Le commissariat de New-York était en pleine ébullition. Néanmoins Tornade suspectait qu'il s'agissait là d'un état naturel de l'endroit, d'autant plus avec la pression politique et médiatique qui accompagnait les derniers attentats. C'était la deuxième fois que la mutante y mettait les pieds. La première fois, c'était en tant que témoin après l'attentat de l'université de New-York, lorsque Charles était mort. Les pompiers l'avait trouvée parmi les blessés, refusant de lâcher le corps sans vie du professeur. Un souvenir qu'elle préférait oublier pour mieux se concentrer sur le présent. La douleur n'avait plus lieu d'être, puisque Charles était revenu parmi eux, pourtant Tornade ne pouvait effacer souvenirs et sentiments aussi facilement.
La mutante croise les jambes en essayant de se mettre un peu plus à l'aise sur l'inconfortable chaise de la salle d'interrogatoire ou on l'avait dirigée après une longue attente dans la salle d'attente. Elle était à nouveau témoin dans une affaire qui intéressait la police, et bien qu'elle se serait passé de ça, elle accomplirait son devoir. Ororo n'avait rien à craindre : son casier était entièrement vierge (heureusement, personne n'avait de traces de ce que la citoyenne américaine avait fait toutes ces années hors du pays), elle était en tout regard la parfaite citoyenne sans histoire. Malgré tout, elle n'aimait pas se retrouver là. Peut-être parce qu'au fond d'elle-même, elle savait qu'elle aurait eu sa place sur le banc des accusés. Qu'il n'aurait pas été injuste d'attacher ses poignets à une paire de menottes. Après tout, ses mains étaient couvertes du sang d'un homme...
Leur dernière mission ne s'était pas très bien passée. Ororo et Jean avaient approchées un jeune mutant télé-kinésiste dont les pouvoirs venaient tout juste de se révéler, et négociaient depuis plusieurs jours avec ses parents en leur vantant les mérites de l'école Charles Xavier, pour protéger leur enfant. Le jour de le ramener à l'institut par contre, elles n'étaient pas les première à avoir trouvé Rick ; une bande de jeunes plus âgés avaient pris le jeune mutant à part pour le rouer de coups. Avant qu'elles ne puissent intervenir, le mutant s'était défendu de la seule manière possible : avec ses pouvoirs, faisant des blessés parmi les autres adolescents et d'impressionnants dégâts matériels. Heureusement, Jean était là pour limité la casse et calmer les esprits... Mais le mal était fait. La police avait été appelée, et Tornade était restée pour témoigner (comme seule autre témoin à part les jeunes harceleurs) tandis que Jean emmenait Rick, leur nouveau protégé, à "l'hôpital". Pas question que le crime des jeunes humains restent impunis : à ce que Rick leur avaient racontées, ce genre d'attaque était récurrent, depuis plusieurs mois. Tornade ne cautionnait pas le harcèlement et avec l'accord de l'adolescent elle comptait bien faire en sorte que justice soit rendue. Justice, dans le sens légal du terme, même si cela aurait pu être beaucoup plus efficace de leur faire une belle frayeur avec ses pouvoirs.
La porte s'ouvre enfin après ce qui lui a semblé une éternité, et Ororo tourne le visage, jusqu'alors plongé dans la contemplation du mur gris et triste, vers l'arrivant. Elle était une femme patiente, mais très occupée, et elle espérait que l'interrogation ne soit pas trop longue, ni trop intrusive. Elle avait accepté de témoigner mais elle savait qu'il risquait d'y avoir quelques suspicions sur la nature de Rick et elle devait à tout pris protéger le secret de sa mutation.
L'humain qui entre dans la pièce se remarquait de par sa taille, montagne imposante en uniforme de policier, présence qui était certainement intimidante pour des humains lambdas, mais qui ne fait pas broncher Ororo. Elle remarque les quelques pansements qui dépassent de sous ses vêtements, il semblait avoir eu quelques blessures assez importantes il y avait peu de temps.
« Monsieur l'agent. » Le salue-t-elle avec politesse en se levant. « Merci de prendre le temps de me recevoir. » Autant rappeler tout de suite qu'elle était volontaire et pas convoquée de force pour un règlement de compte un peu louche.
