lle n'était pas convaincue d'être la mieux placée pour s'acquitter au mieux de la promesse qu'elle avait faite à Thomas... La promesse d'essayer, certes... mais qui était peut-être déjà de trop. Elle n'était pas forcément la personne la plus à même de convaincre qui que ce soit de rejoindre la confrérie, pour la simple et bonne raison qu'il lui arrivait elle-même de s'interroger par moments quant à la place qu'elle occupait auprès d'eux, et au dessein qu'ils servaient. Oh, elle ne portait pas l'humanité en grande estime et dans son coeur, ils lui avaient fait trop de mal, ils avaient réduits à néant presque tout ce qui lui servait de famille, mais... il y avait un mais, et de plus en plus insistant, le genre qui vous martelle le crâne et qui ne vous lâche plus... Pietro était parti, et elle remettait tout en question, plus que jamais... Si elle n'avait pas été capable de le retenir, comment pourrait-elle faire pour enrôler qui que ce soit ? Mais elle avait promis, et elle tenait ses promesses, alors elle allait tâter une fois de plus le terrain, et tenter de réussir auprès d'Emma là où Thomas avait, pour l'heure, échoué. Elle lui avait donné rendez-vous dans un restaurant non loin de Prospect Park, sous le prétexte d'une rencontre informelle, d'un bavardage entre amies. Sous le prétexte également d'inviter Emma à déjeuner, elle qui n'avait pas vraiment la possibilité de se faire ce genre de plaisirs généralement. Le fait est qu'elle n'aurait pas vraiment besoin de prétexte en soi pour voir Emma. Elle l(appréciait, elle aimait passer du temps en sa compagnie... et elle l'aurait peut-être apprécié davantage si leurs rencontres n'étaient pas toujours intéressées.
Car oui, leurs rencontres étaient toujours calculées, de son point de vue tout du moins. Quand elles s'étaient rencontrées la première fois au détour d'une ruelle du Bronx, ce n'était pas un pur hasard, et les fois suivantes avaient également toujours eu un sens. C'est que Wanda ne s'imaginait pas lui parler directement et frontalement de la confrérie, de peur de la braquer, elle préférait gagner sa confiance, elle lui avait certes dors et déjà parlé de ses pouvoirs, mais pas de son allégeance, et elle s'était bien abstenue évidemment de mentionner qu'elle connaissait Thomas. Ce faisant, elle se prenait elle-même au jeu... mais même si elle appréciait Emma, ça ne devait rien changer à ses intentions. Il y avait une raison, pour laquelle elle était restée après le départ de Pietro, et elle avait besoin de se convaincre que cette raison transcendait le moindre de ses doutes... Ce genre d'initiatives avait quelque chose de réconfortant, quelque part. À l'heure précise où elle lui avait fixé rendez-vous, elle était là, présente et ponctuelle, regardant pensivement les passants qu'elle voyait à travers la baie vitré, à laquelle était accolée la table où elle s'était assise.
-Emma !
Elle venait de la voir entrer dans le restaurant, et lui adressa un signe afin qu'elle vienne s'asseoir avec elle.
Emma avait hâte de revoir Wanda. C’était fou, elle n’avait revu personne les premiers temps où elle avait emménagé chez Dave. Il fallait dire que les choses avaient été compliqués ces derniers jours notamment avec sa rencontre avec Mindy et la découverte au sujet de Belphégor qu’elle n’avait même pas su aux Etats-Unis avant de tomber sur ses œuvres et de le retrouver.
Elle n’avait jamais eu une vie facile ou reposante mais là, les choses allaient vraiment trop vite pour elle. Elle n’était même plus capable de dire depuis combien de temps elle avait fuit le cirque si elle ne regardait pas la date exacte. Mais cela était-il vraiment un problème pour autant ? Non. Parce que ainsi, elle n’avait pas le temps de faire le point et de prendre conscience d’à quel point sa vie était pourrie. 19 ans, SDF dans un pays dont elle maitrisait à peine la langue, illettrée, assassin et mutante. Mais elle était en parfaite santé, c’était l’essentiel. Et même si elle s’était sentie seule au monde après avoir prit un autre chemin que Thomas, elle avait fini par faire des connaissances. Et c’était justement l’une d’entre elle qu’elle partait rejoindre.
Emma avait prévenu Dave avant qu’il ne parte travailler qu’elle allait voir quelqu’un et maintenant, elle parcourait les rues avec les mains enfoncées dans ses poches, sa capuche rabattue sur son visage et sa démarche un peu hésitante. Mais dans la foule pressée, elle passait inaperçu et s’était exactement le but recherché. C’était l’avantage à New York, les gens ne faisaient que rarement attention aux autres.
Après avoir trouvé le restaurant, Emma se glissa dans l’entrée et chercha Wanda du regard. Cette dernière la prit de vitesse en l’interpellant et Emma se dirigea droit vers elle avec un petit sourire, dévoilant un peu ses crocs. Mais c’était plus fort qu’elle, elle était vraiment ravie de revoir Wanda.
A ses yeux, leur rencontre avait été parfaitement fortuite et Emma aimait à penser que c’était un peu la providence qui les avaient réunies. Wanda était aussi une mutante ainsi, elle ne la jugeait pas et ne la craignait pas. Elle n’avait jamais posé sur elle se regard en partie horrifié qu’Emma subissait trop souvent à son goût.
Wanda !, dit-il en se glissant en face d’elle et en abaissant sa capuche pour dégager son visage et ses boucles auburn. C’est super de te revoir !
Réellement ravie, Emma ne cessait de sourire en se mordillant la lèvre. Elle était différente depuis leur dernière rencontre. Non pas dans sa mentalité mais de par le fait que ses vêtements étaient toujours miteux mais propres, tout comme ses cheveux, et qu’elle dégageait une odeur parfumée de shampoing et de gel douche, à l’opposé de l’odeur de savon bon marché habituellement fournit dans les douches des centres d’accueils pour SDF.
Je suis désolée d’avoir disparue, il m’est arrivé pleins de choses ces derniers jours mais toi d’abord, qu’est-ce que tu racontes de nouveau ?
Emma n’avait pas l’habitude d’avoir de copines. En fait, Wanda était même la première. Au cirque, il y avait surtout des hommes et les artistes féminines avaient toujours évité celle qui tenait le rôle de l’enfant sauvage. C’est pourquoi, c’était tout nouveau pour elle ce genre de conversation entre filles mais ce n’était pas pour lui déplaire. Avec Wanda, Emma avait l’impression d’être juste une jeune fille comme une autre même si sa vie de SDF ne lui permettait que rarement d’avoir des choses à raconter. Et encore moins des choses trépidantes.
l y avait quelque chose de différent, de changé, chez Emma, par rapport à la dernière fois où les deux jeunes femmes avaient eu l'opportunité de se voir. Elle semblait rayonnante, épanouie... fallait-il le dire sans avoir l'air hautaine ? ... plus propre. Bref, elle avait l'air d'aller bien mieux que durant leur dernière rencontre. Avait-elle trouvé un emploi ? Un domicile ? Les deux, le fait est que, à la voir ainsi, Wanda ne pouvait que se sentir curieuse de ce qui avait bien pu arriver dans la vie de la jeune femme récemment, devinant qu'il ne devait s'agir que de bonnes choses. La curiosité qu'elle éprouvait à son égard n'avait rien à voir avec ses intentions d'enrôlement, elle s'était vraiment attachée à elle, et elle aimait savoir qu'elle était parvenue à s'en sortir, au point qu'elle était capable d'en oublier très vite les raisons pour laquelle elle lui avait proposé de déjeuner avec elle en premier lieu... mais après tout, ces raisons-là pouvaient bien attendre encore un peu. Au final, elle avait été plus impatiente de retrouver une amie que de mettre en oeuvre un projet auquel elle-même n'était pas certaine de croire, pour des personnes qu'elle n'était pas plus certaine par ailleurs de savoir suivre aveuglément et jusqu'au bout depuis qu'elle se retrouvait seule. Emma lui donna rapidement confirmation qu'il y avait eu quelques bouleversements dans son quotidien, Wanda ne pouvait pas en dire autant, et quand son interlocutrice lui demanda ce qu'elle pouvait avoir à raconter de nouveau, elle ne sut trop quoi répondre. Sinon ça.
-Oh tu sais, mes journées se ressemblent toutes.
À vrai dire pas tout à fait, quand on vouait sa vie à la Confrérie, on ne pouvait pas se plaindre d'une vie morne et sans le moindre intérêt, mais de ses activités de "terroristes" (elle n'appréciait pas vraiment ce terme, mais soit) n'étaient pas encore de celles que comptait lui apprendre Wanda en confidence pour le moment, de peur de la braquer. Alors il n'y avait rien de plus à dire. Dans sa vie, elle n'avait plus que la confrérie. Et le manque d'un frère dont elle souffrait de ne plus avoir de nouvelles... Mieux valait qu'elle demeure floue sur le sujet. L'avantage, c'est qu'elle savait qu'Emma avait des choses à dire ce serait plus simple de commencer par elle. De toutes les manières, elle semblait impatiente de lui en apprendre plus, alors autant la laisser parler. Oui, oui, à un moment ou à un autre, il faudrait qu'elle se montre plus offensive et parle plus frontalement à Emma de la confrérie, mais pas tout de suite.
