Marcus avait su dès l’instant où il s’était lancé dans cette enquête, dès le moment où il avait compris que la mort du père Bathory avait un rapport avec Styles que ça n’allait pas être évident. Il avait eu conscience des risques, et clairement on pouvait même dire qu’il n’avait pas manqué de les subir les risques, vu ce qui était arrivé. Mais découvrir que tout cela ne servait à rien… il le savait en un sens, Marcus avait conscience que ce n’était pas facile d’arrêter David Styles et de faire en sorte donc de les mettre devant le fait accompli. Mais techniquement, le policer ne s’en était pas pris directement à David Styles, en se doutant que ça ne pouvait pas être possible, que ça n’allait pas être faisable de l’arrêter alors qu’il était persuadé qu’il avait quelque chose à voir avec la mort de cet homme. Mais visiblement, s’en prendre à la jeune femme était beaucoup trop aussi.
Bathory était sorti de prison et clairement, Marcus l’avait mauvaise. Surtout après ce qu’il avait vécu et le fait qu’il ait quand même subit de sérieux dommages, il avait beaucoup de mal à accepter le fait qu’elle puisse être sortie de prison si facilement. Elle devrait encore être en cellule à l’heure qu’il était, ça n’avait pas de sens. Enfin, si, ça en avait un, Marcus ne pouvait qu’en avoir encore plus la preuve en cet instant précis, la justice n’était pas juste. Il suffisait d’avoir le bras long pour parvenir à ses fins et éviter les retombées de la justice. Ce qui l’agaçait prodigieusement, lui qui avait à cœur de répandre une certaine justice, sans avoir besoin de passer par des extrémités comme Mindy. Mais au final… c’était à se demander s’il n’était pas obligatoire de passer par de tels extrémités.
Marcus n’avait pas pu se retenir de se rendre près de la boite de nuit de Styles, même s’il savait que ça n’était pas une bonne chose sans doute, il ne pouvait pas s’en empêcher. Parce qu’elle ne méritait pas d’être en liberté, parce qu’elle devrait normalement être enfermé. Il risquait d’avoir des ennuis, mais tant pis il ne pouvait pas s’empêcher d’avoir envie de provoquer une rencontre avec la jeune femme. Ce n’était pas le lieu, ce n’était sans doute pas le moment, mais dans tous les cas il ne pouvait pas juste ignorer ce qu’il en était.
Et d’ailleurs, au bout d’un moment, après avoir pas mal trainé autour de la boite de nuit et avoir vu pas mal de personne peu conventionnelle, le policier aperçu la silhouette qu’il reconnaissait sans aucune difficulté. Il prit la décision de s’approcher d’elle.
« Alors, vous profitez de votre liberté ? » Demanda-t-il, en aillant parfaitement conscience qu’il n’était sans doute pas bon de la provoquer. Cela dit, il ne pouvait pas laisser faire une telle chose, cette femme avait sa place en prison. Il ne savait pas comment, mais il allait la renvoyer en cage.
était presque comme si son petit séjour en prison n'avait jamais eu lieu, et c'était pour Cassandre un vrai bonheur que de constater à quel point cet épisode navrant n'avait eu finalement que le don de rendre sa vie plus belle à croire. Difficile de ne pas s'imaginer invincible quand on survivait ainsi, et avec brio, à n'importe quelle vicissitude, le coeur à la fête et le sentiment irréductible d'avoir vaincu à l'esprit. Elle avait repris ses habitudes comme avant son incarcération, et au bout du compte, c'était encore mieux qu'avant. Elle se sentait libérée, parce qu'elle ne pouvait plus être inculpée du crime pour lequel elle avait écopé de ce court (trop court aux yeux de beaucoup) trajet à l'ombre, et parce qu'elle n'avait plus à prendre soin de sa génitrice, dont l'existence même lui sortait par les trous de nez.
