Charles venait à peine de remettre les pieds à l’institut après tout ce temps loin de son école après sa mort. Il savait bien qu’il avait mis beaucoup de temps avant de revenir, mais il avait quand même pris le temps de s’assurer qu’il n’y avait aucun problème à ce qu’il revienne et annonce à tout le monde qu’il était encore en vie. Il se doutait que ça n’avait pas été évident pour les élèves et les X-men, mais il n’avait pas eu le choix. Au vu de la situation, il n’avait pas pu faire autrement. Il aurait bien aimé revenir avant, mais ça n’avait pas été possible. Maintenant c’était fait et Charles avait bien l’intention de reprendre sa place dans l’institut qui portait son nom. Même s’il n’avait pas l’intention de crier sur tous les toits qu’il était Charles Xavier, il tenait quand même à informer ses proches qu’il était toujours en vie, qu’ils arrêtent… de le pleurer. Parce qu’il savait bien qu’on le pleurait. En un sens, c’était agréable de savoir qu’on manquait à tant de personne, mais ce n’était pas ce qu’il voulait faire.
Maintenant que Logan était au courant, et qu’il avait accepté le fait qu’il était Charles Xavier, même s’il avait mis un peu de temps avant de l’accepter. Maintenant, il l’avait fait, et Charles allait pouvoir passer à autre chose. Il avait envie de voir certaine personne, il tenait à voir certaines personnes. Notamment Ororo. Maintenant qu’il en avait fini avec Logan, le jeune homme qu’il était maintenant décida de se rendre ailleurs dans l’école pour mutant, avec ses toutes nouvelles jambes qui lui permettaient de marcher. C’était quand même vraiment plaisant de pouvoir redécouvrir le manoir sur ses jambes, c’était vraiment plaisant de pouvoir juste être sur ses jambes et de pouvoir monter les escaliers par exemple. Cela faisait un moment que le jeune homme qu’il était maintenant s’habituait à ses jambes maintenant, mais le fait de se retrouver dans un endroit où il avait ses habitudes, avant de mourir, c’était encore plus probant. Il aimait pouvoir se retrouver sur ses jambes, il aimait juste être plus libre.
Il décida donc de se rendre vers la chambre de Ororo, puisqu’il était tard et que la plupart des étudiants étaient en train de dormir. Ce n’était pas plus mal, ainsi il était possible pour le jeune homme de faire tranquillement ce qu’il avait à faire, sans avoir besoin d’annoncer encore à tout le monde dans l’institut qu’il était Charles Xavier et qu’il avait l’intention de reprendre sa place de directeur. Chaque chose en son temps, pour le moment le jeune homme avait envie de se concentrer sur autre chose. Alors, il frappa à la porte de la chambre de Ororo, sachant parfaitement qu’elle s’y trouvait. Il attendit qu’elle ouvre la porte, affichant un sourire en la voyant.
« Bonsoir Ororo. » Dit-il simplement, sans perdre son sourire, la laissant deviner ce qu’elle avait à deviner. Parce qu’elle était largement capable de le faire.
