C'est un jour comme un autre. Un jour de plus qui s'est levé bien après mon réveil. Scott m'a demandé de lui raconter mon cauchemar et comme d'habitude j'ai préféré m'abstenir. Ma mère me disait souvent quand j'étais petite qu'il vaut mieux ne rien dire quand on n'a rien de gentil en tête. N'ayant pas de cours à donner ce matin, je me suis attardée dans la cuisine à tourner la cuillère dans mon café. Je suis perturbée ces derniers temps. Plus qu'avant. J'ai bien essayé d'en parler au professeur, mais il ne semble pas s'inquiéter outre mesure. Je me demande comment il peut rester aussi serein alors que j'ai le cerveau au bord de l'anévrisme. Pour me défouler, je vais parfois courir à Central Park, et je crois qu'aujourd'hui cela va être nécessaire. Je remonte dans ma chambre pour me changer. Je soupire en ramassant les fringues que Scott a laissé par terre avant d'aller travailler. C'est vraiment un petit-ami prévenant et sérieux, mais il est tout de même légèrement bordélique lorsqu'il n'est pas chez lui. Sa chambre est mieux rangée que celle d'un militaire, mais dès qu'il est dans la mienne ça devient le bronx. Je jette ses affaires dans le bac à linge sale et attrape mon lecteur mp3 sur mon bureau. Rien de tel qu'une bonne musique pour couvrir les sons désagréables de la ville en effervescence.
Je quitte l'Institut par la grande porte de devant, prenant soin de saluer Tornade et Logan au passage. Je m'arrête devant le garage et avise la moto de mon petit-ami, toute brillante, qui n'attend qu'à être piquée. Je lève les yeux au ciel et secoue la tête avant de reprendre ma route jusqu'aux grilles de la propriété. Si Scott apprenait que quelqu'un a pris sa moto chérie sans lui demander, il en ferait une jaunisse. Parfois j'ai l'impression qu'il aime plus cet engin que moi. Non. Je ne devrais pas penser cela. Il m'aime énormément, et il est très patient de me supporter avec tous mes travers. N'ayant aucun moyen de transport discret disponible pour me rendre à Manhattan, je décide d'employer les grands moyens. Les mains ouvertes le long de mon corps, paumes vers le sol, je me concentre et m'envole lentement. Je prends garde de rester à une bonne hauteur, pour éviter d'attirer l'attention, puis atterris à Central Park, derrière un buisson. Comme si de rien n'était, je remet mes cheveux en place avec un élastique et bouche mes oreilles avec mes écouteur, lançant la musique à fond. Enfin, je m'élance sur les chemins fleuris et ombragés du parc, savourant la sensation de mes muscles qui travaillent et tirent. je devrais faire ça plus souvent. Autrefois je le faisait de façon hebdomadaire. Ce temps-là me manque un peu.
Soudain, la musique s'arrête. Panne de batterie. Zut ! C'est bien ma veine. Les voix des personnes autour de moi s’amplifient et leurs pensées affluent dans la tête. Perturbée, je me crispe et pose sur main sur mon crâne. Mon attention préoccupée par mon besoin de créer une barrière mentale rapidement, je ne regarde pas où je vais. La chance fait que je ne percute personne pendant deux minutes, mais le hasard me rattrape vite. Boum ! Je rentre dans une jeune femme blonde qui allait dans le sens opposé et je m’effondre sur elle, le nez dans la poussière. Je me relève rapidement, honteuse. « Oh non ! Oh je suis désolée, c'est ma faute ! Je vous ai fait mal ? » Dis-je avec inquiétude. S'il y a bien une chose que je n'aime pas, c'est faire souffrir des innocents, et ce quelque en soit la façon. Je lui tend une main secourable tandis que je détaille son visage rapidement. Elle est jolie, mais elle a l'air d'avoir du caractère. La pauvre, tout ce qu'elle tenait dans ses mains s'est répandu par terre. J'espère que ce n'était pas des documents importants, ils vont être froissés et tâchés par la terre.
