Dave était parti au travail depuis une trentaine de minute. Emma venait de terminer de s’habiller après être sortie de sa douche. Depuis la catastrophe Mindy, elle avait prit l’habitude de se déshabiller et de se rhabiller dans la salle-de-bain, on ne savait jamais.
De retour dans la chambre qu’elle occupait, elle se coucha à terre pour sortir de sous le lit des vêtements qu’elle y avait caché. Il s’agissait de vêtements d’hommes, des vêtements que Dave avait décidé de jeter pour diverses raisons et qu’Emma avait chipés discrètement. Il y avait 2 tshirts, un jeans mais surtout un sweat à capuche et fermeture éclair et une veste. Des vêtements simples mais encore utilisable et chaud. Elle avait également prit une vieille paire de rangers que Dave ne semblait plus avoir remis depuis des années et qu’elle avait trouvé par hasard au garage. Elle avait attendu quelques jours pour voir si son ami les rechercherait mais il semblait les avoir oubliés.
Rapidement, il fourra son maigre butin dans son bon vieux sac à bandoulière avant de prendre la direction de la cuisine. Après avoir hésité un instant, elle fit un thermos de café qu’elle ajouta à son bagage. Il ne manquait plus qu’une dernière chose, les quelques dollars que Dave avait insisté à lui donné en guise « d’argent de poche » qui lui restait après qu’elle ait acheté le strict essentiel nécessaire à une jeune femme vivant dans une maison n’ayant été habitée que par des hommes depuis des années.
Comme à son habitude, elle laissa un petit mot pour Dave sur la table du salon au cas où il rentrerait avant elle. Un petit billet écrit de l’écriture malhabile typique des personnes n’ayant jamais vraiment apprit à écrire et dans une orthographe plutôt incertaine. « Je suis sorti, je revien vitte. Bisses ». Son illettrisme avait toujours été une véritable honte pour Emma qui était toujours gênée quand elle écrivait ses petits mots pour Dave en priant d’être rentrée avant lui pour pouvoir les cacher avant qu’il n’ait à les lire.
Son sac passé à son épaule, la mutante attrapa le double des clés que Dave lui avait laissé et fila. Elle n’était pas certaine de l’endroit exact où elle devait se rendre mais avait quelques idées. Les deux premières s’avérèrent infructueuses mais finalement, elle trouva ce qu’elle cherchait dans un petit skate park couvert de graffitis de la ville. Enfin, qui elle cherchait était plus juste.
De peur de voir le jeune homme disparaitre, dans le sens premier du terme, elle accéléra le pas, enfonçant sa tête dans ses épaules en entendant les gloussements de deux lycéennes la croisant et se moquant de sa démarche peu féminine et presque approximative. Marcher debout avait toujours été difficile pour elle, surtout quand elle voulait marcher vite. Quant à courir sur ses deux jambes, cela lui était presque impossible et se soldait immanquablement par une chute assez rapidement.
Pietro !, l’interpella-t-elle en arrivant à sa hauteur. Elle avait disparu durant plusieurs jours sans donner de nouvelles, elle espérait qu’il ne lui en voulait pas trop. Arrivée devant lui, elle releva légèrement sa capuche pour dévoiler son visage qu’elle continuait de garder le plus souvent caché en public.
Maintenant qu’elle l’avait retrouvé, elle culpabilisait d’avoir ainsi disparu. Elle n’était pas vraiment sûre de pouvoir dire qu’ils étaient proches mais Pietro l’avait souvent aidé en lui trouvant de la nourriture. Elle devait passer pour la profiteuse de service maintenant.
Je suis désolée d’être partie mais…, marquant une courte pause, elle sorti le thermos de son sac qu’elle tendit telle une offrande de paix. Je t’ai apporté du café. Il est chaud.
Bon Pietro était naturellement du genre sur vitaminé et la caféine ne lui était peut-être pas une nécessité mais Emma n’avait encore jamais trouvé de thé chez Dave et elle préférait éviter de taper dans les réserves de poudre cacao qui semblait être la poudre magique pour calmer Mindy.
La vie dans la rue était difficile, Pietro n’allait pas dire le contraire. Mais il préférait quand même penser que c’était mieux que sa vie d’avant. Il n’avait aucune envie de faire marche arrière et de retourner dans la confrérie, même pour Wanda. C’était difficile à assumer, mais le jeune homme ne faisait même pas marche arrière pour sa jumelle adorée. Ils en avaient longuement discuté avant son départ, ils en avaient parlé depuis également quand elle l’avait retrouvé, ils étaient campés sur leurs positions. Wanda n’avait aucune envie de quitter Magnéto pour lui, comme il n’avait pas envie de le retrouver pour elle. Il ne fallait pas y voir une trop grande déchirure entre les Maximoff, rien ne pouvait les séparer complètement. Ils traversaient simplement une période où ils vivaient plus séparés que d’habitude, mais Pietro était persuadé de retrouver un jour pleinement sa sœur. Et ils faisaient en sorte de se voir quand même régulièrement.
En attendant, Pietro vivait du mieux qu’il pouvait. Le fait d’être un mutant aidait quand même énormément pour survivre dans la rue. Quand il était jeune, il se servait déjà de ses pouvoirs pour se procurer à manger. Aujourd’hui, il en faisait de même. Il venait justement de récupérer un sandwich qu’il avait bien l’intention de manger rapidement. Quicksilver faisait de toute façon tout d’une manière rapide (presque tout, il ne fallait pas exagérer). Il s’était installé dans un skate Park, ne prêtant pas vraiment attention à ce qu’il y avait autour de lui. Il venait de terminer son sandwich, qui était fort bon, quand il entendit quelqu’un l’appeler par son prénom. En se retournant, le jeune homme eut l’agréable surprise de voir Emma.
« Emma ! »
Cela faisait plusieurs jours que le mutant n’avait pas eu l’occasion de la voir. Il s’était demandé si quelque chose lui était arrivé, avec la vie dans la rue on ne savait pas toujours. Même s’il s’était quand même dit qu’Emma était capable de se défendre, elle était une mutante après tout. Il n’avait pas eu de moyen d’avoir de ses nouvelles de toute façon, jusqu’à présent. Il était content de constater qu’elle semblait aller bien, mieux même. Elle semblait avoir pris une douche, c’était quand même énorme. Pietro ne savait pas quand il avait eu la chance de se doucher pour la dernière fois.
« Oh trop bien ! Ça fait longtemps que je n’en ai pas bu de chaud ! » Le jeune homme n’avait pas vraiment besoin de ce genre de boisson pour avoir de l’énergie, en fait cela avait même tendance à ne rien lui faire. Tant mieux, ce n’était pas le moment d’avoir une crise d’énervement. « Qu’est-ce que tu deviens ? »
Cette question en comprenait plusieurs, Pietro se demandait vraiment où son amie avait pu passer ces derniers et comment elle avait eu ce café, dans un vrai thermos en plus. Elle avait surement trouvé un endroit où vivre, il n’y avait pas d’autres solutions.
C’était un véritable soulagement de revoir Pietro. Non pas qu’Emma s’était vraiment inquiété pour lui car avec sa mutation, il était à même de bien mieux se débrouiller que la plupart des SDF mais parce qu’il était le seul mutant dont elle était sûr qu’il n’appartenait pas – plus – à cette satanée Confrérie qui semblait omniprésente.