Il était tard, et tous les élèves étaient couchés, sauf quelques retardataires qui traînaient dans le salon de l’Institut et que qu’Ororo avait gentiment, mais fermement, chassé de la salle commune. Elle était descendue pour trouver Logan, pour une fois qu’il était dans le coin. Depuis l’assassinat de Charles, et qu’elle ait du tant bien que mal reprendre les rênes de l’Institut et des X-Men, elle avait eu beaucoup de mal à garder l’équipe soudée et solitaire. Surtout Logan, qui avait toujours été un électron libre, et qui cherchait par tous les moyens à se venger de Magneto. Malgré toutes les discussions qu’ils avaient eu, ou Tornade l’écoutait, le laissait se défouler, mais le conseillait aussi, pour essayer d’empêcher qu’il fasse une erreur. Malgré sa peine et sa colère, Tornade était totalement opposée à ce que les X-Men deviennent une équipe de vengeurs furieux. Charles n’aurait pas voulu ça… Et tout ce qu’elle souhaitait, maintenant, c’était de faire honneur à la mémoire du Professeur, et de continuer son enseigner, préserver son héritage en protégeant les mutants et leur enseignant la paix… Plus que jamais, cela était difficile. Tornade avait toujours eu du mal à maîtriser ses émotions sauvages et sensibles à la nature, mais Charles avait été là pour lui montrer la voie. Et c’était maintenant à son tour… Elle doutait à chaque instant d’être à la hauteur d’un tel fardeau. Et pourtant, Tornade n’en montrait rien, bloc solide face au deuil, aux yeux de tous inébranlable. Elle ne s’était même pas laissé le temps de pleurer. Du temps, ils n’en avaient pas.
Elle était remontée dans sa chambre et s’était changée dans sa chemise de nuit avant de se replonger dans des papiers avec une tasse de café et le chant de la nature, qu’elle entendait constamment, comme musique de fond. Le ciel était couvert, mais calme. Il y avait eu peu de soleil, depuis la mort de Charles, même si elle faisait tout pour contenir ses émotions (après la terrible tempête dévastatrice qui était tombée sur New-York juste après l’assassinat, plus celle qui avait failli éclater lors de sa confrontation avec Pietro, elle n’avait pas laissé la moindre chance au temps de se déchaîner). Même s’il était tard, elle travaillait encore. Entre ses copies à corriger, ses cours à préparer et les responsabilités de directrice, elle n’avait plus une minute à elle. Ororo avait refusé de déménager dans l’ancien bureau du directeur, qui était resté intouché, sauf lorsqu’elle avait eu l’obligation d’aller récupérer certains documents sur place… Autant dire que cela avait été une terrible épreuve, d’y mettre les pieds, sans verser une larme…
…Elle sort la tête des papiers en entendant le toc toc à sa porte. Ororo laisse tout et enfile un fin peignoir sur le chemin de la porte, s’attendant à trouver un élève ou peut-être même Logan, venant pour des conseils ou une épaule sur laquelle se reposer. Elle était toujours prête à tendre l’oreille pour ceux qui en avaient besoin et c’était devenu une sorte d’habitude pour les élèves de consulter Ororo pour quelques problèmes que ce soit.
Elle ne s’attendait certainement pas à ce qu’un homme inconnu la salue avec un sourire et un ton bien trop doux… Tornade se crispe, se plaçant instinctivement dans une position quasi défensive. Ses yeux se plissent et elle fixe l’intrus d’un regard perçant et scrutateur.
Avec tout ce qu’il se passait en ce moment, et la vulnérabilité des jeunes mutants, elle avait toutes ses raisons d’être méfiante. Pourtant ce n’était pas Tornade, d’attaquer sans réfléchir, sans comprendre, mais elle se préparait à tout. Ce sourire… Une étrange vague de familiarité l’envahi alors qu’elle étudie le jeune homme aux yeux incroyablement bleus (elle connaissait ces yeux, bien sûr, il n’en existait pas quatre pareil, sauf que celui qui les possédait n’était plus de ce monde, si bien que les revoir n'avait aucun sens). Qui connaissait son prénom, le prononçait comme s’il était familier, comme si elle était censée le reconnaître. « Qui- » Elle s’interrompt, le souffle court, l’air sérieux, cachant difficilement son trouble. Pendant de longues minutes, ou quelques secondes peut-être -le temps semblait ralentir- alors que Tornade se mettait à douter de sa santé mentale, de son instinct. « Bonsoir. » Sa main posée sur le rebord de la porte tremble de manière incontrôlable. « Qui es-tu ? » Et jamais Tornade n’avait autant redouté une réponse. Et dehors, un grondement retentit alors que le ciel se rempli de lourd nuages d’orages, qu’il s’emballe tout comme le cœur et l’esprit d’Ororo.
