C’était vraiment bizarre. Quand Charles avait repris ses esprits, il n’avait pas pu faire autrement que de trouver tout cela étrange. Non pas désagréable, juste étrange. Il n’avait pas eu le temps d’agir quand il était avec le dieu Asgardien, il n’avait rien pu faire pour empêcher sa mort. Sa mort oui, il était mort. Son corps était mort oui, mais par chance son esprit avait survécu. En même temps, l’homme avait préparé le coup, au cas où, depuis un bon moment maintenant. Parce qu’il se savait vieillissant, parce qu’il savait que la mort se rapprochait. Il avait prévu le coup et apparemment, il avait bien fait. Même si l’homme ne s’était pas douté que sa fin arriverait maintenant. S’il s’en était douté, en même temps, il aurait sans doute fait les choses différemment. Il n’avait vraiment pas été prudent, il s’était fait avoir comme un novice. Charles savait que tout ça allait avoir des conséquences. Mais il ne pouvait pas changer ce qui venait de se passer, il pouvait simplement poursuivre dans le sens que prenait sa vie à présent. Parce que sa vie reprenait un nouveau sens oui. Preuve en était du reflet qu’il voyait à présent dans le miroir, le haut miroir qu’il pouvait regarder sur ses deux jambes. Les premiers pas avaient été un peu difficiles, mais Charles avait finalement réussi à marcher naturellement. Ce corps se souvenait bien plus de ce que c’était de marcher, ce corps qu’il empruntait pour sa seconde « vie ».
L’homme qui possédait ce corps avant était mort, son cerveau était mort. Alors Charles c’était arrangé pour pouvoir infiltrer son esprit dans ce corps et maintenant pouvoir l’utiliser. C’était étrange, mais l’homme profitait vraiment de la chance. Le vieil homme – qui n’avait plus du tout l’allure de vieil homme à présent, il allait devoir s’y faire – allait devoir agir en conséquence. Même si pour l’heure, il pouvait difficilement faire quelque chose. Et égoïstement, il avait envie de profiter un peu de ce corps qu’il avait et qu’il devait apprivoiser. Charles savait parfaitement qu’il allait devoir mettre cette histoire, disculper Erik de son décès, prévenir ses élèves et camarade, mais pas de suite. Il avait envie de voir, pour le moment, ce que ça allait donner. Alors, Charles décida d’aller déjà faire une promenade, de juste se balader sur ses deux jambes. Il avait beaucoup de chose à régler, mais il osait croire qu’il pouvait prendre le temps de profiter du fait qu’il n’était pas mort. Et qu’il avait des jambes, qu’il pouvait être pleinement autonome. Il n’avait plus besoin d’être accompagné quand il sortait, il pouvait très bien décider de monter au volant d’une voiture et conduire. Il était évident que beaucoup de chose allait changer. Et alors qu’il était en train de se promener en plein jour sur la place Roosevelt Beach, il ne pouvait que se rendre compte de ces changements. Il marchait et il se promenait, sur ses jambes… Au point qu’il était bien incapable de se concentrer sur ce qu’il y avait autour de lui. C’était une première depuis des années, mais le vieil homme dans un corps de jeune homme percuta quelqu’un.
« Oh, je suis navré. »
Dit-il vivement, d’une voix qui ne ressemblait plus du tout à celle qu’il utilisait autrefois. Tout avait changé.
ul besoin de connaître très intimement Gwen Stacy pour le savoir, ceux qui n'auront eu l'occasion de la connaître que de réputation sauront vous le dire aussi, la jeune femme était quelqu'un de très sociable. Elle n'avait aucune difficulté à aller vers les autres et à se faire des amis, elle aimait parler à tout le monde et s'enrichir de la personnalité de chacun, et même si l'on ne peut pas plaire à tout le monde, elle était quand même relativement appréciée, suffisamment en tous cas pour qu'il soit assez rare de la voir seule... Pour cause, Gwen n'était pas d'un naturel non plus à rechercher la solitude. De manière générale, elle aimait être entourée, parler, et la solitude lui pesait assez rapidement. Pourtant, si elle se retrouvait seule en cet instant précis, ce n'était pas sans raison, ce n'était pas un hasard ou le fruit d'on ne sait quel concours de circonstances, si elle était seule, c'était tout simplement parce qu'elle l'avait voulu, parce qu'elle en avait eu le besoin. Progressivement, Gwen tentait de remettre de l'ordre dans sa vie, mais elle n'était pas convaincue que le résultait soit complètement probant. Oui, elle faisait doucement le deuil de son père, mais la culpabilité, celle de savoir qu'elle aurait pu faire quelque chose et était restée impuissante, ne savait pas l'abandonner complètement. Oui, elle reparlait avec Peter, mais ce serait mentir que d'affirmer que ça ne lui faisait pas mal, quelque part, car quand bien même elle appréciait sa compagnie, elle savait pertinemment qu'elle voulait plus que ces conversations amicales échangées au détour d'un couloir, ce qu'ils avaient vécu était beaucoup plus fort que ça... Quant à la prédiction de sa mort... Elle devait bien reconnaître qu'il n'était pas confortable d'avoir cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. Son pilier, alors, son seul point de repère, c'était Harry. Là, elle ne savait vraiment pas ce qu'elle ferait sans lui, elle lui était redevable de tant de choses... si elle savait... mais elle avait un peu le sentiment d'abuser, vis-à-vis de lui... même si sa présence était la seule chose qui sache lui faire un tant soit peu du bien ces derniers temps.
Quoi qu'il en soit, donc, Gwen avait sciemment décidé d'être seule, afin de faire le vide, afin, tout simplement, de se recentrer. Elle ne savait pas vraiment où elle allait, elle n'avait pas d'objectif précis, elle se laissait guider où ses pas voulaient bien la mener, un point c'est tout. Elle ne cherchait pas plus loin, ne voulait pas chercher plus loin. Elle n'était donc pas vraiment attentive à ce qui se passait face à elle, pas plus qu'était attentif le jeune homme (pas si jeune que cela en réalité) qui se rapprochait, si bien que l'impact fut inévitable.
-Ne le soyez pas, je ne regardais pas où j'allais, répondit-elle en adressant un sourire à son interlocuteur après que celui-ci se soit excusé de l'avoir bousculée. Au fond, elle n'était pas vraiment certaine de qui avait bousculé qui. Je ne vous ai pas fait mal, au moins ?
On pouvait clairement le dire, cela faisait des années que Charles Xavier n'avait pas percuté quelqu'un dans la rue. Parce qu'en fauteuil roulant, ce n'était pas quelque chose qui arrivait constamment en fait. Il était rare qu'il se promène seul déjà dans les rues de New-York, il y avait souvent un de ces anciens élèves en sa compagnie (parce qu'il avait eu besoin d'un coup de main pour se rendre où il était) et que généralement, on ne pouvait pas vraiment dire que le mutant passait inaperçu. Mais en cet instant précis, il venait bel et bien de percuter quelqu'un. Charles ne devrait sans doute pas être fier de ça, mais il devait bien avouer qu'il appréciait quand même l'idée. En fait, il y avait peu de chose qu'il n'appréciait pas depuis son réveil pour tout dire. Mais ça, c'était surement le fait d'avoir retrouvé une jeunesse. Et ce n'était pas simplement une façon de parler, l'homme avait bien et bien retrouvé sa jeunesse (même si techniquement, le corps qu'il utilisait présentement n'était pas le sien et donc ce n'était pas vraiment sa jeunesse, mais ce n'était qu'un détail). Il retrouvait un corps valide, un corps qui n'avait aucun disfonctionnement. Un corps qui pouvait marcher tout simplement et c'était une grande révolution. Et donc, en cet instant précis il venait de percuter une jeune femme. Ou la jeune femme l'avait percuté, en soit c'était exactement la même chose. Il semblait que les deux personnes ne prêtaient pas attention à ce qui les entourait et donc, le drame était arrivé. Même s'il n'y avait évidemment pas mort d'homme.