Le seul hic était qu’à présent, elle allait devoir lui avouer qu’elle avait tout dit à Wanda. Et là, ça risquait de se compliquer un peu mais cela pouvait bien attendre encore un moment. Pour le moment, elle voulait juste profiter du plaisir de retrouver son ami et surtout d’être celle qui pour une fois lui venait en aide et non pas l’inverse. Avec tout ce que Pietro avait fait pour elle, elle pouvait bien lui rendre l’ascenseur.
C’est pourquoi elle ne lui répondit pas directement quand il lui demanda ce qu’elle devenait. À la place, elle fouilla dans son sac et en sortit les vêtements qui n’étaient plus de première jeunesse.
J’ai ça aussi pour toi, lui dit-elle en déposant les quelques fringues sur le muret. Avec tout ce qu’il a plu ces jours, j’ai pensé que tu aurais besoin de vêtements chaud. Et j’ai rien volé, promis !, ajoutait-t-elle en connaissant l’avis de Pietro sur le vol. Même si cela leur était souvent nécessaire, il l’évitait le plus possible. Et pourtant, avec son pouvoir, il aurait pu sans problème dévaliser tous les magasins des environs. C’était cette droiture qui avait plut à Emma chez lui et qui avait fait qu’elle lui avait accordé sa confiance malgré le fait qu’elle ne cessait de se dire qu’elle devait absolument se montrer plus méfiante. Ça allait partir à la poubelle, j’ai juste fait de la récup. Je pense que ça devrait être à ta taille.
Tout en parlant, elle leva le sweat qu’elle tendit entre eux pour en juger de la taille sur Pietro. A priori, elle avait plutôt vu juste, Dave et lui semblaient effectivement avoir sensiblement la même carrure.
Et prend ça aussi, reprit-elle en sortant les quelques dollars de la poche de son sac qu’elle fourra dans la main de Pietro. Il y a pas grand-chose mais c’est toujours mieux que rien.
Après tout, elle avait acheté le strict minimum dont elle avait besoin et s’il était vrai que sa propre garde-robe avait un vrai besoin de renouvellement elle aussi, elle avait à sa disposition la machine à laver pour au moins garder ses vêtements propres avant d’en acheter d’autres. Elle avait juste investi dans une nouvelle paire de botte de type rangers bien solide qui avec du bol pourrait lui tenir bien 2 ans.
Maintenant qu’elle avait joué au Père Noël version seconde main, elle s’attendait bien à ce que Pietro la questionne sur l’origine de ce qu’elle lui avait apporté. Alors dans un petit bond, sentant ses jambes fatiguer à force de rester debout dans une position inconfortable pour elle, Emma s’asseya sur le muret sans quitter Pietro de son étrange regard.
Pietro ne s’attendait vraiment pas à revoir Emma, elle n’avait pas donné signe de vie pendant plusieurs jours. Mais il était bien content de la voir, de savoir qu’elle allait bien ou du moins qu’elle avait l’air bien. Elle ne répondit cependant pas quand il lui demanda ce qu’elle devenait, ce qui étonna légèrement Pietro. Mais quand elle commença à sortir les affaires de son sac, l’esprit du jeune homme fut accaparé par autre chose. Elle venait de lui apporter plusieurs vêtements et le mutant se demandait bien d’où elle pouvait les sortir. Pietro ne dit rien, se contentant d’observer ce qu’elle sortait l’écoutant lui dire qu’elle n’avait pas volé ces vêtements. Cela lui faisait une belle jambe, il ne savait pas pour autant d’où elle pouvait bien les sortir. Au moins, si elle affirmait qu’elle ne les avait pas volés, il ne pouvait que la croire. Cependant, elle ne se contenta pas de lui donner des vêtements, puisqu’elle glissa des billets dans la pomme de sa main. Pietro ouvrit grand les yeux, avant de remettre le liquide dans la main d’Emma. C’était beaucoup trop, il se sentait très gêné. Il avait quand même plus souvent l’habitude de se débrouiller seul.
« Je peux pas accepter ça… »
C’était sympa, le jeune homme ne pouvait qu’apprécier le geste, mais c’était quand même beaucoup trop. Il ne pouvait pas accepter la charité de la jeune femme. Ils pouvaient se soutenir, mais c’était quand même beaucoup trop. Evidemment, Pietro ne pouvait techniquement pas cracher sur ce qu’elle lui apportait, des vêtements chauds de quoi se payer un ou deux repas chaud. Mais il n’avait pas envie qu’elle se contente d’avoir pitié de lui et surtout, il ne savait toujours pas d’où elle sortait tout ça.
« Tu as eu tout ça où ? »
Lui demanda-t-il finalement, plus que sérieux et attendant vraiment une réponse à sa question cette fois ci. Il n’avait aucune envie qu’elle l’esquive comme elle avait fait précédemment, quand il lui demandait ce qu’elle devenait. D’ailleurs, il attendait toujours une réponse à sa première question. Il espérait d’ailleurs qu’il y avait un rapport entre les deux, cela pouvait expliquer plusieurs choses. Dans tous le cas, l’argent et les vêtements c’était beaucoup trop de charité de la part d’Emma. Le jeune homme ne vivait pas dans une situation stable, il avait clairement connu mieux (même s’il avait connu pire aussi). Des vêtements chauds étaient une aubaine, mais Pietro n’avait pas envie d’accepter n’importe quoi même si cela venait d’Emma. Il se doutait bien qu’il n’y avait rien derrière, qu’elle faisait cela simplement pour l’aider. Mais elle devait avoir une bonne explication pour se retrouver avec tous ces vêtements et cet argent, alors qu’elle avait les mêmes soucis que lui. Quoi qu’à la différence de lui, la mutante avait quand même l’air d’avoir pris une douche dernièrement. Peut-être qu’elle avait trouvé un endroit où vivre. Il ne lui restait plus qu’à le lui dire.
Pietro refusait l’argent et on ne pouvait pas vraiment dire que c’était là une surprise pour Emma pour la simple et bonne raison qu’elle aurait réagit exactement comme lui si les rôles avaient été inversés. Il suffisait de voir comment elle peinait encore à accepter l’aide de Dave. Quand on vivait dans la rue, on gardait tout de même une certaine fierté. C’était ça qui poussait à tenir le coup. C’était aussi ça qui avait permit à Emma de ne pas flancher quand certains tordus étaient venus lui proposer de l’argent contre des ébats « bestiaux » avec l’étrange mutante qu’elle était.
C’est pourquoi elle n’insista pas avec l’argent et le rangea dans sa poche.
Très bien mais garde au moins les vêtements. Ils vont finir à la poubelle de toutes façons sinon alors autant qu’ils te servent. Et je suis sûr qu’ils t’iront bien avec ta couleur de cheveux, plaisanta-t-elle avec un sourire.
Taquiner Pietro sur ses cheveux argent quand elle-même avait plus une tête de tigre que d’humaine, enfin c’était toujours ainsi qu’elle s’était vue, cela pouvait sembler être l’hôpital qui se foutait de la charité mais Emma aimait bien le taquiner gentiment. Et bon, dans le fond, elle devait bien dire que la dégaine de Pietro avec ses cheveux argenté en bataille et ses joues mal rasées lui donnait un charme plus que certains. Détail auquel elle préférait ne pas trop penser d’ailleurs. A quoi bon après tout ? Ce n’était pas comme si elle, elle avait de quoi être attirante aux yeux de qui que ce soit.
Assise sur son muret, elle se mit à balancer doucement ses jambes machinalement, ses talons venant tapoter contre la pierre.
