Donne-moi du poison pour mourir ou des rêves pour vivre.
Bon, depuis que Pietro avait découvert la réalité de ces plaques bleues, on ne pouvait pas dire que c’était réellement la joie. Le jeune homme n’avait pas pour habitude de se laisser morfondre, mais quand même il y avait des situations plus difficiles que d’autre. Comme maintenant, alors qu’ils avaient découvert qu’ils étaient destinés à mourir à cause d’un poison. Il ne connaissait pas tous les détails, il ne savait même pas combien de temps ça allait prendre et combien de temps donc ils avaient devant eux, comment les choses allaient arriver. Et ils ne savaient même pas s’ils allaient pouvoir s’en sortir. Bon, l’optimisme de Pietro avait tendance à le pousser à croire qu’ils allaient s’en sortir dans tous les cas, mais mine de rien il ne pouvait pas nier que ce n’était pas dès plus facile en ce moment. Surtout que ça ne le touchait pas que lui. La situation était bien plus facile à gérer quand Pietro avait une épée de Damoclès – du charmant nom de Liv – au-dessus de la tête et qu’il était le seul en danger. Là, le mutant ne pouvait pas s’empêcher de s’inquiéter pour sa sœur, pour sa petite amie… puisqu’ils étaient tous concernés. Bon, ils allaient s’en sortir… ils allaient devoir s’en sortir, parce qu’il était hors de question qu’ils se fassent avoir comme ça.
Mais pour l’heure, ils n’avaient pas l’ombre d’une idée de comment les choses pourraient s’arranger. Alors, Pietro tentait simplement de continuer de vivre tranquillement. Ce qui en réalité n’avait rien de simple. Et ce n’était pas juste parce qu’ils risquaient de mourir, mais parce que l’idée que ce n’était que des mutants qui se retrouvaient avec les fameuses plaques bleues sur le corps s’était clairement répandu et ce qui devait arriver arriva… il y avait des mutants qui avaient déjà été pris à parti dans la rue. Les informations en avaient parlé la veille. Malheureusement, ce genre de comportement ne pouvait que conforter les idéaux de Magnéto et de la confrérie des mauvais mutants et ça ne lui plaisait pas du tout. Pietro n’avait pas spécialement envie de sortir donc, surtout que les plaques se répandaient bien sur son corps, il en avait sur les bras maintenant. Dans tous les cas, ce n’était pas comme s’il avait quelque chose à faire à l’extérieur, alors il restait chez Liv.
Il était tranquillement en train de glander d’ailleurs – pour un homme qui avait constamment la bougeotte, il savait parfaitement comment glander – quand il eut juste envie de boire. Rien d’extraordinaire, il se leva pour se rendre dans la cuisine et se servir un verre d’eau. Il ouvrit le placard, l’un des verres était légèrement en équilibre visiblement tenu seulement par la porte et donc par conséquence il commença à tomber. Encore une fois, ce n’était qu’un événement du quotidien qui n’avait rien d’incroyable, surtout que ce n’était jamais le genre de chose qui posait souci à Pietro normalement. Il avait largement le temps de rattraper le verre. Oui… sauf que voilà, il ne le fit pas et ce dernier se brisa sur le sol. Et pourtant… il avait tenté de le faire. Il avait vraiment essayé mais il n’avait pas été assez… rapide.
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es derniers temps, Liv se sentait… apaisée. Elle ne devrait pas l’être, elle le savait bien, la situation était critique pour la Confrérie, et pour tous les mutants en général… Pas seulement parce que l’opinion générale à leur sujet était devenue plus que négative, mais aussi parce que ces taches bleues se répandaient de plus en plus largement sur leurs corps… et Liv le savait à présent, ce n’était qu’une première étape. La marque sur l’épaule de Liv s’était élargie, et elle remontait le long de sa nuque et contournait son cou, si bien que malgré les températures estivales, la jeune femme était contrainte de porter un foulard chaque fois qu’elle se rendait au travail. Elle ne doutait pas que la marque fatidique finirait par remonter jusqu’à son visage. Alors oui, il y avait de quoi paniquer. Et pourtant, elle état sereine. C’était difficile à expliquer, à vrai dire, mais… elle goûtait au calme pour la première fois de sa vie.
D’aussi loin que Liv soit capable de s’en souvenir, son quotidien avait toujours été un assaut de nuisances, visuelles et sonores. Ses sens accrus, elle les contrôlait dans une moyenne mesure, mais sa perception restait largement supérieure à la moyenne, si bien que quand d’autres s’estimaient dans une pièce vide et silencieuse, ce n’était jamais le cas de Liv, qui percevait les conversations, les voix, le bruit des machines, tout… Elle n’était jamais épargnée, et elle s’était habituée à ce bruit de fond perpétuel… Sauf que ce dernier avait disparu. Et si, dans un premier temps, ça avait été déroutant, elle s’y était rapidement apaisée… et oui, elle ne s’était jamais sentie aussi bien. De même, quand elle serrait Pietro dans ses bras, quand elle l’embrassait, quand elle le touchait, tout simplement, elle n’était plus hantée par la vision angoissante de sa mort. Il n’y avait plus rien, juste la sensation de sa main sur sa peau.
Liv avait perdu ses pouvoirs… et elle adorait ça. Elle n’en avait pas parlé à Pietro, pas encore. Elle ne savait de quelle façon aborder le sujet, et surtout, elle ne voulait pas l’inquiéter… Sauf que ce qui s’appliquait à elle devait forcément, un jour ou l’autre, s’appliquer à lui. Et justement…
Elle était dans son bureau, elle avait, comme souvent, emporté du travail à la maison, et peaufiner un dossier en cours quand elle entendit un bruit de verre brisé en provenance de la cuisine. Liv abandonna son travail en cours pour découvrir l’origine du bruit. Pietro était là, et un verre avait éclaté en morceaux au sol. Rien de grave, donc. Liv ne se posait pas outre mesure de questions. Même si Pietro était rapide, ça ne voulait pas dire que ce genre d’incident ne pouvait pas arriver de temps à autre.
-Qu’est-ce qui s’est passé ? demanda-t-elle tout de même, pour la forme, surtout parce qu’elle avait le sentiment que Pietro était comme… décontenancé… Il ne s’en voulait tout de même pas pour un verre cassé, si ?
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Au fond, ils ne connaissaient pas les étapes de la « maladie » qui les touchait et forcément, le moindre signe pouvait venir de celle-ci. Pietro ne savait pas du tout quoi penser de tout ça, de ce qui venait d’arriver. C’était comme si son corps n’avait pas suivi son esprit et il n’aimait pas ça du tout. En soit, le verre cassé ce n’était rien, et il suffisait au jeune homme de ramasser les morceaux par terre. Mais ce n’était pas pour ça qu’il se trouvait à ce point chamboulé. Qu’est-ce qui arrivait à ses pouvoirs ? Parce que c’était ça le fond du souci non ? C’était ses pouvoirs qui ne suivaient pas du tout. Est-ce que ça avait un rapport avec leur empoisonnement ? Peut-être… Pietro n’avait pas eu de nouvelle de Wanda, il ne savait pas si elle avait constaté quelque chose de nouveau. Et Liv ne lui avait rien dit de son côté.
D’ailleurs, en parlant d’elle, elle arriva dans la pièce sans doute pour chercher à savoir ce qui s’était passé. En soit, rien du tout, clairement, puisque Pietro s’était contenté de faire tomber un verre au sol et il n’y avait pas mort d’homme. Quand elle lui demanda ce qui s’était passé, il leva doucement son regard vers elle.
« Je ne sais pas trop… » Dit-il honnêtement. Il pourrait très clairement se contenter de ne rien répondre du tout, dire qu’il avait juste fait tomber le verre et ne pas inquiéter plus que ça Liv. Ça serait sans doute mieux, mais en même temps ce n’était, il se disait qu’il n’allait pas forcément améliorer la situation comme ça. Ça ne servait à rien qu’il cache quelque chose à Liv. Avant de continuer de répondre à la jeune femme, Pietro prit la peine d’écarter le chat de Liv qui n’avait pas manqué de se montrer quelque peu curieux (à choisir, autant qu’il ne soit pas blessé) et de commencer à ramasser, tranquillement du coup il se rendait bien compte qu’il ne pouvait pas aller plus vite que la normal, les morceaux de verre. « J’ai essayé de le rattraper. » Dit-il donc en s’afférant à la tâche. « Mais… je n’ai pas été assez rapide. »
Ce qu’il jugeait être suffisamment claire pour que Liv comprenne où il voulait en venir. Il n’y avait pas un moment où Pietro ne serait pas assez rapide. Parce que même s’il pouvait être maladroit, pour ce qui était de rattraper quelque chose qui tombait, il gérait bien quand même. Il parvenait à éviter des balles d’armes à feu, ce n’était pas un simple verre qui allait donc lui poser un souci. Et pourtant, le verre s’était écrasé au sol et ça ne lui plaisait pas du tout. Forcément, Pietro se disait que c’était les conséquences de cette « maladie » et il n’aimait pas l’idée qu’elle évolue plus qu’avec l’augmentation de la tâche. Au vu de l’issue final, le jeune homme n’avait aucune envie qu’ils avancent trop dans l’évolution.
