnait l’impression de rentrer chez elle. Son sentiment était partagé et je le lui fis remarquer par un léger sourire en coin.
Puis, elle me demanda si je savais quand j’allais partir. Détournant mon regard d’elle dans le vide, je me mis à réfléchir à une réponse des plus claires et des plus simples… En réalité, venir ici était beaucoup plus facile que de repartir. J’avais déjà quelques attaches malgré tout et il fallait que je m’arrange avec Liv’, la mutantes de la confrérie avec qui j’avais trouvé un logement. Nous faisons la paire dans la confrérie et maintenant que je la lâche, il faut soit que je trouve quelqu’un pour me remplacer, soit qu’elle trouve un logement moins grand à gérer toute seule en attendant de trouver un autre partenaire de la confrérie avec qui travailler. Cette fille était adorable et admirable ! Nous n’avions pas besoin de parler pour se comprendre, on communiquait à notre façon, tout les deux fasciné par la mort, nous partagions le même point de vue sur beaucoup de chose.
Donc, la seule réponse logique qui me vint à l’esprit était un simple : « Bientôt… » Car oui, une fois cette histoire là arrangée, je pourrai partir tranquillement, sans que Magneto se rende compte de quoi que se soit. Il fallait que j’agisse vite et discrètement pour éviter les problèmes et surtout pour éviter d’en occasion au Maître qui pourrait se faire traiter de traitre. Sauf qu’un océan les sépare et à moins de perdre du temps et de l’énergie à faire traverser ses sbires pour venir se venger au moins, je serai à la maison et avec les mutants du cirque derrière moi, il me sera facile de les faire tomber comme des mouches en les tuant d’un seul regard.
Je jugeai bon d’ajouter quelques instants plus tard : « En tant que vieille amie, si jamais tu en ressens le besoin, tu auras toujours une place chez nous. C’est une promesse que je te fais. » Car oui. Le maître est du genre très accueillant et il partagerait très certainement mon avis. Je n’aurais qu’à lui dire que Die Tigerin est là pour qu’il lui ouvre les toiles du cirque. Sans forcément lui prévoir un numéro ou quelconque autre humiliation à faire. Je passai alors mon bras derrière ses épaules pour affranchir alors cette promesse et cette vieille amitié qui dure au-delà du temps et au-delà de la distance. Nous sommes pareil après tout !
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Belphégor s’en allait bientôt. Ce n’était pas très clair, cela pouvait être demain ou dans 3 mois. Mais c’était tout de même bien trop tôt pour Emma. Bel’, même si elle venait à peine de le retrouver, était un lien entre elle et son ancienne vie, son passé.
D’un coté, elle l’enviait presque. Sa vie passée n’avait jamais été très rose mais malgré cela, l’Europe lui manquait un peu, sans doute ce que l’on appelait le mal du pays. Être sur la route, les voyages, les paysages lui manquaient, elle avait parfois l’impression d’étouffer et d’être à l’étroit dans cette ville aussi immense pouvait-elle bien être. Mais retourner en Europe ne l’avancerai pas beaucoup. Elle restait une mutante effrayante et illettrée et elle resterait très probablement une SDF en Europe comme aux Etats-Unis. Il était inutile de songer même de rentrer en Suisse pour retourner auprès de sa mère. Elle ignorait où elle vivait à présent et après tout, si elle s’était débarrassée d’elle quand elle avait 5 ans, il n’y avait aucune chance pour qu’elle accepte de la reprendre chez elle 15 ans plus tard.
Comme s’il avait deviné ses pensées, Belphégor ajouta alors que si elle le souhaitait, elle pouvait avoir sa place dans sa troupe. Emma eut un petit sourire. C’était gentil de sa part d’autant que dans le milieu très fermés des cirques Européen, elle ne doutait pas un seul instant qu’elle était devenue Persona non grata. C’était comme ça que ça marchait dans le milieu, on ne faisait jamais appel à la police, même en cas de meurtre. Tout restait entres forains qui se rendaient justices eux-mêmes. Emma savait que si elle n’avait pas prit la fuite, elle aurait payé de sa vie la mort de son père et ce, dans l’anonymat le plus total. On aurait peut-être retrouvé son corps mais les autres auraient gardés le silence et face à ce mur, la police aurait eu vite fait de classer l’affaire. Après tout, qui se souciait de la mort d’une mutante travaillant comme bête de foire ?
Sentant le bras de Bel’ autour d’elle, Emma vînt poser sa tête sur son épaule dans un geste amical. C’était réconfortant cette proximité avec quelqu’un de proche. Tout le monde avait besoin d’un peu d’attention de temps à autres, d’un geste d’affection sans arrière-pensées.