Je suis devenue une femme entretenue !, lui répondit-elle sans se départir de son sourire avant de se mordiller la lèvre inférieur, cherchant comment lui expliquer ça. Finalement, après quelques secondes, elle reprit. En fait un ami m’héberge depuis quelques jours. Et je dois vraiment lui avoir fait pitié parce qu’en plus il me nourrit et me file de l’argent de poche.
Cela pouvait un peu prêter à confusion mais pourtant, c’était bel et bien le cas.
Il me demande rien en retour. Je dors dans l’ancienne chambre de son père et en plus il a une petite amie. Une espèce de furie blonde pas si méchante quand elle cherche pas à me refaire le portrait. Il veut juste m'aider à m'en sortir un minimum. C'est quelqu'un de bien.
Emma avait même fini par lui trouver un côté sympathique à Mindy. D’autant qu’elle comprenait quand même sa réaction quand elle l’avait vu lui ouvrir la porte.
Les vêtements étaient à lui d’ailleurs. Il a fait du tri dans ses armoires.
Elle marqua une petite pause en regardant vaguement autour d’elle avant d’hausser les épaules.
Je sais pas combien de temps cela va durer, je comprendrai qu’il finisse par me dire de partir mais au moins je peux souffler un moment…
Emma culpabilisait, elle s’en voulait un peu de vivre au chaud avec une douche et trois repas par jour quand Pietro, lui, restait à la rue. Mais elle ne pouvait pas non plus abuser de la générosité de Dave en lui imposant Pietro.
J’ai autre chose pour toi avant que j’oublie… Je dois t’avouer un truc. J’ai dis à Wanda que je te connaissais… Et du coup elle m’a demandé de te donner ça.
Emma sorti alors la lettre de la poche de son sac, là où elle l’avait rangé quand Wanda la lui avait donné et qu’elle n’avait pas ressorti jusqu’à cet instant. Cette lettre était entre Wanda et son frère, elle n’avait donc même pas eu ne serait-ce que l’idée de tenter de la lire. Elle savait très bien comment un frère et une sœur pouvaient parfois être fusionnels. Nic n’avait été que son demi-frère, pas son jumeau, mais il avait été la personne la plus importante dans toute sa courte existence.
Emma renonça à lui donner l’argent, ce qui arrangea Pietro. Il n’avait pas spécialement envie de passer des heures à parlementer avec la jeune femme pour lui faire comprendre qu’elle ne voulait pas sa pitié, même si la situation inverse pouvait très bien arriver. Les deux mutants vivaient à quelque chose près la même situation, c’était donc normal de se soutenir mutuellement. Cependant, Pietro ne voulait vraiment pas de cet argent, c’était bien trop. Il convenait quand même à garder les vêtements, ça pouvait toujours être utile, même s’il n’avait toujours aucune idée d’où elle se les était procuré.
« Tu as raison, il vaut mieux que j’ai de l’allure quand même. Au cas où qu’on me retrouve mort de froid dans un coin un matin. »
Son humour n’était pas forcément des plus fins, mais il était vraiment en train de plaisanter. En même temps, c’était un truc qu’il faisait souvent, il aimait prendre les situations graves à la légère. Comme quand il plaisantait avec sa jumelle sur le fait qu’elle continuer de suivre Magnéto, alors qu’en réalité cela avait le don de lui retourner les tripes. Mais ce n’était pas son genre de se lamenter sur son sort, bien au contraire. Il préférait rire que pleurer, il avait eu suffisamment l’occasion de pleurer dans son enfance.
Emma commença alors à expliquer comment elle avait eu les affaires qu’elle venait de lui donner, ainsi que l’argent. Pietro ne comprit pas de suite, jusqu’à ce qu’elle explique un peu plus la situation. Visiblement, la jeune femme était hébergé par un ami, qui lui avait donné de l’argent et qui jetait ces vêtements qu’elle venait de lui refiler. Cet ami devait l’avoir pris en pitié pour l’aider de cette manière, mais elle avait énormément de chance quand même. Au moins, elle avait un toit sur la tête et quelqu’un qui prenait soin d’elle. Pietro était content pour son amie, elle méritait de s’en sortir mieux qu’avant. Et en aucun cas, le mutant n’avait de sentiment de jalousie à son égard. Il s’en sortait pas trop mal de son côté finalement, il était bien trop fier pour accepter de vivre au crochet de quelqu’un.
« Tu as bien raison d’en profiter. »
Il ne voyait pas bien ce qu’il pouvait dire de plus concernant la situation. Emma avait de la chance et il fallait qu’elle profite de cette chance, tant qu’elle durait. Avec un peu de chance, son bon samaritain n’allait pas la jeter dehors trop vite. Elle allait peut-être pouvoir passer l’hiver dans cette maison chauffé. Ce n’était pas une chance négligeable, vraiment. Pietro ne s’attendait vraiment pas à ce que sa sœur vienne sur le tapis de cette conversation, mais ce fut le cas. Emma changea soudainement de sujet en lui informa qu’elles avaient parlés de lui et que sa jumelle avait laissé un mot à son attention.
« Merci. » Dit-il en prenant la lettre et la fourrant dans sa poche. Il la lirait après, quand il serait seul. « Elle va bien ? »
A la plaisanterie de Pietro, Emma fit une grimace mais son sourire laissait comprendre qu’elle savait que ce n’était que l’humour noir du mutant qui s’exprimait même si ce qu’il disait était très vrai. La mort, par le froid notamment, était une chose qui attendait très souvent, et généralement bien trop tôt, les SDF. L’hiver en lui-même semblait parti pour s’annoncer rude et Emma savait qu’un grand nombre de ses anciens « compagnons » en ferait les frais. Elle espérait juste que Pietro ne ferait pas parti du nombre. Et elle non plus ! Car après tout, rien ne prouvait qu’elle serait encore hébergée par Dave quand le plus gros de l’hiver arriverait.
Ça évitera d’avoir à tenter de te trouver des vêtements à peu près potables pour ton enterrement, confirma-t-elle sur le même ton employé que par Pietro. Il restera juste à régler le problème du coiffeur.
La conversation déviant logiquement sur le pourquoi du comment elle avait trouvé ces vêtements, Emma resta silencieuse un instant quand Pietro lui annonça qu’elle avait raison d’en profiter. Elle n’aimait pas trop cette idée d’en « profiter », cela lui donnait l’impression de vivre en parasite aux crochets de Dave. Elle ne voulait pas de cela, au contraire elle avait vraiment envie de pouvoir s’en sortir par elle-même mais comment trouver un employeur prêt à donner sa chance à une mutante à la mutation si visible, sans green card et illettrée en prime ? Sa situation aurait été plus simple si elle avait continué de suivre Thomas mais à quel prix ? Pour se retrouvée piégée, persuadée de devoir beaucoup à la Confrérie au point de ne plus pouvoir les quitter comme c’était le cas de Wanda ? Ou alors accepter l’offre du Professeur Xavier au risque de se retrouvé confinée dans un cocon certes confortable mais coupé du monde ? Tout cela était compliqué mais il fallait bien qu’elle y réfléchisse dès à présent pourtant.
Je ne veux pas trop en profiter, expliqua-t-elle enfin. Dave est vraiment génial mais je vais pas passer ma vie accrochée à lui. En plus je pense pas qu’il ait des revenus énormes.
Heureusement, le sujet Wanda était bien plus facile et lui demandait surtout bien moins de réflexion. Cela se devinait au sourire qui étirait ses lèvres après que Pietro ait lu la lettre que sa sœur lui avait fait parvenir.
