ne soirée normale pour Vanessa. Cette nuit, elle s'était rendue au Night's Demon, le club tenu par David. Elle y avait ses habitudes. Par la force des choses, les consommations étaient gratuites, c'était toujours ça de pris. De toute manière, dès lors qu'un premier client avait été harponné, le reste des boissons consommées passaient aux frais de l'intéressé, petit bonus, valeur ajoutée à la somme rondelette qui lui serait octroyée ensuite. Une nuit comme une autre. Mais cette nuit, Vanessa ne se sentait pas particulièrement motivée. Elle avait envie de s'emmitoufler dans une couette bien chaude et de binger une série stupide sur Netflix, un quelque chose qui vous vidait la tête. La vérité, c'est qu'elle prenait beaucoup moins de plaisir à son travail depuis que Wade n'était plus dans sa vie. Mais il fallait bien payer les factures, après tout, alors elle serrait les dents et arborait son sourire le plus charmant et le plus charmeur, de quoi appater le chaland, tant qu'à faire.
Même si pour le moment, la pêche restait infructueuse. Vanessa n'avait pourtant pas lésiné sur le maquillage outrancier et avait sorti la tenue la plus affriolante de sa panoplie, plus de peau que de tissu pour ce soir, mais pas encore de prise digne d'intérêt malgré tout. Il était encore tôt, cela dit, ceci expliquait sûrement cela. Elle n'était pas forcément impatiente de foncer dans le premier lit venu, ça ne la dérangeait pas. En attendant, elle sirotait tranquillement son cocktail à base de vodka, attablée au comptoir, dans une position trop affriolante et suggestive pour être complètement naturelle. Se cambrer autant pouvait vous refourguer un mal de dos terrible par la suite, mais Vanessa avait connu pire, dans des positions qui ne nécessitaient pas forcément qu'elle soit assise au passage. Alors bon.
Elle avait presque fini son verre quand on vint s'installer à côté d'elle. Elle s'apprêtait à sortir l'une des phrases d'accroche de sa panoplie, mais s'abstint en constatant que l'homme qui venait de prendre place à côté d'elle n'était pas un client. C'était David, son patron, pour ainsi dire. Vanessa aimerait afficher un statut de travailleuse indépendante, mais on ne s'en tirait jamais mieux dans le commerce de la chair fraîche que sous l'égide d'un bon proxénète. Et David n'était pas mal, dans son genre. Oh, c'était une raclure, bien sûr, ils l'étaient tous. Mais depuis qu'elle bossait pour lui, elle n'avait rencontré aucun problème particulier, alors elle n'envisagerait définitivement pas d'aller voir ailleurs si la pelouse était mieux tondue.
-Tu trouves un peu de temps à m'accorder, je suis flattée, dit-elle avec un fin sourire en guise de salutations.
C'est que même s'ils faisaient affaires communes, ce n'était pas si souvent qu'ils avaient l'occasion de se parler. Et c'était peut-être parce que David avait quelque chose de particulier à lui dire.
Les affaires marchaient plutôt bien… David n’allait pas s’en cacher. Bien sûr, du côté de l’arrière salle du Night's Demons ça se passait plutôt bien, il y avait bien évidemment quelques petits soucis parce que tout ne pouvait pas non plus être parfait à longueur de temps. Cela dit, du côté de la salle officielle, le commerce allait bon train. David avait décidé de se rendre dans la boite de nuit, comme il le faisait quand même assez souvent dans le but de jauger la situation, mais également se donner un alibi. Il se passait des choses en dehors de cette boite de nuit, mais lui il s’y trouvait la plupart du temps, donc… il n’y avait aucune possibilité pour la police d’avoir des preuves contre lui.
Il était en train de siroter un verre, tout en observant un peu la salle, appréciant ce qu’il voyait. Il y avait des personnes qui avaient clairement trop bu et c’était une bonne chose aux yeux de David parce que ça voulait dire qu’ils consommaient beaucoup et donc que le bar faisait de belles recettes. Et les belles recettes, c’était évidemment quelque chose qu’il appréciait. Cela dit, le bar et l’alcool – ainsi que les entrées de la boite du nuit – n’était pas la seule façon de gagner de l’argent dans la boite de nuit. Il y avait aussi… les prostitués. Si David avait une morale, il pourrait sans doute avoir honte d’exploiter le corps de femme comme il le faisait, pour gagner de l’argent, mais ce n’était pas le cas… parce qu’il n’avait aucune morale. Alors oui, les filles qui vendaient leurs corps dans sa boite de nuit, il y en avait un tas et forcément, le jeune homme récupérait quand même une commission sur leurs prestations quand elles trouvaient des clients ici. En plus des hommes qui avaient envie de consommer une femme, il consommait doublement de l’alcool… pour lui et la femme. Bref, c’était l’une des façons que David avait de mieux gagner sa vie, même si encore une fois ça n’avait rien de légal mais le jeune homme savait y faire pour s’épargner des soucis.
Son regard continua de parcourir la salle, quand il vit Vanessa au bar qui était seule… Forcément, cette fille c’était l’une des femmes avec qui David gagnait le plus d’argent, mais là il n’avait vraiment pas le sentiment que c’était une soirée productive pour elle. Autant dire que ça n’avait rien de plaisant pour lui, parce qu’il n’avait aucune envie de perdre de l’argent. Une Vanessa qui se contentait de boire des verres au bar sans passer du temps avec des hommes, c’était de l’argent perdu. Le jeune homme décida donc de s’approcher d’elle.