es vacances, à un moment ou à un autre, finissaient toujours par l'ennuyer. Non pas qu'elle se considère comme un rat de bibliothèque, un cerveau ou une accro du travail, mais Gwen devait tout de même admettre faire partie de cette catégorie de personnes qui n'avaient rien contre les cours et en reconnaissaient même les mérites. Bien sûr, elle n'avait rien contre ces deux mois de pause entre deux années de labeurs, mais elle ne parvenait pas à suivre le mouvement de ceux qui savent simplement se la couler douce, se dorer la pilule au soleil, et demeurer inactif. C'était autant une qualité qu'un défaut de la jeune femme : elle avait toutes les peines du monde à demeurer inactive, et en ce sens, les vacances mettaient son dynamisme à rude épreuve. Certes, elle faisait de son mieux pour ne pas procrastiner un seul instant. Elle aidait sa mère autant qu'elle le pouvait à la maison, et entrecoupait le tout avec les quelques shootings que son agence lui proposait... mais ce n'était pas suffisant à combler ses journées. Si bien qu'elle s'était récemment passionnée pour une activité qui en aurait fait frémir plus d'un d'angoisse. Elle avait imprimé les brochures des différentes universités auxquelles elle espérait bien postuler l'année à venir, ainsi que les différentes offres de bourses et leurs conditions proposées par chacune, et commençait, lentement mais sûrement, à examiner ses options, et à compléter certains dossiers. Elle s'y prenait trop tôt ? Peut-être oui, peut-être pas. L'année précédente avait filé à une telle vitesse qu'elle ne pensait pas absurde de prendre les devants. Sans oublier, bien sûr, qu'être prévoyant, quand il s'agissait de son avenir, n'était jamais quelque chose de superflu... Qu'importe que certains de ses camarades et amis ne comprennent pas son engouement pour des études qui, à eux, leur semblaient encore bien lointaine.
La quasi totalité de sa matinée, elle l'avait donc passé ainsi, à lire attentivement plusieurs brochures imprimées avec soin et dors et déjà classées (Gwen était un rien maniaque, c'était un fait qu'il lui était tout à fait impossible de nier), avant de se laisser tenter par un peu d'air frais. Il faut dire que la chaleur de ce mois de juillet avait tendance à plomber à peu près n'importe quelle atmosphère, et celle de l'appartement des Stacy, situé presque sous les toits, n'était pas épargné par cette règle, loin de là. Ouvrir une fenêtre ne faisait qu'apporter un peu de chaleur supplémentaire, et elle ne parvenait pas à éprouver la brise légère portée par les arbres du parc, qu'elle savourait à présent qu'elle s'accordait cette petite pause dans Central Park. Enfin, le mot "pause" demeurait pour le moins relatif quand il s'agissait de la jolie blonde. Elle avait pris avec elle un rien de documentation, un peu de lecture afin d'en "profiter" assise sur un banc, du moins, si les circonstances voulaient bien être clémentes. Ce qui n'était guère le cas pour le moment.
Gwen ne comprit pas grand chose à ce qui se passa. Elle était debout l'instant d'avant, celui d'après, par terre, ses papiers éparpillés un peu partout, et la femme à la chevelure roux flamboyant qui venait s'enquérir de son état.
-C'est rien. répondit-elle en acceptant la main tendue de l'étrangère, avant de dépoussiérer rapidement ses vêtements d'un geste de la main, et de récupérer ses documents. En effet, plus de peur que de mal, en définitive. Elle n'avait en tous cas rien de cassé. Rien d'irremplaçable en tous cas. ajouta-t-elle en constatant le piteux états où se trouvaient désormais ses papiers. Ne vous en faites pas, j'en ai vu d'autres. Puis, lui adressant un regard plus attentif. Et vous, vous n'avez rien ?
Elle lui semblait un peu préoccupée, mais elle osait penser que pour sa part également, le choc avait plus tenu de la surprise que de quoi que ce soit d'autre.
Je me sens coupable de m'être laissée emporter par mon pouvoir une fois de plus. Je suis carrément rentrée dans quelqu'un, une pauvre innocente ! Et ça aurait pu être bien plus grave. Cette collision a au moins le mérite de m'avoir arrêtée avant que je ne détruise quelque chose. Je ne souhaite pas blesser qui que ce soit. Je fais un petit sourire tout en aidant la jeune demoiselle avec ses affaires éparpillées. Je ne sais pas ce qu'elle fait dans la vie, mais ça ressemble à une sacré pile de paperasse ! En y regardant discrètement plus près, je remarque que ce sont des dossier de demande pour des universités. Je hausse un sourcil, mais je ne fais aucune remarque. C'est curieux, ce n'est pas encore le moment de postuler pour les grandes écoles, j'en sais quelque chose puisque j'enseigne. Elle s'y prend très tôt, c'est indéniable. Je suis soulagée d'apprendre qu'elle n'a rien de cassé et que ses papiers sont récupérables. Je suppose que studieuse comme elle a l'air de l'être, il doit y avoir des copies de ces dossiers un peu partout chez elle, au cas où. Je ne m'inquiète donc pas davantage pour elle. Je suis touchée de remarquer qu'elle s'inquiète de mon état elle aussi. J'ai pourtant déjà rencontré beaucoup de personnes qui me percutaient dans la rue sans même ralentir ou s'excuser. Mais elle, ce n'est pas son cas. Elle a l'air concernée par ce qui nous est arrivé. Non pas que ce soit un événement exceptionnel en soit, mais cela a plus d'importance pour moi, parce que je sais que sous l'effet de la surprise j'aurais pu lui faire très très mal. J'imagine que de son côté elle doit penser que j'en fait trop. Ce ne serais pas la première fois que ça m'arrive de passer pour une folle.
