Sa capuche rabattue comme à son habitude sur son visage, Emma marchait dans au hasard dans les rues pour profiter des derniers jours de beaux temps avant l’arrivée de la neige. Elle marchait les mains enfoncées dans ses poches sans vraiment regarder où elle allait et c’était là son erreur qu’elle ne comprit que trop tard quand elle se retrouva dans une ruelle un peu à l’écart de l’agitation de l’avenue principale.
File-moi ton fric ! Tout de suite !
La voix, dans son dos, la fit sursauter et Emma se retourna vivement pour se retrouver devant un type qui devait avoir maximum 17 ans mais qui, surtout, pointait un cran d’arrêt sur elle.
T’es sourde ? file-moi ta tune tout de suite !
Sous le choc, Emma resta immobile, sentant son cœur manquer quelques battements. La peur lui enserrait la gorge et elle voulait à tout prix éviter la confrontation. Non pas par peur de ce que le type pourrait lui faire mais plutôt de ce qu’elle risquait de lui faire pour se défendre. La dernière fois qu’elle avait perdu le contrôle, elle ne préférait pas y penser.
Je… J’ai presque rien…, tenta-t-elle se défendre mais à peine eut-elle le temps de parler que son agresseur la plaqua violemment contre le mur, continuant de la menacer avec son couteau.
Mais c’est que t’as l’air bien roulée toi. On pourra p-t-être trouver un arrangement.
Aussitôt, l’agresseur tira sur la capuche d’Emma pour la lui retirer… Et recula précipitamment.
C’est quoi ce bordel !?, gueula-t-il en découvrant les yeux de félins et les crocs de sa victime.
Tout en ayant reculé d’un pas, il avait accroché le collier qu’Emma portait autour du cou. Son dernier souvenir de Nic, son défunt frère. Visiblement prêt à se contenter de ce maigre butin, le type fit mine de vouloir s’enfuir mais Emma refusait de perdre ce collier tout simple mais qui était son bien le plus précieux. C’est pourquoi, sans réfléchir, elle se jeta sur lui, le plaquant à son tour au mur.
Rends-moi ça tout de suite ! Schnell !
Gardant le mec contre le mur tant bien que mal, ce dernier commençant à se débattre maintenant que sa surprise était passée, Emma tenta de récupérer son collier.
Je m'étais débarrassé de ma bécane le lendemain de mon arrivée. Trop encombrante. J'en avais retiré quelques billets, bien peu vis à vis de ce que m'avais coûté sa restauration, mais c'était déjà ça. De toute façon, ce genre d'engin ne m'était plus d'aucune utilité et devoir la cacher pour devenir Nova m'était apparue comme une vrai galère. C'est donc principalement à pied ou en transports en commun que je parcourais le Bronx à la recherche d'un petit job pas trop contraignant que je trouvais très vite chez un livreur de colis. On me fournirait un vélo et je devrais sillonner le quartier pour déposer ou prendre des colis. L'avantage pour moi, c'était une certaine liberté et un véhicule facile à planquer dans les arbres ou suspendu en haut d'un immeuble, pour eux ça avait été de trouver un gogo assez inconscient pour circuler dans une des portions les plus dangereuses de la cité. Comme je ne commençais que le lendemain, je décidais donc de me promener un peu, autant pour prendre la température que pour essayer d'oublier ce mal de tête qui venait régulièrement me tarauder depuis ma dernière transformation. Ce n'était jamais au même endroit, comme si une bestiole essayait d'entrer dans ma tête en testant différentes voies d'accès ... Cela faisait comme un grésillement, une pression qui devenait douloureuse, puis plus rien avant de recommencer juste à côté et ainsi de suite jusqu'à ce que la douleur soit insupportable ... Le Bronx, l'avenue était fort animée, une foule hétéroclite s'y pressant vers des destinations inconnues tandis que moi même j'y déambulais, observant tout à la recherche de je ne sais quoi. J'avais fait une halte à un Fast Food pour y acheter un café, où le gars m'avait encore fait remarqué mon accent Canadien et ma façon de parler si caractéristique. En effet, quand on a passé un nombre certain de mois parmi des gens, on a tendance à chopper le parler et le ton du crus. C'était mon cas... Je passais donc pour un touriste, ce qui m'avait valu sans doute mon embauche immédiate, alors qu'on ne pouvait pas faire plus NewYorkais que moi, enfin de naissance bien sur... Je sirotais donc mon café, déjà à la recherche d'une poubelle pour y jeter mon gobelet vide, quand mon instinct puis mon regard furent attirés par le je ne sais quoi qui vous avertit qu'un truc pas clair allait se passer. Une silhouette encapuchonnée venait de bifurquer brusquement dans une ruelle à la suite d'une autre, tirant quelque chose de sa poche et faisant le mouvement caractéristique du pousse qui lance l'ouverture d'une lame. Ni une ni deux, je traversais la chaussée et m'engouffrais dans une autre ruelle, disparaissais derrière un conteneur à ordure et, m'arc-boutant me lançais vers les hauteurs alors que mon armure remplaçait instantanément mes vêtements. J'atterris sur le toit de l'immeuble et courrais vers l'autre côté pour évaluer ce qui se passait en bas. En récupérant mon armure j'avais eu tout de suite l'usage de ses détecteurs, mais le Worldmind avait disparu. Cela me contrariait un peu, juste un peu, mais je faisais avec, au moins je "n'entendais" plus sa voix dans ma tête en permanence à me donner des informations ou des directives comme si j'étais simplement sa chose, une extension de lui. J'y avais gagné ma liberté, comme aux premiers jours. Mes capteurs évaluèrent la situation, m'indiquant sur la visière de mon casque les paramètres de la scène : Celui qui était plaqué sur le mur était humain, de sexe masculin et les battements de son coeur indiquaient qu'il était en panique totale. L'autre, était de sexe indéterminé et dans un état d'agressivité montant en flèche, mais en lieux et place de l'espèce et du sexe s'affichaient une série de petits points clignotant indiquant qu'une recherche était en cours ... Tout à coup, une douleur aiguë me traversa le cerveau et j'entendis encore ces grésillements ... Mais cette fois, au milieu d'eux, je discernais des mots, la voix du Worldmind telle que je l'entendais autrefois mais déformée et lointaine ... "Entité non humaine, ...♫♪♫...race ...♫♪♫...Tamaran origine ...♫♪♫... Vega ...♫♪♫... Karna ...♫♪♫... Peuple Chat ...♫♪♫... Pays intérieur ...♫♪♫... potentiellement dangereux ...♫♪♫... extermination ...♫♪♫... Humanité ...♫♪♫..."