« Non, pas du tout. » Répondit-il dans un sourire, de la voix si jeune qu'il n'avait pas l'habitude d'entendre quand il prenait la parole, quand l'inconnue lui demanda si elle ne lui avait pas fait mal. C'était quelque chose dont il allait devoir s'habituer aussi, tout son corps était différent. Même si son esprit restait le même, son corps avait changé. Et par conséquence, il était évident qu'il voyait les choses peut-être un peu différemment. Ou du moins, il savait que les choses allaient être différentes déjà. « Vous allez bien vous ? »
Demanda-t-il alors, soucieux de savoir à son tout s'il n'avait pas blessé la jeune femme. En soit, il n'y avait aucune raison que cela soit le cas, même s'ils s'étaient percuté ça n'avait pas non plus été si fort que ça. Mais on ne savait jamais, un mauvais geste pouvait très bien être douloureux quand même. Et puis, vu qu'elle s'était enquérie de son état, le vieil homme dans un corps de jeune homme ne pouvait pas s'empêcher d'en faire de même.
« Je me nomme Charles. »
Dit-il alors pour se présenter, dans un élan de politesse encore une fois. Charles n'avait pas spécialement réfléchit en donnant son prénom, mais il ne pensait pas que cela puisse poser problème. Quand bien même il était évident qu'il ne pouvait pas rentrer dans les détails de son identité et indiquer en plus qu'il s'appelait Charles Xavier. Son décès avait fait la une des journaux. Même s'il n'y avait pas qu'un seul Charles Xavier dans ce monde et qu'il y avait peu de chance qu'on fasse le rapprochement, l'homme préférait se montrer prudent.
pparemment, le jeune homme (qui en vérité n'était pas si jeune que cela, mais elle ne pouvait pas s'en rendre compte alors, et certainement pas le deviner) qu'elle venait de bousculer (ou inversement) ne lui en tenait pas rigueur, et n'avait rien eu de mal, tant mieux, Gwen s'en voudrait que son interlocuteur paye le prix de son absence d'esprit (un peu trop récurrente, dernièrement) ou de sa maladresse. Il la rassura donc, lui affirmant qu'elle ne lui avait pas fait mal, avant de lui retourner aimablement la question. Il n'était pas si fréquent de rencontrer des personnes aussi polies, et c'était assez agréable. D'ordinaire, l'on se contentait souvent d'un simple "désolé" quand on ne passait pas juste son chemin, et c'était tout, là, il prenait vraiment la peine de parler un peu. D'autres auraient pu ne pas apprécier cela, ce n'était pas le cas de Gwen, qui était très sociable, et qui appréciait par-dessus tout de faire de nouvelles rencontres. D'autant plus que dernièrement, cette occasion de se changer les idées était vraiment bonne à prendre.
-Je vais bien, oui, rien à signaler, fit-elle en faisant mine de se regarder pour vérifier qu'elle n'avait rien de cassé.
Non, il y avait eu plus de surprise que de mal. Elle allait bien, donc... Ou du moins, physiquement, elle allait bien. Mentalement, c'était une toute autre affaire, son cœur malmené aurait donné une toute autre réponse à son interlocuteur si elle lui avait laissé le loisir de s'exprimer. Mais ce n'était pas le cas. Elle n'avait pas non plus atteint ce stade de détresse qui l'obligerait à confier ses malheurs au premier venu... Enfin, elle ne le pensait pas, en tout cas. Pour le moment, elle tenait bon. Elle afficha un sourire sincère en entendant son interlocuteur se présenter. Il semblait que son interlocuteur veuille prolonger cette rencontre fortuite, et ça lui convenait très bien, tout ce qui était susceptible de lui changer les idées était bon à prendre, à ses yeux. Et l'homme qui se tenait face à elle, même si elle n'en savait que peu sur lui pour l'heure, lui semblait vraiment sympathique.
-Enchantée, Charles. Je m'appelle Gwen, se présenta-t-elle donc à son tour. Qu'est-ce qui a accaparé votre attention au point de ne pas voir face à vous ?
La question était un peu indiscrète, mais elle était posée avec la plus grande des légèretés, car son intention n'était pas de se montrer intrusive, elle leur cherchait juste un sujet de conversation... Mais s'il voulait lui répondre, elle ne disait pas non. Sa curiosité naturelle appréciait de pouvoir être ainsi satisfaite. Ceci dit, elle regretterait peut-être sa question s'il devait lui-même la lui retourner, car tout ce qui rendait ses pensées si sinistres au point de ne pas regarder face à elles n'est pas de celles que l'on partage si l'on veut s'attirer la sympathie et non la pitié d'autrui.
Charles afficha un sourire quand la jeune femme qu’il venait de bousculer affirma qu’elle allait bien, faisant mine de regarder si tout allait bien chez elle. Tout allait bien chez lui aussi, même s’il avait encore besoin de temps avant de complètement appréhender son nouveau corps. Le mutant était remplit de sensations diverses et variées qu’il n’avait plus eu l’habitude de ressentir depuis le temps. Le fait d’être à la même hauteur que la jeune femme était déjà incroyable à ses yeux. Il ne levait pas la tête pour la regarder, elle ne baissait pas son regard pour lui parler, ils discutaient dans un même niveau, quand bien même ils ne faisaient pas la même taille. Mais au moins, il était sur ses jambes et c’était vraiment particulier. Charles allait bien donc physiquement, il ne pensait pas aller mal en tout cas, même s’il devait encore s’habituer aux sensations de son corps et qu’il allait sans doute découvrir des revers de médailles un jour. En attendant, le vieil homme dans un corps de jeune homme ne pouvait pas s’empêcher d’avoir envie de poursuivre la conversation avec Gwen, puisque c’était ainsi que la jeune femme venait de se présenter. Charles n’avait pas vraiment de raison de poursuivre la conversation, il n’avait rien qui le pousser normalement à lui parler. Ils auraient très bien pu se contenter de s’excuser et passer leur chemin, comme le ferait la plupart des personnes. Mais Charles ne manquait pas de curiosité comme d’habitude et d’ailleurs, Gwen ne semblait pas défavorable à l’idée de converser avec lui. Après tout, la jeune femme lui posa une question pour relancer la conversation. Ce qui voulait tout dire.
« Eh bien, je dois vous avouer que je suis un peu perdue dans les nuages. » Charles pouvait difficilement affirmer de but en blanc à la jeune inconnue qu’il venait d’entrer dans ce corps et qu’il était encore étonné de ce qu’il pouvait redécouvrir en marchant sur ses deux jambes, maintenant qu’il n’avait plus besoin de ce fauteuil roulant pour avancer, maintenant qu’il n’était plus paralysé puisque son corps d’origine était mort. Non, il valait mieux éviter de rentrer dans les détails, mais l’homme avait bien envie d’exprimer un peu à Gwen ce qu’il ressentait. Et pour ça, il allait prendre la décision de mentir un peu. « J’ai eu un grave accident et j’ai un peu le sentiment de redécouvrir la vie. »
Ce qui au fond, n’était finalement pas un mensonge total. Puisqu’après tout, Charles avait bien eu un accident le clouant à son fauteuil roulant. Et l’attaque de Loki pouvait être considérer comme un accident en soit, donc il exprimait bien ce qu’il vivait. Même si, encore une fois, l’homme devait quand même se montrer particulièrement prudent dans ses propos. Et d’ailleurs, ce dernier avait envie de retourner la question à la jeune Gwen (qui lui semblait si jeune, mais qui ne devait pas voir en lui un homme si vieux). Il ne put s’empêcher de sonder certain trait de son esprit, même s’il ne prenait pas la décision d’y fouiller quand même.