Je repousse une mèche de mes cheveux rouges qui a glissée de mon chignon, tout en hochant la tête affirmativement. « Oui oui, je vais bien. J'étais absorbée et j'ai oublié de regarder devant moi. » Oui, absorbée par les milliers de gens qui parlent et pensent en même temps dans ce gigantesque parc de Manhattan. Mais ça, je ne peux pas le lui dire. Du coin de l'oeil, j'avise la devanture d'un café et une idée germe dans mon esprit. Peut être qu'elle refusera mon invitation, mais je me sens redevable envers elle. Je n'irais pas jusqu'à penser que j'aurais pu la tuer, mais elle ne s'en serait pas sortie sans une jolie commotion. Je prends donc un air avenant, très naturel, pour lui proposer de m'accompagner. « J'allais faire une pause au café là-bas, ça vous dirait de venir avec moi ? C'est moi qui offre, pour m'excuser d'avoir été si maladroite. » Pour une raison que j'ignore, je ne me sens pas mal en compagnie de cette jeune femme. Elle est plus jeune que moi, il me semble que j'aurais pu être sa sœur, voire même sa mère si je l'avais eue tôt. Même sans mes écouteurs, je ne me sens pas oppressée par le monde qui m'entoure. Peut être que cela vient du fait que je suis occupée à parler avec elle. Je ne connais même pas son prénom. J'imagine que dorénavant les présentation s'imposent. Je tend une main chaleureuse. « Je m'appelle Jean Grey. » Dis-je avec une voix douce et agréable. C'est très curieux, cette fille fait ressortir chez moi un sentiment surprenant. On dirait presque un instinct maternel.
wen adressa à son interlocutrice un sourire compréhensif. Après tout, il arrive à tout le monde d'être inattentif ou d'avoir la tête dans les nuages. Elle n'allait certainement pas blâmer son interlocutrice pour cela. Après tout, elle-même n'était pas complètement à ce qu'elle faisait, au moment de l'”impact”, il se pouvait tout à fait qu'elle y ait eu sa part de culpabilité, après tout. Inutile de s'appesantir là-dessus, il en fallait plus pour énerver ou agacer la jeune femme, de toute façon. Et puisque Gwen était bien incapable de deviner ce qui pouvait véritablement agiter l'esprit de Jean, elle n'avait pas l'intention de laisser cette dernière se répandre plus avant en excuses. À vrai dire, à ce stade d'une rencontre pour le moins inhabituelle, la demoiselle avait simplement cru que, l'une comme l'autre, allaient reprendre le cours d'une vie normale, et oublieraient très rapidement s'être vues un jour. Sauf que non, ce ne fut pas ce qui se passa, et à la place, Jean lui proposa d'aller boire un café. Gwen considérait qu'il n'y avait rien à se faire pardonner, et voulait bel et bien payer elle-même sa consommation, mais se garda de cette observation redondante. Elle n'avait rien contre un café, après tout. Ça lui ferait même du bien, histoire de réveiller un peu ses cellules grises. Et cette femme lui semblait, après tout, assez agréable. Les rencontres n'étaient jamais complètement anodines, celle-ci avait peut-être un sens ? Et quand bien même elle n'en avait pas, il serait toujours temps de lui en donner. Gwen Stacy était, de toute façon, une demoiselle sociable, qui refusait rarement des invitations de ce genre, du moment qu'elle étai convaincue que son interlocuteur n'avait pas de discutables arrières pensées. Elle voulait bien parier que Jean Grey, puisque tel était donc son nom, était armée des meilleures intentions.
-Gwen Stacy. Se présenta la demoiselle tout en serrant la main qu'on lui tendit. Un café, c'est une excellente idée.
Et ni une ni deux, elles se rendirent donc en direction du fameux café que Jean lui avait désigné du doigt. Gwen était déjà passée devant plusieurs fois, mais n'avait pas songé à s'y arrêter, jusqu'à aujourd'hui. Elles s'installèrent à une table, Gwen se commanda l'un de ces cappuccinos recouverts de crème chantilly qui rendraient verts ceux qui voulaient la voir percer dans le mannequinat, elle qui n'y trouvait aucune réelle ambition, ni ne pensait avoir de réel talent.
-Vous savez, vous n'aviez vraiment pas besoin de m'inviter. J'espère que je ne vous interrompt pas dans quelque chose d'important. Heurter les gens est aussi l'apanage des personnes pressées par le temps, après tout, mais bon, si elle l'avait vraiment été, elle se serait sûrement épargnée l'invitation. On servit leurs commandes. Gwen porta sa boisson à ses lèvres et en bu une première gorgée avant de reprendre. Alors... Qu'est-ce que vous faites dans la vie ?