Je ne suis pas sûr d’avoir envie de retourner dans un cirque, finit-elle par répondre. Je sais que parmi les tiens, je serais mieux traitée que dans mon ancienne troupe mais… J’ai tellement envie d’avoir une vie normale. Pourquoi est-ce que je n’y ai pas le droit uniquement à cause de mon apparence ? Les gens s’arrêtent toujours à ça à chaque fois que je cherche un travail. Mais je ne suis pas juste une apparence… Je ne suis pas que ça…
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Lorsque je la pris dans le creux de mon bras, elle vint poser sa tête sur mon épaule. C’est proximité était réellement réconfortante pour elle et ça se ressentait. Finalement, je sais que je vais avoir un léger pincement au cœur lorsque je me retrouverai dans l’avion en pensant à elle…
Elle m’avoua qu’elle n’était pas certaine de vouloir retourner dans un cirque. Après tout, c’était tout à fait légitime et compréhensible ! Vu les traitements qu’elle avait subis… il n’était pas étonnant qu’elle ne veuille plus vivre cette vie-là, quel qu’en soit le cirque dans lequel elle vit ! Elle me confia ensuite qu’elle voulait avoir une vie normale et qu’elle se demandait pourquoi elle n’en avait pas le droit seulement à cause de son apparence… Malheureusement Emma, tu es née bien trop tôt ! J’espère qu’un jour prochain, les humains et les mutants pourront trouver un terrain d’entente et que notre différence ne soit plus un sujet de discrimination. Autant chez les uns que les autres. J’aspire à cette idée mais je sais que je n’en serais malheureusement pas acteur. Le monde n’est pas encore prêt… il a fallu des années aux blancs pour reconnaître les noirs en tant qu’égaux et même encore aujourd’hui, ces idées d’esclavagisme persiste encore… Alors imaginez un peu le temps que ça va prendre pour les mutants ?!...
« Bien sur que tu n’es pas que ça… Seulement, nous ne sommes pas nés à la bonne époque. » Dis-je en faisant référence à mon avis sur la question. « L’être humain a peur de l’inconnu depuis la nuit des temps… » Et je sais de quoi je parle ! La mort en fait partie… Mon apparence également en fait partie. Personne n’a jamais passé son chemin sans poser les yeux sur mes marques de nécromancien… Mais on s’y fait à force, puisqu’on a toujours connu que ça. Une vie normale, nous n’avons jamais connu donc, on ne peut pas savoir ce que c’est ni même envier. Vouloir une vie différente de la sienne, d’accord. Mais envier la normalité est quelque chose de trop paradoxale pour moi.
Délicatement, je lui posai un baiser sur le haut de son crâne, dans ses cheveux pour essayer de terminer notre rencontre sur une note positive, ne sachant pas quel conseil pour l’avenir, lui donner. Je n’ai aucun conseil à donner et à personne. Je ne suis guère un exemple à suivre et je ne me permettrais jamais de porter un quelconque jugement sur qui que se soit. Délicatement, j’enlevai alors mon bras, fini ma cigarette avant de projeter le mégot pour loin et zipper mon sac avec mes bombes dedans.
Je me relevai lentement et lui dit : « Le jour où t’as un coup de bluse, tu pourras venir ici et contempler la seule œuvre inachevée du célèbre Belphégor ! Un mutant-grapheur, reconnu en Allemagne. » Dis-je avec un peu d’ironie dans la voix. Je détestais ne pas achever une œuvre… Mais en même temps, je n’allais pas prendre le temps de la terminer alors que mon départ arrivait à grand pas. Et puis comme ça, il restera quand même une trace de mon passage ici… ça me consolait quelque peu !
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Bel avait peut-être raison, peut-être qu’il était encore trop tôt pour que les mutants et les humains puissent vivre ensemble et en harmonie. La découverte de l’existence des mutants avait été un choc et beaucoup avait peur en découvrant qu’ils étaient en réalité si nombreux. Il y avait tellement de mutant qui vivaient en cacher leur différence aux yeux des autres qu’il était impossible de savoir combien exactement est-ce qu’ils étaient et c’était peut-être aussi ça qui faisait peur ; de ne pas savoir si son voisin que l’on connait depuis toujours est un mutant ou pas. Si sa belle-mère en est une ou pas… Ou pire aux yeux de beaucoup, de ne pas pouvoir savoir si leurs enfants en seront ou pas.