Charles savait bien que son retour allait forcément faire des émules, il avait déjà eu l’occasion de le voir avec la réaction de Logan. Il savait bien que venir retrouver Ororo de cette manière était quelque peu risqué, mais en même temps ce n’était pas comme s’il y avait une façon simple d’annoncer les choses. Il était vivant et il revenait un peu comme un cheveu sur la soupe, après un long moment où tout le monde avait cru qu’il était mort. Alors qu’il aurait quand même pu revenir plus tôt, mais Charles avait eu besoin de s’éloigner un peu de tout cela, avant de revenir en force bien évidemment. Et en cet instant précis, il se demandait si la jeune femme allait parvenir à le reconnaître tout de suite, ou si elle allait avoir besoin de temps.
Visiblement, elle était troublée, ça Charles le voyait bien. Elle pensait un peu à la réalité, sans qu’elle ne puisse quand même réaliser qu’elle avait bel et bien raison et qu’il était bel et bien l’homme qu’elle avait le sentiment qu’il était. Charles tourna une seconde son regard vers le ciel qui était en train de s’assombrir, avant que le grondement se fasse entendre. Elle était perturbée, sans grand étonnement. Et Charles savait bien qu’il ne pouvait pas laisser la jeune femme sans réponse trop longtemps.
« L’homme que tu penses être impossible que je sois Ororo. » Répondit-il dans un fin sourire. Charles avait bien conscience qu’il était sans doute un peu trop énigmatique encore une fois, mais ce n’était pas contre elle. Il marqua une pause, mais ne tarda pas à rompre le silence pour reprendre. « C’est moi, Charles. »
Le jeune homme qu’il était maintenant devrait sans doute prendre la peine d’entrer rapidement dans les détails, expliquer à Tornade comment il avait fait pour ne pas être mort, alors qu’en soit, bah il était bel et bien mort à un moment. Même si dans leur monde, on pouvait clairement dire qu’ils pouvaient en voir de toutes les couleurs, le retour d’une personne morte n’arrivait quand même pas tous les quatre matins. Charles avait donc conscience que son interlocutrice allait sans doute avoir besoin de temps avant de parvenir à réellement accepter la situation. Alors, il allait y aller petit à petit, il allait déjà lui apprendre qu’il n’était pas mort, qu’il était bel et bien vivant et ensuite, viendrait sans aucun doute tout une flopée de question auquel la jeune femme allait avoir envie qu’il réponde.
« Tu ferais bien de te calmer, les élèves les plus jeunes risquent d’avoir peur de l’orage. » Ajouta-t-il, toujours sur un ton plein de douceur. Ce n’était pas rare que des élèves parmi les plus jeunes soient quelque peu angoissé par un orage, autant dire que s’ils pouvaient le leur épargner, ça serait quand même une bonne chose.
Tornade avait rencontré Charles dans des circonstances inhabituelles, une rencontre brève mais marquante. Elle s’en souviendrait toujours, du marché du Caire bouillonnant de vie, de son regard qui suivait les clients et touristes pour trouver la cible idéale à qui faire les poches. De l’américain âgé, qu’elle avait cru être une cible facile, seul et visiblement riche… De sa main glissée dans la poche de l’homme, pour être interrompue par une voix dans sa tête. Le premier mutant qu’elle ait rencontré, et le plus marquant. Ce n’était que la préface d’une histoire qui ne commencerait que des années plus tard.
…Une histoire coupée court par Magneto, l’assassin.
