Mon père n’a tellement pas assumé le fait d’être père qu’il a prit la fuite quelques heures après que ma mère lui ai annoncé la nouvelle. Elle ne l’a plus jamais revu et n’a même plus entendu parler de lui. Je ne connais même pas son nom, ni son visage et je n’ai pas spécialement envie de le connaître : s’il n’a pas été là pour ma mère quand elle avait besoin de lui, il n’a pas besoin de connaître mon existence. Surtout que cette rencontre risquerait de se terminer très mal pour lui vu toutes les choses que j’ai à lui reprocher.
Durant ma vie, mon père a donc été une ombre sans nom et sans visage que ma mère ne mentionnait que pour lui reprocher des choses. «
Ton père aussi n’était pas doué en bricolage », «
ton père était un lâche » ou encore les «
ton père, quel connard » ont bercé mon enfance sans me donner l’envie de rencontrer ce personnage. Je ne blâmais pas ma mère non plus, je n’aurais pas voulu qu’elle s’accroche à une personne qui n’en avait visiblement rien à faire. Et si c’était pour qu’il nous batte dans les années suivantes, non merci. Je préfère qu’elle m’ait élevée seule. Parce que oui, elle ne s’est pas remariée et les rares hommes que j’ai vus à la maison étaient soit des professionnels en plein travail comme le facteur ou le plombier ou bien ses coups d’un soir que je n’ai jamais revus. Et franchement, les choses auraient pu bien se passer, si à l’âge de quinze ans je ne lui avais pas sorti que j’allais entrer dans les forces de l’ordre.
×××
1998Je n’ai pas mis longtemps à prendre ma décision. Mon sac est fait en quelques minutes à peine. J’en ai marre de cette vie, de cette ville, de cette situation dans laquelle je suis coincée avec ma mère depuis le jour de ma naissance. J’entends encore ma mère en train de hurler comme quoi elle ne me laissera jamais entrer dans les forces de l’ordre, qu’elle n’a pas eu une fille pour que cette dernière devienne flic et finisse par crever dans une allée.
Pour une fois que je lui montre que j’ai de l’ambition dans la vie, elle pourrait me soutenir. Mais non, ce serait trop beau sinon. Mon sac sur l’épaule, mes chaussures attachées et me voilà une jambe passée dans la fenêtre, prête à prendre appui sur l’arbre le plus proche pour ne pas me tuer dans la descente. Quand quelqu’un vous raconte l’un des moments clés de sa vie, celui où tout a changé, il va vous dire qu’il a soudain eu une révélation, comme s’il avait vu la lumière ou quelque chose dans le genre. Il n’en est rien pour moi. Pas de lumière, pas de Saint Esprit, nada. Je me prends même mes cheveux dans la gueule à cause du vent.
Mais il y a bien une pensée qui me traverse l’esprit : «
et si tu lui montrais qu’elle a tord ? »
Je retire ma jambe et referme la fenêtre de ma chambre. Mon sac est vidé et je range toutes mes affaires. Ce soir-là, lorsque je me couche, c’est avec une détermination presque palpable. Je ne serais pas lâche comme mon paternel, je ne fuirais pas au premier obstacle. Je serais patiente et un jour, je prouverais à ma mère qu’elle a tord.
×××
1999—
Allez viens Levi ! C’est le dernier été avant la terminale, tu peux au moins profiter un peu de la mer non ?Je souris à Jessica et repose la crème solaire.
—
J’arrive !C’est une journée agréable en soit. Les choses se sont calmées avec ma mère. Que ça lui plaise ou non, dès l’année prochaine je vais envoyer ma candidature en criminologie. Elle n’a pas son mot à dire dans cette histoire, je suis capable de me faire mon propre avis et de choisir ma propre vie. Et je ne suis habituellement pas le genre de personne à passer des heures dans les bouquins, mais je tiens à mettre toutes les chances de mon côté quand je postulerais, alors autant que je prenne de l’avance sur mes cours, surtout ceux de droit criminel…
Mais je ne vais pas non plus dire non à une petite sortie entre potes, surtout sur la plage de Miami, pour une fois qu’il n’y a pas beaucoup de monde… Rejoignant Jessica et les autres, je laisse l’océan monter progressivement, mouillant mes cuisses, puis ma taille. La conversation tourne autour des choses habituelles : le futur et les garçons. Surtout les garçons.
—
Je suis sûre que Peter est trop en kif sur toi, ça se voit tellement ! lance Sarah à Jessica qui rougit, mais ne nie pas.
Je me retiens de lever les yeux au ciel.