« Vous me semblez préoccupée vous, n’est-ce pas ? »
l était perdu dans ses pensées, il avait la tête dans les nuages. En soi, l'explication se suffisait en elle-même. Il n'était pas forcément nécessaire de penser à quoi que ce soit en particulier, cela arrivait à tous d'être dans la lune sans raison, et Gwen n'aurait certainement pas su lui reprocher de ne pas se montrer plus précis, surtout qu'ils venaient à peine de se rencontrer tous les deux (c'était seulement sa curiosité exacerbée qui parlait à sa place). Toutefois, il se montra finalement plus précis, lui apprenant qu'il avait eu un grave accident - dont il avait manifestement réchappé - et qui lui donnait à présent le sentiment de redécouvrir la vie. Elle imaginait en effet que réchapper à un accident conséquent, à la mort, sans doute, devait vous procurer un sentiment qui ne ressemblait à aucun autre. Gwen n'en savait trop rien, elle avait plutôt le sentiment de vivre la situation inverse, dans son cas précis, elle n'avait pas réchappé à la mort, la mort était son ombre, et chaque pas qu'elle faisait semblait la rapprocher inexorablement d'elle. Bon, c'était la même chose pour tout le monde, bien sûr... mais dans son cas précis, c'était encore autre chose. Elle savait qu'elle ne devrait normalement pas tarder. Si elle se fiait à la vision de la collègue de son père, en tout cas... qui ne semblait malheureusement pas du genre à se tromper, loin s'en faut. Bien vite, elle comprit qu'elle dissimulait très mal ses préoccupations, d'ailleurs. Elles avaient dû se lire sur son visage, car le jeune homme qui lui faisait face (et qui ne devait pas être si jeune que ça, en réalité) ne manqua pas de lui faire remarquer qu'elle semblait préoccupée. La question était quelque peu indiscrète. Mais Gwen ne saurait le reprocher à son interlocuteur. Elle n'était pas moins indiscrète non plus, c'est une certitude. Et par ailleurs, elle risquait fort de l'être encore à un moment ou à un autre.
-Ça se voit tant que ça ? répondit-elle dans un fin sourire, sans reprocher bien sûr un seul instant à son interlocuteur son indiscrétion. Disons que je ne vis pas une période facile, avoua-t-elle alors... En l'occurrence, c'était bien peu de le dire. C'était un sérieux euphémisme que d'affirmer que la période qu'elle vivait n'était pas simple. C'était au-delà de ça. Elle avait perdu son père, elle avait perdu Peter, d'une autre manière, et elle était en train de perdre tous ses repaires... Il est certain qu'elle n'était pas au meilleur de sa forme... même si elle ne pouvait expliquer cela dans les moindres détails à Charles. Trop de secrets entouraient sa situation pour le moins incongrue... Et pourtant, cette situation était bien loin d'être aussi exceptionnelle en comparaison de celle que vivait son interlocuteur. Vous allez me trouver indiscrète, mais... Qu'est-ce qui vous est arrivé ?
Charles afficha un léger sourire quand Gwen lui demanda si ça se voyait sur son visage. Un peu, sans doute, mais pas que et il était évident que les capacités de Charles l’aidaient bien plus à cerner ce que pensait les autres. Mais il ne pouvait évidemment pas l’expliquer à la jeune femme, il ne pouvait pas lui dire qu’il parvenait à comprendre certaine bride de son esprit, sans vraiment le vouloir. Parce que s’il l’avait désiré, l’homme, qui se trouvait maintenant dans un corps bien plus jeune que son âge, aurait l’occasion de savoir bien plus de chose sur son interlocutrice. Mais il ne voulait pas entrer dans son esprit, ce qui ne l’empêchait pas pour autant de recevoir quelque bride par ci par là, qu’il ne pouvait pas contrôler. La jeune femme lui apprit qu’elle vivait une période difficile. Au vu de ce qu’il parvenait à ressentir, il comprenait que la jeune femme ne vivait pas une période trouble comme la plupart des adolescents. Charles ne pouvait pas nier le fait qu’il avait envie d’en savoir plus, qu’il avait envie de se montrer plus curieux encore. Mais il se doutait que ce n’était pas forcément une bonne chose pour elle de la harceler avec ses questions.
« Je suis désolé. »
Se contenta-t-il de répondre alors, dans un sourire triste. Il était sincère, quand bien même il ne connaissait rien de cette jeune femme qu’il venait de rencontrer. Mais c’était quelque chose qu’il ne changerait jamais chez lui, même s’il changeait de corps, il était empathique et il était sincèrement désolée pour son interlocutrice. Sans savoir ce qu’elle vivait en détail, il savait que ça la préoccupait sérieusement et donc il en était désolé. Il ne savait pas s’il pouvait faire quelque chose pour elle. D’ordinaire, Charles avait l’habitude de toujours aider son prochain, mais il devait quand même se montrer un peu plus prudent maintenant. Pas avant de savoir exactement ce qu’il allait faire avec son nouveau corps. Il n’était même pas encore décidé à retourner à l’institut.
La jeune femme prit alors le parti de se montrer plus curieuse, de son côté. Il ne lui en voulait pas du tout, au contraire. Le vieil homme – qui se trouvait donc dans le corps d’un jeune homme – avait pris le risque de parler un peu trop précédemment, attisant forcément la curiosité de son interlocutrice. Il aurait sans doute se contenter de dire qu’il était perdu dans ses pensées, sans rien ajouter de plus. Mais en soit, ce n’était pas si grave non plus, même s’il n’allait pas pouvoir dire la vérité à la jeune femme. Il était évident qu’il ne pouvait pas lui dire ce qui était vraiment arrivé.
« J’ai eu un accident de voiture. » Répondit-il alors, dans le but de se montrer le plus crédible possible. Charles n’aimait pas vraiment mentir, mais il n’avait pas le choix. « J’ai échappé de près à la mort. »
Cette dernière information n’était pas si erronée que ça, parce que Loki avait bel et bien tenté de le tuer.
« J’espère que vos soucis vont rapidement se régler. » Se permit-il alors d’ajouter, même si ça venait sans doute un peu de nulle part.
wen afficha un sourire qui devait signifier "Ce n'est rien", quand son interlocuteur lui affirma qu'il était désolé pour elle (même si en vérité, c'était loin d'être rien, bien au contraire). Ce qu'elle trouvait surprenant, c'était qu'elle avait réellement le sentiment que son interlocuteur s'excusait sincèrement auprès d'elle, qu'il éprouvait une sincère empathie à son égard. C'était assez rare pour le signifier. Les personnes qui pouvaient affirmer être désolées étaient nombreuses, mais ce n'était pas pour autant que leur compassion était sincère, c'était plus une formule de politesse qu'autre chose. Et il lui arrivait elle-même de prononcer ces mots plus pour la forme qu'autre chose. Mais elle ne pensait pas que ce soit le cas de son interlocuteur, qui pourtant ne la connaissait pas du tout. Elle ne savait pas pour quelles raisons exactement, mais le jeune homme face à elle (qui n'était en vérité pas si jeune que ça) lui inspirait une réelle confiance et une sincère sympathie. Si elle s'écoutait, il serait typiquement le genre de personne auprès de qui elle n'aurait pas le moindre mal à se confier, vraiment... Mais elle préférait rester un peu défiante malgré tout. Ceci dit, si elle-même restait très floue quant à ce qui faisait qu'elle était loin d'aller bien, tout au contraire, son interlocuteur, lui, accepta de se confier à elle, ce qui ne la mit que davantage en confiance, au final. Il ne trouva semble-t-il pas sa question indiscrète si inconvenante que ça, puisqu'il lui apprit donc qu'il avait eu un accident de voiture et avait frôlé la mort. Ce devait être une expérience bouleversante, en effet, que Gwen connaîtrait peut-être si elle considérait la vision de la collègue de son père comme quelque chose d'immuable. Mais convaincue qu'elle était de pouvoir échapper au sort qu'on lui avait prédit, elle manquait peut-être de ce regard neuf que l'homme en face d'elle pouvait poser sur le monde, le regard de celui qui comprend la valeur de la vie.
