L

e temps leur était compté, Mindy en avait malheureusement conscience, tout comme elle avait conscience du fait qu'il leur fallait agir au plus vite. Fort heureusement, elle était portée à croire qu'elle ne se débrouillait pas trop mal quand il était question d'agir dans l'urgence, elle y était rodée. La seule différence par rapport à ses habitudes résidait dans le fait que, cette fois, elle se sentait impliquée personnellement dans ce qui se passait. Certes, elle l'avait été aussi quand il avait été question de refroidir D'Amico et sa bande, mais alors, il n'était pas question pour elle de sauver l'ennemi, il était question de le détruire, un procédé simple et logique... Sauver Harry, c'était une toute autre affaire, et quelque part, elle avait vraiment peur que toutes leurs tentatives soient vaines. Elle se raccrochait à l'espoir qu'il y ait un antidote, mais au fond, elle n'en savait rien du tout... Norman Osborn semblait heureux de sa situation, après tout, peut-être n'avait-il pas un seul instant envisagé de s'en soigner, et par conséquent, il n'avait pas cherché à en soigner son fils non plus (c'est lui qui l'avait contaminé, après tout... Mais c'était le seul espoir qu'elle avait. Si elle n'obtenait pas de réponse satisfaisante, elle savait pertinemment ce qui allait se passer : elle n'aurait plus d'excuse. Tant pis pour ses états d'âme. Les super-héros doivent parfois faire des sacrifices. Il faudrait qu'elle tue Harry Osborn. Oh non, elle n'avait vraiment pas la moindre envie d'en arriver là, mais cette nuit donnerait sans doute la réponse définitive à ses angoisses.

Son plan était simple en soi. Infiltrer les bureaux d'Oscorp de nuit, défier la sécurité, se rendre dans le bureau de Norman Osborn, et prier pour y trouver une solution. Jusque là, tout s'était déroulé sans la moindre anicroche. Quelques gardes à endormir en chemin, mais pour le reste, le tout semblait leur sourire. Une fois dans le bureau d'Osborn père, Mindy tourna son regard vers Dave. Elle n'était vraiment pas certaine qu'elle aurait été capable de tout ça sans lui, elle lui était reconnaissante d'accepter d'accomplir ce qui était certainement l'ambition la plus folle parmi toutes, et il y en avait eu, pourtant. Enfin bon, c'était pas le moment de se laisser déconcentrer.

-Je fouille son ordi, tu fouilles ses armoires, ok ? demanda-t-elle sans vraiment attendre de réponse de sa part, en s'installant déjà au bureau du patron, allumant son ordinateur.

Elle avait fort heureusement acquis grâce à son père des compétences assez poussées en informatique. Bon, elle se doutait que le poste du grand patron ne serait pas le plus simple à craquer. Mais elle devait tenter le tout pour le tout, quoi qu'il en soit. Même si elle ne trouverait peut-être rien du tout, même si tout ça était peut-être vain.

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N

orman était fatigué. Eh oui, cela arrivait même aux meilleurs, et l'on ne pouvait pas dire que, ces derniers temps, le chef d'entreprise se soit réellement ménagé, bien au contraire, il ne comptait pas ses heures, comme toujours, et il avait toujours vécu à un rythme effréné, boosté encore par les nouvelles limites qu'il pouvait franchir depuis qu'il avait acquis ses capacités surhumaines. Mais quand bien même son organisme était dorénavant renforcé, il ne pouvait que constater tirer sur la corde malgré tout certaines fois, et en cet instant, c'était l'évidence. Il n'avait pas dormi de la nuit. Il avait arpenté la ville revêtu de son costume de bouffon vert, et avait fait un carnage dont il n'était pas peu fier. Il avait à peine eu le temps de troquer sa tenue de super vilain pour son costard-cravate afin de se rendre dans les locaux d'Oscorp pour jouer son rôle habituel de chef d'entreprise ambitieux, qui n'était pas exactement un rôle, d'ailleurs. Par moments, Norman lui-même peinait à savoir laquelle de ses identités était un personnages et laquelle autre était le vrai "lui". Norman Osborn ou le bouffon vert ? Les deux étaient intimement liés, distincts et indissociables en même temps. En définitive, impossible de savoir ce qui correspondait le plus à son vrai "lui". Il y en avait deux, tout simplement, et celui qui était en action pour l'heure avait fait un passage express dans son bureau avant de quitter la tour d'Oscorp le temps d'une réunion avec ses actionnaires, qu'il fallait comme d'habitude convaincre d'un peu plus de générosité. Cette réunion n'avait en rien arrangé sa fatigue, d'ailleurs, et tandis qu'il ouvrait la porte de son bureau, il espérait bien y savourer un peu de calme et de solitude avant le prochain rush.