-Et toi, alors, raconte-moi tout.
Elle n'avait guère besoin de se forcer pour vouloir en savoir plus sur ce qui pouvait mouvementer la vie d'Emma dernièrement. Et elle était convaincue que cette-dernière brûlait de toute manière d'impatience à l'idée de tout lui apprendre des derniers rebondissements dans son existence. Puisque ce devait être de bonnes nouvelles, autant lui laisser cette primeur. Wanda pour sa part n'avait rien de bien enthousiasmant à dire à son propre sujet.
Si les journées de Wanda se ressemblaient toutes, Emma ne préférait pas forcément savoir en quoi. Le sujet de la Confrérie n’avait jamais été évoqué entre elles et pour être franche, elle ne savait même pas si Wanda savait qu’elle savait. Emma l’avait découvert un peu par hasard après avoir rencontré l’autre mutante. Sur le coup, elle avait été en colère mais après réflexion, elle avait préféré penser que leur rencontre avait été un hasard, que Wanda cachait son appartenance à la Confrérie et que donc ceci n’était qu’un hasard. Thomas s’était servi de sa naïveté pour se rapprocher d’elle et tenter de l’enrôler de force, Emma refusait de croire que Wanda puisse être capable de lui faire la même chose. De plus, Emma ne voulait pas se montrer trop curieuse, même si elle avait largement tendances à l’être et ayant cru comprendre que les choses entre Wanda et Pietro étaient compliquées, elle avait choisi d’éviter le sujet au point de cacher à Wanda qu’elle connaissait son frère. Mais après tout, ce n’était pas comme si elle lui avait menti étant donné que son amie ne lui avait jamais posé la question.
Oh et bien tu te rappel de cette boutique de BD où je vais parfois pour me réchauffer ? Et bien figure quoi que le vendeur si mignon m’a offert de vivre chez lui.
Emma réalisa que ses propos pouvaient être interprétés d’une toute autre manière à peine eu-t-elle fini sa phrase et s’empressa aussitôt de rectifier les choses.
En tout bien tout honneur. Je dors dans l’ancienne chambre de son père et il a une copine, une espèce de furie blonde mais pas si méchante que ça quand tu menace de la bouffer. Et puis bon un mec même canon ça casse tout quand tu le croise tout les matins dans un couloir en caleçon chaussettes avec un t-shirt Hulk ou Iron Man.
Ce qui n’était pas une si mauvaise chose au final. Du coup, leur relation avait en quelque sorte évoluée en quelque chose de plus fraternel et cela rendait la colocation facile, presque naturelle. Si Emma avait trouvé Dave craquant encore quelques jours plus tôt, elle le voyait maintenant plus comme une espèce de grand frère et préférait ne pas imaginer un quelconque rapprochement entre eux.
C’est que temporaire, je ne veux pas vivre éternellement à ses crochets mais au moins ça me permet de souffler un peu.
Et cela se voyait. Elle avait bien meilleure mine et avait prit 2 ou 3 kilos qui n’étaient vraiment pas de trop.
Je peux te poser une question ? Ajouta-t-elle ensuite en prenant un air bien plus sérieux tout en se penchant sur la table. Tu as déjà entendu parler d’un certain… Xavier Charles ou quelque chose comme ça ? Un mutant lui aussi… Enfin je crois.
l semblait bien à Wanda, en effet, d'avoir déjà entendu parler de cette boutique de bande-dessinées et de son vendeur plutôt craquant, toujours selon les dires d'Emma, puisque la jeune femme, pour sa part, ne fréquentait pas vraiment ce genre d'endroits (quoi que, ne serait-ce que par curiosité, elle se disait à présent qu'il faudrait sans doute qu'elle y fasse un tour). Quand elle lui apprit que le vendeur en question lui avait offert de vivre chez elle, elle avait tout d'abord interprété cette information de la mauvaise manière, et s'imaginait déjà devoir mettre en garde son amie contre ce type, qui n'était sans doute qu'un profiteur, et dont elle regretterait très bientôt l'offre. Mais Emma resitua les choses. Une colocation en tout bien tout honneur. Puisqu'elle le disait... En tous cas, cette situation nouvelle lui allait à ravir, elle semblait aller bien, vraiment bien, au point que Wanda se serait difficilement vue lui reprocher d'accorder si aveuglément sa confiance dans ce garçon... De toute façon, pour ce qui était de se servir de la confiance d'autrui, elle était mal placée pour donner des leçons. Pour sa part, et même si l'intérêt qu'elle éprouvait pour la vie de son interlocutrice n'était pas feinte, si Emma se trouvait à cette table avec elle, c'était bien parce qu'elle cherchait, elle aussi, à abuser de cette confiance... Quoique cette façon de procéder la mettait de plus en plus mal à l'aise, d'autant plus qu'elle-même ne savait plus exactement que penser de cette organisme qu'elle devait pourtant inviter Emma à rejoindre.
-Je suis heureuse pour toi. affirma-t-elle, une fois de plus sans avoir à mentir.
Elle ne fit pas vraiment de commentaire supplémentaire, même si elle aurait aimé connaître plus de détails au sujet de ce bon Samaritain qui avait accepté ainsi de prêter sa maison à une sans-abri, elle ne voulait pas se montrer trop intrusive non plus. Elle se jouait peut-être d'Emma, mais elle avait tout de même à coeur de ne pas la voir prendre des décisions hasardeuses et qu'elle pourrait regretter par la suite (comme rejoindre la Confrérie ? ... oh, chut ! ) Elle n'aurait pas eu le temps de faire de remarques complémentaires, quoi qu'il en soit, Emma avait changé de sujet de conversation... Et quel sujet.
-Charles Xavier. la corrigea-t-elle, de façon quasi instinctive, peut-être un peu trop brusquement parce que, clairement, elle ne s'attendait pas à ce que Xavier fasse partie de leurs sujets de conversations... quoique ce ne serait peut-être pas plus mal pour ce qu'elle voulait accomplir au départ. Un serveur vint leur apporter leurs cartes. Bien, cela donna une bonne excuse à Wanda pour se réfugier derrière le temps de réfléchir à quoi répondre. Elle pouvait bien cacher à Emma son allégeance à la confrérie, elle ne comptait pas lui mentir pour autant... Oui, elle savait qui était cet homme. Elle l'avait appris de Magnéto, à vrai dire. J'en ai entendu parler, oui. Elle préférait ne pas donner plus de précisions pour le moment, elle se demandait surtout de quelle manière Emma, elle, avait entendu parler du mutant. Pourquoi ?
Emma ne put s’empêcher de sourire en se mordillant la lèvre quand Wanda lui annonça être heureuse pour elle. Ce n’était pas grand-chose et de plus, ce n’était pas comme si Emma allait se marier mais les personnes heureuses pour elle était une denrée extrêmement rare, voir presque inexistante. En même temps, la vie d’Emma avait malheureusement peu de moment heureux méritant d’être souligné mais quoi qu’il en soit, la mutante ne pouvait s’empêcher de remarquer un léger mieux depuis son arrivée aux USA. Certes elle était une mendiante SDF mais il y avait quand même du mieux. Déjà, point non négligeable, pour la première fois de sa vie elle était libre ! Et ça, ce n’était pas rien.
Charles Xavier voilà. Et visiblement, Wanda en avait effectivement au moins déjà entendu parler. Mais les deux jeunes femmes furent interrompues par le serveur venu leur apporter les cartes. Emma réalisa tout à coup qu’elle était affamée. Pourtant, elle était nourrie désormais. Mais Emma avait tendance à être un estomac sur pattes. Heureusement qu’elle brûlait des calories en se dépensant dès qu’elle cachait des regards.
Leur hamburger avec frites maison m’a l’air d’être sterblich !, annonça-t-elle en reposant la carte. Charles Xavier donc… Voilà un sujet compliqué.
En fait, il est venu me voir il y a quelques semaines, quand j’étais encore dans la rue. Il voulait que je rejoigne son espèce d’école pour mutants.
C’était à croire que les mutants se faisaient la guerre pour recruter un maximum des leurs chacun de leur côté. Que c’était à celui qui en aurait le plus dans son groupe.
Je ne comprends pas… Les mutants se plaignent toujours d’être rejetés et incompris mais ils font tout pour ça en même temps. Que ce soit Magnéto ou ce Charles, au final ils regroupent tous les deux les mutants ensembles pour les couper du reste du monde…
Pourtant, mutants et humains pouvaient vivre ensemble, elle en était la preuve avec Dave. Le vendeur n’en n’avait pas mené bien large en découvrant l’apparence d’Emma mais la surprise passée, la mutation de la jeune fille n’avait aucune incidence sur leur vie commune. A ce qu’Emma en savait, Dave ne s’enfermait pas à double tour la nuit de peur qu’elle profite de son sommeil pour venir le bouffer.
Ils ne voient que des mutants en groupe dont certains sont des terroristes. Pas étonnant que les humains nous craignent, ils ne savent pas qui nous sommes.
