Kai est né il y a dix-sept ans à New York. Son père, ouvrier, et sa mère, infirmière, formait avec le bambin une famille tout ce qui a de plus banale, avec des qualités et des défauts. Notamment, son père exigea très trop à ce que le gamin soit performant dans tout. Qu'il s'implique. Qu'il soit doué. Si au début Kai faisait tout pour rendre fier son père, avec d'excellentes notes et faisant partie d'une équipe sportive, l'adolescence changea la donne, avec les hormones et la phase de rébellion qui venait avec. Mais pas que. Kai commença à développer une psychose de la réussite, voulant être le meilleur dans tout, pour lui, pas pour son père. Mais, évidemment, il ne se satisfaisait pas. Au lieu de s'enfoncer dans une dépression qu'un bon psychologue aurait pu régler en quelques séances, l'adolescent devint nerveux, sur les nerfs. De longues périodes insomniaques le laissèrent fatigué et irritable, à la limite de ce qu'il pouvait tolérer. Des sautes d'humeur firent leur apparition. Au début, ce n'était pas grand chose, puis cela s'amplifia, jusqu'à ce qu'il fracasse la tête d'un autre joueur de son équipe de football américain parce qu'il avait laissé sous entendre qu'il n'était pas assez bon pour faire partie des leurs. Il fut renvoyé de son lycée et ses parents hésitèrent à aller consulter un spécialiste. Ils ne roulaient pas sur l'or. Pendant ce temps, le cas de Kai ne fit qu'empirer. Ses crises de panique se transformèrent en crises de colère et de démence particulièrement violentes, le laissant généralement sans souvenir par la suite.

L'apparition de ses pouvoirs mutants, jusqu'alors endormis, ne fit qu'aggraver les choses. En plus d'être perçu comme fou par son entourage, il était un monstre. Ses parents voulurent en premier lieu le cacher, mais ses crises attiraient l'attention. Ils firent alors appel à un « spécialiste » qui n'en avait que le nom. Travaillant indépendamment, ses prix bas constituèrent une raison efficace pour l'embaucher. Ses méthodes, qu'il disait efficaces, laissèrent de nombreuses marques. Électrochocs, hydrothérapie, tout était bon pour calmer le jeune homme. Ses parents fermèrent les yeux sur les sévices que subissaient leur enfant, car cela semblait fonctionner. Un jour, Kai revint à la maison extrêmement calme à la suite d'une de ses séances. Trop calme. Ils n'entendirent plus jamais parler du « docteur » et ses parents supposèrent que le traitement était terminé. À tord, car la vérité était tout autre. Se rendant compte que les électrochocs ne lui faisaient plus mal, Kai avait redirigé l'électricité dans le corps du charlatan et l'avait grillé, le tuant instantanément. Ce fut à ce moment qu'il comprit qu'il avait la possibilité de tuer, et que cela ne lui faisait absolument rien, mis à part ressentir une euphorie particulièrement plaisante.

Enfin bref. De retour à la maison sous un air presque amorphe, Kai dévoila sa véritable nature à ses parents lors d'un dîner tout ce qui a de plus normal. Devenant soudainement cruel dans ses paroles, il péta les plombs - littéralement, toutes les lumières de la maison explosèrent - et était sur le point d'électrocuter ces « humains » qu'il considérait maintenant comme de simples sacs à viande avec lequel il pouvait jouer, lorsqu'un homme entra dans la pièce et interrompit son geste. Il se présenta comme faisant partie d'une Confrérie, et que sa place était parmi eux. Pas ici. Pas avec ces êtres que l'adolescent ne considérait plus comme ses parents depuis bien longtemps. Alors, séduit par l'idéologie du groupe, Kai les rejoignit, changeant de lycée, changeant de vie. Il ne fut jamais inquiété par ses parents, qui savaient que s'ils contactaient la police, les sévices qu'ils avaient autorisés sur leur enfant allaient les envoyer en prison. Kai ne chercha jamais, non plus, à les retrouver, sachant qu'il les tuerait simplement pour voir l'expression sur leur visage.

Un visage d'ange dissimulant une âme destructrice. Voilà ce qui décrirait bien Kai. Il a tout pour plaire. Un grand sourire charmeur, un visage ouvert, de belles capacités intellectuelles, une musculature fine sans être impressionnante ... Et pourtant, cette apparence cache une âme hideuse. Une âme souillée. Premièrement, Kai n'aime personne. Sauf lui-même, et même dans ce cas, parfois, il peut être autodestructeur lorsque la folie l'emporte. Hautement instable, il est sujet à des crises de démence pouvant effrayer n'importe qui, surtout à cause du fait que cela provient d'un être aussi jeune. Dix-sept ans et déjà un meurtrier. Kai ne saisit pas la portée de ses actes, surtout de tels actes. Il ne planifie jamais à l'avance s'il va tuer. Parfois, l'envie lui prend et il devient alors dangereux pour n'importe qui autour de lui, ami comme ennemi. Malgré son esprit malade, l'adolescent est tout de même assez intelligent et manipulateur. Il ne faut jamais lui tourner le dos une fraction de seconde, ou penser l'avoir amadoué. Ce serait une erreur. Il ne ressent aucun remords, peu importe la gravité de son geste. Pour lui, il a raison de faire ça, et gare à ceux qui voudraient l'en empêcher. Néanmoins, malgré l'air dément qu'il revêt parfois, Kai reste un être assez fragile intérieurement, même si c'est difficile à concevoir. Parfois, il a l'impression de ne pas être seul dans sa tête, ce qui a le don de le faire flipper, lorsqu'il n'est pas en pleine crise psychotique. Sujet à des terreurs nocturnes, il ne veut jamais en parler, puisque selon lui, il n'a peur de rien. Et c'est en partie vrai. Il est rare de le voir effrayé, mis à part lorsqu'il a fait un cauchemar particulièrement violent ou pendant une crise, comme s'il n'a pas conscience du danger en face de lui. Aussi, de par sa nature volatile, Kai reste quelqu'un d'assez manipulable, si on sait s'y prendre avec un esprit dérangé et un tempérament bipolaire à l'extrême.