"message complet:
"Entité non humaine, apparentée aux races félines répertoriées dans nos banques mémorielles mais sans garanties d'en faire partie sans analyse génétique : - espèce féline localisée sur une seule planète : Tamaran, origine système de Vega, non agressive, quelques représentants et descendants sur cette planète - espèce féline localisée sur une seule planète : Karna, éteinte sans descendants connus à ce jour - espèce féline constituant le Peuple Chat artificiellement créé sur Terre et exilé dans une enclave spacio-temporelle nommée "Pays intérieur" A donné naissance à une sous espèce corrompue dont les membres sont potentiellement dangereux et n'ont pour but que l'extermination totale de l'Humanité. - La possibilité qu'il s'agisse d'une mutation ou d'une résurgence génétique peut être envisagée. Une analyse de ce sujet doit être réalisée pour confirmer ou infirmer les suppositions. "
Et la liaison disparut. Pour le peu que j'en avais perçu la chose qui avait coincé le petit gars en bas n'était pas humaine ni d'origine de la Terre et hostile ... Je sautais donc et me laissais tomber pour me poser en douceur juste derrière l'agresseur. Je saisis ses mains, enfin ses pattes (!?!) et en appuyant sur les endroits appropriés, l'obligeais à lâcher prise puis l'écartais doucement mais fermement de sa victime. L'autre, profitant de sa liberté retrouvée allait filer sans demander son reste quand il se ravisa et fit un mouvement circulaire visant à taillader le ventre de la chose que je retenais. Dans un réflexe totalement automatique, je pivotais et le couteau rencontra mon dos, se brisant à l'endroit où il aurait dû perforer mon torse. Le gars beugla un coup, lâchant ce qui lui restait de son arme et commença à sautiller en se tenant le poignet qui devait s'être cassé sous le choc... Mes senseurs enregistrèrent aussi la chute d'un petit objet qui s'abîma entre les barreaux d'une grille de collecteur d'eau à nos pieds. Je saisi le gars par le col et le soulevais de terre, et tenant l'autre aussi éloignée que possible par le bras je les regardais alternativement : "- Allo ! J'veux pas vous achaler à c't'heure, mais j'ai de la misère à vous voir blaster comme ça, ça n'a pas d'l'allure ! Si vous voulez pas que je vous crisse une volée, restez calme et expliquez moi votre affaire" devant leurs yeux ronds, enfin ceux du gars, je me repris en pur Verbiage New Yorkais : "Salut ! expliquez moi ce qu'il ne va pas que je sache qui emmener au poste ..." Et pour la première fois je tournais mon regard vers l'autre, le félin et j'en restais sans voix : Ses yeux étaient fendus comme les chats et des crocs ornais ses mâchoires et ... c'était une fille .... "Une fille ... Mince alors ! mais qu'est ce que vous êtes donc ? Expliquez moi tout ça ... Toi ! tu parleras quand je te le dirais et tu te calmes sinon je t'accroche là haut !" Lançais je à l'agité du couteau en désignant du menton les restes d'un réverbère encore accroché au mur au dessus de nos tête. Il cessa de gesticuler aussitôt ...
Dernière édition par Richard Rider le Lun 8 Juin - 15:23, édité 1 fois
Alors qu’Emma montrait littéralement les crocs à ses agresseurs, elle se retrouva soudainement interrompue par… Ok par quoi au juste ? Ce machin n’était pas assez rouge pour être Iron Man et de toutes manières, depuis quand Iron Man s’inquiéterait-il des simples voyous volant et violant dans les ruelles cachées de New York ? Mais si ce truc n’était pas Iron Man – ce qui était un fait quasiment établit à 100% - elle en revenait à la question du : C’était quoi ce truc ?
Mais quoi que soit cette espèce de chose en armure, Emma n’appréciait que très modérément de se faire ainsi attraper, même avec le plus de douceur possible, et commença à se débattre comme une véritable furie pour se libérer, allant jusqu’à pousser un rugissement qui qu’aucune gorge humaine n’aurait jamais été en mesure de produire.
Toutefois, elle se calma instantanément quand la boite de conserve sur pattes s’interposa entre elle et la lame du voyou qui l’avait agressé. En une seconde, Mister Aluminium était passé de casse-pied la retenant de force au statut de sauveur providentiel. Son héro Kick Ass aurait pu se pointer en cet instant avec un énorme bouquet de roses pour lui faire sa déclaration qu’elle n’aurait toujours eu d’yeux que pour l’Iron Man Bis. C’est que mine de rien, elle tenait quand même un minimum à la vie et n’était pas vraiment pressée de la voir abrégé. Encore moins dans une ruelle sordide de New York.
Mais son attention fut toutefois détournée par un petit éclat brillant tombant de la main du voyou blessé pour aller se glisser dans une foutue grille.
Oh nein nein nein !, s’exclama-t-elle en de précipitant mais trop tard. Le collier avait déjà disparu.
Accroupit dans une position plutôt étrange pour un humain, elle réfléchissait à comment faire pour récupérer son précieux collier quand son Sauveur s’adressa enfin à eux. Et le moins que l’on puisse dire était qu’il avait suffi qu’il ouvre la bouche pour rompre tout le charme.
Il avait dit quoi là ? Toujours accroupie, Emma releva le visage sur lui avec de grands yeux et son regard interrogateur trouva même écho dans celui du voyou. La jeune fille parlait pourtant couramment l’allemand, le français et l’anglais – même si elle avait encore parfois quelques lacunes dans cette dernière langue – mais là, elle n’avait pas comprit un traitre mot. Après tout, peut-être que la boite de conserve géante était un alien qui ne parlait pas les langues terrestres ? Mais alors qu’elle le fixait avec un air légèrement ahurie, l’autre reprit la parole et se traduisit lui-même. A priori il avait l’option google translate intégré, ce qui n’était pas une si mauvaise chose.
Quand le morceau de tôle humaine s’étonna de découvrir qu’elle était une fille, Emma senti la moutarde lui monter au nez. C’était vraiment pas possible, il n’y avait donc personne sur cette terre pour s’en apercevoir du premier coup ? D’accord, son corps féminin n’était pas vraiment la première chose que l’on remarquait chez elle mais quand même !
Poussant un soupire agacé, elle retourna son visage sur la grille à ses pieds.
Quoi ? T’as jamais vu une mutante ?, lui demanda-t-elle alors qu’elle glissait ses doigts dans la grille pour tenter vainement de la lever. Arrête de me regarder comme si j’étais une bête de foire…
La tigresse m'avait échappé des mains et s'était précipitée sur la grille qu'elle essayait en vain de soulever en criant son désespoir dans ce que je reconnaissait être la langue de Goethe : Oh nein nein nein ! Je me demandais ce qu'il lui arrivait un instant et d'un coup me souvenais de ce petit éclat qui avait disparu quand j'avais saisi l'autre, qui lui était bien sage au bout de mon bras, les pieds à 20 centimètres du sol. Mais le temps que je réalise ce qui motivait la féline, elle se retourna vers moi et me cracha tout en s'acharnant encore sur les grilles : Quoi ? T’as jamais vu une mutante ? ... Arrête de me regarder comme si j’étais une bête de foire… Avoir l'air stupide était une chose, se sentir comme tel, c'était autre chose ... "Une mutante ? Vous ne venez pas d'un autre monde ? Je ... Je ... suis désolé ... C'était plus une constatation sur votre sexe que sur votre appartenance à une autre espèce humanoïde c'est tout ... " L'autre, le suspendu, se mit à glousser : "D'où tu débarques toi ? C'est pas une extra-terrestre ! C'est une de ces saloperie de dégénéré de mutant ! Laisse moi me barrer et fait lui la peau ça assainira l'espèce humaine !" Là pour le coup, je fus légèrement estomaqué un instant, puis une sorte de fureur sourde monta en moi. J'approchais sa tête de ma visière, la seule chose qu'il pouvait voir était le bas de mon visage et cela suffisait largement à deviner que je n'étais ni de son avis, ni très content de ses propos : "Toi tu la boucles !", le ton de ma voix était en parfait harmonie avec mon état d'esprit et il rentra la tête dans les épaules en déglutissant. J'avais fait une boulette, ou du moins la chose qui avait disparu entre les barreaux comptait pour cette ... fille. Il me fallait réparer ça. Mais si je lâchais le sbire, il allait déguerpir et ça je ne le voulais pas non plus. La menace que je lui avait fait quelques instant me revint et un sourire narquois se dessina sur ma bouche : "Deux secondes mademoiselle, je mets ce colis en sécurité et je vous aide ..." Ni une ni deux, je me propulsais jusqu'à hauteur du porte réverbère et y suspendais le gaillard par la ceinture de son pantalon. "Si tu remues trop, tu tombes, il y a à peu près 5m en dessous de toi ... Reste là, je viendrais te récupérer après ..." Et je descendis pour me poser doucement à côté de la mutante tandis que le fier porte lames entrait en sanglots. Je la fis s'écarter doucement, ce qui ne l'empêcha pas de cracher encore : "Excusez moi ..." et d'une traction j'arrachais les grilles de leur support en emportant un peu de bitume et de ciment avec. En dessous, après l'à pic de 4m d'un tuyau assez large pour laisser passer un homme de bonne corpulence, mes senseurs détectaient l'élargissement d'un égout beaucoup plus grand et une masse d'eau en mouvement lent qui coulait au fond. Une échelle en fer pouvait permettre d'y descendre, mais ses barreaux semblaient bien fragiles pour supporter ne serais ce que le poids de la demoiselle. En outre, si mes souvenirs étaient exacts, les races félines et apparentées ne sont pas friandes d'eau, ni de bains dans des fluides nauséabonds surtout en milieu obscur. C'est donc en toute gentillesse que je lui proposais mon aide : "C'est un peu ma faute si vous avez perdu votre ... truc ... Dites moi de quoi il retourne et j'irais le chercher si vous voulez ..."