Emma était peut-être naïve de penser que les mutants et les humains pourraient se mêler si seulement les mutants cessaient de ce couper d’eux mais elle avait sincèrement envie d’y croire.
onc Emma avait fait la rencontre du professeur Xavier. Pis encore, il lui avait offert de rejoindre son fameux institut… Pas étonnant, en même temps… mais pas rassurant pour autant. Si la jeune femme rejoignait les rangs du professeur X, non seulement Wanda réduisait ses chances d’enrôler la jeune femme, mais aussi et surtout (et en définitive, c’était ce qui l’inquiétait le plus dans tout cela), elle risquait bien de perdre une amie… quoi qu’elle risquait de la perdre de toute façon au moment où elle découvrirait ses intentions, et surtout, qui l’avait invité à jouer les enrôleuses auprès de la mutante. Ce qui parvenait à la rassurer tout de même, c’était qu’apparemment, à en croire le propos d’Emma, le professeur n’était pas arrivé à ses fins. Oui, c’était rassurant… mais pas entièrement. Parce que ce qu’elle ajouta alors devait les mener à un sujet de conversation délicat… quoi qu’il était certainement temps d’arrêter de tourner autour du pot et d’en venir aux faits. La jeune femme était de moins en moins certain d’être capable de convaincre son interlocutrice, de ce qu’elle était en train d’apprendre sur elle et surtout ses opinions, mais au moins, le sujet serait aborder, et la sorcière rouge pourrait à son tour avancer ses propres arguments. Rien ne garantissait, bien sûr, qu’ils soient suffisamment convaincants. Si elle était véritablement capable d’être convaincante, après tout, n’aurait-elle pas réussi à convaincre son frère jumeau de demeurer auprès d’elle ? Mais il semblait temps d’abattre ses cartes.
Au fond, le propos d’Emma était compréhensible et son opinion difficilement discutable. Pourquoi se plaindre d’être stigmatisé quand on semblait tout faire pour l’être ? Mais pour Wanda, cette situation était la conséquence de l’attitude des humains, et non l’inverse. Les mutants se sentaient l’obligation de se regrouper pour savoir faire front face à la menace. La démarche du professeur prouvait seulement qu’il était hypocrite… car son attitude n’était finalement pas différente de celle de l’ « ennemi ». Le comportement était similaire. C’était, au final, seulement les méthodes qui différaient. C’est ce dont la jeune femme voulait se convaincre tout du moins. Pas prête encore, loin de là, à reconnaître des torts que Pietro, de son côté, avait parfaitement cerné.
-Peut-être ne veulent-ils pas savoir qui nous sommes… répliqua-t-elle doucement.
Bien sûr, il était un peu trop simpliste que de mettre tous les humains dans le même panier. Ils n’étaient pas tous ainsi… Ce jeune homme qui, complètement désintéressé (s’il l’était vraiment) avait offert à Emma de vivre chez lui ne semblait, par exemple, avoir le moindre préjugé à leur égard. Malheureusement, ce n’était pas les hommes comme lui qui faisaient le monde… et les hautes instances du pouvoir, des médias, de la science… ceux qui régissaient la pensée de bien trop d’individus, ne les comprendrait jamais, ne les accepterait jamais. Elle avait été aux premières loges pour constater la profonde violence dont les non mutants étaient capables. C’était Magnéto qui l’en avait sauvée. Comment, alors, ne pas façonner sa vision des choses, la calquer sur ses principes ?
-Emma… Il y a une chose sur moi que je ne t’ai pas dite.
Sauf qu’Emma savait pertinemment ce que c’était, en vérité…
Emma avait toujours eu un avis très partagé au sujet des humains. Elle les haïssait et avait pitié d’eux en même temps. Elle voulait les voir souffrir mais pouvoir se mêler à eux. Elle avait toujours été tiraillée et en était parvenu à la conclusion que c’était parce qu’avec le temps, elle avait découvert qu’ils n’étaient pas tous les mêmes. Certains d’entre eux étaient vraiment bien, ouverts d’esprit et prêt à accepter les mutants dans leurs vies. Malheureusement, comme pour tout, ils étaient éclipsés par les humains plus vindicatifs qui voulaient voir les humains enfermés et exterminés. Mais les mutants avaient le même problème. Ceux d’entre eux à être pacifiste se perdaient dans l’ombre des mutants bien résolu à prendre le pouvoir de gré ou de force. Comme ce fameux Magnéto qu’Emma n’avait jamais vue mais qu’elle avait l’impression de connaître à force d’entendre les mutants de son entourage en parler.
Au final, mutants et non-mutants étaient exactement les mêmes dans leurs réactions et quoi de plus normal dans le fond ? Mutation ou pas, ils restaient tous des humains.
Et bon, soyons honnête, pour prendre son cas en exemple, Emma était effectivement effrayante d’aspect. Enfin, c’était ainsi qu’elle s’était toujours vue et s’était ce que l’on s’était toujours évertué à lui faire croire.
Sauf Nic.
Son frère avait passé le trop court qu’ils avaient pu passer ensembles à lui assurer qu’elle n’était pas monstrueuse, juste différente et qu’il y aurait sans doute plusieurs jeunes hommes sur sa route qui s’en rendraient compte et qui sauraient voir au-delà de ses crocs. Emma avait tellement voulu y croire qu’elle avait suivi aveuglément le premier qui lui avait effectivement fait croire qu’il la trouvait jolie. Bien joué Meyer ! Prochaine étape ? Monter dans la voiture d’un serial killer juste parce qu’il lui aura proposé un café !
C’était plutôt rageant. Dans le cirque, Emma avait vécu dans une bulle. Une bulle peu recommandable faites d’alcool et d’artistes s’envoyant en l’air dans les recoins sombres mais dans une bulle quand même. Depuis qu’elle était livrée à elle-même, elle prenait conscience de sa grande naïveté et atteignait le stade où elle se ficherait bien des baffes plusieurs fois par jours.
Quand Wanda reprit la parole, Emma comprit tout de suite à son ton qu’elle n’avait pas l’intention de lui avouer qu’elle avait une licorne tatouée sur la fesse où qu’elle était accro aux Feux de l’amour.
Emma poussa un petit sourire avec une petite grimace. Elle se doutait de ce que Wanda comptait lui avouer et à vrai dire, c’était-là une conversation qu’elle n’avait pas été d’avoir. Les choses étaient simples comme elles étaient. Et puis, Wanda n’était pas la seule à avoir caché un gros truc à l’autre. Le secret d’Emma se présentait simplement plus sous la forme d’un sprinter hors compétition. Or, elle n’était pas sûr que Wanda apprécie d’apprendre qu’Emma lui avait caché connaître son frère. Enfin en même temps, elle lui avait caché être de la Confrérie, elles seraient quitte non ?
Mais en revanche, Emma ignorait totalement que Thomas avait tiré les ficelles de la rencontre entre les deux jeunes femmes.
Ok, je vais te faciliter la tâche… Je sais que tu fais partie de cette foutue Confrérie, lâcha Emma. Et si les choses étaient ainsi plus simple pour Wanda, cela le serait moins pour Emma qui allait certainement devoir elle aussi fournir des explications maintenant.
Et accessoirement, il espérait que c'était bien ça que son amie avait eu l'intention de lui annoncer sinon, bonjour la situation gênante.
a révélation que Wanda s'apprêtait à faire n'était vraiment pas simple, et en même temps inévitable. Si le but de tout cela était de lui faire rejoindre la Confrérie, quoi de plus normal qu'elle lui apprenne, à un moment ou à un autre, en faire partie ? Mais ce n'était pas forcément plus simple. Elle comprenait bien qu'Emma ne serait pas facile à convaincre, et en dépit de sa promesse à Thomas, elle craignait plus de perdre la jeune femme en face d'elle que de faillir à sa promesse envers le jeune homme... Ceci dit, pour mieux la convaincre du bienfait de sa cause (même si elle était la première à en douter, par moments, surtout depuis le départ de Pietro), c'était encore la meilleure manière de faire, après tout... La mutante s'apprêtait donc à se jeter à l'eau et à lui dire la vérité... ou presque toute la vérité, mais elle fut alors complètement prise de court par son interlocutrice... Elle savait. Comment savait-elle ? Ce n'était pas comme si grand monde était au courant, ou comme si elle s'en vantait auprès du premier venu. Si elle le savait, c'était qu'un membre de la Confrérie avait dû l'avertir... Thomas ? Peut-être... mais dans ce cas, à quel jeu jouait-il ? Et Emma, depuis combien de temps était-elle au courant ? Et puisqu'elle l'était, pourquoi ne lui avoir rien dit ? Pour qu'elle le fasse d'elle-même, sans doute... Dans tous les cas, si elle s'était attendue à ce que parler concrètement de son implication dans la Confrérie ne soit pas une partie de plaisir, elle n'avait vraiment pas imaginé que les événements prendraient cette tournure. Elle était désarçonnée, déstabilisée... et quand elle pensait que c'était Emma qui la harcèlerait de questions, c'était finalement l'inverse qui se produisait, et Wanda qui voyait mille choses à demander à son interlocutrice, dans l'espoir d'arriver à y voir plus clair.
-Comment est-ce que tu as su ? demanda-t-elle prudemment, appréhendant la réponse.
