Tu levas les yeux vers la porte de ta cellule au moment où tu entendis que l’on déverrouillait celle-ci. Déjà l’heure du déjeuner ? Le temps semblait avoir passé si rapidement. Tu mis de côté ton dessin et tes crayons afin de libérer la table. Cependant, lorsque la porte s’ouvrit, tu réalisas qu’on ne venait pas t’apporter ton repas, tu décidas donc de continuer ton dessin. Une dame venait d’entrer dans la petite pièce, un classeur sous le bras. Elle gardait ses distances, mais tu pouvais sentir son regard reposant sur toi.
Après un instant, tu n’eus plus l’impression d’être épiée. Un bref coup d’œil en direction de la dame révéla qu’elle inspectait du regard tes dessins fixés au mur à l’aide d’un adhésif ayant l’apparence d’une pâte bleutée, élastique et collante. Tu n’avais jamais vu une telle chose, si bien que lorsqu’on t’en avait donné pour coller tes dessins, tu as passé une bonne quinzaine de minutes à étirer et sculpter la pâte.
« C’est joli, » déclara la dame.
« C’est toi qui les a fait ? »Tu hochas la tête sans dire un mot ni même te retourner pour lui faire face. Elle s’approcha pour décrocher l’un de dessins. Tu la regardas faire, te demandant laquelle de tes œuvres avait attiré son attention. Il s’agissait d’une image dans les tons de gris – comme toutes les autres – représentant un amas de bâtiments en bois délabrés.
« C’est le camp. » tu lui expliquas.
« C’est là qu’on a fait de moi ce que je suis. »---
Juin 1941.Tu cessas de pleurer l’espace de quelques instants au moment où le convoi s’arrêta. Vous étiez arrivés à destination. Un homme en combinaison militaire grimpa à l’arrière du camion et vous aboya des ordres. Un à un les enfants le suivirent hors du véhicule. Tu fus la dernière à mettre le pied à l’extérieur tout en essuyant ton visage avec la manche de ta chemise. Tu te plaças en ligne avec les autres.
Les autres se plaçaient en rangée face aux quelques bâtiments se trouvant sur place. Fait de bois, ces structures semblaient prêtes à s’écrouler. Autour, il n’y avait que de la forêt, ainsi que la route de terre empruntée par les camions pour se rendre à cet endroit précis. Tu rejoins la foule te plaçant discrètement entre un garçon et une fille, cette dernière fit un pas vers la droite pour te laisser une place. Tu estimais qu’une cinquantaine d’enfants devaient être présents. Pourtant, tu ignorais la raisons vous ayant tous rassemblés ici.
Un homme à la carrure imposante se tenait face à la foule. De par son allure-même et sa posture rigide, n’importe qui pourrait deviner qu’il n’était pas du genre à plaisanter. Il portait un uniforme semblable à celui du soldat que tu avais vu plus tôt à bord du camion. Maintenant que tu y prêtais plus attention, l’insigne sur sa veste ne ressemblait cependant à aucun qu’il t’ait été donné de voir.
Un crâne avec des tentacules. Ces personnes étaient-elles membre d’une division spéciale ultrasecrète ? Voilà qui était l’explication la plus plausible.
« Bienvenue au camp. » commença l’homme.
« Vous devez sans doute vous demander pourquoi donc vous êtes ici, alors laissez-moi vous éclairer. »Il fit une pause.
« Voyez-vous, la guerre bat son plein et nous craignons que nos courantes forces ne soient pas suffisantes pour nous assurer la victoire. C’est pour cela qu’HYDRA fait appel à vous. Au cours des prochains mois, vous serez soumis à un entrainement intensif qui vous transformera en agents d’élite. Pourquoi donc avoir choisi des enfants et non des adultes ? Les adultes sont trop suspects, voilà pourquoi. Les enfants, par contre, sont innocents et ils inspirent la sympathie dans une situation pareille : vous n’avez jamais demandé à vous retrouver au milieu de cette guerre, pas vrai ? Qui oserait douter qu’un jeune garçon effrayé, trouvé errant sur une route déserte puisse être un espion envoyé par l’ennemi ? »Une nouvelle pause. Bien que tu refusais d’y croire, tu trouvais énormément de sens dans les propos du soldat.