Et bien entre la boite de conserve qui semblait tomber des nues et le voyou qui voulait toujours lui faire la peau, Emma était vraiment mal barrée. Heureusement, celui en armure semblait malgré tout rester de son côté comme le prouva le sort qu’il fit subir au gangster du dimanche et Emma devait avouer que c’était plutôt drôle de le voir ainsi suspendu. Enfin du moins elle aurait sûrement beaucoup rit si elle n’avait pas été accroupie devant cette fichue grille où avait disparu son collier.
Ce pendentif était l’unique chose qui lui restait de Nic. Elle n’avait même pas une seule photo de son défunt frère, rien hormis ce collier pour honorer sa mémoire. C’était déjà assez difficile de ne pas avoir une seule image de son visage à part ceux de ses souvenirs. Elle ne pouvait pas perdre son collier, c’était hors de question.
Mais alors qu’elle ne savait pas comment faire, le type armure réapparu devant elle et arracha littéralement la grille et le béton allant avec.
Ils vont pas être ravit les services publics, murmura-t-elle en regardant les dégâts mais après tout, vu l’état du reste de la rue, cela passait presque inaperçu. Toujours accroupie dans une position qui aurait été plutôt acrobatique pour n’importe quel humain, Emma se pencha sur le trou sombre qui s’ouvrait devant elle.
Elle n’avait rien contre l’eau, elle adorait d’ailleurs les bains, mais là, l’odeur n’avait rien de très engageante. L’odorat de la jeune fille étant naturellement décuplé, elle ne pu s’empêcher de grimacer en reculant légèrement. Elle n’avait vraiment pas envie de savoir ce qui pouvait bien croupir là-dessous mais si elle voulait retrouver son bien, elle n’avait pas vraiment le choix. Mais son sauveur l’a prit alors de vitesse et elle reposa son étrange regard sur lui. Boite de conserve lui faisant de l’ombre, elle n’avait plus le soleil dans les yeux et ses pupilles jusque-là fendues s’arrondir aussitôt. Son regard en devenait ainsi presque normal si on oubliait que ses pupilles, bien que ronde, gardaient une taille disproportionnée contrairement à celles des autres humains.
C’est un collier avec un petit pendentif en forme de N. Il doit au moins y avoir 30cm voir plus de boue et de… Je veux même pas savoir quoi là au fond…
Vu le quartier et la ville, elle ne serait même pas étonnée d’apprendre qu’il y avait des cadavres plus ou moins décomposés là-dessus.
Vous avez pas peur de rouiller en allant patauger là-dedans ?
Quand la féline se tourna vers moi, j'assistais à la transformation de ses pupilles ce qui lui rendit presque un visage humain si ce n'est leur grandeur étrange et ses canines qui s'obstinaient à vouloir plus ou moins passer la porte de ses lèvres. C’est un collier avec un petit pendentif en forme de N. Il doit au moins y avoir 30cm voir plus de boue et de… Je veux même pas savoir quoi là au fond… Maintenant je savais ce que je cherchais et repérais immédiatement la chose en bas. J'allais m'élancer quand elle reprit : Vous avez pas peur de rouiller en allant patauger là-dedans ? J'éclatais littéralement de rire mais me reprenais vite, ne voulant pas la vexer : "Il n'y a pas de risque, ni qu'elle se tache, je ne m'en fais pas pour ça ... " Et je pris mon envol pour descendre doucement dans le conduit en état de sustentation. 4 mètres plus bas j'arrivais à la conduite principale. Heureusement, ce n'était pas le réseau des eaux usées domestiques, mais celui des égouts de rue pour les eaux pluviales où s'écoulait une dérivation des sources et cours d'eaux de cette partie du pays. Mes senseurs détectèrent vite le collier et bien d'autres choses encore plus profondément enfouies dans la vase. Rien qu'en ratissant ce coin et en mettant au clou ce qui pouvait l'être, je pouvais vivre sans bosser au moins 2 mois ... Je me mis à l'horizontale et, comme il n'y avait qu'à peine 20 cm d'eau libre et claire au dessus de 80 cm de vases inertes, je tendis le bras et saisis le collier par le "N". C'était un colifichet des plus banal, mais certainement d'une valeur sentimentale inestimable pour elle. De mon autre main je fouillais la vase un peu, retirant 2 bagues en or aux pierres semi précieuses et une autre chaîne en argent plus grosse sans rien au bout. Avançant un peu en amont, je profitais d'une eau plus claire pour nettoyer tout ça, faisant fuir une multitude de rats, puis, tenant à bout de bras au dessus de ma tête ce que j'étais venu chercher et enfermés dans mon poing le reste de mes trouvailles, je repris le chemin de la surface. Je sortis ainsi de l'égout, et, un peu comme la dame du lac le fit pour Lancelot, je remis en passant à l'air libre le bijou entre les mains de sa propriétaire légitime, puis me posais à ses côtés. "Voilà, vous voyez, ce n'était rien, par contre, il va falloir réparer la chaîne, elle est cassée ... " Je regardais en l'air mon bonhomme pendu pendant qu'elle se relevait : "Je vais appeler la police pour qu'elle vienne récupérer celui là, ça devrait leur prendre un peu de temps avant de le décrocher et lui laisser le loisir de gamberger un peu ... " Je présentais alors ma main ouverte à la jeune fille : "Tenez, prenez cette chaîne en attendant et choisissez une de ces bagues en dédommagement ... Je doute que leurs propriétaires légitimes viennent les réclamer ... Servez vous, c'est offert par la maison ..."
Bon visiblement Boite de Conserve High-Tech ne craignait pas la rouille. Cela avait ses avantages probablement dans une carrière de super-héro mais pour Emma qui y connaissait que dalle en alliages divers et variés, la ferraille, ça rouillait. Il fallait dire aussi qu’elle n’avait jamais vraiment cherché plus loin mais à bien y réfléchir, il était clair qu’elle imaginait mal Iron Man couvert de rouille.
Ces réflexions, elle se les fit alors que son sauveur disparaissait dans la bouche d’égout et, penchée sur l’ouverture, Emma ne pu s’empêcher d’avoir une grimace. Entre son odorat particulièrement développé et sa vue capable de s’adapter à la nuit, comme chez les chats, elle pouvait assurer que ce n’était définitivement pas très joyeux là en bas. Elle en vain à espérer pour le type qu’il avait un filtre à air efficace dans son casque et l’estomac bien accroché.
Bouark, laissa-t-elle échapper en voyant une cohorte de rat filer en vitesse, probablement mit en fuite par le super-héro qui, lui, avait disparu de son champ de vision. Même si Emma avait dû en arriver à l’extrémité de se nourrir de rat crû pour survivre, chose qu’elle n’avait pas l’intention de dire à qui que ce soit un jour, elle restait une fille et malgré toute la félinité qui pouvait y avoir en elle, voir des rats sales courpatter dans l’eau des égouts, elle trouvait ça réellement bien plus dégoûtant qu’appétissant. Et pourtant, il fallait avouer qu’elle raffolait plus que tout de la viande rouge crue. Sauf qu’à choisir elle la préférait déjà découpée en steak que de l’arracher à pleine dents d’une bestiole gesticulant encore.
Alors que le type revenait, Emma leva son regard sur l’autre victime de l’histoire qui commençait à chialer comme un môme attaché à son lampadaire. Non mais sérieusement ? il n’avait donc aucune fierté ce mec ?
Erbärmlich…, marmonna-t-elle en le regardant avec la même mine de dégout qu’elle venait d’adresser aux rats.