« Je suis un homme occupé, ce n’est pas évident. » Répondit-il, dans un fin sourire quand elle lui fit remarquer qu’il avait un peu de temps à lui accorder. « Tu as une petite mine ce soir. » Se contenta-t-il de souligner, comme ça l’air de rien.
Mais ça n’avait évidemment aucune raison de n’être « rien ».
e ton qu'avait employé Vanessa pour s'adresser à son interlocuteur était léger, ce n'était pas forcément le ton sur lequel une employée était supposée s'adresser à son patron, mais disons que dans leur milieu, les mêmes codes ne s'appliquaient pas à tout le monde, et Vanessa préférait largement prendre la présence de David avec décontraction qu'avec l'appréhension qu'il puisse avoir le moindre reproche à lui faire... Ce qui avait pourtant de bonnes chances d'être le cas, il est vrai, car quand bien même elle était, en règle générale, l'une de ses meilleures gagneuses, elle ne devait pas forcément donner le sentiment de donner le meilleur d'elle-même à l'heure actuelle.
Cela dit, elle n'estimait pas avoir fait le moindre pas de travers. Elle avait pour principe, du moins quand elle travaillait ici, de ne pas aller vers le client, c'était le client qui devait venir à elle. C'était plus ou moins, en réalité, une règle de base, une sorte de code, de précepte, qui devait rendre la situation plus accessible aux plus hésitants, plus logique aux habitués. La tenue était là, l'allure était présente. Elle pouvait cependant reconnaître que la motivation n'était pas spécialement au beau fixe. Elle n'était pas différente de n'importe qui, en même temps, il faut dire. Il était des circonstances au cours desquelles elle n'était tout simplement pas motivée à faire son job, comme n'importe qui qui traînerait la patte à la perspective de se rendre a bureau. L'air de rien, elle avait comme l'intuition qu'on allait finir par le lui reprocher, d'une manière ou d'une autre.
Et en effet, la remarque en apparence anodine de David en disait long sur ce qu'il pensait réellement, du moins Vanessa en avait-elle la nette intuition. Elle le connaissait bien assez pour savoir qu'il ne se préoccupait pas spécialement de son bien-être. Il y avait des règles tacites, entre eux, l'une d'elles étant de ne pas venir l'emmerder avec ses problèmes personnels, peu importe leur gravité. Dans tous les cas, ça ne le concernait pas, et surtout, cela ne devait pas empêcher son job d'être fait. Et d'être bien fait, surtout. Vanessa le savait, et elle comptait bien lui prouver qu'elle était capable, quoi qu'il advienne. Même si elle n'en donnait pas trop l'air en cet instant, sans doute, contre son gré, de toute évidence.
-Ah oui ? Pourtant, je me porte comme un charme. Elle esquissa un léger sourire. Mais je te remercie de te soucier de moi.
Son ton était presque ironique, pour la peine. Il y avait quelques limites à ne pas franchir, mais elle n'irait pas s'interdire d'exprimer le fond de sa pensée quand ce dernier la démangeait, en l'occurrence, elle savait bien n'être que de la marchandise pour son interlocuteur. Et dans le fond, elle n'avait pas à s'en plaindre.
Vanessa lui affirma qu’elle se portait comme un charme. Il était clair et net que David et la jeune femme ne prenaient pas la peine de parler de leurs vies personnelles, il y avait des limites à ne pas franchir. Vanessa était une femme très belle, qui savait satisfaire parfaitement les clients de sa boite de nuit et David s’y retrouvait pas mal. Tout le monde était gagnant et vu ce que Vanessa touchait, le jeune homme était d’avis qu’elle n’avait aucune raison de se plaindre. Les filles qui travaillaient pour David n’avaient pas de raison de se plaindre. Clairement, le jeune homme trouvait qu’il les traitait bien. Bon, il demandait une certaine rentabilité évidemment, parce que le jeune homme aimait beaucoup trop gagner de l’argent. Mais en échange, ces filles avaient un endroit serein pour travailler, dans une ambiance plutôt sympathique. Du moins, c’était ainsi que le patron de la boite de nuit voyait les choses. Il ne cherchait pas à comprendre plus de chose au sujet de ces filles, la seule chose qui comptait pour lui c’était qu’il gagne de l’argent. Les potentiels soucis de Vanessa ne le concernaient pas et d’ailleurs, il préférait largement qu’elle les laisse en dehors de la boite de nuit.
Ce qu’elle faisait. David ne pouvait pas vraiment se permettre de penser en cet instant précis qu’elle avait des soucis. Il profitait surtout de ce moment pour passer du temps en compagnie d’une des personnes qui lui ramenait le plus d’argent.
« C’est la moindre des choses ma belle. » Affirma-t-il dans un fin sourire, observant attentivement Vanessa. « Je me soucis des personnes qui m’importe. » Précisa-t-il en lançant un regard entendu à la jeune femme. Est-ce que le sort de Vanessa l’importait vraiment ? Oui, dans le sens où David n’avait pas spécialement envie de la voir partir tout d’un coup de sa boite de nuit. Il avait besoin d’elle, parce qu’elle était une poule aux œufs d’or. Bon, évidemment, si la jeune femme décidait de s’en aller, il ne pourrait pas réellement la retenir et il trouverait quelqu’un d’autre pour la remplacer, mais ça n’enlevait pas le fait qu’il n’apprécierait pas spécialement qu’elle s’en aille. « Les affaires sont bonnes ce soir ? »
Tout en posant cette question, David se permit de remettre une mèche de cheveux correctement chez la jeune femme. Ça le concernait, directement, c’était quand même bien mieux pour lui que les affaires de Vanessa se passe bien. C’était bien mieux pour tous les deux, autant pour la jeune femme que pour le jeune homme. Parce qu’en soit, si elle n’avait pas de raisons d’avoir de bonnes affaires ce soir-là, elle pouvait très bien se contenter de rester chez elle.