Elle va bien oui. On a mit les choses comment on dit déjà ? A plat ? Au sujet de la Confrérie. Je lui ai dit que j’étais au courant. Ça n’a pas été facile mais c’est réglé. Si tu veux lui écrire aussi un mot en réponse, profites-en. J’ai toujours rêvé d’être la chouette d’Harry Potter, ajoutait-elle en lui tirant la langue.
En vérité, jouer les messagères entre les jumeaux ne lui posait pas de problèmes. Cela lui permettait de les voir régulièrement et de s’occuper un peu.
Pour en revenir à un truc plus sérieux... Tu as prévu un plan pour passer l'hiver ?
Quand Emma mentionna ses cheveux, Pietro eu le réflexe de glisser ses doigts dans sa chevelure. Il l’aimait bien sa coiffure, il l’a trouvé classe. Sinon il aurait sans doute changé de coupe depuis un moment (même si actuellement, il n’avait pas de quoi se payer un coiffeur, mais ça). Cependant, il rit à la plaisanterie de la jeune femme. Il n’allait pas s’offusquer parce qu’elle semblait ne pas apprécier sa coupe de cheveux, il était bien loin de se soucier de ce genre de détail. Et c’était de bonne guerre au vu de la plaisanterie qu’il avait sortie quelques secondes plus tôt. Ce n’était pas forcément très fin de plaisanter sur la mort, mais c’était la manière que Pietro avait de calmer son inquiétude. Il avait beau sembler prendre la situation à la légère, ce n’était pas le cas non. Il craignait vraiment l’arrivée de l’hiver et le fait qu’il vivait dehors actuellement. Même si en aucun cas, il ne regrettait le choix d’avoir quitté la confrérie, même si pour le coup il avait dû « abandonner » Wanda. Emma avait eu de la chance de trouver un toit où vivre et de quoi vivre d’ailleurs. Pietro doutait fortement de tomber un jour sur une âme charitable comme sa camarade, en même temps on ne pouvait pas dire qu’il avait vraiment les mêmes atouts qu’elle. Cependant, la jeune femme semblait mal à l’aise avec cette situation. Elle ne voulait pas trop en profiter, le jeune homme ne pouvait que comprendre. Ce n’était pas vraiment facile de vivre aux crochets de quelqu’un, Pietro ne savait vraiment pas s’il en serait capable.
Le sujet Wanda arriva donc sur le tapis. Emma l’avait vu et elles avaient discuté de lui, la jeune femme avait même laissé un mot à son attention. Le jeune home rangea ce dernier, dans l’intention de le lire plus tard. Le mutant préférait être seul pour lire le mot de sa jumelle, même s’il avait entièrement confiance en Emma et qu’il appréciait son geste. Elle lui proposa même de faire passer un propre mot de sa part.
« Non merci ça ira, je ne voudrais pas te voir te remplir de plume. » Dit-il en plaisantant, concernant la référence à la chouette d’Harry Potter. C’était vraiment très gentil de sa part de se proposer, mais ils pourront se débrouiller autrement. Pietro n’avait vraiment pas envie d’ennuyer Emma avec ses soucis de famille, même s’il ne manqua pas d’ajouter quelque chose quand même. « Si tu pouvais la convaincre de quitter la confrérie, ça serait bien. »
Il disait cela avec un sourire sur ses lèvres, mais le jeune homme était sérieux (il ne savait simplement pas montrer quand il était sérieux). Il avait envie que sa sœur quitte la confrérie, même s’il savait qu’elle n’en avait pas l’intention. Peut-être que s’ils étaient plusieurs à lui dire que ce n’était pas bien de travailler pour Magnéto, elle finirait par s’en rendre compte. Même si elle était suffisamment têtue pour ne pas s’occuper de l’avis de plusieurs personnes.
« La nuit à la belle étoile, même l’hiver, c’est pas mal. » Se contenta-t-il de répondre sur un ton plaisantin (comme d’habitude) concernant son plan pour l’hiver.
Emma éclata de rire à la plaisanterie de Pietro. Déjà qu’elle ressemblait plus à un gros félin qu’à un humain – du moins selon elle et sa vision très négative de son physique – si en plus elle commençait à se taper des ailes et des plumes, ce serait le sommet là. Pourtant, à choisir, elle aurait encore préféré avoir des ailes plutôt que des crocs. C’était quand même plus classe, non ? Elle se demandait d’ailleurs pour le coup si cela existait quelque part sur la planète un mutant avec des ailes. Si c’était le cas, elle espérait juste pour lui, ou elle, qu’il n’avait pas un bec pour aller avec.
Jouer les coursières entre les deux jumeaux ne la dérangeait pas mais elle respectait la décision de Pietro. Après tout, ils n’avaient peut-être pas envie de toujours se servir d’une intermédiaire pour discuter, ce qui serait plutôt bon signe. Emma savait ce que c’était de perdre son frère, la seule personne au monde qui représentait absolument tout à ses yeux, elle n’avait pas envie de voir les Maximoff se perdre peu à peu eux aussi.
Par contre, pour le reste, elle ne pouvait pas grand-chose, elle en avait peur. Elle poussa un long soupire et observa un instant le bout de ses chaussures qui se balançaient dans le vide.
J’ai essayé mais elle a rien voulu entendre. Elle est persuadée d’avoir le devoir de servir Magnéto coûte que coûte…
Chose qui inquiétait particulièrement Emma qui avait vraiment peur qu’il finisse par arriver malheur à son amie. Au point même que durant un instant, elle avait songé à la possibilité de finalement les rejoindre juste pour la garder à l’œil. Mais elle n’arrivait pas à se résoudre à l’idée de rejoindre une organisation prête à tuer les humains aveuglément. Un comble pour une mutante qui avait tout de même tué son père humain sans l’ombre d’un remord.
Elle est butée ta sœur. Je vais continuer d’essayer mais tu sais, je crois que même si toi tu n’as pas réussis… Alors c’est que mes chances sont vraiment hyper faibles.
Les Maximoff n’avaient en fait pas leur pareil pour donner des frayeurs à Emma qui s’était sincèrement attachée à eux. Entre Wanda dans la Confrérie et Pietro dans la rue, la jeune mutante allait d’angoisse en angoisse. Ce n’était pourtant pas ses affaires. Ils étaient majeurs et vaccinés, parfaitement capable de se démerder et puis Emma avait ses propres problèmes à régler mais c’était ainsi. Malgré sa situation des plus précaires, elle s’inquiétait toujours plus des gens qu’elle aimait que de trouver des solutions pour elle, même.
C’est pourquoi, quand Pietro lui parla de nuits hivernales à la belle étoile, se fut un véritable reflexe qu’elle ne put refreiner et elle lui balança un coup dans l’épaule. Elle imaginait déjà Pietro sautillant sur place comme un marteau piqueur pour se tenir chaud.
Espèce d’andouille va, lui lança-t-elle avec un sourire en coin avant de reprendre, un peu plus hésitante. Dis… tu n’as jamais envisagé d’aller à l’Institut du Professeur Roulettes ? Il a l’air du genre à vouloir recueillir tous les chats et mutants perdus.
Sa question n’était pas totalement innocente. Après avoir eu l’avis de Wanda sur la question, elle avait envie de connaitre celui de Pietro.