-Je n'en suis pas certaine, malheureusement, répondit-elle doucement quand son interlocuteur affirma qu'il espérait que ses problèmes se résoudraient vite. Elle se plaignait à un total inconnu, c'était sans doute pathétique. Mais il y avait quelque chose chez son interlocuteur qui la poussait à se montrer sincère avec lui. Comme elle avait le sentiment qu'il était sincère avec elle, sans trop savoir pourquoi. Mais je suis peut-être un peu trop défaitiste. J'espère seulement avoir la même chance que vous.
En somme, elle espérait contrer le destin, réchapper à la mort, si elle pouvait sortir indemne des épreuves qui se profilaient devant elle, elle se prouverait à elle-même ainsi qu'à Peter que rien n'était immuable, que la vie laisse parfois une seconde chance. Qu'à eux aussi, elle pourrait laisser une seconde chance. Mais elle se faisait sans doute du mal inutilement en pensant de la sorte.
Quand Charles affirmait à la jeune Gwen (même si elle ne donnait pas l’air d’être à ce point si jeune par rapport au mutant, elle l’était) qu’il espérait qu’elle allait perdre ses soucis rapidement, il le pensait vraiment. Il ne la connaissait pas, il ne savait pas du tout ce qu’elle vivait, quels étaient ses problèmes, mais il espérait vraiment que les choses s’arrangent pour elle. En tout cas, le mutant avait vraiment un sentiment positif envers Gwen. Il ne savait rien d’elle, mais il y avait quelque de bien qui émanait d’elle. Il ne savait pas quoi, c’était une simple intuition. Charles avait l’habitude de se fier à son intuition et il en avait une très bonne concernant la jeune femme. Mais apparemment, la jeune femme vivait une situation vraiment compliquée, puisqu’elle affirma qu’elle n’était pas certaine que sa situation s’arrange rapidement. Charles ne pouvait pas s’empêcher d’être curieux de savoir ce que Gwen vivait. Sans savoir, il ne pouvait pas vraiment adapter son discourt à ce qu’elle ressentait, aux problèmes qu’elle rencontrait. En même temps, Charles n’avait peut-être pas besoin de la soulager non plus. Il fallait peut-être qu’il perde cette habitude, maintenant qu’il ne se trouvait plus dans son corps, mais qu’il vivait dans celui d’un autre. Sauf qu’on ne changeait évidemment pas sa nature profonde.
Pour autant, malgré sa curiosité, le jeune homme qu’il était aujourd’hui ne prit pas le soin d’entrer dans l’esprit de Gwen. C’était tentant, il ne pouvait pas le nier, mais ce n’était pas ce qu’il allait faire. Il ne savait même pas pourquoi, mais c’était comme ça. Il se sentait quand même un peu différent depuis qu’il était revenu à la vie. Gwen reprit la parole en disant qu’elle était cependant trop défaitiste et qu’elle espérait qu’elle allait avoir la même chance que lui. La même chance que lui ? Charles ne pouvait pas vraiment comprendre complètement les propos de la jeune femme, le fait qu’elle parlait évidemment d’expérience, du fait qu’elle risquait sa vie dans les ennuis qu’elle avait. Mais Charles comprenait qu’il y avait quelque chose.
« Le fait d’avoir des pensées défaitistes à souvent l’habitude de nous apporter que des choses négatives. » Charles parlait sans doute un peu trop philosophiquement, comme il le faisait quand il avait encore le corps d’un homme de près de quatre-vingt ans. « J’espère aussi pour vous que vous aurez de la chance. » Même si encore une fois, Charles n’avait aucune idée de ce qui lui arrivé. Mais il était sincère.
Même si en soit, le « jeune » homme n’avait pas vraiment eu de la chance, pas comme Gwen semblait le croire. Parce que s’il avait compté seulement sur la chance, il serait mort aujourd’hui. C’était simplement parce qu’il avait prévu le coup, parce qu’il avait plus d’un tour dans son sac. Sans cela, sans ses précautions, Charles Xavier ne serait jamais revenu à la vie après les actions de Loki. Alors, il ne pouvait pas vraiment souhaiter à Gwen d’avoir la même chance que lui.
wen ne savait pas réellement pourquoi elle s'exprimait ainsi sur ses états d'âme en compagnie d'un parfait inconnu, alors qu'il serait si simple d'afficher un sourire de façade et de faire comme si de rien n'était. Il faut croire que son interlocuteur lui inspirait une certaine confiance, une confiance qu'elle ne s'expliquait pas vraiment, mais bel et bien réel, qui faisait qu'elle se permettait de montrer sans détour la curiosité qu'il lui inspirait, et qui faisait qu'elle se montrait entièrement sincère avec lui, même si ça ne devait pas forcément mener où que ce soit. Elle hocha doucement la tête quand son interlocuteur lui fit remarquer que les pensées négatives appelaient les situations négatives. C'était vrai, en effet, elle ne pouvait pas le nier, mais pour autant, il lui était plus que difficile de positiver, dans la situation qu'elle vivait. La seule chose qu'elle vivait encore de positif, c'était sa relation avec Harry, ça et rien d'autre. Et elle n'avait pas encore pris la tournure qu'elle allait prendre sous peu. Elle pensait sans arrêt à la prédiction de la criminologue, celle qui avait scellé son destin faute forcément de décider de sa mort, celle qui lui avait appris avec exactitude ce qui arriverait à son père. C'était difficile de ne pas perdre tout optimisme dans ces circonstances, et pourtant, elle savait qu'il était important de ne pas laisser l'ombre obscurcir les jours qui lui restaient, d'autant plus, en fait, si ces jours étaient bel et bien comptés. Va savoir. Le sourire de la jeune femme s'élargit quand son interlocuteur lui affirma qu'il espérait également qu'elle aurait de la chance. Il ne suffisait pas de souhaiter les choses pour qu'elles adviennent, bien sûr, mais ça n'en était pas moins plaisant à entendre malgré tout.
-Merci, répondit-elle simplement, sans vraiment savoir quoi dire de plus, elle appréciait sincèrement ces propos, et quelque part, elle aurait envie de s'épancher davantage sur ce qu'elle vivait, pour que son interlocuteur puisse réellement comprendre ce qu'elle traversait, mais ça ne semblait pas judicieux. Elle ne devait pas oublier qu'ils venaient à peine de se rencontrer, même si elle avait le sentiment de le connaître depuis bien plus longtemps que ça. Et une fois encore, elle ne saurait exactement expliquer pourquoi, en réalité. La chance ne suffit pas toujours, mais j'ai bien l'intention de faire tout mon possible pour qu'elle me sourie.
Et alors, ce ne serait pas exactement de chance, qu'il serait question, pas de destin mais de libre arbitre, un libre arbitre dans lequel elle voulait encore croire, dominée qu'elle était par son envie de survivre quoi qu'il arrive, et même si ce n'était pas dans l'ordre des choses, même si ça ne devait pas se passer comme ça. Elle comptait bien lutter contre son propre destin.