« Oubliez qui vous étiez avant aujourd’hui. » reprit-il de plus belle,
« On vous assignera un nouveau nom dans les prochaines heures. Si certains d’entre vous souhaitent quitter, qu’il le dise maintenant. »Un jeune garçon de la rangée devant toi s’avança en levant la main. À peine s’était-il écarté de la masse que l’homme sortit un pistolet en envoya une balle directement dans le crâne du garçon qui s’écroula sur le sol.
« Quelqu’un d’autre souhaite le rejoindre ? »L’écho des cris s’estompa pour laisser place au silence.
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La dame prenait des notes, très intéressée par ce que tu racontais, l’histoire derrière ton dessin.
« Ce jour-là, on m’a dépossédée de mon identité pour m’en assigner une nouvelle. » continuas-tu.
« E-achtzehn, E-18. Rien de plus, rien de moins. J’étais destinée à devenir une arme au service de l’HYDRA ou bien faire face à la mort. »Elle regarda le reste de tes dessins et en décrocha un autre après avoir replacé celui qu'elle prit plus tôt. Sur le papier tu avais dessiné deux enfants, un garçon et une fille. Elle te le montra et immédiatement du baissas la tête.
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Juin 1941.Depuis toujours, les sons t’évoquaient des couleurs. Lorsque ces deux-là t’ont pour la première fois adressée la parole, le lendemain de votre arrivée au camp, tu as été surprise de voir à quel point leurs voix avaient une couleur vibrante : généralement, seule la musique paraissait ainsi à tes yeux, d'ordinaire la voix humaine prenait des couleurs sombres et fades. La voix de la fille, H-zwanzig (H-20), se matérialisait dans les tons de vert, alors que celle du garçon, R-sieben (R-7), avait la couleur du ciel. Tu as donc commencé à les appeler Grün et Blau – vert et bleu – pour cette raison.
Grün et Blau étaient jumeaux. Vous faisiez partie de la même escouade et vous êtes rapidement devenus comme frère et sœurs. Ils se montraient très protecteurs envers toi car plus âgés par quelques années; tu avais sept and et eux, dix. Sans leur aide, le programme d’entraînement n’aurait fait qu’une bouchée de toi.
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Elle ne te pausa aucune question sur le sort de Grün et Blau, ayant surement remarqué ta réaction face au dessin. Ils te manquaient terriblement. Pourtant, tu savais que tu devrais un jour déballer ces souvenirs douloureux, mais pour l’instant, tu jugeas plus sage de les garder pour toi. Après tout, tu avais déjà assez raconté de chose à cette dame dont tu ignorais même le prénom. Tu n’osais cependant pas lui faire remarquer qu’elle avait oublié de se présenter son arrivée. Pourtant, comme si elle pouvait lire dans tes pensées, elle s’exclama :
« Oh pardon, je ne me suis pas présentée; Mabel Branson, psychiatre. On m’a demandé de t’évaluer après, eh bien… »Elle ne finit pas sa phrase, mais tu savais très bien pourquoi on tenait à ce que tu consulte un spécialiste de la santé mentale. Tu regardas le pansement sur ton avant-bras. La blessure qu’il couvrait laissera sans l’ombre d’un doute une cicatrice, en ajoutant ainsi une de plus à la collection amassée lors de tes années de formation.
« Il n’y a eu aucun autre comportement suicidaire de ta part depuis l’incident, n’est-ce pas ? »Tu hochas la tête pour confirmer l’affirmation.
À peu près une semaine auparavant – peut-être plus : la notion du temps t’échappais, enfermée ici –, tu t’étais poignardée avec un couteau en plastique. Tu dus frapper fort pour que l’objet déchire ta chair, même qu’il s’est rompu dans la plaie, et pourtant, alors que tu saignais abondamment, tu ne ressentais qu’un picotement et non une vive douleur… Comme si les années de cryostase t’avaient laissée engourdie. Il a fallu qu’on te recouse le poignet droit et qu’on te garde à l’aide médicale, bourrée de sédatifs par crainte que tu n’agresse quelqu’un – ou ta propre personne, une fois de plus – ou bien que tu ne tentes d’arracher ton pansement et la perfusion t’administrant un antibiotique pour prévenir une infection de ta blessure. Puis après un certain temps, on t’as ramenée à ta petite cellule tout en recommandant que tu sois suivie par un psy.
