Grimaçant, je tire une nouvelle fois sur mon gant gauche, à l’abri des regards. Tout le monde est parti dans des directions différentes, certains commencer leurs rapports de mission pour s’en débarrasser le plus vite possible, d’autres pour prendre un café bien mérité, voir une bière ou quinze, d’autres encore on été appelés par le directeur. Personnellement, j’aurais rejoins les autres à la cafétéria, mais j’ai un problème un peu plus pressant et je ne tiens absolument pas à ce que Mack ou pire encore AC me disent « je te l’avais bien dis ».
C’est juste bien ma veine que Jemma soit partie pour une semaine entière en mission à l’autre bout du continent dans un laboratoire archi spécialisé dont elle m’a rabâché les oreilles durant des jours entiers avant son départ. Comme si je ne savais pas déjà tout ce qu’il y a à savoir sur ce labo, j’ai hacké leurs systèmes pour être sûre qu’ils ne cachent rien de suspect et que Jemma ne se retrouve pas dans un trou piégé pendant une semaine.
La seule personne qui peut donc jeter un coup d’œil à mes gants se trouve fort heureusement dans l’un des laboratoires de la base, je sais, j’ai vérifié les va-et-vient des badges. J’ai ma petite idée sur ce qui ne va pas avec mes gants, mais sans tests et sans les ouvrir, je ne pourrais en être sûre. Et puis c’est toujours Fitzsimmons qui s’occupent de mon équipement vu que c’est leur spécialité.
La douleur devient trop forte lorsque je tire de nouveau et je laisse échapper un petit cri alors que je retiens de mon mieux la vibration qui émane de mon corps. Heureusement, tout ce que ça fait cette fois-ci, c’est secouer légèrement la tasse posée sur mon bureau, je ne pense pas que les autres agents ont sentis cette secousse. C’était galère au début d’ailleurs. À bord du Zéphyr, il n’y a pas de problème, les murs de l’avion sont faits de telle sorte que mes vibrations soient absorbées, même si je n’ai jamais poussé mes pouvoirs à fond et que je ne doute pas être capable de crasher l’avion si cela arrive un jour. Mais dans la base, il n’y a pas ce genre d’endroits. Peu de gens à SHIELD pour l’instant savent que je suis une Inhumaine, niveau 7 de sécurité minimum. Seuls mon équipe et certains officiers supérieurs le savent, mais chaque nouvelle mission sur le terrain montre mes pouvoirs un peu plus aux yeux du monde et le SHIELD devra un jour répondre aux questions des médias.
Mettant ces préoccupations médiatiques dans un coin de ma tête, je quitte ma chambre avant que la douleur ne devienne trop difficile à supporter. Je ne mets que quelques minutes à atteindre le laboratoire de Shuri, c’est ça l’avantage de connaître la base par cœur et tous ses petits raccourcis à force de chercher des cachettes tranquilles pour hacker en silence et ne pas sentir les vibrations du monde. C’est sans doute le pire des effets secondaires de ma nouvelle nature, le fait de sentir en permanence le monde vibrer, surtout quand il y a beaucoup de monde.
Je frappe trois coups légers sur la porte du laboratoire avant d’entrer, tenant mon avant-bras soigneusement. « Désolée de débarquer comme ça, mais j'ai vraiment besoin de ton aide » j’annonce à Shuri avant qu’elle ne puisse dire quoi que ce soit.
e temps passait à une vitesse folle... et c'était tant mieux. Chaque jour qui passait la rapprochait un peu plus de celui où elle pourrait retourner au Wakanda, ne serait-ce que pour quelques jours, ou de celui où elle aurait au moins l'occasion de revoir T'Challa pour peu que ce dernier se trouve en Amérique à cette période... Et en attendant, elle ne s'ennuyait pas, elle n'avait pas le temps de s'ennuyer. Sa vie, elle la passait à présent dans ce laboratoire, et elle était loin de s'en plaindre. Certes, elle songeait de temps en temps à sortir et à visiter, mais entre les missions que le SHIELD lui confiaient et celles qu'elle se faisait un plaisir de se confier à elle-même, car elle n'était jamais totalement satisfaite de ses "oeuvres" (même si toujours très fière), convaincue qu'il y avait toujours un moyen, d'une façon ou d'une autre, de les améliorer, elle passait finalement le plus clair de son temps ici. Ce qui n'était pas plus mal, les quatre murs de son appartement de service, certes confortable mais assez impersonnel, avaient le don de la déprimer.