Elle savait qu'il lui faudrait sans doute se justifier de ses choix et de ses actes, mais avant toute autre chose, elle avait besoin de comprendre comment elle avait pu apprendre exactement cette situation, et ce qu'elle avait entendu dire d'elle et de ses activités en règle général... Après, seulement, chercherait-elle à s'en justifier... Et, qui sait, à convaincre son amie que sa cause était noble et qu'elle aurait tout intérêt à la rejoindre. Au moins, elle n'avait plus d'échappatoire, elle ne pouvait pas s'inventer de quelconques confessions de derrière les fagots justifiant le ton énigmatique qu'elle avait employé jusqu'alors. Cette conversation, il fallait bien qu'elles l'aient à un moment ou à un autre, qu'importe que ce soit désagréable. Là, il ne fallait plus tourner autour du pot... L'avantage, c'était qu'elle n'était visiblement pas la seule à avoir été complètement malhonnête dans cette affaire... Et puis si Emma ne tolérait vraiment pas son allégeance, alors elle aurait cessé de lui parler depuis longtemps, non ?
Ça, c’était fait. Et ce n’était peut-être pas une si mauvaise chose en fin de compte. Au moins comme ça, il n’y avait plus ce secret entre elles. Même si cela annonçait une conversation plutôt compliquée. Mais Emma espérait juste que Wanda ne lui en voudrait pas. C’était vrai que cela n’avait pas été très réglo de sa part de ne pas lui dire la vérité dès qu’elle l’avait su mais elle n’avait pas eu envie de voir la Confrérie la séparée de sa seule amie. Et puis Wanda ne lui en avait jamais parlé non plus alors Emma avait laissé ce point de côté, tout simplement. Mais à présent, elle allait devoir tout lui expliquer et cela s’annonçait compliqué.
Heureusement, Wanda n’eut pas l’air énervée quand elle lui demanda comment elle était au courant. Ce qui était plutôt un soulagement pour Emma car hormis l’aspect de leur amitié, elle craignait la colère de Wanda à cause de ses pouvoirs. Elle ne l’avait jamais vu complètement en action mais pour ce qu’elle en connaissait, Wanda était tout à fait capable de la massacrer là maintenant et sans la toucher.
Jusqu’à présent, Emma n’avait jamais eu peur de Wanda mais elle n’avait pas envie de tenter le diable non plus car elle savait que malgré sa force et ses réflexes, elle n’avait aucune chance face à elle.
Elle allait répondre mais fut interrompu par un serveur de son âge, boutonneux et tout guilleret, qui vînt prendre leurs commandes comme de rien.
Sans vraiment réfléchir, Emma commanda un coca et un hamburger maison puis laissa Wanda parler au serveur. Quand ce dernier parti, Emma se mordillait la lèvre inférieure. C’est qu’avec tout ça, elle n’avait toujours pas donné de réponse. Alors, elle prit une profonde inspiration et fit la tête de celle qui s’apprêtait à se lancer dans un attentat suicide.
C’est Pietro qui me l’a dit… Il y a quelques semaines… Quand il a su que je te connaissais…
Par réflexe, Emma ferma les yeux attendant déjà une réaction virulente de Wanda qui, aux dernières nouvelles, ignorait totalement qu’Emma et Pietro se connaissaient. Et Emma croyait savoir que les choses étaient difficiles entre les deux jumeaux. Raison pour laquelle elle avait préféré ne rien dire à Wanda, pour rester neutre et ne pas devoir prendre parti entre eux. C’était probablement dans ses gènes de Suissesse.
ans trop y réfléchir, Wanda commanda la même chose que son amie, d'un ton presque mécanique, même si, franchement, elle n'était pas certaine d'être capable de manger quoi que ce soit. Cette conversation lui avait déjà mit l'estomac à l'envers, elle n'était pas certaine qu'un steak bien gras entre deux bouts de de pain allait vraiment tenir le choc... Elle aurait tout le temps d'y réfléchir quand elle aurait l'assiette sous le nez. Pour le moment, elle avait quand même des préoccupations plus importantes pour le moment. Elle avait d'ailleurs été agacée par ce pauvre serveur qui n'avait rien demandé à personne, parce qu'il retardait le moment d'entendre la réponse d'Emma... qui finit par arriver, malgré tout... Et le moins que l'on puisse dire, c'est que la sorcière rouge s'était attendue à bien des choses, mais pas à ça. Qu'elle ait apprit la vérité d'un autre membre de la Confrérie, pourquoi pas, peut-être même de Thomas (qui alors, jouerait à un jeu vraiment étrange), mais elle ne s'attendait vraiment pas à ce que le nom de Pietro s'échappe de ses lèvres. Elle se sentit immédiatement blanchir, alors que son coeur manquait un battement. Elle connaissait Pietro. Emma connaissait son jumeau. "Il y a quelques semaines"... Quelques semaines qu'il lui avait parlé d'elle, donc ils devaient se connaître depuis plus longtemps encore. Si cela se trouve, ils se connaissaient avant même que toutes les deux aient fait connaissance. Cette idée lui était assez déplaisante, en vérité. Elle connaissait Pietro et elle ne lui avait rien dit. Tout à coup, ne pas lui avoir parlé plus tôt de la Confrérie lui paraissait complètement dérisoire. Certes,l'un n'était pas forcément plus grave que l'autre (quoique si, les mensonges de Wanda l'étaient très certainement plus), mais elle se sentait blessée... et quelque part jalouse, également. Pietro lui manquait, absolument tous les jours, et Emma, elle, avait l'occasion de le voir, de savoir où il était, de parler avec lui... et lui, l'air de rien, qui disait au premier venu qu'elle appartenait à la Confrérie, qu'est-ce qu'elle devait en conclure.
-Et comment ça se fait que moi, je ne sache pas que tu le connaisses ? demanda-t-elle d'un ton qu'elle ne put s'empêcher de faire un peu froid et sévère.
Était-elle en position de faire le moindre reproche à Emma ? En vérité pas vraiment. Après tous, des deux, c'était elle qui la manipulait dans le but de respecter sa promesse à Thomas. D'accord, elle était sincère dans l'affection qu'elle portait à la jeune femme, mais cela n'ôtait rien au fait que c'était elle qui avait été la première des deux à mentir... Elle ne savait même pas si elle était déçue, en colère, ou juste troublée. Elle ne s'attendait vraiment pas à ce que le nom de Pietro arrive dans la conversation. Au final, elle aurait peut-être préféré qu'elle lui annonce de but en blanc que Thomas lui avait révélé le pot-aux-roses, elle pensait que ce serait encore plus simple à gérer, comme situation.
Là tout de suite maintenant, Emma aurait préféré que sa mutation la fasse ressembler à une souris histoire de pouvoir disparaitre en vitesse de là et filer aussi vite que possible. Car Wanda ne semblait vraiment pas du tout enthousiaste à l’idée qu’elle puisse connaître Pietro. Mais après, Emma n’était pas vraiment sûr que son amie puisse être ne mesure de vraiment lui faire des reproches quand elle-même lui avait caché être une terroriste durant tout ce temps. Il était vrai que Wanda semblait ne jamais avoir cherché à l’enrôler dans la Confrérie contrairement à d’autres mais il fallait bien qu’Emma soit en mesure de lui reprocher quelque chose pour ne pas porter entièrement la responsabilité du fiasco qui se profilait à l’horizon.
Et comment ça se fait que toi, tu ne m’ai pas dit être de la Confrérie ?, répliqua-t-elle du tac-au-tac sur le même ton que celui employé par Wanda.
S’il y avait bien une chose qui inconfortait Emma, c’était d’être acculé dos au mur. Au sens propre comme, dans le cas présent, au figuré.
Tu crois que ça a été une partie de plaisir pour moi de découvrir de la bouche d’un autre que mon amie est une terroriste ?, demanda-t-elle à voix basse pour n’être entendue que de Wanda. Si je t’avais dis que je connaissais Pietro, tu aurais sûrement deviné qu’il m’avait avoué la vérité et comme entre vous deux, ça à l’air plutôt tendu, je n’avais pas envie de me retrouver le cul entre deux fauteuils – les expressions avaient tendances à lui échapper dans leurs versions traduites en anglais – à devoir vous écouter vous écharper. Je suis Suisse moi, tu te souviens ? J’ai le gène neutre qui coule naturellement dans mes veines.
Emma avait parlé à voix basse sur un ton agacé sans quitter Wanda de son regard félin et croisa ensuite les bras sur sa poitrine avec le visage de celle qui fulmine mais qui se contient tant bien que mal.
Si tu tiens à tout savoir il me l’a dit pour me mettre en garde contre tes potes les cinglés de l’explosion quand il a apprit qu’on m’avait fait venir ici dans le but de me recruter. Il m’a raconté son expérience et de fil en aiguille j’en suis venu à comprendre que sa sœur jumelle, c’était toi.
Emma ne détacha pas son regard noir de Wanda mais tendit le bras pour attraper une de ses frites parce que prise de tête ou pas, elle était quand même affamée.