Pietro se doutait bien qu’il y avait peu de chance pour qu’Emma parvienne à convaincre Wanda de quitter la confrérie, lui-même n’y était pas parvenu. Il y avait peu de chance qu’elle réussisse où il avait échoué, les jumeaux étaient quand même plus que proches. Cependant, le jeune homme avait envie de croire que s’ils continuaient ensemble de lui dire qu’elle devait quitter la confrérie (surtout qu’il n’avait aucune envie de la forcer non plus), elle finirait peut-être parle faire. Mais Emma avait raison, sa sœur jumelle était vraiment têtue et Pietro savait parfaitement pourquoi elle considérait qu’elle devait quelque chose à Magnéto. Techniquement, les Maximoff leur devaient vraiment quelque chose, mais Pietro avait décidé de ne pas penser à cela et de simplement choisir le destin de sa vie. Ce que sa sœur n’avait pas été capable de faire de son côté. Si Emma ne parvenait pas à la convaincre, le jeune mutant le comprendrait et ne lui en voudrait évidemment pas de toute façon.
Il se mit à rire quand la jeune femme frappa son épaule quand il mentionna les nuits à la belle étoile pendant l’hiver qui approchait à grand pas. Pietro n’avait pas spécialement envie d’être sérieux dans cette conversation, malgré le fait que le sujet soit grave. Ce n’était pas son genre de se prendre la tête de cette manière, en tout cas il ne le montrait pas. Evidemment qu’il passait du temps dehors et que ça ne le rassurait pas vraiment, mais il n’avait pas le choix de toute façon. Et il n’avait aucune envie qu’Emma commence à s’inquiéter pour lui, même si ça semblait déjà être le cas. Elle lui demanda même s’il avait déjà envisagé de se rendre dans l’institut du professeur à roulette (Charles Xavier donc). Pendant quelques secondes, Pietro ne dit rien avant de reprendre la parole.
« Ça va pas non, je ne suis pas un chat moi ! »
Lança-t-il en plaisantant une nouvelle fois, une manière pour lui de cacher ce qu’il pensait réellement. Mais avec Emma, il n’avait pas non plus besoin d’être constamment sur la défensive et elle était bien placée pour le comprendre. Après tout, elle ne semblait pas avoir décidé de rejoindre Xavier et ses mutants, puisqu’elle vivait chez un type. Elle n’aurait pas eu besoin de jouer les squatteuses si jamais elle avait eu une place dans cette école.
« Il m’a déjà fait la proposition. » A lui et à sa sœur, même si au fond, cela semblait être plus ou moins pour lui. « Mais il est hors de question que j’y aille. Pas sans Wanda. »
S’il devait rentrer chez les Xmen, ce qu’il avait déjà envisagé il devait bien l’avouer (c’était tentant quand même quand on était un mutant qui vivait dans la rue avec une épée de Damoclès lancé par Magnéto au-dessus de la tête), mais il ne le ferait que si jamais sa jumelle le suivait. Parce qu’il était hors de question qu’il se retrouve dans le groupe des mutants qui combattait la confrérie, alors que sa sœur s’y trouvait toujours.
Emma comprenait que Pietro puisse vouloir voir Wanda quitter la Confrérie et pourquoi il lui demandait même de l'aide sur ce point. Emma aussi avait envie de voir son amie s'en aller de ce groupes de terroristes et elle non plus, elle n'avait pas envie de baisser les bras, elle craignait bien trop de découvrir la mort de Wanda un beau matin. Ou son emprisonnement ce qui, pour un mutant telle que la jeune femme, était presque pire que la mort. Emma n'avait aucune confiance en ce gouvernement qui se prétendait ami des mutants. Elle apportait beaucoup de crédits aux rumeurs d'expériences, de recherches et de séquestrations. Au moins, sa mutation n'était pas de celles qui intéressait les militaires ou les scientifiques. Du moins, c'était ce dont elle était persuadée, Emma n'ayant jamais vraiment eu conscience du côté dangereux de sa mutation.
Mais les jumeaux en revanche...
Non, vraiment, il fallait absolument qu'ils arrivent à sortir Wanda de là.
Mais la conversation avait prit une tournure plus légère. Enfin a supposer que parler de l'hiver à un SDF puisse être quelque chose de léger. A la remarque de Pietro sur le fait qu'il n'était pas un chat LUI, Emma lui tira la langue en prenant un air vexée qu'elle ne parvint pas à garder bien longtemps, son rire la trahissant très vite. Les petites piques de Pietro sur son apparences n'avaient jamais été méchantes et Emma les avaient toujours prises à la rigolades.
Toutefois, elle reprit vite son sérieux quand il lui expliqua avoir été approché par le Professeur Roulettes. Mais dans le fond, cela n'avait rien d'étonnant. Pietro était un mutant puissant avec un pouvoir des plus intéressant, contrairement à elle. Cela n'avait donc rien d'étonnant que Charles Xavier soit aller le voir. Mais Emma pouvait comprendre son refus. Même s'il ne l'avait pas dit, elle avait tout de suite comprit ce qui le retenait. En entrant à l'Institut, il y avait fort à parier que le Professeur n'attendrait pas longtemps pour lui faire rejoindre ses fameux Xmen. Xmen qui se trouvaient être les ennemis directs de la Confrérie.
Il m'a proposé de rejoindre son école, expliqua alors Emma sur un ton bien plus sérieux alors que son regard fixait le bout de ses rangers qui se balançaient dans le vide. Pas les Xmen, juste son institut pour que je puisse apprendre à lire et à écrire. Mais...
Poussant un petit soupire, la jeune femme haussa des épaules.
Je sais pas si je peux lui faire confiance. J'veux dire, à part toi, absolument tous les mutants que j'ai pu rencontrer dans ma vie ont voulu se servir de moi. Y comprit Wanda...
Emma avait pardonné à Wanda cette petite trahison qui était à la naissance de leur amitié mais les faits étaient les faits. Tous les mutants qu'elle avait rencontré semblaient vouloir se jouer d'elle à l'exception de Pietro. Du moins, espérait-elle qu'il soit l'exception à la règle.
Les choses étaient clairs pour Pietro, il ne rentrerait pas dans l’institut Charles Xavier sans sa sœur jumelle. Parce qu’il était hors de question qu’il se retrouve impliqué dans les X-men et qu’on lui demande de combattre Wanda, qui était encore dans la confrérie. Si la jeune femme n’était pas dans le groupe de terroriste et qu’elle n’était pas active, il aurait pu envisager la situation. D’ailleurs, il devait bien avouer que c’était tentant quand même, parce qu’on lui offrait la possibilité d’avoir un toit au-dessus de la tête, avec l’hiver qui approchait quand même. Et une protection, il ne fallait pas oublier ce détail non plus. Pietro était recherché par les confréristes, puisqu’il avait quitté le groupe (et qu’on ne quittait pas le groupe…), il avait donc une épée de Damoclès sur ses épaules. Il ne pouvait donc pas complètement nier le fait que la proposition du Professeur X avait un peu fait échos dans son esprit, sans pour autant qu’il envisage de le suivre quand même. Cela ne changeait rien au fait que Wanda était dans la confrérie et qu’il n’avait aucune envie de la combattre. Mais il ne mettait pas sa proposition complètement à la poubelle, ce n’était pas encore le moment. Emma avait eu la même visiblement, pas celle d’entrer chez les X-men mais celle d’entrer dans l’institut pour apprendre à lire et à écrire. Quand elle lui expliqua qu’elle ne savait pas si elle pouvait lui faire confiance, d’un ton plus que sérieux, Pietro l’écouta avec attention. D’ordinaire, il passait son temps à plaisanter et prendre les choses à la légère, mais il n’avait pas envie de le faire maintenant. Parce que la jeune femme qu’il avait sous les yeux ne le méritait pas et qu’ils abordaient quand même un sujet sérieux. Elle ne savait pas si elle pouvait faire confiance à un mutant, puisqu’elle n’avait pas fait que des bonnes rencontres.