La voix du Chevalier Métallique attira l’attention d’Emma qui tourna alors vivement la tête vers lui. Un immense sourire apparu sur ses lèvres quand elle vit son collier qu’elle récupéra d’un geste plus vif que la normale.
Merci, merci, merci, merci !, lança-t-elle avant de littéralement sauter au cou de son sauveur. Sa réaction pouvait paraitre excessive pour un bête collier au pendentif en argent banal mais pour Emma, c’était ce qu’il lui restait de plus précieux au monde. Désolée…, s’excusa-t-elle en le relâchant avant de poser le regard sur ce qu’il lui tendait.
Si la jeune fille accepta de prendre la chaine en argent aussi banale que son pendentif, elle se montra plus réticente en regardant les bagues. En plus d’être jolies, une seule d’entre elles pourraient facilement se vendre une bonne centaine de dollar. Mais avait la voix de Pietro qui lui tournait en tête. Le vol était une chose à éviter le plus possible, même dans leur situation.
Vous devriez plutôt les apporter au poste de Police. Peut-être que les propriétaires ont signalés leurs pertes aux objets trouvés.
Après tout, c’était de belles bagues. Peut-être que l’une d’elle manquait à son propriétaire tout comme son pendentif lui aurait terriblement manqué sans le secours de Super… Super qui d’ailleurs ?
L'expression exubérante de la joie de la jeune femme m'avait pris au dépourvu, même si pour une fois, être remercié ainsi spontanément par une personne qui se jette dans mes bras après que je l'eu aidé avait été des plus agréable. Avant de partir de notre bon vieux caillou pour des planètes lointaines, j'avais pour habitude de m'éclipser rapidement et d'éviter ce genre de choses, là, je n'avais pas eu le temps d'y échapper, j'étais rouillé sans doute, et bienheureux d'avoir la tête cachée par mon casque ... C'est donc un peu embarrassé que je la regardais prendre la chaîne puis hésiter sur le choix de la bague, enfin c'est ce que je pensais jusqu'à ce qu'elle ouvre la bouche :
Vous devriez plutôt les apporter au poste de Police. Peut-être que les propriétaires ont signalés leurs pertes aux objets trouvés.
Ce qu'elle disait était rempli de bon sens et d'honnêteté me laissant un peu plus surpris encore. Cette pureté et cette noblesse d'âme me laissaient songeur venant d'une personne qui ne devait sans doute pas manger tous les jours à sa faim et vivre de ce que lui donnait le hasard aux vues de sa tenue et des carences qu'avaient détecté mes senseurs. Pourtant elle était déjà bien jolie, ses spécificités physiques ne me dérangeaient pas plus que ça, j'en avais rencontré bien d'autres et avais lié des liens avec des créatures que mes compatriotes terriens auraient arrosé généreusement de chevrotine au premier contact. Nourrie et dans un environnement favorable, cette jeune personne serait très jolie, presque désirable. Je chassais cette dernière pensée et revins au bijoux. Vu la profondeur où elles étaient engluées dans la vase, quasiment au même niveau, les bagues avaient dues tomber au même moment, une légère différence de poids ayant favorisé l'enfoncement de l'une par rapport à l'autre. Discrètement, je lançais une analyse plus poussée ainsi qu'une recherche dans les fichiers de la police auxquels je m'étais branché quelques heures auparavant et où je naviguais à loisir, enfin où le Worldmind naviguait sans heurt ni vagues, traversant les protections sans même les faire frémir. J'étais un peu trop concentré sur les affichages quand elle me posa sa question : Vous êtes qui vous au fait ? et lui répondais tout naturellement tout en me rattrapant au dernier moment : "Rich .... Nova ... On me connait sous le pseudonyme de Nova ..." Un peu plus et je lui donnais mon vrai nom et s'en était fini de d'être anonyme. Il faudra que je sois plus vigilant à l'avenir. Les recherches ne donnèrent rien, juste un rapport succinct à propos de l'agression d'un petit escroc dans cette ruelle à peu près à l'époque concernée. Il avait reçu un mauvais coup de couteau alors qu'on essayait de lui voler son stock de reproductions de grand et petits créateurs étrangers. L'analyse des bagues confirma mes soupçons que c'était effectivement de mauvaises copies de modèles de marques, donc sans doutes provenant de la rixe. Les garder et les fourguer au clou ne poserait pas de problème au final et je m'empressais d'en faire part à la féline jeune femme. "Je viens de faire quelques recherches, le propriétaire est sous le barreaux encore pour longtemps pour escroqueries et reventes de faux, donc allez y, il n'y a pas de risque ni de mal à se servir ... Et on ne retire aucune gloire à mourir de faim ..." Je lui mis dans la main la bague qui aurait le plus de valeur marchande et refermais le poing sur l'autre tout en envoyant aux forces de l'ordre notre position et les avertissant qu'ils avaient un paquet à réceptionner ... "Je viens de prévenir la police, elle ne va pas tarder je pense pour récupérer ce petit gars là haut ... Et vous, comment vous appelez vous ? D'où venez vous ? Et sans vous vexer, à quel peuple appartenez vous donc ? ... "
Elle se sentait un peu idiote d’avoir ainsi sauté au cou de son sauveur mais elle était réellement soulagée que les choses se terminent bien finalement. Et puis elle devait avouer qu’elle n’avait pas vraiment l’habitude que l’on prenne son parti et qu’on la sauve. Généralement, les gens l’évitaient quand ils la voyaient, les mutants n’étant clairement pas les plus appréciés depuis quelques temps, merci aux terroristes et à leurs actions qui n’aidaient pas vraiment à laver leur image.
Emma jeta un nouveau petit coup d’œil à l’idiot suspendu après avoir refusée les bagues. Le voyou avait l’air d’un pantin oublié dans un coin mais il fallait bien avouer que de le voir ainsi suspendu avait quelque chose d’assez drôle. Mais peut-être que la situation lui paraissait aussi comique par soulagement. Après tout, aussi pathétique pouvait-il être à pleurer comme un môme ainsi suspendu, il avait quand même tenté de la poignarder. Mais à présent, cela signifiait devoir affronter les flics et leur expliquer la situation. Il fallait être franc, la police allait probablement bâcler l’affaire. Un voyou agressant une mutante et stoppé par un type en armure ? Autrement dit 3 représentants de tout ce que les autorités de cette ville aimaient le moins et généralement ils le leur rendaient bien d’ailleurs.
Enchantée Rich Nova, lui répondit-elle quand il se présenta non sans manquer visiblement de ce tromper de nom. Cette petite bourde de Boite de Conserve la fit sourire et même légèrement rire mais réalisant que son sourire soudain dévoilait à nouveau ses crocs, elle baissa légèrement la tête en refermant les lèvres même si un petit sourire amusé étirait toujours ses lèvres.
C’était devenu des réflexes chez elle. Cacher ses yeux, sourire la bouche fermée, marcher debout même si c’était plus compliqué pour sa physionomie. Bref, tout faire pour se fondre dans la masse et, surtout, pour ne pas mettre les gens face à elle mal à l’aise. Après tout, Emma avait passé toute sa fille à être traitée comme un monstre, une bête de foire, et avait fini par y croire elle-même.
Elle ne releva les yeux que lorsque Nova – étant donné que c’était son nom et qu’il préférait probablement ça à « Boite de Conserve » même si désormais Emma le surnommait ainsi dans sa tête de manière affectueuse – lui prit la main pour y déposer l’une des bagues. Il venait de faire des recherches ? Surprise, Emma fronçait des sourcils tout en l’écoutant avant d’observer longuement le casque qu’il portait. Il devait y avoir une sorte d’ordinateur là-dedans. Et un type sous le casque accessoirement. Pour le peu qu’elle pouvait voir de lui, le vraiment très peu d’ailleurs, il avait l’air humain. En tout cas, aucune écaille et tentacules à l’horizon.