—
Oh, c’est bon, tout le monde sait que vous avez couché ensemble, tu peux nous le dire, je lance à Jessica, faisant des petites vagues avec mes mains.
Jessica s’offense et devient toute rouge.
—
N’importe quoi ! Il ne s’est rien passé entre nous !Je lève un sourcil interrogateur.
—
Alors c’était pas toi la blonde qui lui faisait une pipe dans sa Sedan mercredi dernier ? Avant de le chevaucher durant tout le cours de maths ? Cours de maths qu’il a fallu que je te file ensuite…Si Jessica pouvait s’évaporer dans l’eau à cet instant, je suis sûre qu’elle le ferait.
—
Ce que t’es vulgaire Levi ! lance Sarah, décidément choquée.
—
Oh ça va, c’est pas comme si on était au 18ème siècle. J’appelle un chat un chat, tout simplement…Sarah reste offusquée pourtant et se demande ce que mes parents penseraient s’ils m’entendaient parler de la sorte. Je ris et m’éloigne en faisant quelques brasses.
—
Pendant que Sarah se remets de son choc émotionnel et que ses oreilles arrêtent de saigner, je vais plonger un peu ! je lance au groupe avant de disparaître sous la surface claire de l’eau.
Quelques pas plus loin, je trouve un corail sous lequel je glisse mes pieds pour rester au fond de l’eau. Il y a à peine trois mètres au-dessus de ma tête, je n’ai pas loin quand je manquerais d’air. Et pourtant, je me sens parfaitement à l’aise sous l’eau, mes pensées aussi claires que si j’étais à la surface. Je me sens plus calme aussi et j’en oublie très vite Sarah et ses mœurs, Jessica et son non-copain-mais-on-couche-régulièrement-ensemble et le reste du monde.
Ce n’est que lorsque j’entends des cris et comme si quelqu’un appelait mon nom que j’ouvre les yeux et remonte à la surface en deux battements. Jessica se précipite vers moi et m’attrape par les épaules.
—
Oh mon dieu Levi, ça va ?Je fronce les sourcils.
—
Bah oui, pourquoi ? Je regarde rapidement les environs : pas de requins, pas de méduse et la plage a l’air aussi tranquille qu’auparavant, à par pour tout un groupe de personnes qui semblent agglutinées sur la côte.
Qu’est-ce qui se passe ?Jessica semble hors d’elle.
—
Qu’est-ce qui se passe ? Tu te fous de moi, Levi ? Ça fait vingt minutes qu’on t’a perdue de vue ! On pensait tous que tu t’étais noyée ! Les maîtres-nageurs sont en train de te chercher partout aussi !Et lorsque nous retournons sur la plage, je me rends en effet compte que vingt minutes se sont bel et bien passées. Je mens à mes amies en leur disant que j’ai plongé plusieurs fois à divers endroits pour ne pas les inquiéter, parce que je suis suffisamment effrayée personnellement par le fait que je viens de passer vingt minutes sous l’eau sans avoir pris une seule bouffée d’oxygène.
×××
2000Je continue de gratter sur ma feuille quand une impression étrange me fait relever la tête. Je regarde la prof qui nous surveille, notre prof d’histoire habituelle, rien de nouveau jusque-là. Sauf que plus je la regarde, plus j’ai l’impression qu’elle va frapper quelque chose. Elle est bien en train de jouer nerveusement avec un stylo en essayant de faire le moins de bruit possible pour ne pas nous déranger pendant notre devoir, mais j’ai l’impression qu’elle va massacrer quelqu’un dans les prochaines minutes. Je baisse la tête afin de ne pas croiser son regard. Peut-être qu’elle est juste mal baisée ?
Mais quelques minutes plus tard, j’ai comme l’impression que mon voisin de droite panique tellement qu’il va se mettre à hyperventiler. Je le regarde et en effet, il y a bien des gouttes de sueur sur son front et sa page est blanche. Il semble complètement… perdu et aussi effrayé… effrayé de son père. Mais qu’est-ce que sa peur de son père a avoir avec son devoir d’histoire ? À moins qu’il n’a pas révisé et que son père va lui coller une branlée pour la bâche magistrale qu’il va se prendre.
Progressivement, j’arrive à percevoir d’autres émotions dans la salle, toutes qui m’empêchent de me concentrer sur ma tâche et me donne un mal de crâne phénoménal, tellement immense qu’au bout d’un quart d’heure, je me lève brutalement de ma chaise et hurle :
—
Concentrez-vous sur le devoir bordel !Bien entendu, cela m’a valu un passage chez le principal, une retenue et une nouvelle dispute avec ma mère, mais au moins, j’ai fini mon devoir en paix. Ce qui n’a rien changé au fait que j’ai été plus qu’effrayée d’apprendre que je suis capable de lire les émotions des gens sans avoir rien demandé.