C'était une entrée en matière... peut-être un peu maladroite, mais Gwen avait bien envie de faire plus ample connaissance avec Jean, et puisqu'elles étaient là, à présent, la situation semblait propice.
Bon, la demoiselle accepte de se présenter et de m'accompagner au café. J'imagine que c'est bon signe, elle ne m'en tient pas du tout rigueur. Les gens de nos jours sont si agressifs les uns envers les autres, que c'est agréable de rencontrer quelqu'un de compréhensif et souriant. Cette jeune femme est bien plus jeune que moi, et je me sens responsable de ce que j'ai fait subir à un travail qui a du lui demander des heures. La paperasse, ça me connait, et je ne souhaite ça à personne. Je souris à l'écoute de son nom. C'est très joli, ça lui va bien. « Enchantée. » En fait j'ai même l'impression de l'avoir déjà entendu quelque part. En même temps, vu tout ce que je peux entendre de vive voix comme mentalement par jour, pas étonnant que je ne sois pas toujours capable de remettre les informations dans le bon ordre. Je chercherai plus tard d'où me vient ce sentiment de déjà-vu. Probablement une simple coïncidence. Je lui emboîte le pas jusqu'au café et m'installe face à elle en essayant de garder un visage ouvert et tranquille. Ce n'est pas si dur, curieusement, car sa présence me rassure et je suis tellement concentrée sur elle que le reste a cessé d'envahir mon esprit. C'est un soulagement ce silence temporaire. Je la laisse commander son cappuccino recouvert de chantilly et je décide de prendre un moka. La serveuse s'éloigne d'une démarche sautillante surprenante pour quelqu'un qui bosse à Central Park tous les jours de la semaine. A sa place je serais épuisée.
Gwen reprend la parole après que nos boissons aient été servies. Je lui porte une attention spéciale, car je souhaite réellement en apprendre plus sur elle. Puisqu'il faut que je commence le petit interrogatoire typique des rencontres, allons-y, je n'y vois pas d'inconvénient majeur, du moment qu'elle ne se montre pas trop curieuse pour son propre bien. « Je suis professeur, dans une école pour personnes un peu spéciales. » Je prends soin de ne pas dire le mot " surdoué " parce qu'elle a tout l'air de tenir dans cette catégorie et je ne voudrais pas qu'elle essaye d'entrer dans l'Institut par mégarde. Scott ne serait pas vraiment ravi de savoir que je ramène des problèmes jusque chez-nous. Si on peut vraiment appeler ça " chez-nous ". Nous n'avons pas d'endroit où vivre juste tous les deux comme des gens normaux. Nous ne sommes pas normaux. Nous ne le seront jamais. Cette vie de femme au foyer ne sera jamais mienne. Je porte la boisson chaude et sucrée à mes lèvres et en boit une grande gorgée avant de reposer la tasse sur la table. Mes yeux brillent de curiosité. « Et vous ? Quelque chose me dit que vous êtes peu ordinaire. » Dis-je avec un air amusé. Si je le voulais, je pourrais fouiller sa tête à la recherche de réponses à mes questions, mais où serait l'amusement là-dedans ? C'est bien plus agréable de laisser les gens se présenter par eux-mêmes. Et puis je m'en voudrais de lui griller le cerveau par accident.
nseignante, alors... Oui, c'était un corps de métier dans lequel Gwen n'avait aucun mal à imaginer son interlocutrice s'épanouir. Certes, elle ne la connaissait pas encore très bien, et il se pouvait tout à fait qu'elle se trompe au sujet de son interlocutrice, mais certains signes, pensait-elle, ne trompaient pas. La façon qu'elle avait eu de l'aborder, son sens aisé du contact, toutes ces qualités que l'on pouvait reconnaître aux professeurs dignes de ce nom, Gwen les découvrait en Jean, et ce n'était pas pour lui déplaire. La demoiselle, curieuse au possible (ce n'était certainement pas son moindre défaut), brûlait d'en savoir plus, de connaître la matière qu'elle enseignait, et d'en apprendre davantage sur cette école où elle travaillait. À entendre parler de "personnes assez spéciales", Gwen se visualisait un centre destiné à des adolescents handicapés, ou alors atteints de troubles psychologiques. Ce n'était, dans tous les cas, pas le genre de termes que l'on employait à la légère ou sans raison. Une enseignante lambda ce serait contentée de dire qu'elle était professeur, un point c'est tout. Mais pour l'heure, Jean ne semblait pas vouloir s'attarder sur le sujet et, au contraire, préférant en apprendre davantage sur elle. Un sourire parut sur le visage de Gwen quand Jean supposa qu'elle était quelqu'un de peu ordinaire, c'était le genre de remarques qu'elle entendait comme un compliqué, et à choisir, la demoiselle préférait effectivement ne pas être comme les autres. Cela étant, elle n'avait pas vraiment l'impression de différer de la masse, si ce n'est que ses résultats scolaires se situaient au-delà de la moyenne.
