indy, pour ne pas sourire, se contenta d'afficher une légère grimace quand son père de coeur observa qu'il serait peut-être de bon ton de réinstaurer le pot à gros mot, mais en décidant qu'elle lui donnerait de l'argent directement à chaque insanité proférée. C'était un jeu auquel elle avait accepté de se livrer, sans que ce soit spécialement de gaieté de coeur, mais quand même, ce pot à gros mots, on peut le dire qu'elle l'avait rempli plus que nécessaire. C'était comme ça, Mindy avait un vocabulaire franc et direct, Mindy parlait mal. Et pour cause, son père avait intégré les insultes les plus charmantes et colorées à son vocabulaire dès l'instant où ce dernier avait pu s'étoffer. Elle ne comptait pas changer ce qu'elle était, elle préférait se ruiner plutôt que de cesser de parler comme elle l'entendait, mais elle pouvait admettre tout de même que cette petite tradition du pot à gros mots lui manquerait presque : un petut quelque chose qui leur apppartenait, qui avait fait le sel de leur relation père-fille. Ce n'était pas rien, ces petites traditions, chacune d'entre elles avait son importance, et le fait qu'il les évoque aidait Mindy à se dérider au moins un peu.
Elle savait qu'elle ne devait pas prendre la mouche à tout bout de champ, mais l'idée de pouvoir peut-être décevoir Marcus lui était plus douloureuse que ce qu'elle pourrait bien prétendre en se dissimulant derrière de faux airs indifférents. Elle voudrait qu'il ne s'interroge pas sur ce que sa vie aurait pu être et se contente d'être fier de ce que sa vie était, car non, elle n'aurait jamais pu avoir une vie normale dans tous les cas. Elle n'était pas quelqu'un de normal, c'était ainsi. Et elle ne le serait jamais, il fallait l'accepter pour ce que c'était... Elle ne pouvait pas en vouloir à Marcus, d'autant plus qu'elle savait que personne ne serait jamais plus bienveillant que lui vis à vis d'elle, mais elle était fière, et capable de prendre la mouche en un rien de temps. C'était comme ça, ça faisait partie de sa personnalité, et elle ne faisait pas beaucoup d'efforts pour que ça change, il faut bien l'avouer.
Malgré tout, Marcus se rattrapa, lui assurant qu'il était fier d'elle dans tous les cas. Parce qu'il la trouvait exceptionnelle. Ce n'est pas qu'elle partait particulièrement à la pêche aux compliments, mais elle appréciait malgré tout ses paroles. Elle n'avait pas besoin de briller dans le regard des autres, ça ne l'intéressait pas, elle n'avait pas choisi de devenir justicière pour se faire mousser mais pour rétablir l'ordre. Mais il existait quelques rares personnes dont elle ne voulait pas perdre l'estime, et Marcus en faisait indéniablement partie.
-Ouais, c'est vrai que je suis quand même plutôt exceptionnelle, dit-elle dans un fin sourire, pour désamorcer définitivement la bombe. On m'a bien élevée, je crois.
Bon bien sûr, Big Daddy avait contribué à la grande majorité de son éducation, mais il était clair qu'elle ne parlait pas de lui en cet instant.
L’affection entre Marcus et Mindy était réel, et elle n’était évidemment pas exagéré. Ils s’aimaient, mais ça ne voulait pas dire que la communication était forcément facile. Macus essayait vraiment, mais par moment il ne pouvait pas nier qu’il ne gérait toujours pas quand il parlait à sa fille de cœur. Et pourtant, ce n’était pas faute de la connaître quand même, ils se connaissaient depuis le début de la vie de Mindy et même si pendant de nombreuses années elle avait vécu avec son père, ça n’enlevait pas le fait qu’il l’avait eu en charge pendant longtemps. Et il avait tenté de faire au mieux avec elle, mais parfois il ne gérait pas réellement. Cela dit, Marcus tentait de se rattraper quand il en avait l’occasion, histoire que Mindy ne lui en veuille pas trop. Parce qu’elle pensait qu’il avait disait quelque chose, mais lui pensait tout autrement.
Marcus était fier d’elle, il ne voulait pas qu’elle doute une seule seconde de ça. Même si l’homme prenait parfois la peine de lui signaler quelques déconvenues de sa part, le fait qu’elle était une justicière par exemple. Mais même si forcément l’homme aurait aimé que sa fille de cœur suive un autre chemin – et qu’il ne pouvait quand même pas s’en cacher non plus –, mais ça n’enlevait pas le fait qu’il était quand même fier d’elle. Quoi qu’elle décide, quoi qu’elle fasse, il sera toujours fier d’elle.