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Liv avait bien compris que tout ça n'était pas qu'une affaire de verre brisé, et en effet, Pietro ne tarda pas à lui faire comprendre qu'il y avait autre chose, une chose qu'il devait présumer sans pour autant l'accepter encore, raison pour laquelle il répondit par un "Je ne sais pas" alors qu'il ne devinait sans doute que trop bien de quoi il retournait exactement. La situation était simple, Pietro avait vu le verre tomber et il n'avait pas été capable de le rattraper avant qu'il ne tombe au sol, ce qui semblerait absolument normal pour n'importe qui d'autre. Mais pas pour Pietro. Les réflexes du jeune homme n'étaient plus à démontrer. Il aurait dû être parfaitement capable d'empêcher ce "petit" accident. Et il n'y était pas parvenu... Pour Liv, ça ne pouvait signifier qu'une seule et unique chose, que le jeune homme devait lui-même avoir deviné : il avait perdu ses pouvoirs tout comme elle avant lui. Même si ça, il ne pouvait pas le savoir, évidemment, puisqu'il s'était bien épargné de lui en parler. Enfin... ça allait clairement être l'occasion.
-Tu ne t'es pas fait mal, au moins ? demanda-t-elle, pragmatique, avant de poser quelque autre question que ce soit, et surtout avant d'aborder le sujet qui devait forcément fâcher.
Mais elle n'avait pas vraiment besoin qu'il réponde la question. De toute évidence, non, il ne s'était pas fait mal, elle ne voyait de sang nulle part. Le seul dégât notable, c'étaient les débris de verre, ce qui n'était pas un grave problème en soi, ce qui n'empêchait pas Liv d'aider rapidement Pietro à nettoyer les dégâts à son tour, pour que ne subsiste plus le moindre débris de verre (maniaque un jour, maniaque toujours). Toute à son entreprise, elle reprit la parole, faisant mine d'être concentrée sur sa tâche pour ne pas avoir à croiser le regard de Pietro, qui lui en voudrait peut-être de ne lui parler de tout ça que maintenant.
-C'est... un des effets du poison, je crois, dit-elle avec prudence mais non sans certitude. Il annihile nos pouvoirs. Elle marqua une légère pause, ça, c'était une conclusion que Pietro pouvait très bien avoir fait de son côté sur le moment sans avoir besoin de son aide, c'était surtout la suite qui pouvait être une pilule un tantinet plus difficile à avaler. Les miens ont disparu il y a plusieurs jours.
Bon, voilà qui était dit, au moins, il savait maintenant, même si elle aurait préféré que ce qui lui arrivait à elle, et tenait d'un certain soulagement, ne lui arrive pas à lui, qui tenait bien plus à ses pouvoirs qu'elle, et qui n'avait sans doute aucune envie de s'imaginer vivre sans.
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Pietro ne répondit pas quand Liv lui demanda s’il ne s’était pas fait mal, enfin, il se contenta simplement d’un signe de tête. En grande partie parce qu’il ne voyait pas l’intérêt de répondre à cette question. Il ne s’était pas fait mal non, mais ce n’était pas pour autant qu’il se sentait bien non plus. Ce n’était qu’un verre brisé à première vue, mais aux yeux du jeune homme ce n’était pas seulement ça. Pour la simple et bonne raison qu’il se retrouvait incapable d’arrêter un verre tombant au sol, parce qu’il n’était plus aussi rapide qu’avant, parce qu’il perdait ses pouvoirs tout simplement. Liv et lui ramassèrent les morceaux de verre brisé sur le sol, et pendant ce temps Pietro ne pouvait que cogiter. Malheureusement, il ne se doutait que trop bien d’où ça venait, de pourquoi les choses étaient en train de se passer comme cela. Wanda n’avait pas pu lui détailler les effets de ce poison, en dehors du fait qu’à terme, la sentence était tout simplement mortelle. Et donc, forcément, Pietro ne pouvait pas nier le fait qu’il pensait que ça venait du poison.
D’ailleurs, Liv ne manqua pas de le lui dire aussi. Elle affirma qu’elle pensait que c’était un effet du poison, qu’il annihilait leurs pouvoirs. En soit, le constat était le même que celui que le jeune homme se faisait intérieurement, mais Pietro ne se doutait pas qu’elle était parfaitement bien placée pour savoir. Qu’elle ne disait pas ça seulement parce qu’elle supposait que c’était pour cette raison que Pietro n’avait pas été assez rapide afin de rattraper le verre. Mais il n’allait pas tarder à s’en rendre compte, à le découvrir, puisque Liv lui lança la bombe.
« Quoi ? » Lança-t-il vivement en levant son regard vers Liv. « Comment ça tes pouvoirs ont disparu il y a plusieurs jours ? » Bon, Pietro avait bel et bien compris ce que la jeune femme voulait dire, mais ce n’était pas réellement le fond du souci là. Et il allait clairement l’exprimer. « Pourquoi tu ne m’as rien dit ? »
Forcément, Pietro de son côté n’avait rien vu. Parce que même si Liv possédait quelques pouvoirs physiques, ils n’étaient pas tous vraiment visible. Et ce n’était pas comme s’ils passaient leurs vies à parler du fait qu’à chaque fois qu’ils se touchaient, elle voyait le moment de sa mort. Un nouveau moment, ne la concernant pas (du moins le pensait-il). Et dont ils ne parlaient pas parce que Pietro préférait clairement ne pas savoir et ça n’avait rien d’agréable de tourner le couteau dans la plaie. Quand bien même ce n’était jamais une science parfaitement exacte, après tout il était bel et bien mort et ne l’était plus finalement.
Mais bon, dans tous les cas, le jeune homme ne comprenait pas que sa petite amie ne lui ait pas parlé de la disparition de ses pouvoirs. C’était… enfin, c’était quand même important, elle aurait dû le lui dire.
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La surprise (mêlée de déception ? Elle n'en était pas certaine à cent pour cent, mais elle ne pouvait s'empêcher de se poser la question, sans doute parce qu'elle appréhendait de le décevoir depuis ces quelques jours au cours desquels elle ne lui avait rien dit... et il aurait toutes les raisons du monde d'être déçu d'elle au passage) se lisait sur les traits de son interlocuteur. Sa réaction fut vive, et la question à laquelle elle s'attendait, inévitable, fut bien évidemment prononcée. Pourquoi est-ce qu'elle ne lui avait rien dit ? C'est sûr, il aurait été plus simple de tout lui apprendre d'emblée, et elle n'avait vraiment pas d'excuses (d'autant qu'elle s'était douté que le même sort attendait Pietro, et la moindre des choses aurait été de le prévenir) : c'était bien simple, pourtant, et elle n'en était clairement pas fière, elle avait été égoïste, purement et simplement, et elle risquait fort d'en payer le prix à présent. Les décisions que l'on prend sur le moment sont toujours simples à assumer tant qu'on ne nous met pas leurs conséquences sous le nez. Mais voilà, Pietro était là, sous ses yeux, et il attendait des réponses... Elle n'avait tout simplement pas le droit de se dérober maintenant... Et elle n'en avait pas l'intention par ailleurs, sans quoi elle aurait très bien pu mentir et prétendre que ses pouvoirs à elle n'avaient pas encore disparu.
-Je ne voulais pas t'alarmer... Ce qui était vrai, même si ce n'était pas la meilleure des excuses, car ce faisant, elle n'avait fait que retarder une inévitable échéance, et maintenant, elle était contrainte d'y faire face, elle n'avait tout simplement pas le choix. Au moins, c'était dit, et ils allaient pouvoir gérer ce problème ensemble... même si c'était bien là le souci, justement, pour Liv, cette situation, du moins la concernant, ne tenait pas exactement du problème, et bien davantage du soulagement. Et puis... Autant être honnête. Il n'y avait qu'avec Pietro qu'elle pouvait l'être à ce point après tout. Ces derniers jours, je me suis sentie... soulagée... Je ne voulais pas que tu t'inquiète pour moi alors qu'en fait... je ne me suis jamais senti aussi bien.
Bon, ça ne changeait rien au fait qu'elle aurait dû le prévenir, parce que Pietro ne risquait pas de se sentir soulagé par la perte de ses pouvoirs de son côté, mais c'était un fait quand même. Elle était certaine que Pietro aurait réagi au quart de tour, comme c'était souvent le cas, et elle, tout ce qu'elle avait à l'esprit, c'était l'envie d'apprivoiser le calme qui s'était tout à coup imposé dans son esprit, et qu'elle ne se souvenait plus avoir ressenti depuis une bonne éternité.
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Pietro ne comprenait pas que Liv ait pu perdre ses pouvoirs depuis quelques jours, sans qu’elle n’ait daignée lui en parler. C’était quand même quelque chose d’important et mine de rien, le jeune homme ne pouvait pas nier qu’il aurait bien aimé être prévenu, afin de ne pas être pris au dépourvu. Parce que là, quand même, ça ne manquait pas de violence. En un sens, les mutants savaient bien qu’ils devaient se préparer au pire, puisqu’ils risquaient de mourir à cause de ce poison (même si Pietro avait envie de se dire qu’ils pouvaient quand même s’en sortir, qu’un antidote pouvait être trouvé), mais quand même… il ne s’attendait pas au fait de perdre ses pouvoirs de la sorte. Alors oui, le jeune homme aurait bien aimé que sa petite amie le prévienne, ça aurait été la moindre des choses. Mais il ne se rendait pas compte de ce que ça signifiait réellement.