Quoi qu’en même temps, Vanessa était une perle rare, comme on en trouvait peu. C’était la meilleure de ses filles d’ailleurs. Elle n’était pas irremplaçable, mais ça n’enlevait pas le fait qu’elle était quand même celle qui lui apportait le plus d’argent.
anessa se contenta d'afficher un sourire quand David lui assura qu'il était normal qu'il s'en fasse pour elle, puisque, après tout, elle lui importait. Elle ne le croyait pas sur parole. Elle songeait qu'il devait être le genre de maquereau à savoir prendre ses filles par les sentiments. Elle était convaincue que quelques ingénues avaient dû tomber dans le panneau et se penser importantes au regard de cet homme-là, bradant leurs charmes et leurs jeunesses au profit de ce requin. Elle était loin d'appartenir à cette catégorie-là, ou en tout cas, si elle y avait potentiellement appartenu un jour, ce n'était définitivement plus le cas. Vanessa avait de la bouteille. Même si elle avait conscience de la nécessité de dépendre d'un proxénète, pour sa propre sécurité, plutôt que de se mettre à son compte, elle n'avait plus la candeur de, peut-être, ses premières passes, quand elle avait encore quelques illusions sur le métier le plus vieux du monde qui, depuis, lui étaient largement passées... et heureusement, d'ailleurs, car elles n'avaient rien de franchement glorieuses.
Elle se préférait largement ainsi. Peut-être un peu trop désabusée, sans être pour autant honteuse de son métier, et du moins armée face à des individus de la trempe de David Styles... Pas qu'il soit le pire maquereau du monde, ceci dit. Il était intransigeant, mais puisqu'elle était efficace, il la traitait bien. Mais elle pensait voir clair dans son jeu malgré tout. Et cet instant avait l'air de le lui prouver encore puisque David, avec ces manières qui lui ressemblaient bien, et qui faisaient partie de sa "méthode", lui demanda comment allaient les affaires. Vanessa savait très exactement quoi en déduire. L'homme devait s'assurer que les affaires fonctionnaient convenablement. Et Vanessa avait tout intérêt à lui donner satisfaction.
-Je pense que tu as pu en juger par toi-même, répondit-elle en lui adressant un regard entendu.
Elle ne voulait pas tout de suite assumer un échec quelconque, mais si elle était là, à parler avec lui, ici et maintenant, ça voulait bien dire ce que ça voulait dire : à savoir que la pêche n'était pas pour le moment très fructueuse. Mais la nuit était encore longue. Il ne s'était pas écoulée une nuit, ces derniers temps, où elle n'ait donné son corps à un plus ou moins inconnu (selon la fréquence du client en question). Elle comptait faire en sorte que cette nuit également ne déroge pas à la règle. C'était une question de principe. Et puis, il fallait bien manger.
-La nuit est encore longue, ça ne devrait plus tarder.
Elle n'était pas impatiente de se faire mettre le grapin dessus, elle n'était pas spécialement d'humeur, mais avec la pression que lui mettait David, elle savait pertinemment qu'elle n'avait pas le choix. Elle se devait de rester au sommet du podium. Elle était la meilleure gagneuse de David. Elle avait tout intérêt à le rester.
David avait pu observer lui-même le fait que les affaires de la jeune femme n’étaient pas forcément au beau fixe, parce que justement elle était là en train de lui parler et non pas avec un client en train de gagner de l’argent, pour elle, mais également pour David évidemment. Alors non, les affaires ne marchaient pas très bien, mais c’était une manière pour le jeune homme d’aborder le sujet, de poser cette question afin de mettre tout cela sur la table. En soit, l’homme se souciait réellement du bien être de la jeune femme, parce que ça touchait forcément directement ses affaires. Si Vanessa n’était pas suffisamment en forme pour travailler, il était évident qu’elle n’allait pas lui être vraiment utile et David n’appréciait pas quand les gens n’étaient pas utiles. Donc, il tenait à ce que la jeune femme soit en forme.
Est-ce qu’il reprocherait vraiment à Vanessa de ne pas être en haut du tableau, de ne pas être celle qui lui rapportait le plus d’argent ? Non, au vu de sa position, l’homme pouvait se permettre de se montrer un peu clément, pour une fois. Mais il était évident que ça ne pouvait pas durer et surtout, il était d’autant plus évident qu’elle sera moins… dans ses petits papiers. Il ne se montrait pas toujours agréable avec les autres, même s’il savait être suffisamment manipulateur pour ne pas toujours laisser sa violence prendre le dessus. Mais ça lui était arrivé de se montrer très dur avec l’une de ses filles… c’était comme ça que les choses rentraient par moment. Vanessa n’avait techniquement pas de raison à se faire, si elle ne dérapait pas trop.