« Je penses pas qu’il soit si indigne de confiance… » Dit-il finalement dans un souffle, dans un ton sérieux qui ne lui ressemblait pas vraiment. Il n’avait pas envie de plaisanter pour le coup. « Je pense qu’il veut peut-être vraiment nous aider, même s’il attend sans doute autre chose de notre part. » Pietro ne pouvait pas nier le fait qu’il pensait que Charles Xavier avait quand même un intérêt dans l’histoire, qu’il ne se contentait pas d’aider son prochain. « S’il n’y avait pas Wanda dans la confrérie, peut-être que j’irais dans son institut. »
C’était la première fois que le jeune homme exprimait ces pensées, mais elles étaient bien réelles. Le mutant ne pouvait pas nier qu’il avait quand même besoin d’aider dans sa vie, qu’il ne pouvait pas se contenter de dormir sous les ponts. Mais en même temps, sa situation était compliquée. Même si Xavier avait affirmé qu’il ne lui demanderait pas d’entrer dans son groupe (les X-men donc), qu’il se contentait simplement de lui offrir une protection, il ne pouvait pas être sûr à cent pour cent que les choses se passent vraiment comme ça.
Depuis qu'elle le connaissait, Emma avait rarement eu l'occasion de voir Pietro vraiment sérieux. C'était fou comme cela semblait tout changer en lui quand cela arrivait. La mutante ne pouvait pas vraiment dire à quoi est-ce que cela tenait mais il semblait soudainement plus âgé, plus adulte. Enfin, techniquement, il l'était déjà clairement de part son âge. Mais si Emma ne pouvait jamais oublier que Wanda avait 25 ans à la vue de sa grande maturité, il en était tout autre chose avec Pietro qui lui donnait bien plus souvent l'impression d'être encore plus jeune qu'elle. Mais là, en cet instant, il était clairement un homme adulte de 25 ans et cela donnait l'impression d'avoir à faire à quelqu'un d'autre qui lui ressemblerait comme deux gouttes d'eaux. Et le sérieux de Pietro déteignit sur Emma qui, à son tour, le devint tout en l'écoutant avec attention.
Je ne pense pas qu'il puisse vouloir de moi dans les Xmen, répondit-elle en secouant doucement de la tête. Pour y faire quoi ? Chasser les souris qui se glisserait dans les locaux ? Je ne lui serais d'aucune utilité. Je ne comprend même pas pourquoi Magnéto me veut dans ses rangs.
En fait,ce n'était pas tout à fait vrai. Emma avait une petite idée du pourquoi du comment. À son avis, Thomas avait dû raconter à son chef comment elle avait assassinée son père et Magnéto devait probablement voir en elle une mutante capable de tuer n'importe quel humain de sang-froid et sans état d'âme. Sauf que rien ne pouvait être plus loin de la réalité. Emma n'était pas comme ça. Il était vrai qu'elle ne regrettait pas réellement ce qui s'était passé. Si c'était à refaire, il y avait fort à parier qu'elle recommencerait. Mais elle n'y prenait aucun plaisir. « vraiment... ? » demanda sournoisement une petite voix dans sa tête qu'elle chassa aussitôt.
Tout ça est tellement compliqué, dit-elle en soupirant. Dis... tu ne t'ai jamais demandé ce qu'aurait pu être ta vie sans avoir hérité de ce foutu gêne ?
Emma y avait longuement songé tout au long des années. Elle serait restée en Suisse, auprès de sa mère. Serait allée à l'école comme n'importe quel enfant. Aurait fait des études et aujourd'hui, elle serait peut-être même une jeune universitaire passant une soirée à rire avec des amis et, qui sait, son petit-ami. A la place, elle était une espèce de fugitive restée illégalement sur un territoire qui lui était terriblement étranger.
Remarque, le seul avantage est que si je n'avais pas été une bête de foire, je serai restée à Lausanne et tu n'aurai jamais eu le bonheur de me connaître, ajouta-t-elle avec un petit sourire dévoilant ses crocs.
Pietro n’avait pas l’habitude de se montrer sérieux. En réalité, il l’était toujours dans son esprit, mais il préférait avoir une image bien moins sérieuse. Mais cela ne l’empêchait pas de se prendre souvent la tête avec les problèmes qu’il rencontrait, surtout ces derniers temps depuis qu’il avait quitté la confrérie. Le jeune homme était rongé par son angoisse d’apprendre que Wanda allait payer pour ce qu’il avait fait, ou encore de se faire trancher la gorge par celui ou celle qui était charge de lui faire payer sa trahison. Mais il n’était pas question pour lui de se laisser emporter par ses émotions et il préférait largement jouer les joyeux lurons. Sauf que par moment, il ne pouvait quand même pas s’empêcher de parler sérieusement, comme en cet instant où il mentionnait l’institut de ce Charles Xavier avec Emma. Quicksilver devait bien avouer qu’il avait par moment envie de les rejoindre, sauf qu’il ne le ferait pas parce que Wanda se trouvait dans le camp adverse. C’était impossible pour lui de travailler pour Xavier (c’était l’ennemi quand même) avec le risque de se retrouver contre sa jumelle sur le champ de bataille. Et surtout, il ne voulait pas qu’on se serve de lui pour l’atteindre. Le jeune homme n’était pas idiot, il savait que les pouvoirs de la sorcière rouge était bien plus intéressants que les siens (parce qu’ils étaient vraiment puissant et encore, il ne savait – tout comme Wanda – pas l’étendu complètement de ces pouvoirs encore). Il avait donc peur qu’on cherche surtout à se servir de lui, comme Magnéto.
« Arrêtes, c’est super dangereux les souris ! »
Lança-t-il en reprenant son ton plaisantin, quand Emma mentionna le fait qu’elle ne comprenait pas qu’on puisse vouloir d’elle dans un camp. Elle disait cela, mais Pietro se doutait bien des raisons qui pouvaient les pousser à la recruter. Elle avait trop peu confiance en elle pour se rendre compte, mais elle était quand même une mutante utile. Le jeune homme voulait bien reconnaitre que tous les pouvoirs des mutants n’étaient pas forcément utiles, mais ce n’était pas le cas d’Emma. En tout cas, la jeune femme avait raison d’affirmer que c’était compliqué. Il ne répondit pas à cette remarque, elle lança un autre sujet de toute façon. Ce qu’ils seraient devenus s’ils n’avaient pas eu ces pouvoirs. Pietro ne se retint pas de rire à sa dernière remarque.
« J’aurais tant perdu c’est vrai ! » Il continuait de rire sans aucune gêne avant de reprendre, toujours sur un ton léger alors qu’il parlait d’un sujet plus grave. « Mais c’est surtout parce que je serais mort que tu n’aurais pas eu la chance inestimable de m’avoir dans ta vie. »
Il ne plaisantait même pas en réalité, parce qu’il savait parfaitement que sans ses pouvoirs il n’aurait pas pu s’en sortir avec Wanda. Même si leur famille avait été attaqué à cause de leurs pouvoirs justement, il était sûr que les choses seraient arrivés comme ça quand même et ils auraient été incapable de s’en sortir.