Elle était libre, entièrement, complètement, indubitablement. Libre d'aimer David, de lui obéir, de le satisfaire de toutes les façons qu'il exigerait, libre de croquer la vie à pleines dents, et bon sang, il ne fallait pas le lui dire deux fois. La jeune femme s'éclatait comme une petite folle. Fini ce petit jeu qui exigeait d'elle qu'elle soit encore un peu la douce et paisible Cassandre d'avant. L'Héritière, à l'heure actuelle, ne se mettait plus la moindre barrière. Elle s'autorisait à être qui elle voulait être, et ce à cent pour cent, sans se restreindre, sans envisager ne serait-ce qu'un peu de freiner ses ambitions, d'altérer son caractère pour le rendre plus acceptable ou plus conforme. Cassandre se sentait enfin autorisée à exprimer entièrement sa personnalité, sa folie sous sa forme la plus pure, et c'était une chose qu'il ne fallait pas lui dire deux fois, une occasion qu'elle avait saisie avec un immense plaisir.
Cette soirée au Night's Demon, elle l'avait simplement consacrée à célébrer, encore et encore, sa libération, à faire la fête, à écouter ses envies, et quand elle quitta la boîte de nuit, bien alcoolisée et d'excellentes humeur, ce fut avec un gigantesque sourire qu'elle accueillit la présence de ce flic-là même qui l'avait mise en tôle pour commencer. Tiens donc, le voilà qui rôdait dans les parages ! Cassandre pourrait bien prétendre être surprise, ce n'était évidemment pas le cas. Elle savait pertinemment qu'ils se reverraient bien assez tôt. Son orgueil de flic en avait pris un sacré coup. Et pas que son orgueil, d'ailleurs, sa belle gueule aussi, pas étonnant qu'il l'ait mauvaise. Mais elle, ça l'amusait plus qu'autre chose.
-Et pas qu'un peu, répondit-elle sans cacher sa joie en se rapprochant de Williams. C'est vraiment adorable de votre part de passer prendre de mes nouvelles, ajouta-t-elle en minaudant, le toisant depuis ses grands yeux sombres. Vous vous êtes bien remis, on dirait.
Marcus avait bien conscience qu’il prenait un très grand risque de se retrouver devant Cassandre en cet instant précis. Il cherchait un peu les ennuis, sans doute. Mais en même temps, le policier ne pouvait pas non plus juste se contenter de rester dans son coin. Ce n’étant pas en allant provoquer Bathory qu’il allait s’en sortir, mais de toute façon il ne pouvait pas juste rester dans son coin et ne rien faire du tout par rapport à tout cela, même s’il prenait le risque de se faire agresser encore. Cela dit, s’il ne prenait pas de risque, c’était évident que le jeune homme ne ferait tout simplement pas son travail comme il le fallait.
Parce que même si Cassandre Bathory ne lui faisait rien directement, il était évident que le policier allait quand même s’attirer encore les foudres des Death Demons, ce qui n’était pas vraiment une bonne chose en soit. Mais Marcus n’allait pas abandonner, il ne pouvait pas abandonner. Quand bien même, il était quelque peu… traumatisé par son expérience, il ne pouvait pas nier le fait qu’il avait tendance à observer toujours dans son dos au cas où, qu’il n’était pas vraiment serein. Cela dit, il avait aussi conscience qu’il ne le sera jamais s’il ne prenait pas la peine d’aller jusqu’au bout. Même si… eh bien, en cet instant précis il jouait beaucoup trop avec le feu.
La jeune femme ne sembla pas spécialement choquée de le voir là, elle ne donna pas le sentiment non plus d’être mal à l’aise. Si seulement… Elle lui affirma que c’était adorable de sa part de passer prendre de ses nouvelles, comme si de rien n’était. Et le pire, évidemment, ce fut qu’elle parla de son état.
« Je me suis remis en effet. » Répondit-il en tentant de se montrer le plus sûr de lui possible, même si ce n’était pas non plus si évident que ça. Il ne pensait pas craindre grand-chose de la part de Cassandre précisément, pas en cet instant précis, mais en même temps ça ne voulait pas dire qu’il pouvait être si à l’aise que ça non plus. « Vous avez de la chance de pouvoir compter sur l’influence de certaines personnes, mais sachez que ça ne durera pas comme ça éternellement. Vous allez finir par payer les conséquences de vos actes. »
Elle devrait normalement encore se trouver en prison et c’était particulièrement frustrant pour le jeune homme de la voir jouir d’une liberté qu’elle n’était pas censée avoir. Tout cela parce qu’elle avait des relations, parce que le système judiciaire était corrompu tout simplement. Il suffisait d’avoir suffisamment d’argent pour s’en sortir même quand on ne le méritait pas une seule seconde. Marcus avait envie de combattre ça, bien sûr, mais il était aussi conscient qu’il ne pouvait pas tout changer seul. Et c’était bien ça le souci justement, il commençait à se dire si ce qu’il faisait était utile au final.