« Mais le temps passe très rapidement. » Répondit-il, toujours sur un ton neutre, mais ne cachant rien de la menace que sous-entendait ces mots. Vanessa lui affirmait que la nuit était longue, que ça ne devrait plus tarder le moment où elle allait pouvoir mettre le grapin sur un client, ou qu’un client mette le grapin sur elle. Dans tous les cas, qu’elle gagne de l’argent dans tous les cas. Ce que David lui demandait évidemment, sinon elle ne lui serait pas du tout utile en cet instant précis. « Tu sais, si tu ne te sens pas bien ce soir, tu devrais peut-être aller te reposer. » Dit-il simplement, buvant une gorgée dans son verre, avant de reporter son regard sur la jeune femme. « Je n’aimerais pas qu’on dise de moi que je force mes filles à travailler quand… elles ne sont pas motivés pour ça. »
Il disait ça, mais c’était surtout pour signifier que la jeune femme avait surtout tout intérêt à être motivée. David appréciait Vanessa, suffisamment pour la laisser gérer les choses comme elle voulait, mais le but évidemment était quand même qu’elle lui fasse gagner de l’argent, sinon elle allait tomber bien plus bas dans son estime.
« Tu sais comme j’aime l’argent. » Ajouta-t-il, comme si de rien n’était, d’une voix légère. Mais ça ne reflétait pas forcément ce que ces paroles voulaient vraiment dire.
a menace ne prenait pas vraiment la peine d'être implicite. David avait cette capacité bien à lui, celle de vous faire comprendre les choses en bien peu de mots, sans susciter réellement de confusion. Ce qu'il attendait d'elle était évident, qu'elle appate davantage de clients et fasse davantage de chiffres. Ce n'était pas une découverte ni une nouveauté, bien sûr. Vanessa savait bien que David était attaché à son empire, à son petit business, et ce n'était pas la première fois qu'il lui serrait les vis. Certes, Vanessa osait estimer qu'elle était une des meilleures gagneuses du patron des Death Demons, surtout depuis que Wade était parti... Certes, ça avait été difficile de remonter la pente, et elle souffrait toujours, mais plus personne ne l'attendait chez elle, elle n'avait plus rien d'autre à faire de ses nuits, alors autant les consacrer à se remplir les poches... Sans vraiment de raisons malgré tout, car au final, la jeune femme n'était pas dépensière. Elle songeait seulement que ce n'était pas un moindre luxe que de mettre de l'argent de côté, que cela puisse éventuellement servir ou pas.
Elle n'avait pas l'intention d'aller se reposer, non. Certes, elle pouvait reconnaître que, ce soir, elle n'y mettait pas vraiment de la bonne volonté, et qu'elle pourrait peut-être plutôt rentrer chez elle, ce qui ne lui ferait pas de mal, mais elle savait que la suggestion du mac n'était qu'une illusion. David donnait seulement l'impression d'un choix, mais le choix n'existait pas. Et quand on vivait en vendant son corps aux autres, on apprenait bien vite que l'une des leçons essentielles à retenir était de ne surtout pas contrarier son mac. Et on ne pouvait pas s'en passer, quoi qu'on puisse tenter de s'imaginer. Vanessa aurait bien aimé, elle, contrôler son business en indépendante, mais se laisser contrôler par de gros bonnets tels que David avait le mérite de limiter certains risques, et ce ne pouvait pas être considéré comme quelque chose de négligeable. Bref, elle allait devoir se montrer efficace, et sans doute plus entreprenante, en revanche pas forcément plus docile. Vanessa avait son petit caractère, et elle ne l'étouffait que légèrement en présence de son interlocuteur. Elle restait qui elle était malgré tout. Et elle osait tout de même penser que c'était une chose que David appréciait chez elle, et qui faisait qu'il faisait peut-être preuve à son adresse d'une indulgence qu'il n'aurait pas forcément avec d'autres.
-Qui n'aime pas ça, répondit Vanessa, sans donner le sentiment d'être impressionnée par les propos de David. Pourtant elle l'était, le message était reçu cinq sur cinq, vraiment. Mais c'est difficile d'attirer l'attention de ces messieurs quand ils s'imaginent que je te suis consacrée, observa-t-elle, ce qui était surtout une manière d'inviter David à reprendre ses affaires pour qu'elle tente de retourner aux siennes, afin de se débarrasser de sa présence inconfortable.
David savait parfaitement que la jeune femme sous ses yeux était intelligente et qu’il n’avait pas besoin de se montrer plus explicite. En même temps, il aimait bien ça, pouvoir se contenter d’une phrase simple qui laissait entendre toute la menace qu’il y avait derrière. Il aimait l’argent, c’était simple mais efficace. Vanessa lui rapportait de l’argent, il aimait qu’elle lui en rapporte beaucoup, autant dire qu’elle devait travailler énormément et d’une façon correcte pour qu’il soit satisfait. C’était aussi simple que cela. Même si c’était difficile pour lui d’être entièrement satisfait, tant il avait des besoins importants. Il avait largement de quoi faire en argent, mais plus on en possédait, plus on en voulait. Surtout quand cela venait directement d’affaire en cours.
Qui n’aimait pas ça donc ? David afficha un sourire en coin, il savait bien que Vanessa avait parfaitement compris où il voulait en venir, et ce qu’elle devait entendre par là. Il ne pensait pas avoir besoin de dire plus pour qu’elle sache parfaitement ce qu’il lui restait à faire. D’ailleurs, sa phrase suivante ne faisait que le prouver. Bien sûr, à rester discuter avec elle comme ça, David empêchait la jeune femme de faire son travail et donc de lui apporter de l’argent comme il lui demandait. C’était un peu contre-productif sans doute, mais en même temps il considérait qu’ils avaient besoin de faire ce petit point pour mieux avancer ensuite.