Mais quand Nova lui fit une petite remarque sur le fait que l’on ne retirait aucune gloire à mourir de faim, Emma fit une grimace. Cela se voyait donc tant que ça ? Pourtant, grâce à l’aide de Dave, elle avait repris quelques kilos mais il était vrai qu’elle était encore loin d’un poids normal.
Je voulais faire carrière comme mannequin anorexique mais les crocs, ça passe mal, tenta-t-elle de plaisanter tout en se mordillant la lèvre et comme toujours quand elle était gênée, elle enfonça ses mains dans ses poches, donnait l’impression de vouloir faire disparaitre sa tête entre ses épaules. Pour la confiance en soi, ce n’était pas encore vraiment gagné.
Emma fronça à nouveau des sourcils mais avec un air amusé quand Nova la harcela soudainement de question. C’était surprenant, elle aurait pensé qu’une fois sa bonne action faite, il filerait loin du voyou et de la chose qu’il avait sauvé et qui visiblement l’intriguait.
Eum je m’appel Emma et euh… j’appartiens au peuple Helvète mais j’ai longtemps vécu parmi les Germains, répondit-elle avec un petit sourire. Après tout, c’était la vérité même si les termes employés n’étaient pas les plus courant.
Ce pouvait-il vraiment que ce type ignorait l’existence des mutants ? Est-ce que… Ce pouvait-il que son sauveur soit originaire d’une autre monde ?
Je suis humaine si c’est ce que vous voulez savoir… Même si ça ne se remarque pas au premier coup d’œil je sais, ajouta-t-elle avec un petit sourire. Et vous, vous appartenez à quel peuple ?
Voilà bien une question qu’elle n’aurait jamais cru poser un jour mais elle était réellement curieuse. D’autant que c’était frustrant de ne rien voir de son sauveur que son armure et son casque. Cela lui apportait une aura mystérieuse certes mais Emma avait toujours été curieuse de nature. D’autant que ce « Rich Nova » lui semblait être vraiment sympathique.
Vous devriez peut-être filer avant l’arrivée des flics. Ils vont insister pour connaître votre vrai nom et vous faire enlever votre casque. Moi aussi je filerai bien d’ailleurs…
Quoi que l’idée de voir son visage était assez tentante pour la jeune fille. Mais Emma elle-même n’était pas vraiment pressée de se retrouver entre les griffes des flics. Son visa qui lui avait permis d’entrer sur le territoire Américain n’était plus valide pour très longtemps, il devait arriver au bout d’ici peu de temps, et Emma, même un peu perdue sur ce continent inconnu, avait l’intention de rester ici finalement. Elle n’avait juste pas encore trouvé comment régler ce futur petit souci technique.
Je voulais faire carrière comme mannequin anorexique mais les crocs, ça passe mal Je n'avais pu m'empêcher de sourire jaune quand elle me donna du "Rich Nova" et franchement à sa boutade à propos de ses crocs et de sa carrière avortée de mannequin, mais redevins sérieux en la voyant se ratatiner comme elle le faisait. Sa condition, sa différence, son apparence semblaient pour elle être un fardeau que je ne comprenais pas dans un premier temps, j'avais côtoyé trop d'êtres différents qui une fois l'aspect mis de côté étaient dignes d'intérêt et d'amitié et tant d'autres au contraire beaux et bien fais qui n'étaient que des monstres à la belle robe, que je ne percevais plus ni je jugeais plus ceux que je rencontrais sur la mine. De plus, elle m'intriguait au plus haut point de par sa forme féline si rare dans l'Univers, enfin celui ci, et son humour me plaisait. Eum je m’appel Emma et euh… j’appartiens au peuple Helvète mais j’ai longtemps vécu parmi les Germains Je vis défiler les informations sur la visière de mon casque, complétant celles que je connaissais déjà. Elle venait donc de l'Europe Teutonne, d'où cet étrange accent, amplifié par sa dentition développée dont elle semblait aussi avoir honte, ou du moins tentait de cacher comme elle pouvait. Je suis humaine si c’est ce que vous voulez savoir… Même si ça ne se remarque pas au premier coup d’œil je sais ...Et vous, vous appartenez à quel peuple ? Le ton qu'elle avait employé pour me dire cela aussi calmement que possible sentait le défi et un soupçon de rancune, d'agacement, et le pauvre sourire qu'elle arborait maintenant aurait fait frémir plus d'un mais raviva le souvenir d'autres tels qu'elle avec qui j'avais passé de longs moments agréable. C'était le sourire qu'avait Duun quand il avait une bonne main aux cartes et lorgnait vos jetons ... Je hochais la tête en signe de compréhension, mes senseurs disaient aussi qu'elle était humaine, du moins en partie, mais avaient encore du mal à déterminer l'autre part qui lui donnait son apparence ... Ils me réclamaient un échantillon pour analyse, que je me refusais à leur produire ... A moins qu'elle ne me crache dessus bien sur ... j'aimais bien son tempérament direct, et sa question sur mes origines m'embarrassa plus qu'elle n'aurait dû ... Heureusement, mon casque cachait mes traits et elle ne pouvait voir ni mes yeux, ni mon front plissé alors que je me demandais moi même quoi répondre à cela ... A vivre hors du temps et loin de sa propre maison, j'étais devenu presque étranger à ce monde qui m'avait vu naître ... Étais je encore un Terrien ? Je ... Je suis né ici, à New York ... donc à priori, je suis américain, enfin, de naissance ... J'en étais encore à me poser cette ultime question quand elle reprit la parole : Vous devriez peut-être filer avant l’arrivée des flics. Ils vont insister pour connaître votre vrai nom et vous faire enlever votre casque. Moi aussi je filerai bien d’ailleurs… Je la regardais et penchais la tête, quand j'avais mentionné l'arrivée des forces de l'ordre tout à l'heure, j'avais perçu une pointe de panique en elle qu'elle venait de me confirmer. Etant étrangère, et si les règles n'avait pas changé en ces quelques 15 ans, elle devait avoir un visa pour demeurer sur le sol américain, dans le cas contraire, elle serait reconduite à la frontière illico. Son allure indiquait qu'elle n'avait pas tous les jours à manger à sa faim, du moins suffisamment, ce qui m'amena à penser qu'elle vivait plus ou moins dans la rue ... J'avais tant de chose à comprendre, tant de choses à rattraper, et elle m'intriguait, je ne voulais pas la quitter ainsi sans en savoir plus ... Je jetais un coup d'oeil vers le bout de la ruelle où on voyait l'avenue pleine de vie défiler entre les murs et revenant à elle, lui souris : Attendez une seconde ... Je récupérais la grille à laquelle s'accrochaient encore les restes de macadam et de ciment qui la scellaient. Je la remis en place succinctement, puis d'un coup sec du plat de la main, la remettais en place, aplanissant les bords arrachés. Quand j'en eu terminé, on voyait à peine la place de mon précédent démontage. Je revins et m'arrêtais face à elle. Vous permettez, Emma, nous allons aller quelque part où discuter loin de tout cela ... Là haut, sur le toit ... et disant cela, je la pris dans mes bras, et décollais. Je m'arrêtais à hauteur du jeune délinquant : Toi, les flics vont venir te chercher et te dépendre, tu resteras sans doute en garde à vue, puis ils te relâcheront, sans plainte et sans arme, ils n'auront rien contre toi, cette fois ci ... Mais il va te falloir de racheter une conduite ... Va dans la 117 ème avenue, il y a une entreprise de livraison par cycle, fait toi embaucher, j'ai un ami là bas qui te fera entrer et qui te surveillera ... Mais si je vois une autre condamnation fleurir sur ton casier ou si je te rencontre encore en train de faire quelque chose de répréhensible, je te suspendrais au pont de Brooklyn par les pieds ! Et sans plus attendre, je continuais mon ascension jusqu'aux toits où je déposais Emma doucement avant de m'assoir sur le rebord. En bas, les silhouette de représentants des forces de l'ordre venaient d'entrer dans la ruelle portant une échelle ... Je regardais Emma et lui souris encore : Voilà, ici, nous sommes tranquilles et nous pouvons papoter autant que nous voulons ... Donc je disais, je suis Américain de naissance, mais j'ai beaucoup voyagé depuis ce jour là et je suis de loin plus étranger que vous ici ... Parlons de vous, dites moi tout s'il vous plaît ... Au fait, c'est Nova tout court mon nom ...