Quand Liv affirma qu’elle ne voulait pas l’alarmer, en un sens Pietro ne pouvait pas réellement lui en vouloir. C’était une bonne chose en un sens, qu’elle cherche à le protéger, une preuve de l’affection qu’elle avait pour lui. Mais en même temps, il n’avait aucune envie qu’elle le surprotège, même si c’était pour ne pas l’inquiéter. Il pensait lui rétorquer ça d’ailleurs, qu’en prime ça ne servait à rien de le ménager, parce qu’il était au courant maintenant, mais elle ne s’arrêta pas là. Et puis ? Quand Liv expliqua que ces derniers jours, elle s’était sentie soulagée, qu’elle ne s’était jamais sentie aussi bien, Pietro ne pouvait pas nier qu’il était clairement surpris. Parce qu’il ne pensait pas entendre de tels mots, parce qu’il avait du mal à comprendre.
« Comment tu peux te sentir bien alors… » Le jeune homme marqua une pause, il avait peut-être parlé un peu trop vite, puisqu’en prononçant ces mots, il ne put que réfléchir un peu plus à la situation. Pourquoi elle se sentait soulagée et bien de ne plus avoir ses pouvoirs ? Quand on pensait un peu à ses pouvoirs, ce n’était pas bien difficile de comprendre. Il ne savait que trop bien que la jeune femme voyait des mots à longueur de temps, dès qu’elle touchait quelqu’un. Elle le voyait mourir dès qu’elle le touchait et il ne savait pas du tout comment elle gérait ça. Il avait même peut-être un peu trop tendance à l’oublier d’ailleurs, tant ça faisait partie de Liv au final. « Je peux… enfin je me doute que ça doit être en partie agréable mais… ça fait partie de toi tout ça. » Pietro n’avait pas envie de trop faire de reproche à Liv, mais quand même. Elle ne l’avait pas prévenu et il avait du mal à prendre cette situation à la légère. « Ce n’est pas une bonne nouvelle… »
Parce que ça ne faisait que mentionner que la maladie progressait, qu’elle prenait de l’ampleur et ça ne les arrangeait pas ça.
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En découvrant la réaction de son petit ami, la jeune femme regretta bien vite d'avoir confié ses impressions sur la situation à Pietro. Il était évident qu'il ne la comprenait pas, et elle ne pouvait clairement pas lui en vouloir pour cela, c'était normal, qu'il ne comprenne pas. Elle en montrait si peu sur elle-même qu'il était difficile d'imaginer le chaos constant que représentaient pour elle ses pouvoirs, jamais en sourdine, toujours en éveil. Pietro en savait plus sur elle, sur ce qu'elle était vraiment, que n'importe qui, mais cela ne signifiait pas non plus qu'il savait tout, pas parce qu'elle n'avait pas tout voulu lui dire, mais parce que certaines choses peinaient à se dire et à s'expliquer, tout simplement. Elle serra les dents quand Pietro ajouta qu'il se doutait que ça devait être en partie agréable pour elle. Il ne comprenait définitivement pas... Elle ne pouvait pas lui en vouloir : ce n'était pas juste "en partie", c'était un tout. Un soulagement réel, comme si on lui avait retiré du pied une épine gigantesque qui l'aurait fait souffrir toute sa vie. Elle avait appris à vivre avec, ça ne voulait pas dire qu'elle le vivait bien.
Ce qu'elle eut plus de mal à entendre, c'était le fait que ça faisait partie d'elle. Forcément, Pietro n'avait pas la même appréhension de ses propres pouvoirs, comment, alors, attendre de lui qu'il comprenne vraiment ce qu'elle traversait ? Mais cela lui faisait se poser des questions dont elle craignait un peu les réponses. Liv sans ses pouvoirs ne serait sans doute plus Liv, ni Raven... ni personne, peut-être. Personne pour plaire à Pietro, en tout cas. Liv baissa les yeux, pour la toute première fois, elle ajoutait un nouveau sentiment à son pannel, pannel que Pietro n'oubliait jamais d'élargir... De la honte. Oui, elle était honteuse d'oser même se réjouir d'une situation aussi délicate, pas au nom de la situation en elle-même mais parce qu'elle avait déçu l'homme qui partageait sa vie... et cette pensée lui était plus que difficile. Il avait raison dans tous les cas. Non, ce n'était pas une bonne nouvelle. Et ça ne pouvait pas en être une. Parce que cette étape passée, ils savaient très bien ce qui allait suivre. Après leurs pouvoirs, c'étaient leurs vies qu'ils perdraient. Et là, le soulagement éphémère qu'elle avait ressenti n'aurait plus l'ombre d'une utilité.
-Je sais, soupira-t-elle, admettant tout de même que ce ne soit pas une mauvaise nouvelle. Je ne voulais pas que ça t'arrive, j'aurais dû te prévenir. Elle marqua une légère pause. Je sais que ça doit être impossible de le comprendre, oublie ce que je t'ai dit. Elle marqua une légère pause. On ne peut plus en être sûrs à cent pour cent maintenant, mais tu sais... ce n'est pas comme ça que tu meurs. Et moi non plus.
Pas dans ses visions les plus récentes, en tout cas. Et pourtant, à ce moment-là, le poison s'était déjà répandu dans ses veines.
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Pietro ne sautait clairement pas de joie à l’idée de ne plus avoir ses pouvoirs, en partie parce qu’il ne pouvait pas nier le fait qu’il n’était pas heureux de ne pas avoir ses pouvoirs, mais aussi parce que ça signifiait surtout que le poison faisait de plus en plus de ravage. Ça commençait par les pouvoirs et ensuite ? Ensuite, c’était eux qui allaient perdre la vie, tout simplement. Ce n’était clairement pas bon signe et Pietro se sentait mal à l’idée de ne plus avoir ses pouvoir. Alors oui, forcément, c’était différent pour Liv parce qu’ils n’avaient pas la même appréhension de leurs pouvoirs, mais quand même. Les pouvoirs de Liv étaient difficiles, Pietro en avait conscience même s’il ne se rendait pas compte à quel point c’était le cas. Les pouvoirs qu’il possédait faisait parti de lui après tout, et c’était le cas même avant qu’il n’ait conscience de ses pouvoirs. Il avait donc beaucoup de mal à comprendre, c’était un sacré vide de son côté de ne pas pouvoir les utiliser. Cela dit, il était évident qu’il ne pouvait pas comparer son propre vécu avec celui de sa petite amie. Elle souffrait bien plus de ses pouvoirs, parce qu’elle avait des pouvoirs compliqués forcément.
Liv avait conscience que ce n’était pas une bonne nouvelle, évidemment c’était le cas, elle ne pouvait qu’en avoir conscience. Elle lui affirma qu’elle aurait dû lui en parler. Il ne put s’empêcher cependant d’afficher une grimace quand elle affirma qu’il devait oublier ce qu’elle lui avait dit, parce que c’était impossible à comprendre. Pietro avait à cœur de comprendre sa petite amie, même si ce n’était pas évident tout le temps. Parce qu’en dehors d’avoir des pouvoirs spéciaux, elle était spéciale tout court. Liv affirma que même s’ils ne pouvaient pas complètement se fier à ce qu’elle avait vu, qu’ils n’avaient pas de preuve actuellement, ce n’était pas ainsi qu’ils perdaient la vie. Pietro était bien placé pour savoir qu’il pouvoir quand même se fier aux visions de sa petite amie. Cela dit, il savait aussi que ces visions changeaient par moment. Enfin, dans son cas, il n’avait pas changé la vision de la jeune femme, il avait simplement réussi à revenir.
« Ça me rassure un peu. » Répondit-il, sincèrement. C’était le cas, ça le rassurait un peu en effet, même s’il ne pouvait pas non plus entièrement y croire. Les visions de Liv pouvaient changer et maintenant qu’elle n’avait plus ses pouvoirs, ils ne pourraient plus savoir ce que le sort allait leur réserver. Et clairement, on ne pouvait pas dire qu’ils étaient sur le bon chemin pour s’en sortir, visiblement, vu que le poison continuait ses effets. « Mais on aura plus la certitude. »
Pietro n’avait pas envie de se montrer défaitiste, mais c’était quand même difficile d’être optimiste dans une telle situation. Ils étaient marqués, ils n’avaient plus de pouvoir, il n’y avait en prime pas que le poison qui faisait des ravages chez les mutants ces derniers temps.
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Liv se doutait bien qu'il faudrait plus que les quelques mots qu'elle venait de prononcer pour rassurer complètement Pietro, mais elle appréciait qu'il fasse tout de même l'effort de les prendre en considération. Que des deux, elle s'avère la plus optimiste était sans doute un comble, mais en la circonstance, la jeune femme n'avait pas entièrement la sensation d'être encore elle-même, alors cela jouait forcément... Encore qu'elle n'était pas d'un naturel pessimiste non plus. elle voyait souvent la vie sous un aspect relativement sombre mais elle ne tenait pas ça pour du pessimiste, cela revenait bien davantage à un plat constat, qui ne devait éveiller en elle aucune émotion particulière, puisque les émotions avaient tant de peine à se faire une véritable place dans son esprit... Même si Pietro avait une influence certaine sur elle de ce point de vue. Alors oui, elle voulait que Pietro puisse se raccrocher à ce genre de vérités rassurantes, même si cela ne suffirait pas forcément (et il en avait bien conscience également). D'ailleurs, il lui laissa bien entendre qu'il n'était tout de même qu'à moitié rassuré, car en effet, elle ne pouvait plus se fier à ses visions à présent, et rien n'était plus réellement sûr.