×××
2001—
Je suis une quoi ?Ça fait une demi-heure que ce gars me suit. Et la seule raison qui m’a forcée à me retenir de lui glisser mon genou entre les jambes est l’étrangeté de ses propos. Ça m’a surpris au début, je l’avoue et j’allais le rembarrer, mais quelque chose en moi s’est de nouveau déclenché. Comme si j’arrivais à savoir ce qu’il ressent vraiment et tout ce que je perçois venant de lui, c’est une honnêteté sans bornes et une envie presque écœurante de m’aider.
—
Tu es une mutante. Comme moi.Il ouvre la main et une fleur sort alors de sa paume comme si c’était le terreau le plus fertile de l’univers.
—
Non. Nous ne sommes pas pareils. Je ne suis pas un terreau sur pattes…Il me sourit.
—
Chaque mutant possède des pouvoirs différents. Nous sommes tous différents, mais pourtant nous sommes tous pareils.—
Ça n’a aucun sens…—
Il faut que je te présente le professeur Xavier, il saurait t’expliquer ça mieux que moi. Si tu viens avec moi à l’Institut…—
Ola ! Il est hors de question que j’aille nulle part avec un parfait inconnu. J’ai des examens à passer, une vie à mener, j’ai pas le temps pour tes tours de magie.Il soupire.
—
Ce ne sont pas des tours de magie et tu le sais. Toutes les choses étranges qui t’arrive dans la vie ne vont pas s’arrêter. Parce que tu es différente des autres, génétiquement parlant.Il sort un morceau de papier de sa poche, griffonne quelque chose dessus et me le tend doucement.
—
Voici l’adresse de l’Institut, si jamais tu changes d’avis un jour…La fois suivante que mon étrange impression émotionnelle s’est produite, je me suis rendue à l’adresse indiquée. J’avais déjà passé mes concours avec brio, j’étais prise en criminologie et je n’avais plus qu’à finir l’été pour commencer mes études et ma nouvelle vie.
Je ne suis restée que quelques semaines à l’Institut Xavier. J’ai assisté à quelques cours, j’ai fait des tests, j’ai rencontré des gens. Ils ont réussi à mettre un nom sur ce qui m’arrive : empathie. Ce qui d’ailleurs est la plus grosse farce du monde, parce que savoir ce que ressentent les gens est la dernière chose que je veux pouvoir faire au monde. Je n’ai pas besoin d’avoir le poids de leurs sentiments en plus des miens et de tout ce qui m’arrive dans la vie, c’est déjà assez compliqué comme ça. En soit, mon séjour à l’Institut ne fut pas une mauvaise chose, mais je voulais me faire ma propre place dans le monde, une place puissante de préférence. J’avais des ambitions, des désirs, des rêves de grandeur que je n’aurais jamais pu réaliser en restant à l’Institut. Certes, je suis partie sans avoir appris à contrôler mon pouvoir d’empathie, mais j’avais des cours à suivre.
×××
2007—
Allez Levi, souris ! C’est pas tous les jours qu’on obtient notre diplôme !Je souris à Greg avant de prendre une photo de toute ma bande de joyeux étudiants que nous sommes et de l’envoyer à ma mère avec le message : «
Tu vois, je t’avais dis que j’allais y arriver. »
—
C’est bon, maintenant on peut aller faire la fête.Et la fête, nous l’avons faite. Comme si c’était la fin du monde. C’était aussi probablement la soirée durant laquelle j’ai balancé le plus de sous-entendus sexuels de toute ma vie. C’était le bon vieux temps, nous étions dans la fleur de l’âge. Personne n’a réussi à me battre durant les jeux de boisson et j’étais la dernière debout à la fin de la soirée. Ce fut l’une des meilleures soirées de ma vie, l’un des premiers souvenirs durant lesquels j’ai appliqué ma nouvelle philosophie de vie : profiter de chaque instant comme si c’était le dernier.
×××
2010J’entre dans le bâtiment fédéral de New York comme tous les matins, chemise blanche et veste bleue marine. Je passe à côté du bureau d’Evans.
—
Alors chéri, on a mal dormi ? Julie n’était pas là pour t’aider à te relaxer ?Evans me lance un regard noir, juste une fraction de secondes, avant de me tendre un café sans quitter les yeux du dossier qu’il étudie.