Bref, le temps passait, et cela faisait quelques mois à présent qu'elle travaillait pour le SHIELD. Elle avait progressivement pris ses marques, et même si elle avait pour habitude de travailler en solitaire (pas parce qu'elle n'était pas capable de déléguer ou parce qu'elle était totalement asociale, ceci dit, juste parce que quand elle avait une idée en tête, elle fonçait et exécutait dans prendre le temps de partager ses projets, d'une façon ou d'une autre), elle avait découvert et sympathisé avec pas mal de ses "collègues", qui travaillaient avec elle de près ou de loin. Pour ce qui était de Daisy, Shuri navait pas encore vraiment eu l'occasion de trop la connaître, notamment parce qu'eles n'avaient pas réellement eu l'occasion de collaborer (la jeune femme s'occupait presque exclusivement des Avengers, de fait elle fréquentait beaucoup moins certains autres agents du SHIELD), mais elle savait au moins qui elle était, et elles avaient déjà discuté quelques fois, ce qui était déjà beaucoup.
Dans tous les cas, alors qu'elle pénétrait son laboratoire, réclamant son aide, Shuri ne pouvait que lui prêter toute l'attention et tout l'intérêt dont elle pouvait bien avoir besoin de son côté.
-Qu'est-ce qui t'arrive ? demanda-t-elle, à la fois un peu curieuse et quelque part assez inquiète.
Je n’attends que les premières paroles de Shuri pour m’avancer dans son laboratoire, mettant ma timidité de côté (comme s’il m’en restait encore après toutes ces années…). D’un long regard j’observe l’ensemble de la pièce, repérant du matériel scientifique, potentiellement médical. En quelques pas pressés, j’atteins la première chaise qui se présente, quitte à bouger par la suite si elle souhaite que je m’asseye sur un meuble plus élevé et dédié à une auscultation. « J’ai eu un soucis en mission. C’est un soucis récurrent que je connais très bien, mais c’est la première fois que c’est aussi violent que ça. »
Avant même de poursuivre, je sors mon téléphone de ma poche, hackant mon fichier médical et autorisant Shuri à y accéder. « Voilà, maintenant tu as accès à mon dossier médical et tu pourras connaître tous mes secrets. » J’essaie de sourire face à ma petite pique, mais la douleur qui vient lancer tout d’un coup me fait grimacer à la place. « Jemma Simmons s’occupe de moi d’habitude, mais, comme tu le sais sans doute, elle n’est pas là en ce moment, le pire moment qui pouvait arriver. » Je grimace en essayant de desserrer le poing, mais mes dents grincent de douleur à la place et je suis contrainte de me mordre l’intérieur de la joue pour ne pas faire exploser toutes les vitres de la pièce en les faisant vibrer sous la douleur.
Tout est accentué, tout est présent et vibre en permanence. Les machines, les gens, les équipements, tout n’est qu’un flot constant, un bourdonnement dans le moindre pore de ma peau qui menace de frire mon cerveau à la moindre secousse. « En gros, pour faire simple et rapide, je suis une Inhumaine. » Je lève la main pour retenir ses questions. « Et je vais répondre à toutes tes questions, mais il faut d’abord que je t’explique ce qui m’arrive. » Nouvelle pause, nouvelles grimaces. « Pour faire simple, je suis capable de manipuler les vibrations et disons que je ne contrôle pas tout à fait mes pouvoirs… »j’ai horreur de dévoiler que je suis un danger public, mais je n’ai pas vraiment le choix si je veux qu’elle puisse m’aider. « Faudrait juste garder ça entre nous, seulement les officiers les plus hauts placés sont au courant. En tout cas, pour l’instant, mon réflexe pour contrôler les vibrations et éviter de causer un tremblement de terre c’est de les canaliser dans mon propre corps, plus précisément les avant-bras. Ces gants ont été conçus pour absorber ces vibrations et éviter que je me fasse cent fractures de nouveau. » C’était vraiment pas agréable la première fois et je frissonne rien qu’en y repensant.