Nova n’avait pas trop l’air d’être sûr de sa nationalité. En fait, il donnait même l’impression de ne pas être très sûr de qui il était tout court et cela piqua la curiosité d’Emma mais elle n’eut pas le temps de le questionner sur le sujet car déjà au loin se faisait entendre le bruit des sirènes de police. Sur le coup, elle ne comprit pas vraiment ce qu’il trafiquait avec la grille. A dire vrai, elle eut même peur qu’il propose de la cacher dans ces égouts plus que mal odorant. Mais non, à priori il réparait simplement au mieux les dégâts qu’il avait occasionnés.
Emma était occupée à le regarder faire et, par conséquent, ne comprit pas tout de suite où il voulait en venir quand il parla de parler sur le toit. Mais elle le comprit bien vite quand elle se retrouva soudainement dans ses bras et se senti décoller.
Prise par surprise, elle poussa un petit cri tout en s’accrochant soudainement et avec force au coup de Nova. Elle n’avait pas du tout l’habitude de l’altitude, ou plus exactement de ne pas sentir la terre ferme sous ses pieds, et elle n’en menait pas très large pour le coup. Ainsi, pendant que son sauveur papoter le plus naturellement du monde en volant au type accroché à son lampadaire – scène des plus banales à New York n’est-ce pas ? – Emma tenta de jeter un coup d’œil en contrebas. Résultat, ouvrant des yeux comme des soucoupes, elle s’agrippa encore d’avantage à l’armure.
Les choses ne s’améliorèrent pas quand, ayant fini de parler, Nova décolla encore plus haut. Emma poussa un nouveau petit cri en se cramponnant de toutes ses forces, fermant aussitôt les yeux.
Me lâchez pas, me lâchez pas, me lâchez pas !, ne cessait-elle de répéter jusqu’à ce qu’elle sente la sensation familière d’un sol solide sous ses pieds. Elle rouvrit alors doucement les yeux relâcher Nova dans un premier temps. Maintenant que sa frayeur était passée, elle devait bien avouer que finalement, elle avait trouvé ça plutôt chouette comme expérience.
Remise de ses émotions, elle réalisa tout à coup qu’elle cramponnait toujours Nova et le relâcha aussitôt, rougissant légèrement.
Désolée…
Heureusement, Emma ne souffrait pas de vertige et elle vînt s’installer à ses côtés, sur le rebord du mur et sans réfléchir, elle prit une position qui pouvait paraitre plutôt étrange pour une humaine. En effet, se fut dans une position typique des grands félins qu’elle « s’asseyait », plus accroupie que vraiment assise mais avec sa morphologie particulière, c’était ainsi qu’elle était le mieux installée. Curieuse, elle se pencha en avant pour regarder, en souriant, les flics partir à la recherche du voyou suspendu. La scène était plutôt comique à regarder. Mais elle reporta son regard sur Noya quand il reprit la parole.
Elle aimait les voyages, cela avait été le seul point positif avec la troupe, et elle voulait déjà le harceler de questions sur le sujet mais il détourna la conversation… Sur elle. Tout lui dire ? Ce n’était pas forcément une excellente idée ça. Lui dire quoi ? Qu’elle avait vécu les premières années de sa vie enfermée chez elle, séquestrée par une mère honteuse de l’avoir mise au monde ? Qu’elle était ensuite partie dans le cirque où travaillait son père et son demi-frère et où elle avait littéralement joué les bêtes de foires ? Et qu’après avoir assassiné son père lors d’une représentation, elle avait suivi le premier mutant venu aux Etats-Unis avant de découvrir qu’il s’était rapproché d’elle que pour la recruter dans la Confrérie, le groupement de mutants terroristes ? Non, définitivement non.
Il n’y a pas grand-chose à dire… J’ai vécu dans un cirque en Europe où j’avais un numéro avec les félins et… je suis partie et j’ai atterris ici, expliquait-elle avec son petit accent allemand tout en haussant les épaules. C’est un peu long et compliqué. Et vous alors ? Comment vous êtes devenu un Chevalier en Armure ?
Tenir la jeune femme contre moi avait été un contact des plus plaisants, surtout quand elle s'était cramponnée à moi sous l'effet de la peur. Alors que nous étions ainsi face à face, je ressentais encore la chaleur de son corps contre moi et la pression de ses bras autours de mon cou. Ce genre de contact "rapprochés" m'avaient donc manqué bien plus que je ne pouvais le deviner ou l'avouer ... J'avais encore de l'humanité en moi malgré tout ce que j'avais vécu et vu ... Emma n'était pas des plus loquace et je comprenais ses raisons. On ne se confie pas comme ça à un étranger, même si il avait été plus qu'amical. Elle avait vécu dans un cirque donc, et vu son physique, cela n'avait peut être pas été dans les meilleures conditions. Etre une mutante, surtout avec des attributs aussi voyants, ne devait pas être une sinécure. Elle n'avait pas dû manger à sa faim tous les jours et comme le démontrais son attitude, être habituée à se cacher et à faire profil bas. C'était pourtant une jolie fille, et j'en connais plus d'un de mes anciens camarade de combat qui se seraient battus pour obtenir ne serais ce que le droit de l'inviter à boire un verre après le service. Mais ceux là étaient morts ou démobilisés, et nous étions sur Terre, parmi des humains à priori suspicieux et peu favorables aux mutants et aux personnes n'entrant pas dans le cadre "normalisé". J'avais presque envie de lui prendre la main et de la serrer pour la réconforter et lui assurer que ce physique n'était rien pour moi, mais n'en fit rien, elle aurait pu mal prendre ce simple geste amical. Au contraire donc, je quittais la contemplation de ses yeux, de son visage fin et doux que n'arrivaient pas à enlaidir les petites bosses que faisaient ses crocs sur le contour de sa bouche ou quand ils montraient leur blancheur d'ivoire quand elle parlait, pour fixer mon regard en bas sur la ruelle redevenue silencieuse après le départ des policiers et de leur prisonnier. C'est aussi un peu long et compliqué d'être devenu ce que tu appelles un Chevalier en armure ... dis je en souriant, toujours sans la regarder. Disons qu'on m'a inscrit sans me demander mon avis à une loterie intergalactique et que j'ai gagné le gros lot ... Et que j'ai été absent et dans des lieux très éloignés un bon moment pour faire ce pour quoi on m'a transformé avant de revenir ici, à la case départ en somme... J'étais une sorte de flic et de soldat là bas ... Je faisais appliquer la loi, leurs lois, jusqu'au jour où je me suis rendu compte qu'elles ne servaient plus que leurs propres intérêts ... J'étais sur la même réserve qu'elle, et me rendis compte que pour parvenir à comprendre ce phénomène mutant qui avait déferlé sur terre et surtout en savoir un peu plus sur cette jeune femme, il faudrait de la patience et plus d'une rencontre. L'idée de la revoir me séduisait, nous étions un peu semblables en fait,si ce n'est par le physique. Etrangers en mal de reconnaissance et d'une vie paisible à la fois qui serait agrémentée d'un peu de sel à notre seule volonté. Et puis j'avais moi même besoin de m'évader de ce monde d'humains normaux, de fréquenter à nouveau des gens exceptionnels, différents, pour qui avoir une force peu commune et une armure de temps en temps ne serait pas un problème. Emma me rappelais d'autres comme elle avec qui j'avais passé une partie de ma vie et avec qui j'avais sommes toutes tissé des liens d'amitié, presque fraternels, qui me manquaient. Mais elle n'était pas encore prête pour cela, trop de passif et pas assez de présent. Je décidais donc d'écourter cette rencontre tout en lui proposant une autre, ou du moins la possibilité d'une autre : Je vais devoir y aller, je ne me balade pas toujours sapé comme ça tu dois t'en douter, et j'ai un petit job que je tiens à garder pour nourrir l'autre partie de ma vie ... Voici mon numéro d'appel... et grâce aux fonctions de ma combinaison, je détectais son portable, analysais et récupérais son numéro et lui envoyais un texto où il n'était noté que "Nova" qui s'inscrit dans ses messages reçus. Je bénissais le ciel et le vendeur de mon propre appareil qui m'avait expliqué comment réaliser un numéro associé. Ainsi, Richard Rider et Nova utilisaient le même appareil qui pouvaient être contactés avec 2 numéros séparés. Le pied pour une double identité. Je n'avais eu ensuite qu'à supprimer la géolocalisation et à coupler mon armure pour pouvoir répondre et émettre même si je ne l'avais pas sur moi pour que tout soit en ordre. Si tu as un souci, ou simplement envie de parler avec quelqu'un, n'hésites pas surtout ... Je peux te déposer quelque part ? demandais je en me relevant, ne sachant si mon offre serait acceptée ou si la jeune femme consentirait à s'ouvrir un peu plus aujourd'hui.