-Vous serez déçue, je le crains. dit-elle d'un ton qui tenait du constat aimable, non de l'auto-lamentation excessive. Je suis encore au lycée, j'entre en terminale le mois prochain. Elle haussa les épaules. J'ai... une vie assez banale, en somme.
En même temps, qu'aurait-elle pu raconter de plus. elle tentait d'exister, ni plus ni moins que les autres adolescents de son âge. Aucun drame n'était venu troubler le cours de son existence, ni aucun haut fait, aucune aventure qui aurait fait d'elle une personne digne de passionner les foules. Cela viendrait peut-être, elle espérait, même, que cela arrive, pas tant pour susciter l'admiration que pour s'octroyer la satisfaction d'avoir accompli quelque chose dans sa vie, d'y avoir trouvé sa place, et de ne pas avoir été passive, un sentiment qu'elle n'aurait que trop mal supporté. Quoi qu'il en soit, Gwen ne voulait pas donner l'impression de se plaindre pour autant, elle n'avait pas la moindre raison de le faire, d'ailleurs. Elle aimait sa vie comme elle était, et elle n'y aurait rien changé, quand bien même on lui aurait proposé d'y modifier quelque chose. Elle savait se satisfaire de ce qu'elle avait, et comptait seulement sur ses ambitions pour qu'elles la portent aussi loin qu'elle le désirait. Chaque chose en son temps, ambitieuse, elle l'était sans doute plus que nécessaire, mais vénale, absolument pas.
-Sans vouloir être indiscrète, quelle matière enseignez-vous ?
Elle ne pensait pas être indiscrète en posant cette simple question, quoi qu'il en soit, mais c'était le genre de formules de politesse dont il était bon ton d'user en présence d'un adulte, et l'impolitesse n'était certainement pas une chose que Gwen songeait même à tolérer.
L'instant est agréable. Le demoiselle est gentille, plutôt réservée et humble. J'apprécie sa compagnie. Je ne suis pas surprise qu'elle me dise qu'elle est banale, comme n'importe quelle autre étudiante de son âge. J'aimerais pouvoir la croire, pourtant je n'y parviens pas. Peut-être n'a-t-elle tout simplement pas conscience qu'elle a quelque chose d'unique en elle. Ce n'est pas une mutante, je l'aurai senti. C'est autre chose de plus subtil. Mon instinct ne me trompe jamais, quelque chose d'extraordinaire va faire partie de la vie de cette jeune femme. Je ne devrais sûrement pas m'en mêler, au risque de troubler son avenir si jamais j'ai vu juste. Certaines personnes ont besoin d'un coup de pouce pour découvrir leur destin hors du commun et d'autres pas. Je pense que celle-ci pourra se passer de mes services. Un large sourire amusé s'étire sur mes lèvres quand elle me demande quelle matière j'enseigne dans mon " école pour personnes spéciales ". Je pourrais lui dire la vérité, de toute façon elle ne me croirait pas. Cependant, je n'enseigne pas que des techniques de combat ou de défense comme certains aiment le croire. Beaucoup de jeunes dans l'Institut ont besoin d'apprendre des choses qui correspondent à la vie de tous les jours comme le français, la philosophie, les mathématiques. Les cours supplémentaires, sont comme leur nom l'indique en supplément. Je bois une nouvelle gorgée de ma boisson qui n'est plus tellement chaude avant de lui répondre. « J'enseigne l'histoire et les sciences politiques. » Dis-je avec un ton neutre et amical. C'est la stricte vérité. Je garde simplement sous silence les options pour mutants potentiellement dangereux.
Mon portable choisit ce moment précis pour vibrer dans ma poche. Je soupire d'agacement et l'extirpe de ma poche. C'était trop beau pour être vrai. Le devoir me rappelle toujours à l'ordre. Le nom de Scott apparaît sur l'écran. Je vais être obligée de répondre et de rester évasive dans ce que je vais lui dire. Je ne suis pas en compagnie de quelqu'un qui peut entendre les mots " télépathie " et " mutation " sans s'étouffer dans sa tasse. « Désolé je dois répondre, ça ne durera qu'un instant. » Je dis à Gwen en m'excusant. Je décroche alors quelques secondes à peine avant que ma messagerie ne se déclenche. « Jean à l'appareil. » Je dis de façon calme et professionnelle. « Bon sang Jean, tu es où ? Je t'ai cherchée partout. Tu en a mis du temps à répondre. » Je lève les yeux et ciel et accorde un clin d'oeil à ma nouvelle camarade. « Je vais bien, je suis à Central Park. Je bois un café et je rentre, promis. » J'entends un soupir de l'autre côté du combiné, puis ça raccroche doucement. Il faudra que je lui parle en rentrant. Je range mon téléphone, l'air gênée. En général j'évite de mêler les inconnus à ma vie privée et Gwen vient d'avoir un petit aperçu de ma vie de tous les jours. Je sais bien que mon petit-ami est inquiet pour moi parce qu'il m'aime beaucoup, mais parfois il en fait juste...trop. Je ne suis pas aussi fragile qu'il le pense. Je me racle la gorge, pressée de laisser ce rapide coup de fil derrière moi. « Les garçons peu importe l'âge, c'est tous les mêmes. » Je dis avant de retenir un rire. L'avantage c'est que ce genre de phrase a le don de créer un lien de connivence avec presque toutes les femmes sur Terre.