assandre regrettait de constater à quel point son interlocuteur semblait en pleine forme en réalité. Elle aurait largement préféré qu'il ne soit plus capable de tenir debout, ou mieux encore qu'il soit six pieds sous terre. Mais de toute évidence, il fallait parfois ne pas se montrer trop gourmand... Ce n'était pas bien grave, au fond, que ce satané flic soit encore suffisamment en forme pour reprendre le métier. Elle n'avait pas peur de lui, et s'il devait décider de nouveau de fourrer son nez dans ses affaires, eh bien il en paierait le prix fort, tout simplement. Elle n'avait pas l'intention de s'empêcher de vivre sous le prétexte qu'un poulet lui volait dans les plumes. Des mecs comme lui qui voulaient se mêler des affaires des Death Demons, il y en avait eu plein avant lui, et personne n'avait jamais été en mesure de les arrêter pour de bon. Ils étaient invincibles, Cassandre en avait l'intime conviction, et tout lui laissait à penser qu'elle ne se trompait pas. Sans oublier que ses pouvoirs renforçaient tout autant ses certitudes à ce sujet, au passage. Elle était de toute manière particulièrement inconsciente, et ça n'allait pas changer de sitôt.
-Je suis morte de trouille, le provoqua l'Héritière avec un immense sourire sur le visage, absolument sûre d'elle en l'occurrence. Elle ne devrait pas l'être autant, bien évidemment, mais pour qu'elle le soit moins, il faudrait qu'elle soit plus raisonnable, et de toute évidence, elle n'était absolument pas capable d'une telle chose. Elle avait perdu toute raison de longue date, et il n'était pas dans ses projets d'en récupérer, ne serait-ce qu'un fragment, ce serait une véritable perte de temps à ses yeux. J'ai payé les conséquences de mes actes, assura-t-elle ensuite en soutenant le regard de son interlocuteur. Je suis sortie de toute prison en toute légalité. Alors je ne m'inquiète pas du tout de mon sort. Elle poursuivit, bien décidée à jouer la carte de la provocation. Vous ne pouvez rien contre moi. Même si vous deviez me renvoyer en tôle, je ressortirais toujours. Alors, si j'étais vous, je me trouverais un autre os à ronger. Vous être en train de perdre votre temps.
Bon, elle n'avait pas l'intention de faire à nouveau face à la justice, cela dit, une seule fois lui avait largement suffi. Malheureusement, on ne savait pas de quoi l'avenir pouvait bien être fait. Elle était simplement sûre d'une chose : il n'y avait qu'une seule et unique personne au monde qui méritait sa présence et son attention, et de qui son sort dépendait et dépendrait toujours. Et ce n'était absolument pas la personne qu'elle avait sous les yeux. Il n'y avait que David qui pouvait prétendre avoir le moindre droit sur elle.
Marcus avait conscience qu’il jouait très clairement avec le feu, qu’il ne devrait pas menacer son interlocutrice, mais en même temps, l’inspecteur n’avait pas l’intention de faire comme si de rien n’était alors qu’il se trouvait devant une criminelle qui devrait normalement se trouver en prison. Ce n’était pas juste… ce monde était beaucoup trop injuste oui, les gens de la justice se battaient pour rien. Marcus n’avait pas l’intention de se laisser complètement avoir et baisser les bras, mais en même temps ce n’était pas non plus facile de croire qu’il était capable de faire quelque chose contre ces personnes alors qu’ils pouvaient sortir en sachant parfaitement bien s’en sortir en graissant des pattes.