Je sais que je ne suis jamais allée à l’école mais je suis pas totalement stupide pour autant, ajoutait-t-elle sur un ton maussade tout en s’attaquant à une nouvelle frite. Après quant à savoir si elle n’était pas totalement stupide, l’histoire Thomas avait plutôt tendance à laisser penser le contraire mais elle préférait ne pas trop y songer tant elle s’en voulait encore d’avoir pu être aussi naïve et, pour le coup, réellement stupide.
ela pourrait bien durer longtemps, si elles décidaient, l'une comme l'autre, d'y aller de leurs reproches à l'heure où elles feraient mieux, en définitive, d'assumer leurs torts... Elle n'avait pas voulu ça... Elle n'avait vraiment pas envie de se prendre la tête avec Emma, mais là, tout de suite, il était difficile de juste laisser couler et d'assumer ses torts sans en reprocher à son interlocutrice. Oui, c'est vrai, elle aurait dû dire bien avant à la jeune femme qu'elle appartenait à la Confrérie, mais si cela dérangeait tant que cela son interlocutrice, pourquoi attendre maintenant pour lui en faire le reproche ? Les excuses qu'Emma lui donna pour ne pas lui avoir parlé de son frère ne lui plurent pas davantage. Eux, s'écharper ? Eux, se détester au point de mettre Emma dans une situation compromettante ? Est-ce que Pietro lui avait dit quoi que ce soit qui aille dans ce sens ? Car pour sa part, elle ne voyait pas les choses ainsi... mais si tel était le cas, alors au moins, c'était sans doute clair, son frère la haïssait pour les choix qu'elle avait fait, pour être restée quand il était partie... Cette information ne la rendait pas de meilleure humeur, bien au contraire, et encore moins ce qui suivit... Pour ce qui était d'intégrer Emma à la confrérie, ça semblait clairement compromis... mais autant dire que c'était le cadet des soucis de Wanda à l'heure actuelle. Elle se sentait à la fois énervée, coupable, et blessée, un mélange qui n'était pas forcément le plus approprié, surtout quand on avait tendance à se laisser dominer par ses émotions, comme elle.
-J'ai jamais dit que t'étais stupide. s'agaça-t-elle d'un ton qui avait gagné en froideur. C'était pas si simple de t'en parler, qu'est-ce que tu crois ! Je voulais pas subir ton jugement... ou surtout, elle avait retardé le moment, mais ça. Et visiblement, j'avais raison. Elle marqua une pause. Je m'attends pas à ce que tu comprennes pourquoi j'ai rejoins la Confrérie et pourquoi j'ai choisi d'y rester...
D'autant que, même pour elle, ses raisons commençaient à devenir un rien... contestables, surtout depuis le départ de Pietro. Bon, dans l'idéal, pour convaincre Emma, il faudrait justement qu'elle lui apprenne le bien-fondé de son allégeance... mais cette perspective lui semblait plus que lointaine, voire inaccessible, à l'heure actuelle. Elle marqua une pause. Elle n'avait vraiment pas voulu que ce déjeuner se déroule de cette manière. Pour la peine, elle ne touchait pas au contenu de son assiette. Elle n'avait vraiment plus le moindre appétit. Puis, finalement, d'un ton un peu radouci, parce qu'elle n'avait au fond pas envie de perdre une autre personne à qui elle tenait, toujours sous le même prétexte...
-Comment va-t-il ?
Pietro, bien sûr, car au-delà du fait qu'elle ne pouvait pas apprécier qu'Emma lui ait caché connaître son frère, encore moins au nom du prétexte qu'elle invoquait, n'en demeurait pas moins qu'elle le connaissait, qu'elle l'avait peut-être vu récemment, qu'elle ait peut-être de ses nouvelles, et ce n'était pas une chose à côté de laquelle elle pouvait passer.
Emma poussa un soupire. La vie était décidemment vraiment difficile. Et encore, à la limite au cirque cela avait été plus simple. Là-bas, sa vie avait été plutôt basique. Pas vraiment glorieuse, particulièrement glauque même, mais basique. Se retrouver catapulter dans la vraie vie sur un continent étranger du jour au lendemain n’était pas vraiment évident quand on avait toujours vécu dans une bulle.
Mais d’où je te juge ? Ça fait des semaines que je suis au courant pour toi et je t’ai jamais ignorée ou envoyée te faire voir pour autant.
Avec une moue boudeuse, Emma empoigna son hamburger et mordit dedans à pleines dents. Quand on avait connu la faim et les jours complets sans rien avaler, ce n’était pas une prise de bec qui allait vous couper l’appétit.
Je m’en fiche moi. Tant que t’es pas devenue mon amie juste pour m’enrôler, tu fais ce que tu veux.
Mais tout le monde n’était pas forcément aussi tordu que Thomas après tout. Elle ignorait juste que Thomas était assez tordu pour demander à d’autres de le faire pour lui.
Après, Wanda avait raison, elle ne comprenait pas vraiment pourquoi elle était restée dans la Confrérie. Y entrer certes, cela pouvait encore se comprendre. Les mutants étaient souvent persécutés, elle avait pu trouver là une nouvelle famille mais maintenant qu’elle commençait à la connaître, Emma avait de plus en plus de peine à imaginer Wanda jouer les terroristes.
Emma mordit une seconde fois dans son hamburger avant de le reposer pour s’attaquer à une frite qu’elle trempa dans la mayonnaise tout en relevant les yeux sur Wanda. Elle était rassurée d’entendre que le timbre de sa voix c’était radoucit.
Il va bien… Enfin plutôt bien pour quelqu’un de la rue je veux dire. C’est vraiment quelqu’un de chouette ton frère tu sais ? Vous vous ressemblez beaucoup tous les deux.
Physiquement, ce n’était pas forcément évident mais dans leurs manières d’être en tout cas. Ils avaient peut-être fait de mauvais choix – aux yeux d’Emma en tout cas – mais ils n’étaient pas mauvais.
Tu manges pas ton hamburger ?, lança-t-elle en désignant le repas que Wanda n’avait pas encore touché alors qu’elle-même avait déjà mangé plus de la moitié du sien.
on. D’accord. Wanda avait tout faux, et avait très clairement l’impression qu’elle était la pire amie que l’on puisse imaginer. Il est vrai que, en toute connaissance de cause, et alors même que son allégeance à la confrérie aurait pu l’inviter à prendre de la distance avec elle, elle ne l’avait pas fait et était restée à ses côté. Bon, le mensonge n’en était pas moins là, et la jeune femme avait du mal à encaisser qu’elle ne lui ai rien dit (bien qu’elle aurait dû être la première à le faire) et surtout, qu’elle ne lui ai pas parlé du fait qu’elle connaissait Pietro. Mais c’était ainsi, et au final, Wanda préférait croire qu’elle et Emma parviendraient à faire abstraction de ce sujet conflictuel… ceci dit, ce serait une autre affaire si elle lui apprenait l’avoir effectivement approchée dans l’optique de lui faire rejoindre le groupe de Magnéto… Quitte à tout déballer, il faudrait peut-être qu’elle lui en parle… Mais elle ne savait s’y résigner. Pas après ce qu’elle venait de lui dire. De toute manière, c’état bien simple, après cette conversation, elle n’avait tout simplement plus envie de tenir sa promesse à Thomas. Elle était fiable et loyale, en règle générale (raison pour laquelle elle ne quittait pas la Confrérie, d’ailleurs), mais là, c’était déjà allé trop loin. On ne pouvait pas vraiment dire que la sorcière rouge possédait un nombre conséquent d’amis. Elle ne comptait donc pas perdre les rares d’entre eux. D’ailleurs, qu’était Thomas pour elle ? Un collègue plus qu’un ami… Enfin, si ce critère affectif entrait toujours en ligne de compte, elle aurait suivi Pietro et serait partie en même temps que lui. Elle ne l’avait pas fait.
À son sujet, d’ailleurs, Emma la rassura, lui affirmant que son jumeau allait bien… Bon, il y avait de meilleures conditions dans lesquelles vivre que dans la rue, où les besoins du quotidien, comme boire ou manger, constituaient une lutte perpétuelle, mais la jeune femme était tout de même rassurée de savoir qu’il ne se portait pas trop mal. La jeune femme s’autorisa un sourire, preuve que la conversation se détendait un peu, et acquiesça quand elle parla du fait qu’il était quelqu’un de « chouette ». Elle serait la dernière à pouvoir la contredire, Pietro avait toujours été son pilier, son modèle, son meilleur ami. Raison pour laquelle poursuivre sans lui, alors qu’ils avaient été inséparables, était si difficile à supporter pour elle. Quand Emma ajouta qu’elle et lui se ressemblaient (au-delà du fait qu’ils étaient jumeaux, évidemment), Wanda ne sut que répondre, elle n’était pas certaine de ressembler à son frère. Il avait bien des qualités qu’elle ne possédait pas et que, quelque part, elle lui enviait.
-Hum… si, si, fit la jeune femme, revenant sur terre quand son interlocutrice constata qu’elle avait à peine touché à son assiette. L’appétit n’était pas complètement revenu encore, mais elle se concentra un peu plus sur son hamburger qui, si elle ne lui faisait pas un sort, allait refroidir en plus du reste. Dis… si je te laissais un message pour Pietro, tu voudrais bien le lui transmettre ?
