Marcus venait de passer une nuit entière au commissariat. Pas parce qu’il était du service de nuit, comme certain de ses collègues, mais parce qu’il avait été incapable de partir du commissariat plus tôt. Il avait planché toute la nuit sur le dossier urgent qu’il traitait en ce moment, sur cette affaire qui avait le don de lui retourner les méninges. On lui disait souvent qu’il devait freiner un peu, qu’il devait se ménager, mais ce n’était vraiment pas facile pour lui de le faire. Il était bien trop concentré sur son travail, il n’arrivait pas à lâcher l’affaire. Comme c’était le cas maintenant donc, alors qu’il avait travaillé toute la nuit. Marcus souriait presque en imaginant les propos de Mindy qui lui demandait d’avoir un peu une vie en dehors de sont travail et d’elle. Enfin pour l’heure, Marcus avait l’intention d’aller se reposer. En même temps, il n’avait pas le choix, il ne tenait presque plus debout. Bon... en réalité, il aurait pu enchaîné sur une nouvelle journée si on lui avait laissé le choix. Mais quand son commissaire était arrivé à son bureau le matin même, qu’il l’avait vu, qu’il lui avait demandé à quel moment il était rentré chez lui, découvrant donc qu’il ne l’avait pas fait, il l’avait jeté dehors avec pour ordre : se reposer. Il devait se reposer toute la journée, toute la nuit suivante et ne revenir que dans vingt quatre heures. Autant dire que c’était une éternité pour le policier. Mais bon, il n’avait pas le choix, donc il n’avait pas le choix...
Il marchait du coup dans une rue de New-York, dans le but de rentrer chez lui. Évidemment, à cette heure ci, il y avait beaucoup de monde dans la rue. Mais il ne s’attendait pas du tout à ce qui était sur le point de se produire. L’homme marchait tranquillement, quand soudain il sentit quelqu’un le percuter et pire encore... il sentait la chaleur du café (mélangé à un tas de truc sucré visiblement...) se répandre sur lui. Marcus serra des dents, en posant son regard sur l’inconnue qui l’avait percuté. Heureusement qu’il était sur le point de rentrer chez lui sérieusement. Mais quand il observa la jeune femme, quand il l’entendit parler, il ne mit pas longtemps avant de la reconnaître.
« Amy Burton ? » Demanda-t-il sans cacher la surprise qui ressentait en cet instant précis parce qu’il découvrait une jeune femme qu’il avait envoyé en prison une année avant, marchait tranquillement dans la rue. Enfin, tranquillement, cela dépendait du point de vue. Parce que de son côté, il ne la trouvait pas réellement tranquille. « Tu n’es pas censé être en prison toi ? »
D’accord, il ne devrait peut-être pas lui parler comme ça mais... normalement elle avait quand même été condamné pour un certain ombre d’année en prison. Il s’en souvenait parfaitement, parce qu’il avait témoigné à son procès et qu’il avait bel et bien entendu la sentence de 15 ans de prison. Qu’est-ce qu’elle foutait là bordel ?
Quand elle reprit la parole en affirmant qu’elle était la sœur jumelle de Amy, jumelle dont elle ne connaissait pas l’existence avant maintenant… évidemment que Marcus ne pouvait pas la croire. Qui irait la croire de toute façon ? Qui pourrait affirmer qu’elle était la sœur jumelle d’une inconnue ? Surtout une inconnue avec un look aussi particulier, qui se retrouvait être également celui de sa jumelle. Bref, non il n’y croyait pas une seule seconde. Heureusement, il n’eut pas besoin de reprendre la parole pour qu’elle s’explique un peu. Un peu… beaucoup. Bordel, si jamais Marcus avait eu le moindre doute sur le fait qu’elle puisse être ou non Amy Burton, il n’en aurait pas eu en cet instant précis. Parce qu’elle se mis à parler, encore et encore et encore… et encore (un dernier pour la route). Elle parlait à une vitesse folle, racontant un tas de truc. Affirmant qu’elle pouvait pirater les banques – ce qu’il savait parce que c’était une des raisons qui avait fait que la police l’avait arrêté – et que si jamais elle s’était évadée, elle ne se retrouverait pas dans cet endroit, qu’elle serait ailleurs, bien caché. En soit son flot de parole, bien que légèrement bordélique et par moment bien compliqué à suivre, avait du sens. Marcus ne pouvait pas nier qu’il donnait raison à la jeune femme. Si elle s’était évadée de prison, elle ne se retrouverait peut-être pas dans les rues de New-York, aussi à l’aise. En tout cas, pas comme ça. Ou alors, parce qu’elle aimait jouer avec le feu. Dans tous les cas, la réponse de Amy ne l’aidait pas réellement à comprendre ce qu’elle fichait là et pour quelle raison elle ne se trouvait pas en prison comme convenu.