« Sauf qu’aujourd’hui, il y’a eu une couille dans le potager visiblement, parce que les fractures je les sens. Mes gants ont merdés quelque part et j’ai ma petite idée, mais je ne saurais pas si j’ai raison tant que je ne les aurais pas enlevés et ouverts. Ce que toute seule je ne peux pas faire sans réduire toute cette base en poussière six mille pieds sous terre. » Pas de pression, non, du tout.
n soucis récurrent... Shuri n'était pas encore décidé quant au fait que ce soit une information digne de ce nom ou pas. La jeune femme se disait que si ce problème s'était déjà présenté, cela voulait dire qu'il avait d'ores et déjà été analysé, ce qui lui faciliterait la tâche pour le résoudre de la meilleure façon possible. Mais ce qui signifiait aussi qu'il n'avait pas été résolu pour de bon jusqu'ici... Bon, en même temps, jusqu'ici, on n'avait pas fait appel à elle non plus.
Elle s'apprêtait à émettre un commentaire, mais elle n'en eut guère le temps. Son interlocutrice embraya immédiatement en lui montrant son dossier médical. Le genre confidentiel et sur lequel elle ne devrait pas être en mesure de mettre la main, mais elle avait entendu parler des compétences de hackeuse de son interlocutrice, alors elle n'était pas exactement surprise de ce qu'elle découvrait. Elle préférait se concentrer sur le contenu du dossier en question, quoi qu'il en soit, que de se pencher sur la manière dont l'agente du SHIELD l'avait obtenu. Et elle l'examinait de bout à bout tandis que son interlocutrice lui donnait davantage de précision (et des précisions précieuses évidemment) sur son état. Elle écouta son interlocutrice d'une oreille distraite quand elle observa que c'était quelqu'un d'autre qui s'occupait de son cas d'habitude. C'est sûr, ce serait pas mal d'avoir un retour de sa part, mais Shuri s'estimait tout à fait apte à gérer la situation par ses propres moyens quoi qu'il en soit.
Le résumé que Daisy lui fit de la situation, "simple et rapide", était peut-être plus rapide que simple en réalité. Elle lui apprit qu'elle était une inhumaine, et Shuri n'avait pas la moindre idée de ce que ça signifiait. Etant donné que les trois quarts des personnes qu'elle fréquentait maintenant étaient des mutants, des extraterrestres ou autres, elle avait envie de penser que la notion d'humanité était devenue très relative, mais elle attendait d'en savoir davantage quoi qu'il en soit. Elle avait des pouvoirs, donc, et elle ne les contrôlait pas tout à fait. Son corps était donc ce qui lui permettait de canaliser sa puissance, et ses gants devaient y contribuer, mais visiblement, ce n'était pas assez encore.
-Bon, okay, je vois le topo, dit-elle, même si elle allait devoir observer ça beaucoup plus attentivement pour s'en faire une idée définitive. Tu permets ? Elle n'attendit pas la réponse de son interlocutrice pour attirer son bras à elle. T'as dit que ça t'arrivait souvent, pas vrai ? Va falloir qu'on révise ton matos, et fissa.
Le mouvement de Shuri qui consiste à simplement tirer mon bras vers elle, ce qui en temps normal ne devrait rien me faire, me fait pousser un cri et je resserre les dents immédiatement, en même temps qu’un verre explose dans la pièce quelque part. Mais bon, au moins, elle a mon bras là où elle voulait qu’il soit. « Désolée pour le verre, c’est ce qui pète le plus facilement. Un truc avec les vibrations du verre qui sont les plus fragiles… » J’aurai bien levé la main pour faire un geste vague dans l’air, mais la douleur m’empêche de ne serait-ce que déplier les doigts.