Mabel prit quelques notes supplémentaires dans son classeur avant de le refermer.
« Je crois qu’on va s’arrêter là. Tu as bien collaboré pour une première session. » dit-elle.
« On se revoit demain ? »Tu haussas les épaules, indifférente. Mabel se leva et se dirigea vers la porte. Elle te lança un dernier sourire avant de partir.
« À demain. »---
Mabel revint le lendemain, et le jour d’après, et ainsi que suite. À chaque séance, vous regardiez tes dessins, tu le racontais l’histoire derrière chacun. Au fil du temps, tu t’ouvrais à elle, et après un moment, tu commenças à attendre avec impatience vos rencontres. Puis un jour, Mabel manqua l’un de vos entretiens. Immédiatement, tu as su que quelque-chose lui était arrivé, même si tu refusais d’y croire. Le lendemain, c’est un comme qui t’était inconnu qui se pointa à sa place.
« Où est Mabel ? »« Je prendrai en charge ton suivi, à présent. »Il évitait la question. Déjà, tu lui trouvais quelque-chose de louche…
« Où est Mabel ? » répétas-tu.
L’homme prit un air affligé que tu trouvais presque exagéré.
« Elle est décédée. »Non. Non, ça ne pouvait pas être vrai. Pas Mabel. Elle n’avait pas le droit de t’abandonner ainsi, de faire comme les autres. Comme Blau, puis Grün, comme tes parents – tu ne te souvenais pas d’eux, mais ils avaient bien du t’abandonner, eux aussi, pour que tu finisses dans un endroit pareil, au bout de la route.
« Elle en savait trop sur toi, sur nous. Ça aurait pu mettre toutes nos opérations en péril. »Nous..? Il ne serait tout de même pas ? Non…Qu’est-ce qu’un agent de l’HYDRA faisait ici ? Un infiltré, peut-être ? Pendant que tu t’interrogeais sur son identité, l’homme sortit un objet de sa poche. Tu vis la lame argentée d’un couteau scintiller à la lumière des néons.
« Tu sembles avoir oublié à qui tu dois loyauté, petite. » continua-t-il.
« Je n’ai donc pas le choix de t’éliminer. De toute façon, tu n’es plus d’une grande utilité, enfermée dans cette cellule. On trouvera bien quelqu’un de plus efficace pour te remplacer. »
Il se tut un instant, puis avant de plonger sur toi, scanda;
« Hail HYDRA! »Tu évitas sa lame de justesse, envoyant l’homme se cogner contre le mur dans son élan. La porte de ta cellule était grand ouverte. Tu songeas un instant à t’enfuir, mais tu ne serais pas allée bien loin; il y avait des gardes partout. C’est alors que tes instincts se mirent en marche. Tu savais ce que tu avais à faire.
Tuer.
Tuer pour survivre.
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Décembre 1942.Tuer. C’est triste à dire, mais il s’agissait de ce qu’on vous appreniez d’abord et avant tout. Tuer les déserteurs, tuer quiconque n’étant pas impliqué dans le secret du projet mais qui aurait pu entrevoir ses activités par hasard, bref, tous ceux – traitres comme témoins – qui pourraient mettre la confidentialité de celui-ci en danger. Pour HYDRA, « agent d’élite » et « assassin » étaient synonymes.
Cela faisait plus d’un an que tu étais arrivée au camp. Au cours de cette année, plusieurs de tes camarades succombèrent à divers maux. La faim, l’épuisement, la maladie, les incidents survenus en cours de l’entraînement, par ici, il ne manquait pas de moyens pour se tuer.