Et quand elle commença à parler des menottes, ce fut un peu le pompon quand même. Marcus posa ses doigts sur le sommet de son net, il commençait déjà à avoir mal au crâne. Bon, le fait qu’il sorte d’une nuit de travail ne devait pas du tout l’aider à se sentir au meilleur de sa forme en cet instant précis, c’était sûr et certain. Mais quand même. Marcus se rappelait que Amy parlait énormément, mais il avait quand même oublié à quel point c’était le cas. Maintenant, il s’en rappelait.
« D’accord, d’accord, admettons tu ne t’es pas enfuit de prison. » Il voulait bien l’imaginer un instant, histoire de. « Cela ne me dit pas comment ça se fait que tu n’y sois pas justement en prison. J’étais là quand le verdict est tombé. Tu en a pris pour quinze ans. »
Et à ce qu’il savait, cela ne faisait pas quinze ans qu’elle croupissait en prison. Ou alors le temps était passé très rapidement et cela n‘était vraiment pas bon pour le jeune homme. Sauf que ce n’était pas le cas. En soit, elle avait peut-être pu avoir une sortie anticipé pour bonne conduite (concrètement, c’était pas la pire des criminelles non plus, il fallait l’avouer), mais cela était quand bien trop rapide.
Marcus avait quand même un peu de mal à comprendre comment cela se faisait que Amy soit devant elle, dans cette rue (et qu’au passage, elle avait renversé son café sur elle). Bon, il voulait bien considérer qu’elle ait trouvé un moyen, légal, de sortir de prison. Sauf qu’il ne comprenait pas pour autant. La jeune femme affirma qu’on était venu la chercher avant qu’elle n’ait le temps d’hacker la sécurité de la prison. C’était une bonne chose en soit, parce que le policier n’avait pas spécialement envie d’entendre qu’elle avait pu s’évader de la prison, quand bien même il savait qu’elle était quand même sacrément douée. Chose qui n’avait pas forcément du bon, au vu de la manière dont Amy avait fini par utiliser ses talents. La jeune femme chercha en tout cas à lui faire comprendre ce qui s’était passé et pour cela, elle avait apparemment besoin de quelque chose dans son sac. Marcus la regarda faire, attrapant dans sa main les objets qu’elle lui tendit petit à petit… quelque peu déboussolé par tout cela. Des bonbons, un porte clef, un tournevis en jouet, une boite de CD vide, cela semblait quand même être un peu le chaos dans le sac de Amy. À se demander comment elle parvenait à être à ce point organisée quand elle se retrouvait à pirater des choses sur internet.
Bref, au bout d’un moment, la jeune femme sorti une carte de son sac. Le genre de carte qu’un agent sortait, le genre de carte que Marcus possédait donc en tant que policier. Mais ce n’était pas la NYPD qui se trouvait sur sa carte, c’était le SHIELD. Ces derniers étaient venus chercher la jeune femme en prison, pour en faire un agent et elle travaillait donc pour eux. Le jeune homme ne savait pas vraiment s’il appréciait d’entendre tout cela ou non. Bon, Amy n’était une criminel horrible non plus, elle avait fait un crime et donc elle était puni pour ça, mais en même temps ce n’était pas un meurtre non plus.
« Eh bien, je ne m’attendais pas à ça. » Dit-il en observant la carte que Amy continuait de lui montrer à l’envers. Il la croyait, il n’était pas quand même au stade de l’imaginer avoir réussi à se procurer une fausse carte. Et en un sens, ça semblait quand même assez logique. Amy était douée et si elle pouvait mettre ses compétences pour la bonne cause, c’était quand même mieux. « Bon, je reconnais, tu t’en sors bien. » Dit-il en tendant à la jeune femme les objets qui se trouvaient toujours dans ses mains afin qu’elle puisse les remettre dans son sac. « Ça doit te faire du bien de ne plus être en prison. »
Il continuait de croire que la jeune femme devrait normalement payer les conséquences de ses actes, mais si elle mettait ses talents au service de la bonne cause, c’était quand même mieux. Il se trouvait quand même compréhensif pour le coup.
Au moins, Marcus ne pouvait pas nier qu’il parvenait sans mal à reconnaître la jeune Amy. Elle n’avait pas changé, son passage en prison ne lui avait pas enlevé son envie de parler encore et encore. Marcus ne se souvenait pas d’avoir déjà eu à faire avec quelqu’un qui parlait autant que la jeune femme et ça lui revenait en souvenir, alors qu’elle lui parlait du fait qu’elle ne s’attendait pas non plus à se retrouver dans une telle position. Elle lui parla de Fury, d’une femme à qui elle avait cassé le nez ou il ne savait quoi. Ce n’était pas que son discours n’était pas intéressant, mais le policier avait quand même un peu de mal à suivre tout ce qu’elle disait. Après tout, il sortait quand même d’une nuit entière de boulot et il avait grand besoin de sommeil. D’ailleurs, il serait sans doute déjà chez lui s’il n’avait pas rencontré Amy aussi… chaudement. En tout cas, il comprit que la jeune femme était aussi étonnée que lui de se retrouver au SHIELD et qu’elle ne s’y était pas du tout attendu. En même temps, qui pouvait vraiment s’y attendre, surtout en de telles circonstances.