La jeune femme lui apprit qu’elle avait payé les conséquences de ses actes. Ce qui était faut bien sûr, parce qu’elle se trouvait libre alors qu’elle avait tué son père, qu’elle avait commis un meurtre. Marcus afficha une grimace quand elle affirma qu’elle était sortie de prison en toute légalité. Il n’aimait pas l’entendre dire une telle chose, alors qu’elle ne méritait évidemment pas d’être sorti. Il savait bien comment elle s’en était sorti, Styles avait tout simplement réussi à la sortir de là en utilisant les influences qu’il avait. Ça ne voulait pas dire qu’elle avait pu sortir légalement, elle avait simplement… trop de bonnes relations. Forcément, dans ces conditions c’était normal qu’elle n’ait pas peur, qu’elle ne craigne pas la suite alors qu’elle se disait justement qu’elle allait pouvoir s’en sortir dans tous les cas.
« La justice ne perd jamais son temps. » Répondit-il. Il devait se montrer prudent parce qu’il avait bien conscience que s’il jouait trop avec le feu, il risquait de s’attirer encore les foudres des Death Demons. Le message avait été clair, mais il n’avait pas l’intention d’abandonner pour autant. S’il le faisait, il aurait le sentiment que tout ses efforts n’auraient servi à rien. « Vous pensez que je ne peux rien contre vous parce que vous avez de la chance d’avoir votre ange gardien avec vous pour le moment, mais ça changera. Dès que vous serez vulnérable, je serais là pour vous rappeler que vous devez encore payer les conséquences de vos actes. Ce n’est pas ainsi que fonctionne la justice. »
Marcus ne devrait pas la menacer comme il le faisait, mais il n’avait pas l’intention de baisser les bras. Il avait vraiment l’intention de faire quelque chose contre cette jeune femme, il n’était pas envisageable de la laisser libre de tout, alors qu’elle était coupable de crime. Même si pour cela, il devait mettre sa vie en danger. C’était le but du métier après tout, quand on se lançait dans une carrière de policier, on ne pouvait qu’avoir bien conscience que les risques étaient grands. Marcus avait conscience des risques et il était hors de question qu’il recule. Bon, ce n’était pas si facile que ça non plus, il prenait beaucoup sur lui, mais il ne devait pas abandonner. Pour Mindy et tout ce qu’il croyait, il ne devait pas abandonner.
assandre afficha un large sourire en entendant son interlocuteur affirmer que la justice ne perdait jamais son temps. Qu'il en ait encore l'intime conviction après les récents événements ne faisait tout bonnement aucun sens aux yeux de l'Héritière, qui s'amusait tout de même d'entendre son interlocuteur se convaincre de cet état de fait, sans doute davantage pour ne pas perdre la face que parce que c'était une chose qu'il pensait vraiment. Oh, dans le cas de Cassandre, la justice, sa justice, n'avait effectivement pas perdu de temps, puisqu'on l'avait sortie de prison aussi vite qu'elle y était rentrée, mais celle que Marcus tenait en grande estime avait manifestement la vie dure, et il pouvait chercher à se montrer aussi menaçant et impressionnant qu'il le voudrait, elle ne s'inquiétait pas de lui. Il avait eu sa chance, il l'avait manqué. Il avait reçu un sévère avertissement, il était préférable qu'il l'entende et ne le conteste pas. Dans le cas contraire, il avait de fortes chances d'en subir de sévères conséquences. Et elle serait la dernière à le regretter. Bien au contraire, elle s'arrangerait même pour se retrouver aux premières loges, tant qu'à faire.
-Vous êtes mignon de vouloir encore croire en votre précieuse justice. Ici, on crée la nôtre, bien à nous. Et votre autorité n'y a pas sa place. Elle planta son regard dans celui de son interlocuteur. Vous ne pouvez rien contre David, jamais vous ne lui arriverez à la cheville.
Elle le disait avec toute la conviction du monde, et pour cause, elle le pensait très sincèrement. Oui, à ses yeux, personne au monde ne pouvait espérer dépasser David. Pour elle, cet homme était le plus merveilleux, le plus fort, le plus intéressant, le plus puissant du monde, et la personne qui serait capable de le faire redescendre de son socle n'était pas né ni ne naîtrait jamais. Oui, David était son ange gardien, son héros, et ça ne changerait jamais, car Cassandre préférerait mourir que de voir quoi que ce soit lui arriver.