Et alors qu’elle arrivait à peine à se remettre, que comme les autres proches du Professeur, elle se débrouillait tout juste pour garder la tête haute et traîner les morceaux recollés, cet homme sortit de nulle part arrivait à sa porte, avec un douloureux air de familiarité et en clamant être « l’homme qu’elle pensait être impossible qu’il soit ». Et c’était bien le style de Charles, ce calme bienveillant, alors même qu’elle était en pleine tempête intérieure. C’était bien le genre de Charles, ses yeux brillant d’intelligence et ces phrases qui prouvaient qu’il lisait dans ses pensées. Charles, qui était mort. Elle avait tenu son cadavre, ou ce qu’il en restait, entre ses bras. Elle avait regardé son cercueil s’enfoncer dans la terre.
C’est trop, beaucoup trop d’émotions qui la frappent d’un coup. Et si Tornade et résiliente, si elle peut faire preuve d’un grand sang-froid lorsqu’il le faut, ce n’est pas un de ces moments. Elle continue de le dévisager, sans rien dire, sans bouger, sans oser cligner des yeux –de peur que ce soit une illusion- un long moment, la gorge nouée. Elle était incapable de parler, mais, s’il était bien qui il disait être… Si c’était bien Charles, alors il savait ce qui lui passait par la tête. La confusion, la peur, le soulagement, l’incompréhension, l’épuisement, le bord du gouffre. La joie… Le processus pour accepter une vérité désirée mais inexplicable était difficile. Il lui fallait du temps.
Les nouvelles paroles de l’homme la sortent de la presque transe dans laquelle elle était plongée. Tornade reprend pied le temps de puiser dans son pouvoir pour calmer le ciel. Elle enfonce ses ongles dans la paume de sa main pour se concentrer (et vérifier qu’elle ne rêvait pas non plus).
« Je t’en prie, entre… C- » elle s’interrompt et se décale pour le laisser rentrer. Tornade referme la porte, mieux valait pour le moment qu’ils soient seuls, éviter que des élèves l’aperçoivent et se posent des questions… Auxquelles elle ne pourrait pas répondre. Son boulot était de veiller sur les élèves et, les garder dans l’ombre était parfois nécessaire. Tornade doit s’asseoir sur le lit, avec le choc, les émotions. Sans lâcher Charles des yeux. Elle n’arrivait pas à se faire à l’idée qu’il soit la même personne.
« Tu étais mort. Tu étais mort, vraiment mort C- »« Charles. » Elle avait enfin réussi à le dire, et ça ne rendait pas les choses plus réalistes. Même s’ils étaient dans un monde empli de surprises, de « supers », de mutants, d’Avengers et même de dieux… Revenir d’entre les morts ? « Je n’ai pas juste vu ton cadavre. J’ai senti la vie quitter ton corps. J-j’ai senti… J’ai senti ta mort, comme si… Comme si tu étais dans ma tête. Tu es mort. L’était ? Tu es mort. Je t’ai senti mourir. J’ai senti le lien se briser. » Elle serre sa tête entre ses mains, larmes au bord des yeux qui enfin débordent, après des mois sans être capable d’en verser une seule. Elle n’avait pas pu prendre le temps de faire son deuil, ou de s’apitoyer sur son sort. Elle n’avait pas pu, elle n’avait pas le droit, pas avec ces responsabilités. Mais Charles était là, même s’il n’était pas vraiment le Charles qu’elle connaissait, et elle pouvait enfin se laisser aller.
Tornade parvint à se calmer, le ciel reprenant donc son calme. Charles préférait largement cela, il n’avait pas envie de provoquer la panique dans les dortoirs, parce que les plus jeunes élèves seraient réveillés à cause de l’orage. À choisir, le jeune homme qu’il était maintenant préférait largement qu’ils puissent discuter tranquillement tous les deux. D’ailleurs, il ne se retint pas de rentrer dans la chambre de Ororo quand elle l’invita à le faire, sans parvenir à prononcer son prénom. Charles voyait bien que son interlocutrice était vraiment bouleversée par sa présence et par ce qu’elle disait. La jeune femme s’installa sur son lit, Charles resta debout en observant Ororo. Il comprenait bien qu’elle avait besoin d’un peu de temps afin de digérer la situation et le fait qu’il n’était pas mort. En prime de ne pas être mort, Charles était dans un corps bien plus jeune que ce qu’il n’était.