Marcus afficha un sourire en coin quand la jeune femme affirma qu’elle était quand même plutôt exceptionnelle, il aimait la manière dont elle désamorçait complètement la bombe. Parce que l’homme comprenait bien qu’elle n’avait pas l’intention de plus lui en vouloir pour les paroles malheureusement qu’il avait eu. Et quand elle affirma qu’elle avait été bien élevée, l’homme espérait qu’il parlait de lui. Bon, évidemment, le père de Mindy avait fait son rôle, il s’était occupé de sa fille, il l’avait aimé. Mais l’homme appréciait quand même qu’elle décide de le complimenter un peu. Il n’avait pas spécialement envie de partir à la pèche aux compliments cependant, mais c’était quand même toujours plaisant d’entendre des compliments.
« Tu en as de la chance alors. » Répondit-il alors, en la jouant décontracté. Ce n’était pas une image qu’il se donnait, mais en même temps il n’était pas forcément le plus doué non plus quand il était question de recevoir des compliments. « Ça me plaît bien de me dire que j’ai pu réussir quelque chose. »
Bon, ça serait le cas si évidemment Mindy parlait bel et bien e lui et qu’il n’était pas juste en train se faire des idées. Mais il ne pensait pas quand même. Et il aimait quand même se dire qu’il avait contribué à ce que Mindy soit celle qu’elle était aujourd’hui. Pas une jeune femme parfaite, sans doute, mais en même temps on ne pouvait pas être parfait dans tous les cas, mais une femme sûr de ses convictions en tout cas, sûre de sa vie.
ien évidemment, c'était à Marcus que Mindy faisait référence quand elle affirmait qu'on l'avait bien élevé. Pour autant, elle aurait tout à fait pu faire référence à son père biologique également. Au final, elle était devenu le parfait fruit de ces deux éducations aux antipodes l'une de l'autre. Damon Macready avait appris à sa fille à tenir une arme alors qu'elle n'avait que sept ans. C'était auprès de ce dernier qu'elle avait appris à pirater des systèmes informatiques de haut niveau, à se battre à main nu contre des adversaires qui faisaient trois fois sa taille et à n'avoir peur de rien ou presque. Mais Marcus, de son côté, lui avait appris à s'ouvrir davantage aux autres, à accepter la facette plus humaine de sa personnalité.
Car cette facette existait bel et bien, oui. Il était parfois facile de l'oublier, surtout quand elle devait se mettre en tête qu'elle était Hit-Girl, avant tout et surtout, puisque c'était le seul moyen d'être à cent pour cent dans les missions qu'elle menait et de les réussir. Elle était à la fois une machine à tuer extrêmement efficace et une jeune femme sortie tout juste de l'adolescence, et qui tentait de garder le lien avec son père adoptif et à mener une vie sentimentale qui en vaille la peine. Oui, elle avait été bien élevée. Par ses deux pères. Mais c'était bien sûr à celui qui lui faisait face, et qui était encore là pour entendre ses compliments, qu'elle adressait les mots qu'elle venait tout juste de prononcer. Damon Macready n'était plus là pour les entendre, lui. Ce n'était pas lui qu'elle avait besoin, peut-être, d'être rassuré.
-Parce que y a des choses que t'as pas réussies, peut-être ? rétorqua-t-elle en croisant les bras.
Elle n'aimait pas la propension qu'avait Marcus à voir si souvent le verre à moitié vide. Alors oui, il y avait effectivement des choses qu'il n'avait pas complètement réussies, comme n'importe qui. Il n'avait pas réussi à garder Mindy sur le "droit chemin" (mais elle espérait tout de même que Marcus ne voyait pas en elle un échec cuisant), il n'avait pas réussi (pas encore) à trouver l'amour et à fonder une famille, il n'avait pas toujours réussi à arrêter tous les criminels qu'il avait pourfendus depuis les débuts de sa carrière, il n'avait pas réussi à sauver son père. Mais des échecs du genre, tout le monde y faisait face, et pour Mindy, ça ne représentait définitivement pas grand-chose, pour ne pas dire rien du tout, en regard de tout ce qu'il avait autrement accompli. Marcus Williams était un homme exceptionnel, un modèle à suivre, et la jeune femme espérait vraiment, de tout coeur, qu'il s'en rendait compte et ne se contentait pas de penser qu'il ne réussissait qu'à moitié, y compris avec elle.
C’était peut-être présomptueux de sa part de se dire que Mindy parlait de Marcus en affirmant qu’elle avait été bien élevée, parce qu’elle n’avait pas été élevée que par lui-même. Le policier l’avait élevé bien sûr, mais elle avait un père, un vrai père, Damon. Cela dit, Marcus osait croire quand même que c’était bien de lui qu’elle parlait, pas parce qu’elle n’avait été élevée correctement que par lui. Damon n’était pas parfait – mais en même temps, le jeune homme savait bien que personne n’était parfait –, il avait eu des travers et Marcus lui en avait énormément voulu d’avoir volé l’enfance de Mindy. Mais en même temps, maintenant il ne pouvait que se rendre compte qu’il lui avait quand même permis de grandir d’une bonne façon, en quelque sorte. Elle ne serait pas la jeune femme qu’elle était aujourd’hui sans son père.