Et bien voilà, les choses commençaient gentiment à se calmer maintenant que tout était mit à plat. Enfin, ça c’était ce qu’Emma pensait mais elle voyait mal comment les choses pourraient être encore pire. Et puis bon, il avait bien fallu que l’abcès finisse par se percer. La jeune femme était mal à l’aise d’avoir dû mentir à son amie en lui cachant qu’elle savait la vérité. Au moins maintenant, c’était fait et elle n’aurait plus à craindre de faire une gaffe. D’autant que niveau gaffe, elle était généralement plutôt la Reine. Cela tenait presque du miracle qu’elle ne se soit pas déjà trahie depuis longtemps.
Et donc, contrairement à Wanda, Emma avait définitivement retrouvée l’appétit et faisait un véritable sort à son repas. Heureusement que par sa mutation, elle se dépensait beaucoup car sinon, depuis son arrivée chez Dave, elle aurait déjà repris le double de poids. Alors une petite dizaine de kilos pour renflouer son corps maigre de SDF, c’était une bonne chose. 20 en revanche… un peu moins.
Elle mordait une nouvelle fois à pleine dents dans son hamburger quand Wanda lui demanda presque timidement un service. Elle n’avait pas de raison de se montrer hésitante.
Tant que tu me demande pas de l’écrire ton message, pas de problèmes.
Après tout, si Emma ne lisait que des comics, ce n’était pas sans raison. Son illettrisme était véritable problème pour elle et elle aurait aimé pouvoir dire que ce n’était qu’en anglais, qui n’était pas sa langue maternelle, qu’elle avait des problèmes mais ce n’était hélas de loin pas le cas. Nic avait prit la peine de lui apprendre les bases de l’écriture mais toute la meilleure volonté d’un frère ne pouvait pas compenser une scolarité complète.
Et puis, aller transmettre un message à Pietro lui donnerait une bonne occasion de le revoir. Au souvenir du jeune homme et de ses blagues stupides, Emma eut un petit sourire idiot qu’elle fit vite disparaitre derrière son verre de coca.
Tu veux que je lui dise quoi ? A moins que tu préfères l’écrire ?
es tensions s'apaisaient peu à peu, c'était tout de même plus agréable comme cela, Wanda n'aurait pas aimé que toutes les deux se brouillent pour ce qui n'était certes pas des sottises, mais qui ne méritait en rien qu'elle se prennent violemment la tête. Sur le nombre de ses amies, Emma était sûrement l'une des plus précieuses, il fallait qu'elles sachent l'une comme l'autre mettre de l'eau dans leur vin. La situation sachant se calmer peu à peu, et puisque l'appétit vient en manger, la jeune femme goûtait à présent à son hamburger avec plus d'entrain, c'est vrai que, en plus, il était vraiment très bon, d'autant que la perspective de pouvoir communiquer avec Pietro, même si ce n'était pas de la meilleure manière possible, c'était toujours mieux que rien, que ce silence radio dont elle devait se contenter pour le moment.
-Je vais l'écrire. affirma-t-elle dans un léger sourire alors que, dans la foulée, elle tirait de son sac un stylo et une feuille de papier.
Elle préférait l'écrire, c'était toujours plus simple de se dire ce que l'on avait à dire sur le papier, quand bien même les papiers avaient ce fâcheux défauts que de pouvoir être lus par qui ne le devrait pas, mais elle avait toute confiance en Emma. Son message était sans doute un peu brouillon, elle notait en vrac tout ce qu'elle avait voulu lui dire et qui lui passait par la tête. Des choses sans importance, des banalités pour la plupart, mais c'était surtout pour donner signe de vie, au fond. Quand elle eut fini, elle plia le papier et le lui tendit, avant de manger une de ses frites, elles qui auraient tôt fait de refroidir si elle ne s'y intéressait pas.
-Tu sais... je suis désolée, j'aurais dû te parler tout de suite de la confrérie. Oui, elle aurait dû. Mais au fond, avoir prit du temps pour le faire lui avait permis de se raviser. Elle pouvait très bien se défendre contre un Thomas agacé d'avoir été "trahi", après tout. Peut-être que tu devrais réfléchir à la proposition du professeur Xavier.
Là, vraiment mieux valait que Magnéto ne l'entende pas, parce que contre ses foudres, par contre, elle ne pourrait pas grand chose. Elle avait décidé de demeurer dans la Confrérie pour des raisons personnelles, elle n'avait pas à imposer son choix à d'autres, si l'institut xavier pouvait la protéger et lui assurer un meilleur avenir, qui sait. Non pas qu'elle soit très enthousiaste à l'idée de les voir appartenir à deux camps non seulement différents, mais surtout opposés. Mais elle pensait plus à Emma individuellement. Pour le coup, elle retournait sa veste. Elle devrait peut-être le faire jusqu'au bout et suivre l'exemple de son frère jumeau... mais non, ça, elle ne le pouvait pas.
Le plus gros de l’orage semblait être passé ce qui était relativement une bonne chose pour Emma qui peinait un peu à gérer les conflits de manières générales. Et puis la dernière chose dont elle avait envie, c’était de se mettre en froid avec une de ses très rares amies. Mais les choses étaient sur la bonne voie. Pour preuve, Wanda lui demandait même un service et alors qu’elle écrivait rapidement sa missive pour Pietro, Emma terminait son hamburger en essayant de s’en mettre le moins possible sur les doigts, ce qui semblait être définitivement une chose purement et simplement impossible à faire malgré tout la meilleure volonté du monde. Mais au moins elle avait limité les dégâts et ne s’était pas retrouvée avec la moitié de la laitue sur les genoux.
Emma s’essuyait les doigts quand Wanda termina de griffonner rapidement sa lettre et elle l’a prit avec précaution sans même porter un seul regard au papier qu’elle rangea immédiatement dans la poche de son sac. Cette lettre ne regardait que Wanda et Pietro et elle n’avait nullement l’intention de la lire. Et de toutes manières, comment ferait-elle ? Cela lui prendrait des heures pour réussir à tout lire avec son niveau plus que limité. De plus, jouer les pigeons voyageurs lui donnerait une bonne raison de revoir son pote supersonique.
T’en fais pas pour ça… je te l’ai déjà dis, d’autres membres de la Confrérie m’ont déjà fait des coups bien plus tordu que ça, répondit-elle en haussant les épaules, faisant référence à Thomas et à ce qu’elle avait considéré comme une trahison de sa part.
Quant au Professeur Xavier, Emma prit le temps de manger une frite pour réfléchir avant de répondre en poussant un petit soupire.
J’en sais trop rien… C’est peut-être vrai. Peut-être que je devrais arrêter de me voiler la face en pensant pouvoir un jour me fondre parmi les humains malgré… ça, dit-elle en désignant son visage. Mais j’ai passé toute ma vie coupée du monde. J’ai pas envie que ça recommence, tu comprends ? Je sais pas comment l’expliquer. Ok, je galère dans un pays que je connais pas, je suis SDF, j’ai pas de boulot et je suis pas prête d’en trouver un vu mes… lacunes. Mais j’avais jamais été aussi libre que jusqu’à maintenant. Alors d’un côté je me dis que d’aller enfin à l’école, même à mon âge et même dans une école spéciale, ça peut être une bonne chose mais d’un autre, j’ai peur d’être de nouveau enfermée dans une bulle loin du reste du monde. Je crois que je suis plus un chat sauvage qu’un chat d’appartement, plaisanta-t-elle gentiment en reprenant une gorgée de son coca.
Il fallait dire la vérité, la proposition du mutant ne cessait de la travailler depuis leur rencontre. Elle n’arrêtait pas de cogiter, de peser le pour et le contre. Le problème était que la balance se retrouvait à chaque fois en équilibre entre les deux.
Je peux te poser une question ? C’est hyper personnel et je comprendrais si tu veux pas répondre mais pourquoi tu as pas quitté la Confrérie avec Pietro ?
u stade où elle en était, la jeune femme espérait vraiment que les chemins de Thomas et Emma ne se recroisent pas. Elle se doutait que, quand elle parlait de ces membres de la confrérie qui lui en avaient fait voir de pires, elle l'évoquait lui, et elle ne pensait pas valoir mieux puisqu'elle avait accepté de tremper dans ses magouilles. Dans tous les cas, si elle pouvait éviter le sujet plus longtemps, elle n'était pas contre. Oui, au fond, Emma avait sans doute davantage sa place au sein de l'institut Xavier, un endroit où, en plus, elle aurait la possibilité d'être nourrie, logée et blanchie. Elle comprenait, malgré tout, que la demoiselle ne veuille pas rester enfermée dans cette bulle à l'écart du monde, en effet, elle tenait certainement plus du chat sauvage que du chat d'appartement, et c'était ce qui faisait son charme, au fond. Enfin de toute manière, c'était sa décision, il serait vraiment malvenu de la part de la jeune femme de lui donner des conseils ou de la forcer à quoi que ce soit alors qu'elle-même n'était clairement pas la personne qui faisait les choix les plus avisés dans la vie, au point qu'elle-même avait de plus en plus tendance à s'interroger sur ses propres choix. Et d'ailleurs, la question d'Emma ne devait rien arranger. Elle comprenait bien que son interlocutrice s'interroge, et à présent qu'elle savait qu'Emma et Pietro se connaissaient, elle se doutait que la question allait être posée. Pourquoi ne pas être partie. Tous les jours de sa vie, elle devait se rappeler son pourquoi pour ne pas tout simplement le suivre.