-Et vous avez tort de me sous-estimer. Je suis très bien capable de me défendre par mes propres moyens. Vous n'avez absolument rien vu de moi encore. Elle marqua une légère pause. Vous êtes vraiment ingrat, vous savez. On aurait pu en finir avec vous, à la place, on a décidé d'être cléments, et de juste vous adresser un petit avertissement de rien du tout. Elle esquissa un sourire. Vous avez tout intérêt à rester à votre place et à ne plus mettre votre nez dans nos affaires. La prochaine fois, ce n'est pas dans un lit d'hôpital que vous finirez.
Mais dans un cercueil, ou bien dans une urne funéraire. Et elle devait reconnaître qu'elle regrettait un peu qu'ils n'aient pas choisi cette option, tant qu'à faire.
C’était difficile pour Marcus de garder ses distances, même s’il savait que c’était ce qu’il devrait faire. L’homme avait envie de défendre la justice à laquelle il croyait, même s’il avait bien conscience que ce n’était pas possible, pour la simple et bonne raison que la justice à laquelle il croyait n’existait pas. Il avait envie que cette justice ne soit pas corrompue, mais elle l’était jusqu’à l’os. Ça allait être un grand travail de nettoyer tout cela et c’était très clairement impossible, mais il avait quand même envie de garder encore espoir sur le fait que ça pouvait très bien changer un jour. Même si des personnes come Cassandre Bathory allaient exister toujours. Marcus serra des dents en l’entendant affirmer qu’il était mignon de vouloir croire à sa précieuse justice, parce qu’il ne supportait pas le fait qu’elle avait pleinement raison en affirmant qu’ils avaient créé leur propre justice.
Il n’était pas question de juste s’en prendre à quelqu’un de puissant, il était question de s’en prendre à toute une institution de pourris. David Styles et la femme sous ses yeux étaient des raclures, très clairement, mais ils n’étaient pas les seuls. Ils savaient comment s’y prendre avec les gros bonnets de la société et c’était pour cela qu’ils parvenaient toujours à s’en sortir. Tout le monde savait que le patron de la boite de nuit était un enfoiré de première, sauf que personne ne pouvait rien faire contre lui. Pour le moment. Quoi qu’il en soit, Marcus n’avait pas l’intention d’abandonner. Il devrait peut-être pour se protéger, mais il ne le ferait pas, il serait incapable de se regarder dans le miroir s’il le faisait. Mais il avait aussi conscience qu’il ne devrait pas trop la ramener non plus, il devait se montrer prudent. Marcus laissa la jeune femme le traiter d’ingrat, parce qu’il devrait peut-être la remercier de l’avoir laissé en vie ? Il aimerait bien pouvoir lui dire très clairement ce qu’il pensait, mais le policier devait être prudent. Il avait conscience que s’ils s’en prenaient encore à lui, il n’aurait surement pas autant de chance. Mais Marcus espérait bien leur prouver qu’ils avaient fait une erreur de le laisser en vie, ils s’en rendraient compte quand ça sera trop tard et qu’ils allaient tout perdre.
« Un petit avertissement de rien du tout ? » Répéta-t-il, quelque peu amer. Bien sûr, Marcus savait bien qu’il aurait très bien pu mourir à ce moment et qu’il avait de la « chance » qu’ils aient décidé de simplement lui faire passer un message. Mais c’était quand même difficile d’entendre de tels mots. Et c’était insupportable de la voir se considérer si invincible. Il était vraiment temps que ça change, que tout cela change… Et merde, il commençait à se dire que Damon n’avait pas forcément tort dans tous ses discours. « J’ai… bien conscience que je ne peux pas faire le poids. » Répondit-il à contre cœur. Mais le policier se devait de calmer un peu le jeu, il n’avait aucune envie que ses plans pour les faire tomber soient gâchée parce qu’il aurait trop menacé son interlocutrice. « Mais je suis certain que d’autres auront se pouvoir. »
D’une manière ou d’une autre, ils allaient tomber un jour. Et il allait tout faire pour, dans l’ombre.