Et même si Marcus ne l’avait pas spécialement montré et qu’il ne l’avait surtout pas fait de la bonne façon, il était plus que fier de la jeune femme. Et donc, il devait bien reconnaître qu’il appréciait le fait qu’il ait pu contribuer un peu à ce qu’elle soit la femme qu’elle était aujourd’hui. Il avait effectivement réussi au moins quelque chose dans sa vie. Marcus afficha un léger sourire quand sa fille de cœur, en croisant les bras, lui demanda s’il y avait des choses qu’il n’avait pas réussi. Oh, Marcus n’avait pas spécialement envie de s’apitoyer sur son sort. Ce n’était pas dans son habitude de base, mais il n’était pas du tout dans cette optique en cet instant précis.
« Je n’ai pas tout réussi ça c’est évident. » Répondit-il, sans perdre son léger sourire. Il y avait même beaucoup de chose que l’homme avait raté dans sa vie, il y avait beaucoup de chose qu’il regrettait. Mais en même temps, il avait aussi conscience qu’il devait arrêter de vivre dans le passé. Après tout, Marcus l’avait bien compris avec Mindy, la jeune femme avançait malgré les difficultés et lui avait dû arrêter de voir en elle la petite fille qu’elle avait été quand elle était arrivée pour la première fois dans sa vie. « J’ai quelques regrets, mais je n’ai pas spécialement envie d’y penser. Je préfère me focaliser sur ce que j’ai réussi. »
À une époque, il regrettait encore que Mindy n’ait pas suivi une voie normale, qu’elle soit encore Hit Girl. Mais aujourd’hui, Marcus avait bien conscience qu’il ne pouvait plus le regretter, parce qu’elle était celle qu’elle était tout simplement. Et au fond, il n’aurait pas réellement eu envie qu’elle ne soit pas la jeune femme qu’elle était aujourd’hui. Et donc, si en prime, il avait pu y contribuer un peu, il en était ravis, vraiment.
Même s’il avait peur, il ne pouvait pas le nier, qu’il aimerait bien qu’elle ne se mette pas en danger, Marcus comprenait bien qu’il devait simplement lâcher prise et la laisser prendre des décisions dans sa vie, qu’il devait juste lui faire confiance.
bjectivement, Mindy savait qu'elle ne pourrait pas affirmer que Marcus avait tout réussi dans sa vie sans mentir, ne serait-ce qu'un peu, pas parce que Marcus était un moins que rien ou habitué à l'échec mais parce que personne n'accomplissait jamais l'entièreté de ses objectifs. C'était un fait, c'était ainsi, il fallait parfois accepter de ne pas avoir la main sur tout. Ce n'était pas une chose simple, Mindy en savait quelque chose. Chaque fois qu'une de ses missions échouait, elle avait bien du mal à se le reprocher, mais cela étant dit, Marcus restait un homme incroyable et exemplaire, que la jeune femme ne pouvait que vouloir prendre en exemple, et qui pouvait être fier de ce qu'il avait accompli, accomplissait et accomplirait encore. Alors peut-être qu'il n'avait pas tout réussi, mais Mindy espérait qu'il estimait avoir réussi l'essentiel.
Comme sa carrière, qu'il menait brillamment et sans jamais se laisser soumettre à la corruption ou autre facilités dans lesquelles sombraient beaucoup trop de ses collègues. Et même avec elle... ce n'était pas forcément flagrant de prime abord, mais il l'avait changée, il avait fait d'elle quelqu'un de bien, quelqu'un de meilleure, une personne qu'elle n'aurait pas été si elle avait grandi auprès de son père biologique. Il pouvait être fier de lui. Et ce qui n'était pas accompli pouvait encore l'être, par ailleurs. En tout cas, et malgré ses premiers propos, Marcus semblait bel et bien décidé à observer sa situation sous un angle positif, et ça faisait du bien à Mindy que de le voir ainsi. Elle préférait ça ainsi, surtout qu'elle le pensait sincère. Elle ne pouvait plius veiller sur lui de la même manière qu'avant, mais elle restait très concernée par tout ce qui lui arrivait, et elle voulait qu'il ne lui arrive que le meilleur, bien sûr.
-De toute façon, ça fait tellement, tu peux pas avoir la place de penser à autre chose, répondit Mindy avec un sourire. A part peut-être aux choses que tu vas réussir ensuite.