« C’est vrai. » Dit-il en prenant la peine de sortir une cigarette de son paquet et de l’allumer. En rangeant son briquet dans sa poche, il sorti une liasse de billet. Il en déposa un peu devant Vanessa. « On va dire que je me paie tes services. » Ce qui était donc une perte pour David en soit, parce que cet argent devait lui revenir. Mais il n’avait pas spécialement envie de stopper la conversation tout de suite. Vanessa serait bien trop heureuse de se débarrasser de lui comme ça. C’était qu’elle avait son petit caractère, une chose qu’il aimait bien. Quand il engageait des filles, il appréciait quand elle avait du punch comme Vanessa. D’ailleurs, c’était même parce qu’elle avait un sacré caractère qu’elle faisait parti de ses favorites. « Pour une fois que j’ai du temps à t’accorder, on peut discuter un peu plus quand même. » David fit signe au barman de leur servir un nouveau verre. En soit, ils n’avaient pas forcément grand-chose à se dire, Vanessa n’aurait surement pas envie de lui dire grand-chose, mais lui il avait bien envie de rester là à discuter avec elle. Tant qu’il en avait le temps et l’occasion bien sûr, parce que les affaires avaient souvent besoin de lui et qu’il pouvait être appelé à tout moment. Ou Cassandre pouvait débarquer à tout moment et là, son attention serait tout autre. « Tu le sais surement, tu fais parti de celle qui me rapporte le plus. Tu es même celle qui travaille le mieux ici. J’aime pouvoir compter sur mes valeurs sûres. » De la fausse flatterie bien sûr, si elle devait le décevoir, elle pourrait très bien finir les deux pieds devant.
anessa pourrait peut-être se réjouir de voir cette liasse de billets sous son nez, mais ce n'était pas le cas. Elle travaillait pour David depuis bien assez longtemps pour savoir que ce dernier ne faisait jamais de cadeaux désintéressés. Il lui avait fait clairement comprendre qu'il avait le sentiment qu'elle lambinait, autant dire qu'il n'avait aucune raison de se montrer tout à coup généreux envers elle. Il y avait sans doute anguille sous roche, et aucun doute quant au fait que cet argent agité sous son nez était de l'argent tout ce qu'il y a de plus sale. Est-ce que Vanessa allait se retenir d'y toucher pour autant ? Surtout pas. De toute manière, tout l'argent qu'elle touchait était forcément perverti, d'une manière ou d'une autre, puisqu'il avait touché les mains d'un pervers avant les siennes. Elle ne se faisait vraiment aucune illusion à ce sujet. En attendant, du fric, elle en avait besoin, et ainsi que David l'avait dit plus tôt, tout le monde aimait l'argent. Elle prit donc le plus grand soin de récupérer les billets et de les ranger au fond de son décolleté (place la plus appropriée à l'heure actuelle au vu du peu de tissu qu'elle portait sur elle, qui laissait vraiment peu de place à l'imagination et certainement pas à un nombre conséquent de poches).
Alors que David lui assurait qu'il avait bien envie de poursuivre cette conversation avec elle, Vanessa était définitivement sur ses gardes, elle ne pouvait certainement pas envisager que le jeune homme puisse vouloir simplement bavarder avec elle sans arrière-pensée aucune. Elle se disait qu'il devait forcément avoir quelque chose à l'esprit, même si elle ignorait quoi encore. Et quoi qu'il ait en tête, il faudrait qu'elle se laisse faire, car elle ne pouvait pas se permettre de se mettre son boss à dos. Elle avait bien trop besoin de lui. Il était sa garantie d'avoir un toit au-dessus de la tête et à manger dans son assiette, même si c'était souvent assez frugal.
-Et tu peux compter sur moi, répondit Vanessa d'un ton égal et tout à fait sûre d'elle avant d'avaler une gorgée de son nouveau verre. Elle ne cherchait pas à se vendre (c'était déjà fait), juste à affirmer ses positions. Ce taf, elle en avait besoin, et elle était prête à tout pour défendre sa place. Je ne suis pas une de tes nouvelles recrues, David, tu peux me parler franchement. C'est quoi l'objectif ? Tu veux me faire monter en grade ? Si c'est ça, je suis toute ouïe.
Mais elle était à peu près convaincue du fait qu'il n'était absolument pas question de cela en l'occurrence. Cela ne l'enchantait pas, mais c'était à peu près certain néanmoins. Quelle que soit l'idée qu'il avait en tête, elle doutait fort qu'elle lui soit favorable.
David afficha un sourire quand Vanessa lui affirma qu’il pouvait compter sur elle. Le jeune homme avait envie de croire que c’était bel et bien le cas, mais il ne pouvait pas s’empêcher de douter un peu. Oh, Vanessa était l’une de ses employées les plus douées et qui lui rapportait le plus d’argent, mais justement il s’était habitué à un grand niveau de sa part, il ne pouvait pas vraiment se permettre d’avoir autre chose. David pouvait être gentil par moment, mais d’une manière générale, il tenait quand même à ce qu’on lui rapport le plus d’argent possible. Il ne supportait pas la médiocrité et il ne supportait pas qu’on le déçoive. C’était le cas de Vanessa ? Non. Pas encore.
La jeune femme ne manqua pas de lui rappeler qu’elle n’était pas une de ses jeunes recrues et donc qu’il pouvait se permettre de lui parler franchement. Oui, en effet, elle le connaissait bien, par la force des choses. Et Vanessa n’était pas comme certaine de ces pimbêches qui travaillait pour lui. Certaines, il fallait prendre la peine de les brosser dans le sens du poil, de leur donner le sentiment d’être unique. Vanessa n’était pas née de la dernière pluie.