-J'aime mieux ne plus avoir ce genre de certitude, répondit Liv en regardant Pietro dans le blanc des yeux.
Elle savait que ce devait être le genre de choses encore difficiles à comprendre pour lui (et elle ne lui en voulait pas du tout, car elle savait pertinemment qu'il n'abordait pas du tout le sujet de ses pouvoirs de la même manière qu'elle, sans oublier qu'en temps normal, il faisait tous les efforts du monde pour la comprendre, la cerner, ce qui n'était pas une mince affaire, étant donné qu'ils partaient de très loin tous les deux). Mais elle avait au moins envie qu'il comprenne cela. C'était insupportable pour elle que de subir le spectacle de la mort de celui qu'elle aimait à chaque fois que leurs peaux se touchaient. En ce qui la concernait elle-même, ça ne la dérangeait plus réellement, parce qu'elle en avait tout simplement pris l'habitude, même si ce n'était pas non plus l'expérience la plus relaxante que l'on puisse imaginer, mais elle n'avait pas envie de se focaliser sur toutes ces images, et pourtant, on lui interdisait purement et simplement d'en réchapper.
-On va trouver une solution, ajouta-t-elle d'un ton résolu. Je sais, c'est plus facile à dire qu'à faire, mais on peut encore se battre.
Et elle avait toute la motivation dont elle avait besoin sous les yeux pour le vouloir. Peut-être aurait-elle été bien plus... résignée dans le cas contraire. Ce qui était était, elle ne voyait l'intérêt d'y changer quelque chose que depuis qu'elle avait pris conscience de ses sentiments pour le jeune homme.
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Pietro tentait depuis le début, ou presque, de comprendre Liv et ses pouvoirs, ce qui en un sens n’était pas réellement une mince affaire. Le jeune homme savait bien que sa petite amie était particulière, qu’elle ne voyait pas forcément le monde de la même manière, mais surtout qu’elle n’avait pas des pouvoirs anodins. Il avait conscience de ses pouvoirs, il savait ce qu’elle vivait en théorie, mais il n’avait jamais eu l’occasion de les expérimenter. Alors, par conséquence, on ne pouvait pas dire que Pietro savait réellement se mettre à la place de Liv, sans pour autant ne pas avoir envie de la comprendre. Depuis qu’ils étaient ensemble, et même un peu avant, le jeune homme avait à cœur de parvenir à cerner pleinement Liv, même si celle-ci ne se cernait pas forcément entièrement non plus.
Bien sûr, en théorie Pietro pouvait comprendre que Liv était heureuse de ne plus avoir à subir les visions qu’elle avait à chaque fois qu’elle touchait quelqu’un. Quand il y pensait un peu, qu’il y réfléchissait deux minutes, le jeune homme avait conscience qu’il serait bien incapable de supporter deux minutes le pouvoir de la jeune femme, si à chaque fois qu’il devait toucher Liv, il la voyait mourir. Mais en même temps, la perte des pouvoirs l’angoissait quand même forcément, que voir les visions n’était peut-être pas grand-chose en comparaison à la mort certaine. Mais Pietro devait se concentrer sur le fait que ce n’était pas ainsi qu’elle les avait vu mourir, que ça voulait quand même dire qu’ils allaient s’en sortir. Tout comme il devait aussi parvenir à la comprendre complètement, même si ça ne manquait pas d’être un exercice vraiment complexe. Il écouta Liv lui affirmer qu’ils allaient trouver une solution, que même si c’était plus facile à dire qu’à faire, c’était ce qu’ils pouvaient faire. Pietro avait envie de le croire, il avait envie de se concentrer sur le fait qu’ils allaient pouvoir s’en sortir, il n’avait pas envie d’être pessimiste. Ce n’était pas dans son caractère, il prenait toujours tout à la légère, il était optimiste mais là… là, ça touchait sa sœur, ça touchait sa petite amie et il ne pouvait donc pas nier le fait qu’il ne savait pas réellement comment gérer tout ça.
« Pour toi, je me battrais toujours. » Répondit-il, même s’il ne pouvait pas complètement nier sa crainte. Mais en même temps, pour que sa petite amie reste en vie, pour qu’ils s’en sortent tous, le jeune homme avait envie de se battre. Il était hors de question qu’il laisse Liv ou Wanda mourir à cause de ce poison, même si clairement il était évident qu’il ne pouvait pas faire grand-chose non plus. Au final, ils n’avaient pas vraiment de piste concernant un potentiel antidote. Pour l’instant… même si ça allait arriver à un moment donné. « Il faut juste… » Pietro poussa un soupir, ça ne servait définitivement à rien de broyer du noir de toute façon. « Il faut juste que j’apprenne à marcher comme un escargot, ça doit être faisable. »
Donne-moi du poison pour mourir ou des rêves pour vivre.
Liv ne put s'empêcher d'afficher un fin sourire quand Pietro lui assura que pour elle, il n'oublierait jamais de se battre. La jeune femme, même diminuée comme elle l'était à présent, ne considérait pas avoir réellement besoin qu'un homme (ou qui que ce soit d'ailleurs) se batte pour elle. Elle était forte, autonome, et ses aptitudes au combat se suffisaient à elles-mêmes. Mais avec Pietro, elle réalisait à quel point il était agréable d'avoir à ses côtés une personne qui serait prête à tout vous sacrifier, par orgueil peut-être mais par amour surtout, parce que elle aussi serait prête à tout sacrifier pour Pietro.
C'était un combat qu'elle n'avait aucune envie de mener, mais si cela devait arriver, elle le ferait sans hésiter une seule seconde, parce qu'elle avait bien conscience du fait que c'était une nécessité... et surtout qu'elle n'était au final pas capable de faire autrement. C'était ancré en elle, une certitude inéluctable contre laquelle il n'était pas possible de lutter... Et Liv en savait quelque chose, elle avait lutté de toutes ses forces au point que Pietro en était mort, littéralement, le tout pour aboutir au résultat qui était celui-ci. Ils étaient ensemble, et même si cette situation était terrible et angoissante, c'était ensemble qu'ils faisaient front et allaient de l'avant. L'air de rien, c'était beaucoup, et c'était important. Maintenant, il fallait surtout ne pas baisser les bras. Il était très important qu'ils gardent espoir, même s'il n'était pas dans les habitudes de Liv de raisonner ainsi. Mais parce que l'espoir qu'elle avait envie de concentrer en cet instant ne concernait pas sa propre personne mais Pietro, juste Pietro. Et elle n'avait pas envie qu'il se résigne au malheur parce que cette situation paraissait inéluctable.
-Non, il est hors de question que tu t'y habitues, répondit très sincèrement la jeune femme quand Pietro assura qu'il devait apprendre à marcher comme un escargot (donc à un rythme normal pour n'importe quel autre être humain).
Ce n'était pas le but de la manoeuvre, si Liv l'exhortait à se battre, c'était pour reconquérir ses pouvoirs perdus et que lui aimait tant. Et donc, dans cette optique, non, il ne fallait pas s'habituer à la diminution de leur condition. Il fallait, bien au contraire, affirmer haut et fort que ce n'était qu'un état temporaire. Et qui n'aboutirait à rien de pire.
-Je n'ai pas de temps à perdre avec les escargots, moi, ajouta-t-elle simplement, définitivement de plus en plus douée avec les boutades, elle qui n'avait pas été capable d'en formuler une seule pendant bien longtemps. Comme quoi, tout arrive, définitivement, même si ce n'était bien évidemment pas le bon moment, tout au contraire.
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Pietro préférait largement ne pas se prendre la tête en règle générale, mais en même temps ce n’était pas comme si la situation était vraiment évidente ces derniers temps. Forcément, au vu de ce qui se passait, ce n’était pas facile de tout prendre à la légère. Pietro craignait pour sa vie, bien sûr, mais il avait surtout peur pour Liv, pour Wanda. Et à côté de cela, il devait comprendre que sa petite amie vivait la situation d’une façon différente de lui. Parce que quand il se sentait handicapé, affaibli de ne plus avoir ses pouvoirs, Liv vivait les choses d’une manière bien différente. Parce qu’elle n’avait pas des capacités évidentes à vivre, forcément et il en avait bien conscience. Mais c’était… c’était complexe.
Le pire était sans doute le fait qu’ils n’avaient aucune idée de comment les choses allaient s’arranger, même s’il allait être possible d’arranger les choses. Ils ne pouvaient pas savoir s’ils allaient finir par avoir une solution et s’ils n’allaient pas tout simplement mourir à petit feu. Même si Liv les avait vu s’en sortir, ou du moins les avait vu mourir dans une autre circonstance, ça ne voulait pas dire que les choses n’allaient pas changer. Après tout, Pietro savait bien que les visions de Liv avaient des faiblesses, qu’elles n’étaient pas inchangeables. Mais ce n’était pas pour autant que tout était rassurant pour autant. Pietro ne savait pas exactement comment ils allaient faire donc, mais en cet instant précis il était évident que le jeune homme devait prendre sur lui un peu, parce qu’il n’avait pas ses pouvoirs et qu’ils n’en avaient pas l’habitude.