Sauf qu'une fois sur place, force fut de constater pour le directeur général que l'entrée de son bureau avait une fois encore été forcée. La sécurité avait pourtant été renforcée, mais manifestement, cela n'y avait pas suffi. Encore deux justiciers en herbe pour venir fouiner dans ses affaires. Et ni l'un ni l'autre ne faisaient parler de lui. Kick-Ass n'avaient plus guère besoin d'affirmer sa réputation, quant à son acolyte... eh bien, il l'avait déjà rencontrée. À ce même endroit. C'était en train de devenir une habitude. Une très mauvaise habitude.

-Que faites-vous ici ? demanda-t-il d'un ton froid et très neutre, signalant sa présence par un timbre autoritaire. Il allait appeler la sécurité fissa, mais tout d'abord, il voulait connaître les raisons de leur présence. S'ils savaient quoi que ce soit de compromettant à leur sujet, les virer de son bureau à grands renforts protocolaires ne suffirait pas.

Il les jaugeait du regard, prêt à répliquer si les deux super-héros devaient vouloir s'en prendre à lui. Il pensait cette fois pouvoir avoir aisément l'avantage, et il comptait bien user de ses compétences exceptionnelles pour cela.

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E

lle avait finalement réussi à s'introduire dans les données de l'ordinateur personnel de Norman Osborn. Mais accéder à ses fichiers n'était pas suffisant, restait-il à trouver ceux qui, compromettants, pourraient sauver Harry. Elle savait qu'elle pourrait bien saisir l'occasion pour faire couler Osborn père ainsi que toute son entreprise, mais ce n'était absolument pas son objectif, en tout cas pas pour le moment. À quoi bon participer au déclin de Norman Osborn si, en contrepartie, son meilleur ami demeurait victime de ses démons. Elle n'avait vraiment pas envie de mettre la promesse qu'elle lui avait faite à exécution. Pas la moindre envie, non, il fallait donc absolument qu'ils trouvent quelque chose. Mindy sélectionna plusieurs fichiers qui lui semblaient intéressants, elle tirait de sa poche sa clé usb tandis que Dave lui apprenait qu'il ne trouvait rien de véritablement utile de son côté... sans surprise, au final... Mindy ne s'était pas vraiment attendu à ce que la réponse leur tombe toute cuite dans le bec... mais ça ne coûtait rien d'essayer pour autant. Il fallait bien commencer quelque part. Mindy allait répondre quelque chose quand la porte du bureau s'ouvrit. Par réflexe, la jeune femme pointa son arme dans sa direction. Il s'agissait de Norman Osborn... Mauvais timing. Mais c'était prévisible, malheureusement, et d'un autre côté, c'était peut-être mieux comme ça, ils pourraient puiser leurs informations à la source. Même s'il s'agissait là d'une source bien dangereuse... Ils n'avaient pas seulement affaire à un homme extrêmement influent, ils avaient face à eux un super-vilain capable du pire et qui avait déjà de nombreuses victimes à son actif... S'il fallait en passer par là... soit, ils n'avaient pas le choix de toute façon... Mindy n'avait pas l'intention de se laisser démonter... Et Dave non plus, manifestement, puisqu'il répondit en premier, sans flancher. Oui, ils exigeaient des réponses. Et ils en auraient. D'une manière ou d'une autre.

-On sait qui tu es, bouffon, répliqua-t-elle, son arme pointée sur le chef d'entreprise, satisfaite de pouvoir tout en l'insultant lui laisser entendre qu'ils étaient au fait de sa double-identité. On a des preuves, alors si tu nous fais quoi que ce soit, ton nom fera la une des journaux..

C'était du bluff, évidemment, mais Mindy faisait ce qu'elle pouvait pour paraître convaincante malgré tout. Il suffisait que leur interlocuteur doute pour qu'ils puissent obtenir gain de cause. Car clairement, si Mindy avait foi en leurs compétences respectives, à elle et Dave, ce n'était pas pour autant qu'elle ignorait les risques que comportait le fait de se battre contre un individu qu'un sérum avait rendu surpuissant. Ils ne seraient d'aucune utilité à Harry s'ils se laissaient battre si facilement.