Et ça tombait bien en soit. Marcus était du genre à penser que les personnes qui avaient enfreint la loi devaient forcément aller en prison – et ne pas mourir par exemple, parce qu’une justicière masquée leur planterait une balle entre les deux yeux – mais en même temps, l’homme ne pouvait pas nier que les personnes en prison n’étaient pas toutes les mêmes. Amy était bien différente d’une meurtrière et ce n’était pas spécialement étonnant qu’elle ait passé des mauvais moments dans la prison.
« Je… je peux comprendre que ça ait été dur pour toi. » Dit-il alors, tout de même un peu sur la réserve. « Mais en même temps, si tu as été en prison, ce n’est pas pour rien. »
Marcus allait sans doute passer encore une fois pour un policier moralisateur, mais en même temps il se contentait simplement de dire ce qu’il pensait. Après tout, si Amy avait été arrêté ce n’était pas pour rien. Marcus n’arrêtait personne pour rien. Donc, elle avait mérité quand même d’aller en prison… même s’il avait sincèrement de la peine pour elle. Comme souvent, Marcus se retrouvait quand même un peu pris entre ce qu’il pensait personnellement et ce que sa profession devait lui faire penser. C’était Mindy qui avait commencé à lui faire voir le monde un peu autrement qu’à travers les yeux d’un policier.
Marcus se retint de dire quoi que ce soit quand Amy affirma qu’elle n’avait tué personne, avant de se lancer dans un monologue pour faire comprendre au policier qu’elle était un robin des bois des temps moderne et qu’elle avait simplement volé de l’argent à des personnes particulièrement riches et qu’elle avait donné cet argent à ceux qui avaient besoin. Marcus n’avait vraiment pas besoin qu’elle lui fasse un top, il connaissait quand même bien la situation, il avait été là dans presque toutes les étapes de son arrestation et de son enfermement. Et ce n’était pas parce qu’elle lui disait ça qu’il allait revoir son jugement. Amy avait été arrêté, condamné et elle avait simplement mérité ces quelques temps en prison. Bon, Marcus faisait peut-être preuve d’une certaine mauvaise foi en réalité, mais ça n’enlevait pas que c’était ça qu’il pensait de la situation. Comme il considérait que Mindy devrait faire de la prison en soit… mais qu’il ne l’arrêtait pas. Là était sa mauvaise foi.
Il y avait pire dans ce monde, bien évidemment, Marcus n’avait pas besoin de la jeune femme pour le savoir. Comme il savait aussi qu’elle n’était pas une si mauvaise personne. Il n’avait jamais dis le contraire, l’inspecteur avait quand même conscience que toutes les personnes en prison ne méritaient pas autant de s’y trouver, qu’il y avait des crimes et des délits. Évidemment, il ne mettait pas Amy dans le même panier qu’un assassin, qu’un violeur, ou n’importe quoi d’autre. Mais ça n’enlevait pas le fait qu’elle avait quand même été condamné. Même si, forcément, la prison n’était pas une partie de plaisir.
« Je sais bien que tu n’es pas quelqu’un de mauvais. » Marcus n’avait pas envie que Amy s’imagine qu’il était insensible. Évidemment, qu’il avait conscience qu’elle n’était pas si mauvaise que cela, même si dans tous les cas il n’allait pas ignorer le fait qu’elle avait quand même mérité sa condamnation, qu’elle n’avait pas été arrêtée pour rien. Il y avait simplement deux poids, deux mesures. Amy avait fait son temps en prison, elle travaillait pour le SHIELD maintenant, elle s’en sortait bien par conséquence. « Et tu veux mon avis… » Marcus n’en revenait pas de ce qu’il s’apprêtait à dire. « Tous les super-héros n’ont pas forcément du sang sur les mains. »
L’inspecteur n’en revenait pas de se ce qu’il venait de dire, mais en même temps c’était quelque chose qu’il ne pouvait pas non plus nier complètement. Bon, il connaissait des super-héros (Mindy par exemple) qui avaient plus d’un litre de sang sur les mains, mais c’était aussi particulier. Même si Marcus aimerait bien, le monde n’était pas tout blanc ou tout noir en fait. Il y avait énormément de nuance et le policier n’avait pas eu d’autres choix que de l’accepter. Même si encore une fois, par conséquence, il faisait quand même preuve d’une certaine mauvaise foi.