Une part d'elle, trop curieuse et un peu malsaine avait envie de l'interroger au sujet de ces choses qu'il regrettait, mais c'était une brèche dans laquelle il était sans doute préférable qu'elle ne s'engouffre pas. Surtout qu'elle ne savait pas vraiment ce qu'elle en retirerait au bout du compte. Si ces regrets la concernaient elle - et il y avait de bonnes chances que ce soit le cas, du moins en partie, il y avait peu de chances qu'elle le vive avec philosophie et bonne humeur.
-C'est quoi, la prochaine chose que t'as l'intention de réussir ? demanda-t-elle alors afin de ne surtout pas lâcher cette note positive et rester sur ce qu'ils pourraient retirer de meilleur de cette discussion.
Marcus afficha un sourire quand Mindy affirma qu’il n’avait pas la place de penser à autre chose qu’à tout ce qu’il avait réussi dans sa vie, parce que ça faisait beaucoup de chose. L’homme ne dirait pas ça, non, mais en même temps il aimait quand même que Mindy le croit de son côté. Il pourrait se focaliser sur ses regrets, qui étaient quand même nombreux, mais en même temps Marcus savait bien qu’il serait bien incapable d’avancer dans la vie si c’était le cas. Donc, non, il n’allait pas se focaliser sur ça. Cela ne voulait pas dire que Marcus avait une vision seulement optimiste de sa vie. Quand Mindy lui affirma qu’il pourrait se concentrer sur ses réussites futures, Marcus devait bien avouer qu’il ne savait pas s’il allait avoir des prochaines réussites. Enfin, l’homme espérait quand même qu’il allait en avoir pendant son travail bien sûr, pour lequel il donnait corps et âme, mais autrement… il ne savait pas vraiment ce qu’il pourrait réussir.
Bien sûr, il y avait le côté bateau. L’homme pourrait très bien se contenter d’affirmer, en réponse à la question de Mindy qui lui demandait quel sera sa prochaine réussite, qu’il avait envie de réussi une relation avec une femme, fonder une famille ou ce genre de chose. Mais l’inspecteur de police était au stade où il n’y croyait pas réellement. Cela faisait trop longtemps qu’il était célibataire, il n’était même pas sûr d’être capable d’avoir une relation avec quelqu’un un jour. Il pourrait se contenter de répondre ça cependant à Mindy, comme pour…. Aller dans son sens, mais en même temps il n’avait pas l’intention de mentir.
« Je n’en ai pas la moindre idée. J’ai pas mal de dossier que j’aimerais clôturer au travail, ça serait un bon début quand même. » Il disait cela sur un ton léger, en parti pour plaisanter, mais en même temps il y avait quand même un côté sérieux. Marcus avait réellement envie de clôturer certains de ses dossiers au travail, il ne manquait pas de travail et il était sûr de sacrée affaire quand même. « Mais sinon, je me dis que… adopter un chien serait une sacrée réussite. »
Bon, Marcus ne répondait pas forcément assez sérieusement à la question de sa fille de cœur, mais en réalité, l’homme n’avait vraiment aucune idée de ce qu’il pourrait accomplir prochainement. Ce qu’il savait, c’était juste qu’il ne devait pas se focaliser sur ses regrets et qu’il devait apprécier ses réussites, comme celle qui se trouvait sous ses yeux. Évidemment, on en revenait toujours au fait que Marcus aurait aimé offrir une vie normale à Mindy, mais il avait bien dû apprendre que ce n’était pas quelque chose de possible. Et en dehors de cette vie normale, Mindy était tout simplement une femme intelligente, débrouillarde qui s’en sortait bien dans la vie et il était vraiment fier de la femme qu’elle était devenue tout simplement. C’était sur ça qu’il devait se concentrer, même si ce n’était pas toujours facile.
indy savait au fond que Marcus était un adulte largement plus mature et responsable qu'elle, et tout à fait capable, même bien plus capable qu'elle d'ailleurs, de gérer sa propre vie, mais elle n'y pouvait rien, c'était plus fort qu'elle, elle ressentait toujours l'envie d'y mettre son grain de sel, d'une manière ou d'une autre. En même temps, elle se sentait redevable envers son père adoptif. Outre le fait qu'elle avait bien conscience de ne pas lui avoir mené la vie facile, elle savait aussi qu'il avait sacrifié beaucoup de choses pour elle, et elle trouvait normal, logique même, de lui rendre la pareille. Se sacrifier pour lui, elle en serait capable un milliard de fois, mais même sans aller jusque-là, en faisant en sorte qu'il ait la meilleure vie possible, et qu'il soit heureux. Ce qu'il était peut-être, mais elle avait toujours le désagréable sentiment que ce n'était pas entièrement le cas, sans avoir de quelle manière y remédier pour autant.