-Dis-nous comment réparer ce que t'as fait à ton fils, ordonna-t-elle alors d'un ton autoritaire, avançant d'un pas.

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I

ls cherchaient des réponses, répliqua en premier le justicier. Pour tout dire, Norman préférait cette affirmation à beaucoup d'autres, car s'ils cherchaient, cela signifiait qu'ils n'avaient pas trouvé encore.... Même s'il ignorait à quelles questions les deux super-héros cherchaient à répondre exactement. C'était qu'à l'inverse d'individus peu scrupuleux qui n'auraient qu'un ou deux cadavres dans leurs placards, le PDG d'Oscorp, lui, en avait des centaines. Il pouvait être attaqué sur de nombreux fronts, mais s'arrangeait toujours, bien sûr, pour que ces vérités demeurent enterrées et seulement accessibles au plus petit nombre. Si ses interlocuteurs n'avaient rien trouvé, ce n'était pas pour rien. Et Norman n'avait guère l'intention de leur faciliter la tâche, même si pour l'heure il n'esquissait aucun mouvement pour les arrêter. Il n'appelait pas la sécurité, il n'envisageait pas d'employer la force, il voulait avant cela très exactement savoir les raisons de la présence de ces deux énergumènes dans son bureau, et il allait être exaucé. Puisque ce fut au tour de l'acolyte de Kick-Ass de prendre la parole. La demoiselle ne mit pas longtemps à pointer son arme dans sa direction. Par réflexe, Norman eut un mouvement de recul. Il ne comptait pas se laisser impressionner pour "si peu", en définitive. Il voulait croire que pour le moment, il avait l'avantage, mais ses assaillants allaient en fait le reprendre rapidement.

Le chef d'entreprise se raidit quand la jeune femme lui fit comprendre qu'ils connaissaient sa double identité. Ils savaient qu'il était le bouffon vert. Comment était-ce possible ? Norman hésitait entre nier et interroger, mais il n'eut rien le temps de dire, car la jeune femme reprit la parole en affirmant d'un ton suffisamment convaincant pour qu'il s'y laisse preuve, qu'ils avaient des preuves et qu'ils révéleraient tout s'il leur faisait quoi que ce soit. Ce fut quand Hit-Girl mentionna son fils que Norman comprit. Ils étaient au courant... Et s'ils savaient qu'il était le bouffon vert, c'était peut-être qu'ils l'avaient appris de Harry. Il allait vraiment falloir qu'ils aient une grande conversation tous les deux. En attendant, il allait falloir qu'il parvienne à se tirer de cette situation. "Pas d'entourloupe", il avait bien compris. Mais il ne comptait pas s'aplatir face aux justiciers.

-Je vois, répondit-il avec autant de calme que possible, il refusait de laisser entrevoir que la découverte de sa deuxième identité l'avait quelque peu ébranlé. Il avait toujours besoin de garder le contrôle. C'était plus fort que lui... Et si je n'ai pas d'antidote ?

Il pourrait bluffer, mais ce n'était en l'occurrence même pas le cas. Il n'avait effectivement pas d'antidote au mal qui rongeait Harry (et qu'il ne considérait absolument pas comme un mal, pas le moins du monde), et il ne comptait certainement pas en trouver. À ses yeux, injecter le sérum à son fils était l'une des meilleures décisions qu'elle ait jamais prises.