assandre afficha un sourire proche de carnassier quand Marcus reprit ses mots pour considérer combien ils n'étaient pas révélateurs de la réalité. En vérité, l'avertissement n'en était un qu'au sens où il n'était pas mort sur le coup, mais il n'avait pas réellement été question de l'épargner. Disons qu'il l'avait échappée belle et qu'il était devenu trop dangereux, hasardeux de l'attaquer sur son lit d'hôpital. Dans tous les cas, le résultat était là : le policier avait frôlé la mort de bien assez près pour savoir que tout ça pourrait aisément lui retomber dessus, et à l'évidence, il en avait tiré ses leçons. Encore que Cassandre ne s'autoriserait pas forcément à le croire sur parole. Elle savait très bien que ce pourrait être une très mauvaise idée, en vérité. Il était là, indemne, face à elle, et il connaissait parfaitement son double visage. Par conséquent, elle représentait une menace pour lui tout autant qu'il en représentait une pour elle, et ils ne pouvaient pas passer à côté de cet état de fait.
Malgré tout, et même s'il mentait peut-être, il y avait quelque chose de particulièrement plaisant, on ne va pas se le cacher, à l'entendre reconnaître qu'il ne pouvait effectivement pas faire le poids. Il avait bien raison de le considérer ainsi puisque c'était la plus pure et plus stricte vérité. C'était une chose qu'il avait tout intérêt à garder à l'esprit. Mais bien sûr cela s'accompagnait d'une autre sorte de menace. D'autres pourraient chercher à les faire sombrer, sans doute. Et il n'avait pas tort de le penser, car ceux qui cherchaient à s'en prendre à leur empire, à attaquer les Death Demons, étaient effectivement particulièrement nombreux. Qu'il s'agisse de la justice plus traditionnel ou bien de super-héros, ils avaient tout de même un remarquable nombre d'ennemis : ce qui n'était évidemment pas étonnant. C'était la rançon du succès, pour ainsi dire. Plus on gagnait en pouvoir et en influence, plus on se faisait d'ennemis, c'était dans l'ordre naturel des choses, sans l'ombre d'un doute.
-Bouh, j'ai peur, singea Cassandre avec un simple sourire. Même si elle devait peut-être prendre les menaces de son interlocuteur au sérieux, elle n'avait en revanche aucune intention de s'en laisser compter par son interlocuteur. Elle n'avait aucune intention de se laisser intimider, en aucune façon, certainement pas. Qu'est-ce que tu es venu faire ici exactement ? Tu n'es quand même pas juste venu me raconter ta vie, si ? Ou bien je te manquais ? ajouta-t-elle, toujours sur ce ton insupportablement prétentieux qui la caractérisait particulièrement bien, il faut bien le reconnaître, et dont elle jouait d'autant plus en présence des personnes qu'elle était susceptible d'agacer, comme c'était évidemment le cas de son interlocuteur.
Marcus se doutait que ce n’était avec quelque paroles qu’il pourrait réellement intimider Cassandre Bathory. C’était bien le souci avec cette femme, elle n’avait pas peur des conséquences, parce qu’elle se pensait surement plus forte que tout cela et… le pire était qu’elle avait de bonnes raisons de ne pas avoir peur des conséquences. Ça emmerdait très clairement le policier de le reconnaître, mais il y avait certaines personnes qui semblaient intouchable par la justice avec les moyens « normaux ». Marcus avait toujours défendu la justice, le rôle de la police, mais il était difficile d’arriver à quelque chose quand le système entier était corrompu. Enfin… ce n’était pas réellement le débat en cet instant précis, Marcus avait simplement envie de faire comprendre à Bathory qu’elle finirait par tomber de son trône, mais sans lui faire comprendre qu’il avait l’intention d’être de la partie.
Marcus n’avait pas d’autres choix que de faire profil bas, pour ne pas risquer encore les conséquences de sa curiosité. Il savait que Bathory et ses « proches » l’avaient dans le collimateur et que la prochaine fois, il ne s’en sortirait pas aussi bien que la dernière fois. Il n’avait pas pour autant l’intention de baisser les bras, mais il devait faire profil bas et ne pas provoquer trop ses ennemis. Ce qu’il était en train de faire très clairement aujourd’hui à trainer en prime à côté de cette boite de nuit pleine de ces raclures en tout genre…
« Juste vous avertir de profiter de ce que vous avez pour le moment. » Il ne devrait pas continuer dans ce sens, mais il peinait vraiment à se retenir. « Ce n’est pas moi qui vais pouvoir vous faire tomber, mais je sais parfaitement qu’un jour ce sourire sur votre visage détalera quand on vous prendra tout. »
Que ça soit la justice parce que le dossier, même s’il n’était plus entre les mains de Marcus, pouvait potentiellement continuer à avancer, ou un autre moyen… l’homme était persuadé que cet empire allait finir par s’effondrer. C’était la moindre des choses, on ne pouvait pas laisser de telles personnes causer autant de mal autour d’eux. Ce ne serait très clairement pas le premier, ni le dernier d’ailleurs, empire criminel qui tomberait. Marcus espérait simplement que ça allait rapidement arriver, il avait sa petite vengeance à prendre. Mais elle ne justifiait en aucun cas qu’il prenne le risque de se retrouver dans cet endroit, à trainer autour de la boite de nuit des personnes qui auraient très bien pu l’envoyer six pieds sous terre.