Quand Nova reprit la parole, Emma tourna son regard vers lui et l’écouta avec attention. Elle était réellement curieuse de savoir qui il pouvait bien être. Depuis son arrivée à New York, Emma était une fan de Kick Ass. Elle était impressionnée par le fait qu’un type apparemment normal – et dont elle ignorait qu’il s’agissait en réalité de celui qui l’hébergeait depuis quelques semaines – puisse jouer les justiciers de la sorte juste dans le but de rendre la ville un peu meilleur. Grâce à Dave, elle avait pu lire désormais la série de bandes dessinées sur ce héro mystérieux et le trouvait toujours aussi super. Mais elle ne l’avait jamais rencontré (enfin oui vu qu’elle vivait chez Dave mais comme elle ignorait donc sa double identité…) et Kick Ass gardait une aura un peu irréelle pour elle. Alors que Nova, il se tenait là, en chair en os et en armure, à ses côtés. Il était réel, pas juste une image. C’était difficile à expliquer mais cela le rendait plus « vrai » aux yeux d’Emma.
Une loterie intergalactique ? Des lieux très éloignés ? Emma écarquilla les yeux en l’écoutant, penchant la tête sur le côté. Pour le coup, Emma avait soudainement des centaines de questions à lui poser. Avait-il réellement voyagé à travers l’espace ? Emma avait connu des mutants, certes, mais c’était cette découverte-là qui était tout simplement incroyable à ses yeux.
Mais alors qu’elle allait ouvrir la bouche pour lui faire subir un véritable interrogatoire, Nova lui annonçait déjà qu’il devait partir. Emma fut déçue, et pas uniquement parce qu’elle voulait en savoir plus mais aussi parce que ce fameux Nova lui était vraiment sympathique, mais elle n’en montra rien. Dans le fond, elle avait l’habitude. Les choses étaient toujours ainsi, les gens entraient généralement dans sa vie pour en ressortir que plus vite. Très – trop - rare étaient ceux à y être restaient plus de quelques semaines, voir même quelques heures parfois.
Toutefois, Nova la prit une nouvelle fois par surprise en lui parlant de lui laisser son numéro et aussitôt, Emma entendit son téléphone sonner dans sa poche. Petite sonnerie dont elle n’avait pas vraiment l’habitude. En effet, elle avait acheté ce téléphone des plus basique et prépayé après avoir emménagé chez Dave afin qu’ils puissent se contacter si besoin est. Et au final, elle ne l’utilisait pour ainsi dire jamais. Au moins elle faisait des économies sur les recharges.
En dehors de cela, la situation en elle-même était totalement inédite pour Emma qui ne sut pas trop quoi en penser. Dave et Wanda lui avaient donné leurs numéros pour des raisons pratiques évidentes. Thomas… Pour gagner sa confiance pour mieux pouvoir l’embobiner. Mais lui ? Pourquoi le faisait-il ? Ils n’étaient pas amis et pour le peu qu’elle connaissait de lui, Emma ne pensait pas qu’il cherchait à l’enrôler dans allez savoir quelle organisation louche.
Etonnée, elle sortit son téléphone qui était vraiment de modèle low cost et jeta un coup d’œil au message reçu. Nova ; c’était la seule inscription et ce n’était pas une mauvaise chose. N’ayant jamais mit les pieds à l’école de toute sa vie, Emma était illettrée. Son frère lui avait bien apprit les rudiments de la lecture et de l’écriture mais son niveau ne dépassait pas celui d’un enfant de 10 ans, et encore. Raison pour laquelle elle avait vite apprit à aimer les comics, très facile à lire et qu’un téléphone tout simple lui suffisait amplement. A quoi bon avoir les emails et autres livres et wikipédia sur un smartphone dernier cri quand on n’était dans l’incapacité de vraiment pouvoir s’en servir ?
Euh je…, répondit-elle très intelligemment en rangeant rapidement son téléphone. D’accord… Mais comment tu as fais ça ?
L’offre était tentante, elle avait vraiment envie d’en savoir plus sur lui. Mais surtout, elle était curieuse de savoir qui pouvait bien se cacher sous le casque même si cela, elle doutait pouvoir le découvrir un jour. Mais après, Emma n’était pas sûr d’être capable de rassembler assez de courage pour le recontacter juste comme ça, pour prendre des nouvelles. Ce n’était de loin pas l’envie qui lui manquerait pourtant, elle le savait d’ores et déjà.
Et bien tu peux commencer par me redéposer sur la terre ferme ?, répondit-elle en jetant un coup d’œil en contrebas après s’être relevée à son tour. Et si tu es motivé, tu peux même aller jusqu’à la ruelle qui se trouve à côté du magasin de BD deux pâtés de maison plus loin.
Enfin s’il n’avait pas non plus prit peur après ses cris apeuré quand ils avaient volé un peu plus tôt. Mais maintenant qu’elle avait plus ou moins comprit que c’était à peu près sûr, Emma était moins effrayée à l’idée de retenter l’expérience.
D'un sourire entendu, j'éludais sa question à propos de son téléphone. La technologie terrienne était bien en deçà de celle que j'utilisais, surtout pour ce qui concernait les produits de le vie courante. L'analyser et en prendre le contrôle était un jeu d'enfant surtout avec cette armure qui, bien qu'étant la copie conforme de la première et bridée, possédait bien des améliorations techniques apportées lors de la guerre contre les Skrulls. J'avais perçu sa déception quand je lui avais signifié que j'allais la quitter et son incrédulité devant la proposition d'amitié que j'avais faite en n'écoutant que mon instinct. Je savais ce que c'était que de vivre seul et en marge d'une société qui vous rejette. Lorsque j'avais été "là haut", ma condition d'homme, d'être humain, avait été un fardeau parfois quand je me retrouvais unique en mon genre parmi ceux d'autres espèces humanoïdes. Seule mes capacités avaient gagné leur respect dès le départ, puis comme moi aujourd'hui, il y en avait toujours un qui me tendais la main d'une manière ou d'une autre et provoquait mon intégration jusqu'à ce qu'on ne voit plus mon aspect mais seulement ce que j'étais, un des leurs. Et ici, bien que plus aisément du fait que j'étais extérieurement semblable à tous, le processus était le même ... Emma et tant d'autres devaient avoir ce problème, et je ne pouvais rester les bras croisés à les regarder se débattre et être harcelés jusqu'à ce qu'ils en arrivent à des extrémités définitives. Emma jeta un coup d'oeil en bas puis me regarda des ses yeux francs, sans malice : Et bien tu peux commencer par me re déposer sur la terre ferme ? ... Et si tu es motivé, tu peux même aller jusqu’à la ruelle qui se trouve à côté du magasin de BD deux pâtés de maison plus loin. Quand elle s'arrêtait de parler elle avait cette curieuse façon de pencher la tête, comme si elle recherchait à percevoir ma réponse avant que je ne la formule ... Cela m'arracha un sourire qui s'ajouta à celui qu'avait provoqué sa requête ... Une petite balade dans les airs semblait maintenant la tenter alors qu'il y a quelques instants, elle hurlait presque et s'accrochait désespérément à moi rien qu'en quittant le sol ... Si tu me promets de ne pas me rendre sourd en criant ni de me lacérer la combinaison avec tes griffes, il n'y a pas de soucis ... J'avais parlé sous le ton humoristique, mais devant sa mine qui se renfrognait je corrigeais immédiatement : Ne te mets pas en colère ! Je vais te déposer près de ce magasin ... Attends, je le géolocalise ... Emma ne semblait pas avoir le sens de l'humour ... Un plan de la ville investit mon lobe frontal et m'indiquait l'endroit où j'étais et l'objectif à atteindre. Ce n'était pas loin à vol d'oiseau ... Tout à coup, une douleur aiguë et le grésillement comme tout à l'heure me traversèrent le cerveau, ce qui m'arracha une grimace et me fit porter la main à mon casque par pur réflexe ... "...♫♪♫... facteur important, ...♫♪♫... félin ...♫♪♫... chasse ...♫♪♫... flair ...♫♪♫..."