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L

e "Je vois" du PDG d'Oscorp était on ne peut plus significatif, et Mindy ne comprenait trop bien ce que son interlocuteur voyait. Elle avait agi sous l'impulsion du moment, elle avait voulu faire cracher le morceau au bouffon vert, mais en faisant cela, elle lui avait révélé, sans aucun doute possible, qu'elle tenait de Harry toutes les informations qu'ils possédaient. Ce qui pourrait bien leur retomber dessus. Mais la jeune femme ne comptait pas le laisser faire quoi que ce soit à son meilleur ami sous prétexte qu'il avait compris cela. De toute manière, elle n'avait pas particulièrement l'intention non plus de laisser l'homme s'en tirer en un seul morceau, elle comptait bien obtenir de lui toutes les informations qu'elle désirait. Et avant ou après, qu'importe à quel moment, elle lui referait le portrait, et sans négliger de lui faire très, très mal. Elle haïssait profondément ce type, et surtout, il était de ces individus qu'elle devait supprimer, puisqu'il répondait à tous les critères qu'elle exécrait, il remplissait toutes les conditions pour se faire massacrer dans les règles au nom de la Justice. Mieux valait pour Harry qu'il n'ait pas de père plutôt que d'avoir Norman Osborn comme géniteur, dans tous les cas. Et concernant ce dernier, d'ailleurs, quand il répliqua, bien trop calmement à son goût, ce fut pour prononcer quelques mots dans lesquels elle craignait de discerner une entière vérité. Elle avait, bien sûr, envisagé l'hypothèse que Norman Osborn ne sache effectivement pas comment "guérir" son fils du mal qu'il lui avait inoculé, qu'il n'y ait pas d'antidote. Mais elle ne voulait pas imaginer une chose pareille, parce que ça voudrait dire qu'il n'y avait aucun moyen de sauver Harry, qu'il était condamné, qu'elle devrait le tuer... En cet instant, elle priait vraiment pour qu'il bluffe, comme Dave sous-entendit aussi de son côté que c'était peut-être le cas.

-Quel intérêt aurais-je eu à créer un remède ? dit-il alors d'un ton posé qui donna à Mindy l'envie de lui arracher la peau du visage.

Aucun, peut-être... En fait, elle avait beau considérer Norman Osborn comme un manipulateur émérite, elle craignait fort qu'il ne mène pas en bateau, en l'occurrence, et ça lui déplaisait des plus profondément. Mindy ne se démonta pas, de rage, elle se rapprocha de Norman en colla son arme en contre son bas ventre (faute de pouvoir atteindre le sommet de son crâne au vu de leur différence de taille, cela lui permettait au demeurant de menacer une partie de son anatomie qu'il n'avait certainement pas envie de voir disparaître).

-Ecoute, bouffeur de merde, c'est bien simple, si tu craches pas le morceau tout de suite, non seulement je vais ternir ta réputation au point qu'on ne voudra même plus de toi pour racler les fonds de chiotte de la prison où on t'enverra croupir, mais en plus tes couilles vont redécorer les murs de ton bureau.

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orman ne sut trop si l'argument qu'il avait avancé avait réellement su (ou non) convaincre ses interlocuteurs. Que le doute se soit insinué ou non en eux, le résultat ne fut quoi qu'il en soit pas celui qu'il escomptait, puisque la petite furie à la perruque violette, visiblement en rogne, se précipita dans sa direction sans la moindre vergogne, pointant son pistolet sur l'un des lieux les plus sensibles de son anatomie, qu'il apprécierait, de préférence, qu'on laisse tranquille, à choisir. Mais la sale gosse, malheureusement, n'avait pas l'air de plaisanter, et Norman ne sut s'empêcher de prendre ses menaces très au sérieux quand la détestable gamine lui proposa de refaire, à sa manière bien à elle, la déco de son bureau. D'où elle sortait, celle-là ? Entre ses menaces en-dessous de la ceinture et son langage de charretier, elle était difficilement identifiable à la simple adolescente qu'on la présumerait être en présumant seulement de son gabarit et de sa voix. Quant à son accolyte, il ne lui inspirait pas davantage confiance, à le jauger du coin de l'oeil sans mot dire. Cela lui déplaisait de le reconnaître, mais il était loin d'être en position de force en cet instant précis. Certes, ses pouvoirs suffiraient peut-être à faire valdinguer Hit-Girl de l'autre côté de la pièce, mais il suffisait que le coup parte, qu'il ne soit pas suffisamment rapide, et c'en serait fini pour lui d'une virilité à laquelle, tout de même, il tenait un minimum. C'est en tentant de garder tout son sang-froid qu'il décida donc, en tout cas pour l'heure, de privilégier le verbe à l'action, pensant qu'il en sortirait gagnant, en définitive.

-Il n'y a pas de remède, d'accord ? répliqua-t-il en regardant successivement ses deux opposants dans le blanc des yeux. J'aurais été bien stupide de créer moi-même un remède susceptible de me neutraliser s'il devait tomber entre de mauvaises mains, vous ne pensez pas ?

Et il osait penser que ses assaillants seraient au moins d'accord avec son discours, qui manquait d'autant moins de cohérence qu'il exprimait la plus stricte des vérités. La fillette à la perruque violette sembla hésiter encore un instant avant de finalement lever plus haut son arme. Il crut qu'elle allait la ranger, il n'en était rien. A présent, elle visait le coeur.