histoire et les sciences politiques, des domaines qui décrocheraient un baîllement à certains à leur simple évocation, et sans voir plus loin. Mais ce n'était pas le cas de Gwen. Elle faisait partie de cette catégorie très rare d'élèves qui aimaient s'instruire, apprendre. Elle possédait cette sorte de curiosité intensive qui ne semblait pouvoir être étanchée. C'était simple, plus on lui communiquait d'informations, plus elle en voulait. Elle voulait tout voir et tout savoir, donnant au terme “érudition” toute sa valeur. Elle avait été plutôt tentée, d'ailleurs, de demander à son interlocutrice qu'elle était la période historique qu'elle enseignait, quel était son programme de l'année... bref, autant de questions qui ne seraient sans doute pas venu à l'esprit de l'élève lambda. Elle aurait sans doute cédé à son envie, d'ailleurs (quand bien même elle avait conscience que le professeur devait apprécier de ne pas rabâcher ses cours quand elle ne se trouvait pas en compagnie de ses élèves), si toute tentative de reprendre la parole n'avait pas été avortée par ce portable, celui de Jean, pour vibrer. Gwen adressa à son interlocutrice un regard mêlé d'un sourire qui, en somme, signifiaient “ce n'est rien” quand elle laissa à Jean le soin de décrocher son portable, avec un manque de motivation manifeste. Qui que soit la personne qu'elle avait au bout du fil, elle ne semblait pas le moins du monde enchantée de répondre à l'appel. Pas vraiment de tendresse dans le son de sa voix, et un discours assez laconique. C'est ce que Gwen analysa, tout en ayant pleinement conscience du fait qu'analyser ainsi l'attitude de quelqu'un au téléphone n'est pas une chose qui se fait (c'était plus fort qu'elle). Et pourtant, cette personne à l'autre bout du fil, selon toutes vraisemblances, et aux vues de ce que dit Jean une fois l'appel fini, était l'homme qui partageait la vie du professeur. Le sourire que Gwen avait sur le visage se mua en légère grimace. Les garçons, tous les mêmes, hein ?
-Je suppose, oui.
Et le fait est qu'elle était effectivement plus à même de supposer que d'affirmer. Après tout, elle n'avait que dix-sept ans. Certes, elle avait déjà eu un ou deux petit ami, mais rien que l'on puisse véritablement qualifier de sérieux, rien qui puisse lui permettre de savoir ce que pouvait bien englober ce “tous les mêmes”. Le fait est que c'était toujours le même moteur qui la menait à s'intéresser à quelqu'un : encore et toujours cette curiosité qui semblait régir sa vie. Intriguée par le genre masculin, oui, c'est sûr... Mais il faudrait déjà clairement qu'elle parvienne à le comprendre pour pouvoir affirmer que les garçons étaient tous les mêmes. Et lorsqu'elle se retrouvait confrontée à des cas tels que Peter Parker, qui demeurait à ses yeux un énigme insondable à laquelle, elle le savait bien, elle accordait bien trop d'intérêt, elle n'était plus vraiment certaine de savoir quoi que ce soit du sexe opposé.
-Je vais de nouveau avoir l'air indiscrète... forcément, en même temps, c'était une seconde nature, chez elle. Vous êtes ensemble depuis longtemps ?
Ma remarque à propos de Scott et des garçons en général est assez déplacée, maintenant que j'y pense. Après tout, ils ne sont pas forcément tous comme cela et j'ai tort de généraliser sur mon vécu. Je n'en ai pas tellement connus d'autres de toute façon. Je ne crois pas qu'il existe quelque part un homme en tout point parfait, mais ça vaut le coup d'y rêver, non ? Je ne sais pas. Peut-être ais-je tort de juger mon petit-ami parce qu'il me couve trop. S'il agit ainsi, c'est avant tout parce qu'il m'aime énormément. Est-ce-que je ne serais pas en train de chercher simplement à justifier le fait que c'est moi qui ai changée ? Scott a toujours été le même, et à l'époque j'aimais ce sentiment de protection qu'il me procurait. Je suis simplement une autre femme aujourd'hui. Je ressens un puissant besoin d'indépendance, de voir d'autres horizons, d'apprendre de nouvelles choses loin de l'Institut. Entre la partie de moi qui aime ses habitudes réconfortantes et celle qui rêve d'aventures trépidantes, je ne sais que choisir. Je pince mes lèvres en entendant la réponse de Gwen. Oui c'est bien ce que je craignais en entamant cette discussion. Elle est un peu jeune pour avoir conscience de ce que représente une véritable relation. Probablement n'a-t-elle jamais connu l'amour, le vrai, celui qui fait perdre la tête. Un mince sourire s'étire sur mes lèvres, à la frontière entre l'attendrissement et les excuses muettes. C'est une attitude bien lâche de mêler une innocente et inconnue jeune femme pleine de joie de vivre à mes problèmes de coeur existentiels. je hoche la tête silencieusement en espérant que nous allons pouvoir changer de sujet. Pourtant, à ma grande surprise, c'est Gwen qui décide de creuser la discussion davantage.