Tu ne savais pas par quel miracle tu survivais à cet enfer. Enfin si : Grün et Blau avaient tes arrières. Pendant ton séjour, tu avais appris plusieurs choses : le combat au corps à corps, le maniement des armes blanches, comment tirer au fusil, pourtant tu n’étais pas très douée pour cela. Mais tu savais user te tes méninges, te repérer dans la forêt, tu avais appris quelles plantes pouvaient être mangées et celles qu’il fallait éviter. Si tu n’étais pas la plus forte des recrues, tu étais cependant la plus brillante, et de loin.
Tu ne visais pas mal, non plus. Les autres avaient de quoi te craindre lorsque tu avais un fusil de précision entre les mains. Pourtant, tu étais si douce qu’on t’imaginait incapable de tuer. Cela dut inévitablement changer.
Lors de l’hiver, les provisions se faisaient plus rares. Vous étiez strictement rationnés, pour ne pas dire malnutris. La faim est montée à la tête d’un de vos camarades; au cours de la nuit, il en poignarda un autre et commença à le dévorer. Le lendemain, vous avez découvert l’atroce scène. La victime était méconnaissable et le coupable avait pris la fuite. Un décompte des survivants révéla les deux personnes manquant à l’appel étaient toutes deux des garçons : A-sechs (A-6) et V-vierzehn (V-14). Les cheveux roux de la victime ne pouvaient à appartenir qu’à ce dernier. A-sechs était donc le responsable.
Peu de temps après, un soldat ramenait par-dessus son épaule le jeune garçon couvert de sang. Il criait, se débattait. On ne jeta sur le sol au milieu de la place où tous les matins, vous vous rassembliez. Il vous ordonna, à toi ainsi que quatre autres gamins, de vous placer en cercle autour d’A-sechs, puis il vous donna à chacun un fusil.
Bien que peu communs, il ne s’agissait pas du premier peloton d’exécution ayant eu lieu au camp : il était coutume d’abattre les déserteurs ainsi. Seule l’une des armes était chargée, ainsi personne ne savait qui serait le bourreau jusqu’au moment d’appuyer sur la détente. Blau y avait déjà participé à deux reprises, et sur celles-ci, il tint le fusil chargé une fois.
Au signal, ton index pressa sur la gâchette et aussitôt, la balle fendit l’air et toucha sa cible dans un éclaboussement de rouge. Le corps d’A-sechs tomba sur le sol, touché en plein dans la tête. Tout ton corps tremblait, tu lâchas ton arme.
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Avril 1945.Après plusieurs années de formation, celle-ci en arrivait à sa fin. Tu avais miraculeusement réussi à survivre jusque-là, mais l’épreuve finale se dressait encore devant toi. Sur la cinquantaine d’enfants qu’on avait amenés au camp, il n’en restait plus que 36, dont Grün, Blau, et toi.
Un matin, lors du rassemblement habituel, on vous félicita d’être arrivés aussi loin.
« Cependant, » ajouta le Capitaine Ackermann, que chacun d’entre vous connaissiez depuis votre premier jour car il avait été celui vous ayant accueillis dans cet enfer.
« Il reste un test auquel vous devez vous soumettre avant de pouvoir être considéré comme agents opérationnels. »Cette épreuve finale était la plus terrible et cruelle de toutes : une immense chasse à l’homme s’échelonnant sur quatre jours vous opposant aux instructeurs. Après avoir expliqué toutes les subtilités de cet exercice, on vous à lâchés dans la forêt équipés d’un couteau et rien d’autre. Vous aviez jusqu’à midi pour vous préparer, après ça, les instructeurs se mettraient en chasse, avec l’ordre de tirer à vue.
Tu connaissais bien la forêt aux alentours du camp, lorsqu’il fut à ton tour de disparaitre parmi la végétation – on vous envoyait un par un -, tu le fis sans aucun problème. Tu étais terrifiée, tu ignorais où était Blau et Grün attendait encore le signal de départ. Tu décidas donc de courir jusqu’à-ce que tes jambes ne puissent plus te porter. Juste au moment où tu t’écrasas contre un arbre, à bout de souffle, un coup de canon retentit. La chasse venait de commencer.