-Je sais pas si Pietro t'as expliqué pourquoi nous avions rejoins la Confrérie en premier lieu. S'il fallait qu'elle s'explique, il fallait qu'elle en passe par là tout d'abord. Nous étions pourchassés, lui et moi, et ces hommes nous auraient tués si Magnéto n'était pas intervenu. Comme ça, pour rien, juste parce que nous étions... différents. Il nous a sauvé la vie, il nous a protégés. Elle marqua une légère pause. J'ai une dette à vie envers lui, je me suis promis de toujours la respecter. Je ne peux pas rompre cette promesse. Il lui arrivait, pourtant, d'en rompre d'autres, mais celle-ci avait une valeur particulière. Sans compter que, Pietro l'avait déjà remarqué et il n'avait pas tort, Magnéto exerçait une sorte de fascination particulière sur elle. Peut-être relative au fait qu'ils étaient liés par le sang, même si elle n'en savait rien. Pietro a décidé de partir parce que leurs méthodes... nos méthodes... sont... extrêmes. Elle marqua une légère pause. J'ai conscience que tous les non-mutants ne sont pas des ennemis, je sais que ça va trop loin mais... certains le méritent vraiment.
En tous cas, c'est ce dont elle essayait de se convaincre encore, même si c'était de moins en moins évident. C'était bien plus simple, quand elle avait son jumeau à ses côtés, et qu'elle ne pouvait pas envisager d'autres options. Là, forcément, depuis son départ, elle doutait sans cesse.
Être traiter comme un monstre parce qu’ils étaient différent, voilà bien une chose qui parlait à Emma. Mais elle n’avait jamais été poursuivie et n’avait jamais eu à craindre pour sa vie elle contrairement aux jumeaux. Après, quant à savoir jusqu’où devait aller la loyauté. Pendant la majeur partie de sa vie Emma avait suivi son père qui pourtant la traitait comme un vulgaire animal uniquement parce qu’elle s’était sentie redevable envers lui de l’avoir prit avec elle, de la nourrir et de lui donner un toit, même de roulotte minuscule. Mais cette loyauté avait prit fin de manière plus que brutale à l’instant même où Nic avait perdu la vie.
Emma ne s’attendait pas à ce que Wanda en arrière à tuer Magnéto bien sûr. En fait, elle comprenait même son point de vue pour tout dire. Mais on en revenait toujours à la même question : jusqu’où pouvait-on aller par loyauté ? Elle ne pensait pas qu’elle-même serait capable d’aller jusqu’à tuer des innocents parce qu’elle se sentait redevable. Mais après, il ne fallait jamais dire jamais. Elle ignorait ce que l’avenir aurait à lui apporter et peut-être que dans quelques années, elle penserait tout autrement, c’était un point à ne pas oublier non plus.
Tu ne penses pas l’avoir déjà depuis longtemps payé ta dette ? Je veux dire… J’imagine que tu as déjà fais… des victimes. Tu sais, une vie pour une vie. Tu crois vraiment pouvoir vivre longtemps à suivre une cause dans une manière que tu ne cautionne pas totalement juste… Par reconnaissance ?
Après Emma ne pouvait pas lui donner totalement tort. C’était vrai, certains non-mutants le méritaient mais ce n’était pas une raison pour mettre tous les humains « normaux » dans le même panier. Emma en avait la preuve formelle avec Dave d’ailleurs. Il était peut-être une exception, certes, mais il était bien la preuve qu’ils n’étaient pas tous des militantes anti-mutations.
Tu n’as pas envie de vivre ta vie comme toi tu le voudrais et non pas comme la Confrérie de l’impose ?
Ce n’était peut-être pas ses oignons mais Emma tenait vraiment à Wanda et pour être franche, elle craignait un peu de voir son amie tuée ou – pire à ses yeux – enfermée à vie !
D’autant que visiblement, Pietro avait pu partir sans trop de difficulté majeure. Après tout, il était en vie et à première vue, il semblait parfaitement entier. Il n’avait même pas quitté la ville, voir le pays.
entendre ainsi Emma tenter de la raisonner quant à sa décision de demeurer dans la Confrérie par loyauté et loyauté seulement (quoi qu'il n'y avait pas que cela non plus, elle était tout de même en accord avec certaines actions de la confrérie, et surtout, elle avait un immense respect pour Magnéto), elle avait l'impression que c'était son frère, qui parlait. Pietro, au moment de tenter de la convaincre de partir avec elle, avait usé d'approximativement les mêmes mots. Il lui avait fait remarqué que sa dette était payée depuis bien longtemps et que, par ailleurs, le sang des innocents versé valait bien qu'elle écourte ce qu'elle avait voulu être une éternelle allégeance. Mais si son jumeau n'avait pas su la convaincre, Emma n'y parviendrait pas davantage, quand bien même ces propos, qui venaient coïncider avec ceux de son frère, ne venaient que la troubler davantage et ajouter du doute au doute. Mais elle ne pouvait pas flancher. Elle ne pouvait pas changer d'avis, c'est tout. Elle avait promis de donner sa vie à celui qui avait sauvé la sienne, non, pas seulement la sienne, également celle de Pietro (ce qui à ses yeux revenait à peu près au même, au demeurant), elle ne pouvait pas envisager de revenir là-dessus, c'est tout. C'était au-delà de la reconnaissance, mais la jeune femme aurait bien du mal à l'exprimer, ou même à complètement le comprendre, car il fallait bien qu'il soit question de quelque chose au-delà de la reconnaissance pour qu'elle accepte d'être séparée de son frère, et surtout, d'avoir toutes les difficultés du monde à garder contact avec elle.
Si, par moments, elle voudrait pouvoir mener sa vie selon son bon vouloir, sans dépendre de la Confrérie ? Oui, bien sûr, et dernièrement, elle y pensait tous les jours. À se demander ce qui la retenait, sinon une promesse qu'il lui était de plus en plus difficile de tenir. Mais non. Elle avait si bien su se convaincre qu'aucun retour en arrière ne pouvait être possible que c'était presque de la fierté que de s'y tenir, quitte à se prendre constamment la tête. Il n'y avait pas besoin de chercher loin la preuve de la fragilité de son raisonnement, elle résidait dans le fait que la jeune femme ne savait quoi arguer, sinon un "c'est comme ça et pas autrement" de très mauvaise foi. Au final, elle se contenta de jouer à l'autruche.
-Je... Je ne changerai pas d'avis, de toute manière. J'aimerais mieux qu'on parle d'autre chose.
Elle baissa les yeux sur son assiette, dont elle allait peut-être finir par manger tout le contenu, elle qui picorait plus qu'elle ne mangeait, depuis le début de cette conversation. D'ailleurs, elle semblait tout à coup totalement captivée par son reste de hamburger et par ses frites, comme si la faim l'avait regagnée tout à coup. Ce qui était faux, bien sûr, mais les conversations embarrassantes que l'on tient à table ont au moins le mérite de nous laisser une échappatoire, au moment de justifier un silence de quelque nature que ce soit, ou bien notre incapacité totale à s'exprimer sur le sujet mis sur la table (c'est le cas de le dire).
Emma ne savait pas trop si Wanda était bornée ou si, dans le fond, elle avait peur de Magnéto et donc par conséquent de quitter la Confrérie. Dans un cas comme dans l’autre, elle semblait bel et bien résolue à rester parmi eux et ce, malgré le départ de Pietro.
L’ennui était qu’Emma se faisait du souci pour Wanda. Elle n’était pas sûr que la carrière de mutante terroriste soit la plus sûre qui soit et elle craignait un peu d’apprendre un jour la mort tragique de son amie. D’ailleurs, elle avait presque envie de lui répondre un truc du genre : « Très bien, comme tu veux… Tu voudrais quoi comme fleurs sur ta tombe ? » Mais elle s’abstint. La tension s’était enfin apaisée, elle n’avait pas envie que les choses s’enflamment à nouveau entre elles.
Et puis, ne disait-on pas il ne faut jamais dire jamais ? Quoi qu’il en soit, Emma espérait vraiment que son amie change d’avis avant qu’il ne soit trop tard.
Parler d’autre chose, très bien. Sauf que généralement c’était Wanda qui m’étaient les sujets sur les tapis. Emma estimait avoir une vie particulièrement « naze » et donc ne pas avoir grand-chose à raconter. De plus, ses lacunes faisaient qu’elle n’y comprenait absolument rien en politique et autre. La fille la plus barbante du monde en somme.
Alors que sans le savoir elle usait de la même tactique que Wanda en terminant son assiette en prenant cela comme prétexte pour réfléchir à quoi dire, elle repéra du coin de l’œil un groupe de garçons entre leurs âges qui discutaient à une table en jetant régulièrement des coups d’œil admirateurs à Wanda. De toutes évidences, un des garçons, un blond plutôt mignon, était très intéressé et se faisait un peu pousser par ses potes.
