Qui contrôle le passé contrôle l’avenir

Ororo savait que son association avec Shuri pouvait s’avérer dangereuse. Pas qu’elle craigne que la jeune princesse la trahisse -depuis quelques mois leur relation professionnelle s’était transformée en une drôle d’amitié et de confiance- mais les supérieurs et collègues du SHIELD risquaient d’être moins appréciatifs. Or Tornade tenait au secret ou du moins à la discrétion : passer dans les rouages officiels de l’organisation risquaient de la ficher, ce qui était sa pire hantise, notamment en ce moment avec le nouveau président des Etats-Unis qui venait de faire passer le début d’une nouvelle ségrégation anti-mutants… Cette loi du fichage obligatoire l’horrifiait et la mettait dans une froide colère. Elle était fière d’être mutante, mais préférait vivre dans le secret que traitée comme un paria et risquer d’être persécutée pour qui elle était. Les humains, les êtres, sans distinction, pouvaient être terriblement intolérants… Et cette intolérance faisait plus de dégâts que toutes les guerres. L’exemple du virus qui tuait et diminuait les mutants en était l’une des dernières preuves… Malheureusement ce n’était que le début. Le chemin pour leur liberté serait encore long, et semé d’embuches, mais Ororo était prête à toutes les dépasser.

Cette convocation au SHIELD en était une.

Elle n’était pas naïve et savait ce qui l’attendait. Plus ou moins. Elle allait devoir traiter prudemment avec qui que soit celui ou celle qui la recevrait. C’était la première fois qu’elle entrait dans les locaux en plein jour, et avec un badge de visiteur. Elle avait prévenu Shuri, Charles et les autres X-Men. Même si le SHIELD avait fait son enquête sur Tornade (elle était certaine que si) ils ne pourraient pas savoir que tous les membres de l’école dans laquelle elle travaillaient partageaient la même nature. C’était important qu’elle continue de passer pour une mutante indépendante, n’appartenant à aucune organisation particulière. Protéger l’Institut comptait plus que tout… Mais elle ne regrettait pas vraiment cette situation. Même si ni Jean, ni Shuri ni Stark n’avaient découverts de vaccin, ils avaient avancé. Et c’était mieux que d’avoir attendu sans rien faire que la mort l’emmène.

Passer à deux doigts de la mort, sans doute, participait à l’étrange calme qui couvrait la mutante comme une chape apaisante. C’est sans la moindre appréhension qu’elle entre dans le bureau. Elle était prête.

« Merci, Monsieur… ? » Tornade s’assoit comme l’homme l’avait invitée à le faire (invité était un très grand mot quand elle était littéralement convoquée) en lui laissant l’occasion de se présenter, puisqu’elle n’avait pas la chance d’avoir pu enquêter sur toute la vie de son opposant. Elle croise les jambes, vêtue d’une tenue standard, pantalon de tailleurs et chemisier blanc, comme un simple professeur. « Je dois dire que la politesse est appréciée, même si non nécessaire puisque je n’avais pas vraiment le choix d’être là, n’est-ce pas ? » Remarque-t-elle avec un sourire poli et une assurance dénuée d’arrogance. Elle énumère simplement un fait, sans animosité. Montre qu’elle n’est pas là uniquement pour se faire interroger comme un quelconque criminel. Après tout, Tornade n’a rien fait de mal, ni moralement, ni légalement… Ce n’est pas comme si le SHIELD était officiel.