« Oui, ça arrive assez souvent, mais la plupart du temps, ce n’est pas la faute des gants, ils absorbent très bien d’habitude. C’est juste moi comme une conne qui n’arrive pas encore à contrôler entièrement mes pouvoirs. » Bon, j’ai fait bien pire comme dégâts, rien que le tremblement de terre que j’ai créé le jour où j’ai fait ma Terragénèse et tout le bordel qui a suivi. Mais aujourd’hui n’est pas de la rigolade non plus, car le pire dans tout ça, c’est que je ne suis pas entièrement sûre de ce que je pourrais causer au maximum de ma puissance. Ça pourrait être enterrer la base comme provoquer un putain de séisme à Washington.
« Il faut qu’on ouvre les gants, mais ça, ha, je peux pas le faire toute seule, pas avec ces fractures. Durant ma dernière mission, j’ai du les abîmer un peu et je pensais que ce n’était rien, mais visiblement ça a endommagé une partie essentielle à son fonctionnement. Parce que là, niveau absorption, on est en mode caillou et pas en mode éponge. » Franchement, je me serais presque frappée pour ce genre de commentaire débile si je pouvais lever les bras sans grimacer.
« Si tu trouves que ça commence à devenir trop dangereux, assomme-moi, j’aimerais bien le faire toute seule, mais je ne pense pas réussir à tirer mon flingue dans mon état sans ruiner l’intégralité de ton labo. Un sédatif pourrait marcher aussi, mais j’ai l’habitude d’utiliser mon icer. » J’indique le pistolet accroché à ma cuisse. « Ça va pas me tuer, mais ça va m’assommer et arrêter tous les tremblements, toutes les vibrations. T’inquiète, j’ai l’habitude ce ne serait pas la première ni sans doute la dernière fois. Je suis désolée de débarquer comme ça, j’imagine que tu n’avais pas prévu de devoir t’occuper d’une bombe à retardement… » Et même si m’icer est violent comme processus, je préfère souffrir des effets secondaires plutôt que de réduire cette base et tous ceux qui y travaillent, en poussière.
huri se rendit compte un peu trop tard qu'elle s'était montré un peu trop brusque en attrapant le bras de son interlocutrice quand cette dernière réagit de façon un peu vivre, et surtout quand un verre se brisa quelque part dans la pièce. Bon, au moins, ça lui donnait une petite idée de la situation. Et si ce n'était que du verre brisé, ce n'était pas bien important, ça deviendrait vite beaucoup plus agaçant si c'était une de ses précieuses créations qui en prenaient un coup. Shuri s'estimait capable de tout réparer, mais elle n'aurait pas envie de voir le résultat d'heures de travail se briser en mille morceaux.
Shuri fit un mouvement de la tête qui signifiait "ce n'est rien" quand Daisy s'excusa pour le verre brisé. Ce n'était définitivement pas important. Ce qui était important, en revanche, c'était ce qui avait provoqué cet éclatement, et la jeune femme avait tôt fait de lui en dire plus à ce sujet. Face à ce cas inédit, Shuri avait tout intérêt à prendre des pincettes, mais c'était loin de la déranger, bien au contraire, elle aimait relever de nouveaux défis, c'était même une de ses activités préférées. Daisy précisa que ça lui arrivait souvent, mais que c'était parce qu'elle contrôlait encore mal ses pouvoirs. Shuri lui adresserait bien une réponse bateau de type : ça viendra avec le temps, mais elle n'y connaissait rien, aussi préférai-t-elle ne faire aucun commentaire au bout du compte, elle considérait que ça valait définitivement mieux.
-Les bombes à retardement, j'en fais mon petit déj, répondit-elle finalement dans un fin sourire.
C'était faux, mais elle préférait largement dédramatiser la situation. Parce que bon, son interlocutrice parlait de l'assommer, et pas juste en lui donnant une petite pichenette sur la tête. Elle se disait qu'elles auraient dû choisir de faire ça ailleurs que dans son précieux labo, histoire d'éviter de tout péter, mais c'était ici qu'elle avait tous les outils nécessaires pour ouvrir ces fichus gants et faire en sorte que la magie opère.