« Eh bien pourquoi pas ? » Demanda-t-il, quand elle mentionna le fait qu’il voulait peut-être la faire monter en grande. Évidemment que non, ce qu’il voulait lui c’était avoir de l’argent, encore plus d’argent. « Je me dis qu’avec le temps, tu peux avoir moins de… facilité à faire ce que tu fais. Je peux comprendre, au bout d’un moment on est un peu usé. » Non, il ne comprenait évidemment rien. « J’ai besoin de quelqu’un pour les gérer toute, et si c’est une des leurs, c’est plus facile. » Ça venait de tilter dans son esprit, mais ce n’était pas forcément une bonne nouvelle pour Vanessa. « Donc, si tu ne te sens plus apte à travailler… complètement, je me dis que ça peut-être bien que tu les chaperonnes. Que tu les prennes sous ton aile. Évidemment, tout cela sera de ta responsabilité. Je sais que tu serais parfaitement capable de leur faire gagner un paquet de fric. Et que tu assumerais pleinement les conséquences, si ce n’est pas le cas. »
Vanessa lui faisait gagner beaucoup d’argent, et justement David n’avait aucune envie qu’elle lui ramène moins d’argent. Il avait besoin qu’elle continue de faire son travail sérieusement et si elle n’était pas capable de le faire, il n’avait pas d’autres choix que de s’assurer qu’elle allait bien reprendre les choses en main. Même si pour cela, il devait la menacer de se retrouver à un poste où elle prendrait pour toutes les autres. Il en serait capable, il n’avait pas spécialement envie de se montrer violent avec ses filles, surtout qu’il fallait quand même les maintenir dans de bonnes conditions, mais en même temps il fallait parfois s’assurer que les choses étaient faites comme il le fallait.
anessa demeura impassible tandis que, en gros, du moins c'était la traduction qu'elle en faisait, David la traitait de vieille peau. Elle estimait être encore sacrément bien gaulée du haut de ses vingt-sept ans, et certainement plus performante qu'elle ne l'était à ses débuts, quand elle manquait encore singulièrement d'aplomb et d'expérience. Ceci dit, elle ne protesta pas. Il serait au fond assez stupide de vouloir se vanter d'être une pute d'exception quand on vous guidait sans subtilité vers une voie parallèle qui pouvait avoir le mérité de conserver votre intégrité mentale ne serait-ce qu'un petit peu plus longtemps. Il pouvait bien penser ce qu'il voulait, de toute manière. David Styles était un porc. Elle ne devait pas laisser l'opinion d'un porc influer sur son jugement, pas vrai ? Il ne manquerait plus que ça. Et puis, la suite pouvait l'intéresser. Car l'air de rien, et même si David se montrait sincèrement plus insultant qu'engageant, c'était en sous-texte une promotion qu'il était en train de lui proposer, et il faudrait qu'elle soit la dernière des connes pour ne pas en vouloir.
-En gros tu me promeus mère maquerelle, résuma Vanessa qui était habituée des détours que David aimait à faire pour dire les choses sans les nommer.
Habituée mais toujours irritée, parce que sincèrement, elle était lasse de ce petit jeu. Il fallait bien gagner sa vie, alors elle faisait avec, mais faire la pute à la solde de connards dans son genre finissait par lui devenir insupportable. En même temps, rien n'était encore supportable depuis le départ de Wade.
-Combien ça me rapporterait ? Une commission pour le travail de chacune de tes filles ? suggéra-t-elle ensuite sans perdre le nord.
Ce qu'elle faisait ici, ce qui justifiait tout ce qu'elle daignait supporter entre ces murs, c'était pour l'argent. Le fric faisait tourner le monde, c'était comme ça, et tant qu'à faire, il valait mieux en tirer son parti immédiatement, donc se conforter dans un nouveau rôle, pourquoi pas, mais seulement si c'était mieux payé. Et dans ce cas, elle n'avait aucune raison de se retirer. Ce genre de promotion ne se refusait pas. Si elle pouvait cesser de donner son corps au premier venu et assister un peu ces pauvres filles qui se retrouvaient à faire ce job de merde, alors elle estimait même que cette nouvelle tâche qui lui incomberait était un privilège. Sauf qu'avec David, bien souvent, il y avait un piège. Et en l'occurrence, elle tenait évidemment à connaître lequel.
-Ca veut dire que tu me dégages du terrain ? T'as peur que mon cul flasque de vieille fille fasse fuir la clientèle ? ne put-elle s'empêcher de le chambrer malgré tout.
A ce stade-là, elle n'avait pas grand-chose à perdre, mais peut-être quelque chose à gagner.
Vanessa décidait de ne pas spécialement tourner autour du pot de son côté, puisqu’elle ne manqua pas de résumer assez clairement la situation en affirmant qu’il décidait de la promouvoir mère maquerelle. C’était en quelque sorte ça, en effet, dit d’une manière bien différente que celle que David avait décidé de faire. Et évidemment, Vanessa ne manqua pas de parler assez rapidement d’argent. En même temps, le chef de file n’était pas spécialement étonné, il savait bien que l’argent avait une part importante dans la situation, qu’ils avaient quand même une relation qui se reposait énormément sur l’argent. Si elle se trouvait là, c’était dans le but de gagner de l’argent et si David la tolérait dans son environnement, c’était également dans le but de gagner aussi de l’argent.