Liv répliqua qu’il ne devait pas s’habituer au fait de ne plus avoir ses pouvoirs d’ailleurs, même si clairement Pietro ne savait pas trop comment il allait faire pour autant. Il voulait bien se battre pour ne pas mourir, mais en même temps il n’était même pas sûr qu’ils y parviennent au final. Ce n’était pas son genre d’être défaitiste, mais il y avait quand même des moments où c’était plus difficile que d’autre d’être optimiste. Mais Liv ne manquait pas de lui rappeler à l’ordre. Quand elle affirma qu’elle n’avait pas de temps à perdre avec des escargots, ça ne pouvait que lui rappeler à quel point ils pouvaient quand même être forts et qu’ils ne devaient pas perdre espoir.
« Je crois que je déteints beaucoup trop sur toi. » Affirma-t-il dans un fin sourire. Clairement, à une époque, Liv n’aurait pas sorti une boutade de ce genre, contrairement à lui. C’était à se demander si les rôles n’étaient pas inversés à force. Mais non, Pietro ne devait pas perdre espoir et il pouvait compter sur Liv pour lui rappeler de ne pas le perdre. Au fond, ces boutades, c’était peut-être ce dont il avait besoin. « Je pensais que pour une fois, prendre mon temps ça ne serait pas mal. » Ajouta-t-il.
Ça l’emmerdait vraiment de ne plus avoir ses pouvoirs, mais ça ne servait à rien de déprimer pour ça, ça n’allait pas les lui rendre. Il allait trouver une solution, ce n’était pas en baissant les bras qu’il le ferait.
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Liv n'atteindrait jamais le niveau d'"humour" de Pietro (et elle avait envie de dire que ce n'était pas plus mal), mais clairement, il y avait de l'amélioration, de ce point de vue-là. Elle ne l'avait clairement pas cherché, elle ne pouvait que croire son interlocuteur quand il observait qu'il détaignait sur elle. C'était la vérité, elle ne l'aurait pas cru il n'y a pas si longtemps, mais c'était un fait, Pietro avait une influence réelle sur elle : sur sa façon de penser, de ressentir, d'éprouver les choses... Et elle réussissait à trouver que c'était une bonne chose. Surtout ici et maintenant. Si ses paroles pouvaient avoir le don de faire sourire son petit ami et de le rassurer, ne serait-ce qu'un peu, alors elle aurait le sentiment d'être plus utile qu'elle ne s'était jamais sentie l'être au service de la Confrérie (ce qui ne l'empêcherait pas de servir cette dernière jusqu'à son dernier souffle, tant qu'on l'y autoriserait).
Il déteignait sur elle, oui, et elle constatait que la réciproque était vraie aussi. Enfin, elle n'était pas en train de changer Pietro en sociopathe confirmé, bien sûr, mais elle lui insufflait parfois la gravité et le sérieux dont il pouvait avoir tendance à manquer. Au bout du compte, affirmer que les contraires s'attirent n'était sans doute pas faux, dans leur cas c'est certain, et c'était sans doute parce que chacun savait apporter à l'autre un peu de ce qui lui manquait. Quand bien même Liv avait tout de même le sentiment que, depuis les débuts de leur relation, il lui apportait bien plus que l'inverse... à moins que les ennuis qu'elle avait pu lui causer puissent être considérés comme une chose qu'elle lui apportait en effet de son côté.
-J'aime quand tu prends ton temps, répondit Liv en se rapprochant du jeune homme.
Et c'était vrai. Liv était naturellement plus posée et calme que Pietro, et elle aimait parfois qu'il sache l'être aussi de son côté. D'autant que, dans certaines circonstances très spécifiques, prendre son temps était la meilleure façon de bien faire les choses. Pour la minutieuse Liv, ça allait de soi, mais elle était convaincue que Pietro le pensait aussi de son côté.
-Mais j'aime surtout quand tu le fais de ton plein gré, ajouta-t-elle avant de venir déposer ses lèvres sur celles de Pietro.
Elle voulait qu'il garde la maîtrise de ses actes, de ses choix, de sa vie, de ses pouvoirs... Ce ne serait pas forcément très simple, surtout qu'ils ne décidaient pas grand-chose en l'occurrence, mais ils devaient s'en croire capables. Ils n'abordaient pas la situation de la même manière, mais ils étaient au moins d'accord sur une chose : ils voulaient vivre. Et selon leurs règles, peu importe qu'elles soient strictes comme celles de Liv ou souples comme celles de Pietro.
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Pietro afficha un sourire quand Liv affirma qu’elle aimait quand il prenait son temps. C’était sur que tous les deux, ils n’avaient pas du tout la même façon d’être. Quand la jeune femme était plutôt du genre posée, le jeune homme lui de son côté était juste incapable de se poser comme il le fallait. Il avait besoin de bouger à longueur de temps, il avait besoin d’action. Cela dit, il avait aussi besoin de ces moments tranquilles quand il pouvait se poser et glander gentiment. Cela dit, c’était tellement habituel pour lui de se contenter de faire peu d’effort pour aller vite que l’idée de juste se trainer, ça n’avait rien de plaisant.
Cela dit, effectivement, le jeune homme ne pouvait pas nier qu’il aurait bien aimé ne pas avoir à s’imposer la situation. Pietro aurait bien aimé avoir le choix, sauf qu’il ne l’avait pas le choix… ils devaient faire avec, ils devaient supporter cette situation et faire avec. Malheureusement. Là, ils n’avaient pas du tout le choix, ils devaient vivre avec, si on pouvait dire qu’ils vivaient. Mais oui, ils vivaient. Et c’était la seule chose qu’ils désiraient tous les deux, c’était d’être en vie. Ils ne pouvaient pas réellement savoir comment les choses allaient se passer, mais au moins ils allaient tout faire leur possible pour rester en vie.
« Ouais, pour ce point-là, on n’y est pas forcément pour le coup. » Il n’allait pas se le cacher, il n’avait aucune envie d’avoir perdu ses pouvoirs, bien au contraire, il aurait bien aimé ne pas perdre ses pouvoirs… il aurait aimé ne pas être malade. Mais en même temps, ce n’était pas comme s’ils pouvaient se contenter de déprimer sur leur sort non plus. « Tant pis, on va devoir se contenter de faire plein de chose lentement sur notre plein gré. » Puisque Pietro n’avait pas forcément décidé de devenir si lent au point donc de ne plus pouvoir utiliser ses pouvoirs, il pouvait se contenter de continuer de vivre en faisant en sorte de s’en sortir malgré l’absence de ces pouvoirs. Il allait donc devoir faire avec, en espérant quand même qu’ils allaient parvenir à trouver une solution pour retrouver leur pouvoir et accessoirement éviter de mourir tout de même.
Bon, en vérité, le jeune homme devait bien avouer qu’il ne se sentait pas non plus le plus heureux, mais il avait conscience qu’il n’avait de toute façon pas le choix que de faire avec. Ça l’agaçait prodigieusement de ne pas pouvoir utiliser ses pouvoirs, mais en même temps ce n’était pas en pleurant sur son sort qu’il allait arranger la situation, même si c’était quand même sacrément tentant. Bon, il prenait donc énormément sur lui, il n’avait pas le choix. Au fond, le jeune homme n’avait pas spécialement d’idée de comment gérer la situation, bien au contraire.
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Si Liv comprenait l'immense frustration de Pietro (qu'il cherchait à dissimuler mais qui transparaissait malgré tout dans son discours), cette dernière générait une autre sorte de frustration chez elle. Parce qu'elle ne réussissait pas à l'apaiser, à lui faire accepter sa situation telle qu'elle était à présent. Pour le moment, qu'ils le veuillent ou non, ils devaient se passer de leurs pouvoirs, c'était ainsi, et Liv aurait aimé que Pietro y parvienne réellement... en fait, elle aurait aimé être capable de l'apaiser et de le rassurer suffisamment pour qu'il tolère ce qui lui arrivait... et qui ne devait dans tous les cas qu'être temporaire... car s'ils ne parvenaient pas à résoudre le mal qui les rongeait, alors c'était bien simple, ils en mourraient, purement et simplement. Elle avait déjà peur de le perdre, elle voulait au moins que le défaitisme ne le ronge pas en cet instant critique. Et ce qu'il ressentait, sa façon d'appréhender la situation, finissait par compter bien plus que ce qu'elle ressentait elle-même, ce qu'elle éprouvait de son propre côté.
-Parle pour toi, répondit-elle alors quand le jeune homme affirma qu'il allait devoir se contenter de faire les choses lentement de son plein gré, sans réel enthousiasme. Enfin, qu'ils allaient devoir s'en contenter. Moi, je n'ai jamais été aussi rapide que toi. Dis-toi que pour une fois, au moins, on pourra être au même rythme...