« Mais… même si j’ai très hâte de vous voir tomber comme vous le méritez, j’ai pris conscience que je ne peux rien faire de mon côté. Donc, vous avez gagné. Je voulais juste vous le signifier, que vous ne risquez plus rien de moi. »
Ça lui arrachait très clairement la gueule de dire une chose pareille, mais il n’avait pas le choix. Il fallait bien qu’il mette de l’eau dans son vin.
es menaces affichées de son interlocuteur tombaient dans l'oreille d'une sourde, Cassandre refusait d'y croire ne serait-ce qu'une fraction de seconde. La jeune femme était absolument sûre d'elle, et surtout, elle était sûre de David, si bien que Marcus ne parvenait absolument pas à l'impressionner. Toute inconsciente qu'elle était par ailleurs, elle était incapable de prendre quelque menace que ce soit au sérieux, et ce peu importe l'identité de celui ou celle qui la proférait. Elle était bien trop certaine que l'empire fondé par l'homme qu'elle aimait et admirait ne pouvait en aucun cas s'effondrer. Totalement convaincue du fait que rien au monde ne pouvait la déstabiliser, elle en prenait son parti. Et décidait, bien évidemment, de n'en faire qu'à sa tête.
-Comme c'est mignon et attentionné de votre part, répondit Cassandre avec un grand sourire, qui affichait très clairement le fait qu'elle se moquait ouvertement de lui : pourquoi en aurait-elle quoi que ce soit à faire, après tout ? J'attendais vraiment votre autorisation pour profiter de ma vie, grâce à vous, je suis une nouvelle femme, vraiment, ironisa-t-elle.
Sa vie, elle en profitait chaque jour que Dieu faisait, tout à fait fière et satisfaite de ses choix et de ses décisions. Il n'y avait rien, absolument rien dans la vie qu'elle menait dorénavant, qu'elle changerait. Certainement pas. Elle était définitivement heureuse comme elle était, terriblement heureuse, et rien ne serait susceptible de la détourner de ce bonheur, absolument rien. Et certainement pas les menaces d'un petit flicaillon qui avait vu clair dans son jeu et qu'ils avaient été en mesure de réduire au silence.
-Merci vraiment de vos avertissement, je vais les prendre avec tout le sérieux qu'ils méritent, ajouta-t-elle avec la plus grande effronterie.
Autant dire, donc, qu'elle allait rejeter les avertissements en question et ne surtout rien en faire. La jeune femme n'avait aucune intention de s'inquiéter de cette situation. Pas le moins du monde. Elle avait, bien au contraire, la ferme intention de s'en amuser autant que possible. Parce que pour elle, dans tous les cas, tout ceci n'était jamais qu'une vaste plaisanterie qui ne méritait pas véritablement d'être prise au sérieux.
-Ben voyons, vous êtes venu ici juste pour dire que vous lâchiez l'affaire, répondit Cassandre avec un scepticisme affiché, en le jaugeant de haut en bas, de bas en haut. Je vous crois pas. Pas une seule seconde, ajouta-t-elle. Et si c'est une stratégie pour endormir notre défiance, je suis honnêtement déçue... Je ne vous aime pas, Marcus, mais je vous tenais pour quelqu'un d'intelligent, par contre, ajouta-t-elle avant d'éclater de rire à sa propre blague qui pourtant n'était pas si drôle, et même n'était pas drôle du tout.
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Jeu 23 Jan - 23:16