Evidemment, Mindy, quand elle parlait des choses que son père de coeur voudrait réussir, ne pensait pas forcément à son travail, ou pas de la manière dont Marcus l'évoqua, mais c'était devenu une habitude, ça. Certes, elle lui souhaitait de cloturer avec succès ses affaires en cours, et le connaissant, elle ne doutait pas qu'il en soit largement capable et le fasse très brillamment. Mais c'étaient... des petits succès, ça. Importants à une certaine échelle, mais qui ne changeraient pas sa vie. Elle penserait davantage, quitte à parler de son boulot, à une promotion, par exemple. Et évidemment, elle songeait toujours à cette vie familiale et sentimentale qu'il rejetait alors que, dans le fond, Mindy savait qu'il en avait besoin. Et elle éprouvait d'autant plus de scrupules qu'elle n'était pas réellement capable de lui apporter ce qu'il souhaitait comme il le faudrait. Elle était pour ainsi dire sa seule famille, même si elle n'était pas sa famille de sang, et elle avait la nette impression que c'était un rôle qu'elle tenait particulièrement mal, et ça l'attristait très honnêtement. de ne pas être capable de plus, de ne pas être capable de mieux. Même si elle savait qu'il était loin de se reprocher quoi que ce soit.
-Un chien ? ça sort d'où, ça ? pouffa Mindy qui ne s'était clairement pas attendue à ça. Un chien... Pas que ce soit une mauvaise, idée, mais c'était incongru. Genre un dog allemand ou un caniche à sa maman ? l'interrogea-t-elle alors, toujours amusée. N'empêche, si t'as le temps de t'occuper d'un chien, t'as pas d'excuse pour le reste, je te croirais plus si tu dis que ton travail te prend tout ton temps.
D’où cela sortait le chien ? Marcus n’en savait rien en effet, mais c’était quand même une idée qu’il avait de temps en temps. C’était évident que Marcus n’avait pas du tout le temps d’avoir une vie « de famille » d’avoir une vie de couple même plus précisément. Entre son travail et tout ce qu’il avait à faire, l’homme considérait sincèrement qu’il n’avait pas le temps pour tout ça, mais à la limite, il pourrait très bien accorder un peu de temps à un chien. Cela dit, en disant ça, il ne se montrait pas forcément très sérieux non plus. C’était une simple manière de souligner qu’il pourrait faire des efforts dans un certain sens.
Il devait lever la tête de son travail, penser un peu à autre chose qu’à tous les dossiers qui se trouvaient sur le feu. Mais ce n’était vraiment pas facile, pas facile du tout non, de penser à autre chose qu’au travail. En fait, il n’y avait que quand il se trouvait en compagnie de Mindy qu’il se permettait de penser à autre chose qu’à son travail. Même si le sujet revenait quand même très souvent.
« Plutôt Berger Allemand. » Répondit-il, quand il lui demanda s’il penchait plus pour un dog allemand ou pour un caniche à sa maman. Non, un caniche, il ne fallait pas non plus exagérer. Mindy affirma que s’il avait le temps de s’occuper d’un chien, il n’aurait aucune excuse pour le reste. Qu’elle ne pourrait plus le croire si jamais il affirmait que son travail lui prenait tout son temps. Marcus afficha une grimace, il n’avait pas envie de ne pas pouvoir utiliser cette excuse pour justifier le fait qu’il n’avait pas le temps à cause de son travail, surtout que c’était quand même la vérité. « Et ne me dis pas qu’un chien ça demande autant de temps qu’une femme quand même. Déjà… faut reconnaître que ça parle beaucoup moins. »
Bon, Mindy ne parlait pas forcément d’une femme, mais en même temps c’était quand même ce qui revenait souvent sur la table. Mindy regrettait quand même beaucoup qu’il n’ait pas quelqu’un dans sa vie, mais lui continuait de se dire que d’une part, il n’avait vraiment pas le temps pour ça, mais en prime aussi parce qu’il n’avait pas forcément envie d’avoir quelqu’un dans sa vie. La solitude n’était pas forcément facile à vivre à longueur de temps non plus, mais disons qu’il n’avait vraiment pas envie de se pencher trop dessus. Quoi que pouvait bien penser Mindy. Même si la jeune femme avait surement envie de le pousser dans le seul but de ne pas le voir seul complètement… parce qu’elle ne vivait plus avec lui par exemple. Il la remerciait en soit, pour ça, parce qu’elle se donnait quand même du mal pour lui et qu’elle s’inquiétait pour lui, mais en même temps il jugeait qu’il était suffisamment adulte pour s’en sortir seul, pour savoir ce qui lui convenait vraiment. Même si un coup de pied au fesse lui ferait peut-être du bien aussi.
indy n'avait pas trop su si Marcus plaisantait ou non quand son père de coeur avait parlé de prendre un chien, elle s'était dit que c'était peut-être juste une manière de parler, et une manière, pour ne pas changer, de dévier une conversation qu'il ne voulait jamais vraiment avoir. Mais non, il avait l'air très sérieux, et il avait même jeté son devolu sur un berger allemand. En même temps, ça lui correspondait quand même sacrément mieux qu'un bête bichon maltais ou un stupide caniche à sa mémère. La jeune femme ne trouvait pas que c'était vraiment une mauvaise idée. Bien au contraire, même, elle considérait plutôt que ça lui ferait bien d'avoir de la compagnie même quand ce devait être une compagnie animale.