C'était certainement une façon trop maladroite de chercher à le rassurer. Elle avait envie qu'il réussisse à trouver de bons côtés à la situation, peut-être parce qu'elle-même n'avait aucun mal à le faire de son point de vue... Elle avait envie d'être le bon côté qu'il pourrait peut-être y trouver. Elle savait que c'était... se donner un rôle qui ne devait peut-être pas être le sien. Mais c'était un des rôles qu'elle voulait réussir à se donner. Être la clé de son bien-être, peu importe les circonstances. Mais elle avait été plus douée pour être l'instrument de son malheur, elle devait bien le reconnaître. Avec une douceur qu'il serait à jamais le seul à connaître, elle effleura son visage du bout des doigts.
-C'est comme te redécouvrir, dit-elle après un moment. Je te touche et je ne vois que toi, pas une vision de toi. A l'agonie, devrait-elle préciser, mais ce n'était pas nécessaire, il le savait très bien. Avant j'entendais ton coeur battre comme s'il frappait mes tympans, maintenant je le devine, et je préfère ça. Avant, toutes nous conversations étaient brouillées par celles des autres, dehors, aussi distinctement que s'ils étaient avec nous, maintenant il n'y a plus que toi. Comme si on était seuls au monde. Elle marqua une légère pause. J'aime prendre le temps de découvrir ça. J'ai envie que tu prennes ce temps avec moi...
Elle voulait simplement qu'il réussisse à se mettre à sa place, même si elle ne voulait pas négliger ce qu'il éprouvait non plus.
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Pietro afficha un léger sourire quand Liv affirma qu’il pouvait parler pour lui, qu’elle de son côté n’avait jamais été aussi rapide que lui, et qu’au moins pour une fois ils allaient pouvoir être au même rythme. C’était sûr que la jeune femme n’était pas aussi rapide que lui. Cela dit, Pietro n’était pas non plus tout le temps rapide, mais ça n’enlevait pas le fait qu’il se sentait quand même un peu frustré de ne pas pouvoir être aussi rapide qu’il ne l’était en temps normal. Mais en même temps, ce n’était pas comme s’il pouvait y faire grand-chose. Enfin, si, il espérait qu’ils allaient pouvoir en faire quelque chose, mais pour l’heure Pietro ne pouvait rien faire à part faire avec.
Le jeune homme plongea son regard dans celui de Liv quand elle vint effleurer son visage du bout de ses doigts, avec une douceur qu’il aimait sentir chez elle. Une douceur qu’il se doutait être le seul à connaître. Liv lui affirma que c’était comme si elle le redécouvrait. Pietro connaissait parfaitement les pouvoirs de Liv, il savait bien les conséquences de ces pouvoirs et ce qu’elle vivait au quotidien. Mais en même temps, même s’il connaissait ses pouvoirs, il n’était pas facile pour lui de se mettre à sa place et de comprendre complètement ce qu’elle vivait. Il savait qu’elle le voyait mourir à chaque fois qu’elle le touchait, mais il n’était pas entièrement capable de se mettre à sa place et de comprendre pleinement ce qu’elle vivait. Il avait conscience que c’était difficile, mais c’était différent d’en avoir conscience que de le vivre vraiment soi-même.
Elle le touchait et ne le voyait que lui, avant elle entendait battre son cœur fortement, maintenant elle se contentait de le deviner. Que leur conversation fût la seule chose qu’elle entendait, qu’elle n’entendait pas les autres autours, qu’il n’y avait que lui tout simplement. Ils n’étaient que tous les deux donc, comme s’ils étaient seuls au monde. Pietro ne pouvait pas pleinement le comprendre donc, mais en même temps il avait conscience que ça leur faisait du bien. Même si en réalité, c’était quand même le signe que les choses progressaient, qu’ils pouvaient craindre le pire. Mais forcément, au vu de la situation de Liv et de la portée de ses pouvoirs, ils ne pouvaient pas ressentir les choses de la même façon. Quand Pietro le voyait comme une torture, elle le voyait comme une libération.
« Si je dois prendre le temps de quoi que ce soit, ça sera forcément avec toi. » Il savait bien qu’il ne pouvait pas vraiment se mettre à la place de la jeune femme, qu’il ne pouvait pas entièrement la comprendre. Mais en même temps, il avait envie de faire cet effort pour la jeune femme, parce qu’elle était celle qui comptait le plus, parce qu’il était prêt à tout pour elle. « Je ne pensais pas que c’était… qu’on n’était jamais à ce point seul tous les deux pour toi. » Bien sûr qu’il savait qu’elle était capable d’entendre une conversation particulièrement loin, mais ça ne voulait pas dire qu’il réalisait à quel point ça pouvait les parasiter. « Ça te fait quoi… qu’on ne soit que nous deux là ? »
Parce qu’il avait envie de la cerner un peu plus encore, pour arriver pleinement à se mettre à sa place.
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Liv parvint à esquisser un fin sourire quand son petit ami lui assura que s'il devait prendre le temps de quoi que ce soit, ce serait forcément avec elle. Elle aimait se dire qu'il le pensait et qu'il était totalement honnête envers elle en prononçant ces mots à son adresse. Elle se doutait que ce n'était pas simple pour lui de ne serait-ce qu'envisager de ralentir le rythme, parce que ce n'était absolument pas dans ses habitudes, dans sa manière de faire, mais même si elle était à même de le comprendre, elle estimait essentiel de trouver un rythme commun, qui leur convienne à tous les deux. Il n'y a pas si longtemps encore, elle aurait considéré ue l'entreprise était absolument impossible, ce n'était plus le cas aujourd'hui.
La jeune femme était, bien au contraire, convaincue du fait qu'il était la seule personne au monde avec laquelle elle estimait possible de se façonner un rythme qui leur convienne à l'un comme à l'autre, et elle était impatiente d'emprunter ce chemin avec lui, même s'il y avait encore beaucoup de travail à faire, d'un côté comme de l'autre. Du côté de Liv car elle devait encore beaucoup travailler sur elle-même afin d'accepter les sentiments qu'elle ressentait pour le jeune homme. Et du côté de Pietro, car s'il réussissait à l'apprivoiser, il restait certain qu'il lui restait des choses à apprendre à son sujet. La situation présente le prouvait d'ailleurs, car elle comprenait bien que Pietro prenait en cet instant davantage conscience de ce qu'elle endurait au quotidien.
Loin d'elle l'idée de lui reprocher de n'en avoir rien su, au passage, car si elle ne lui avait rien caché de ce qu'étaient ses pouvoirs, elle parlait rarement de combien ils l'handicapaient. Parce qu'elle n'était pas de nature à s'étaler sur ce qu'elle ressentait, mais pas seulement, en vérité. C'était aussi parce qu'elle avait du mal à reconnaître elle-même à quel point c'était difficile puisque l'habitude lui avait fait oublier combien ça l'était. A présent que l'habitude était rompue, elle prenait réellement conscience de sa situation, de comment elle vivait avant. Et bon sang, ça faisait clairement du bien. Pietro exprimait bien les choses : oui, ils n'étaient jamais vraiment seuls tous les deux. Ce que ça lui faisait, qu'ils ne soient que tous les deux ? Elle cherchait les meilleurs mots pour l'exprimer, mais ce n'était pas simple.
-C'est comme... ces bruits de fond auxquels on ne fait plus attention et dont on comprend combien ils étaient insupportables au moment où on redécouvre le silence. Elle marqua une pause. Là, je me sens... sereine, apaisée... Elle planta son regard dans celui du jeune homme. Je ne me suis jamais sentie aussi bien.
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Même si Pietro essayait autant que possible de comprendre Liv, il était incapable de se mettre à sa place et donc de la comprendre réellement. Le jeune homme avait beau écouter tout ce que sa petite amie lui disait concernant ses pouvoirs, il avait beaucoup essayer de comprendre ce qu’elle vivait, ce qu’elle traversait, il ne pouvait évidemment pas se mettre à la place de Liv. Il pouvait essayer, il ne saurait jamais réellement ce que cela faisait de voir constamment des visions des personnes mortes à chaque contact. Il s’imaginait très bien la chose, il se doutait que c’était horrible et en un sens, il était bien heureux de ne pas vivre tout ça, mais ça n’enlevait pas que le fait de ne pas le vivre directement, ne lui permettait pas d’avoir une réelle sensation de ce que cela faisait. Il en avait conscience, ils en parlaient souvent, mais il ne pouvait définitivement pas se mettre à la place de la jeune femme. Et c’était bien ça le souci, il n’avait aucune idée de ce qu’elle vivait réellement.
Alors dès qu’il le pouvait, il essayait de comprendre un peu plus encore. Quand lui se sentait nu sans ses pouvoirs, la jeune femme se sentait mieux sans. Et il avait besoin de comprendre, il avait envie de comprendre, pour parvenir à être sur une meilleure longueur d’onde avec la femme qu’il aimait. Elle lui expliqua que c’était comme ces bruits de fond qu’on ne remarque finalement que le souci quand ils prenaient la peine de disparaître, nous faisant remarquer qu’ils étaient particulièrement insupportables. Liv lui affirma qu’elle se sentait sereine, apaisée. Ce n’était en soit que des mots, que Pietro ne pouvait pas forcément réellement mettre en pratique. C’était une chose de savoir que sa petite amie se sentait plus sereine, c’en était une autre de le comprendre vraiment. Mais en même temps, quand elle plongeait son regard dans le sien, pour lui dire qu’elle ne s’était jamais sentie aussi bien, forcément ça avait de l’importance. Et Pietro ne savait pas s’il s’en réjouissait tant que cela au final. Oh, il était vraiment heureux bien sûr que Liv se sente bien, c’était ce qu’il pouvait rêver de mieux, mais en même temps cela venait parce qu’elle perdait ses pouvoirs alors que de son côté, il avait le sentiment de vivre un déchirement. Mais c’était évidemment parce qu’ils n’avaient pas la même façon de vivre les choses, qu’ils n’avaient pas du tout le même rapport avec leurs pouvoirs.