-Bon, on va les ouvrir, ces fichus gants, ajouta-t-elle en rassemblant le matériel adéquat. Avec un peu de chance, tu auras le droit de rester lucide tout au long du processus, on sait jamais.
Rien ne servait de dramatiser, il fallait se focaliser sur l'essentiel.
Si je n’avais pas confiance en Shuri, je ne serais jamais venue dans son laboratoire et je me serrais icé direct en sentant les vibrations prendre de l’ampleur. Ce ne serait pas la première fois que j’opte pour une méthode aussi violente, mais depuis ma dernière conversation philosophique avec Jemma, j’essaie de ne pas trop me mettre en danger, surtout inutilement. Car Jemma m’a rabâché plein de fois déjà à quel point cela peut être dangereux pour mon corps de m’icer aussi souvent. En soit, une fois de temps en temps, c’est pas grave, il faut juste réussir à supporter les effets secondaires, ce qui n’est pas toujours évident et ces effets s’apparentent beaucoup trop souvent à une méchante gueule de bois… Mais à long terme, m’icer aussi souvent peut devenir sérieusement dangereux.
« Je te suis redevable » je lance à Shuri en la voyant préparer tous ses outils non loin. « Vas-y » je lance en serrant les dents. « Fait péter quand tu veux, de toute manière, vu qu’il y a un soucis avec eux, il m’en faudra certainement des nouveaux et le temps que je mette les mimines sur une nouvelle paire plus efficace je vais essayer de me tenir à carreaux. » Le contrôler ce serait génial et c’est le but principal de ma vie en faite, maintenant que je sais exactement en quoi consistent mes pouvoirs et que je ne pourrais pas m’en débarrasser puisque c’est littéralement inscrits dans mes gènes (merci maman), mais je ne suis pas certaine de pouvoir y arriver en permanence, surtout en sachant que mes gants ne seront plus efficaces d’ici quelques minutes.
« Juste, prévient moi avant de les faire péter, que je me prépare mentalement et que j’évite de tout détruire dans ce labo » parce qu’en soit, les vibrations ne vont pas changer, mais la douleur dans mon bras, si. J’ai déjà je ne sais combien de fractures, il va vraiment falloir que je morde dans quelque chose pour éviter de me couper la langue et m’étouffer avec mon propre sang. Parce que de toutes les morts que je pourrais subir vu le taf que je fais, ce serait certainement l’un des plus stupides, presque aussi conne que se tordre le cou en tombant dans un escalier.
Et, pour ne pas trop penser à ce que Shuri va faire, même si ce n’est pas comme si j’étais en train d’assister à une opération chirurgicale, elle va pas m’ouvrir le bras, je me concentre sur le reste de la pièce, essayant de canaliser mon attention sur tout sauf la douleur et les vibrations, essayant de me vider l’esprit tout en repensant aux techniques de respirations que m’a apprises May lors de nos séances de tai-chi.
huri adressa un sourire à son interlocutrice quand cette dernière lui assura qu'elle lui était redevable. Qu'elle ne parle pas trop vite, elle n'avait encore rien fait. Qui sait, quand elle quitterait finalement son labo, elle choisirait peut-être de la maudire sur plusieurs générations... mais il y avait peu de chances quand même. Ce n'était pas parce que Shuri faisait face à un cas de figure inédit qu'elle s'inquiétait de son succès, elle y arriverait puisqu'il le fallait. Et dans tous les cas, pour ce qui était de lui être redevable... ce n'était pas comme si Shuri attendait quoi que ce soit de la part de son interlocutrice. Du moment que celle-ci allait bien, c'était tout ce qui comptait pour elle.