Ce n’était pas une science exacte après tout. Emma était la preuve que deux humains normaux pouvaient engendrer un enfant mutant, ce n’était pas comme une maladie héréditaire que l’on pouvait gérer en sachant à quoi s’attendre.
Du coup, Bel avait malheureusement raison, ils ne pouvaient que prendre leur mal en patience et malgré cela, il y avait encore des risques qu’ils ne vivent pas assez longtemps pour voir enfin les mutants pleinement intégré dans la société. Mais il allait bien falloir qu’il s’y fasse, la mutation était visiblement une nouvelle étape dans l’évolution et non pas juste un couack soudain. Un jour, ils seraient plus nombreux que les humains normaux qui, eux, seraient voués à disparaitre.
Emma se laissa faire lorsque Belphégor déposa un baiser sur ses cheveux et, suivant son mouvement, elle se redressa à son tour, le cœur légèrement serré. Elle n’était pas pressée de voir partir son unique attache à sa vie passée, pas aussi vite. Ils venaient à peine de se retrouver que déjà, il s’en allait au loin. La vie était décidément une garce injuste.
Je viendrai, promis, le dit-elle en observant la fresque inachevée, ses traits et manières de dessiner à la bombe qui lui avait été familière à l’époque et elle sut qu’elle tiendrait sans difficulté sa promesse. Venir voir le graff serait comme une sorte de communion avec son ancienne vie quand la nouvelle serait trop difficile.
Suite à quoi, elle sorti rapidement un papier et un stylo de sa poche et inscrivit de son écriture malhabile son numéro de téléphone.
Si un jour tu décides de venir la finir, préviens-moi, demanda-t-elle en glissant le papier dans la poche de son ami.
C’était un instant étrange. A son départ, Emma avait prit la fuite sans avoir le temps de dire adieu à qui que ce soit. Cela avait été plus facile d’une certaine manière mais maintenant que Bel était là, elle peinait à accepter de le laisser partir. C’est pourquoi elle se suspendit soudainement à son coup pour un dernier câlin d’adieu, les yeux plus brillants qu’elle ne l’aurait voulue.
Prend soin de toi et t’imagine pas débarrassé de moi, j’ai bien l’intention de te forcer à m’offrir une bière avant que l’on soit deux vieux débris croulant.
Sous-entendu, Emma avait la ferme intention de garder au moins l’espoir de le revoir un jour.
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Après mon baisé amical dans ses cheveux, au sommet de sa tête, elle se redressa pour regarder et surement enregistrer les traits de l’œuvre que je laissais inachevée, derrière moi. Mais elle me glissa bien vite un petit bout de papier dans la poche, sur lequel elle venait d’inscrire son numéro de téléphone. Elle me conseilla de l’appeler si jamais je décidais de venir terminer cette fresque. J’eus un sourire en coin et acquiessa simplement de la tête, en guise de promesse et en mettant ma main sur ma poche, comme si ce morceau de papier allait être gardé précieusement. Il allait l’être, sans aucun doute !
Elle vint se pendre à mon coup une dernière fois, et pour notre ultime câlin d’adieu, je la serra un peu plus fort, respirant alors, le parfum de ses cheveux pour m’en souvenir, lorsque nous serions plus vieux. Ses derniers mots me firent sourire : « Prend soin de toi et t’imagine pas débarrassé de moi, j’ai bien l’intention de te forcer à m’offrir une bière avant que l’on soit deux vieux débris croulant. » Montrant mes jolies dents blanche en souriant amusé, je rétorquai : « J’y compte bien, t’en fais pas ! » Je remarquai ses yeux brillants et mon cœur se serra un peu. Ça me faisait bizarre en réalité. Avoir un témoin du passé dans une nouvelle vie que j’abandonne car, je ne suis pas prêt à servir une cause qui n’est pas la mienne. J’espérais réellement de tout cœur de Die Tigerine allait s’en sortir mieux que moi. Lâche, j’abandonne. J’en suis parfaitement conscient. Mais je préfère me battre à une entente entre humains et mutants, tuer des scientifiques plutôt que de tuer pour faire peur et pour défendre la cause de l’existence unique des mutants. Ce sont deux objectifs plutôt différents.
Ramassant mes affaires, mon sac sur le dos, je remis ma capuche sur mon crâne, la clope au bec et souriant, je marchai en direction de l’appart’ de Liv’, pour rassembler mes dernières affaires avant de reprendre le chemin de l’Europe. Je me retournai une dernière fois, pour faire signe de la main à Emma, la jeune rebelle qui a tout perdu, pour tout gagner ici, dans un monde vierge de ses erreurs passées.