« Je suis heureux que tu te sentes bien. » Dit-il dans un fin sourire, il l’était clairement, il était heureux qu’elle soit bien, ça lui permettait de remettre tout ça un peu en perspective. « Même si… j’aurais aimé être ce qui te permettrait d’être vraiment bien. » Ajouta-t-il tout de même légèrement.
Oh, il ne cherchait en aucun cas à accabler la jeune femme ou quoi que ce soit, il regrettait simplement qu’elle ait du perdre ses pouvoirs pour se sentir bien.
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Liv adressa un sourire plus franc quand Pietro affirma qu'il était heureux de la savoir plus sereine. Elle le croyait sans problème, car avec lui, elle avait découvert combien le bonheur d'une personne que l'on aime vous est crucial, et indispensable, même. Elle ne connaissait pas cela, avant... mais avant, elle ne savait même pas identifier le bonheur, elle ne pensait pas même en avoir déjà éprouvé, pour tout dire... Elle n'avait rien éprouvé du tout, en réalité, avant lui. Et pour cette raison, la sérénité de Liv n'était pas totale.
Elle n'était pas totale parce que Pietro, lui, ne vivait pas du tout sa situation de la même manière. Même dans ces situations d'urgence, ils arrivaient à être à l'opposée l'un de l'autre. Quelque part, ce constat la navrait. Elle aurait voulu qu'ils soient capables d'être sur la même longueur d'onde, tous les deux, que cela sache au moins leur prouver leur compatibilité... Mais c'était peut-être une bonne chose. En n'étant pas aux abois tous les deux, elle pouvait mieux soutenir son petit ami... même si elle avait du mal à le faire tant en retour elle avait besoin d'être comprise et n'était pas sûre de l'être. Elle voulait être sur la même longueur d'onde que lui, sans aucune doute et sans aucune équivoque. Elle se sentait totalement démunie face à ces circonstances qui semblaient les perdre l'un et l'autre, à des échelles différentes.
-Pietro..., dit-elle doucement en déposant affectueusement ses mains sur les joues du jeune homme.
Elle réalisait sa maladresse, en cet instant. elle ne s'en était même pas rendu compte avant cela. Elle avait tant évolué depuis qu'ils étaient ensemble, mais c'était en cette seconde qu'elle signifiait un réel changement, un véritable apaisement. Pourtant, Pietro avait tort de penser qu'elle n'était pas bien avec lui. Sans lui, elle n'aurait même pas été capable d'identifier et de vivre le bonheur. Il l'avait ouverte à toute un panel d'émotions incroyables, et elle était plus heureuse que jamais grâce à lui.
-Bien sûr que je suis bien grâce à toi, répondit-elle en le regardant dans le blanc des yeux. Sans toi, maintenant, il n'y aurait rien, juste du silence.
Mais grâce à lui, il y avait de la vie, du bonheur, de l'amour. Et sans ses pouvoirs, elle était à même de mieux apprécier tout ce qu'il lui offrait. Sans lui, contradictoirement, elle n'aurait pas ressenti le besoin de rester ainsi qu'elle était. Sans pouvoirs.
-C'est parce que tu es là que tout ça compte pour moi, c'est parce que tu es là que quoi que ce soit compte pour moi.
Mais elle n'allait pas mentir. Si elle avait besoin de lui, il ne pouvait pas à lui seul réussir à la rendre meilleure. Il savait faire taire le monstre, et c'était déjà beaucoup.
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Pietro faisait de son mieux pour bien comprendre Liv, pour arriver à la cerner entièrement. Mais il y avait quand même encore des progrès à faire. Ça ne lui faisait pas peur et le jeune homme savait bien que ce n’était pas seulement parce qu’il était question d’eux qu’ils se retrouvaient dans une telle situation, c’était le cas de tous les couples qui devaient apprendre à se connaître parfaitement. Même si forcément, leur situation ne leur facilitait pas forcément la tâche non plus. Ils avaient du mal à se comprendre sur ces points, parce qu’ils ne vivaient pas du tout la situation de la même façon. Ils n’avaient pas du tout le même rapport avec leur pouvoir, quand ceux de Liv lui donnait le sentiment de ne pas pouvoir vivre normalement, Pietro se sentait entièrement déminue sans eux.
Mais en même temps, il comprenait parfaitement la position de Liv. Ou du moins, il espérait de le comprendre. Le plus important au final, c’était que Liv se sente mieux, même si de son côté, Pietro ne pouvait pas s’empêcher de sentir une certaine frustration quand même. Liv prononça son prénom, déposant ses mains sur ses joues, lui affirmant qu’elle était bien grâce à lui, que sans lui maintenant il n’y aurait simplement que le silence, quelque chose de pas forcément agréable donc. Pietro afficha un sourire aux paroles de sa petite amie, quand elle lui affirmait que c’était parce qu’il était là que tout ça comptait pour elle, parce qu’il était là que tout comptait pour elle tout simplement. Forcément, le jeune homme aimait entendre ce genre de mot. Et il savait que Liv était sincère, elle n’était pas du genre à mentir et elle était encore moins du genre à lui mentir à lui.
« C’est vrai que j’ai tendance à être bruyant, ça aide. » Répondit-il, dans un léger sourire, parlant avec peu de sérieux. Pietro aimait entendre tous les mots de Liv, il y croyait bien sûr parfaitement, et il était heureux qu’elle soit bien grâce à lui. Il ne doutait pas vraiment de sa place, du fait qu’il pouvait lui apporter le meilleur. Il considérait simplement qu’ils étaient faits pour être ensemble et que le destin les avait guidé l’un à l’autre. Mais ils étaient quand même grandement différents et Pietro espérait simplement que ça ne finirait pas par leur porter préjudice. Des deux, ce n’était clairement pas celui qui se faisait le plus de souci, mais ça ne l’empêchait pas de s’inquiéter quand même un peu parfois. Parce que dans tous les cas, Pietro se sentait vide sans ses pouvoirs et même si c’était le cas de Liv aussi, ils ne le vivaient pas de la même façon. Quand Liv se satisfaisait parfaitement bien de ce vide, Pietro avait quand même beaucoup de mal à l’accepter. « Heureusement qu’on est là tous les deux pour… combler le vide de l’autre. » Affirma-t-il, dans un sourire.
Pour combler l’autre. Pietro le savait, si elle n’était pas là, il supporterait encore moins la situation.
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Liv - miracle - parvint à esquisser un fin sourire quand son petit ami affirma, comme d'habitude incapable d'être sérieux trop longtemps, que le fait qu'il soit bruyant devait largement combler le silence. C'était certes une simple boutade, ceci dit, il n'avait pas tort. Ce pouvait sembler particulièrement improbable, et elle n'avait aucun mal à deviner que le peu de personnes qui avaient eu vent de leur relation ne devaient rien y comprendre tant ils étaient différents, mais pour reprendre l'adage, ils se complétaient. Liv ne s'en rendait pas compte avant que Pietro ne prenne une telle importance dans sa vie, mais il avait clairement eu besoin de cela. Il avait eu besoin de pouvoir compter sur une personne différente, une personne qui était tout ce qu'elle n'était pas et qui saurait lui apprendre à devenir ne serait-ce que le millième de ce qu'elle était. Le silence en elle était si assourdissant qu'elle avait besoin d'une magistrale cacophonie pour combler le vide qu'elle ressentait autrement. Et ça lui convenait parfaitement bien au passage.
Et elle voulait que Pietro le comprenne... Et elle pensait qu'il réussissait à l'assimiler, petit à petit, même si ce n'était pas simple pour lui, manifestement, ce qui était largement compréhensible. Après tout, le jeune homme appréhendait une situation inédite, et qui le serait à n'importe qui. Il était normal qu'il y ait des hésitations, des tâtonnements, même si en réalité, il remplissait son rôle à la perfection, déjà... et elle trouvait cela d'autant plus admirable. Elle n'était sans doute pas très objective concernant Pietro, mais à quoi bon, en même temps ? Tout cela ne semblait servir à rien, en fin de compte. Oui, ils s'étaient bien trouvés, ou en tout cas, Pietro comblait le vide à la perfection... Mais Liv, de son côté, ressentait que Pietro n'était pas assez comblé, qu'elle aidait peut-être, mais ne suffisait pas. Dans le cas contraire, il saurait se satisfaire de ne plus avoir ses pouvoirs, il l'accepterait avec la consolation de l'avoir elle. Mais bien sûr, ce n'était pas du tout la même chose, loin de là. Et elle se sentait aussi démunie que Pietro devait souvent avoir le sentiment de l'être vis-à-vis d'elle. C'est sûr, ça mettait certaines choses en perspective. Il en faudrait, du temps, pour que Liv réussisse vraiment à se mettre dans les chaussures de Pietro comme lui essayait de se mettre dans les siennes, mais elle avait réellement le sentiment d'évoluer à ce point de vue.