"message complet:
"Centurion Richard Rider vous oubliez un facteur important inhérent aux races des félins qui nous a souvent donné l'avantage. Lorsqu'ils se mettent en chasse c'est le flair qui prime puis la vue ..."
Et la douleur disparut à la fin de la liaison. Les interventions directes du Worldmind étaient une torture, j'espère qu'il s'en rendait compte au moins ... Je n'avais rien saisi de ce qu'il avait me faire passer dans son message ... Qu'est ce qu'il voulait me dire ... Haussant les épaules je me rendis compte que Emma me regardait bizarrement. "Problème de communication, sans importance ... Juste douloureux ..." Je tendis les bras vers elle : "Le carrosse de Mademoiselle Emma est avancé ..." et je la pris dans mes bras, lui conseillant de passer un des siens derrière mon cou pour qu'elle soit plus confortable. Je décollais alors doucement, étroitement enlacé et légèrement troublé et prenais doucement de la vitesse tout en survolant les immeuble à basse altitude. Je n'accélérais que pour traverser l'avenue, évitant ainsi tout repérage, ce qui fit encore pousser un petit cris à ma passagère. Mes senseurs sonnèrent l'alerte tout à coup, inaudibles même à celle que j'avais tout contre moi, et je tournais la tête brièvement dans la direction qu'ils m'indiquaient. Là bas, en périphérie de la ville, venant de la mer, un immense aéronef s'approchait et mon écran était couvert des données que mes palpeurs commençaient à recueillir. Ne voulant pas affoler inutilement la jeune femme, ne ne pipais mot et continuais mon chemin. Le voyage dura à peine deux minutes en tout et la ruelle visée s'ouvrit entre mes pieds, baignée d'ombre. Je descendis doucement et me posais sans à coups, déposant Emma sur le sol ferme, une Emma qui semblait avoir du mal à quitter cette position. Quand elle se décida enfin à me lâcher, j'en étais presque déçu, je reculais d'un pas : "Voilà, tu es à destination ... Si tu veux, une nuit, je te montrerai New York vue d'en haut et te ferais toucher les nuages, si tu as le temps ..." Je lui désignais l'endroit où elle avait rangé son portable : "Et n'hésites pas à me contacter si besoin ..." dis je souriant puis je repris un ton plus sérieux "Et n'oublies jamais que même si extérieurement tu ne leur ressembles pas tout à fait, tu es bien humaine à l'intérieur ... Ne laisses jamais ton côté animal gouverner ta vie, il dois te servir, pas être ton maître ..." Et comme je n'aimais pas les séparations ni les effusions, je décollais doucement en la saluant de la main : "A tantôt Emma, heureux d'avoir fait ta connaissance ! " et je filais à toute vitesse dans le ciel ... Je montais suffisamment haut pour qu'on ne puisse plus me voir du sol puis obliquais vers cette chose entre aperçue compulsant les rapports d'analyse qui défilaient sur mes rétines ... C'est alors que le message du Worldmind me revint en mémoire ... Félin, flair, chasse ... Emma, en tant que mutante féline devait avoir les même aptitudes, du moins partiellement ... Et en étant dans mes bras, elle avait eu tout le loisir de mémoriser mon odeur qui est celle de Richard Rider aussi ... Si elle voulait me retrouver ou si nous nous rencontrions par hasard, elle saurait m'identifier immédiatement ... J'avais fait peut être une erreur, mais pour la rectifier, j'allais devoir lui révéler mon identité humaine sinon cela pourrait devenir gênant... Voire dangereux ...
Quand Nova lui parla de ne pas le rendre sourd ou de ne pas griffer sa tenue, Emma eut une petite grimace. C’était vrai que sa première expérience de vol avait été un peu chaotique mais pour sa défense, Nova l’avait prise par surprise et elle ne s’était pas du tout attendue de décoller du sol. Mais maintenant que le choc initial était passé, elle avait très envie de recommencer. Ce ne fut que quand Nova lui demanda de ne pas se mettre en colère qu’elle en déduisit qu’il avait mal interprété sa grimace. Sa petite remarque ne l’avait pas énervée, au contraire, elle avait trouvé ça plutôt drôle. Emma avait depuis toujours développée un grand sens de l’autodérision car c’était selon elle le seul moyen de vivre avec son apparence sans devenir totalement dépressive.
Mais alors qu’elle voulait le lui faire remarquer, elle resta silencieuse en voyant qu’il avait l’air tout à coup ailleurs. Un problème de communication ? Est-ce qu’ils étaient plusieurs ? C’était peut-être une invasion de Super Boites de Conserves HighTech ? Dans ce cas, Iron Man avait de la concurrence.
Emma ne se le fit pas demander deux fois quand il l’a souleva de terre pour décoller à nouveau. Même si elle était un peu plus confiante maintenant, elle s’accrocha à son cou, on ne savait jamais. Elle était comme les chats, elle retombait toujours sur ses pattes mais elle n’était pas à l’abri d’une bonne fracture de la cheville – voir plus – avec une chute de cette hauteur. Et puis à côté de ça, il fallait avouer qu’il y avait pire que d’être cramponnée dans les bras d’un mystérieux inconnu en armure.
La vue était bluffante. Emma n’avait pas l’habitude de voir la ville de haut et elle ne perdait rien du spectacle. Tout comme elle ne manqua rien de la petite montée d’adrénaline quand il accéléra soudainement, tirant un petit cri entre la surprise et la joie à la mutante. Il fallait avouer que c’était quand même encore mieux qu’un tour de grand huit. Mais le voyage lui parut tout aussi court. Elle avait à peine eut le temps d’en profiter qu’ils étaient déjà arrivé et se fut un peu à contre cœur qu’elle relâcha Nova.
Un voyage de nuit au-dessus de New York et toucher les nuages ? Cela sonnait comme une scène de film ou de dessin animé Disney mais c’était très tentant comme proposition. Peut-être un peu trop justement. Habituée à être déçue, Emma préférait ne pas trop s’enthousiasmer à l’idée même si un petit sourire étirait ses lèvres. Dans le fond, peu importe si Nova ne la recontactait jamais et s’il ne l’emmenait jamais faire ce fameux petit tour, elle préférait se concentrer sur ce qu’elle avait déjà eu la chance de vivre et non sur ce qu’elle ne vivrait peut-être jamais.
Quand il lui dit au revoir, Emma n’eut pas le temps de répondre tant il fila vite. Elle se contenta alors de le regarder disparaitre avant de pousser un petit soupire.
Heureuse d’avoir fait ta connaissance moi aussi, murmura-t-elle quand il eut disparu pour de bon de son champ de vision. Après quoi, elle remit sa capuche et prit la direction de la boutique pour retrouver Dave mais déjà décidée à garder pour elle cette folle histoire et rencontre.
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Dim 31 Mai - 17:32