-S'il n'y a pas d'antidote, alors vous allez en fabriquer un, c'est pigé ? décréta-t-elle alors d'un ton ferme.

Cette fois, ce fut d'un geste que Norman répondit. Il parvint à prendre Hit-Girl de vitesse et à saisir le bras qui tenait son arme, le tordant si fort qu'elle fut obligée de lâcher prise en dépit de tous ses efforts pour tenir bon.

-Hors de question, répliqua-t-il d'un ton ferme.

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M

indy pensait avoir le dessus sur le patron d'Oscorp, c'était une véritable erreur de sa part. Elle savait, bien sûr, qu'il était redoutable, elle savait bien qu'il était le bouffon vert et qu'il possédait à ce titre des compétences exceptionnelles, mais elle n'avait qu'à appuyer sur la gâchette pour lui faire regretter de ne pas "coopérer" avec eux. Sauf que la jeune femme avait sous-estimé la vitesse exceptionnelle de l'homme dont elle voulait sauver le fils. Elle ne le vit pas du tout faire, elle n'eut rien le temps de comprendre quand, finalement, il attrapa son bras. Il le tordit si fort qu'elle avait le sentiment de sentir ses os se briser. La jeune femme n'eut pas d'autre choix que de lâcher son arme, se maudissant intérieurement de ne pas avoir immédiatement mis ses menaces à exécution, ce qui lui aurait clairement épargné cette situation. La douleur était proche de l'intolérable, et elle devait se faire violence pour ne pas laisser les larmes lui monter aux yeux. Elle tentait bien de jouer des jambes pour reprendre le dessus sur le super-vilain et lui faire lâcher prise, mais c'était sans compter sur la force et la dextérité de leur ennemi, qui ne lâchait rien, qui ne voulait rien lâcher. A voir ainsi ce dont il était capable, Mindy n'en était que d'autant plus inquiète pour son meilleur ami. Qui sait ce qui allait se passer si les circonstances le menaient déjà si loin si vite. Dave leva la voix, ordonnant à Norman Osborn de lâcher prise, mais il ne semblait pas avoir la moindre intention de répondre aux revendications de son adversaire malgré tout. Au contraire, il y avait du défi dans son regard et il renforça encore sa poigne sur le bras de la jeune femme, qui fut bien incapable de ne pas pousser en retour un cri de douleur.

Mais finalement, Dave, abandonnant toute prudence, se précipita en direction du PDG d'Oscorp et le frappa en plein visage. Prit par surprise, l'homme fut incapable de garder le contrôle plus longtemps et lâcha Mindy. Cette dernière lança un regard furtif en direction de ce dernier, il était rouge et il lui semblait avoir enflé, il lui faisait encore mal mais elle prit sur elle et retrouva rapidement ses esprits. Rivaliser de vitesse avec un ennemi tel que lui n'était pas aisé, d'autant qu'il possédait des pouvoirs qu'eux-mêmes n'auraient jamais. Mais ils disposaient malgré tout de l'avantage du nombre. A deux contre un, ils pouvaient avoir le dessus. Quand l'un faiblissait comme ce venait d'être le cas, l'autre venait à la rescousse. Mindy récupéra son arme tombée au sol. Elle se repositionna donc de sorte de viser une nouvelle fois Norman, qui se remettait rapidement du coup qui lui avait été porté.

-Bon, c'est quoi, ton prix ? demanda-t-elle, qui commençait à admettre que la menace ne fonctionnerait pas. Il allait falloir marchander.
Osborn sembla surpris de ce revirement de situation, mais malgré tout près à potentiellement négocier. En tant qu'homme d'affaires, il devait avoir ça dans le sang.
-Tout dépend de ce que vous pouvez me proposer, répondit-il alors d'un ton qui ne lui disait rien qui vaille.