Je hausse un sourcil étonné, puis je soupire, amusée. Si je connais Scott depuis longtemps ? Il me semble qu'il a toujours été à mes côtés. D'abord dans mes rêves, puis dans mon quotidien. Il est arrivé à l'Institut un peu après moi et nous ne nous sommes jamais quittés depuis. Notre amour a eu du mal à fleurir, probablement à cause de sa timidité et de mon réflexe de renfermement. « Oh depuis des années, cela remonte à si longtemps... Scott et moi avons presque été élevés ensemble. Nous étions dans le pensionnat où nous enseignons aujourd'hui. Je l'ai aidé à apprendre ses leçons d'histoire et lui m'a aidée avec les mathématiques. » Je ris bêtement en me rappelant ces souvenirs. Pourquoi ais-je oublié ces instant de bonheur simples que je vécus avec Scott ? Au final tout était bien, tout était beau avant. Avant quoi d'ailleurs ? Avant que je devienne adulte ? Avant...Logan ? Ma mine s'assombrit un instant et je chasse cette idée avec toute l'énergie dont je suis capable. Je ne suis pas prête à songer à cela. J'aurai tout le temps plus tard. Je reporte mon attention sur Gwen et souris. « L'amour est un sentiment magique, mais il peut se montrer traître par moments. Je te souhaite de trouver quelqu'un qui saura te faire rire et te respecter telle que tu es. S'il n'en est pas capable, dis toi qu'il ne te mérite pas. » Après l'avoir prononcé, je m'attarde sur mon propre conseil. Scott ne me fait plus autant rire qu'avant. Il est toujours trop occupé ou trop inquiet pour penser à s'amuser. Quand au respect... Dans un sens il me respecte, mais pas comme son égale. Je suis une fillette qu'il doit protéger chaque seconde de chaque jour. Il ne pense pas que je sois capable de me débrouiller. Mais alors... serait-ce en partie vrai ? Est-ce-qu'après tout ce temps, Scott ne me mérite plus ? Je peine à le croire.
l y avait chez Gwen un fond de romantisme qui l'invitait à croire que, lorsqu'on avait trouvé la bonne personne, on ne connaissait pas ces moments de doute et ces intempéries, il n'y avait plus que des certitudes. C'était, bien sûr, observer les choses sous un angle très naïf et l'on pouvait quelque part être assez surpris que la jeune femme, en soi pragmatique, se laisse aller à de telles considérations. Mais elle était de nature à penser que l'amour était de ces rares exceptions qui n'étaient pas quantifiables, elle ne voulait pas leur reconnaître ces origines scientifiques reconnues par la plupart, ces histoires de phéromones qui certes, avaient leur rôle, mais ne suffisaient pas à justifier les histoires les plus belles. Pourtant, même les romances les plus grandes avaient leurs aléas, et personne n'était à l'abri du quotidien... Après tout, ses parents, qui aux yeux de Gwen, étaient l'exemple même du couple modèle, avaient aussi leurs lots de disputes. C'était sans doute inévitable... Et les couples finissaient irrémédiablement par souffrir de la routine, comme Jean et son petit ami qui, de toute évidence ne lui apportait plus ce bonheur qu'elle avait pu éprouver autrefois. Donc, il fallait s'en contenter ? Très franchement, Gwen avait envie de croire que la passion ne finissait pas irrémédiablement par s'éteindre, elle trouvait cette supposition... triste. Peut-être cela signifiait juste qu'on avait pas trouvé la bonne personne. Jean s'accrochait peut-être à une flamme déjà éteinte. C'était toujours mieux que de se laisser attirer par une flamme qui vous mordait la peau quand vous vous en approcherez trop.
-Je tâcherais de m'en souvenir. dit-elle dans un sourire, se demandant si son interlocutrice n'était pas en train de prononcer là des conseils qu'elle comptait appliquer à sa propre vie.