Shuri sentait que son interlocutrice était tendue, et elle-même n'en menait pas forcément large, mais elle avait la ferme intention de ne pas se laisser perturber. Pour cela, il lui suffisait de se concentrer à fond sur son objectif. L'air de rien, ça aidait beaucoup. Elle hocha la tête quand Daisy lui demanda de la prévenir au moment de faire péter les gants. Elle n'avait pas eu l'intention du contraire, dans certains cas, agir sans prévenir était la bonne façon de faire, ça préservait d'une certaine angoisse, mais ce n'est pas une recommandation qu'elle aurait donnée à la jeune femme. Elle n'avait pas idée de l'ampleur de ses pouvoirs et des risques engendrés, elle ne pouvait que deviner les choses à partir de ce que son interlocutrice lui avait appris, que ce soit pour elle ou pour le labo qui contenait tout de même de précieuses créations qui avaient nécessité des heures de travail. Alors dans le doute, oui, mieux valait quand même prévenir.. que guérir, disons ça comme ça.
Alors, dans le plus parfait silence, concentrée, Shuri déploya toute ses compétences à la tâche. Ce n'était pas aussi simple qu'elle l'aurait voulu, elle devait se familiariser très vite avec une technologie qu'elle n'avait pas eue entre les mains auparavant, ce qui nécessitait forcément plus de concentration et de technique, mais elle devrait tout de même réussir à débarrasser la jeune femme de ces choses en un coup. Finalement, après un moment de silence et de travail afféré, elle rompit le silence.
-Ok, c'est bon, prépare-toi, je te libère dans trois, deux, un...
Pendant que Shuri s’affère autour de mes gants, j’observe le reste de la pièce pour passer le temps, même si une partie de mon attention doit être entièrement focalisée sur mes pouvoirs afin de ne pas provoquer un nouveau tremblement de terre. Certes, ce n’est pas aussi destructeur que ça pourrait l’être en d’autres circonstances, mais c’est quand même suffisamment puissant pour mettre des gens en danger et il est hors de question que ça se produise de nouveau.
C’est pourquoi lorsque Shuri semble avoir fini de les inspecter, et j’évite carrément de regarder ce qu’elle a comme outil entre les mains parce que tout me fait penser à des instruments de torture en cet instant, je hoche la tête en serrant les dents. Prenant une longue inspiration, je déclare « Vas-y » avant qu’elle ne me lance un compte à rebours ce qui me permet d’attraper les accoudoirs de mon siège afin de limiter les mouvements.
Je m’attendais à ce que la violence de l’ouverture de mes gants se réverbère à travers l’intégralité de mon corps, c’est toujours comme ça que ça se passe, c’est comme ça que ça fonctionne. C’est ça qui est chiant avec les vibrations. Je m’attendais à la douleur aussi et c’est pourquoi j’arrive à limiter ma réaction, retenant toutes les vibrations qui pourraient soudain être relâchées. J’arrive à canaliser certaines d’entre elles et de les dissiper avant qu’elles ne fassent trop de dégâts, la seule d’entre elles qui s’échappe est légère et secoue la chaise dans laquelle je suis assise pendant quelques infimes secondes.
Je n’arrive pourtant pas à dissiper toutes les vibrations et certains finissent dans mon bras qui vient d’être libéré, des micros fractures capillaires, mais il n’en a que quelques-unes contrairement à la première fois où c’était plus proche de la centaine. Je serre les dents, bien qu’un cri s’échappe de ma gorge quand même et une fois que le pire semble être passé et que je suis certaine de ne pas réduire cette pièce en ruines, je souffle, essayant de reprendre ma respiration et de calmer les battements de mon cœur. La sueur colle à mon front comme une seconde peau et je vois des papillons noirs danser devant mes yeux, mais je m’efforce de me tourner vers Shuri.
« Ok, super. Une de faite. Il vaut mieux que l’on fasse la deuxième maintenant aussi, comme ça s’est fait. » Je retiens de nouveau mon souffle, me concentrant sur l’autre bras et l’effet de la douleur est presque doublé. De nouveau, une mini-vibration s’échappe et secoue la chaise sur laquelle je suis assise, mais cette fois-ci j’ai repoussé les vibrations à mon bras déjà libre, ajoutant de nouvelles fractures, mais me permettant d’avoir au moins un bras utile.