Pour ce qui était d'affirmer qu'un chien demandait moins de temps qu'une femme, Mindy n'était absolument pas convaincue, loin de là. Bien au contraire, même. Une femme était peut-être plus bavarde, mais une femme, c'était autonome, c'était indépendant (en tout cas, elle espérait tout de même que son père de coeur en avait bien conscience, il ne manquerait plus que ça). Oui, Marcus, s'il avait une femme dans sa vie, serait sans doute bien plus accaparé qu'avec un chien, mais parce que son coeur serait préoccupé, pas parce que madame parlerait trop ou parce qu'ils auraient besoin de se voir absolument tous les jours. Enfin, Mindy n'irait pas donner des leçons à Marcus en la matière, elle-même n'avait qu'une expérience toute particulière dans le domaine des relations amoureuses et sentimentales (en tout cas, elle ne pensait pas que qui que ce soit s'amuserait à prendre exemple sur le couple qu'elle formait avec Dave)... Mais quand même, il ne fallait pas compter sur elle pour se la fermer non plus. C'était beaucoup, beaucoup trop tentant.
-Tu t'entends parler ? On dirait un vieux garçon misogyne de merde. Et elle savait que Marcus n'était pas comme ça. Il valait beaucoup, beaucoup mieux, et elle le savait pertinemment. Au moins, une femme, t'as pas à la sortir trois fois par jours pour qu'elle aille chier et pisser. Elle marqua une pause. Elle n'avait pas non plus envie que Marcus le prenne mal, elle considérait juste que l'argument de Marcus n'en était absolument pas un, et ne devait surtout pas être considéré comme tel. Mais j'aime bien les chiens, ceci dit, ajouta-t-elle donc pour calmer le jeu.
Ce qui était vrai, elle aimait bien les chiens. Elle ne se verrait pas en avoir un de son côté (à moins de le dresser à attaquer les super-vilains, un peu comme le fidèle compagnon du colonel Stars & Stripes... paix à son âme déglinguée), mais elle se voyait bien gagater sur celui de son père de coeur, s'il se décidait.
Mindy ne se retint pas de réagir à ses propos, le faisant évidemment avec sa façon propre à elle de parler. Cela dit, forcément, au vu de ce qu’il disait, il était évident qu’elle réagisse de cette façon. L’homme ne considérait pas réellement les choses de cette manière, c’était surtout une façon pour lui de détourner un peu la conversation et d’éviter d’aborder, encore une fois, ce sujet. Parce qu’ils tourneraient en rond forcément, Marcus n’avait pas des réponses bien différentes à fournir à Mindy. Oui bien sûr qu’il serait sans doute mieux en étant en couple avec une femme, avec quelqu’un dans sa vie, mais il n’avait aucune envie de se prendre la tête avec tout cela. Et au fond, il devait bien avouer qu’il n’avait peut-être pas envie d’y consacrer autant de temps que cela. De sortir de son… quotidien, de sa routine tout simplement. Ce dont il n’avait pas forcément eu l’habitude sauf quand Mindy était arrivée dans son quotidien, mais depuis il avait retrouvé sa « solitude ».
Bon, évidemment, Mindy ne manqua pas de se montrer quelque peu imaginative dans ses propos, en affirmant qu’un chien il fallait le sortir contrairement à une femme. Marcus savait bien que sa fille de cœur attendait simplement qu’il fasse un effort pour trouver quelqu’un dans sa vie, et elle l’exprimait à sa façon. Comme, elle savait, à sa façon faire comprendre qu’elle n’avait pas spécialement envie d’entrer en conflit. Ce qui l’arrangeait plutôt, parce qu’il n’avait aucune envie qu’ils se prennent la tête, surtout sur ce genre de sujet. Il ne pouvait pas laisser sa fille de cœur décider pour lui de ce qu’il allait faire de sa vie bien sûr, mais il devait bien reconnaître qu’il pouvait aussi écouter ses conseils. Il faudrait qu’il prenne la peine de se pencher un peu plus sur sa vie personnelle… plutôt que de ne faire que travailler, mais eh bien il ne pouvait pas s’en empêcher tout simplement.