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Tornade Ororo Munroe
Why storms are named after people ? They can't cure us because there is nothing wrong with us ! It is our birthright and, perhaps, our burden
Ce n’était pas parce que Marcus avait eu un grave accident – bon, d’accord, ce n’était pas un accident, mais l’homme préférait voir les choses de cette manière – qu’il devait arrêter de travailler, bien au contraire. On lui avait dit qu’il pouvait prendre plus de temps, on lui avait suggéré de prendre ses congés et on lui avait même donné l’ordre de se reposer. Ce qu’il avait fait, pendant un petit temps, mais dès le moment où il pouvait tenir debout sans trop de douleur, il était retourné au commissariat. Il tournait en rond chez lui de toute façon s’il ne travaillait pas. Et s’il commençait à tourner en rond, l’homme savait parfaitement qu’il allait juste trop cogiter. Cogiter sur Mindy qu’il craignait de voir faire une connerie, cogiter sur ce qu’on lui avait fait, sur qui lui avait fait ça. Bref, il valait mieux qu’il cogite au travail pour de bonne raison, alors il travaillait.
Et il avait du pain sur la planche. En ce moment, le contexte n’aidait pas réellement le commissariat à être calme. Avec tout ce qui se passait concernant les mutants, avec l’épidémie qu’il y avait, plus toutes les agressions. Combien de fois on ne voyait pas des jeunes mutants se faire tabasser dans la rue parce quelqu’un avait vu des marques bleues sur son corps ? Tout le temps, depuis la mort du président, Marcus avait vraiment le sentiment que la ville était sous tension. Et ce jour-là, ils avaient une nouvelle affaire d’agression. La situation était clairement trouble, il y avait un groupe de jeune gens, une femme qui était témoin de la scène et… ils ne savaient pas beaucoup plus de chose. On lui confia l’enquête, ce qui ne dérangeait pas spécialement Marcus. Il prit la peine de regarder le dossier, avant de se rendre dans la salle d’interrogatoire où se trouvait, volontaire, la femme qui était témoin de la scène.
Quand il endroit dans la salle où elle l’attendait, la jeune femme se leva pour le saluer. Marcus lui adressa un fin sourire, alors qu’elle le remerciait de le recevoir. C’était la moindre des choses tout de même, surtout qu’ils avaient besoin de plus d’informations. On ne pouvait pas dire qu’ils pouvaient vraiment comprendre ce qui s’était passé.
« Ororo Munroe c’est bien ça ? » Demanda-t-il pour bien confirmer le fait qu’il ne se trompait pas de personne, ça serait quand même problématique qu’il pense s’adresser à une femme alors que ce n’était pas elle. « Merci d’avoir attendu. » Affirma-t-il, dans un sourire, parce qu’il appréciait quand même sa patiente. « Bon, qu’est-ce que vous pouvez me dire sur… tout ça ? »
La question de Marcus était un peu large, mais en même temps on ne pouvait pas dire que les policiers savaient exactement où ils étaient en train d’aller dans cette histoire. Et la femme sous les yeux de l’inspecteur en savait bien plus qu’eux, encore plus que ce qu’il n’imaginait d’ailleurs.
La mutante se rassoit et croise ses jambes, acquiesçant à la question de l’agent de police.
« C’est bien moi. » répond-elle. Elle n’allait pas compléter la présentation par « alias Tornade » au risque de soulever sourcils et questions malvenues. Même si parfois, elle se sentait plus Tornade qu’Ororo, tant elle avait embrassé complètement sa nature de mutante et son statut au sein des X-Men. Protéger coûte que coûte, les mutants et les innocents, même s’ils étaient humains… Ce n’était pas toujours facile. Malgré son contrôle de soi, malgré la tolérance dont elle tentait de faire preuve, pour suivre le Professeur, elle gardait une profonde colère et rancœur. Les humains avaient tant fait souffrir, par leur intolérance, leur peur, leur étroitesse d’esprit. Et même si elle savait que certain mutants –la Confrérie, qui suivait Magnéto- avaient la même mentalité… Il n’était pas toujours facile de faire la part des choses. Surtout quand les mutants étaient faussement accusés, ou quand le pays entier grondait et tremblait de colère et de violence injustifiée. Traumatisant des jeunes comme Rick.
« Je suis professeur dans une école, et j’étais venu pour accompagner Rick Stevens, l’habitant de la maison à côté de laquelle ont eu lieu les… dégâts. Mais lorsque je suis arrivée, un groupe de jeune étaient en train d’attaquer Rick, de le rouer de coups. Ils avaient tout détruits pendant leur combat, les dégâts étaient… incroyables. Quand je suis arrivée cela leur a fait peur. » Elle explique avec « sincérité ». Plus ou moins. « Ces gamins mériteraient des passer quelques nuits derrière les barreaux, de mon humble avis. Le pauvre garçon s’est défendu comme il pouvait, il était terrifié. Tout ça à cause du climat… Vous savez, avec les mutants. Les agresseurs ont cru que Rick était un mutant, je crois. Simplement parce qu’il est du genre à rester dans son coin. Et dès que quelqu’un est un peu, différent disons, cela élève la suspicion. Pas bien différent de la Peur rouge, une véritable chasse aux sorcières, qui fait des victimes innocentes. » En effet il y avait eu la chasse au communisme aux Etats-Unis, avec de fausses accusations, à cause de la nature humaine, de la paranoïa. Comme il y avait eu la chasse aux sorcières de Salem, ou encore plus récemment la chasse aux collaborateurs en Europe occupée après la guerre… L’histoire se répétait inlassablement, avec les mutants comme dernières victimes.