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L'

entreprise de Kick-Ass et Hit-Girl pouvait peut-être paraître par certains aspects louable et parfaitement honorable, elle n'en demeurait pas moins vaine, et le patron d'Oscorp était particulièrement bien placé pour le savoir. Il n'y avait pas d'antidote, le chef d'entreprise avait peut-être jugé utile à une époque d'en créer un, mais depuis, le bouffon vert avait totalement pris le dessus, et il trouvait cette perspective ce qu'il y a de plus inutile. A quoi bon chercher de quoi se "soigner" ? Il ne considérait pas être malade. Bien au contraire, même, il considérait plutôt avoir été optimisé, et cette vision des choses lui convenait bien. Non, il ne comptait pas se protéger lui-même du mal qui le rongeait ni protéger son fils, tout simplement parce que, à ses yeux, ce n'était pas un mal du tout. Bien au contraire, même, il ne s'était jamais senti aussi vivant que depuis la naissance du bouffon vert, et il ne changerait jamais quoi que ce soit à cela. Il était prêt à riposter par la violence, si c'était la seule méthode que ses adversaires connaissaient, pour la peine, et il était convaincu d'avoir l'avantage, même s'il s'était laissé prendre par surprise par Kick-Ass, qui avait eu le temps de le frapper en plein voyage (mais cela ne se voyait déjà plus - un autre avantage d'être qui elle était).

Mais apparemment, Hit-Girl aussi, après s'être désagréablement laissé tordre (si ce n'est casser) le poignet, avait rejoint son opinion. Et voilà qu'elle décidait de marchander. Voilà une perspective qu'il trouvait amusante. Certes, puisqu'il n'avait en soi pas d'antidote, cette proposition ne semblait pas avoir beaucoup de sens, mais certains marchés n'avaient pas forcément à être équitables, et Norman était curieux de savoir ce que ses interlocuteurs semblaient capable de lui accorder... Ce n'était certainement pas la réponse de Kick-Ass, vague au possible, qui allait le convaincre. Il ne marchait pas à ce genre de bluff, il en avait trop vu sans doute. Il avait besoin de quelque chose de beaucoup plus concret pour se laisser convaincre, pour se laisser séduire. Faisant une fois de plus appel à sa vitesse augmentée, Norman parvint à arracher son arme à Hit-Girl et l'enfonça sur sa tempe. La gamine ne se laissait pas démonter, et lui porta plusieurs coups assez douloureux, il devait l'avouer, mais il parvint tout de même à la stabiliser en planquant son avant-bras sous sa gorge.

-Il va falloir se montrer beaucoup plus convaincant que ça, petit, répliqua-t-il à l'adresse de Kick-Ass, et la menace envers Hit-Girl était claire. Mais ce fut la voix de cette dernière qui s'éleva vos ennemis.
-Vous devez avoir un paquet d'ennemis, non ? répliqua-t-elle alors. On peut vous en débarrasser pour vous.
Tentant, c'est vrai... mais pas assez.
-Je sais très bien gérer mes ennemis, affirma-t-il en appuyant plus profondément son arme contre sa tempe.

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M

indy n’avait rien pu faire contre la rapidité et l’agilité surdéveloppée du bouffon vert (ce qui n’était pas forcément engageant si elle devait finalement lutter contre Harry, car ce dernier n’avait pas des capacités différentes de celles de son père grâce à ce dernier), et voilà qu’elle passait du rôle de celle iqui menace à celui de la personne menacée. Un rôle qu’elle n’appréciait guère, il faut bien le dire, et elle ne trouvait pas qu’il lui allait très bien, mais elle acceptait de s’y plier néanmoins… parce que la jeune femme savait bien que le moindre mouvement brusque ou de travers pourrait lui être fatal, pour peu que Norman Osbon décide d’appuyer sur la détente. Assassinée avec sa propre arme, retournée contre elle… ce serait une fin bien pathétique pou Hit-Girl… Hors de question que cela arrive, pour son honneur et pour la mémoire de son père… elle n’osait même pas imaginer ce qu’il dirait en la voyant dans cette position. Pour Dave, aussi, bien sûr. Elle se devait de tenir bon pour lui. Et grâce à lui… parce que sa présence l’encourageait à penser qu’ils pouvaient reprendre le dessus sur la situation. A un contre un, ils étaient manifestement trop faibles par rapport aux pouvoirs augmentés du chef d’entreprise, mais ils étaient deux, et ils formaient une équipe bien plus redoutable que ce qu’ils pouvaient bien laisser paraître, quand ils le décidaient. Encore que pour le moment, ils n’avaient pas vraiment l’avantage… Mindy savait qu’il fallait négocier, mais elle n’avait pas eu d’idée bien grandiose. Le débarrasser de ses ennemis… bien sûr, quand elle disait cela, elle pensait surtout à ses concurrents, tout aussi verreux que lui, qu’ils pourraient réduire au silence sans scrupule. Ce qui serait débarrasser la société et Osborn d’un poids sans trop compromettre ses principes, mais Osborn n’avait pas l’air outre mesure convaincu. Evidemment. Ça n’aurait pas pu être aussi simple…et elle ne pouvait pas prétendre ne pas s’en être doutée.