« Psst, E. » tu entendis un murmure et vit brièvement une couleur céleste avant que celle-ci ne s’évapore. Tu sus immédiatement qui t’appelait.
« Blau! » crias-tu.
« Blau, où est-tu ? »« Sssssh, moins fort. Je suis là. »La couleur flottait près du pied d’un sapin. Tu t’en approchas pour découvrir ton ami accroupi entre les branches. Tu le rejoins dans sa cachette.
« Tu as vu ma sœur ? » demanda Blau.
« Quand je suis partie, elle attendait encore son tour. Je- J’avais trop peur, je ne l’ai pas attendue… » avouas-tu.
« Ne t’en fait pas, je ne suis pas mieux. Je vous ai laissées comme ça, toutes les deux. » répondit le garçon.
« J’espère seulement qu’elle a réussi à suffisamment se distancer du camp avant le coup de canon… »Tu restas à proximité de Blau, avec qui tu réussis à éviter les instructeurs au cours de la première journée. Vous vous déplaciez de plus en plus loin du point de départ et parfois, vous entendiez au loin des coups de feu. À chaque coup, vous espériez que Grün ne se soit pas fait prendre. Non, elle était maline, pas autant que toi, mais toute de même, elle pouvait survivre. Votre priorité restait cependant de la retrouver.
Quelques jours plus tard, alors que le test final arrivait à sa fin, il n’y avait toujours aucun signe de Grün. Il y avait eu d'autres morts, vous aviez entendu les coups de feu. Vous étiez en train de chercher de quoi manger, n’ayant rien mis dans votre estomac depuis un bon moment, lorsque vous avez entendu des bruits de pas à proximité. Trois personnes, sinon plus. Un visage familier pénétra dans la clairière où toi et Blau vous teniez. Grün, avec deux soldats sur ses trousses. En vous voyant, elle fit de grands signes avec ses bras. Non pas pour vous saluer, mais pour vous dire de déguerpir.
Tu bondis hors de la clairière en quatrième vitesse. Les soldats gagnaient du terrain sur vous. Ils possédaient chacun un fusil d’assaut, tu de demandais bien pourquoi ils ne s’arrêtaient pas pour viser et vous abattre d’une balle au lieu de vous poursuivre. Oui, c’est ce à quoi tu pensas, alors que tu courrais pour ta vie.
Une fois arrivée à l’orée de la forêt, tu eus la malchance de trébucher sur une roche dissimulée sous la neige tapissant encore le sol. En quelques secondes, ta courte vie défila devant toi alors que tu heurtais le parterre. C’était fini. Tu sentais les chasseurs se rapprocher.
Soudain, Blau sauta par-dessus ton corps affalé pour se jeter sur les deux hommes, couteau à la main, alors Grün t’aidait à de relever. Blau poignarda l’un des soldats, et une seconde plus tard, le coup de feu retentit. Le garçon s’écroula sur le sol, de manière similaire à A-sechs lorsque tu lui as envoyé une balle dans le crâne. Presque aussitôt, Grün se précipita sur l’homme. Un nouveau coup de feu retentit alors qu’elle le plaqua. Ils tombèrent tous les deux au sol. Pétrifiée, tu la regardas lui couper la gorge. À la fin du combat, seule Grün se releva, bien que blessée à l’épaule. Le second tir l’avait donc touchée.
Vous vous approchèrent de Blau. Touché à la poitrine, il était allongé face contre terre dans une marre de son propre sang et de celui du premier soldat. Lui aussi avait une entaille au cou, et la dague de Blau y était encore enfoncée. À l’aide de son bras encore valide, Grün fit pivoter le corps de son frère. Des larmes coulaient sur ses joues à la vue des yeux sans vie de son jumeau.
« J- je suis dé- désolée. » balbutias-tu.
« Si je n- n’avais p- pas trébuché- »Elle te regarda en séchant ses larmes.
« Tu te souviens de ce qu’il disait, pas vrai ? »Puis les mots de Blau résonnèrent une dernière fois dans ta tête :
« Tu n’as rien à craindre : je surveille t’es arrières, coûte que coûte. »Pour ça, il l'avait fait, mais de là à ce que ça lui coûte la vie, tu n'aurais jamais osé imaginer.