Quand Charles affirmait à Gwen qu’il espérait vraiment que la chance allait lui sourire, il le pensait vraiment. Il ne connaissait pas du tout la jeune femme, puisqu’il venait à peine de la rencontrer, mais l’homme ne pouvait pas s’empêcher de penser ce qu’il disait. Sans raison, c’était juste instinctif. Il y avait quelque chose chez Gwen qui lui donnait envie de la soutenir. Il ne connaissait pas tous les détails de son histoire, alors que ça serait facile pour lui de rentrer dans son esprit pour le savoir, mais il espérait que ce qui perturbée Gwen – parce qu’elle était perturbée donc – allait finalement la laisser tranquille ensuite. Même si, bien sûr, Charles n’avait aucune idée de ce que Gwen devait subir. Le « jeune » homme qu’il était aujourd’hui afficha un sourire, quand elle le remercia. Elle n’avait pas spécialement de raison de le faire, mais en même temps de son côté il n’avait pas spécialement eu de raison de lui dire ce qu’il lui avait dit non plus. Le sourire du jeune homme – il était un jeune homme oui, c’était un peu étrange – s’agrandit quand Gwen affirma que la chance ne suffisait pas toujours. Effectivement, il ne pouvait pas vraiment lui dire le contraire. Preuve en était de sa propre expérience. L’homme avait affirmé qu’il avait eu beaucoup de chance, mais en même temps il avait quand même forcé un peu le destin. S’il n’avait pas pris la décision de se permettre une issue de secours, il serait mort à l’heure d’aujourd’hui. Il se serait fait surprendre par Loki et il serait mort. Mais il s’était arrangé pour que cela n’arrive pas, pour qu’il ne meurt pas et donc qu’il revienne. Autant dire qu’il n’avait pas eu vraiment autant de chance que ça, qu’il avait joué avec le destin.
« C’est une bonne chose. » Se contenta-t-il de dire, en commentant donc les propos de Gwen. Il ne pouvait qu’être d’accord avec le fait qu’il fallait quand même faire en sorte que la chance nous sourit. « Vous semblez être une jeune femme de grand caractère en tout cas. »
Jeune femme, il ne pouvait pas s’empêcher de lui parler comme ça, quand bien même son apparence ne donnait pas le sentiment qu’il était bien plus vieux qu’elle, donc il n’avait pas forcément d’intérêt à la qualifier de « jeune femme » comme il venait donc de le faire. Mais il ne pouvait pas s’empêcher de se sentir bien plus vieux que la jeune femme sous ses yeux, parce qu’il avait encore un peu de mal à se faire à l’idée d’être un jeune homme.
En tout cas, Charles pensait vraiment que Gwen était une jeune femme de caractère. Encore une fois, il ne la connaissait pas beaucoup, il venait après tout à peine de la rencontrer. Mais avec ce qu’elle lui disait maintenant, elle était quand même prête à s’arranger pour que le destin tourne en sa faveur. Ce n’était pas rien après tout, ça prouvait bien d’un certain courage.
ui, c'était une bonne chose. En tout cas, Gwen aussi voulait penser que ça l'était, envers et contre tout, elle avait la ferme intention d'avoir ne serait-ce qu'un minimum de contrôle sur son destin, quand bien même il lui avait été annoncé de toute pièce, avec peu de possibilités d'y remédier. Elle appréciait que Charles abonde dans son sens, même si elle ne savait toujours rien de ce jeune homme, qui lui donnait le sentiment de l'être en tous les cas, en dehors du fait qu'il lui était très sympathique et qu'elle n'avait aucun mal à se confier à lui, au point que c'en finissait presque par être désarmant à certains moments. En tout cas, c'était agréable d'entendre quelqu'un suggérait qu'elle puisse bel et bien échapper à son destin, quand bien même il ne savait rien de ce qu'elle vivait et de ce qui était supposé l'attendre. Charles ajouta qu'elle semblait être une jeune femme de caractère. La façon qu'il eut de formuler les choses ne manqua pas de surprendre quelque peu la jeune femme. Elle ne savait trop mettre le doigt sur ce qui la dérangeait, mais quelque chose avait l'air de ne pas coller. Peut-être le fait qu'il parle d'elle comme d'une "jeune femme". Certes, elle l'était, mais il ne devait pas non plus être plus excessivement âgé qu'elle. C'était le genre de langage qu'elle s'attendrait plus à entendre de la part d'un professeur, d'un aîné... mais pas vraiment de la part de son interlocuteur. Mais elle n'allait pas en prendre ombrage. C'était peut-être juste sa manière de parler. Elle avait déjà pu constater qu'il avait une manière de s'exprimer bien à lui. Ce devait faire partie de sa personnalité. Il émanait d'elle une certaine sagesse, et ce n'était pas déplaisant.
-Merci, répondit-elle alors, acceptant de bon coeur le compliment. Il était toujours plaisant de s'entendre dire des choses pareilles, même si son interlocuteur la jugeait sur une première impression. Il déchanterait peut-être s'il devait finir par mieux la connaître. J'essaie, en tout cas. Elle trouvait important d'avoir du caractère, de se fier à son instinct et de ne se laisser dicter sa conduite par personne. Et c'était sans doute cela que l'on appelait avoir du caractère. Je vais peut-être paraître de nouveau indiscrète, mais que faites-vous dans la vie ?
Elle était curieuse de le savoir, il lui donnait le sentiment d'être quelqu'un d'atypique, de particulièrement réfléchi, et elle se demandait si cela n'était pas tout simplement lié au métier qu'il faisait. Elle l'imaginerait assez bien enseignant ou chercheur. En tout cas, il lui donnait l'impression d'être un cérébral, c'était peut-être pour cela d'ailleurs qu'elle n'avait aucune difficulté à discuter avec lui : ils se rejoignaient sur ce point.
Charles ne faisait finalement que de dire ce qu’il pensait, de dire la vérité. Il avait vraiment le sentiment que la jeune femme qui se trouvait sous ses yeux – et qu’il ne pouvait considérer qu’autrement que comme une jeune femme, puisqu’il avait quand même un mental de vieux… – avait un fort caractère. C’était quelque chose qui lui plaisait. Même si en soit, le « jeune » homme qu’il était ne la connaissait pas du tout. Cela faisait seulement quelques minutes qu’ils se connaissaient, qu’ils discutaient, sans que Charles ne puisse vraiment affirmer qu’il connaissait la jeune femme. Mais c’était l’impression qu’elle lui donnait, même sans qu’il n’entre dans la tête de la jeune femme. Parce que ce n’était pas quelque chose qu’il avait fait, il n’avait pas spécialement eu besoin de le faire pour la cerner. Même s’il se trompait peut-être. Mais il ne pensait pas. Parce que Charles se considérait quand même comme un fin psychologue, il avait l’habitude de ce genre de chose. Même si, il était mort, il avait changé de corps et qu’il n’avait pas encore reprit sa place à l’institut qui portait son nom.
Charles se contenta donc d’afficher un sourire à Gwen quand elle le remercia, considérant qu’elle n’avait aucune raison de le remercier. Il disait simplement ce qu’il pensait, ce n’était pas pour la brosser dans le sens du poil. Il n’avait aucun intérêt à le faire en même temps. Le sourire du « jeune » homme s’agrandit quand la jeune femme le questionna alors sur le métier qu’il faisait. Charles devait bien avouer qu’il se demandait pourquoi soudainement elle se posait la question, surtout que ça ne l’arrangeait pas forcément. Oh, le corps qu’il avait à présent n’était pas si jeune au point de ne pas faire quelque chose dans la vie. Mais en soit, techniquement, il ne faisait rien du tout. Mais bon, il était parti du principe de ne pas trop mentir à la jeune femme, donc il ne le ferait pas plus maintenant qu’avant.