« Je te préviendrais quand j’en aurais un du coup, pour que tu fasses connaissance avec et comme ça je pourrais compter sur toi pour t’en occuper quand je serais absent. » Reprit-il, en décidant de tourner la discussion sur un ton un peu léger, parce qu’il n’avait aucune envie qu’ils se prennent la tête comme ils savaient si bien le faire. C’était souvent parce qu’ils avaient un peu de mal à se comprendre. « Et comme… je ne manquerais pas de te présenter si jamais une femme finie par s’installer dans ma vie. » Ajouta-t-il.
Ça c’était simplement pour dire à Mindy qu’il ferait peut-être des efforts. Non, bon, qu’il allait réellement faire des efforts et envisager de faire des choses différentes de sa vie que de simplement se rendre à son travail. Mais il était incapable de vraiment l’exprimer comme il le faudrait, comme il ne savait pas vraiment comment faire dans sa vie en dehors de juste aller travailler et se concentrer sur sa carrière professionnelle. Au point qu’il ne sache plus comment faire tout le reste à côté.
indy n'avait aucune envie de se prendre la tête avec Marcus, mais le fait est que ce vieux débat revenait toujours sur le tapis, et qu'elle n'était pas du genre à cacher les choses sous le tapis sans jamais les évoquer pour éviter de froisser le principal concerné. Non, quand elle avait une idée derrière la tête, elle ne l'avait pas ailleurs, et il fallait accepter de se laisser bassiner avec. En l'occurrence, il était évident que la jeune femme ne pouvait qu'insister pour ce qui était de pousser son père de coeur à avoir une vie personnelle. Ce n'est pas qu'elle pensait forcément que son père en avait besoin pour s'accomplir et être heureux, ou en tout cas, tout le monde n'était pas comme ça, mais il fallait qu'il se sorte la tête du guidon, et si trouver l'amour, ou en tout cas un moyen d'épanouissement en dehors de son travail, pouvait l'y aider, elle serait la première à l'y encourager.
Evidemment, c'était aussi sa manière à elle de se déculpabiliser. Elle n'avait que trop le sentiment de l'abandonner, et elle ne le vivait pas forcément bien. C'était plus simple, ce serait plus simple à assumer pour elle si Marcus rentrait tous les soirs auprès d'une famille investie et aimante. Elle serait un chouias jalouse le jour où ça arriverait, on ne va pas se mentir, mais elle le lui souhaitait tout de même. Et visiblement, même si elle y allait avec ses gros sabots et que ça devait être par pas mal d'aspects plutôt déplaisant, elle réussissait du moins à se faire entendre malgré tout, car Marcus, avec les mots qu'il prononçait, lui faisait la promesse tacite de ne pas se fermer à une potentielle relation. Bon, ça ne voulait rien dire, mais c'était déjà un progrès, au fond.
-C'est mignon, t'en parles comme si t'avais le choix, répondit Mindy avec un léger sourire.
Evidemment que le jour où il y aurait une femme dans sa vie, il serait dans l'obligation de la lui présenter, ce n'était pas négociable. Bon, le pauvre avait de bonnes raisons de ne pas forcément vouloir présenter sa fille adoptive à problèmes à une éventuelle conquête, mais ça, ce n'était bien évidemment pas son problème. Mindy faisait partie du package. Si on prenait Marcus, il fallait accepter qu'il soit lié à cette gamine un tantinet psychopathe qu'il considérait comme sa fille et qu'elle considérait, de son côté, comme son père.
-Et compte pas sur moi pour promener ton clebs, j'ai pas le temps pour ces conneries, ajouta-t-elle avec un clin d'oeil. Avant de reprendre, toujours sur le ton de l'humour, mais quand même avec un fond de sérieux. C'est bien, tu deviens raisonnable.
Marcus afficha un sourire amusé en entendant Mindy mentionner le fait qu’il pense qu’il avait le choix. Il savait bien que ce n’était pas une question de choix, mais de toute façon, le policier ne se posait même pas la question. Mindy était sa famille, même s’il n’était pas son père, l’homme considérait la jeune femme comme sa fille, autant dire que n’importe quelle personne qui puisse être susceptible de rentrer dans sa vie, se devait d’accepter Mindy également. Ce qui n’allait peut-être pas être évident, au vu du caractère de la jeune femme, mais ce n’était de toute façon pas envisageable autrement.
Mindy n’avait donc aucune raison de s’en faire au sujet du fait qu’il lui présenterait évidemment la personne qui pourrait éventuellement entrer dans sa vie (mais pour cela, il faudrait que ça se fasse réellement, ce qui était quand même mal parti). Et ce n’était évidemment pas pour cette raison que Marcus n’avait pas encore trouvé chaussure à son pied. Alors oui, peut-être que quand il avait commencé à s’occuper pleinement de Mindy, il avait eu autre chose à faire que de s’occuper de sa vie sentimentale, mais en même temps, il n’avait jamais eu besoin d’elle comme excuse. Actuellement, l’homme ne faisait pas tant d’effort que cela, et il n’avait plus rien à faire concernant sa fille adoptive. Mais bon, à force, la conversation revenait encore et encore avec la jeune femme, au point que Marcus se disait que ça pourrait quand même valoir le coup qu’il se penche sincèrement sur la question… au moins pour éviter que Mindy lui rabâche toujours la même rengaine.