« Merci… » c’est tout ce que je suis capable de dire avant de basculer en avant, l’inconscience m’appelant déjà.
huri serra les dents en observant la réaction de la jeune femme. Elle sentait bien que cette dernière prenait sur elle, mais il était évident qu'elle ne passait pas un bon moment, bien au contraire, et Shuri se sentait sous pression. Elle avait peur qu'il y ait une douille, que Daisy ait eu tort de lui faire confiance. Enfin, elles n'avaient pas trop le choix dans tous les cas. Il fallait qu'elles aillent jusqu'au bout, maintenant qu'elles avaient commencé. Et Shuri se doutait que le problème ne venait pas d'elle (elle avait suffisamment confiance dans ses compétences pour cela), dans tous les cas, elle n'aurait pas bien vécu cette situation, elle espérait seulement que tout se passerait bien malgré tout. Dans tous les cas, ils ne pouvaient pas s'arrêter en si bon chemin. En effet, un de fait, il fallait s'occuper de l'autre tant qu'elles étaient sur leur lancée.
Alors, puisque la jeune femme lui donnait son aval avant même qu'elle le lui demande, Shuri passa à la suite, s'employant à la même méthode, malheureusement, il n'y avait pas des centaines de façons de faire, que cela leur plaise ou non. Shuri avait le sentiment que ça s'était mieux passé, cette fois, mais elle déchanta un peu, quand même en découvrant l'état où se trouvait Daisy, elle semblait à deux doigts de lui claquer dans les pattes... en exagérant à peine... de tomber dans les pommes, du moins. Elle eut le temps de la remercier avant de basculer dangereusement vers l'avant.
Shuri eut de bons réflexes et parvint à la rattraper de justesse avant qu'elle ne tombe par terre la tête la première. Elle l'aida à se redresser, pressant ses mains sur ses épaules, son regard scrutant le sien, espérant que c'était juste un petit moment d'absence passager et rien de plus grave. Bon, même si la jeune femme en venait à s'évanouir, ils auraient de quoi la remettre d'aplomb, mais forcément, Shuri se sentirait encore plus coupable qu'elle n'avait déjà le sentiment de l'être.. Forcément, en se raisonnant, elle pouvait admettre qu'elle n'y était pour rien, mais ça n'empêchait pas malgré tout.
-Hey, reste avec moi, dit-elle tout en sachant qu'il ne suffirait pas de le suggérer pour que ça suffise.
Durant quelques instants affreux je ne sens plus rien. Je n’ai aucune conscience de mon corps, toutes mes pensées s’enfuient et je ne sens plus rien. Je ne suis qu’un corps qui tombe, attiré par la force brutale de la gravitation terrestre et si ce n’était pour les bras de Shuri, je me serais probablement explosé la face sur le sol de son laboratoire.
Progressivement, plusieurs pensées me reviennent en tête alors que tout bourdonne. J’essaie de le contrôler, de ne pas laisser mes pouvoirs prendre le dessus, de ne pas devoir avoir recours à mon arme pour m’envoyer au pays des rêves durant quelques heures, mais la tentation est trop forte, les vibrations me poussent à bout et la seule chose que je puisse faire c’est diriger la secousse vers l’endroit qui craint le moins dans le laboratoire : un coin de mur où il n’y a rien, pas même un fauteuil ou un cadre accroché au mur.
La seule chose que nous ressentons alors c’est une faible secousse, comme un électrochoc presque, puisque j’arrive à absorber tout le reste de l’onde. Je ne pense même pas que les personnes dans les pièces d’à côté ont senti quelque chose. Mes avant-bras sont déjà suffisamment amochés pour que je puisse les utiliser comme éponges à vibrations sans risquer de me paralyser à vie. Les joies de posséder mon type de pouvoir…
« Ça va » je croasse en glissant mes propres mains sur les épaules de Shuri afin de me redresser, m’appuyant sur elle avec le peu de forces qu’il me reste. Je regarde alors le coin du laboratoire où j’ai redirigé la secousse et rien ne semble avoir changé. J’en soupire de soulagement avant de me rassoir correctement dans le siège, mes bras, dorénavant nus, sur les accoudoirs. Je les observe un instant, la peau pâle et les veines qui sont particulièrement visibles, tout comme les fractures que je sens aussi violemment que si on venait de m’ouvrir les nerfs à vif. Mais je connais cette douleur et je sais qu’elle va passer, il ne me faut que quelques minutes et ça se réduira à une douleur sourde tant que je ne bougerais pas.
