Harry ne savait pas vraiment si Cassandre pouvait le comprendre et en fait, il ne pouvait pas nier qu’il se disait qu’elle ne devait pas comprendre. Pour la simple et bonne raison que le jeune homme n’était autre qu’un peu trop autocentré. Après tout, depuis tout à l’heure, le jeune homme ne faisait que se plaindre encore et encore. Mais en même temps, c’était ce qu’il faisait à longueur de temps depuis un long moment. Et ce n’était pas juste depuis que son père avait décidé de lui injecter le sérum. Même avant c’était déjà le cas. En fait, c’était un peu comme si Harry passait sa vie entière à se plaindre.
Il lui expliqua donc qu’il avait fait du mal à la personne qu’il aimait le plus au monde. Et il s’en voulait tellement, pour ce qu’il avait fait à Gwen. Et encore, ce n’était rien en comparaison de ce qu’il allait faire prochainement d’ailleurs. Mais il ne se doutait pas une seule seconde de ce qui allait arriver dans le futur. Dans tous les cas, le jeune homme avait fait du mal à Gwen et il s’en voulait sincèrement. Mais apparemment, ça ne suffisait pas pour Cassandre, qui ne manqua pas d’affirmer que s’il aimait réellement cette fille, il n’aurait pas été capable de lui faire du mal. Forcément, Harry n’apprécia pas plus que ça les propos de la jeune femme, bien au contraire.
« J’avais pas envie de lui faire du mal… » Il n’avait eu aucune envie de tuer le père de Gwen et il n’avait aucune idée de quoi il était capable s’il se contentait simplement d’embrasser sa folie comme semblait le faire Cassandre. « Je ne sais pas de quoi je suis capable, si je me laisse vraiment aller. »
Il le saura bientôt, il allait voir qu’il n’allait pas se contenter de faire du mal à Gwen en s’en prenant à ses proches (sachant que Peter était un proche, qu’il le haïssait et qu’il allait s’en prendre à lui… qu’il s’en prenait à lui d’ailleurs déjà), il allait directement s’en prendre à la jeune femme. Et cela, simplement parce qu’il allait se laisser complètement happer par le Hobgoblin, par cette voix qui passait son temps à susurrer des choses à son oreille.
Enfin, ils pouvaient sans doute débattre pendant très longtemps, Harry se doutait que dans tous les cas, Cassandre et lui n’allaient pas du tout être d’accord. Parce que le jeune homme était bien trop têtu pour voir les choses autrement. Il n’avait pas envie de changer d’avis, il n’allait pas changer d’avis. Mais bon, il était évident qu’il n’aidait pas vraiment la conversation à ne pas tourner en rond.
« C’est comme si j’étais une autre personne. Ce n’est pas moi. »
Et ça c’était simplement parce qu’il n’avait pas accepté pleinement sa condition, et que le sérum qu’il avait eu dans ses veines n’étaient pas aussi élaboré que celui que Cassandre avait dans les siennes.
e jeune Osborn était du genre borné. C'était le genre de qualité qui pouvait plaire à Cassandre, mais en l'occurrence, elle avait tendance à trouver ça un peu... redondant. Quoi qu'elle dise, elle sentait bien qu'elle ne ferait pas entendre raison à son interlocuteur, et elle trouvait ça franchement dommage. Ils n'étaient pas si différents, tous les deux, dans leur histoire, tout du moins. Elle aurait tout à fait pu le soutenir, l'aider à apprivoise cette nature qu'il rejetait tant et tant, mais pour cela, il faudrait qu'il y mette du sien... et c'était loin d'être gagné. Elle voulait que le jeune homme celle de se lamenter sur son sort, mais de toute évidence, c'était son exercice préféré. C'est drôle, à le voir ainsi, elle le trouvait bien différent de son père. Certes, il y avait en lui quelque chose de l'orgueil paternel, mais en même temps, cette tendance à l'appitoiement était une faiblesse qui le distinguait de son géniteur, et dont il ferait bien de se séparer, à vrai dire. Cassandre n'allait pas s'obstiner à convaincre son interlocuteur. il s'était déjà fait une idée de ce que la situation devait ête pour lui. Il prétendait se battre contre un démon intérieur qui pourrait prendre le dessus à tout moment et s'en prendre à la personne qu'il aimait. Qu'il ne veuille pas lui faire du mal puisqu'il l'aimait, c'était d'une logique imparable, s'il lui faisait du mal alors qu'il l'aimait, c'est qu'il devait vraiment faire un travail sur lui-même, et travailler sur soi, ce n'était pas considérer sa situation et se lamenter en affirmant qu'on ne peut rien y faire, mais évoluer et réparer, dans la mesure du possible. Qu'il ne se contente pas de se plaindre de la situation, qu'il se contente de le prendre en mains, un point c'est tout.