« Je suis professeur. » Ce qui était le cas donc, même si pour le moment, il était clair qu’il ne remplissait pas son rôle de professeur et il ne savait même pas quand il allait le faire de nouveau. S’il allait le faire de nouveau déjà. Même s’il se doutait quand même qu’il ne pourrait pas rester éloigné de l’institut trop longtemps. En tout cas, il était donc professeur, même si le « jeune » homme ne rentra pas plus que cela dans les détails. Parce que même s’il était officiellement professeur, il n’enseignait pas non plus qu’une seule matière et surtout… son enseignement jusqu’à présent concernait vraiment les mutants et leurs apprentissages de leurs pouvoirs. Et puis, en soit, il était surtout directeur de son institut, mais tout cela il ne pouvait pas le dire. Alors il se contenta juste de ça, il était professeur. « Et vous ? Qu’est-ce que vous faites dans la vie ? »
Vu son jeune âge, Charles pariait sur le fait qu’elle était étudiante. Mais du coup, il se demandait ce qu’elle étudiait.
harles lui apprit qu'il était professeur, et cette réponse lui plut d'autant plus qu'elle avait donc vu juste, fierté mal placée quand tu nous tiens, elle était ravie d'avoir réussi à deviner sa profession. Professeur ou chercheur, avait-elle pensé. Eh bien, il était donc professeur, et c'était un métier qui semblait lui aller à merveille. Il lui paraissait raisonné, intelligent, cérébral, et elle imaginait qu'il devait savoir se montrer également didactique quand la situation l'exigeait. Bref, même si elle ne savait rien de lui ou à peine (et ce n'était rien de le dire, car si elle savait à qui elle avait véritablement affaire, elle serait estomaquée), elle pensait quand même avoir cerné un minimum sa personnalité, une personnalité qui n'avait rien d'incompatible avec la sienne, raison pour laquelle, sans doute, leur conversation lui paraissait si plaisante. Après quoi Charles lui demanda ce qu'elle faisait dans la vie. Elle aimait bien entendre dans cette question. Quand on la lui posait, elle se disait qu'elle ne faisait pas son âge, et elle appréciait qu'on puisse imaginer qu'elle soit plus qu'une simple lycéenne. Enfin, elle ne dénigrait pas sa situation non plus, bien sûr, mais ses pensées reflétaient son impatience. Impatience à l'idée de quitter le lycée pour vraiment entamer des études spécialisées, même si elle n'était pas encore fixée quant à son avenir étudiant et professionnel (l'un n'allant pas sans l'autre à ses yeux). Bien sûr, il y avait la perspective de l'Angleterre, mais elle ne savait pas si elle serait capable de se déraciner à ce point... En attendant, il n'y avait qu'une seule réponse qu'elle pouvait donner à son interlocuteur. Une réponse beaucoup plus simple, en fin de compte.
-Je suis encore au lycée, lui apprit-elle alors dans un léger sourire. Ce qui en soi n'était pas bien passionnant. Elle suivait une formation générale, elle ne travaillait pas à côté pour le moment (elle ne s'était pas remise au mannequinat depuis la mort de son père, elle préférait accorder ce temps à sa mère). Elle préférait, d'ailleurs, reporter le sujet sur son interlocuteur. Car qu'il lui apprenne qu'il était professeur, c'était une chose. Mais elle avait maintenant envie d'en savoir plus sur la matière dans laquelle il était spécialiste. Vous enseignez quoi, comme matière ?
Elle ne faisait même plus mine de taire sa curiosité. C'était sans sa nature, et il faut dire aussi que son interlocuteur était d'une nature pour le moins intrigante. Ou bien c'était seulement elle qui avait mieux envie de connaître son interlocuteur ? Dans tous les cas, tant qu'il accepterait de répondre, elle ne risquait pas de cesser avec ses questions. Elle pouvait finir par passer en mode interrogatoire, ce n'était pas malveillant, c'était plus fort qu'elle, tout simplement.
Que Gwen soit encore en étude, Charles l’aurait parié. Parce qu’elle n’était pas bien vieille et que les études avaient tendance à être longues. Donc, il avait cru l’entendre affirmer qu’elle était étudiante, qu’elle apprenait telle ou telle spécialité, ce qui forcément lui aurait donné un indice sur ce qu’elle souhaitait faire plus tard. Mais le « jeune » homme fut surpris d’entendre qu’elle était encore lycéenne. Eh bien, Charles devait bien constater qu’il avait pris la jeune femme sous ses yeux pour plus vieille qu’elle n’était (il ne pensait pas qu’elle soit du genre à avoir redoublé plusieurs années d’études, elle lui semblait vraiment intelligente). Donc, si elle était encore lycéenne, ses études étaient encore bien générales et Charles n’en serait pas plus sur ses aspirations. Soit, il devait bien reconnaître qu’il avait quand même envie de la questionner sur la suite de ses études, mais elle fut plus rapide en question. Charles ne s’offusquait pas une seule seconde de la curiosité de la jeune femme. Parce que c’était un trait de caractère qu’il appréciait chez les autres, parce qu’il ne pouvait pas s’empêcher de son côté d’être particulièrement curieux aussi. La preuve, il se demandait ce que Gwen avait envie de faire de sa vie, alors qu’il ne savait finalement pas grand-chose d’elle. Ils venaient à peine de se rencontrer et pourtant, il ne pouvait pas s’empêcher d’être curieux. Comme elle donc, qui le questionna sur la matière qu’il enseignait en tant que professeur.
Cela n’arrangeait cependant pas réellement ses affaires de la voir poser autant de question, parce qu’il ne pouvait pas y répondre en toute franchise. Même s’il y avait bien évidemment une part de vérité dans toutes les réponses qu’il donnait à la jeune femme, il ne pouvait pas lui dire strictement la vérité. Parce qu’il était techniquement mort et que sa vie actuelle n’avait rien à voir avec celle qu’il avait normalement.
« Je suis professeur dans un institut spécialisé pour les enfants surdoués. » Décida-t-il de répondre, en partant donc grandement sur la « vérité ». C’était ce qu’il faisait normalement en effet, aux yeux de tous. Parce qu’il ne pouvait pas affirmer haut et fort que l’institut Charles Xavier était pour les mutants. « Du coup, j’enseigne plusieurs matières. La biologie, la science, les mathématiques, physiques, parfois un peu l’histoire. Cela dépend de ce qu’on a besoin. »
L’apprentissage des pouvoirs de mutant, notamment. Mais ça, évidemment, Charles ne pouvait pas se permettre de le répondre. À une époque, il n’y avait pas d’autres professeurs que lui… alors forcément, le mutant avait été obligé de toucher à tout. Maintenant, les enseignements étaient un peu mieux répartis. Quand bien même, en ce moment, ça devait être quelque peu compliqué. D’ailleurs, le fait de parler de l’institut, ça ne pouvait que le pousser à se dire qu’il devrait y retourner. Mais il n’avait pas envie de se plonger dans ce genre de penser.
« Vous avez l’intention de suivre quel cursus après votre diplôme ? »
wen n'avait pas mis longtemps à comprendre qu'elle n'avait pas affaire au dernier des imbéciles, mais plus la conversation avançait, plus cela, clairement, se confirmait. Car il fallait en avoir dans la caboche, très clairement, pour faire ce qu'il faisait, c'est-à-dire enseigner à une génération d'élèves surdoués, qui nécessitait donc que l'on pousse ses compétences un cran au-dessus. Et il ne se contentait pas de les enseigner dans une matière spécifique, pas du tout, il était de toute évidence doué dans à peu près toutes les matières. Gwen était impressionnée. Elle-même avait un cursus plutôt exemplaire, c'est vrai, elle avait d'excellentes notes dans toutes les matières, mais elle avait son domaine de prédilection, malgré tout. Elle savait bien qu'elle ne s'épanouirait pas dans des études de langue, de littérature, d'histoire ou de philosophie. Ce n'est pas qu'elle ne s'y intéressait pas, elle était intéressée par tout, curieuse de tout (la preuve, présentement, avec son interlocuteur qu'elle harcelait littéralement de questions en cet instant)... Mais visiblement, elle avait trouvé à qui parler, parce que de son côté, son interlocuteur n'était pas en reste non plus. Leur conversation était comme une partie incessante de ping-pong, 'in posait une question, l'autre répondait et embrayait sur une autre question, et ainsi de suite. Mais c'était bien loin de déranger la jeune femme, qui de son côté était très curieuse d'en apprendre plus sur son interlocuteur. Si répondre à ses questions à lui pouvait lui permettre d'en poser d'autre, ça lui convenait très bien. D'autant plus qu'elle ne lui demandait rien de bien indiscret, en l'occurrence, et lui non plus, alors satisfaire à sa curiosité n'avait rien de difficile ni d'éprouvant.