« Merci de m’avoir débarrassée de ces machins. » Mais du coup, il va m’en falloir des nouveaux, sans oublier les plâtres qui ne manqueront pas de venir et la magnifique panoplie de médicaments que je vais devoir me taper aussi, accessoirement. Mais je devrais me considérer chanceuse : vu les quantités de médicaments que j’ai consommés au cours de ma carrière, je n’ai pas d’addiction, ce qui n’est pas le cas de tous les agents. Les addictions aux antidouleurs sont plus fréquentes au sein du SHIELD qu’on ne le pense.
ne sorte de secousse, comme un électrochoc, mais finalement pas d'autre conséquence tangible. Il fallut tout de même à Shuri un léger temps pour se détendre et se dire que la mission avait réussi, que ni Daisy ni personne dans ce labo ne craignait rien pour le moment. L'agente du SHIELD semblait manifestement affaiblie, mais au moins était-elle débarrassée de ses gants et indemne, et ça, l'air de rien, c'était ce qui comptait. Shuri pouvait se détendre, elle n'avait rien fait capoter, elle s'était montrée efficace, et ça avait payé... Pour l'instant.
Il n'empêche que le cas de Daisy avait le don d'intriguer beaucoup Shuri, si elle pouvait faire quoi que ce soit pour l'aider plus concrètement dans l'avenir, elle était clairement prête à s'en donner les moyens, et elle serait clairement motivée à le faire. Mais chaque chose en son temps, pour l'instant, il était surtout important que Daisy se remette de la douleur et de ses émotions. Il était clair qu'elle en avait bavé et surtout qu'elle en bavait encore. Le pire était passé, certes, ce n'est pas pour autant que la jeune femme paraissait outre mesure sereine.
-Y a pas de quoi, répondit la jeune Wakandienne avec naturelle, quand Daisy la remercia.
Elle avait fait ce qu'elle avait pu, et elle n'était pas insatisfaite du résultat, s'il en était de même pour Daisy, alors elle considérait cela comme une petite victoire, très clairement et elle ne demandait qu'à passer aux victoires suivantes pour sa part. Elle jeta un coup d'oeil attentif à la jeune femme et à ses bras dorénavant nus. De toute évidence, Daisy avait connu des moments plus agréables... sans surprise.
Shuri avait quelques compétences en médecine... ou disons plutôt que médecine et technologie étaient bien souvent correllés, surtout là d'où elle venait, mais ce n'était cependant pas à elle de prendre la suite. Si elle voulait recevoir des soins adéquats, à présent, ce n'était plus entre les mains de la jeune femme que la situation reposait. Pour peu que l'on considèe qu'elle ait effectivement reposé entre ses mains jusqu'ici.
-Tu ferais bien d'aller à l'infirmerie, non ? suggéra-t-elle simplement.
Loin d'elle l'idée de dire à son interlocutrice ce qu'elle devait faire, mais la suggestion lui paraissait du moins bienvenue.
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Sam 3 Nov - 11:59
Grimaçant, je tire une nouvelle fois sur mon gant gauche, à l’abri des regards. Tout le monde est parti dans des directions différentes, certains commencer leurs rapports de mission pour s’en débarrasser le plus vite possible, d’autres pour prendre un café bien mérité, voir une bière ou quinze, d’autres encore on été appelés par le directeur. Personnellement, j’aurais rejoins les autres à la cafétéria, mais j’ai un problème un peu plus pressant et je ne tiens absolument pas à ce que Mack ou pire encore AC me disent « je te l’avais bien dis ».