-C'est ça, ton problème, résuma Cassandre, qui n'en démordait pas et n'avait surtout pas l'intention de compatir en entendant le discours de son interlocuteur. Elle voulait le placer face à ses contradictions, face à ses responsabilités. Pas parce qu'elle voulait accabler son interlocuteur... en fait, elle tenait à l'aide, tout simplement. Arrête de te planquer, de prétendre que tu t'es fait pousser une double personnalité. Tu es responsable de tes actes, c'est juste que tu n'acceptes pas qui tu es à présent. Elle marqua une pause. Si tu tiens vraiment à protéger cette personne que tu aimes tant, arrête de te planquer et assume ce que tu es devenu. C'est comme ça que tu la protégeras, pas en chouinant sur ton sort.
Elle ne savait même pas pourquoi elle insistait à ce point. Elle savait très bien ce qu'il en était. Qu'elle ne lui ferait pas changer d'avis, que personne ne lui ferait changer d'avis, mais quand même.
Harry ne comprenait vraiment pas pourquoi Cassandre Bathory continuait d’insister encore et encore, pourquoi ils continuaient de parler. Bon, le jeune homme aurait très bien pu mettre un terme à la discussion bien avant, évidemment, et il ne savait pas plus pourquoi il insistait de son côté. Insister pour tenter de faire comprendre à la jeune femme ce qu’il vivait, ce qu’il ressentait, alors qu’elle donnait le sentiment de ne pas être capable de le comprendre une seule seconde. Ils avaient des histoires qui se ressemblaient, plus avaient plus de points communs que le jeune homme ne voudrait vraiment, mais c’était comme si elle était juste incapable de le comprendre. Comme si elle ne parvenait pas à se mettre à sa place et c’était frustrant. Il n’avait pas besoin de quelqu’un pour lui faire la morale, il avait déjà une personne comme ça du nom de Norman Osborn. Ce père qui avait décidé de son destin et qui l’avait condamné au sort qu’il vivait à présent. Cette conversation ne menait donc nulle part aux yeux du jeune homme, parce que Cassandre Bathory ne cherchait même pas à le comprendre. Du moins à ses yeux, il ne voyait en aucun cas ce qu’elle faisait pour l’aider, alors qu’au contraire elle avait une façon bien à elle de l’aider.
Harry leva les yeux au ciel quand elle précisa que c’était ça son souci, se doutant que ce qu’elle allait lui dire n’allait pas lui plaire de nouveau. Et c’était le cas, puisqu’elle précisa qu’il devait arrêter de se planquer sur le fait qu’il n’était pas responsable, alors qu’il l’était réellement. Harry ne parvenait pas à voir les choses de cette façon. Cette voix qu’il entendait constamment dans sa tête, qui prenait le contrôle par moment, ce n’était pas lui. Il n’avait pas envie de faire tout ce qu’il faisait. Et il ne voyait pas en quoi assumer ce qu’il était devenu allait protéger Gwen, après ce qu’il avait fait justement. C’était évident que ce n’était pas possible, qu’il n’allait pas parvenir à protéger la fille qu’il aimait en acceptant le monstre qu’il était. Et bien évidemment, le jeune homme ne pouvait pas encore se douter une seule seconde de ce qui allait se passer, de comment les choses allaient tourner.