Marcus ne se retint pas de rire quand la jeune femme affirma qu’elle n’avait pas le temps pour promener un « clebs », donc qu’il valait mieux qu’il ne compte pas sur elle dans l’idée qu’il prenne réellement un chien.
« Évidemment, je me doutais bien que tu allais te défiler. » Ajouta-t-il, dans le seul but de taquiner la jeune femme (même si ce n’était pas toujours une bonne chose, mais il savait qu’il pouvait se le permettre en cet instant précis). Marcus savait de toute façon que Mindy était bien trop occupé pour venir faire du dog sitting, pour un chien qui n’existait même pas encore d’ailleurs et qui n’allait peut-être jamais existait. « Je te rappel quand même pour ta gouverne jeune fille, que c’est moi le plus raisonnable de nous deux. »
Marcus lui faisait la morale gentiment bien évidemment, il n’avait aucune envie d’avoir une conversation tendue avec Mindy. Ils en avaient eu bien assez jusqu’à présent d’ailleurs, de nombreux moments où Marcus avait du sermonner la jeune femme, parce qu’il tenait à la protéger et lui donner une vie normale, avant de se rendre compte que ce n’était pas ce dont elle avait eu besoin non plus (mais bon… quand même, elle avait été beaucoup trop loin lorsqu’elle fréquentait encore le lycée).
indy afficha un air faussement affligé quand son père de coeur affirma qu'elle se dégonflait comme si ça pouvait seulement être son genre. Bien sûr que non, ça ne l'était pas : au contraire, même. Dans le genre inflexible et déterminée, qui insistait même quand il faudrait baisser les bras, elle se plaçait là, mais elle n'avait pas besoin de s'en justifier auprès de Marcus, bien sûr, car s'il y en avait un pour avoir bien conscience de cela, c'était définitivement Marcus, qui en avait pâti à plus d'une reprise, le pauvre. Il serait sans doute d'avis, en ce qui le concernait, qu'elle se dégonfle bien plus souvent : Mindy était absolument certaine de ça.
-Je ne me défile ja-mais. Mais c'est toi qui a parlé d'adopter un chien, pas moi, donc je vois pas pourquoi je prendrais la peine de m'en occuper, ajouta-t-elle simplement.
Elle savait que Marcus l'avait dit pour plaisanter, ceci dit, elle était à peu près sûre que si son père de coeur prenait un chien, elle en deviendrait rapidement gaga et se porterait volontaire pour s'en occuper même quand on ne lui demanderait rien. Mais ça, bien sûr, c'était encore une autre affaire, évidemment.
-Tu sais, ça veut pas dire grand-chose d'être plus raisonnable que moi, ça veut pas dire que t'es raisonnable pour autant, observa Mindy avec une fine esquisse de sourire au coin des lèvres.
Et ça, clairement, ça ne faisait aucun doute, n'importe qui était techniquement plus raisonnable que Mindy Macready, même la personne la plus déraisonnable du monde, mais ça, ça ne veut pas dire grand-chose non plus malgré tout. Même, ça ne veut absolument rien dire du tout au bout du compte. Et par ailleurs si, ce que Mindy reprochait à Marcus, c'était justement d'être trop raisonnable tout le temps. Rares étaient les occasions où il se laissait aller, où il acceptait de se laisser vivre comme si tout ceci ne l'affectait pas, heureux de sa situation, ni plus ni moins.
-Bon, je crois que je t'ai tenu la jambe suffisamment longtemps. Il faut que je file. Elle serra brièvement Marcus dans ses bras - brièvement certes, mais d'une étreinte suffisamment forte tout de même, comme à chaque fois, pour lui témoigner à sa manière à elle l'affection qu'elle lui portait. On se revoit bientôt, hein ? Evite d'adopter cinquante chiens avant la prochaine fois, d'accord ? suggéra-t-elle avec une esquisse de sourire malicieux au coin des lèvres. C'est qu'à force, elle le connaissait bien, son père, et elle savait aussi comment il avait l'habitude de fonctionner, alors elle ne se faisait pas beaucoup d'illusions.
Elle ne voulait pas prolonger trop longtemps chacune de leurs rencontres car elle savait bien qu'elles pouvaient porter préjudice à Marcus, mais elle avait été heureuse du temps passé avec lui.
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Mar 18 Juin - 18:14