Ororo pause son menton sur ses mains croisées, secouant la tête et poussant un petit soupir. Elle brodait un peu autour de la vérité, pour protéger le mutant. Même si les dégâts étaient assez impressionnants, cela pouvait être expliqué par un combat particulièrement violent. Ce qui, techniquement, paraîtrait plus vraisemblable que de la télékinésie. Elle espérait que l’inspecteur ne soit pas du genre trop futé et curieux… D’expérience le moins de détail il y avait, le plus vraisemblable sa version semblerait.
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Tornade Ororo Munroe
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La femme prit la parole, confirmant d’abord qui elle était, avant revenir sur l’affaire qui faisait qu’elle se trouvait ici et maintenant. Elle expliqua être un professeur dans une école – ce qui en soit n’était pas une information si importante que cela, du moins pour le moment Marcus pensait ainsi –, et qu’elle était donc venu dans le but d’accompagner le fameux Rick Stevens. Qui avait donc été agressé par le groupe de personne était en train de s’en prendre à lui, qu’ils avaient tout détruit autour.
La jeune femme ne manqua pas de lui donner beaucoup d’information, précisant même que les jeunes gens devraient passer quelques nuits en prison (et ça évidemment, ce n’était pas réellement à elle d’en juger), et elle ne manqua pas de revenir sur le climat quelque peu tendu qu’il y avait actuellement. Marcus savait parfaitement de quoi elle parlait, depuis que la maladie s’était propagée parmi eux, il y avait comme une chasse aux sorcières vis-à-vis des mutants. Malheureusement, les mutants donnaient le sentiment d’être responsables de beaucoup de maux du monde, et donc sans grande surprise maintenant qu’il était « facile » de savoir qui était des mutants. Évidemment, Marcus ne pouvait pas se ranger de ce côté-là, il ne supportait pas que les mutants soient pris pour cibles. Les agresseurs avaient donc cru que Rick Stevens était un mutant (à tort selon les termes de la femme sous ses yeux, même si pour le coup Marcus ne pouvait pas s’empêcher de douter un peu).
« Ils ont tout détruit pendant leurs combats ? » Demanda-t-il, revenant donc sur un point précis du récit de la jeune femme. « Vous êtes certaines de ça ? » Il prit la peine d’ouvrir le dossier qui se trouvait sur la table, afin de sortir des photos de la scène. Les photos que les inspecteurs avaient pris après coup, mais ça montrait quand même qu’il y avait eu énormément de dégâts. « Les dégâts sont quand même impressionnants pour les résultats d’une simple agression. » Il ne voulait pas forcément mettre en porte-à-faux la femme sous ses yeux, mais en même temps le jeune homme devait quand même mettre un peu à plat toute cette histoire. « Ils ont simplement cru que Stevens était un mutant parce qu’il était du genre renfermé ? »
Marcus avait quand même un peu de mal à croire à cette explication. Le jeune homme ne pouvait pas s’empêcher de se dire que s’ils avaient cru que c’était un mutant, c’était qu’il y avait de bonne raison pour cela, que ça ne venait pas de nulle part. Et Marcus avait besoin de le savoir, parce que ça pouvait expliquer beaucoup de chose.
De par son passif en Egypte, Ororo avait beaucoup de mal avec la police. Ce n'était pas contre eux, elle savait que la justice était rendue très différemment aux Etats-Unis, mais elle avait gardé des séquelles... Disons que ses souvenirs, ce qu'elle avait vu, entendu là-bas... Cela l'avait marqué, et elle ne pouvait pas s'empêcher de ressentir une certaine méfiance. Elle préférait rester loin d'eux le plus possible. En tant normal, c'était Jean qui aurait pris la place d'Ororo, tandis qu'elle accompagnait et calmait le jeune. Mais vu l'état dans lequel ils lavaient trouvé, les pouvoirs de Jean étaient nécessaires pour le rassurer.
Le policier qui l'interrogeait n'avait pas l'air particulièrement agressif, après tout il n'avait pas de raison, mais la jeune femme faisait attention... Le monde devenait fou, après tout.