-Pour l'instant, je ne suis pas encore totalement décidée, même si j'ai plusieurs universités dans ma ligne de mire, mais dans tous les cas, ce sera dans le domaine des sciences. Elle afficha un sourire. Tout le monde n'a pas la chance d'être aussi multitâches et d'avoir autant de connaissances que vous.
C'était une manière comme elle de lui faire comprendre qu'elle admirait clairement sa profession et son parcours. Elle espérait qu'elle aussi embrasserait une carrière dont elle puisse être fière et qui saurait forcer l'admiration de ses proches, d'une façon ou d'une autre, ou même d'un ou d'une inconnu(e) croisé(e) dans la rue. Mais elle en était encore loin. Très loin, même. Peut-être trop loin ? Elle se rendait bien compte qu'elle était encore trop indécise, mais elle ne se sentait pas encore capable de se spécialiser, elle avait trop envie de pouvoir encore toucher à tout, d'accumuler autant de connaissances que possible sur le monde qui l'entourait. Et c'était bien pour ça qu'elle s'intéressait de très près aux sciences. Parce que les sciences aidaient à presque tout comprendre.
Cette conversation ne manquait pas d’être vraiment intéressante, quand bien même en un sens elle n’apportait pas grand-chose. Mais Charles devait bien avouer qu’il appréciait discuter avec la jeune Gwen, qui avait quand même un esprit vif comme il les aimait. La jeune femme lui expliqua alors qu’elle n’avait pas encore décidé dans quelle direction elle allait se diriger pour ses études, quand bien même elle avait plusieurs universités en vue. Charles s’en doutait un peu. Il ne connaissait rien du tout de la jeune femme après tout, mais il voyait bien qu’elle était le genre de personne à apprécier travailler, apprendre. Elle avait en tout cas l’intention de se diriger vers les sciences, Charles ne pouvait clairement pas chercher à la convaincre du contraire. Aux yeux de Charles, toutes les matières, tous les domaines, étaient intéressants. Mais quand bien même, il avait une affinité particulière pour les sciences. Charles afficha un sourire quand la jeune femme affirma qu’elle n’avait pas la chance d’être aussi multitâche que lui, d’avoir autant de connaissance que lui. Le vieil homme dans un corps de jeune n’avait pas l’habitude de se venter, mais il ne pouvait pas nier qu’il avait quand même de nombreuses connaissances à son actif. Il n’avait pas tant que cela de mérite. Charles savait que ses pouvoirs l’aident grandement à apprendre, à assimiler les connaissances. Et même si cela ne se voyait plus maintenant, il avait surtout énormément d’année d’apprentissage.
« Ce n’est que de longues années d’apprentissage. » Affirma-t-il alors, modestement, se rendant compte tout de même que ses propos pouvaient porter légèrement à confusion. Mais cela ne faisait pas si longtemps que cela finalement qu’il était redevenu jeune, il n’avait plus autant d’année inscrit sur son visage. « Je suis bien obligée de m’adapter pour mes élèves. »
Bon, ce n’était pas réellement le cas, même si ça jouait un peu quand même. Forcément, on ne pouvait pas dire qu’ils pouvaient avoir énormément de professeur dans l’institut et les jeunes mutants avaient pour certain des capacités intellectuelles incroyable.
« Je ne peux qu’encourager votre décision de vous diriger vers les sciences. » Affirma-t-il alors, pour reporter la conversation sur la jeune femme qui se trouvait sous ses yeux. Il préférait s’attarder sur les études de Gwen, plutôt que sur son travail. Parce qu’en même temps, il ne pensait pas trop raisonnable de s’attarder sur cette vie qu’il ne pouvait plus réellement vivre maintenant. Du moins, pas de la même manière. « Si vous avez besoin d’aide, de conseil, n’hésitez pas. »
En un sens, la jeune femme n’avait sans doute pas besoin de quoi que ce soit et ils ne se connaissaient vraiment pas assez pour qu’il puisse l’aider d’une quelconque manière. Mais en même temps, il ne pouvait pas nier qu’il appréciait sincèrement la présence et la conversation de la jeune femme. C’était tout à fait le genre de personne qu’il savait pouvoir partager une discussion intellectuelle intéressante et enrichissante. Même si encore une fois, il n’en savait pas tant que ça sur elle.
wen se contenta d'afficher une expression amusée quand son interlocuteur affirma qu'il devait l'étendue de ses connaissances variées à de longues années d'expérience. Le propos avait de quoi l'amuser, en effet, car l'on attribuerait plus facilement ce dernier à un homme pétri d'expérience, et donc d'un âge plus qu'avancé qu'à l'homme qui lui faisait face, et qui, à moins qu'elle se trompe - mais cela l'étonnerait - devait avoir la trentaine tout au plus. Certes, cet homme devait avoir plus d'une dizaine d'années que lui, et on pouvait sans doute accumuler un nombre conséquent de connaissances en une décennie, elle n'en doutait pas (et en oubliait tout autant si l'on y prenait pas garde), elle supposait plutôt que son interlocuteur était tout simplement modeste. Loin de se douter de ce qu'était la vérité, elle avait tout simplement le sentiment d'avoir affaire à quelqu'un de surdoué, qui en plus du reste se payait le luxe de rester humble. Autant dire que pour Gwen, c'étaient là autant de qualités qui étaient tout à son honneur, et elle était vraiment ravie d'avoir fait par hasard la connaissance d'un tel homme, même si elle ne savait pas réellement si cette conversation était vouée à mener où que ce soit et si eux-mêmes étaient destinés à se revoir ou non. Il était simplement de ces personnes qu'elle trouvait d'instinct intéressantes et avec lesquelles elle prenait un sincère plaisir à converser, sans se poser davantage de questions. Son sourire s'agrandit quand Charles affirma l'encourager dans sa vocation. L'approbation d'un presque inconnu ne signifie peut-être pas grand-chose, mais Gwen savait y attacher de l'importance, malgré tout.
-Je n'hésiterai pas, affirma-t-elle quand son interlocuteur lui proposa son aide ou au mieux ses conseils si elle en avait besoin. Il n'était pas dit que cette proposition ait la moindre issue puisque tous les deux n'étaient peut-être jamais voués à se revoir. Encore qu'on ne peut jamais présumer de rien dans la vie. Et ça, c'était une chose que son expérience personnelle n'avait pas manqué de lui apprendre avec la plus grande certitude. Ce sera plus simple si j'ai un moyen de vous contacter, observa-t-elle ensuite.
C'était peut-être un peu aventureux de sa part que de s'exprimer ainsi à l'adresse de son interlocuteur, mais c'était fait sans mauvaise intention ni arrière-pensée. Elle se trouvait en face de quelqu'un avec qui elle appréciait de converser et de qui elle avait le sentiment d'avoir beaucoup à apprendre, alors oui, elle avait véritablement envie de prendre sa proposition au pied de la lettre, et s'il serait en droit de l'envoyer balader le moment venu, elle songerait tout de même en lui si besoin de conseils.
En soit, Charles ne devait rien à la jeune Gwen, mais il ne pouvait pas s’empêcher d’avoir envie de l’aider. Pourquoi ? Au fond, le jeune homme qu’il était devenu n’en savait rien du tout. Ce qu’il savait, cependant, c’était qu’il voyait bien que la jeune femme avait de l’esprit, qu’elle avait des convictions. Il y avait quelque chose chez elle qui l’attirait – en tout bien tout honneur évidemment, il n’était clairement pas le genre d’homme à avoir ce genre de pensée – la manière dont elle pensait, la manière dont elle raisonnée. La jeune femme était une jeune femme vraiment intelligente, il n’avait pas besoin de grand-chose pour s’en rendre compte. Donc le fait qu’il lui affirme qu’elle pouvait compter sur lui, si jamais de conseil, c’était parfaitement vrai. Charles afficha un sourire quand elle affirma qu’elle n’allait pas hésiter. Le « jeune » homme savait qu’elle ne disait pas ça juste comme ça, qu’elle ne se contentait pas de lui dire ça comme ça. Le sourire de Charles s’agrandit quand Gwen lui fit remarquer qu’il sera plus facile pour elle de le contacter si elle avait un moyen de le faire. Effectivement. Par moment, le mutant devait bien avouer qu’il oubliait un peu que tout le monde ne pouvait pas juste le contacter comme ça.