—
Ah bah écoute, j’ai mis un peu de temps à rentrer à pieds de chez ta soeur. Puisque, tu sais, Julie n’était pas disponible…Je souris et attrape le café avant de m’assoir à mon propre bureau, en face du sien dans l’open space dédié à notre unité.
—
T’aurais pu prendre un taxi, tu sais ?Il me sourit en retour avant de finalement lever les yeux vers moi. Evans et moi sommes partenaires depuis trois ans maintenant. Il a été transféré de Chicago le même jour que je suis arrivée de Miami. Et depuis, c’est mon binôme. C’est différent d’habiter à New York. Les gens sont différents, l’ambiance l’est aussi.
—
Levi, on a un nouveau dans l’équipe, me lance alors Evans, tout sérieux.
En général, il ne prend ce ton que quand il mentionne quelque chose qui ne lui plait pas.
—
Tu ne l’approuves pas ?Je suis sûre qu’il a déjà lu trois fois au moins son dossier de transfert. Il est au courant de toutes les nouvelles recrues qui arrivent, de tous les consultants qui travaillent avec nous, de toutes les victimes de tous les cas. Il a juste une mémoire phénoménale pour les visages et les noms. De plus, les gens c’est son truc. Moi, ce sont plutôt les faits et les connexions entre tout ce qui compose une nouvelle affaire.
—
Vingt balles qu’il se pisse dessus à la première mission en terrain.Je souris à ça.
—
Je ne parie pas avant de voir, je réponds en levant les mains.
Quelques minutes après, le supérieur nous présente la nouvelle recrue, un petit gars qui a à peine l’âge que j’avais quand je suis entrée dans le FBI. Thomas quelque chose. Mignon en soit, relativement petit de taille, pas du tout le genre à s’imposer, bien au contraire. Il sera le premier à lécher les bottes du patron et à se cacher dès le premier obstacle. S’il ne se met pas à chialer.
Evans se présente, puis je me lève à mon tour. Du coin de l’œil, j’aperçois le sourire en coin de mon partenaire. Il sait ce que je vais faire. Je m’approche de Thomas, lui serre la main.
—
Enchantée, agent Leviana King, mais appelle-moi Levi.Il devient tout rouge et Evans se retient d’exploser de rire alors que je joue de mes charmes. Après lui avoir serré la main, je retourne cette dernière, paume vers le haut et fait mine de m’intéresser aux lignes de sa main.
—
Est-ce que tu crois en la chiromancie, Thomas ?—
Euh…—
Parce que les lignes de ta main disent que tes paluches ont leur place sur mes miches.Je lui fais un clin d’œil alors qu’Evans rit à gorge déployée et je retourne à mon bureau.
—
Bienvenue au FBI, noobie.Puis je me tourne vers Evans.
—
Pari tenu !×××
2011—
Lâchez votre arme !Cette phrase, en soi, ce n’est pas la première et sans doute pas la dernière fois que je l’ai dite. Et une fois sur deux, elle marche, la personne pose vraiment son arme par terre. Mais ça laisse quand même 50% de chance qu’elle ne le fera pas. Et dans ces moments-là, des gens son blessés, des gens meurent.
L’homme armé devant moi ne m’obéit pas et tire. Nous échangeons plusieurs coups de feu jusqu’à ce que je parvienne à le toucher à l’épaule, mais pas avant qu’il ne me touche à la jambe. Une blessure superficielle, rien de bien méchant, mais sur le coup, je ne le savais pas. Ma douleur, couplée à la sienne que je pouvais malheureusement percevoir m’a fait dérailler et les réservoirs d’eau autour de nous ont explosés.
Je ne me souviens que de certains moments après. Evans qui m’a retrouvée, qui m’a secouée jusqu’à ce que je me réveille. Le corps de l’homme armé, noyé et complètement vidé de son sang à quelques pas de moi. Ma confusion générale sur ce qui vient de se passer et mon incapacité à formuler des choses cohérentes. Le passage à l’hôpital, les examens, le verdict : une blessure par balle et une commotion cérébrale due à un morceau de métal qui a volé durant l’explosion. Evans passe les prochaines heures dans ma chambre d’hôpital à engueuler des gens au téléphone, à écrire des rapports et à plus ou moins me surveiller comme si j’allais soudain disparaître.
—
Arrête Alex, je lui lance d’une voix fatiguée alors que ma migraine s’intensifie, me faisant fermer les yeux.