Vanessa se permit alors de lui demander s’il avait l’intention de la dégager du terrain, ne manquant pas d’y aller franco dans ses questions en le questionnant sur son « cul flasque ». La jeune femme pouvait quand même se permettre pas mal de chose avec le patron de la boite de nuit, sans que ce dernier ne se braque de trop. Parce qu’il savait qu’elle lui apportait quand même pas mal d’argent.
« Je pense que ton cul a encore de beaux jours devant lui. » Répondit-il, en commençant d’abord par relever cette remarque de Vanessa. « En tout cas, moi il ne me fait pas fuir du tout. » Ajouta-t-il, en plantant son regard dans celui de la jeune femme.
David était un homme et il était quand même évident que les femmes qu’il avait à son service était généralement à son goût, même s’il était bien trop occupé souvent pour avoir le temps de passer des instants avec elle. En tout cas, il pensait que le physique de Vanessa n’était pas spécialement en cause… mais d’autres choses. Sinon, David ne prendrait pas la peine de lui faire une telle proposition, il la laisserait continuer comme elle le faisait, sans venir mettre son grain de sel dans ses affaires (qui étaient quand même aussi les siennes, par la force des choses).
« Mais à partir du moment où tu risques d’être moins… dans l’ambiance de gagner de l’argent avec ton petit cul, je pense que c’est une bonne idée que tu t’occupes de celui des autres filles. » Il afficha un sourire en prononçant ces mots, des mots qui n’avaient en vérité rien de réellement avenant. « Et tu me connais Vanessa, tout travail mérite salaire. Il me semble évident que si les filles sont capables de me rapporter beaucoup plus d’argent, que tu ais ta part du mérite. » David marqua une nouvelle pause, décidant d’entrer un peu plus dans le vif du sujet. « On peut envisager que je te donne 10 pourcents de ce qu’une fille gagne, à condition qu’elle gagne plus que ce qu’elle gagnait déjà avant. » Que ça serve à quelque chose. « Et pour les fois où tu… daignerais t’occuper toi-même d’un client, je pourrais être d’une bonté d’âme et te prendre moins sur ta recette. Tu en serais particulièrement gagnante. »
Pourquoi prenait-il la peine de lui faire une telle proposition ? Parce qu’il avait tout à y gagner évidemment.
anessa afficha un sourire qui ne laissait pas réellement deviner quelle émotion l'accompagnait plus précisément quand David lui assura que son cul avait de beaux jours devant elle. En ce qui la concernait, elle était du même avis, elle avait conscience de ses atouts et de sa plastique, raison pour laquelle elle n'attendait pas franchement après l'appréciation d'un type tel que David Styles, le pervers de service. Elle n'attendait pas qu'il approuve ou désapprouve, mais elle devait tout de même encaisser ses remarques, puisqu'il était celui qui lui permettait de gagner son pain et lui garantissait une certaine... liberté de travail, toute relative pouvait-elle être.
Elle préféra ne rien répliquer quand il suggéra l'idée qu'elle soit moins dans l'humeur de faire de l'argent avec son corps. Il n'avait pas tort sur ce point, mais elle avait bien envie de lui donner tort, pour le simple plaisir de lui donner tort, à dire vrai, chose dont il se fichait très certainement de son côté, il ne pensait qu'à son très vulgaire business, et elle, de son côté, devait se plier, elle n'avait tout simplement pas le choix. Au fond, elle apprécierait presque cette proposition d'ailleurs. Pouvoir "veiller" sur d'autres gagneuses, ce n'était pas empêcher leur situation mais au moins y apporter un regard un tant soit peu éclairé, ce qui pouvait bien ne pas être du luxe, bien au contraire. Evidemment, elle n'aurait pas carte blanche, elle n'avait pas la naïveté de le penser, mais elle était suffisamment maline en revanche pour espérer tirer son épingle du jeu, d'une façon ou d'une autre. Bien sûr, il fallait qu'elle y réfléchisse, mais elle n'avait pas vraiment le luxe de mesurer ses opportunités. Elle était complètement dépendante du bon vouloir du chef des Death Demons, et c'était une chose qu'elle n'oubliait pas. Qu'elle serait bien incapable d'oublier, au demeurant.
-Evidemment, présenté comme ça, on peut dire que c'est une offre qui ne se refuse pas, pas vrai ? répliqua Vanessa quand David évoqua plus directement les bénéfices qu'elle pourrait avoir à en retirer dans l'immédiat.
Elle savait bien que dans sa condition, faire la fine bouche revenait à se retrouver à la rue, alors elle avait tout intérêt à ne pas trop tirer sur la corde, mais elle ne pouvait pas non plus faire comme si de rien n'était, ou comme si elle ne pouvait pas entièrement entrapercevoir la possibilité qu'il y ait anguille sous roche, et si ça devait être le cas, alors elle ne voulait pas se faire avoir comme une débutante. Elle était supposée avoir de la bouteille et de l'expérience, à force : elle ne devrait clairement pas se faire avoir à ce point facilement, ce serait... en-dessous d'elle.
-C'est quoi, la douille, c'est trop généreux pour être honnête. Qu'est-ce que t'y gagnes de ton côté ?