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Tu avais été escortée hors de ta cellule et vers une salle t’interrogation par les gardes. Tu étais maintenant assise sur une chaise, un homme avait pris place en face de toi quelques minutes plus tôt. Une table à laquelle tu étais menottée vous séparait et les deux gardes armés se tenaient près de la porte, à l’affut, prêts à te supprimer si tu tentais quoi que ce soit de louche. Tu ne comptais aucunement t’en prendre à eux : tu avais tué cet agent de l’HYDRA par légitime défense.
« Pas plus tard que ce matin, » commença l’interrogateur.
« Tu as assassiné un de nos agents. Pourquoi ? »Tu ne répondis pas.
« Pourquoi ? » demanda-t-il de nouveau.
Toujours aucune réponse. Il s’impatienta et finit par frapper sur la table en répétant sa question. Tu sursautas puis machinalement, tu couvris to visage avec tes bras, la menotte limitant les mouvements de l’un d’eux.
« HYDRA. » fut to unique réponse.
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Juillet 2014.La guerre prit fin avant même qu’HYDRA puisse mettre en action ses jeunes agents. Vous n’aviez plus d’utilité. On vous a dérobé votre enfance et pourquoi ? Pour vous mettre au placard une fois votre entrainement infernal achevé ? Bien que dans ce cas-là, il s’agissait plutôt du congélateur, afin de pouvoir avoir recours à vous au besoin.
Toi, tu as passé près de 70 ans sous cryostase avant qu’on ait enfin besoin de toi. Mais comme dans les années quarante, il s’agissait une technologie au mieux très expérimentale, qu’à ton réveil, on t’annonça le décès d’une grande portion de tes camarades. Parmi eux, Grün. Il t’on autorisée à la voir une dernière fois, éternellement endormie dans cette cage de verre.
Tu te retrouvais donc dans un monde inconnu, entourée de gens autant peu familier. Mais peu importe le temps où l’endroit, tu avais une seule et unique mission : servir HYDRA. Quelques heures après ta décongélation, on te donna to premier ordre.
Un assassinat, voilà de quoi il s’agissait. La cible était une quelconque personne importante, un sénateur ou quelque-chose comme ça… N’étant pas à jour dans toutes les politiques actuelles, tu ne te soucias que d’une chose : mener cette mission à bien.
« Hail HYDRA! » crias-tu en unisson avec le reste de ton escouade avant de quitter la base. Tu avais tans scandé ces mots durant tes années au camp que ça en était devenu un automatisme.
Armée d’un fusil de précision comme tu savais si bien te servir, tu montas à bord du véhicule destiné à vous transporter sur place : une voiture bien normale, qui passerait inaperçue parmi celles de ce siècle. Pourtant, à tes yeux, elle semblait…extraterrestre. Oui, cela devait être le meilleur moyen de la décrire.
Une fois arrivés, tu fus abasourdie en découvrant à quel point le monde avait changé.
« Allez, on se disperse. » ordonna le chef d’escouade, une jeune femme portant le patronyme Ackermann. Tu assumais qu’elle devait être de parenté avec le capitaine du même nom que tu avais connu des décennies par le passé; ils avaient même un certain air de famille.
« E-achtzehn, trouve-toi un point en hauteur et contacte-moi dès que tu y es. »Tu hochas la tête en signe de compréhension avant de l’éloigner. Tu transportais ton arme sur ton dos, dans une boîte noire passant facilement pour l’étui d’un quelconque instrument musical et non d’un instrument de meurtre. Te trouver un perchoir ne fut pas bien difficile au travers de cette jungle urbaine. Une fois en position, tu appuyas sur ton oreillette – comment il était possible de communiquer via une si petite chose était possible t’échappait encore – et annonça :
« E-achtzehn en position. »« Compris. » la voix d’Ackermann se fit entendre dans ton oreille.
« Tous les agents ton désormais en position. La cible devrait se pointer d’une minute à l’autre. »Postée sur le toit d’un immeuble de taille moyenne, tu attendais, doigt contre détente. La patience était une qualité primordiale dont devait être doté tout sniper. Il fallait attendre le bon moment, puis tirer. Une balle, un mort.
