La fin du jour approchait. Les derniers rayons du soleil perçaient avec difficulté les vitres crasseuses de ce vieil entrepôt de meuble. L’heure du rendez-vous allait bientôt arriver et j’attendais sa venue. Intérieurement, un profond soupir me prit. Ces transactions m’ennuyaient au plus haut point. Certes, j’aurais pu envoyer un Fatalibot mais, pour cette première fois, je préférai être là en personne.
Cette transaction n’était en réalité qu’un prétexte. J’avais entendu parlé d’une organisation qui sévissait dans la ville. M’inquiétait-elle ? Non. Était-elle une menace ? Bien sûr que non. Rien ne pourrait inquiéter le Dr Fatalis. Rien ni personne ! Cependant, établir des connexions pouvait être profitable. Ce groupe trainait dans des affaires sombres de New-York. Y mettre une oreille me permettrait de glaner rapidement et facilement différentes informations sur la ville. Et si je pouvais gagner un peu d’argent dans le processus, tout m’était bénéfique.
Pour le bien de cet échange, un endroit neutre y était convenu. Ne pas aller sur mon sol était logique, mais pourquoi pas le leur ? Simple. Je leur faisais croire qu’ils représentaient une menace potentielle, mais, en venant seul et en les autorisant à venir à plusieurs et armés, je leur rappelai aussi que j’étais d’un tout autre niveau qu’eux. Je leur donnais un peu de considération pour qu’ils se sentent flatter, mais pas de trop pour qu’ils se souviennent de leur place.
C’était ainsi que, moi, le Dr Fatalis, devait attendre dans cet endroit des plus isolés. Comme à l’habitude, j’étais venu équiper de mon armure habituelle. Mes bras croisés, mon visage était tourné vers la porte d’entrée, attendant le moindre signe de mouvements. J’espérai pour eux qu’ils avaient pris de quoi me payer et qu’ils avaient de quoi embarquer ma cargaison qui semblait totalement absente de l’endroit. Bien sûr, Fatalis n’a qu’une parole, mais je préférai garder l’emplacement des caisses secrètes, le temps de convenir de l’affaire.
Les minutes passèrent et la porte s’ouvrit enfin. Sortant de la pénombre, je pris la parole en premier lieu :
« J’ai failli attendre et le Dr Fatalis déteste attendre. »
Quand on était à la tête d’une organisation comme les Death Demon, il était évident que par moment, il fallait faire quelques affaires, quelques commerces. Et ça arrivait à longueur de temps. David ne s’occupait pas toujours personnellement des transactions, pour la simple et bonne raison qu’il n’en avait pas forcément le temps et que par moment… eh bien, il ne voulait pas prendre le risque de se faire attraper. Par moment, ça pouvait être risqué et il préférait envoyer un homme de main qu’il allait pouvoir abandonner si jamais les flics mettaient un peu trop leur nez dans les affaires. Mais en cet instant précis, le jeune homme tenait à faire la transaction lui-même et il considérait qu’il n’y avait pas vraiment de risque à avoir concernant la police. Et cette affaire était bien trop importante.
Il se rendait donc à l’endroit convenu pour le rendez-vous, un endroit neutre. Ce qui arrangeait les affaires de David, parce qu’il n’avait aucune envie de se retrouver dans sa boite de nuit. Encore une fois, c’était une question de sécurité. Il avait quand même rendez-vous avec le Docteur Fatalis, ce n’était pas rien, ce n’était pas anodin. Il avait prévu ce qu’il fallait d’argent, pour acheter la marchandise que l’homme allait lui fournir (parce qu’il ne doutait pas une seule seconde de pouvoir obtenir les marchandises de ce dernier), mais il n’avait pas pour autant l’intention de se promener avec une mallette pleine de billet. Il s’était arrangé pour avoir l’argent (en grande partie grâce à son héritière d’ailleurs), mais il le gardait dans un coin afin de l’avoir à porté de main sans pour autant les avoir sous le coude. Précaution, toujours précaution.
Quand il arriva sur place, son interlocuteur était déjà sur place et ne manqua pas d’affirmer qu’il avait failli attendre, ce qu’il n’appréciait pas vraiment. David pourrait mal le prendre, mais ce n’était pas le cas. Et il préférait largement prendre tout ça sans doute un peu trop à la légère.
« Le Docteur Fatalis a bien fait d’attendre à mon avis. » Dit-il dans un sourire, avant de s’installer en face de son interlocuteur. « Après tout, nous avons une affaire intéressante à mener tous les deux. »
Il ne perdait pas une seule seconde son sourire, même si cette affaire était sérieuse. Et il ne manquait pas de la considérer comme sérieuse d’ailleurs, même s’il ne le montrait pas vraiment. Après tout, obtenir des armes, c’était toujours intéressant.