Je crois que tu as une… Comment on dit déjà ? Enfin que tu as un admirateur, dit-elle à Wanda en levant son regard de chat sur elle.
Emma pouvait comprendre le garçon. Sans s’être jamais intéressée aux filles, Emma était la première à reconnaitre que Wanda était vraiment très belle et à dire vrai, elle l’enviait bien souvent. Les deux filles, si on oubliait le côté mutation d’Emma, avaient quelques similitudes physiques et c’était presque encore plus frustrant pour la jeune fille qui ressentait parfois cette jalousie typique que pouvait ressentir une petite sœur banale – voir même carrément laide – face à une grande sœur particulièrement jolie.
force de ne savoir comment rompre le silence invoqué par son absence totale d'envie de revenir sur une situation qui ne savait satisfaire personne... et y compris elle-même, au final, elle arrivait finalement au bout de son assiette. Ça n'en rendait pas le silence en question, qui n'avait pas dû durer si longuement au demeurant, mais étant donné ce à quoi il succédait, la jeune femme avait quelque peu du mal à le quantifier, moins lourd, ceci dit. Et Wanda ne fut pas mécontente d'entendre Emma reprendre la parole, même si c'était pour aborde un sujet en soi un peu futile... quoi que plus il était futile, mieux c'était sans doute, car cela s'éloignait pas la même de ce dont elles avaient pu discuter de grave et de complexe l'instant d'avant. Instinctivement, elle suivit le regard de son amie, quand celle-ci lui apprit qu'elle avait un admirateur. Ah, vraiment ? En effet, à la table à proximité, un blondinet en particulier ne cessait de zyeuter dans sa direction. Elle eut le sentiment que croiser son regard, au vu de son sourire, lui avait comme envoyé un mauvais signal, et elle s'était alors empressée de se focaliser sur son assiette, décidée à ignorer cette bande d'amis, et le jeune homme qu'elle ne pourrait jamais que décevoir s'il décidait de venir l'aborder. Elle se contenta de hausser les épaules.
-Pas mon genre.
Mais à l'entendre, personne n'était vraiment son genre (ou alors, si on s'attarde sur le fait qu'elle avait un faible pour les synthézoïdes à la face rouge, alors on pouvait simplement dire que ses critères étaient un peu trop spécifiques pour le commun des mortels). Le fait est que la jeune femme ne s'intéressait pas, ni ne s'était jamais vraiment intéressé au sexe opposé. Pas plus qu'aux filles, d'ailleurs. Elle s'était établies d'autres priorités, qui ne la rendaient pas spécialement réceptives à ceux à qui elle pouvait potentiellement plaire. D'aucuns voyaient le célibat comme un fardeau. Pour sa part c'était seulement un état de fait tout à fait convenable. Ceci dit, ça l'arrangeait. Elle avait à présent un sujet de conversation à aborder.
-Je suis pas sûre que ce soit moi qu'il regarde de toute façon... mais tu n'es peut-être plus sur le marché ?
C'était bien banal, non, de lui demander ou elle en était dans ses amours ? Banal mais pratique, quand on ne voulait pas s'aventurer sur un terrain trop glissant. Elle lui avait affirmé qu'il n'y avait rien entre le type qui l'hébergeait et elle (ce qui était une très bonne chose au passage), ça ne voulait pas pour autant dire que son coeur n'était pas pris, non ?
Pas son genre ? Ce type était une vraie gravure de mode avec un brushing décoiffé parfait et un sourire de pub pour un blanchisseur dentaire. Sans compter qu’à en croire son t-shirt légèrement moulant, il devait être sacrément sportif. Après, il était justement peut-être un peu trop « photo de magazine » pour Emma qui préférait les garçons avec un petit côté un peu plus fou. Mais cela dit, si elle avait eu la chance qu’il la regarde comme il regardait Wanda, elle n’aurait pas dit non.
D’ailleurs, maintenant qu’elle y réfléchissait, elle ne connaissait pas les goûts de son amie en ce qui concernait les garçons. En fait, elle n’était même pas sûre des préférences de Wanda tout court. Peut-être que si le mannequin blond n’était pas son genre, c’était parce que la jeune femme préférerait sa sœur ? Ce n’était pas un souci pour Emma. Son propre frère avait eu l’habitude d’aller aussi bien avec les dompteurs qu’avec les assistantes et de toute manière au cirque, c’était toujours ainsi que les choses s’étaient plus ou moins passé pour quasi tout le monde. Presque tout le monde sauf elle au final.
Bien sûr que c’est toi qu’il regarde. Il te lâche pas des yeux en plus.
Elle ? Ne plus être sur le marché ? Ce ne serait pas demain la veille. Les seuls regards masculins qu’elle avait attirés jusqu’à présent étaient ceux d’espèce de tordu pervers, non merci.
Moi ?, ricana-t-elle en ramenant instinctivement ses cheveux vers l’avant pour cacher son visage à leurs voisins. Le terme Friendzone a été inventé pour définir le résumé de ma vie amoureuse...
Emma avait dit cela sur le ton de la demi-plaisanterie car dans le fond, elle préférait encore en rire qu’en pleurer mais c’était vrai que c’était un peu pesant mine de rien. Et l’épisode Thomas ne l’avait pas vraiment aidée à prendre confiance en elle à ce niveau-là. Alors certes, elle ne cherchait pas absolument l’amour à tout prix mais elle espérait quand même qu’un jour, quelqu’un lui dirait qu’elle lui plaisait et qu’il voulait être auprès d’elle… Et pour autre chose que des parties de jambes en l’air hyper glauque contre de l’argent !
Et toi d’ailleurs ? Si le beau gosse d’à côté t’intéresse pas… Est-ce qu’il y a quelqu’un d’autre dans ta ligne de mire ?
ui, c'était vrai, il ne la lâchait effectivement pas des yeux, et c'était en train d'en devenir profondément agaçant, au point que la jeune femme avait presque envie de lui adresser une réflexion peu agréable pour lui demander de la lâcher. Il ne faisait rien de mal, bien sûr, c'est pour cela d'ailleurs qu'elle s'abstenait, et objectivement, elle ne pouvait lui ôter qu'il était effectivement bel homme, mais, quand bien même ce peut sembler bateau, le physique n'avalait jamais vraiment été un critère pour Wanda. À vrai dire, ses critères étaient davantage liés à la personnalités de l'autre, et de ce point de vue-là, elle était particulièrement exigeante. Beaucoup trop, même. À partir de là, il n'y avait pas vraiment à s'étonner de ne l'avoir que rarement vu en couple, et jamais bien longtemps. Elle ne trouvait pas d'intérêt aux amourettes de courte durée ou aux coups d'un soir, et par conséquent, tout potentiel prétendant devait passer par une phase longuissime d'analyse et d'apprivoisement avant qu'elle commence ne serait-ce qu'à songer à envisager une histoire potentielle (hypothétiquement)... Déjà, un homme qui vous lorgne avec tant d'insistance au restaurant partait avec une multitude de points négatifs, à ses yeux, alors ce n'était même pas la peine d'espérer, pour le pauvre blondinet. Le jeune homme ne pourrait-il pas plutôt s'intéresser à Emma ? La sorcière rouge la trouvait tout aussi mignonne qu'elle. Plus, même. Et surtout, la jeune femme semblait attendre ce genre d'attentions (d'autant qu'elle lui confirmait être célibataire). De ce point de vue-là, elles semblaient bien différentes, toutes les deux. Emma était trop... terre à terre, pas franchement romantique, quand Emma semblait être un véritable coeur d'artichaud, avec toutes les déconvenues sentimentales qui vont avec.
-Tu trouveras chaussure à ton pied, tu n'as vraiment pas à t'en faire là-dessus.
Après tout, elle était mignonne, sympathique, et elle avait très clairement oublié d'être bête. Alors oui, elle vivait dans la rue, et ce n'était pas l'idéal, mais il n'y avait pas de mal à croire au prince charmant (même si Wanda s'épargnait ce genre de fantasmes)... La jeune femme haussa les épaules quand Emma lui demanda si elle avait quelqu'un dans le colimateur. Pas le moins du monde. Si l'amour de sa vie (si tant est qu'il existe) ne lui aterrissait pas dessus du jour au lendemain, elle ne ferait pas outre mesure d'efforts pour le trouver.
-Je cherche pas spécialement à me caser, à vrai dire. dit-elle, sachant mal justifier un discours qui devait la faire passer pour un vieille fille.
Non pas qu'elle soit fermée à une potentielle opportunité, loin de là, mais de toute façon, elle avait affaire, pour le moment. Une terroriste digne de ce nom ne s'embarrassait d'aucun homme. En fait, si elle voulait être une terroriste digne de ce nom, il aurait fallu qu'elle ne soit attachée personne. Mais il y avait Pietro, à qui elle tenait plus que tout. Et Emma, qui, elle le constatait, devenait vraiment une amie précieuse pour elle. Preuve en était de cette conversation, un peu délicate par moment, certes, mais quel plaisir de bavarder de sujets à ce point légers. Par moments, ça faisait du bien de se sentir un tant soit peu, disons, normale.