David afficha un sourire en coin quand Vanessa affirma que présentée comme elle l’était, cette offre ne pouvait pas être refusée. En effet, la jeune femme serait bien idiote de refuser ce qu’il lui proposait, elle avait quand même tout à y gagner. En soit, elle continuait comme maintenant en gagnant plus, elle pouvait gérer ce que faisait les autres filles et en prime, elle en gagnait aussi plus. Franchement, la jeune femme n’avait aucune raison de refuser sa proposition et elle n’avait effectivement pas intérêt à la refuser. David pouvait se montrer parfois généreux, mais ce n’était jamais sans raison, il avait toujours quelque chose derrière la tête et quand il faisait une proposition, il attendait qu’on aille dans son sens.
Vanessa n’était pas née de la dernière pluie, forcément, elle avait conscience qu’il valait mieux qu’elle accepte sa proposition. Mais elle avait forcément conscience qu’il devait gagner quelque chose de son côté. Le sourire de David se fit un peu plus grand, plus amusé, quand la jeune femme lui demanda ce qu’était la douille.
« J’ai tout à y gagner Vanessa. » Répondit-il d’un ton léger, mais son regard planté dans celui de Vanessa ne laissant pas de doute concernant le sérieux de ses propos. David pouvait donner l’air d’avoir une attitude tendre et gentille, au fond, il pensait toujours à son profit, à ce qu’il pouvait gagner. On pourrait le qualifier d’égoïste qu’il n’en aurait que faire, parce que oui, effectivement, il l’était et il ne s’en cachait pas. Ce n’était pas en faisant preuve d’altruisme qu’on s’en sortait dans la vie. « J’ai remarqué une petite baisse de profit de votre côté et j’ai bien l’intention de faire en sorte que ça remonte, c’est bien pour cela que je compte sur toi. » En autre chose, mais il n’allait pas pouvoir dire tout à Vanessa. Non pas qu’il ait spécialement envie de cacher ses intentions, mais il savait que par moment certaines choses n’étaient pas bonnes à dire. « Je veux que les filles, toutes les filles, se donnent à fond sans avoir besoin de m’en occuper moi-même. Et je veux que les nouvelles recrues soient au top dès le début. Je n’ai pas de temps à perdre. »
Il n’était pas un enfant des cœurs, les filles étaient là pour gagner de l’argent afin que David s’en mette plein les poches et pour cela, il fallait qu’elles se donnent à fond. Il n’était pas le pire dans ce domaine, il n’était pas en train de taper sur les filles à longueur de temps, mais il attendait quand même un grand sérieux.
« Passer par toi me fera gagner du temps… et de l’argent, tout ce que j’aime. »
Et autrement, il serait un peu plus l’emprise qu’il avait. La dernière chose qu’il lui faudrait serait de perdre Vanessa, alors c’était une façon de la rendre incapable de partir avec une telle offre. Et en prime, s’il arrivait quelque chose et qu’il n’était pas satisfait, ça sera à elle d’en répondre pour tout le monde.
vec un homme tel que David Styles, rien n'était jamais laissé au hasard, c'était là une chose dont la jeune femme avait pertinemment conscience, et c'était pour cette raison qu'elle se méfiait d'autant plus de son discours. Elle pouvait faire le tour des raisons très objectives qui le pousseraient à proposer cette sorte de "promotion", mais elle ne se leurrait pas, bien sûr : le chef des Death Demons était un homme profondément égoïste. Tout ce qu'il faisait, c'était d'abord dans son intérêt, ensuite dans celui des autres, du moins quand il prenait seulement la peine de se soucier de celui des autres. Avant de formuler une réponse à l'adresse de son interlocuteur, même s'il ne lui laissait sans doute pas le choix, au fond, elle préférait avoir toutes les cartes en mains afin de pouvoir se décider au mieux.
Elle l'écouta donc lui parler de ce que tout ceci lui apporterait d'un point de vue financier. Et il est vrai qu'à première vue, son discours paraissait plutôt cohérent, en réalité. Il agissait en véritable chef d'entreprise, en fin de compte - une entreprise très étrange, aux codes et aux moeurs qui sortaient définitivement de la norme, mais comme un chef d'entreprise, c'est certain, sans foi ni loi probablement, le genre d'homme à ne laisser personne dicter sa conduite en dehors de l'appât du gain. Etait-ce vrai que les filles lui rapportaient moins qu'en temps normal ? Vanessa n'en avait pas la certitude, elle estimait qu'il en voulait toujours plus, surtout, et que c'était de ça qu'il était réellement question. Il fallait compter le fait que sa propre augmentation pouvait être à perte pour lui, même si cela lui libérait du temps, et que donc, un tel marché pourrait se révéler très dangereux pour elle, mais Vanessa était une joueuse, et elle était plus ambitieuse et terre-à-terre que ce que ses choix de vie pouvaient parfois laisser, à tort, présumer.
-Encore faut-il que cette nouvelle organisation fonctionne et qu'elle ne te fasse pas perdre plus d'argent qu'elle ne t'en fera gagner... mais ça, c'est à moi d'y veiller, bien sûr, pas vrai ? demanda-t-elle avec une lueur assimilable à de la malice dans le regard.
Elle n'était pas sûre que tout ceci l'enchante, surtout parce qu'elle s'inquiétait de ne plus être la petite prostituée qui peut passer inaperçu et faire ses affaires dans son coin, plus David exigera d'elle, plus elle lui sera redevable, plus cette situation sera dangereuse pour elle. Et ça, bien sûr, elle avait intérêt à y prendre garde.
-Et si ça ne devait pas marcher comme tu l'anticipes, qu'est-ce que ça signifiera pour moi ? demanda-t-elle bien que consciente du fait de n'être pas, en réalité, en mesure de marchander.
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