Puis finalement, le moment opportun arriva.
« J’ai un visuel sur la cible. »Au travers de la lunette, tu observais ta cible et son escorte de taille intimidante. Mais tous ces gardes du corps de pouvaient rien contre toi. Aucun d’eux ne se doutait de ta présence, tu danger qui planait. Tu appuyas sur la gâchette, sans hésitation. La balle fendit l’air et atteint sa cible sans encombre. Tu rangeas ton arme en regardant la panique en contrebas.
« Cible éliminée. »---
« Quel intérêt pouvait bien avoir HYDRA à éliminer Isaac Lawson ? »Lawson, ainsi donc s’appelait-il. Tu fis non de la tête.
« Vous avez tout faux : Lawson était une taupe. Il a été envoyé par HYDRA, pour me tuer. » expliquas-tu.
« Ils sont aussi responsable pour la mort de Mabel Branson. »L’interrogateur croisa les bras.
« Et pourquoi devrais-je te croire ? »Tu haussas les épaules. Il n’avait aucune raison de te faire confiance, ni lui, ni les autres personnes présentes dans cette pièce, ni l’entièreté du S.H.I.E.L.D. Même toi, tu n’avais aucune raison de faire confiance à ta propre personne.
« Vous devez bien avoir des caméras de surveillance dans ma cellule, non ? »Une inspection des vidéos de surveillance révéla que tu disais la vérité. Et après ça, quoi ?
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Novembre 2014.Au cours des derniers mois, tu avais mené à bien plus d’une dizaine de missions d’assassinat. On t’attribuait un taux de réussite de 100%. Mais tu ne tardas pas à atterrir sur les radars du S.H.I.E.L.D qui avait réussi à lier les assassinats entre eux en raison des balles que tu enfonçais dans la tête de tes victimes. Sur chacune d’entre elle était gravé une même inscription : E-18. C’est ainsi qu’ils se référaient à toi, à défaut de connaitre un meilleur alias. Autre que ton modus operandi, ils ne disposaient d’aucune information à ton sujet.
Ils ne t’auraient probablement jamais attrapée, ils en savaient trop peu pour te traquer, mais tu as été imprudente au cours de ton premier assignement en solo. Tu ne faisais pas le poids face à trois agents du S.H.I.E.L.D qui montaient la garde sur place. Ils t’ont rapidement maitrisée et t’ont ramenée à leur quartier général pour te jeter dans une cellule.
Au départ, ils refusaient de croire que tu puisses être le tant redouté « E-18 ». Tu leur as montré le tatouage sur ton bras.
« Je suppose que cette preuve vous suffira. »Lorsque questionnée sur tes motivations à commettre tous ces meurtres, tu haussas les épaules.
« On me donne les ordres, j’exécute. »« Et qui donne les ordres ? »« HYDRA. »---
Une seconde chance. C’est que je le S.H.I.E.L.D était prêt à t’offrir. On te laisserait une certaine liberté à condition que tu travailles avec l’agence pour contrecarrer les plans d’HYDRA. Entre ça et pourrir au fond d’une cellule, l’option la plus avantageuse pour toi était évidente. Tu acceptas cette proposition sans trop de réflexion.
On te remit un dossier contenant toutes les informations importantes sur ta nouvelle identité. Désormais, tu t’appelais Elise Lloyd. Il te faudra un certain temps pour t’y faire, mais c’était plus discret qu’E-achtzehn. On fixa également un drôle de bracelet à ton poignet.
« C’est un traqueur GPS, complètement résistant à l’eau et aux chocs et- »Tu jouas avec un instant, mais ne parvint pas à le retirer et ressentis soudainement une douleur dans ton bras.
« …n’essaie pas de l’enlever, sinon il s’envoie une décharge électrique. Et voilà, c’est ce que je disais. C’est juste pour s’assurer que tu ne feras rien de stupide. Cette décharge était la plus faible, je doutes que tu n'aies envie de tester les autres... »