Il était mort… en effet, il était bel et bien mort et ce n’était pas juste quelques illusions, Charles était bel et bien mort. Ororo parvint tout de même à prononcer son prénom, elle commençait à réaliser de plus en plus qu’il était bel et bien Charles. Elle expliqua un peu plus ce qu’elle avait ressenti quand il était mort, qu’elle l’avait senti mourir, qu’elle avait senti leur lien se briser.
« Oui… je sais bien Ororo. » Charles n’avait pas envie qu’elle souffre plus que ce qu’elle avait souffert, il aurait vraiment aimé lui épargner tout cela… ce n’était évidemment pas de gaité de cœur qu’il lui avait fait tout ça, il aurait bien aimé ne pas mourir non plus d’ailleurs. Quand bien même, se retrouver dans un corps bien plus jeune capable de marcher sur ses deux jambes, ce n’était vraiment pas désagréable. Bien au contraire. « Je suis mort Ororo… réellement mort. »
Charles n’avait pas envie que Ororo se pose plus de question, il voulait qu’elle comprenne bien ce qu’il s’était passé, qu’elle n’ait aucun doute. Il était bel et bien mort, ce n’était pas factice, ce n’était pas une illusion, on avait bien pris sa vie. Charles s’approcha du lit de la jeune femme, s’installant à ses côtés en posant une main sur son épaule.
« Au cas où qu’il m’arrive quelque chose… j’avais fait en sorte qu’il me soit possible de revenir. » Ajouta-t-il, pour terminer avec les dernières questions techniques qui pouvaient rester. Il avait fait en sorte de revenir, il était mort, mais il était revenu d’entre les morts. Son corps avait disparu, mais son esprit avait pu rester. « Tout ira bien… » Dit-il doucement, dans le but de consoler un peu son amie. Il comprenait que c’était difficile, ça faisait quand même beaucoup de chose à digérer, beaucoup de sentiment à gérer… mais ça allait aller, Charles en était sûr.
Ororo n'aurait voulu pour rien au monde effrayer les élèves avec son pouvoir. S'il était difficile pour elle d'imaginer avoir peur du tonnerre (même toute jeune, elle aimait les sons provoqués par les tempêtes, le rugissement du tonnerre comme un baume apaisant) elle savait que de nombreux enfants n'étaient pas rassurés. Elle est assez facilement capable de prendre le contrôle et rendre au ciel son calme nocturne. La part empathique de sa mutation n'était pas toujours aisée, mais elle restait après tout une mutante expérimentée et capable de prendre le dessus. Sinon elle n'aurait pas été autorisée à enseigner ici.
Après avoir laissé entré l'homme, le double bien plus jeune de Charles, elle se laisse aller sur le bord de son lit. Les portes fermées, il n'y a que lui et elle, le fantôme et la femme aux cheveux blancs, et le vent qui s'engouffre par la fenêtre entrouverte. Elle est encore trop bouleversée pour que la joie surpasse la confusion : la perte de Charles avait vraiment été traumatique pour elle, même si jusque là elle ne l'avait jamais avoué. Avancer, se relever, continuer... Que la mémoire de Charles perdure dans l'œuvre de toute sa vie, l'école et les jeunes mutants qui avaient besoin d'aide.
Entendre de sa bouche qu'il était bien mort, que ça n'avait pas été une illusion sadique, une transformation de son esprit... C'était un début. Elle n'était pas folle et n'avait pas imaginé tout ça. Elle le laisse s'approcher sans bouger, secouée, et sans plus aucune méfiance. Elle pensait pouvoir reconnaître Charles, qu'importe son apparence, et ce même si le lien psychique qui s'était involontairement créer entre eux lorsqu'elle était enfant avait disparu. Mais elle savait que ni elle, ni personne dans le bâtiment n'était en danger car c'était Charles Xavier, et rien même la mort ne pourrait changer la personne qu'il était au fond de lui. La main sur son épaule la rassure et l'aide à s'ancrer dans le présent.