Ne me dis pas que tu as peur des souris quand même ?, la charria gentiment Emma. Elle doutait que ce soit le cas mais allez savoir avec les phobies. Après tout, il paraissait que certain avaient bien peur des nains de jardin (avec ou sans brouette) et petite – jusqu'à ce qu'elle s'y retrouve confronté en permanence au cirque en fait – Emma avait bien eu peur des clowns. Alors les souris, cela ne serait pas si étonnant. Toutefois, elle imaginait quand même mal Pietro prendre la fuite devant un petit rongeur. Certes, cela serait très drôle mais sa virilité en prendrait quand même un sacré coup.
Mais pour le reste, Emma était sérieuse. Si elle avait une vague idée de ce qui pourrait intéresser Magnéto en elle, elle ne voyait absolument pas en quoi elle serait utile chez les Xmen. Mais tous les élèves de Xavier n'étaient pas dans son équipe de guerriers non plus. En acceptant son offre, Emma serait certainement qu'une des étudiante de l'école. Mais elle avait beau se dire que cela lui conviendrait, qu'elle ne voulait pas prendre part à tout ça, une petite partie d'elle le regrettait presque quand même un petit peu. Cela aurait pu être une jolie revanche sur son passé de bête de cirque dans le fond.
Pendant ce temps, Pietro avait perdu son sérieux et riait à nouveau à gorge déployée. Un rire communicatif qui contamina rapidement Emma. Après tout, ils étaient dans des situations tellement merdique tous les deux que cela ne pouvait faire que du bien de pouvoir rire et Emma avait entendu un jour que cela pouvait être bon pour la santé en prime.
Mais Pietro avait marqué un point. C'était vrai qu'elle avait une chance inestimable de l'avoir dans sa vie.
T'as raison, lui répondit-elle en cessant de rire mais sans se séparer de son grand sourire. Tu es bien le seul mutant que je connaisse qui n'ai jamais essayé de se servir de moi ou de me piéger. Du moins, pour l'instant..., ajouta-t-elle sur le ton du suspens en lui adressant un regard faussement suspicieux pas vraiment crédible. Si Pietro avait voulu se servir d'elle, il l'aurait déjà fait et pas plus tôt qu'à son arrivée quand elle lui avait proposé un peu d'argent. C'était pour cela qu'elle avait vraiment voulu parler avec lui de l'offre du Professeur, Pietro était celui dont elle faisait le plus confiance au jugement.
Une des choses que son ami venait de lui dire lui tournait en tête. Pourquoi lui disait-il que sans ses pouvoirs il serait mort ?
Je réalise que je ne sais presque rien de votre passé à Wanda et toi, lui dit-il doucement. Elle était curieuse d'en savoir plus sur eux mais les mutants semblaient tous avoir ce point commun qui consistait à en dire le moins possible sur leurs passé, Emma y comprit.
Pietro avait vraiment du mal à rester sérieux, même quand il parlait de sujet plus ou moins grave. Ce n’était donc pas étonnant qu’il parle d’un ton léger (qu’il se mette même à rire) alors qu’il mentionnait quand même des choses un peu grave. Comme le fait que quand son pouvoir, il serait mort. C’était le cas, il ne mentait même pas, mais il n’avait pas envie de le dire sérieusement. Il préférait largement continuer de plaisanter, comme il le faisait depuis un petit temps avec Emma. Cela ne servait à rien de se prendre la tête pour rien de toute façon, il y avait d’autres moments où les problèmes prenaient le dessus. Pietro apprécia les propos d’Emma sur le fait qu’il n’avait jamais essayé de se servir d’elle, jusqu’à présent. Il se mit même encore à rire quand elle l’observa avec des yeux pleins de suspicions.
« Si tu continues comme ça, tu vas finir par me découvrir. »
Evidemment, le jeune homme continuait de plaisanter. Il n’avait aucune raison – et aucune envie – de se servir d’elle. Au contraire, ils étaient bien plus faits pour s’entraider qu’autre chose. Pietro savait parfaitement qu’Emma n’allait jamais se servir de lui et inversement. Mais ça ne les empêchait pas de plaisanter quand même, au contraire ça ne pouvait pas faire de mal. Le rire c’était la santé non ? Pietro aurait bien continué de rire (quoi qu’il était capable de le faire avec n’importe quel sujet), mais Emma s’attarda un peu sur le passé des jumeaux Maximoff. Elle ne connaissait rien de leur passé, en effet. Ce n’était pas vraiment étonnant puisque Pietro et Wanda avaient tendance à rester discret, comme tout mutant sans doute. Quand on vivait avec des pouvoirs et qu’on avait eu des soucis avec les humains, on avait appris à se taire sur sa vie. Pietro continuait de sourire, mais poussa quand même un soupir.
« C’est qu’il n’y a pas grand-chose à dire tu sais. » Mais il se doutait que la jeune femme était un peu curieuse et qu’elle attendait qu’il parle un peu. Ça ne le dérangeait pas spécialement de lui dire un peu plus sur sa vie, il avait suffisamment confiance en Emma pour ça. Il leva ses bras pour installer ses mains derrière sa nuque, avant de reprendre, toujours le même sourire sur le visage. « On connait pas nos vrais parents. » Il pensait ne pas connaitre, mais en réalité, il connaissait bien son père sans le savoir. « On a été adoptés et on a vécu avec nos parents adoptifs jusqu’à ce qu’ils meurent. » Son sourire se fit moins grand, même s’il ne disparut pas complètement. Quand il était question de Django et Maria Maximoff, il ne pouvait pas rester aussi léger qu’il le voudrait. « Après on a été obligé de se débrouiller seul. » Cette fois-ci, il perdit son sourire et il baissa ses bras, poussant un long soupire. « Magnéto nous a sauvé la vie, c’est pour ça qu’on travaillait pour lui. Enfin… que je travaillais pour lui et que Wanda ne veut pas le quitter. »
Rire et plaisanter avec Pietro était probablement l'une des choses les plus faciles au monde. Il avait cet art de toujours tout prendre à la rigolade, même les sujets les plus durs, sans pour autant tomber dans le cliché du je-m'en-foutiste. Il était juste du genre à vouloir rire de tout au lieu de se laisser abattre et c'était ce qu'Emma appréciait le plus en lui. À ses côtés, la vie était moins morne, moins noire et moins accablante. Tout semblait simplement plus simple dans la bouche de Pietro.
Une autre chose qu'Emma appréciait avec lui c'est qu'elle n'avait eu à douter de sa sincérité. Quand quelque chose ne lui plaisait pas, il le disait tout simplement. Ou tout du moins c'était-là l'impression qu'il lui avait toujours donné. Wanda était beaucoup plus réservée et mystérieuse. Emma n'avait donc tout simplement jamais eu de raisons de douter de lui et ce, même quand il sous-entendait en riant que tout cela n'était qu'une façade pour mieux la capturer dans ses filets machiavéliques. Mais cela ne l'empêchait pas de rester généralement vague sur son histoire, tout comme sa jumelle. Mais Emma ne s'en formalisait pas, elle savait ce que c'était de ne pas aimer devoir parler de son passé.
C'est pourquoi, quand il fit mine de vouloir en dévoiler un peu plus, Emma l'écouta avec la plus grande attention. Sans s'en rendre compte, elle se souleva à la force de ses bras pour remonter ses jambes et s'asseoir sur le muret dans cette étrange posture vaguement accroupie si commune aux félins mais clairement pas aux humains. Ses jambes repliées, ses genoux repartaient étrangement vers l'arrière, une posture impossible pour l'anatomie humaine normale, et elle posa ses mains sur le muret juste devant ses pieds joints.
Vous n'avez pas manqué grand chose, répondit-elle avec une grimace. Les parents biologique, ça craint tu peux me croire.