« Qu’est-ce que tu en sais toi. » Répliqua-t-il, ne parvenait définitivement pas à accepter les propos de Cassandre, parce qu’il était évident qu’il n’était pas envisageable qu’il accepte ce qu’il était devenu. Il était hors de question que ça arrive, qu’il l’accepte. Ça allait être le cas, mais il n’était clairement pas prêt à le faire pour le moment. Et il était évident qu’ils ne pouvaient que tourner en rond tous les deux dans leurs conversations, parce qu’ils avaient ce point en commun, ils étaient têtus tous les deux. Harry n’avait pas l’intention de changer sa vision des choses, il ne se doutait que trop que ça en serait de même pour Cassandre. « Tu ne peux pas comprendre. » Conclu-t-il de nouveau. Au fond, il n’avait même pas envie que la jeune femme comprenne quelque chose. « Laisse moi tranquille et vas t’occuper de tes affaires avec mon père. » Puisqu’elle était là pour ça à la base non ?
u fond, plus cette conversation progressait, plus Cassandre avait le sentiment que Harry était à la fois son portrait craché et tout l'inverse d'elle. Comment faire coexister ces deux affirmations ? En soi, c'était impossible, bien sûr, mais certainement pas dans l'esprit dérangé de Cassandre Bathory. Le jeune homme était identique à elle sur de nombreux points : riche héritier, dégoût prononcé envers le père, malsains et habités par le sérum du bouffon vert... Mais Cassandre, en tout cas voulait-elle l'espérait, n'avait jamais été aussi geignarde et pathétique que Harry... Encore que, pouvait-elle vraiment le jurer ? En fin de compte, il se pouvait bien qu'elle ait eu le même genre de réaction autrefois, quand elle était encore la pauvre chose naïve et malléable qui croyait en son géniteur et que David n'avait pas sauvée. Au fond, c'était sans doute de cela que Harry avait besoin, de son David personnel, de quelqu'un qui sache lui faire prendre conscience de qui il était vraiment et lui permette d'embrasser sa nature pour de bon...
Et c'était peut-être là le rôle qu'elle cherchait à endosser depuis tout à l'heure. Sauf qu'elle ne pouvait évidemment pas prétendre au charisme, à la présence, et à l'influence de David. Donc, en gros, elle perdait son temps, mais au moins, elle comprenait mieux pourquoi elle le faisait. Oui, elle se reconnaissait en Harry, parce qu'elle reconnaissait la Cassandre d'avait en lui, et elle avait envie de le sauver, comme elle l'avait elle-même. Ceci dit, elle n'en était pas au point de vouloir se battre éternellement contre cette tête de mule. Et utiliser la méthode David en employant la torture avait peu de chances de fonctionner... Ne serait-ce que parce que elle, à l'époque, n'avait pas eu le pouvoir de se défendre. Contrairement à Harry, qui avait le Hobgoblin. Tant pis, à lui de trouver son David (qui ne serait certainement pas cette fille qu'il avait tant fait souffrir selon ses dires... du peu qu'elle avait deviné d'elle dans le discours de jeune homme, elle semblait manquer sensiblement de personnalité). Elle, elle abandonnait là, elle n'était pas venue ici pour jouer les cavalières au grand coeur mais bel et bien pour rencontrer le père du jeune homme (qui était peut-être la solution à son problème... pouvait-on être à la fois le père bourreau et le génie libérateur ? A nouveau, association improbable, mais peut-être pas quand on était à la fois Norman Osborn et le bouffon vert).
-C'est si gentiment demandé, comment résister ? répondit Cassandre, qui acceptait donc de débarrasser le plancher... mais à contrecoeur tout de même. Il était assez frustrant de laisser le dernier mot à cet ado en crise. Mais quelqu'un se chargerait bien de lui remonter les bretelles à sa place, après tout. Prends soin de toi, Harry. Je suis sûre qu'on se reverra bientôt.