-Je sais que tu le penses en partie, mais je sais aussi que je ne suffis pas. Ce n'était pas un reproche, c'était un constat. J'aimerais pouvoir faire quelque chose de plus pour toi.
Pour qu'il se sente bien, complètement bien. Sans qu'il y ait de "mais".
Donne-moi du poison pour mourir ou des rêves pour vivre.
C’était évident que si Liv n’était pas là, Pietro vivrait sans doute cette situation pire que comment il la vivait maintenant. Même s’il ne le montrerait pas forcément, avec cette fichue habitude de garder pour lui ses peurs et angoisses, en décidant de prendre les choses par-dessus la jambe et de faire comme si tout allait bien. C’était parce qu’elle était là qu’il remettait un peu les choses en perspective. Pietro se sentait mal de perdre ses pouvoirs, très clairement, mais se rendre compte que Liv se sentait bien mieux sans, ça remettait quand même sa vision des choses à une autre place. Que certaines personnes vivaient particulièrement mal le fait d’être des mutants. Forcément, Pietro avait conscience que c’était le cas, il le savait depuis toujours ou presque – depuis qu’ils avaient réellement parlé avec Liv en réalité – que sa petite amie n’étaient pas réellement aidé par ses pouvoirs, mais ce n’était quand même pas pareil que de constater qu’elle se sentait bien mieux sans.
Et donc, heureusement, ils pouvaient compter l’un sur l’autre pour combler le vide qu’ils ressentaient. En partie sans doute, comme Liv ne manqua pas de le préciser en affirmant qu’il le pensait en parti, mais que ça ne lui suffisait pas. Il avait envie de la contredire, parce qu’il aimerait en effet que ça lui suffise, mais ce n’était pas réellement possible. Enfin, si, bien sûr il pourrait le faire mais dans ces conditions ce serait en faisant preuve d’une très grande mauvaise foi.
« Tu fais déjà tout ce qu’il faut pour moi. » Il avait envie de rassurer Liv, pas simplement parce qu’il ne voulait pas qu’elle s’inquiète ou quoi que ce soit, mais parce qu’il le pensait vraiment. Elle faisait ce qu’il fallait, c’était juste particulier comme situation et ils n’avaient vraiment pas la même vision de leurs pouvoirs, la même appréhension par rapport à tout cela. Pietro se sentait vide, forcément, sans ces pouvoirs, et ce vide n’avait rien d’agréable. Et même si Liv ne pouvait pas le combler complètement, elle permettait quand même à ce que ça soit beaucoup plus doux. Dans l’idéal, Pietro aimerait simplement être de nouveau lui-même, et si Liv se sentait mieux alors qu’elle n’avait pas ses pouvoirs, qu’elle soit donc sans ses pouvoirs alors. Mais sans pour autant être malade et donc sur la corde raide… Bref, c’était d’un compliqué tout ça au final. « De toute façon, je sais très bien que dans n’importe quelle situation, on ne peut pas avoir tout parfaitement pour tout le monde. Mais ce n’est pas grave. »
Pietro savait bien qu’il n’aurait surement pas tout ce qu’il voulait, ses pouvoirs, Liv, que tout roule comme il fallait que ça roule. Ce n’était pas comme s’il n’avait pas déjà appris cette leçon depuis toujours, on ne pouvait pas dire que la vie lui avait permis d’avoir tout comme il le fallait. Mais ce n’était pas grave, tant qu’il était bien c’était le principal, même si ça pouvait aussi être mieux.
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Liv savait qu'elle ne pouvait pas porter à elle seule la responsabilité de la santé d'esprit de Pietro. Les choses ne fonctionnaient pas de cette manière, à point c'est tout. On ne pouvait pas laisser l'entièreté d'une personne dépendre d'une autre, et de manière générale, d'ailleurs, mieux valait dépendre de soi-même que de qui que ce soit. Mais elle avait beau savoir cela, ce n'est pas pour autant qu'elle réussissait à raisonner mieux que cela. C'est que Pietro avait remis en question beaucoup de choses pour elle. Elle avait été la première à penser qu'il ne fallait compter que sur soi, pas que l'on était maître de sa destinée (difficile à croire quand on savait que la mort d'autrui était décidée à l'avance), mais du moins maître de ses actions. Mais au contact de Pietro, les choses avaient changé.
Elle ne l'avait pas décidé, mais il avait eu sur elle un pouvoir qui transcendait les mots. Grâce à lui, elle s'était sentie vivante, humaine, pour la première fois de sa vie. Personne n'avait réussi cet exploit avant lui. Et quand elle savait que Pietro ne pourrait pas se suffire que d'elle, qu'il avait besoin de ses pouvoirs, qu'il avait besoin de sa soeur jumelle, eh bien force lui était de constater que ce n'était pas du tout son cas à elle. Même si ce pouvait sembler malsain, sans doute parce que ça l'était en effet, elle n'avait besoin que de Pietro, et admettre la non-réciprocité de cet état de fait, qui n'éteignait pas pour autant les sentiments ni ne les diminuaient, était chose assez difficile, à vrai dire.
-Je ne supporte pas cette idée, confia doucement Liv alors que Pietro répondit avec justesse et philosophie qu'il n'y avait jamais de situation parfaite pour tout le monde. Il fallait accepter les compromis, un point c'est tout. Il avait raison, bien sûr, mais cela restait malgré tout une idée qui insupportait très largement Liv qui n'avait pas du tout envie de voir les choses sous cet angle. J'ai besoin que tout soit parfait, que tout soit sous contrôle.
Bien sûr, cela ne pouvait qu'être perçu que comme un défaut, et ce n'était pas sans raison. C'était bel et bien un défaut, en effet. Elle essayait de lâcher prise au contact de Pietro, et elle y réussissait à peu près. Mais une part d'elle continuait de vouloir à tout prix maîtriser chaque situation du début à la fin. La moindre marge d'incertitude était absolument éprouvante à supporter, et elle détestait fondamentalement cela, c'était même de l'ordre de l'insupportable, pour elle. Et donc, forcément, cette situation lui était particulièrement insupportable, c'était rien de le dire. Et elle n'arrangerait rien en le confessant si frontalement à Pietro.
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Pietro n’avait pas vraiment besoin de la confirmation de Liv pour se douter que ce n’était pas quelque chose qu’elle appréciait. Sur ce point, ils étaient vraiment différents. Parce que Pietro avait conscience que parfois, il ne pouvait juste pas avoir tout ce qu’il voudrait, même si c’était frustrant, il acceptait cette sorte de frustration. Liv découvrait beaucoup de chose, elle avait dû contrôler sa vie au millimètre pendant très longtemps, c’était forcément difficile de lâcher prise. Alors il n’était pas surpris par cette réponse, mais en même temps il comprenait que la jeune femme n’était pas complètement satisfaite parce que rien n’était parfait et qu’elle n’avait pas tout sous contrôle. Parce que lui-même n’était pas parfait et qu’elle ne pouvait pas le contrôler entièrement. Bien sûr, Pietro savait bien que ce n’était pas directement lui le souci, mais il était une part d’imperfection qui remettait beaucoup de chose en doute.
C’était une charge sacrément importante d’être si important pour une personne, qu’elle se suffisait de lui. Pietro l’acceptait, mais il ne pouvait pas non plus complètement rendre la pareille. Il ne pouvait pas et ne voulait pas, il était évident qu’il ne pouvait pas juste décider de ne plus avoir besoin de Wanda parce qu’il avait Liv. Comme il ne pouvait rien faire contre le fait que de ne pas avoir ses pouvoirs le faisait se sentir vide. Il n’avait pas le contrôle sur tout ça, et c’était ça qui était compliqué.
« Si tu avais tout sous contrôle, je ne suis pas sûr que je serais là. » Il n’avait aucune envie de dire quelque chose qui puisse blesser Liv, il cherchait juste à philosopher un peu la situation. Ce qui n’était pas spécialement évident en vérité, lui qui avait justement plutôt l’habitude de jouer les négligents pour ne pas avoir à trop se concentrer sur toutes les choses beaucoup trop sérieuses autour de lui. Simplement parce que parfois c’était trop difficile, c’était plus facile de fermer les yeux et de plaisanter lors de situation difficile. « Je sais que tu veux que tout soit parfait, mais ce n’est pas possible, parce que je ne suis pas parfait. Et tu ne peux pas me contrôler parce que j'ai mon libre arbitre. » Des défauts, il en avait à la pelle. « Comme… tu n’es pas parfaite non plus. » Ce n’était pas souvent ce qui était à dire à sa petite amie, mais Pietro pensait quand même que Liv ne le prendrait pas mal. « À une époque, l’idée qu’on puisse se retrouver ici tous les deux, ça t’aurait paru comme une perte de contrôle. Et c’est le cas. A un moment donné, on a décidé de perdre le contrôle et de se laisser porter par quelque chose de plus fort que nous et… c’était pour la meilleure chose possible. » Non parce que lui-même n’aurait pas cru à une époque qu’ils en arriveraient là tous les deux, avant qu’il n’apprenne à connaître Liv au-delà de la Raven qu’il connaissait. « Je sais que c’est difficile pour toi, mais l’imperfection offre la possibilité de surprise et parfois c’est ce qui nous rend heureux. »
D’autres fois non, évidemment ils s’en passeraient bien.