Pourquoi tu restes là ? Retourne au bureau.—
Levi…—
Fait pas comme si t’avais des sentiments pour moi, on sait très bien tous les deux que c’est pas comme ça qu’on fonctionne.Son regard reste figé sur moi alors qu’il ne quitte pas sa chaise.
—
On bosse ensemble, on veille sur l’autre sur le terrain, on s’insulte, on se chamaille, tu me mets une branlée en boxe les lundis soirs et je te cloue au tapis au kendo les mercredis, on baise régulièrement, on boit et rebelote. Y’a rien de plus, rien de moins. C’est tout et c’est très bien comme ça.Je cache une partie de mon visage dans mon oreiller, mais j’entends les pas d’Evans se rapprocher.
—
Si y’a rien d’autre, alors pourquoi tu viens de m’appeler Alex ? Y’a pas de mal à avoir des sentiments positifs, Levi.Il soupire.
—
Je te connais et je te comprends. Je sais que t’aimes pas ce genre de conneries. T’as une vision très particulière du monde, je respecte ça. Mais je sais aussi que tu me fais confiance. T’aimes profiter de la vie ? Et c’est ce qu’on fait. Tu vas peut-être pas t’assurer que toutes les personnes qu’on sauve sont en sécurité une fois que le boulot est fait comme Thomas s’amuse à le faire, mais tu fais ce qui dois être fait. Et toi et moi, ça marche. Alors arrête de croire que t’es toute seule dans ce monde et dépêche-toi de guérir. J’ai besoin de ma partenaire de boxe et de kendo.×××
2013Le verre de whisky atterrit sur le comptoir avec plus de fracas que je ne voulais. Ce qui fait lever la tête au barman surprit et je lève une main gênée dans sa direction.
—
Désolée, dure journée.Il hoche la tête et me ressert.
Trois autres verres après, je me retrouve devant l’hôpital et parvient à négocier une visite avec mes accréditations du FBI. L’infirmière proteste, mais finit par me laisser entrer dans la chambre 212. Je m’assois dans la chaise près du lit, sans pourtant oser regarder la personne couchée dedans.
—
Ça a bien marché entre nous quand même.Je soupire avant de lever les yeux vers le visage d’Evans, si paisible et tranquille, en essayant d’ignorer tous les tubes et machines l’entourant.
—
Je t’ai jamais filé les vingt balles que je te devais pour notre petit pari le jour de l’arrivée de Thomas.Mais c’est pas comme si Evans en avait quelque chose à faire, là tout de suite. Néanmoins, je glisse le billet dans sa main immobile.
—
Merci d’avoir été là quand personne d’autre n’osait le faire. Toi et moi, ça marchait bien.Pour la première fois depuis son accident quelques jours plus tôt, je souris.
—
On a choppé le connard qui t’es rentré dedans. Thomas s’en occupe, t’inquiète pas. Ta voiture est foutue par contre. Je m’occuperais de ton chien, comme promis. Je suis sûre que t’as fait exprès de me le refiler, tu sais que je ne suis pas fan des bestioles. Mais il pourrait me servir. Et au fond, peut-être qu’il y avait plus que ça entre nous, qui sait… ça marchait bien entre nous quand même…Je soupire et me lève.
—
Ils vont te débrancher demain, Alex. Comme je te l’avais promis, si un jour tu serais dans le coma. Alors, du coup… j’imagine que c’est un peu un adieu…Je me baisse et dépose un baiser sur son front avant de quitter l’hôpital. J’ai un berger allemand à récupérer.
×××
2015Cela fait bien quelques années que j’ai rejoint les mutants de la Confrérie. Mais je tiens à garder mon travail dans l’agence, c’est pourquoi je ne les côtoie que lorsqu’il le faut. Que lorsqu’on a besoin de moi ou bien que j’ai besoin d’un service. Ou juste pour aller faire chier des gens. Il m’arrive de m’ennuyer, surtout depuis que je n’ai plus de partenaire de boxe et de kendo. Après tout, ils savent de quoi le Leviathan est capable... Mais j’ai un chien maintenant et Buddy est plus que content d’aller courir de temps en temps et d’aller aboyer sur certains mutants un peu trop curieux.
Je n’ai pas remis les pieds à l’Institut, même si j’y ai songé. Je suppose que ce serait une mauvaise idée maintenant, connaissant le conflit entre Charles et Erik… Les choses n’ont en soi pas vraiment changées depuis la mort d’Evans. La vie continue son cours après tout.
Mais je mentirais si je disais qu’il ne me manque pas de temps en temps et que ce n’est pas à lui que je dédie un verre de whisky tous les mois.