Ce fut donc au tour de Dave d’embrayer, et là, l’affaire se corser. Selon l’angle que le jeune homme décidait d’aborder, il est certain que la perspective serait plus tentante pour le PDG d’Oscorp. Jouer de leur réseau au sein du gouvernement (encore qu’il était tout relatif) ? Le débarrasser de Spider-Man, ça devait lui parler. Mindy chercha le regard de Dave, afin de s’assurer qu’il bluffait. Elle savait bien qu’il serait le dernier à vouloir exécuter ce genre de proposition, mais elle savait aussi que l’on peut concéder plus de choses à son ennemi quand la personne que l’on aime est à portée de son revolver… si les rôles étaient inversés, elle-même ne savait pas comment elle réagirait… En attendant, hors de question de couvrir le bouffon vert, encore moins de s’en prendre à Spider-Man (si incompréhensible cela puisse être, elle s’y était attachée, à l’homme-araignée), ils ne seraient plus de vrais super-héros s’ils faisaient ça. Mais bluffer semblait être la meilleure option, et d’ailleurs, Osborn ne parut pas indifférent aux propos de Kick-Ass, même si un peu sceptique.

-Et comment est-ce que vous comptez vous y prendre ? demanda-t-il alors.

De toute évidence, Spider-Man était un mot magique pour lui. Bon à retenir.

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C'

est certain, Kick Ass avait prononcé le mot magique. Pour attirer l'attention du PDG d'Oscorp (et surtout du bouffon vert, mais cela faisait longtemps à présent qu'ils ne faisaient plus qu'un), il n'y avait rien de mieux que de lui parler de son nemesis, qu'il cherchait à faire taire depuis bien longtemps sans aucun succès, alors oui, il était clairement prêt à entendre ce qu'on avait à lui proposer, même s'il éprouvait des réticences à les croire, tout de même. Il avait face à lui des justiciers. Que gagneraient-ils à échanger la vie du Hobgoblin contre celle de Spider-Man ? Peut-être qu'ils étaient proches de Harry, mais malgré tout, ça ne lui semblait pas réellement coller. Malgré tout, il ne comptait pas passer à côté de la possibilité de peut-être gagner du terrain sur son ennemi, et il comptait donc se montrer attentif aux propos de son interlocuteur. En soi, le discours de son interlocuteur était cohérent. Il est vrai que l'homme-araignée n'avait aucune raison de se méfier de deux justiciers qui, techniquement, devaient être dans le même camp que lui. Ils pouvaient donc le trahir et lui tendre un guet-appens. Oui, sur le papier, c'était un plan idéal, mais Norman n'était pas le dernier des idiots non plus, il n'allait certainement pas leur confier un antidote (qui de toute façon n'existait pas) sans garantie derrière.

-Qu'est-ce qui me garantis que vous tiendrez votre part du marché ? demanda-t-il.
Il était loin d'être crédule, mais ça ne l'empêchait pas d'être intrigué, bien au contraire. Qui sait, d'un malentendu, ou même d'une manoeuvre malhabile, d'un coup de bluff de leur part, il pourrait retirer quelque chose de positif. Si ils connaissaient vraiment Spider-Man, même s'ils ne voulaient pas le livrer à lui, il trouverait peut-être un nouveau côté par lequel l'attaquer.
-Laissez-nous partir d'ici, donnez-nous une date, une heure et un lieu, et on sera là avec l'araignée, vous avec le sérum, répliqua Hit-Girl d'un ton qui semblait assuré.
Bon, c'était à double-tranchant. Ils pourraient revenir plus préparés, sans Spider-Man (en même temps, lui ne viendrait pas avec le sérum, puisqu'il n'existait bien évidemment pas), et lui tendre piège. Mais décider du lieu et de la date lui donnait l'avantage, et il ferait ce qu'il pourrait. Dans tous les cas, à ce petit jeu, si c'en était un, il pensait être bien plus fort que ses adversaires. A trois contre un, c'est certain qu'ils pouvaient avoir l'avantage... Mais qui dit qu'ils seraient bel et bien à trois contre un ? La majorité ne serait peut-être pas là où on l'attendait. Après un moment de réflexion, il hocha finalement la tête.
-Très bien.

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