Ororo essuie ses larme et tourne le visage vers lui, le regard, vraiment, comme si elle cherchait à percer son âme. « Pourquoi ne pas nous avoir prévenus ? N'as-tu pas confiance en nous ? »Nous, les X-men, sa famille, ses amis. Si Ororo avait su qu'il y avait une issue de secours, une seconde chance pour Charles... Tout aurait été beaucoup plus facile. Moins douloureux. Presque. « Ca ne m'aurait pas fait me sentir moins coupable mais au moins... Ca aurait été plus facile pour tout le monde. » D'une certaine façon, elle sent une graine de rancune qui pousse dans son cœur, parce que la confiance était capitale pour la mutante... Mais rien a côté du soulagement. Elle s'en était tellement voulue, tellement fustigée d'avoir tarder à retrouver Charles... Se disant que, peut-être il ne serait pas mort si elle avait été avec lui au moment de l'attentat. Jean et les autres lui avait dit que c'était idiot, qu'elle serait sans doute tombée aussi... Mais la logique n'avait pas sa place dans la peine.
Charles avait le sentiment que Ororo se calmait un peu, mais il comprenait parfaitement le trouble de la jeune femme. Il avait eu conscience du choc que ça allait être quand il allait revenir à ses côtés, quand il allait lui apprendre la vérité, il s’y était préparé et il était prêt à prendre la peine de la rassurer. Il avait conscience que ça allait sans doute prendre un peu de temps, mais ils avaient ce temps. Sans grande surprise, la jeune femme lui reprocha de ne rien lui avoir dit. Charles ne prit la peine de répondre tout de suite, affichant simplement un léger sourire. Il savait bien qu’elle avait le sentiment qu’il n’avait pas eu confiance en lui, que les choses auraient été beaucoup plus simple pour elle d’accepter le fait qu’il puisse potentiellement encore être là. Elle se sentirait moins coupable.
Le mutant n’avait aucun mal à lire dans Ororo toute la culpabilité qu’elle ressentait à son décès, le fait de ne pas être arrivée à temps, le fait de ne pas avoir été à ses côtés. Mais ils savaient l’un comme l’autre que si elle avait été là, elle serait morte également. Et contrairement à lui, elle n’aurait pas eu la possibilité de revenir, ça aurait été une trop grande perte. Mais forcément, la culpabilité ne se contrôlait pas facilement.
« Je ne pouvais pas en parler, je n’avais aucune certitude que ça marcherait réellement. » Il avait mis toutes les chances de son côté, mais il ne fallait pas négliger la variable chance également. Et si ça n’avait pas marché, et s’il était réellement mort ? « Que serait-il passé si tu avais attendu en vain que je revienne ? » La souffrance aurait été encore plus dure. Charles poussa un long soupire avant de reprendre, sans écarter la main qu’il avait posé sur l’épaule de la jeune femme. « La mort est une étape de la vie, indéniable. Elle arrive toujours, elle finit toujours par gagner un jour ou l’autre. » Charles avait réussi à la repousser une fois, mais ce serait surement la seule et unique fois. Un jour, il allait partir comme tout le monde. « Et la souffrance qu’elle entraine est également une étape à franchir, cela ne sert à rien de l’enfouir. Elle risque de nous détruire. »
Il savait bien que Ororo avait beaucoup souffert de son décès, et en soit il en était touché. Mais il savait aussi qu’elle n’avait pas eu envie de se laisser envahir par cette souffrance, qu’elle s’était raccrochée au fait de devoir être forte pour avancer encore et encore. Cependant parfois, on avait le droit d’être faible.
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Ven 16 Nov - 13:06