« C'est du moins ce que je pense. » Le regard de Tornade se tourne vers les photos, et elle grimace intérieurement. Il avait vraiment fait de sacrés dégâts, et encore elles avaient eu le temps d'en arranger certains avant l'arrivée de la police. Mais pas assez. Elle savait qu'elle aurait du mal à faire passer cette version. « Les jeunes étaient armés de barres de fer et autres... Je ne suis pas une professionnelle comme vous, mais j'imagine que ça doit faire pas mal de dégâts ? » Autant sortir la carte de l'ignorance partielle...
Tornade croise les jambes et tente de se mettre un peu plus confortable, cette chaise était un outil de torture. Mais après tout c'était sûrement le but, vu qu'il s'agissait d'une salle d'interrogatoire.
« Stevens possède un QI supérieur à la moyenne, c'est pour cela qu'il entre dans notre école. Je ne sais pas si vous le savez, mais les surdoués ont tendance à avoir des comportements atypiques, à être très à part de leurs pairs. Malheureusement, les victimes de harcèlement et d'ostracisassions ont ce genre de profil... même sans QI supérieur, il suffit d'être un peu différent pour être rejeté. » Bien qu'Ororo brode un peu autour de la vérité pour éloigner toute suspicion... Elle était sincère et croyait vraiment en ce qu'elle disait. Il suffisait parfois d'un rien pour que quelqu'un devienne victime de harcèlement. Aucune raison particulière, juste des idiots qui pensaient trouver une proie facile... Dans le cas de Stevens il était réellement un mutant mais il fallait à tout prix empêcher qu'il soit fiché comme tel.
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Tornade Ororo Munroe
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Marcus était un policier et par conséquence, il avait souvent tendance à se montrer suspicieux. Il ne pouvait pas affirmer que la jeune femme sous ses yeux lui mentait réellement, mais tout n’était pas clair dans son récit, alors il ne pouvait pas s’empêcher d’avoir envie de démêler la vérité. Si ce Stevens avait bien été victime de harcèlement, Marcus n’avait pas l’intention d’en rajouter une couche. Cela dit, il avait besoin de comprendre comment les choses s’étaient passées, parce que les dégâts physiques et matériels étaient quand même importants.
Et les explications de Ororo Munroe lui semblaient quelque peu tiré par les cheveux quand même – même s’il n’avait aucun cheveu à tirer de son côté, quand elle affirma que les jeunes étaient armés de barre de fer et que ça pouvait faire des dégâts. Elle jouait la carte de l’innocence ? Non, c’était évident que cette jeune femme en savait beaucoup plus que ce qu’elle ne voulait dire. Elle revint sur Stevens, précisant qu’il possédait un QI supérieur, raison pour laquelle il allait intégrer l’école où elle travaillait. Elle se pencha un peu plus sur le comportement atypique du jeune homme, raison de son harcèlement. Marcus ne mettait pas en doute le fait que ce dernier pouvait vraiment être victime de harcèlement, ce ne serait pas le premier, ni le dernier malheureusement, mais quand même ça ne lui suffisait pas comme explication.
« Bien admettons que Stevens est bien victime de harcèlement. » Il disait ça surtout pour confirmer qu’il croyait à cette hypothèse, mais que ça ne lui suffisait pas. Cela dit, des jeunes harcelés, il en avait vu beaucoup et bien sûr, il avait cœur à les défendre aussi. Il n’était pas le genre d’adulte à dire que ce n’était que des jeux d’enfants. « Ces jeunes s’en prennent à lui, jusque là je suis. Qu’ils aient pensé qu’il soit mutant ou autre chose. » Il ne savait vraiment pas si l’argument de mutant était important en soit, mais il était justement tiqué par le fait que cette femme en parle. Mais il reviendrait dessus plus tard. « Nous avons constaté des blessures sur Stevens, donc il a bien été attaqué. Mais… les barres de fer capable de faire autant de dégâts matériels, je n’y crois pas du tout. Et j’ai un peu de mal à croire que votre élève atypique avec un comportement à part soit capable de faire tout ça à ses agresseurs sans armes… » Il attrapa un dossier. « On a un jeune avec les deux jambes cassées, un autre qui plusieurs côtés de brisées ainsi que de nombreuses ecchymoses et… un autre avec un nez en mille morceaux et un beau traumatisme crânien. » Marcus marqua une pause, ne détournant pas son regard de son interlocutrice. « Rick Stevens fait-il un sport de combat par hasard ? »
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Mar 13 Nov - 18:44
Ororo Munroe