Emma ne gardait qu'un souvenir affreux de ses propres parents. Entre sa mère qui l'avait séquestrée loin des regards et son père qui à l'inverse en avait fait une bête de cirque, elle n'avait pas vraiment été gâtée. A choisir, et même si cela pouvait sembler inconcevable pour des orphelins, Emma aurait préféré ne jamais les connaître. La situation aurait peut-être été moins pénible à vivre si cela avait été des étrangers qui lui avaient fait subir tout cela. Après tout, des parents s'étaient senser aimer et protéger leur enfant non ? Mais les siens ne l'avaient jamais aidé.
En revanche, Pietro semblait avoir sincèrement aimé ses parents adoptifs. Ou tout du moins, leur mort l'avait attristé à en croire sa réaction quand il en parla.
Magnéto m'a l'air doué pour approcher les mutants perdus et les ralliés à sa cause, répondit Emma, songeuse. Mais Charles Xavier fait pareil de son côté aussi si on y réfléchit bien. Leurs techniques pour enrôler les mutants sont très semblables. Ils se ressemblent beaucoup tout les deux. J'ai jamais vu Magnéto mais je sais pas pourquoi, tous les deux ils me font penser à ce Dieu avec deux visages regardant chacun dans un sens opposé, tu vois lequel ? Ils me font un peu penser des jumeaux miroir, pareils mais tout à l'opposé l'un de l'autre. Enfin je sais pas... C'est juste l'impression qu'ils me donnent. Mais du coup, je ne sais pas si l'un est plus digne de confiance que l'autre dans le fond.
Pietro comprenait bien qu’Emma n’avait pas eu une vie facile et qu’elle n’avait pas vraiment l’impression d’avoir une chance de connaitre ses parents génétiques. Pietro pouvait le comprendre au vue de sa situation, mais de son côté, il regrettait quand même de ne pas savoir qui était ses vrais parents. Bien sûr, il avait aimé énormément Django et Maria et il les considérait vraiment comme ses parents, mais il y avait toujours cette part d’ombre dans son existence. Evidemment, le jeune homme ne se doutait pas que cette partie d’ombre était bien plus proche d’être éloigné et découverte. Il ne pouvait pas envisager une seule seconde que Magnéto, le sujet de sa discussion avec Emma, était son père biologique. Au vu de son âge, il ne pouvait pas s’en douter de toute façon, mais il ignorait également que pendant quelque temps, son corps avait été en état de stase. Pietro ne fit aucun commentaire sur la remarque que son amie lui adressa, la laissant reprendre la conversation en parlant plus en détail de Magnéto et du Professeur X.
Elle n’avait pas tort quand elle affirmait que Charles Xavier et Magnéto se ressemblaient énormément. Magnéto se servait de la détresse des personnes pour les enrôler dans son groupe, c’était évident. Pietro en avait parfaitement conscience et c’était bien pour cette raison qu’il avait décidé de le quitter. Il n’aimait pas ses méthodes, que ça soit pour enrôler les jeunes mutants que pour assouvir son pouvoir sur les humains. Même si le jeune homme avait toutes les raisons du monde d’en vouloir aux humains – ses parents adoptifs étaient morts à cause d’humain, pas de mutant – il n’en pouvait plus de leur faire à ce point du mal. Il avait compris que tout le monde était différent, qu’on ne pouvait pas punir certaine personne pour les crimes d’autres.
« A la différence que Magnéto nous a sauvé la vie. »
Pietro n’avait en effet aucune confiance au Professeur X et c’était bien pour cette raison qu’il n’acceptait pas de rejoindre son institut, malgré sa proposition. Il n’avait aucune envie de se retrouver chez les X-Men, alors que sa sœur était toujours aux ordres de Magnéto. Il n’était pas question qu’il la combatte et il ne pensait pas que Charles Xavier allait tenir sa promesse concernant le fait qu’il ne prendrait pas part au combat. Il ne se doutait pas encore de ce qu’il allait faire.
« J’ai beau avoir décidé de le quitter, je lui dois quand même la vie… » En effet, sans le mutant, Pietro et Wanda seraient morts. Cela ne retenait pas pour autant Pietro à ses côtés, mais c’était pour cette raison que sa jumelle ne s’éloignait pas de lui. « Je ne dois rien du tout au Professeur X, alors il peut toujours chercher à faire le gentil avec moi, ça ne marchera pas. »
Après tout, s’il avait décidé de quitter Magnéto, ce n’était pas pour autant qu’il allait rejoindre l’institut de jeune mutant de Charles Xavier.
Tout cela était déstabilisant. En Europe, Emma n'avait jamais eu à se poser ce genre de questions. Les choses étaient différentes là-bas mais ce n'était pas forcément mieux pour autant. Cette folie de l'anti pro ou anti mutant semblait encore irréelle. Tous le monde en parlait mais c'était aux Etats-Unis tout cela. Vraiment ? Quand Emma était partie moins d'un an plus tôt, les manifestations avaient déjà commencé à fleurir aussi. D'ici peu, en Europe aussi des groupes bien distinct commenceraient à se démarquer. Peut-être pas aussi important que les Xmen Vs La Confrérie mais ils ne seraient pas épargné non plus car voyant tous les jours les affrontements américains à la télévision, les mutants du monde entier se mettaient eux aussi à choisir un camp.
Emma avait un peu de mal à imaginer ce que Pietro pouvait ressentir à l'égard de Magnéto. La seule personne qui est jamais sauvé sa vie, au final, c'était elle-même. C'était elle qui avait tué son père, qui avait fuit sa vie de servitude au cirque, qui s'était débrouillée dans la rue dans un pays étranger. Certes, Dave lui avait offert un toit et elle lui en était infiniment reconnaissante mais il ne lui avait pas sauvé la vie à proprement parlé, la mutation d'Emma, même si elle en éprouvait une certaine honte, lui permettant de vivre en ce nourrissant de rats et autres animaux errants... cru et vivants.
Je comprend ce que tu veux dire, lui répondit-elle en hochant doucement de la tête. Et je comprend que tu te méfie...
Après tout, après avoir été enrôlé par Magnéto qu'il avait eu beaucoup de peine à quitter, il était un peu normal qu'il ne veuille pas se faire enrôler ailleurs. Ce serait un peu comme quitter une secte pour partir en rejoindre une autre ou se sevrer de l'alcool pour pouvoir se lancer dans une dépendance à la drogue.
Des fois je me dis que le mieux à faire, c'est encore tout simplement de ce tenir loin de ses deux-là !
Emma n'avait pas encore prit sa décision concernant Xavier. Elle devait avouer que le côté guerre des clans lui déplaisait mais l'école en elle-même l’intéressait. C'était une occasion pour elle d'apprendre à lire et à écrire et ainsi, une chance de pouvoir un jour trouver un job pour subvenir elle-même à ses besoins. C'était donc un véritable dilemme.
Mais ce fut à ce moment-là que son regard se posa sur une horloge plus loin. Il était déjà bien plus tard qu'elle ne le pensait et elle avait beau avoir laissé un message à Dave, elle préférait ne pas rentrer trop tardivement. Même si lui-même n'hésitait pas à filer en douce pour rester dehors toute la nuit.
Je dois filer, lui annonça-t-elle en sautant sur ses pattes. Prend soin de toi et si tu as besoin de quoi que ce soit je te donne l'adresse de où je vis pour le moment et tu hésite pas ! Je préfère encore te trouver à 2 heures du mat devant la porte que congelé ici.
Emma lui fit alors un signe de la main et prit la direction de la maison du vendeur de comics.