« Effectivement. »
Dit-il simplement avant de marquer une pause, prenant la peine de sortir un papier et un crayon, afin d’inscrire l’adresse de l’institut Xavier. C’était le seul moyen que Gwen pourrait obtenir pour le contacter, puisqu’il n’avait pas de téléphone. Le vieil homme en avait un, tout de même, au cas où – quand bien même il ne l’utilisait presque pas – mais il ne l’avait plus depuis l’instant de sa mort. Il faudrait qu’il en récupère un, mais il n’avait pas encore pris la peine de le faire. Charles était un peu inconséquent ces derniers temps, depuis qu’il était de nouveau vivant.
« Vous pourrez me trouver ici, ou m’envoyer un courrier… » En réalité, Charles n’y était pas encore de retour, mais il savait bien qu’il allait finir par le faire. Il n’allait pas pouvoir rester de côté éternellement, quand bien même il devait se montrer prudent aussi. « Je vous aurez bien donné un numéro de téléphone, mais je n’en ai pas. »
Il ne savait même pas au final s’il existait encore des personnes – surtout des personnes de son âge, de l’âge que son corps semblait lui donner – ne possédant pas de téléphone portable, mais il n’allait de toute façon pas l’inventer. Ça n’allait peut-être pas être pratique pour Gwen de le retrouver, à tous les coups, et le fait qu’il décide de lui apporter son aide ne servirait peut-être rien, mais en même temps, Charles avait envie de se dire que cette rencontre n’était pas juste anodine. Il savait bien qu’il ne fallait pas compter sur le destin et qu’il fallait même forger son destin, mais il savait aussi que les rencontres n’étaient pas toujours le fruit du hasard.
wen savait qu'on ne considèrerait sans doute pas comme très avisé le fait de demander à un presque inconnu un moyen de le contacter. Rien ne lui garantissait, après tout, que son interlocuteur soit vraiment bien intentionné, ce n'était pas parce qu'il lui faisait une excellente impression qu'elle devait forcément s'y fier. Tout cela, elle le savait bel et bien, mais ça ne changeait rien à son attitude et à sa position. Elle faisait sans doute confiance trop facilement, et c'était un défaut dont elle chercherait bien vite à se guérir, d'une façon ou d'une autre, mais en attendant, parler à cet homme lui avait fait du bien, et elle n'avait pas cerné la moindre attitude suspecte de sa part. C'était bien assez rare de pouvoir avoir une conversation construite avec un individu du sexe opposé que l'on venait de rencontrer sans que des considérations d'ordre purement physique entrent en ligne de mire. Alors, forcément, quand ça arrivait, ce n'était pas déplaisant, et Gwen prenait. Après tout, avoir le contact de Charles ne signifiait pas forcément qu'elle chercherait à le joindre par la suite, il était même très probable que leurs chemins ne se croisent plus jamais. Elle en profitait tant qu'ils avaient le mérite de se croiser. Et qui sait, un jour, peut-être, selon les circonstances, elle se dirait que bénéficier de l'aide de son interlocuteur, comme il le lui avait proposé, lui serait favorable. Et donc, elle sauterait le pas. Parfois, les choses n'étaient pas figées, et certaines rencontres ne devaient prendre sens que plus tard. Non pas que Gwen ait complètement envie de croire au destin, mais puisque les circonstances l'y contraignaient dans tous les cas...
L'homme s'exécuta sans faire d'histoires et griffonna plusieurs mots sur un morceau de papier. Gwen attendit patiemment qu'il eut fini. Elle s'attendait à ce qu'il note son numéro sur le papier, mais il n'en fit rien, à la place, il avait inscrit une adresse. Il n'avait pas de téléphone, lui apprit-il. La nouvelle décontenança quelque peu. Voilà bien longtemps qu'elle n'avait pas croisé de technophobes investis au point de s'épargner l'usage d'un téléphone. Si c'était une question de choix ? Peut-être n'avait-il pas de téléphone pour l'instant, ou peut-être, aussi, refusait-il de lui donner son numéro de crainte qu'elle ne se montre envahissante. Elle pouvait envisager de se méfier de lui, l'inverse était tout aussi vrai, c'était de bonne guerre, même.
-Je vais m'en contenter, assura Gwen dans un sourire, en attrapant le morceau de papier. L'adresse en question ne lui disait rien, en même temps, pourquoi en aurait-il autrement. Il y a longtemps que je n'ai plus envoyé de courrier par la poste, ça me changera agréablement, assura-t-elle avec légèreté. Merci beaucoup.
Charles se doutait que la jeune femme qui se trouvait devant lui allait être surprise de découvrir qu’il n’avait pas de téléphone. Cela serait évidemment bien plus simple pour elle de le contacter s’il avait un numéro de téléphone, mais ça n’allait pas être le cas. Le « jeune » homme songeait au fait qu’il faudrait sans doute qu’il s’en procure un, mais en même temps il n’avait pas spécialement eu le temps de réellement s’en occupé depuis son retour à la vie. Tout comme en cet instant précis, il donnait l’adresse de l’institut qui portait son nom, sans pour autant avoir encore décidé d’y retourner. Enfin, le jeune homme avait donc l’intention de retourner quand même dans son institut, parce qu’il ne pouvait pas se contenter simplement de fermer les yeux, de faire comme si de rien n’était.
Le fait de discuter avec cette jeune femme, ça lui avait donné un peu le souffle qu’il avait peut-être besoin pour se décider enfin à retourner dans son école. Il allait sans doute le faire parce que si Gwen lui envoyait un courrier, autant dire qu’il valait mieux qu’il y soit quand même. Déjà qu’il forçait presque la jeune femme d’écrire un courrier, alors qu’elle ne l’avait pas fait depuis bien longtemps. Ce n’était plus réellement de leur génération – si on partait du fait que le mutant puisse être de la même génération que cette jeune femme sous ses yeux, ce qui n’était pas réellement le cas – que d’envoyer des courriers, avec l’air du téléphone mobile ou encore d’internet qui permettait à envoyer des courriers bien plus rapidement que par la poste. Mais bon, en même temps, Charles était assez vieux jeux. Non pas qu’il soit incapable de s’adapter à la nouvelle technologie, bien au contraire, mais pour l’heure ce n’était pas le cas.
« Parfois, les bonnes vieilles méthodes sont les plus efficaces. » Ou pas, le mutant ne pouvait pas garantir que c’était le plus efficace, mais en même temps c’était la seule chose qu’il pouvait offrir à la jeune femme. Si elle décidait de le contacter (parce qu’elle n’était pas du tout obligée de le faire), elle avait ce moyen et seulement ce moyen. À moins qu’elle ne décide de venir le voir directement (en partant du principe qu’il s’y trouverait évidemment). Ou alors, le destin allait simplement décider de les faire se recroiser de nouveau. Et dans tous les cas, Charles avait d’autres moyens de trouver quelqu’un, toujours en partant du principe que le « jeune » mutant allait se rendre à l’institut, pour y retrouver sa place. « Vous pouvez compter sur elle. » Dit-il alors, pour confirmer le fait qu’elle pouvait le contacter par ce moyen. « N’hésitez pas en tout cas. » Le « jeune » homme marqua une pause, avant de reprendre. « Pour le moment, je vous ai sans doute déjà pris assez de votre temps. » Cela faisait un moment maintenant qu’ils discutaient tous les deux après tout.