Il n'y avait pas besoin d'être devin pour comprendre que son couple battait de l'aile... Gwen aurait bien aimé lui être utile, être à même de lui apportait un réel soutien et à son tour, lui prodiguer des conseils dignes de ce nom. Mais elle n'avait que dix-sept ans. Même si elle avait eu suffisamment de sagesse pour savoir quoi lui dire, elle ne se serait pas sentie légitime pour lui faire la morale ou quoi que ce soit. Qui plus est, elles venaient à peine de faire connaissance, toutes les deux... Pour Gwen, c'était presque difficile à croire, en fait. Elles se parlaient plutôt librement toutes les deux, si bien que Gwen avait l'impression de connaître Jean depuis bien plus longtemps que cela.
-Je ne voudrais pas donner l'impression de me mêler de ce qui ne me regarde pas... Même si elle faisait cela depuis un moment, et que c'était de toute façon plus forte qu'elle. Mais vous devriez peut-être lui parler de vos doutes...
Même si, explicitement, elle n'avait pas parlé de doute. Gwen trouvait que cela se voyait comme le nez au milieu de la figure.
Je lève un regard nouveau vers mon interlocutrice. Certes elle est un peu indiscrète, mais cela ne me dérange pas trop, du moment que ce n'est pas à propos de choses top-secrètes. En fait, je suis même étonnée par la façon très mature dont elle aborde mon problème. Ceci dit, c'est peut-être moi qui suis stupide de ne pas avoir songé à ce qu'elle me conseille d'essayer. C'est vrai que parler honnêtement avec Scott pourrait suffire à chasser les malentendus. Malgré mes sentiments spéciaux envers Logan, j'ai du mal à accepter que mon histoire avec Scott puisse se terminer ainsi. Nous sommes ensemble depuis trop longtemps, je ne sais pas à quoi ressemblerait ma vie sans lui. A chaque fois que je fais ou dit quelque chose, c'est par rapport à lui. Pour tout dire, je crois que j'ai peur de changer et de ne pas me reconnaître si je me sépare de mon petit-ami. Je soupire en hochant la tête. L'amour est décidément quelque chose de merveilleux, mais terriblement compliqué. Je ne sais plus où donner de la tête. Peut-être que c'est ce conflit en moi qui m'empêche de me concentrer autant que d'habitude. Ça expliquerait les débordements de mes pouvoirs. « Tu as raison. » Je marque une pause le temps de boire une dernière gorgée de ma boisson. « Je devrais lui dire ce que je ressens. » Je dis à Gwen en souriant. Mon regard glisse vers mon téléphone que j'éclaire pour regarder l'heure. Il n'est peut être pas trop tard pour rentrer à l'Institut et entamer une conversation calme entre adultes. En volant, j'y serais dans quelques minutes, je suppose.
Je relève la tête et plonge mes yeux dans ceux de Gwen. J'ai du mal à croire que nous ne nous connaissons que depuis un quart d'heure. Une demi-heure, maximum. Je la trouve fascinante, drôle et très mature pour son âge. En général j'évite de me lier avec des civils, mais cette jeune femme a quelque chose de spécial. Il est trop tôt pour que je lui fasse pleinement confiance, mais peut-être qu'un jour je la connaîtrai suffisamment pour lui dire la vérité. Seul l'avenir nous le dira. Je regarde dehors et constate que le soleil est déjà bien haut dans le ciel. « Je dois donner un cours après le déjeuner, il faut que je rentre. » Je dis à Gwen, presque à contrecœur. J'aurais aimé rester avec elle un peu plus longtemps, lui poser des questions indiscrètes sur sa vie à mon tour... Peut-être que je peux lui donner mon numéro et lui proposer de se revoir ? Ce n'est pas comme si j'abusais. Enfin je ne crois pas. Avec un petit sourire timide, je sors un stylo de mon sac et note mon numéro rapidement sur une serviette en papier fournie avec le café. Après cela, je range l'ustensile et tend l'information à la petite blonde. Je ne peux m'empêcher de me dire qu'elle est vraiment jolie et qu'avec un cerveau comme le sien, elle ira probablement loin dans la vie. « N'hésites pas à m'appeler si tu as besoin de compagnie. J'aimerais beaucoup te revoir. » Je lui dit avec un petit clin d’œil de connivence. Je ne lui ai pas posé de questions à propos de garçons, mais je me doute qu'elle a elle-même des soucis de ce genre, bien qu'elle soit un peu moins inexpérimentée. Parfois, les filles de son âge ont besoin d'un avis objectif, extérieur, féminin et plus mature sur leurs problèmes sentimentaux. Dans ce cas, je serai ravie de lui confier une oreille attentive. Sur ces mots, je ramasse mes affaires, dépose assez d'argent pour payer nos deux consommations, puis quitte la salle non sans la saluer de la main une dernière fois. A l'abri des regards, loin du café, je prends mon élan et m'envole. Il est temps de rentrer à la maison.
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Mer 23 Juil - 18:02
